Carapa procera (Fruitiers du Cameroun)
Carapa procera DC.
Prod. 1 : 626 (1824)
Synonymes
- Carapa guineensis G. Don
- Carapa gummiflua C. DC.
- Carapa microcarpa A. Chev.
- Carapa touloucouna Guil. Et Perr.
- Carapa velutina C. DC.
Nom commun
- Crabwood d’Afrique
Noms locaux
- Badjoué : djan
- Bassa : hom
- Boulou : ngan
- Efik : mkporo oubom
- Ewondo : engang
- Ibo : nkpakou
- Mabéa : bamesa
- Pygmée Baka : godjo
- Yambassa : kokolo
Origine, distribution géographique et écologie
Espèce présente en Afrique tropicale, de la Casamance à l’Angola. Au Cameroun, on la trouve plus abondamment en forêt sempervirente Atlantique y compris dans les fourrés arbustifs littoraux. Elle est également plantée ça et là et plus particulièrement dans les départements du Mbam.
Description
- Petit arbre atteignant exceptionnellement 30 m de hauteur et 60 cm de diamètre ; cime étalée, dense, à branches flexueuses et retombantes ; fût court, parfois tortueux ; jeunes sujets monocaules avec des cicatrices nettes des bases des pétioles sur le tronc et au sommet, présence d’épines interpétiolaires ; écorce brune, s’exfoliant en plaques plus grandes vers le bas, tranche rougeâtre, plus ou moins fibreuse.
- Feuilles alternes en faisceau stellé au bout des rameaux, composées paripennées, atteignant 70 cm de longueur et jusqu’à 200 cm chez les jeunes sujets ; 5-21 paires de folioles opposées ou subopposées; limbes oblongs, jusqu’à 30 x 10 cm, courtement acuminés à arrondis à l’apex, bords récurvés, bases légèrement asymétriques.
- Inflorescences terminales en longues panicules mesurant jusqu’à 100 x 25 cm.
- Fleurs très odorantes ; hermaphrodites, pentamères ; courtement pédicellées ; sépales verdâtres, pétales blanc-rosé ; 10 étamines à filets soudés en un tube blanc et anthères jaunes ; pistil jaune pâle, ovaire rouge, entouré d’un disque.
- Fruits : capsules subglobuleuses bosselées brunes, noueuses, atteignant 18 cm de longueur, déhiscentes par 5 valves.
- Graines trigones, dures au nombre de 15-20.
Floraison de janvier à mai. Fructification en mai.
Variabilité et conservation de la ressource
C. procera appartient à la famille des Méliacées. Il existe une espèce voisine : C. grandifolia Sprague, présente dans les forêts de montagne (altitude supérieure à 1 000 m), dont les fruits analogues ne sont généralement pas consommés. La création des plantations industrielles en zones forestières a considérablement contribué à la destruction de la population naturelle de cette espèce.
Agronomie
Les graines germent après 4 mois en pépinière. Le jeune plant a une croissance rapide. La fructification, intervient après 5-6 ans.
Utilisations
Toutes les parties de la plante sont utilisées.
Les graines, oléagineuses et amères, ont des propriétés stimulantes. Elles sont consommées comme des noix de cola. Excepté les régions de Bafia et Yambassa, ces graines sont peu consommées au Cameroun (Vivien et Faure, 1995).
Les graines de Carapa procera se prêtent à diverses utilisations médicinales (Vivien et Faure, 1995). Elles ont également des vertus cosmétiques et pharmacologiques (N’Klo, 2001). Excellents vermifuges et bons adjuvants pour certains médicaments traditionnels, ces graines sont également utilisées dans des cérémonies mystiques. L’huile des graines est purgative, fébrifuge et soigne les rhumatismes (Malgras, 1992). Les racines, les écorces, les branches et les rameaux de Carapa procera ont une grande valeur médicinale et s’utilisent en décoction, par inhalation ou en bain de bouche. Bouillies et en décoction froide, les racines désintoxiquent et soignent la lèpre. Les écorces sont d’excellents fébrifuges. Les rameaux feuillus, utilisés en décoction, soignent l’arthrite, la fièvre, l’ictère, le paludisme etc. Les branches mortes, carbonisées traitent les filaires de Médine (Malgras, 1992).
En Côte d’Ivoire, les graines de Carapa procera sont de plus en plus utilisées en cosmétologie (Nkuinkeu, 2000). Elles servent à fabriquer du savon local de très bonne qualité (N’Klo, 2001).
Niveaux de production
Consommées par certaines populations de la zone forestière humide du Cameroun, la commercialisation des graines de Carapa procera dans les marchés camerounais est quasi absente. Par contre, elle est l’une des huit espèces fruitières forestières documentées à haut revenu dans la zone nord-guinéenne au Sud du Mali (FAO, 1996).