Ceiba pentandra (Fruitiers du Cameroun)

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Bombax costatum
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Canarium schweinfurthii
jeune pied en forêt (O. Eyog Matig)


Ceiba pentandra Gaertn.

Fruct 2 : 244 t. 133 (1791)

Synonymes

  • Bombax guineense Thonning
  • Bombax occidentale Spreng.
  • Bombax orientale Spreng.
  • Bombax pentandrum L.
  • Ceiba anfractuosa (DC.) Maza
  • Ceiba caribaea (DC.) Chev.
  • Ceiba casearia Medik.
  • Ceiba guineensis (Thonning) Chev. var. ampla Chev.
  • Ceiba pentandra (L.) Gaert. var. clausa Ulbr. f. albolana et grisea Ulbr.
  • Ceiba pentandra (L.) Gaert. var. dehiscens Ulbr. f. albolana et grisea Ulbr.
  • Ceiba pentandra var. caribaea (DC.) Bakh.
  • Ceiba pentandra var. indica (DC.) Bakh.
  • Ceiba thonningii Chev.
  • Eriodendron anfractuosum DC. var. caribaeum DC.
  • Eriodendron anfractuosum DC. var. indicum DC.
  • Eriodendron anfractuosum var. africanum DC.
  • Eriodendron caribaeum (DC.) G. Don ex Loud.
  • Eriodendron guineense (Thonning) G. Don ex Loud.
  • Eriodendron occidentale (Spreng.) G. Don
  • Eriodendron orientale (Spreng.) Kostel.
  • Eriodendron pentandrum (L.) Kurz
  • Gossampinus alba Ham.
  • Gossampinus rumphii Schott & Endl.
  • Xylon pentandrum (L.) O. Ktze.

Noms communs

  • Fromager, faux kapokier, faux cotonnier, arbre à ouate

Noms locaux

  • Bakossi : njobwele
  • Bassa : djôm
  • Batanga : ngubwele
  • Boulou : doum
  • Douala : bouma, boumbo
  • Ewondo : doum
  • Kaka : n’doum
  • Pygmée Baka : kulo, kulu.

Origine, distribution géographique et écologie

Originaire d’Amérique, l’espèce fût introduite en Afrique par les Portugais sur les côtes du Golfe de Guinée il y a environ trois siècles. Elle est répandue dans toutes les régions intertropicales du monde. En Afrique, elle est présente du Sénégal à l’Angola dans la forêt dense humide, mais surtout dans les forêts secondaires, les clairières, les savanes anthropiques et près des lieux d’habitation. Elle est sensible aux feux de brousse.

Description

  • Grand arbre atteignant 50 m de hauteur et 250 cm de diamètre ; cime sphérique, large, à grosses branches horizontales et étagées ; fût droit, cylindrique, épineux chez les jeunes pieds ; base remarquable par les contreforts aliformes et ramifiés atteignant 4 m de hauteur ; écorce, verte chez les jeunes sujets, puis grise chez les pieds adultes, tranche épaisse (jusqu’à 2 cm), fibreuse, dure.
  • Feuilles composées digitées, alternes, groupées au sommet des rameaux ; 5-9 folioles ; limbes lancéolés à oblancéolés, jusqu’à 20 x 5 cm, sommets acuminés, bords entiers ou dentés ; nervure primaire souvent rougeâtre en dessous à l’état frais.
  • Inflorescences en courtes grappes ou fascicules à l’extrémité des rameaux, blanchâtres.
  • Fleurs blanc-roux, veloutées, très nombreuses ; calice à 5 sépales soudés avec 5 lobes au sommet ; corolle à 5 pétales libres entre eux et soudés à la base du tube staminal ; 10-15 étamines soudées ; ovaire soudé au calice.
  • Fruits : capsules ligneuses fusiformes à calice persistant atteignant 26-60 cm de longueur ; déhiscence basale ; intérieur revêtu de poils laineux constituant le kapok ou soie végétale, bourre soyeuse analogue au coton qui enveloppe les graines.
  • Graines brun-noirâtre, globuleuses, lisses, parfois étranglées au milieu.

Feuilles caduques en saison sèche. Floraison en décembre - janvier. Fructification de mars à avril.

Variabilité et conservation de la ressource

On observe chez cette espèce une grande variabilité sans doute en relation avec ses nombres chromosomiques élevés et variables (2n = 72-88). L’espèce Ceiba pentandra comporte ainsi 2 variétés :

  • C. pentandra var. caribaea avec deux écotypes : l’écotype de forêt à tronc droit non ramifié avec de grands contreforts, l’écotype de savane avec un tronc court mais également non ramifié.
  • C. pentandra var. indica, variété à fruits indéhiscents, cultivée en Asie du Sud-Ouest.

La pollinisation est assurée par les chauves-souris et les abeilles. Ces pollinisateurs visitent des arbres isolés ou des petits groupes isolés d’arbres ; ce qui favorise l’autogamie par rapport à l’allogamie. Dans les grandes plantations, il est difficile pour les chauves-souris de pénétrer la couronne des arbres. Dans ces conditions, l’autogamie est le régime de reproduction obligatoire.

L’espèce présente un grand potentiel de sélection par la création de lignées pures ou par isolation des clones hétérotiques issus de bouturage de rameaux orthotropes (Zeven, 1984). Les efforts de sélection visent à mettre au point des arbres de petite taille, avec des rameaux robustes sans épines et à production précoce.

L’exploitation forestière et la création des plantations industrielles (palmier à huile, hévéa, bananier…) ont entraîné la forte réduction de la population naturelle de cette espèce. Dans l’ensemble, le recul de la forêt réduit incontestablement la diversité de Ceiba pentandra et surtout celle des espèces sauvages apparentées. Il est donc nécessaire d’entreprendre une action concertée pour la conservation de cette espèce.

Agronomie

Ceiba pentandra peut se reproduire suivant un régime autogame ou par pollinisation croisée. Dans ce dernier cas, ce sont les abeilles et surtout les chauves-souris en quête de nectar qui assurent la pollinisation (Purseglove, 1968). Les croisements sont libres et il n’y a pas de barrières d’incompatibilité connues entre les variétés de cette espèce.

Très peu de travaux de sélection ont, à ce jour, été conduits sur le kapokier. Toutefois, la sélection des variétés à haut rendement et à fruits indéhiscents, suivie de leur reproduction par voie végétative semble être la meilleure option. A cela, il faut ajouter la taille des arbres, la précocité de production, la vigueur des rameaux, les caractères de la fibre, comme autres critères de sélection.

On connaît 2 modes de multiplication : la multiplication par graine et la multiplication végétative. Les graines issues des fruits en pleine maturité peuvent être soit semées directement en champs soit passées par la pépinière. En pépinière, les plants sont prêts à la plantation lorsqu’ils sont âgés de 8 à 10 mois. La technique de multiplication végétative la plus connue est le bouturage. Le matériel végétal qui donne de bons résultats au bouturage est le bois de 2 à 3 ans prélevé sur des rameaux orthotropes.

En champ, les plants doivent être espacés les uns des autres d’environ 15 m. Les arbres relativement précoces, entrent en production 3 à 4 ans après la plantation mais n’atteignent la pleine production qu’après 7 à 10 ans. Les fruits doivent être récoltés en pleine maturité mais avant la déhiscence pour éviter les pertes de graines.

Avant la 2ème guerre mondiale, l’Indonésie était le premier producteur mondial de kapok. Aujourd’hui, la production mondiale est de quelques milliers de tonnes seulement dont la moitié est produite par la Thaïlande.

L’espèce se régénère naturellement bien. Les graines tombées à terre dans les milieux ouverts germent facilement. La croissance est rapide.

Ceiba pentandra n’est pas domestiqué ; au contraire, les arbres sont abattus lors des travaux champêtres.

Utilisations

Ceiba pentandra est un arbre « sacré ». Il est souvent planté le long des routes et des avenues en raison de son ombrage. Les parties de la plante utilisées sont : les feuilles, les fruits, les fleurs, les rameaux, l’écorce et le bois.

Les feuilles, les fleurs et les fruits séchés sont utilisés comme légumes ou comme ingrédients en cuisine (Okafor et Ham, 1999). Les fleurs sont mellifères et la bourre autour des fruits est utilisée pour rembourrer les matelas, les coussins etc. La graisse extraite des graines est utilisée comme lubrifiant ; elle sert aussi de matière première à la fabrication artisanale du savon dans les zones sèches et humides d’Afrique de l’Ouest et Centrale (Arbonnier, 2000).

Les feuilles, les fleurs et les fruits du kapokier ont des propriétés médicinales et permettent de soulager les affections douloureuses telles que fièvre, abcès, panaris, maladies mentales, conjonctivites, vertiges, céphalées etc. (Arbonnier, 2000).

Utilisés en médecine traditionnelle, les rameaux et l’écorce de Ceiba pentandra exercent une action vomitive chez le patient. Ils s’utilisent dans le traitement des maladies telles que la dysenterie, le rachitisme, le tétanos etc. L’écorce est galactagogue, fébrifuge et aphrodisiaque. Elle permet de traiter la stérilité féminine, la toux, le paludisme, la diarrhée, la gastralgie, la carie dentaire, les gingivites etc. Consommée avec du plantain non mûr, l’écorce soigne les hémorroïdes et les douleurs en deux ou trois prises (Okafor et Ham, 1999). L’écorce fournit une teinture rouge.

Le bois est utilisé en construction (planches, portes, contreplaqués etc.) et en menuiserie pour la fabrication des meubles et des pirogues.

Socio-économie

Un pied adulte de Ceiba pentandra produit annuellement 300-400 gousses pouvant donner 3,5-4 litres d’huile (Purseglove, 1968). Au Cameroun, conformément à l’arrêté du Ministère de l’environnement et des forêts du 10 janvier 2000, son bois est vendu à 63 750 F CFA le m3.