Cola nitida (Fruitiers du Cameroun)

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Cola acuminata
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Cola pachycarpa
fruits immatures sur l’arbre (A. Awono)


Cola nitida A. Chev.

Vég. Ut. Afr. Trop. Franc. 6 : 120 (1911)

Synonyme

  • Sterculia nitida Vent.

Noms communs

  • Cola vrai ; goro (usuel)

Noms locaux

  • Bafia : ataras
  • Bafo : bobe, dibe
  • Bakossi : ebeu
  • Bakwéri : mbanga
  • Bamiléké : tala
  • Bassa : goro
  • Ewondo : abeu goro
  • Fang : abel, eya-abel, mfem-abel
  • Foulfouldé : worore
  • Haoussa : goro
  • Ibo : oji

Origine, distribution géographique et écologie

Plante originaire de l’Afrique de l’Ouest, probablement de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Elle est présente du Sénégal jusqu’au Congo. L’espèce fut exportée hors d’Afrique aux Antilles, à Madagascar, en Inde, en Indochine et même en Australie et à Java. Elle fut introduite au Cameroun vers 1900 et y est plantée essentiellement dans les provinces du Centre, du Sud-Ouest et du Littoral.

Description

  • Arbre atteignant 25 m de hauteur et 50 cm de diamètre ; cime arrondie, feuillage dense ; fût court, base avec de petits contreforts chez les vieux arbres ; écorce grise fissurée longitudinalement.
  • Feuilles simples, alternes ; limbes elliptiques, rarement oblongues ou obovées, atteignant 33 x 12 cm, sommets acuminés.
  • Inflorescences mâles et mixtes.
  • Fleurs à 5-7 sépales, apétalées, blanchâtres ou jaunâtres avec raies rouge foncé ; androcée chez fleurs mâles et hermaphrodites à 20 anthères en double couronne ; pistil chez les fleurs hermaphrodites à 5-7 carpelles renfermant 2 rangées d’ovules.
  • Fruits : capsules à 1-5 follicules glabres, verts à marron, à bec bien marqué, boursouflés (plus que chez Cola acuminata), à suture en creux.
  • Graines : 1-(5)-10 par follicule, entourées d’une fine pellicule beige et sous celle-ci, un arille blanc enveloppant 2-4 cotylédons blancs ou rouges.

Variabilité et conservation de la ressource

L’espèce est largement multipliée en pépinière pour la création des vergers ou la plantation dans les caféières et les cacaoyières. Le Centre Mondial pour l’Agroforesterie a lancé en 1996, un programme d’amélioration de cette espèce. C. nitida fait partie de la famille des Sterculiacées. De la cinquantaine d’espèces de Cola existantes, C. nitida est l’une des plus importantes sur le plan économique dans toute la zone forestière Ouest Africaine. D’après Simmonds (1976) le nombre de chromosomes dans le genre Cola est constant et égal à 10. Toutefois, la pollinisation de C. nitida par C. acuminata donne à la F1 des plants stériles. A l’intérieur de cette espèce, la couleur des noix varie du blanc crémeux au rouge foncé. Les noix de couleur blanche sont les plus prisées.

Agronomie

Les fleurs sont groupées en inflorescences mâles et hermaphrodites. Les fleurs hermaphrodites sont deux fois plus grandes que les fleurs mâles et, selon Purseglove (1968), seule la partie femelle de ces dernières est fonctionnelle. La germination est lente et dure 7 à 12 semaines. Le taux de germination est élevé. Il est préférable d’ombrager les jeunes plants. La multiplication végétative par bouturage et même par greffage est possible, mais le taux de réussite est très faible.

En plantation, l’écartement est de 10 m entre les plants et 10 m entre les lignes. Les plantations se font généralement dans des forêts aménagées (défrichées). Pendant les premières années, les cultures comme le maïs, l’igname ou le manioc peuvent être pratiquées en association et le désherbage doit être régulier. La croissance est lente (3 m de hauteur à 4 ans). La floraison commence à 5 ans et à 7 ans, on peut assister à la première fructification. La production optimale a lieu à 20 ans et l’arbre peut fructifier jusqu’à l’âge de 70-100 ans.

Les racines de C. nitida sont attaquées par Fomes lignosus Klotzsh. et F. noxius. L’arbre est aussi attaqué par des capsides et par la larve de Balanogastris kolae (Desbr.) qui loge à l’intérieur des fruits récoltés et se nourrit des réserves des lobes cotylédonnaires (Purseglove, 1968).

Utilisations

Les noix de Cola nitida sont les plus appréciées et les plus consommées des colas. Les fruits et l’écorce sont les parties les plus utilisées de l’arbre.

Les cotylédons sont mâchés comme stimulant (Vivien et Faure, 1995 ; Dijk Van, 1999) ou comme trompe-faim par les indigènes (Malleson Amadi, 2000). Elles permettent de supporter les marches, les travaux prolongés et les pagayages de nuit. Les animaux tels que les singes et les antilopes sont aussi friands des noix (Walker et Sillans, 1995).

Tout comme Cola acuminata, cette espèce est aussi utilisée dans les cérémonies rituelles (Mbolo, 1998). L’utilisation de Cola spp. comme instrument culturel est une pratique fort répandue et très enracinée dans les sociétés africaines (Sunderland et al., 2000). En médecine traditionnelle, la poudre de la noix de Cola est utilisée pour combattre la diarrhée. L’écorce s’utilise râpée pour soulager des coliques, et en infusion pour dégager la bile. Elle est consommée avec un peu de sel et de poivre de Xylopia aethiopica pour combattre la toux. Les noix fraîches sont amères et entrent dans la composition de boissons stimulantes. La cola a une action stimulante en raison des alcaloïdes, de la caféine, des tanins, de la colatine et de la theobromine qu’elle contient. Son emploi est particulièrement recommandé dans les cas de convalescence, de surmenage intellectuel et en période d’efforts prolongés.

Socio-économie

Cola nitida est très prisé par les populations du Nord-Cameroun, mais la production est concentrée au Centre et à l’Ouest du pays. Toutefois, au niveau national, on ne dispose pas de statistiques sur sa production et sa valeur commerciale. Cependant, les prix du détail enregistrés dans certains marchés tels que Idenau et Bafia varient entre 10 et 100 F CFA en fonction de la zone et de la période. Pendant le Ramadan, les prix sont généralement plus élevés du fait de l’augmentation de la consommation. Les échanges entre le Cameroun et le Nigéria sont signalés dans certains marchés du Cameroun tel que Idenau.