Ziziphus mauritiana (Fruitiers du Cameroun)

De PlantUse Français
Révision de 4 août 2015 à 11:20 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher
Piper guineense
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Poga oleosa
arbuste en fruits (D. Tiveau)


Ziziphus mauritiana Lam.

Encycl. Méth. Bot 3 :319 (1789)

Synonyme

  • Ziziphys jujuba L.

Noms communs

  • Français : Jujubier sauvage
  • Anglais : jujube tree

Noms locaux

  • Foulfouldé : djaabi, djaabé
  • Haoussa : magaruya, fula
  • Jali : madu (Toukombéré)
  • Kapsiki : dowa
  • Mafa : wandar
  • Toupouri : ndéré

Origine, distribution géographique et écologie

Originaire d’Asie centrale, le jujubier est très répandu en Afrique en zone tropicale soudanoguinéenne et autour de la zone méditerranéenne. L’espèce est également présente en Australie, Océanie et dans les Antilles. Au Cameroun, on la trouve depuis la zone sahélienne jusqu’aux savanes soudaniennes et également en altitude dans les monts Mandara ; sa limite sud semble être la Bénoué. L’espèce fréquente les sols arides, rocailleux ou parfois les bords des cours d’eau temporaires. Elle a besoin d’une pluviométrie annuelle de 150 à 500 millimètres.

Description

  • Petit arbre ou arbuste sarmenteux et épineux atteignant 16 m de hauteur et 50 cm de diamètre avec l’apparence d’un buisson ; cime largement ombelliforme ou en parasol ; rameux, très épineux, blanchâtre, en zigzag ; épines axillaires des feuilles, par paires dont l’une droite et l’autre courbée ; écorce grisâtre à brunâtre, rugueuse, fissurée, se desquamant en longues plaques écailleuses minces et fibreuses, tranche épaisse de 0,5-1 cm, fibreuse, dure, brune à l’extérieur et rouge à l’intérieur, exsudant en très petite quantité un liquide poisseux.
  • Feuilles alternes, simples ; limbes elliptiques, ovales ou suborbiculaires, atteignant 7 x 4 cm, bords plus ou moins crénelés, sommets arrondis et mucronés, base arrondie ou subcordée, coriace, vert foncé et glabre au dessus, blanchâtre et tomenteux en dessous ; trinervé à la base.
  • Inflorescences en courtes cymes axillaires de 3-8 fleurs.
  • Fleurs jaunâtres, sessiles, atteignant 2 cm de longueur ; hermaphrodites, pentamères ; calice à 5 dents; corolle à 5 pétales ; étamines jaunes ; ovaire entouré d’un disque.
  • Fruits : drupes globuleuses de 1,2-2 cm de diamètre, brunâtre ou rougeâtre à maturité ; noyau dur, brun entouré d’une pulpe charnue, comestible.
  • Graine unique par fruit.

Floraison de janvier à avril ; juillet à octobre. Fructification de novembre à décembre ; août à novembre.

Variabilité et conservation de la ressource

L’espèce est protégée lors des défrichements culturaux. Elle est utilisée dans l’établissement des haies de protection. Aucun inventaire de la ressource n’a encore été réalisé à ce jour au Cameroun. Les dernières publications estiment à 170 le nombre d’espèces de Ziziphus dans les zones tempérées et tropicales. On trouve deux espèces du même genre au Cameroun qui son Z. mauritiana et Z. spina-christi.

Ziziphus mauritiana a un régime de reproduction allogame. On observe une grande variabilité au sein de cette espèce liée à un brassage des gènes entre elle et les espèces sauvages apparentées. Cette variabilité des caractères porte aussi bien sur les organes végétatifs que sur les fleurs et les fruits. En considérant uniquement les 2 espèces cultivées que sont Ziziphus mauritiana et Ziziphus jujuba, on peut conclure que le genre Ziziphus est monobasique avec x = 12. Cependant, des études révèlent des variations du nombre de chromosomes faisant supposer que le genre serait tribasique avec x = 10, 12, 13. En dehors de Ziziphus jujuba qui est diploïde, la plupart des Ziziphus sont tétraploïdes, hexaploïdes et même octaploïdes. L’Inde possède le plus grand nombre de collections de Ziziphus avec un total de 682 accessions. En Chine, il existe plus de 400 cultivars subdivisés en 2 groupes : les cultivars « acides » qui poussent spontanément et sont souvent utilisés comme porte-greffe et les cultivars «sucrés» qui sont cultivés pour leurs fruits.

Agronomie

Les graines ramassées au pied des arbres ont une faible viabilité avec un taux de germination de l’ordre de 30-50 %. Récoltées à maturité, séchées et conservées à 4-5°C, les graines conservent leur pouvoir germinatif dans les limites acceptables pendant une longue période. Les graines fraîchement récoltées et semées germent à 30 % seulement. Après 8 mois, les mêmes graines germent à 50 %. Des prétraitements tels que le trempage à l’eau ou la scarification augmentent de manière significative le taux et la vitesse de germination.

La multiplication par la graine est la technique la plus répandue. Toutefois, les techniques de multiplication végétative sont également bien connues en Inde et en Chine. Hormis le greffage, le bouturage et le marcottage peuvent être envisagées. Le microbouturage permet de gagner du temps et de l’espace et ne présente pas de contrainte saisonnière. Quelle que soit la technique de multiplication, le passage par la pépinière suivant les étapes classiques est indispensable pour l’obtention de plants de bonne qualité.

Les écartements de plantation varient d’un lieu à l’autre en rapport avec la vigueur des cultivars et les paramètres locaux de climats et de sols : 6-7 m dans les zones arides, 7-8 m dans les zones semi arides. La plantation se fait sur un terrain bien préparé et bien entretenu, dans des trous de 60 cm x 60 cm x 60 cm comprenant environ 20 kg de fumure organique bien décomposée et 5 g d’insecticide à base de chlorpyriphos pour la protection contre les termites. Un essai de comportement réalisé par l’IRA en 1984 (Hautdidier et al., 2002) à une dizaine de km au sud de Maroua (Mouda) avec une densité de plantation de 4 x 4 m a donné une hauteur moyenne de 321 cm pour les arbre âgés de 7,5 ans avec un taux de survie de 73% (Hautdidier et al., 2002).

Les tailles permettent de régulariser la production et d’assurer une bonne qualité des récoltes. Mais elles doivent être planifiées en tenant compte des conditions climatiques. La taille en saison sèche améliore la production et la grosseur des fruits. L’application des engrais n’est pas indispensable, mais un apport de matières organiques ou minérales permettra toujours de reéquilibrer le statut du sol épuisé par les productions précédentes.

La fructification commence 2 à 5 ans après le semis et le rendement est optimum à partir de 10 ans. Lorsque l’espèce est utilisée pour les haies de protection, les pieds sont généralement espacés de 3 mètres les uns des autres.

Utilisations

Les parties de Ziziphus mauritiana utilisées sont : les fruits, l’écorce, les racines, les feuilles et le bois. L’espèce est plantée en haies vives et parfois utilisée comme brise vent. Elle sert d’enclos aux animaux domestiques. Dans les régions méditerranéennes, Ziziphus mauritiana est cultivé pour ses fruits (Andru et al., 1994). En effet, la pulpe du fruit mûr est utilisée de diverses manières. Elle peut être consommée fraîche, séchée ou transformée en farine. Additionnée à l’eau, cette pulpe donne une boisson rafraîchissante dont la valeur alimentaire est proche de celle de la banane (Vivien et Faure, 1995). Utilisée en pâtisserie, elle est riche en sucre, en amidon, en vitamines A et C. Les rameaux et les feuilles sont mangés par les chèvres et les moutons (Arbonnier, 2000 ; Malgras, 1992 ; Nouvellet, 1987).

Toutes les parties de l’arbre sont utilisées en médecine traditionnelle. Pressées, réduites en poudre, broyées, bouillies ou en décoction, les racines et les écorces de Ziziphus mauritiana sont diurétiques et purgatives. Elles soignent les diarrhées, l’empoisonnement, la lèpre, les coliques, les enflures, les plaies, les abcès, la gale, les envoûtements etc. Le fruit est utilisé dans le traitement traditionnel des otites, du rachitisme, de l’anorexie, du kwashiorkor et du scorbut. Il est utilisé comme poison de pêche et les graines comme vermifuges. L’écorce, utilisée en potion ou en décoction, traite divers maux de ventre, les douleurs intestinales etc. (Arbonnier, 2000 ; Malgras, 1992).

Le bois de Ziziphus mauritiana est résistant aux termites et sert à fabriquer des piquets, des poteaux, des manches d’outils, les ustensiles de cuisine, etc. Son écorce sert à tanner les cuirs et offre une teinture de couleur cannelle ou grise.

Niveaux de production

Ziziphus mauritiana est l’une des principales plantes alimentaires de la Mauritanie. C’est aussi le produit forestier non ligneux le plus rencontré dans les marchés au Nord du Soudan. De même, il constitue le PFNL le plus important au Tchad (Walter, 2001).

Mécanismes de fixation des prix

Dans les marchés de Zitengo au Burkina Faso, Ziziphus mauritiana est vendu en petits sachets (5 à 10 F CFA l’unité) ou au kilogramme (83 F CFA le kilogramme). Sa saison de production va de décembre à janvier (Guinko et Pasgo, 1992).

Le producteur doit fournir des efforts considérables pour que sa marchandise arrive au marché. Les coûts sont liés à l’emballage, le chargement, le transport et le déchargement. Le produit est périssable et la récolte coincide parfois avec le pic des travaux champêtres. Considérant ces diverses contraintes, le producteur préfère souvent vendre son produit sur pied, aux grossistes, parfois avant même qu’elle n’arrive à maturité. Cela ne garantit pas des marges substancielles aux producteurs.

En Afrique australe où existent d’importants peuplements naturels et de nombreux petits vergers, les producteurs, très souvent, s’occupent eux-mêmes de la récolte et de la vente de leur production dans le marché local ou dans les centres urbains les plus proches. Les marchés locaux sont tenus par les femmes, tandis que les marchés urbains sont contrôlés par les hommes. Les prix fluctuent en fonction de l’offre, de la demande et des difficultés d’accès aux zones de production.