Borassus aethiopum (Fruitiers du Cameroun)

De PlantUse Français
Révision de 4 août 2015 à 11:19 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher
Ximenia americana
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Phoenix reclinata
arbre en fruit (O. Eyog Matig)


Borassus aethiopum Mart.

Munch. Gel. Anzeig : 639 (1838)

Synonyme

  • Borassus flabellifer L.

Nom commun

  • Palmier rônier

Noms locaux

  • Arabe : daleib, deleb
  • Bamoun : twenswen
  • Baya : koh, kop
  • Foulfouldé : doubi
  • Haoussa : giginya, kwabara
  • Kanouri : kemeloutou
  • Koma : darbdiko, darbo (fruit)
  • Mafa : gangar
  • Mandara : babalda
  • Mofou : gendew
  • Vouté : kaandou

Origine, distribution géographique et écologie

Espèce d’Afrique tropicale, dans les savanes guinéennes et soudaniennes, surtout du Sénégal au Cameroun. Elle constitue parfois des peuplements. Au Cameroun, elle existe dans les savanes périforestières le long des vallées du Lom, du Pangar, du Djerem, du Mbam, de la Sanaga ; mais également en zone soudanienne et sahélo-soudanienne au bord du Lac Tchad, dans les vallées du Chari, du Logone, de la Bénoué, du Faro et de la Vina. On la trouve également au pied septentrional du Mont Cameroun. Elle pousse indifféremment dans les dépressions périodiquement inondées, dans les terrains marécageux, au bord des lacs et des rivières ou sur terrains secs, sableux, pierreux ou argileux. Elle est plantée ça et là en zone de forêt.

Description

  • Palmier atteignant 30 m de hauteur et 40 (60) cm de diamètre ; stipe droit, renflé vers le sommet, gris et lisse.
  • Feuilles groupées en bouquet au sommet, grandes ; pétioles mesurant jusqu’à 3,5 m de longueur ; limbe palmé, avec des divisions indupliquées, bords amincis, durs et garnis d’épines noires minces et arquées.
  • Plantes dioïques. Inflorescences mâles en panicules d’épis atteignant 1,8 m de longueur, épis de 30 x 5 cm ; inflorescences femelles en gros épis pendants de 2 m de longueur.
  • Fleurs trimères ; les mâles plus petites et plus nombreuses que les femelles ; 3 tépales en deux verticilles, charnus et réniformes chez les fleurs femelles.
  • Fruits en grosses grappes pendantes ou régimes atteignant 50 kg ; drupes subglobuleuses à ovoïdes et aplaties aux deux extrémités, atteignant 10 (18) x 10 (16) cm, jaune orangé à maturité, avec à la base les 3 tépales externes persistants ; pulpe orange, odorante, fibreuse, renfermant 3 gros noyaux noirs, ovoïdes, comprimés, charnu et ligneux.
  • Graine à albumen cartilagineux, creux à maturité, embryon vertical.

Variabilité et conservation de la ressource

La régénération naturelle est très affectée par les feux de brousse en zone de savane. L’espèce est multipliée en pépinière pour la création des espaces verts au village et en ville ; elle est protégée dans les villages. B. aethiopum fait partie de la famille des Arécacées ou Palmacées, sous-famille des Borassoidae. La base génétique est assez étroite, avec une seule espèce apparentée, B. flabellifer, dont les fruits sont verts et plus gros à maturité que ceux de B. aethiopum.

Agronomie

C’est une espèce dioïque. La distinction entre les sujets mâles et femelles est facile à partir de 20 à 30 ans. Le fruit est une drupe contenant 3 gros noyaux. La multiplication se fait par graines. On peut avoir 10 graines par kg. Pour le semis, un prétraitement n’est pas nécessaire. Les éléphants qui consomment ce fruit contribuent également à sa dissémination.

Il est recommandé de faire prégermer les graines dans un lit de sable humide pendant 30-45 jours avant de les planter directement en champ ouvert au début de la saison des pluies. A la germination, le premier stade consiste au développement d’une longue racine primaire qui peut atteindre et même dépasser 45 cm avant l’initiation de racines secondaires et le développement de la partie aérienne. Cette particularité doit être prise en compte dans les techniques à mettre en oeuvre pour la production des plants en pépinière ou pour la plantation directe, en rapport avec la profondeur des trous ou du substrat dans les sachets. Pour cette raison, en général, le passage par la pépinière est déconseillé. Il est recommandé de passer par une phase de prégermination, puis d’aller ensuite à la plantation directe en champs. La croissance est particulièrement lente au début. Ainsi, seules quelques feuilles se mettent en place pendant les quatre premières années. Le tronc ne se forme qu’à partir de la quatrième année. Le rônier se régénère bien naturellement. Il a besoin de beaucoup d’eau à faible profondeur. En général, sa croissance, lente au départ s’accélère lorsque les racines atteignent une nappe phréatique.

La fructification intervient entre 25 et 28 ans. Sa croissance en hauteur est très lente ; il faut compter 10 ans pour le développement d’une couronne complète de feuilles. Le premier renflement du stipe se forme après 25 ans, le second après 90 à 120 ans. Certains arbres peuvent atteindre 30 m de hauteur après une durée de vie de 200 ans. Les jeunes plants doivent être protégés contre le feu.

Dans les conditions du Cameroun, Borassus aethiopum est rarement planté. Cependant les essais de comportement de cette espèce (Hautdidier et al., 2002) ont été mis en place à Mouda, près de Maroua en 1984 par la l’IRA. La hauteur mesurée en 2002 était de 103 cm avec un taux de survie des arbres très faible de 2% (Hautdidier et al., 2002). Le seul verger de Borassus aethiopum connu dans la région se trouve en République Centrafricaine. Ce verger qui s’étend sur plusieurs hectares a été planté à un espacement de 6 m sur 7 m.

Le champignon Phytophtora palmivora Butl. fait pourrir le bourgeon terminal des jeunes plants et provoque leur dépérissement.

Utilisations

Presque toutes les parties de cette plante sont utilisées (Vivien et Faure, 1995).

La pulpe fibreuse du fruit est comestible. La gelée sucrée et rafraîchissante contenue dans le fruit est consommée lorsque le fruit a atteint sa maturité (Vivien et Faure, 1995). Le bourgeon central est un légume très apprécié et la sève qui coule après section du bourgeon central donne une boisson rafraîchissante (Walker et Sillans, 1995). Ce vin est considéré comme stimulant et entre dans beaucoup de préparations aphrodisiaques (Arbonnier, 2000). Les feuilles de Borassus aethiopum sont parfois données aux chevaux.

Les racines de Borassus aethiopum sont dotées de propriétés médicinales. Elles soignent les maux de gorge, la bronchite, Les troubles respiratoires et l’extinction de la voie.

Borassus aethiopum est une plante décorative. Au nord-Cameroun, le tronc est transformé en latte pour les toitures des maisons. Au Gabon, son tronc est recherché pour faire des pilotis en eau de mer et des objets d’art (cannes, instruments de pêche, nasses etc.). Les feuilles et les fibres sont utilisées en sparterie et en cordonnerie (Walker et Sillans, 1995 ; Arbonnier, 2000). Elles servent à la fabrication du matériel de pêche au Gabon (nasses en rachis de feuilles), des paniers ordinaires, des balais, des toitures etc. Les inflorescences de Borassus aethiopum seraient diurétiques ; elles servent aussi à la fabrication des nattes et des toitures (Walker et Sillans, 1995). En Afrique de l’Ouest, les fruits sont utilisés comme des jouets ou des sonnailles. La graine contenue dans le fruit est assimilée à l’ivoire végétal et parfois utilisée comme bouton (Arbonnier, 2000).

Niveaux de production

La commercialisation de Borassus aethiopum n’a pas encore été étudiée au Cameroun. Mais dans les pays voisins comme le Niger, l’arbre est présenté comme la plante nourricière. Les rôniers fournissent un revenu monétaire important à des milliers de petits exploitants nigériens tout en leur permettant de se nourrir et de s’abriter (Walter, 2001). Borassus aethiopum a une capacité de production de 200 à 250 litres de vin par tige.

Au Cameroun, le bois de Borassus aethiopum est vendu à 40 375 F CFA le m3 (MINEF, 2000).

Potentialités et contraintes

Des essais de plantations de cette espèce ont été réalisés par l’IRAD dans la parcelle de Mouda à une trentaine de kilomètres au sud de Maroua. Des plantations artificielles ont été réalisées dans les années 1940-1953 à Niamey (Lamordé) et à Doutchi. Le rônier est la principale source de bois de service au Niger.