Exsudats

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Révision de 28 octobre 2014 à 12:09 par Michel Chauvet (discussion | contributions) (Références)

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Les substances exsudées par les plantes ont fait l'objet d'usages et de commerce depuis des millénaires. Il en résulte que les noms qu'elles portent ont une longue histoire, et qu'il est bien difficile de les caractériser et de les classer. Ce sont souvent des substances naturelles complexes, susceptibles de donner des dérivés qui varient en fonction des procédés d'extraction et de transformation. Ce n'est qu'avec l'émergence de la chromatographie et de la spectroscopie, dans les années 1940-50, qu'il a été possible d'identifier leurs composants chimiques et de les quantifier.

Il convient d'ajouter que les exsudats n'ont rien à voir avec la sève, liquide qui sert à transporter les éléments nutritifs de la plante, qu'il s'agisse de sève brute ou de sève élaborée. La sève circule dans des vaisseaux différents des vaisseaux et cavités où sont sécrétés les exsudats.


Résine

Populairement, on appelle résine tout exsudat collant.

Chimiquement, une résine est un mélange complexe de composés secondaires terpénoïdes ou phénoliques. Ils sont habituellement sécrétés dans des structures spécialisées à l'intérieur ou à la surface de la plante. Ils comprennent des fractions volatiles, liquides et solides. Les résines sont insolubles dans l'eau mais solubles dans certains solvants organiques ; on distingue celles qui sont solubles dans l'huile ou des solvants hydrocarbonés, et celles qui sont solubles dans l'alcool.

La plupart des résines du commerce sont obtenues par incisions provoquées (gemmage).


Oléorésine

Une oléorésine est une résine terpénoïde dont la fraction volatile est élevée, et qui est donc relativement molle. Cette fraction volatile est constituée de monoterpènes ou de sesquiterpènes, parfois qualifiés d'huiles essentielles. La fraction non volatile est surtout constituée de diterpénoïdes chez les Conifères et la plupart des Angiospermes, mais de triterpénoïdes chez les Dipterocarpaceae.

Le terme est par ailleurs utilisé pour désigner des extraits d'épices ou autres matériaux après évaporation du solvant.


Résinoïde

Substance visqueuse, liquide, semi-solide ou solide, extraite d'une résine par un solvant hydrocarboné. Un résinoïde contient surtout des fractions volatiles et est fréquemment utilisé en parfumerie.


Gomme-résine

Parfois utilisé, ce terme est à éviter. Il désigne une résine qui contient une petite proportion de gomme, ce qui la rend légèrement hydrophile avant son durcissement.


Baume

Résine molle et malléable au début (mais moins fluide qu'une oléorésine). Pour certains, un baume au sens strict est une résine phénolique constituée essentiellement d'acides cinnamique et benzoïque et de leurs esters. D'autres y incluent des résines terpénoïdes. Dans les deux cas, un baume se distingue par la fragrance de ses composés volatils.

Du fait de leur malléabilité, les baumes ont souvent été utilisés en pommade sur les blessures. Du fait de leur fragrance, ils ont été brûlés comme encens et utilisés en parfumerie et en cosmétique.


Vernis et laques

Un vernis est une résine qui contient des terpénoïdes volatiles odorants comme les baumes, mais qui est utilisée pour ses composés non volatiles qui donnent une finition dure. Une laque (ou vernis naturel) est une résine liquide appliquée directement sur la surface à vernir sans l'aide d'un solvant.

Gomme

Populairement, une gomme désigne toute substance collante ou élastique. Cela comprend ainsi des résines terpénoïdes et des latex. Parmi ces derniers, on a le chicle qui a donné une "gomme à mâcher" ou "chewing-gum" et le caoutchouc.

Chimiquement, une gomme est constituée de chaines complexes de polysaccharides hydrophiles, dérivés de monosaccharides comme le galactose, l'arabinose et le rhamnose.

Une gomme est formée dans des cavités à l'intérieur de la plante, et s'en exsude à la suite d'un traumatisme (piqûre d'insecte, infection microbienne, blessure mécanique). Si elle touche l'écorce, elle peut absorber des tanins et jaunir.

Outre les gommes issues de plantes supérieures, on connaît des gommes extraites d'algues (agars, alginates, carraghénanes) et des gommes obtenues par fermentation bactérienne (gellane, xanthane).


Mucilage

Populairement, un mucilage désigne une solution aqueuse de gomme.

Chimiquement, un mucilage végétal est constitué de polymères complexes hydrosolubles, de haut poids moléculaire, de polysaccharides acides ou neutres. Leurs constituents de base sont le galactose, l'arabinose, le xylose, le rhamnose et l'acide galacturonique. Ils jouent des rôles multiples dans les plantes supérieures, comme des réserves d'énergie, la rétention d'eau chez les succulentes, la lubrication des méristèmes, la régulation de la germination chez les graines et la dispersion des graines.


Cire

Une cire n'est pas une macromolécule, mais un mélange complexe liposoluble surtout composé d'esters alcooliques d'acides gras et d'alkanes à chaine droite. On y trouve aussi des cétones et des aldéhydes à longue chaine, ainsi que des acides gras libres. Les cires se trouvent chez la plupart des plantes vasculaires sous forme d'une couche protectrice des feuilles, des tiges et des fruits. Elles cristallisent souvent en plaquettes ou bâtonnets, ce qui donne un aspect pruineux à l'organe concerné.


Latex

Un latex typique est une émulsion épaisse et de couleur blanc crème (laiteuse). Certains sont des substances aqueuses, claires, jaunes ou orange. Il est constitué d'un complexe de terpénoïdes, de terpènes (mono-, sesqui-, di-, tri-, polyterpènes), de protéines, d'acides, de glucides, de tanins, d'alcaloïdes et de minéraux.

Le latex est produit dans des vaisseaux ou des cellules spéciales appelées laticifères, très différents des tissus internes sécréteurs de résine. Le produit coagulé par ébullition contient surtout des polyisoprènes et des matériaux résineux. Si le polyisoprène est cis, le produit est élastique, comme le caoutchouc ; si le polyisoprène est trans, le produit n'est pas élastique, comme le gutta-percha.


Références

Ces définitions ont été écrites à l'aide des ouvrages suivants :

Langenheim Jean H., 2003. Plant resins. Chemistry, evolution, ecology and ethnobotany. Portland / Cambridge, Timber Press. 586 p.

NWFP 6. Coppen J.J.W., 1995. Gums, resins and latexes of plant origin. FAO, Rome. 142 p. (Non-Wood Forest Products, 6).

PROSEA 18, 2000. Plant resources of South-East Asia. vol. 18. Plants producing exudates. ed. by E. Boer and A.B. Ella. Leiden/Wageningen, Backhuys/PROSEA. 191 p.