Quassia amara (Pharmacopées en Guyane)

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Picrolemma sprucei
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Simaba cedron


Quassia amara. Feuilles et fleurs de couachi



Quassia amara L.


Noms vernaculaires

  • Créole : couachi [bwa-kwachi], quinquina de Cayenne.
  • Wayãpi : —
  • Palikur : kwa∫βan.
  • Portugais : quina, quina-de-Caiena.

Écologie, morphologie

Petit arbre des forêts secondaires du littoral, il est parfois cultivé dans des jardins [1].

Collections de référence

Berton 46 ; Grenand 2118 ; Jacquemin 2242 ; Prévost 3514.

Emplois

Cet arbuste est bien connu des Créoles, qui lui attribuent des propriétés fébrifuges, toniques amères, vermifuges. Il nous a aussi été donné comme cholalogue. Cette drogue se prend en infusion [2]. On absorbe aussi comme vermifuge la macération de l’écorce de tige dans le rhum. Les feuilles frottées sur le corps ont la réputation d’être un répulsif contre les moustiques.

Pour un ultime usage, cf. Tinospora crispa (Ménispermacées).

Les Palikur se servent de l’écorce et des feuilles pour préparer une décoction très amère utilisée en bain non seulement pour éloigner divers parasites mais aussi pour se débarrasser d’eux, en particulier les poux d’agouti (Schongastia guianensis). Pour soigner le paludisme (et aujourd’hui la dengue), ils utilisent le même bain que précédemment et absorbent, en petite quantité, la tisane amère préparée en décoction avec les feuilles et l’écorce. Ce bain sert aussi à soigner la paralysie des membres inférieurs.

Pour un autre usage cf. Geissospermum laeve (Apocynacées) [3].

Étymologie

  • Créole et Palikur : de couachi et kwa∫, « coati (Nasua nasua) » et βan, « plante ». L’association de la plante à l’animal est sans doute due à la couleur rouge des fleurs de l’un et au pelage roux de l’autre.
  • Créole : quinquina de Cayenne, appellation due à son amertume et à son emploi comme fébrifuge, tout comme le quinquina. Selon STEDMAN (1798), Couachi serait le nom d’un guérisseur saramaka exerçant à Paramaribo et qui aurait diffusé l’usage médicinal de cette plante.

Chimie et pharmacologie

Cette drogue est inscrite à la Pharmacopée française comme tonique amer. Les écorces renferment principalement deux quassinoïdes : néoquassine et quassine, et d’autres quassinoïdes mineurs. La quassine ne possède pas d’activité antitumorale marquée mais c’est un insecticide, utilisé et commercialisé, efficace contre les pucerons des arbres fruitiers (2 à 3 kg de copeaux dans 100 l d’eau, Notice du Service de la protection des végétaux, 1964).

Vis-à-vis des vertébrés, des essais réalisés sur le rat ont montré un effet de la quassine sur le système nerveux. Cependant, la toxicité de cette substance demeure modérée, comparée à celle des quassinoïdes des autres espèces citées, avec une dose létale 50 égale à 138 mg/kg par voie intraveineuse et 546 mg/kg par voie orale (CROSBY, 1971). La réputation de cette drogue comme antipaludique – elle fut même à certaines époques proposée en Europe en remplacement du quinquina – n’a pas été confirmée, la quassine n’ayant pas d’activité antiplasmodiale (GURU et al., 1983).

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  1. Quassia amara n'existe pas à l’état naturel en haute Guyane, où il est totalement ignoré des Amérindiens. Sur la côte, son statut de plante indigène reste douteux.
  2. Ces usages sont anciens. LEBLOND, en 1797, écrit : « Quassia amara ; 3 pieds ; son écorce c'est un amère qui peut être employé comme stomachique et fébrifuge » (LEBLOND in POULIQUEN, 2001).
  3. HECKEL (1897) signale que le bois amer de cet arbre « remplaçait le houblon dans la fabrication de la bière, surtout en Angleterre ».