Vataireopsis surinamensis (Pharmacopées en Guyane)

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Vatairea guianensis
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Zornia latifolia


Vataireopsis surinamensis



Vataireopsis surinamensis Lima

Synonymie

Espèce récemment détachée de Vataireopsis speciosa Ducke.

Noms vernaculaires

  • Créole : django.
  • Wayãpi : wɨla paye.
  • Palikur : waru kamwi.
  • Saramaka : djãgo.
  • Portugais : fava-amargosa.

Écologie, morphologie

Grand arbre de la forêt primaire, peu commun mais présent partout en Guyane.

Collections de référence

Grenand 286, 1200, 2846 ; Jacquemin 1687 ; Lescure 350 ; Moretti 1091, 1239.

Emplois

Le bois très jaune de cet arbre est utilisé par certains Créoles des communes de l’intérieur contre le pian bois (leishmaniose). L’odeur, forte et entêtante qu’il dégage lorsqu’on le coupe, est considérée comme enivrante. Toxique à forte dose, cette drogue est surtout connue des Saramaka.

La décoction de l’écorce de tronc prise en bain serait efficace contre diverses dermatoses. Selon les Wayãpi, cet arbre est une espèce habitée par des esprits tutélaires qui peuvent être apprivoisés par les chamanes. Ceux-ci, en cas de fièvre, peuvent ordonner des bains préparés avec la décoction de l’écorce interne. Par ailleurs, la sève extraite de l’écorce grattée est utilisée à Camopi comme remède contre la conjonctivite.

Chez les Palikur, l’écorce de racine et de tronc, finement pilée, mise à tiédir dans un peu d’eau, puis appliquée localement en cataplasme, est un remède contre l’érysipèle [1].

Étymologie

  • Wayãpi : de wɨla, « arbre » et paye, « chamane », « arbre chamane ».
  • Palikur : de waru, « arbre Vatairea guianensis » et kamwi, « qui ressemble à », « qui ressemble à Vatairea guianensis ».

Chimie et pharmacologie

Vataireopsis ne comprend que trois espèces. L’espèce brésilienne, Vataireopsis araroba Ducke (syn. Andira araroba) fournit la chrysarobine, un mélange d’anthraquinones qui figure dans plusieurs pharmacopées pour ses propriétés laxatives et son action sur diverses dermatoses.

La chrysarobine fut, il y a quelques années, préconisée pour le traitement du psoriasis. Les tests que nous avons réalisés sur des échantillons de Vataireopsis surinamensis montrent que le cœur de cet arbre renferme aussi des anthraquinones. À partir d’un échantillon que nous avons récolté, un triage pharmacologique a été réalisé par le laboratoire Roger-Bellon. Les essais pharmacologiques ont été effectués sur les éluats éthanoliques obtenus après filtration des différents extraits sur des résines amberlite échangeuses d’ions. Les extraits, préparés à partir des différentes parties de la plante, ne sont pas toxiques (tabl. IX).

L’extrait de feuille est faiblement spasmogène ; celui du bois de racine, légèrement inotrope et chronotrope+, est anti-inflammatoire, tandis que les écorces de racine diminuent la motilité ; les écorces de tige ont des propriétés analgésiques et antiinflammatoires légères.

Tests chimiques en fin d’ouvrage.

Tableau IX. Étude de la toxicité aiguë de différents extraits éthanoliques de Vataireopsis surinamensis
Toxicité sur la souris
v.l. v.o.
Feuille DLO> 100 DLO> 1000
Écorce de tige DLO> 100 300 < DL50 < 1000
Écorce de racine DLO> 100 DLO> 1000
Bois de racine DLO> 100 DLO < 1000

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  1. Un Vataireopsis sp. est signalé chez les Chacobo comme remède contre la gale (MUÑOZ et al. 2000a).