Virola surinamensis (Pharmacopées en Guyane)

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Virola michelii
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Campomanesia aromatica



Virola surinamensis (Rolander) Warb.

Synonymies

  • Myristica surinamensis Rolander ex Rottb ;
  • Myristica fatua Sur.

Noms vernaculaires

  • Créole : yayamadou marécage [djadjamadou-marikaj], dyadya [djadja], wawichi (Saint-Georges) [1].
  • Wayãpi : walusi.
  • Palikur : wahusi.
  • Kali’na : walu:ʃi.
  • Portugais : ucuúba, bicuiba.

Écologie, morphologie

Grand arbre très commun dans les forêts primaires humides et les forêts inondables.

Collections de référence

Jacquemin 1997 ; Lescure 355, 809.

Emplois

Chez les Wayãpi, les jeunes racines aériennes apparaissant à la base du tronc servent, après avoir été grattées, à préparer une décoction antitussive qui est bue.

Pour les Palikur, l’écorce est un remède courant utilisé soit comme émollient contre les enflures et contre l’érysipèle (wisnõ), soit comme désinfectant buccal contre les abcès dentaires. Dans le premier cas, l’écorce associée à celle de umeg (cf. Humiria balsamifera, Humiriacées) est préparée en décoction et utilisée en lavage externe. Dans le second cas, la décoction du seul Virola est utilisée en bain de bouche ; on l’applique aussi parfois avec un coton sur les hématomes. La décoction de Virola surinamensis caractérisée par son aspect rouge vif est aussi un remède contre la diarrhée [2]. Enfin pour un remède contre les hernies, cf. Montrichardia arborescens (Aracées).

Étymologie

  • Les mots palikur et Wayãpi sont probablement d’origine karib.
  • Créole : yayamadou est peut-être un mot d’origine africaine appliqué à une espèce américaine, car il n’a jamais été noté dans une langue amérindienne des Guyanes ; dyadya, corruption de yayamadou.

Chimie et pharmacologie

BARATA et al. (1978) ont identifié cinq lignanes dans les feuilles : l’élémicine, la galbacine, la véraguensine, la surinamensine et la viroline. Ces substances sont très toxiques pour les cercaires de la bilharziose (Schistosoma mansoni).

En Amérique latine, on extrait des graines la graisse de ucuuba qui constitue 65 % des amandes et qui est composée pour 50 % de trimyristine et de laurodimyristine servant à la fabrication de bougies et de savons (HEGNAUER, 5, 1969 ; RIBEIRO et al., I999) [3]

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  1. Les colons et les Créoles des XVIIIe et XIXe siècles utilisaient avant tout l’huile extraite des graines de Virola surinamensis et de Virola sebifera Aublet pour fabriquer des suifs et des cires ainsi que des chandelles.
  2. LE COINTE (1934) signale en Amazonie brésilienne l'usage de la sève pour soigner l'érysipèle, celui de la décoction de l’écorce pour favoriser la cicatrisation des blessures, ainsi que l'usage du coton imprégné de sève pour soulager les hémorroïdes. En vérité, l'usage des genres Virola et Iryanthera est extrêmement fréquent en Amérique équatoriale, tant chez les Amérindiens que chez les métis pour soigner surtout les plaies, les mycoses et autres affections cutanées (DELASCIO CHITTY, 1985, SCHULTES et RAFFAUF, 1990 ; MILLIKEN et al., 1992 ; VAN ANDEL, 2000). La sève de nombreux Virola est la source principale de plusieurs substances hallucinogènes chez les Yanomami et les Amérindiens du nord-ouest de l'Amazonie (SCHULTES et RAFFAUF, 1990).
  3. Alors qu’en Guyane, elle est encore abondante et peu menacée, cette ressource a diminué au Brésil en raison de la récolte de bois pour la construction à bas prix aux alentours des centres urbains. Elle est inscrite sur la Liste rouge de l'UICN. Des essais de culture sont tentés dans les États d’Amapá et du Para.