Tinospora crispa (Pharmacopées en Guyane)

De PlantUse Français
Révision de 21 mai 2021 à 20:37 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher
Sciadotenia cayennensis
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Nymphoides humboldtianum


Tinospora crispa
Tinospora crispa. Tiges et feuilles de la liane amère



Tinospora crispa (L.) Miers

Noms vernaculaires

  • Créole liane amère [yann-anmè] [1] (région de Cayenne).
  • Créole antillais : liane amère de Cayenne.
  • Wayãpi : —
  • Palikur : —

Écologie, morphologie

Liane commune dans la région de Cayenne où elle est cultivée dans les jardins [2].

Collections de référence

Berton 25 ; Moretti 861 ; Prévost 4057.

Emplois

Cette plante est abondamment utilisée par la médecine créole contre plusieurs affections. Les tiges mises à macérer dans un alcool et parfois associées à l’écorce de Quassia amara (Simaroubacées) donnent un breuvage amer bu contre le diabète et l’albuminurie.

La même partie de la plante macérée dans le rhum ou le vin blanc est également à la base d’un remède antipaludique administré à raison d’un verre à liqueur à jeun chaque matin. La macération dans le vin est un vermifuge et un stimulant de l’appétit administré surtout aux enfants. L’usage antidiabétique a récemment été adopté par les Palikur.

Chimie et pharmacologie

Les espèces du genre Tinospora sont parmi les plus employées en médecine traditionnelle de l’Asie et de l’Afrique ; elles renferment des alcaloïdes du type protoberbérine, berbérine et surtout palmatine (PARIS et BEAUQUESNE, 1939).

Pour les propriétés de la palmatine, se reporter supra à Abuta grandifolia.

Les extraits chloroformiques et méthanoliques ont montré une importante activité antiplasmodiale in vitro sur culture de Plasmodium falciparum et in vivo sur souris infectée par Plasmodium berghei (CAVIN et al., 1998). Plusieurs composants chimiques ont été identifiés : N-cis-féruloyltyramine, N-trans-féruloyltyramine, et secoisolaricirésinol, ayant une activité antioxydante. De l’extrait chlorométhylènique, ont été isolés la vanilline, la syringine, les diterpènes borapétosides B et C, et les alcaloïdes N-formylnornuciférine (CAVIN et al., 1998) et N-acylaporphine (PACHALY et al., 1992). Des hétérosides flavoniques ont aussi été isolés (UMI-KALSOM et NOOR, 1995).

L’extrait aqueux de tige à la dose égale ou supérieure à 0,1 g/kg baisse la température rectale de rats rendus hyperthermiques par voie orale,34 à 3 heures après l’administration. Cet effet disparaît aux doses inférieures. L’extrait alcoolique de tige n’est pas toxique pour les souris à la dose de 10 g/kg (in : Thai Medicinal Plants, 1992). Les propriétés antidiabétiques qu’on lui attribue en Malaisie comme en Guyane ont été confirmées et le mécanisme étudié. A également été confirmée l’activité hypoglycémiante des extraits aqueux sur des rats traités à l’alloxane. L’injection par voie intrapéritonéale à la dose de 50 mg/kg augmente aussi le taux d’insuline plasmatique. Enfin, les extraits de cette plante agissent sur la sécrétion de l’insuline (NOOR et ASHCROFT, 1989).

____________________

  1. L’appellation liane amère représente un bon exemple du régionalisme propre à la pharmacopée créole, puisque dans la région du bas Oyapock, ce nom recouvrait il y a peu encore uniquement des Aristolochia (Aristolochiacées).
  2. Elle semble maintenant s’être répandue dans les Antilles françaises où elle est aussi très employée en médecine créole sous le nom de liane amère de Cayenne, ce qui suggère son introduction depuis la Guyane (LONCUEFOSSE, 1995).