Fevillea cordifolia (Pharmacopées en Guyane)

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Kalanchoe pinnata
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Gurania huberi


Fevillea cordifolia. Grosses graines aplaties de ce poison de chasse
Fevillea cordifolia.



Famille Cucurbitaceae

Fevillea cordifolia L.

Synonymie

  • Nhandiroba cordifolia (L.) Kuntze

Noms vernaculaires

  • Créole antillais : ti concombre.
  • Wayãpi : wɨlapa laɨ.
  • Palikur : —
  • Portugais : pacapiá.

Écologie, morphologie

Liane assez rare de la forêt primaire humide.

Collections de référence

Feuillet 652 ; Prévost et Grenand 901.

Emplois

Chez les Wayãpi, les difficultés rencontrées pour identifier et collecter cette plante illustrent bien les problèmes d’enquête des ethnobotanistes [1]. Les graines, enfermées au nombre de six à douze dans un fruit sphérique, sont encore quelquefois utilisées pour préparer un poison de chasse. Deux méthodes ont été notées :

  • Les graines desséchées au-dessus d’un boucan sont pulvérisées et la poudre, mélangée à la sève fixatrice de takalawelu (Henriettea succosa (Aubl.) DC. ; Miconia cacatin (Aubl.) Renner, Mélastomatacées), est ensuite badigeonnée sur les pointes de flèche.
  • Une variante consiste à frotter une graine grattée finement sur une pointe de flèche enduite de mani (Moronobea coccinea, Clusiacées). C’est un poison lent qui fait vomir le gibier, selon l’expression wayãpi [2].

Chimie et pharmacologie

Cette plante, bien que signalée à plusieurs reprises pour sa toxicité, ne semble guère avoir attiré l’attention des pharmacologues. L’huile extraite des graines est utilisée comme purgatif au Brésil et pour fabriquer bougies et savons en Amérique centrale (COGNIAUX, 1878 ; WILLIAMS, 1981). D’après HEGNAUER (3, 1964), les graines referment 0,25 % d’une substance odorante utilisée comme anthelmintique.

GENTRY et WETTACH (1986) ont trouvé 42 % d’acide stéarique et 21 % d’acide palmitique dans les graines de Fevillea cordifolia. Le criblage préliminaire effectué montre la présence de saponines qui pourraient expliquer la toxicité des graines et leur usage comme poison de chasse. Des saponines du groupe des norcucurbitacines ont été isolées (HOSTETTMANN et MARSTON, 1995). Cette espèce est « l’une des plus productives sources d’huile végétale découverte dans le monde » (BRÜCHER, 1989).

Les graines sont amères, contiennent une haute teneur en huile dans les cotylédons et sont riches en acide stéarique.

Tests chimiques en fin d’ouvrage.

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  1. Entre 1972 et 1980, diverses plantes sur pied, le plus souvent lianescentes, furent associées, par nos informateurs, aux graines utilisées pour élaborer le poison de chasse décrit ci-dessus, jusqu’à ce qu’un chasseur trouvât des germinations avec des graines encore reconnaissables ; cette incertitude donna lieu à des discussions passionnées. C'est pratiquement le seul cas, chez les Wayãpi, où une partie de plante est utilisée sans que la plante entière ait été préalablement reconnue. Sans doute la difficulté d'observation de cette liane poussant dans la canopée est-elle à la base de cette carence.
  2. Fevillea cordifolia est souvent signalé comme purgatif, mais il est aussi indiqué, a contrario de nos observations, comme antidote pour divers empoisonnements (GENTRY et WETTACH, 1986).