Betonica (Rolland, Flore populaire)
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[Tome VIII, 206]
Betonica officinalis
Noms de la plante :
- vettonica [1], serratula, cestron, psychotrophon, lat. de Pline.
- hierabotane, l. du Ier s. apr. J.-C., Scribonius Largus, cité par Meyer, Gesch. d. Bot.
- vettonicen, l. de Dioscoride, publ. par Stadler.
- vectonica, l. du IVe s., Oder.
- betonica spana, l. du Ve s., Cassius, De med.
- bettonica, cistrus, sideritis, pandonia, pandiona, theripo, tia rica, thia riza, serrata, seraula, l. du m. â., Goetz.
- benedicta, l. du XIIe s., Bibl. de l'éc. d. ch., 1869, p. 331. — bathenia, bethonia, l. du XIIe s., Descemet. — betonica, betonia, cestronidum, l. du m. â., Mow. — cestron, l. du m. â., Renzi.
- butonica, l. du XVIe s., J. Camus, Livre d'h.
- betonica rubra, nomencl. du XVIe s., Mattirolo.
- betonica purpurea, anc. nomencl., Bauh., 1671.
- domina omnium herbarum, nomencl. du XVe s., J. Camus, Op. sal., p. 42.
- betonica, f., provenç. du XIVe s., P. Meyer (dans Romania, 1903, p. 299) ; anc. langued., Azaïs, Brev. ; niçois, Risso.
- patonique, f., anc. fr., Romania, 1907, p. 284.
- betoesne, f., anc. fr., Gesnerus, 1542.
- betoiesne, f., anc. fr., Du Puy-Monclar, 1563, fet 8.
- betoigne, f., vetoigne, betone, beteine, betuinne, vetoine, anc. fr., God.
- bétoine, f., franç., Grand herbier en franç., s. d. (vers 1520) ; etc., etc.
- vetoinne, vetone, fr. du XIVe s., Dorveaux, Antid.
- vetongne, f., anc. fr., L. Duchesne, 1539.
- herbe à la bétoine, Deux-Sèvres, Souché, Prov.
- bétouno, f., La Malène (Loz.), r. p.
- bétoni, m., provenç. et dauph., Solerius, 1549.
- batouane, f., Indre, r. p.
- bètône, f., wallon.
- bitouane, f., Jura, r. p.
- pitouan-na, f., Haute-Gruyère (Suisse), Sav.
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- ↑ Le mot est d'origine gauloise.
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- bétome, f., Saint-Georges-des-Gros. (Orne), r. p.
- butoesne, f., anc. fr., C. Stephanus, Sylva, 1538, p. 56 ; Du Puy-Monclar, 1563, fet 9.
- butoysne, f., fr. du XVIe s., J. Camus, Livre d'h.
- butène, f., M.-et-L., Batard.
- bretonge, f., albigeois, doc. de 1485, Revue du Tarn.
- broutounicà, masc., Saint-Pons (Hér.), Barth.
- bédouane, f., bédouèn’, f., Orne, Manche.
- bédouôde, f., Domfront (Orne), c. p. M. Aug. Chevalier.
- béltéte, f., Oise, Graves.
- touanëbèl’, f., jargon de Razey près Xertigny (Vosges), r. p.
- crémàyère, f., cormàyère, f., Berry, Le Grand.
- mille en diable, Ciron (Indre), Le Grand.
- herbe aux bourdons, Manche, Joret.
- herbe de Saint-Benoit, Bourgtheroulde (Eure), Jor. ; Spa, Lez.
- herbe à intzèrèyi (= h. à ensorceler ; celui qui marche sur cette herbe perd son chemin), Gruyère (Suisse), Sav.
- herbe à éternuer, M.-et-L., Merlet De La Boulaye, Herborisat., Angers, 1809, p. 149.
- tabac des gardes, Aube, Des Et.
- yèpe du pouarfi, Spa, Lezaack.
- druè, m., Jura, Monnier.
- broune wourtin, dchotte de sang, herbe de coeur, Ban de la Roche, Haillant.
- herbe au beurre, H.-Marne, c. p. M. L. Aubriot.
- oreille de bœuf, Spa, Lez.
- oûy di boûf. m., liégeois (œil de boeuf).
- orèye du boû, f., Spa (oreille de bœuf), J. Feller.
- bentonik, breton, Liégard.
- koortskruid (= herbe à la fièvre), dial. flam. (A. de C.).
Le moyen âge attribue 46 ou 47 propriétés à la bétoine. — Elle est sternutatoire. C'est en cette qualité que « la bétoine est en vogue pour une mauvaise plaisanterie consistant à en faire cuire la racine fraîche dans le potage ou avec les aliments. Il en résulte de violentes nausées suivies de vomissements. » Savoie, A. Chabert, p. 40.
« Pour guérir le mauvais vent (mauvais œil), on réunit neuf feuilles de bétoine sans tache, sans que leurs dentelles soient attaquées par des insectes ; neuf grains de sel dans un morceau de toile neuve et non lavée ; on coud le sachet avec du fil cru. Le
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tout s'applique au cou ; il ne faut pas oublier un signe de croix sur le paquet, et de donner deux liards ou plus au Saint-Esprit. On les dépose, ou dans le tronc de la paroisse, ou dans la main de M. le curé. » Carhaix (Finist.), Cambry, Voyage dans le Finist., 1868, p. 227.
« Les sorciers appellent les jeunes filles et les attirent en leur appliquant une feuille de bétoine sur l'épaule, » Landes, Bergues La Garde, Les Landes, 1868, p. 27.
« Antonius Musa, médecin de l'empereur Auguste, a faict un traicté expres de la betoyne, auquel, entre autres choses, il en parle ainsi : La betoyne contre-garde les ames et les corps des personnes, et mesme garde ceux qui vont de nuict, de tous charmes et dangers. Elle preserve aussi les lieux sacrez, et les cimetieres des serpens malins et des visions étranges : et finalement cette plante est saincte en toutes choses. » Matthiolus, Comm. sur Dioscoride, 1655, p. 362 [Ed. Edmont].
« Ki n'ot goute, caufés le jus de betoine ; si le metés es orelles, si ora cler. » (Pour celui qui est sourd, chauffez du jus de bétoine et mettez-le dans son oreille ; il entendra). Manusc. n° 351 de la Bibl. de Cambrai, c. de M. Ed. Edmont.
Langage des fleurs. — « La bétoine est l'emblème de la brusquerie, parce que si des épileptiques la touchent, leurs mouvements deviennent brusques et saccadés. » E. Faucon. — « La bétoine signifie : résistance. » Traité curieux des couleurs, 1647, p . 67.
Betonica alopecuros
- hormin jaune des Alpes, Saint-Germain, 1784.
La suite des Labiées formera le début du tome IX. — H. G.