Bonafousia macrocalyx (Pharmacopées en Guyane)

De PlantUse Français
Révision de 14 mars 2020 à 16:41 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher
Bonafousia disticha
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Bonafousia morettii
Bonafousia macrocalyx. Fruits par paires typiques de ce genre
Bonafousia macrocalyx



Bonafousia macrocalyx (Müll. Arg.) Boiteau et L. Allorge

Synonymies

  • Tabernaemontana macrocalyx Müll. Arg.
  • Anacampta macrocalyx (Müll. Arg.) Markgr.

Noms vernaculaires

  • Créole : —
  • Wayãpi : a’ɨ kãlãtã’ã.
  • Palikur : impukiu, aβuki.

Écologie, morphologie

Petit arbre commun du sous-bois de la forêt primaire ou de la forêt secondaire haute, sur sols bien drainés ; latex abondant.

Collections de référence

Grenand 3139, Moretti 1143, 1154 ; Prévost et Grenand 939.

Emplois

Les Palikur sont les seuls à utiliser cet arbre aux mêmes fins chamaniques que son proche voisin, Bonafousia angulata (cf. supra). Cependant, le latex de B. macrocalyx étant réputé moins fort, les Palikur préparent la macération avec une plus grande quantité d’écorce [1].

B. macrocalyx est en outre utilisé à des fins médicinales. L’écorce de tronc et de racine est préparée en décoction utilisée en lavage froid pour soigner les dépôts (wahau). Tiède, elle est administrée en lavage général pour traiter l’érysipèle (wisnõ) et en applications locales répétées pour résorber les plaies infectées.

L’écorce grattée, macérée dans l’eau, mise à reposer une nuit, puis tamisée sert à préparer un collyre pour éclaircir la vue. Pour un remède contre l’insomnie cf. Bonafousia angulata.

Étymologie

  • Wayãpi : a’ɨ, « paresseux à deux doigts (Choloepus didactylus) » et kãlãtãã, « oesophage », « oesophage du paresseux » (la graine du fruit de cet arbre est striée de la même manière que l’oesophage du paresseux).
  • Palikur : de im, « poisson » et aβuki, « B. angulata », « le Bonafousia des poissons ».

Chimie et pharmacologie

Une étude chimique des graines a montré qu’elles renferment des alcaloïdes : tabersonine et coronaridine (BRUNETON et al. 1979). Dans le cadre de notre contribution à l’étude des Tabernaemontanoïdées américaines, une étude a été entreprise sur les écorces de tige et les feuilles de cette espèce.

L’extraction des alcaloïdes à partir des écorces de tronc a fourni les alcaloïdes suivants : coronaridine, heynéanine, voacangine, voacangarine, voacangarine-hydroxy-7- indolénine, épi-19-voacangarine, coronaridine-hydroxy-indolénine, voacangine-hydroxy- 7-indolénine et oxo-3-coronaridine-hydroxy-7-indolénine ; le rendement en alcaloïdes totaux est de 11 g/kg ; quant aux feuilles, elles fournissent les alcaloïdes suivants : voacangine et 0-desmethyl-voacangine (= hydroxy-10 coronaridine) avec un rendement en alcaloïdes totaux de 6,69 g/kg.

La fraction non alcaloïdique retirée de la plante renferme un triterpène, l’α-amyrine (GARNIER et al., 1984).

L’emploi comme hallucinogène par les chamanes palikur est à rapprocher de l’usage aux mêmes fins en Afrique équatoriale d’une autre espèce d’Apocynacée, Tabernanthe iboga Baill., employée par les magiciens au cours de cérémonies initiatiques (SCHULTES et HOFMANN, 1973). L’effet psychopharmacologique est attribué, pour cette espèce, à l’ibogaïne, autre alcaloïde indolique majoritaire. Mais d’autres hypothèses peuvent être émises, comme la présence dans le latex d’alcaloïdes indoliques simples, du type harmane ou d’autres constituants instables (ROMMELSPACHER, 1981).

Tests chimiques en fin d’ouvrage.

____________________

  1. Il convient de remarquer qu'à propos de Bonafousia angulata et de Bonafousia macrocalyx, de nombreux informateurs intervertissent les termes impukiu et aβuki.