Bonafousia angulata (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Bonafousia angulata (Mart. ex Müll. Arg.) Boiteau et L. Allorge
- Nom accepté : Tabernaemontana angulata
Synonymies
- Tabernaemontana angulata Mart. ex Müll. Arg.
- Anacampta angulata (Mart. ex Müll. Arg.) Miers.
Noms vernaculaires
- Créole —
- Wayãpi : yapukuliwa
- Palikur : aβuki, impukiu [1]
- Portugais : pocoró.
Écologie, morphologie
Petit arbre du sous-bois de la forêt primaire, rare en Guyane.
Collections de référence
De Granville 513 ; Moretti 163, 1159 [2].
Emplois
Chez les Wayãpi, Bonafousia angulata est associé au rituel de formation des chamanes, et plus particulièrement à la phase dite de révélation de l’esprit. L’arbre est considéré comme abritant un esprit tutélaire du nom de yapukuliwa. C’est le latex qui est utilisé comme hallucinogène, son absorption étant solitaire. Les Wayãpi disent qu’alors le chamane voit (sous-entendu ce qui est ordinairement invisible).
Chez les Palikur, Bonafousia angulata joue le même rôle avec quelques variantes d’utilisation. L’esprit tutélaire de l’arbre porte, ici aussi, le même nom que l’arbre luimême, aβuki. L’absorption se fait sous le contrôle d’un assistant, ahigidi ; le chamane dit alors que la tête lui tourne et qu’il se met à rêver à un tas de choses.
Les initiés palikur préparent une macération de l’écorce regorgeant de latex, en boivent une partie et se lavent avec le reste. Le latex peut également être recueilli, mis à sécher puis broyé et fumé. Pour les deux ethnies, Palikur et Wayãpi, l’utilisation permet aux chamanes d’entrer en contact, de domestiquer et enfin d’utiliser à leur gré les esprits tutélaires de B. angulata. Pour un usage curatif de cette espèce, cf. Capirona decorticans (Rubiacées). Signalons que l’usage des Apocynacées comme hallucinogènes n’était jusqu’à maintenant pas connu en Amérique tropicale [3].
Enfin chez les Palikur l’écorce de aβuki. associée à Eleusine indica (Poacées), est un remède magique contre l’insomnie. L’insomnie est une affection « soufflée » par un jeteur de sort sur une préparation à base des cheveux de la victime et d’écorce pilée de Bonafousia angulata. Son remède consiste en un petit morceau d’écorce de la même espèce pilée avec des racines de Eleusine indica (Poacées). Une part est incorporée à un shampooing ; l’autre part sert à préparer une décoction bue trois fois par jour pendant deux semaines.
Étymologie
Aucune étymologie n’a pu être obtenue ; il ne nous semble pourtant pas incongru d’avancer une parenté linguistique entre les mots aβuki (palikur) et yapukuliwa (wayãpi).
Chimie et pharmacologie
De cette espèce, nous avons isolé des terpènes et des alcaloïdes indoliques, fréquents dans ce genre (GARNIER et al. 1984). Une étude chimique détaillée a, par ailleurs, été menée sur l’espèce voisine Bonafousia macrocalyx, considérée aussi par les Palikur comme hallucinogène (cf. cette espèce).
Tests chimiques en fin d’ouvrage.
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- ↑ Les deux séries de termes palikur désignent en fait deux arbres très proches qui sont la plupart du temps confondus par ceux des Palikur qui ne les utilisent pas, c'est-à-dire la plus grande partie de la population. Cependant, aβuki (ou aβukiu) serait plutôt Bonafousia angulata et impukiu, B. macrocalyx.
Le problème ne se pose pas de la même manière pour les Wayãpi. D'une part B. angulata est lié à une zone géographique précise sur le moyen Oyapock, le mont A1ikene, considéré en outre comme l'un des rares sommets émergés pendant le Déluge, d'autre part, B. macrocalyx n'a aucun usage hallucinogène pour eux. - ↑ Les collections Moretti 1159 et de Granville 513 ont été identifiées comme étant Bonafousia macrocalyx par LEEUWENBERG (1994). Dans sa monographie, cet auteur ne mentionne pas Tabernaemontana (= Bonafousia) angulata en Guyane française.
- ↑ Les Urubu-Ka'apor utilisent cette espèce pour soigner les furoncles et les éruptions cutanées (BALÉE, 1994), tandis que les Yanomami emploient l'infusion d'écorce de tronc comme vermifuge (MILUKEN et ALBERT, 1996).