Asclepias curassavica (Pharmacopées en Guyane)

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Aristolochia trilobata
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Matelea grenandii
Asclepias curassavica. Inflorescence (boutons et fleurs) de codio



Famille Asclepiadaceae

Asclepias curassavica L.

Noms vernaculaires

  • Créole : codio [kodjo], crodio [krodjo], cadrio.
  • Créole antillais : bouquet soldat, ipeca nègre (HECKEL, 1897) [1].
  • Wayãpi : —
  • Palikur : iutak βey.
  • Portugais : oficial-de-sala, suspiro.

Écologie, morphologie

Plante rudérale abondante, reconnaissable à ses fleurs orange vif et au latex qui exsude de toutes ses parties.

Collections de référence

Grenand 1880 ; Moretti 736 ; Prévost 3843.

Emplois

Chez les Créoles, le latex de cette plante considéré comme toxique est employé comme analgésique dentaire. On l’applique directement sur la dent douloureuse au moyen d’un coton. Les Palikur préparent, avec les racines en macération, ou encore les parties aériennes en décoction, un collyre contre les infections des yeux [2].

Étymologie

  • Créole : le mot codio semble d’origine africaine. Dans les Caraïbes anglophones, ko-jo bush s’applique à Petiveria alliacea L. (Phytolaccacées) ; ALLSOPP (1996) indique que ko-jo vient de kodzo, qui dans plusieurs langues du Ghana, est un prénom masculin donné aux enfants nés un lundi.
  • Palikur : de iutak, « œil » et βey « remède », « remède pour les yeux ». Le nom renvoie à l’utilisation médicinale.

Chimie et pharmacologie

Les feuilles renferment des polyphénols, dérivés de la quercétine et du kaempférol. Les racines renferment des cardénolides dont les aglycones sont : uzarigénine, corotoxigénine, coroglaucigénine, asclépogénine, curassavogénine, ascurogénine. De l’asclépine a été trouvée dans cette espèce récoltée aux Indes ; les racines ont une action digitalique (HOCKING, 1976). Le latex renferme plus de cardénolides que les autres parties de la plante, principalement des dérivés de la calotropogénine (SEIBER et al., 1982).

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  1. Les racines étaient autrefois réputées en Amérique centrale comme expectorantes et émétiques. A ce titre, l'espèce fut considérée comme l'un des nombreux ipecas, appelé ipeca bâtard et employée au siècle dernier, en remplacement du véritable ipeca (Cephaelis ipecacuanha (Brot.) Tussac, Rubiacées), comme vomitif et purgatif (DESCOURTILZ, 1827-1833, HECKEL, 1897).
  2. Cette plante semble également d'un usage médicinal très commun parmi les populations métissées d'Amérique méridionale, en particulier au Brésil où elle est utilisée, en plus des usages déjà cités, pour soigner les leucorrhées, l'asthme, les diarrhées rebelles et la blennorragie (CID, 1978). Les Quechua et les Siona-Sekoya d'Équateur utllisent le latex extrait des feuilles pour éliminer les parasites intestinaux (SCHULTES et RAFFAUF. 1990).