Beïdh (Ibn al-Baytar)
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- Galien. L’œuf dont il sera question et qui est le plus facile a trouver est l’œuf de poule. Nous n’aurons pas besoin de décrire les autres, attendu que leur constitution est identique.
- Dioscorides, II, 54
- Avicenne, livre II du Canon. L’œuf à la coque est salutaire contre la toux dans la pleurésie, la phtisie, la raucité de la voix produite par la chaleur, la dyspnée, les crachements de sang, surtout si l’on donne son jaune tiède. Cuit à l’abri de la fumée, le blanc d’œuf, injecté en lavement avec du mélilot, est utile contre les ulcères des intestins et la putridité de leurs humeurs. Il est utile contre les abcès du siège et des parties génitales *i\z. On le mélange avec de l’eau de rose, on en imbibe une mèche et on la porte en suppositoire contre les tumeurs du siège et ses élancements. L’œuf de canard et des espèces voisines donne un mauvais chyle. Les plus secs de tous les œufs sont ceux d’autruche et d’oie. Le jaune d’œuf de poule, cuit sur le feu et mélangé avec du miel, est un bon collyre contre les lentilles et les taches noires. L’œuf d’outarde convient, dit-on, pour teindre les cheveux. On s’assure ainsi qu’il est apte à cette opération : on en imbibe un fil de laine et l’on attend jusqu’à ce qu’il passe au noir. On dit qu’il en est de même de l’œuf de cigogne. L’œuf de tortue passe pour être utile contre l’épilepsie. Son efficacité est reconnue contre la toux des enfants. Toutes les espèces d’œufs, surtout ceux de passereaux, sont aphrodisiaques. On dit que l’œuf d’oie, mêlé avec de l’huile et injecté tiède dans la matrice, provoque l’issue des règles au bout de quatre jours. On dit que l’œuf de caméléon est un poison mortel. L’œuf de fourmi, trituré dans de l’eau et employé en frictions sur le corps, empêche la pousse des cheveux.
- Et-Tabery. Le blanc d’œuf, mêlé à de la bouillie et administré à l’intérieur, fait vomir le sang.
- El-Israïly. Le blanc d’œuf ne doit être employé dans les maladies de l’œil qu’autant qu’il s’agit des paupières ou de la conjonctive affectée d’oplithalmie purulente. Il faut s’en abstenir avec le plus grand soin dans les affections engendrées par des humeurs acres et irritantes enfermées dans les tuniques et les diaphragmes internes de l’œil. En effet, le blanc d’œuf obstrue l’ouverture externe des pores par son action invisquante. Il emprisonne les vapeurs à l’intérieur de l’œil et il empêche leur résolution. Une fois ces vapeurs emprisonnées et comprimées, les humeurs fermentent et font effort pour dilater leur espace trop étroit, elles déchirent la cornée pour se faire un passage : de là des gerçures et des ulcères.
- Livre des Expériences. Le blanc d’œuf, introduit dans les préparations répercussives des humeurs, fortifie les organes et empêche les humeurs d’y affluer. C’est ainsi qu’on en charge les compresses placées sur le front et les tempes, sur les endroits de fractures, de contusions et de luxations.
- El-Isiuïly. Le jaune d’œuf est mou et plus résolutif. C’est pourquoi, employé localement avec de l’huile de violette, il amollit les abcès chauds et en hâte la maturation et résout les humeurs qui ne se sont pas encore collectionnées. Si ces tumeurs ont surtout besoin d’un invisquant, on applique l’œuf cuit. Si elles ont besoin surtout d’un résolutif, on l’applique à l’état cru. Si l’on en fait une application avec de l’huile de rose et un peu de safran et de myrrhe, il résout les humeurs engendrées par un sang grossier.
- Livre des Expériences. Le jaune d’œuf, placé cru ou légèrement chauffé sur les tumeurs inflammatoires, en hâte la maturation et en calme les douleurs, surtout s’il s’agit d’organes sensibles, comme dans les cas d’oplithalmie purulente, dans les inflammations et les tumeurs de l’anus, ses ulcères et ses gerçures.
- Massîh. La coquille d’œuf est froide au second degré el dessiccative. Elle est utile contre le prurit et la gale de l’œil. A cet effet, on la brûle, on la pulvérise et on l’emploie comme collyre.
- Livre des Expériences. La cendre obtenue par la combustion de la coquille d’œuf dessèche les ulcères et fait disparaître l’albugo, employée comme collyre. Elle arrête l’épistaxis. Pour cela, on la fait dissoudre dans de l’eau de coriandre fraîche et on l’injecte dans le nez. La coquille d’œuf d’autruche particulièrement, pulvérisée telle qu’elle est et sans combustion, associée à du miel et prise en éclegme, est salutaire contre la pleurésie.
- Le Connasch (pandectes) d’Ib.n £S.~Rem1ly. Bien des fois il lui est arrivé d’écraser la coquille d’œufs de poule soumise au feu jusqu’à ce qu’elle passât au noir, puis de la pulvériser parfaitement et de l’insuffler fortement dans les narines au moyen d’une canule d’argent. Par ce moyen il arrêtait des saignements de nez graves et souvent mort-ls. Il dit n’avoir pas vu de remède plus prompt que celui-là. Son action est en raison de son degré plus ou moins avancé de combustion.
- RâZÉS, dans son Traité des Correctifs des Aliments. Le meilleur et le plus commun des œufs est celui de poule, puis celui de francolin g-lj^xJi. Celui de canard vient après, au point, de vue de la saveur et de la bonté du sang qu’il fournit. Les œufs d’oie et d’autruche sont lourds et d’une mauvaise odeur : ils n’entrent pas dans l’usage ordinaire des aliments. Il en est de même des œufs des autres petits oiseaux. Ceux de passereaux surtout sont aphrodisiaques, préparés en omelette avec du beurre et des oignons. Toutefois il ne faut pas en user habituellement à titre d’aliments, mais seulement comme médicament. Le blanc d’œuf donne un sang visqueux. Le jaune donne un sang meilleur et plus abondant : il est plus nourrissant. L’œuf, cuit dur, est encore plus nourrissant et passe plus lentement. L’œuf à la coque est moins nourrissant et passe plus vite. Celui qui a été saisi et à demi coulant tient le milieu entre les deux sous le rapport de la quantité d’aliment et du séjour dans l’intestin. L’œuf, frit dans l’huile, est lourd, de mauvaise odeur et passe lentement. Le jaune d’œuf donne un sang de bonne nature. Il convient contre les aspérités de la poitrine et du poumon; l’œuf à la coque est aphrodisiaque, pris avec de la graine de roquette et. du sel de scinque; il relâche le ventre et évacue les fèces. Il nourrit promptement et convient ainsi aux sujets saignés ou ventouses, ainsi qu’à tout individu affaibli et qui a besoin de se nourrir. Il s’assimile bien surtout si on l’associe avec un peu de vin. On peut aussi opérer suivant la manière recommandée par l’éminent Galien. On jette le jaune d’œuf dans un vase hémisphérique et mince; on agite jusqu’à ce qu’il ait perdu de sa consistance; on ajoute pour chaque jaune d’œuf la valeur en poids d’un daneq de poivre pulvérisé; on verse ensuite du garum nabathéen à la dose d’un dixième ou un peu plus, une égale quantité de vin aromatisé; on place le vase sur une marmite ou une casserole remplie d’eau que l’on fait bouillir en continuant jus qu’à ce que la masse ait pris une certaine consistance. Alors on prend cette préparation en ajoutant du poivre et du garum en quantité suffisante pour lui donner du goût C’est un aliment qui s’assimile promptement et qui nourrit convenablement. L’œuf, et surtout l’œuf cuit dur, ne convient pas aux individus qui ont l’estomac affaibli. Il faut en ce cas en continuer l’usage avec du sel, du poivre, du garum et du vinaigre, ce qui le rend plus léger. Il faut s’abstenir du blanc d’œuf, qui engendre des humeurs pituitaires, grossières et visqueuses. Il ne faut pas le prendre avec du vinaigre, cpii le durcit; quant au jaune, il le dissout. Si l’on veut manger du blanc d’œuf, il faut le faire avec du sel, du garum et de l’huile, ce qui en modifie la constitution et le dissout promptement. Cuit avec du vinaigre, le blanc d’œuf est un aliment convenable dans les cas d’ulcères intestinaux et de diarrhée. Les omelettes sont lourdes, passent lentement et sont d’une mauvaise odeur, surtout préparées avec le beurre. Celles qui sont préparées à l’huile sont plus légères et passent, plus vite. Plus une omelette est molle, plus elle passe promptement. Le mieux est de n’employer dans les omelettes que le jaune d’œuf à l’exclusion du blanc. Il faut principalement s’abstenir d’associer le blanc d’œuf cuit dur, dans les cas de coliques, surtout avec le rôti, les légumes, le lait, le vin ou le lait de beurre.
- Avicenne, Des Médicaments cordiaux. Bien que l’œuf ne soit pas un médicament, il n’en a pas moins la propriété de fortifier le cœur, et il est employé comme tel, particulièrement le jaune des animaux à chairs de bonne nature, comme la poule, le francolin et la perdrix. II a trois avantages : de se transformer rapidement en sang, de laisser peu de résidu et de fournir un sang convenable à la nutrition du cœur et qui lui arrive promptement. En conséquence, il est préférable aux remèdes destinés à neutraliser l’action malfaisante des maladies qui altèrent la substance de l’esprit vital, qui n’est autre que le sang dans le cœur.