Anzerout (Ibn al-Baytar)

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Ankarakon
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Infaha


171 - Anzerout, Sarcocolle.


Nom accepté : Penaea mucronata et Saltera sarcocolla (Penaeaceae) (vérifier) ou plutôt Astragalus sarcocolla

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  • DIOSCORIDES, livre III. C’est la gomme d’un arbre qui croit en Perse, pareil à des petits grains d’encens, et d’un goût amer.
  • AVICENNE. C’est un arbre épineux.
  • GALIEN, livre VIII. Cette substance jouit d’une double propriété : d’un côté elle est obstruante, et de l’autre elle est amère. C’est pourquoi elle est dessiccative sans irritation. Aussi l’emploie-t-on pour faire pousser des chairs et cicatriser les plaies occasionnées par des coups.
  • DIOSCORIDES. Elle a la propriété d’agglutiner les plaies. Elle arrête l’afflux des humeurs à l’œil. On la fait entrer dans les onguents. On la sophistique en lui associant de la gomme.
  • ET-TABERY. Elle consolide les solutions de continuité des chairs, en fait pousser dans les ulcères, et les déterge mélangée à du miel. Triturée avec du blanc d’œuf ou avec du lait, puis desséchée, triturée et répandue sur l’œil, elle guérit l’ophthalmie.
  • IBN MASSOUIH. Elle a la propriété d’évacuer la pituite visqueuse. On n’a pas l’habitude de l’administrer seule, mais dans une décoction à la dose d’une demi-drachme à une drachme. On ne la donne pas seule sans inconvénients.
  • HOBEÏCH IBN EL-HASSEN. La sarcocolle est merveilleuse à pénétrer et à ronger les chairs corrompues des plaies. Elle possède à un haut degré la propriété de guérir l’ophthalmie. Elle attire les humeurs de l’intérieur de l’œil, mieux qu’aucun autre médicament, surtout associée à l’amidon et au sucre blanc. A l’intérieur, on l’administre comme purgatif. C’est un spécifique pour les yeux; elle a aussi la qualité d’évacuer la pituite grossière qui s’est fixée dans les articulations des mains, des hanches et des genoux; elle attire violemment cette humeur avec un peu de bile. Elle aide aussi les médicaments à sortir du corps. Parfois elle déterge l’œil et les intestins en les excoriant et en produisant du ténesme en raison de son énergie. C’est une gomme visqueuse, et, si elle rencontre un corps humide, elle y adhère, que ce soit la main, le pied ou bien un vase. En raison de cette propriété, de son énergie et de son adhérence intime avec tout objet, elle agit sur les intestins comme nous l’avons dit. Si on l’administre à un adulte, seule ou associée à d’autres médicaments, elle le rend chauve au point de faire tomber tous les cheveux de sa tête. S’il s’agit d’un jeune homme, la chute est lente; mais s’il s’agit d’un vieillard, elle est rapide. Le meilleur est de triturer celle qui est blanche et à gros fragments, et de l’associer à de l’huile de noix. Cette huile tempère sa froideur et l’empêche de produire ce que nous avons dit de l’ulcération des intestins et du ténesme, en s’opposant à son adhérence. Pour la corriger avec l’huile de noix, il faut en ajouter deux ou trois fois le poids, si on veut la faire entrer dans quelque préparation pilulaire. Si on l’administre seule, la quantité d’huile doit être décuple. On la corrige avec l’huile de ricin, pour les vieillards et les sujets débiles, mais non pour les jeunes gens, qui ne pourraient supporter la chaleur de cette huile; on en ajoute autant qu’il en faut pour la dissoudre, puis on l’associe aux autres médicaments. Sa dose, quand on la donne seule et après l’avoir corrigée comme nous l’avons dit, est d’un milhkal à deux drachmes un quart. On ajoute des autres médicaments depuis une demi-drachme jusqu’à quatre danecs. Les meilleures substances que l’on puisse lui associer sont le sagapenum, le myrobolan, le turbith, l’aloes, la gomme ammoniaque, le bdellium de Judée, la graine d’ache cultivée, et d’autres substances pareilles.
  • AUTRE. La sarcocolle pousse à maturation et à résolution les tumeurs. Triturée avec un peu de nitre et d’eau et employée en embrocations sur les tumeurs du genou de nature scrofuleuse, elle les résout. On fait aussi une


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mèche que l’on enduit de miel et que l’on trempe dans de la sarcocolle pulvérisée; cette mèche, introduite dans une oreille qui donne de la matière et du pus, la guérit en quelques jours.

  • L’AUTEUR. La plupart des médecins, à ma connaissance, craignent d’administrer la sarcocolle à une dose supérieure à celle que nous avons donnée plus haut. Cependant j’ai vu les femmes égyptiennes en prendre impunément davantage en une seule fois. Elles en prennent une once ou deux dans de la pulpe de ce melon jaune connu dans le pays sous le nom d’abdelaouy, tout en sortant du bain. On dit que cela les fait engraisser.

La sarcocolle est une exsudation gommeuse, fournie particulièrement par le calice de certaines espèces du genre penea, de la famille des Épacridées, entre autres par les espèces sarcocolla et mucronata. La cucurbitacée appelée abdelaouy est rapportée par Forskal, Flore d’Egypte, page 168, au genre cucumis, espèce chate, variété abdellaoui. Prosper Alpin, dans son Livre sur la médecine des Égyptiens, livre III, chapître xvi, en parlant des moyens nombreux employés par les Egyptiennes pour engraisser, parle aussi de la sarcocolle et d’autres substances. Il mentionne aussi l’ingestion de ces substances dans un melon, au sortir du bain. D’après plusieurs auteurs, cités par M. de Sacy dans son Abdallatif, page 126, le melon en question aurait été introduit en Egypte vers l’an 310 de l’hégire, et il aurait tiré son nom d’Abdallah ben Taher, qui l’aimait beaucoup. Vers la fin de l’article de Hobeich, nous lisons, xxx, sagapenum, d’autant plus que cette leçon se trouve dans Sérapion, qui cite intégralement l’article de Hobeich sous le nom tronqué d’Abix.