Élélisfakon (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : Salvia
- L’alif et le lam (qui commencent le mot) sont des lettres radicales. Quant au mot lui-même, il signifie langue de chameau, à ce que prétend le moine Nicolas. Toutefois on se trompe à le prendre pour le ra’i el-ibel, xxx xxx, pâturage de chameau. Chez nous, en Espagne, les botanistes lui donnent le nom de salbya xxx et de na’ama xxx.
- DIOSCORIDES, III, 35. C’est un arbuste allongé et rameux, dont les rameaux sont quadrangulaires et de couleur blanchâtre. Les feuilles ressemblent à celles du cognassier, sinon quelles sont plus longues; elles sont légèrement rudes, à l’instar d’un habit qui n’a pas été brossé après le lavage ; elles sont couvertes de poils et blanches, d’une odeur aromatique et forte. Cette plante porte à l’extrémité des rameaux des fruits qui ressemblent à ceux de l’horminum sauvage. Elle croit dans les endroits raboteux.
- GALIEN, livre VI. Le tempérament de cette plante est la chaleur, une chaleur évidente avec un peu d’astringence.
- DIOSCORIDES. La décoction de ses feuilles et de ses rameaux, prise à l’intérieur, est diurétique, emménagogue et abortive. Elle est salutaire contre les atteintes de la pastenade xxx (sorte de raie, en grec trugôn). Elle noircit les cheveux, est avantageuse contre les blessures, arrête les hémorrhagies et déterge les ulcères de mauvaise nature. En lotions, elle calme le prurit des organes génitaux de l’homme et de la femme.
- IBN DJOLDJOL. Elle est avantageuse contre la paralysie de la langue et la difficulté de la parole, prise à l’intérieur.
- DIOSCORIDES, livre V. On prépare de la manière suivante le vin de sauge : On prend dix drachmes de sauge que l’on jette dans une amphore de vin doux. Ce vin est avantageux contre les douleurs des reins, de la vessie et des côtés, contre l’expectoration sanguine, la toux et la faiblesse des muscles, ainsi que la rétention des menstrues.
La sauge porte, en Algérie, le nom de siouac en-neby, xxx xxx, cure-dents du Prophète, et, dans quelques cantons, celui de bouchoucha, xxx. Le moine Nicolas fut envoyé, en l’année 340 de l’hégire, par l’empereur romain au khalife de Cordoue, Nasser Ibn Abd er-Rahmân, pour opérer la révision des œuvres de Dioscorides, dont l’empereur byzantin envoyait un exemplaire au prince espagnol. Nous en avons parlé dans nos études sur Ibn el-Beïthâr, Journal asiatique, 1862, et nous croyons y avoir mal traduit la phrase qui le concerne. Notre manuscrit est usé en cet endroit, et nous pensons que la version adoptée ici est préférable.
Nonobstant les observations d’Ibn el-Beïthâr, la sauge, au dire de Dioscorides, porte aussi le nom d’èlaphoboscon, qui est mal traduit par xxx, mots qui sont aussi donnés par le cheikh Dawoud comme synonyme. Toutefois Ibn el-Beïthâr a raison de prévenir la confusion avec la plante qui porte plus particulièrement le nom de ra’i el-ibel ou plutôt ra’i el-oueiyel, xxx xxx, pâturage de cerf, ce qui est la traduction du grec elaphoboscon. Nous reviendrons sur ce vice de transcription.