Ronce (Cazin 1868)

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Romarin
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Roquette


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Ronce

Nom accepté : Rubus fruticosus


RONCE. Rubus fructicosus. L.

Rubus vulgaris, sive rubus fructu nigro. C. Bauh., Tourn. — Rubus major. Dod. — Rubus magnus. Dalech.

Ronce des bois, — grande ronce, — ronce fructescente, — ronce des haies, — mûrier des haies, — roumi, — mûre sauvage.

ROSACÉES. — DRYADÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE POLYGYNIE. L


Cet arbrisseau est très-commun dans les haies, les bois, les buissons, etc.

Description. — Tiges anguleuses, flexibles, sarmenteuses, aiguillonnées, ayant jusqu'à 3 mètres de longueur. — Feuilles quinées, déjetées et ternées, luisantes, d'un beau vert, pubescentes et tomenteuses en dessous, coriaces, persistantes. — Fleurs rosées ou blanches, en grappes terminales lâches, à cinq pétales étalés et cinq divisions calicinales (juillet-septembre). — Fruit composé de drupes nombreuses, peu adhérentes au réceptacle, sous forme de grains d'abord verts, ensuite rouges et enfin noirs, luisantes à leur maturité. On les appelle mûres sauvages ou de renard ; amouros de Bartas dans le midi de la France ; catins-mûrons dans le nord.

Parties usitées. — Les jeunes pousses, les feuilles, les fruits et les racines.

Récolte. — Les tiges tendres, les pousses et les feuilles se récoltent pendant toute la belle saison ; les fruits, quand ils sont bien mûrs.

[Culture. — Ces plantes ne sont pas cultivées, on les propage par boutures et par éclats de pied. Elles poussent dans tous les sols et à toutes les expositions.]

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — Les feuilles et surtout les jeunes pousses ont une saveur astringente. Leur infusion noircit par le sulfate de fer. Les fruits sont d'une saveur douce, un peu acide, et peuvent remplacer les mûres. On peut en obtenir une espèce de vin, de l'eau-de-vie et du vinaigre. Ecrasés et mis en fermentation, ils fournissent, par l'addition d'une certaine quantité d'eau-de-vie, une boisson qui ressemble beaucoup au vin de qualité inférieure et dont on pourrait faire usage dans les campagnes des départements du nord,


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où les ouvriers n'ont le plus souvent, pendant les chaleurs de l'été, que de l'eau pure poor boisson.

Les feuilles et les tiges tendres de la ronce sont astringentes. On se sert vulgairement de leur décoction en gargarisme avec addition d'un peu de miel rosat ou de vinaigre miellé, dans les maux de gorge, dans l'engorgement des gencives, les aphthes, la stomatite, etc. On l'emploie aussi dans la diarrhée, la dysenterie, l'hématurie, les flueurs blanches, etc.

(Pinel[1] en signale les bons effets dans les cas de dévoiements symptomatiques survenant souvent en automne durant les accès maniaques ou vers leur déclin.)

Les fruits sont rafraîchissants et tempérants. On en fait un sirop et une gelée fort agréables. Le premier peut remplacer le sirop de mûres.


Ronce bleue

Nom accepté : Rubus caesius


LA RONCE BLEUE ou PETITE RONCE (rubus cæsius, L.), dont le fruit est noir et couvert d'une efflorescence bleuâtre, peut remplacer la ronce commune ou des haies.

(Les Américains emploient comme astringent amer l'écorce du R. villosus ; ils choisissent de préférence les petites racines, et ils ont soin de séparer le méditullium ligneux. Raisonnant par analogie, j'ai mis avec succès en usage, dans les diarrhées atoniques, les catarrhes intestinaux, le décocté (30 gr. pour 500 gr. d'eau) d'écorces de la racine du R. fructicosus. Je m'en suis aussi très-bien trouvé à l'extérieur en injection dans la leucorrhée, la blennorrhée et la sécrétion séro-muqueuse hémorrhoïdale.)

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  1. Traité complet du régime sonitaire des aliénés, p. 107. Paris, 1836.