Chicorée endive (Vilmorin-Andrieux, 1904)
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Inde. — Annuelle et bisannuelle. -- Plante à feuilles radicales nombreuses,étalées en rosette, glabres, lobées et découpées plus ou moins profondément ; tige creuse, de 0.50 à I mètre, cannelée, rameuse; fleurs bleues, axillaires, sessiles. Graine petite, anguleuse, allongée, de couleur grise, terminée en pointe d'un côté, couronnée de l'autre par une sorte de collerette membraneuse; un gramme en contient environ 600 et le litre pèse 340 grammes ; la durée germinative en est de dix ans.
Toutes les variétés qui sortent du Cichorium Endivia se reconnaissent à leurs feuilles complètement glabres, tant sur le limbe que sur les pétioles, et parleur tempérament plus délicat, qui les rend beaucoup plus sensibles au froid que les races cultivées du Cichorium Intybus.
CULTURE EN PLEINE TERRE. — Les premiers semis se font en Février-Mars sur couche chaude et sous châssis ; après la levée, on donne progressivement de l'air ; on repique sous châssis, puis on met en place en pleine terre, en Avril-Mai, en espaçant de 3o à 35 centimètres. Larécolte a lieu de Mai à Juillet.
La vraie saison de pleine terre commence avec les semis qui se font à partir d'Avril, en pépinière, sur couche à l'air libre, ou en pleine terre à bonne exposition ; ces semis se prolongent jusqu'en Juin et Juillet. Le repiquage n'est pas indispensable, mais on a généralement intérêt à le pratiquer. On met en place de Mai à Juillet-Août, en espaçant deom;o à om4o, suivant les variétés, et la récolte s'effectue de Juillet à Octobre. Les variétés qui se prêtent le mieux à ces semis sont les Ch. frisée de Meaux, de Ruffec, de Picpus, grosse pancalière, etc.
Les chicorées dites d'hiver, comme la Ch. frisée d'hiver et la Ch. Reine d'hiver, cultivées pour être consommées au printemps, se sèment en Août pour être repiquées un mois aprèsà demeure, à bonne exposition, en les espaçant de omgo à om5o. On préserve des grands froids à l'aide de litière ou de paillassons.
C'est également de Juin en Juillet que l'on procède au semis des Scaroles dont la culture est, du reste, identique à celle des Chicorées frisées.
Étiolage. — Il est d'usage de blanchir les chicorées avant de les récolter. On attend pour cela que la plante ait pris à peu près tout son développement, puis, par un temps bien sec, on l'attache au moyen d'un ou deux liens, en réunissant toutes les feuilles ensemble, de manière à soustraire le coeur de la plante à l'action de la lumière ; on laisse en place et l'on continue les arrosements, si cela est nécessaire. La Chicorée ainsi traitée est bonne à consommer au bout de quinze à vingt jours.
Bien que les Chicorées d'hiver et les Scaroles supportent mieux le froid que les autres variétés, elles ne peuvent cependant passer l'hiver dehors sans abri sous le climat de Paris ; aussi, beaucoup de personnes, pour éviter d'avoir à couvrir et à découvrir constamment leur plantation d'hiver, préfèrent rentrer leurs salades vers la fin d'Octobre : les plantes sont enlevées avec leur motte, puis liées, si elles ne le sont déjà, et finalement transportées dansla serre à légumes ou tout autre local sec et à l'abri de la gelée, où on les place le pied enfoncé dans du sable.
On peut aussi très bien se contenter d'ouvrir dans un carré libre du jardin, bien abrité si possible, des tranchées larges de oø6o et profondes d'un fer de bêche, dans lesquelles les salades, préalablement liées et enlevées avec leur motte, sont déposées et serrées les unes
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contre les autres. Par-dessus ces tranchées, on place des fascines légères en quantité suffisante pour supporter une bonne couche de paille qui protégera les plantes contre les froids ; pendant les très fortes gelées, il sera bon d'ajouter un peu de fumier. Ce procédé très simple donne généralement de très bons résultats.
En Lorraine, où la rigueur des hivers ne permet pas d'espérer la conservation en pleine terre, on opère de la façon suivante : Lorsque les gelées sont à craindre, le matin d'une journée qu'on prévoit belle, les salades sont coupées entre deux terres d'un coup de bêche, puis on les laisse se ressuyer sur place. Dans l'après-midi, on lie toutes les feuilles et on dispose les salades ainsi liées, très rapprochées les unes des autres et la tête en bas, dans des jauges peu profondes ouvertes à la bêche ; puis on les recouvre de terre, en ayant soin quele tronçon de la racine sorte légèrement de cette terre. Pendant les gelées de — 7° et au-dessous, il est prudent de placer sur les jauges une couche de 15 à 20 centimètres de fumier pailleux bien sec. Dans ces conditions, les salades se conservent parfaitement pendant au moins deux mois.
Culture méridionale. — Dans le Midi, on sème les Chicorées frisées d'été en pépinière, de Mars en Septembre. Les Chicorées d'hiver et les Scaroles se sèment de Juillet en Septembre. On repique le plant à o'n3o ou o"'4o d'écartement et on le protège du grand soleil au moyen de paille brisée. — On cultive surtout, en Provence, pour l'approvisionnement des grands centres, les Ch. frisée de Meaux, Ch. frisée fine d'été, Ch. frisée de Rufec, Ch. frisée d'hiver et Ch. Reine d'hiver, ainsi que les Scarole ronde, Se. blonde et Sc. du Var.
Culture forcée. — Les semis se font, d'ordinaire, très dru, de Janvier en Mars, sur couchetrès chaude (25 à 30° centigrades) et sous châssis. Il est important de n'employer que des semences d'excellente qualité, car les graines qui mettent plus de 48 heures à germer donnent généralement des plants montant à graine sans pommer. La graine doit être simplement appliquée sur le terreau à l'aide d'une batte ou être recouverte au plus d'un millimètre de terre. Le semis fait, on bassine avec un arrosoir à pomme finement trouée ; puis on recouvre les châssis de paillassons. La levée effectuée, on répand sur le semis une couche de terreau fin d'environ un demi-centimètre d'épaisseur, on aère dans la journée lorsque la température le permet ; au bout d'une douzaine de jours, on repique le planté galement sous châssis et sur couche à ; ou 6 centimètres d'écartement en tous sens, en ayant soin de ne l'enfoncer que jusqu'aux cotylédons. On mouille, on ombre et on prive d'air pendant un jour ou deux pour faciliter la reprise, et quand elle est effectuée, on découvre les châssis chaque fois que le temps le permet ; on aère peu à peu pour endurcir les plants ; si la saison est favorable, ceux-ci seront bons à repiquer sur couche tiède trois semaines après.
Depuis la mise en place du plant, jusqu'au moment de la récolte, qui peut commencerenviron trois mois et demi à quatre mois après le semis, on devra avoir soin de couvrirles châssis toutes les nuits, de donner de l'air chaque fois que la température le permettra etd'arroser quand le besoin s'en fera sentir, mais naturellement sans excès afin d'éviter la pour-riture. Lorsque les chicorées sont assez fortes, et quelque temps avant de les arracher, on leslie afin d'en taire blanchir le coeur.
Les maraîchers sèment ordinairement, en vue de la culture forcée, de Septembre à Octobre,sous cloche et à froid ; ils repiquent le plant sous cloche, puis mettent en place sous châssisfroid en aérant fréquemment.
ENGRAIS. — Comme toutes les plantes, la Chicorée se développe d'autant mieux que le soloù elle croît est plus riche en éléments fertilisants. Dans la culture maraîchère, le fumierbien décomposé ou le terreau constituent l'engrais idéal ; dans les jardins d'amateurs et engrande culture, on pourra remplacer le fumier par les engrais minéraux suivants, qui devrontêtre répandus en couverture après la reprise du plant :
Nitrate de soude 4 kil.
Superphosphate de chaux 5 — »
Sulfate de potasse 1 — 500
Kaïnite i — »
mais, le mieux est encore de donner la moitié seulement des quantités ci-dessus indiquées,comme complément à un apport de 300 kilog. de fumier à l'are, incorporé au sol six moisau moins avant la mise en place des chicorées.
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INSECTES NUISIBLES. — Dans les cultures sous châssis, on a souvent à redouter les attaques du Puceron des racines (Apbus radicum). On le reconnaît surtout à la présence de fourmis jaunes qui vivent avec lui et de ses sécrétions. On le combat par des saupoudrages faits au collet des plantes avec du soufre nicotiné, ou à l'aide d'arrosages fréquents à l'eau additionnée d'un dixième de nicotine ou de Solutol Ligniéres.
Le Ver blanc, la Courtilière, le Ver gris et la Larve fil-de fer, causent quelquefois des ravages dans les cultures de chicorées. Jusqu'à présent, on ne connaît pas de procédé pratique de destruction de ces insectes, en dehors du traitement du sol au sulfure de carbone introduit à l'aide du pal injecteur ; le mieux encore est de s'attaquer aux insectes adultes et de rechercher les larves au pied des plantes fanées, pour les écraser. Les Scaroles sont attaquées quelquefois par une rouille spéciale (Puccinia Hieracii), contre laquelle on ne connaît d'autre moyen de défense que l'enlèvement et la destruction par le feu des feuilles atteintes.
USAGE. — Les feuilles s'emploient cuites ou en salade.
On rencontre sous ce nom, dans les cultures, des plantes appartenant à deux races bien distinctes; toutes les deux sont fort répandues, nous allons donc les décrire l'une et l'autre : La Chicorée fine d'été race de Paris, ou Ch. fine d'Italie, appelée aussi Ch. demi-fine ou Ch. à couches, est la plus anciennement connue. Elle a les feuilles disposées en rosette serrée, pleine, même au centre, et de Om30 à Om35 de diamètre. Les feuilles sont très découpées dans la moitié supérieure; les segmentsen sont fins, très nombreux, peu frisés; la moitié inférieure est réduite à une côte large de 7 à 8 millimètres et légèrement rosée, surtout à la base.
La Chicorée fine d'été race d'Anjou, connue également sous le nom de Chicorée grosse Simone, a commencé à se répandre surtout depuis une vingtained'années ; elle tend à remplacer l'ancienne race dans certaines régions oùelle semble mieux s'accommoder du climat. Elle forme une rosette un peumoins large, mais plus compacte ; les feuilles en sont très nombreuses, serrées les unes contre les autres ; la côte en est complètement blanche à la base, large de 12 à 15 millimètres et bordée, dans sa moitié inférieure,
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de segments foliacés tout blancs et fins comme des fils. Dans la moitié supérieure de la feuille, la côte s'élargit sensiblement, se contourne souvent d'unemanière plus ou moins marquée, prend une teinte verte, et enfin donne nais-sance à des divisions foliacées très découpées et déchiquetées, mais très peufrisées, d'un vert franc, passant au jaune beurre dans le coeur de la plante. Les extrémités des feuilles s'entre-croisent de telle façon qu'on a peine à les distinguer les unes des autres, et qu'une touffe de cette chicorée ressemblepresque à une grosse plaque de mousse. Les deux races de Chicorée fine d'été se cultivent de la même manière ; elles conviennent l'une et l'autre à la culture forcée aussi bien qu'à la pleine terre, surtout pour l'été et le commencement de l'automne. A l'arrière-saison, elles ont l'inconvénient de pourrir facilement.
Plus large, mais moins pleine que la Ch. fine d'été, el; atteignant un diamètre de 0m40 à Om45. Les feuilles sont plus longues, et leurs divisions plus friséesei crépues que dans la Ch. fined'été. La côte, teintée de rosedans sa partie inférieure, atteint facilement 1:3 à 15 millimètresde largeur ; elle est garnie, dans toute sa partie moyenne, desegments foliacés très découpés,crépus et frisés; la feuille se termine par une portion de limbeentière et presque unie, garniesur le pourtour de découpures contournées et frisées. Un peu moins hâtive, mais, par contre, plus rustique que les précédentes, cette variété convient particu-lièrement pour l'automne et résiste bien à la chaleur et à la sécheresse.
Race vigoureuse, rustique et productive, se rapprochant, comme aspectgénéral et dimensions, de la Ch. frisée de Meaux; feuilles très déchiquetées et frisées ; côtes larges et charnues ; feuillage vert franc. Cette chicorée, modérément étalée, mesurant Omit) à O"!5 de diamètre, se distingue par son coeurtrès plein, qui devient naturellement jaune au point de ressembler à celui des chicorées que l'on a fait blanchir artificiellement.
La Chicorée Merveille de Tours lui ressemble beaucoup lorsqu'elle est jeune ;à complet développement, elle s'en distingue par ses feuilles moins frisées et àcôtes roses.
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Cette variété présente à peu près les mémes dimensions que la Ch. de Meaux, le diamètre de la rosette étant d'environ 0°'35 à 0°'40, niais les divisions desfeuilles sont beaucoup plus nombreuses et finement déchiquetées; le coeurest aussi plus ferme et plus plein. Les deux diffèrent surtout par l'aspect des lobes extrêmes des feuilles, qui sont presque réduits à la côte dans la Ch. de Picpus, tandis que dans l'autre ils ont une certaine ampleur. En outre, la côtequi est ici beaucoup plus étroite, est complètement dépourvue de teinte rosée.et (le place en place dégarnie, sur une certaine longueur, de toute expansionfoliacée, ce qui lui donne un aspect tout particulier. — La Ch. de Picpus est très bonne et très rustique ; elle convient surtout pour la pleine terre.
Dans plusieurs communes des environs de Paris, les maraîchers donnent improprement le nom de Chicorée de Picpus à la Ch. fine de Rouen.
Race voisine de la Ch. de Meaux par la forme et le genre de découpure de ses feuilles, mais plus hâtive, plus dressée, et formant d'elle-même une masse de feuillage qui blanchit naturellement par son épaisseur. Les côtes des feuillessont légèrement teintées de rose, ce qui permet de distinguer cette variétéde la Ch. de Ruffec, avec laquelle elle présente aussi quelque analogie, par l'épaisseur de son feuillage.
En raison de l'abondance de ses feuilles et de son développement rapide, cette variété est souvent employée comme chicorée à couper jeune, pour être consommée cuite ou en salade.