Andjora (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : Urtica
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- C’est le karîss, xxx, le harîk xxx. C’est une plante connue.
- SOLEIMAN IBN HASSEN. Elle a une feuille rude et une fleur jaune. Elle a des aiguillons déliés et imperceptibles; quand une partie du corps les touche, il en résulte de la cuisson, de la rougeur et de la douleur. Il en est deux espèces : une grande et une petite. Quant à la grande, elle a les feuilles jaunes et une graine pareille à une lentille. C’est ce qui est employé en médecine.
- EL-GHAFEKY. L’ortie, en réalité, comprend trois espèces. L’une d’elles, déjà citée précédemment, a la graine la plus grande et pareille à une lentille, comme forme et comme volume, de couleur verte, brillante et dure. Elle a des capitules arrondis et rudes, et des crochets longs et déliés. Quant à la seconde, elle est plus grande que les deux espèces mentionnées par Dioscorides, elle a une tige rouge noirâtre, une feuille tirant au noir et pareille à la feuille du sîssenber (Voyez le n° 1256), sinon qu’elle est plus grande et plus rude; c’est, des trois espèces, celle qui a les feuilles les plus grandes et les plus rudes. Elle a une graine du volume d’une graine de moutarde, mais aplatie, blanche et bleue. Quant à la troisième, qui est la plus petite et la plus grêle, elle a les graines les plus petites.
- DIOSCORIDES, IV, 92. Il en est deux espèces. L’une, plus rude et noire, a la graine pareille à celle du chanvre, sinon qu’elle est plus rude. L’autre a la graine petite, et sa feuille n’est pas rude comme celle de l’autre espèce.
- GALIEN, livre VI. Le fruit et la feuille de cette plante sont les parties employées en thérapeutique. Leurs propriétés sont d’être résolutives et très détersives, au point
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qu’elles font disparaître les abcès et les tumeurs qui surviennent près des oreilles. Elles sont en même temps tuméfiantes, et c’est pourquoi elles provoquent l’appétit vénérien, surtout si l’on en prend la graine avec de l’extrait de raisin. La preuve que l’ortie n’est pas très échauffante, mais composée de parties très subtiles, c’est quelle expulse les humeurs grossières et visqueuses de la poitrine et du poumon, et qu’elle détermine de l’irritation sur tous les organes avec lesquels elle se trouve en contact. Quant â la propriété tuméfiante que nous avons relatée, elle la possède bien, en effet, mais cette propriété se développe pendant sa coction dans l’estomac, de telle sorte qu’elle n’est pas tuméfiante actuellement mais virtuellement. Elle relâche modérément le ventre, par une action détersive et excitante, non par action purgative, comme les autres médicaments purgatifs. Elle guérit aussi les ulcères et les rougeurs dans les affections gangreneuses et cancéreuses, dans tous les cas où il faut faire intervenir une action dessiccative, mais non irritante et mordicante. Comme elle est constituée d’éléments subtils et dessiccatifs, sa chaleur n’atteint pas le degré de l’irritation.
- GALIEN dit aussi dans le Livre des Aliments : La feuille de l’ortie est subtile et de parties ténues. Elle ne doit pas être employée comme aliment. Si l’on en fait usage, elle relâche le ventre.
- DIOSCORIDES. Les feuilles de l’une et de l’autre espèce, employées topiquement avec du sel, guérissent les ulcères qui surviennent à la suite des morsures de chien enragé, les ulcères malins, les ulcères gangreneux, les ulcères sordides, la torsion des nerfs, les tumeurs appelées phugethla, xxx, ainsi que les abcès. On en fait un topique avec du cérat contre les indurations de la rate. La feuille, triturée et introduite dans les narines, arrête l’épistaxis. Triturée et associée à de la myrrhe, elle provoque l’écoulement des règles. La feuille fraîche, appliquée sur la matrice procidente, la réduit. La feuille de cette plante, prise avec du vin doux, excite l’appétit vénérien et dilate l’utérus. Triturée et associée à du miel et prise sous forme de looch, elle est utile contre l’orthopnée, la pleurésie et la pneumonie. Elle purge la poitrine de ses humeurs. On la fait entrer aussi dans les
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compositions caustiques. Les feuilles cuites avec des coquillages relâchent le ventre, font disparaître les intumescences et provoquent l’écoulement de l’urine. Cuite avec de l’orge, elle provoque l’issue de ce qui se trouve dans la poitrine. La décoction de la feuille prise avec de la myrrhe excite les règles. Le suc, employé comme gargarisme, combat l’inflammation de la luette.
- ANONYME. La graine d’ortie écorcée, prise à la dose de deux drachmes dans du vin, évacue convenablement la pituite, purifie la poitrine et le poumon des humeurs grossières. Quand on en fait usage, il faut ensuite ingérer un peu d’huile pour empêcher qu’elle ne brûle la gorge. On en fait aussi avec du miel des suppositoires qui provoquent des évacuations. Prise à l’intérieur, elle est utile contre la pituite visqueuse de l’estomac. On la prend avec de l’oxymel contre les affections de la rate et des reins.
- LE CHERIF. La graine d’ortie, triturée et associée à du miel, employée en frictions sur la verge, en accroît considérablement le volume. On l’emploie aussi contre les douleurs de côté.
- LIVRE DES EXPERIENCES. La graine d’ortie rompt les calculs des reins et de la vessie, surtout ceux de la vessie qui sont peu consistants et ténus ; elle l’en débarrasse parfaitement. Elle est utile contre les épanchements de sang, quelque part qu’ils se produisent, et elle les résout. Bouillie avec de la racine de réglisse, elle est utile contre les douleurs et la cuisson de la vessie par suite d’humeurs ichoreuses et de fluxions. La feuille d’ortie cuite, triturée et associée à du beurre ou à quelque substance analogue, est employée avec succès en cataplasmes contre les tumeurs postauriculaires et en arrête le développement.
L’ortie se dit aussi nebât en-nâr xxx xxx «plante de feu.» On l’appelle encore xxx xxx, ortie rude, pour la distinguer du xxx xxx, ortie molle, qui répond au galiopsis de Dioscorides. Fraas voit, dans la première espèce de Dioscorides, l’Urtica pilulifera, et dans la deuxième, l’Urtica urens.