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Airelle et myrtille (Pharmacopée malagasy)

Révision de 25 juillet 2017 à 12:47 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

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Ail
Rakoto, Boiteau, Mouton, Eléments de pharmacopée malagasy
Akanga
Figure 16 : Airelle : Vaccinium Vitis-Idaea L. 1. - Rameau fleuri ; 2. Coupe longitudinale de la fleur, montrant l'ovaire infère ; 3. Coupe du fruit - Noter la persistance des segments du calice accrescent ; 4. Diagramme floral.

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Notice 16 - AIRELLE ET MYRTILLE



Noms scientifiques : Vaccinium Vitis-Idaea L. et Vaccinium Myrtillus L. (Vacciniacées).

Ces deux plantes sont exclusivement répandues sur les montagnes et dans les pays tempérés et froids d'Europe et d'Asie, mais il existe des


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Vaccinium malagasy jouissant de propriétés voisines (voir la fin de la présente notice).

Description

Ce sont des plantes ligneuses vivaces, mais très naines (sous-arbrisseaux) ne dépassant pas 30 à 50 centimètres de haut ; à feuilles persistantes, coriaces, pour l'Airelle, mais caduques, par contre, pour la Myrtille. Les fleurs sont réunies en petites grappes terminales chez l'Airelle ; isolées ou par deux, à l'aisselle des feuilles chez la Myrtille. Dans les deux espèces, le calice gamosépale est intimement soudé au réceptacle et à l'ovaire infère ; sa partie libre est réduite à 5 petites dents triangulaires, persistantes et accrescentes sur le fruit. La corolle gamopétale, à 5 divisions, est globuleuse, soudée sur presque toute sa longueur avec des lobes très courts et récurvés vers l'extérieur chez la Myrtille ; en forme de cloche et soudée jusqu'à la moitié ou au plus les deux tiers, avec des lobes obtus, mais non récurvés, chez l'Airelle. 10 étamines libres, un ovaire à 5 loges, infère, adhérant au réceptacle, à nombreux ovules insérés aux angles des loges, surmonté d'un style simple. Le fruit est une petite baie, rouge sombre chez l'Airelle, d'un noir bleuâtre chez la Myrtille, charnue, comestible, renfermant de nombreuses petites graines.

Les baies de Myrtille ont été inscrites dans le passé à de très nombreuses Pharmacopées : France 1884, Hollande 1926, Suisse 1933, Norvège 1913, Suède 1908, etc. Les feuilles de V. Vitis-Idaea sont inscrites à la Pharmacopée roumaine actuelle.

Composition chimique

Feuilles :

Chez Vaccinium Myrtillus plusieurs auteurs ont montré la présence de l'arbutoside et de l'hydroquinone (L. Zechner, Pharm. Monatshefte, 12 (1931), p. 4-6 ; G. Urban et M. Rogowski, N.S. Archiv. für exper. Pathol. und Pharmakol., 211 (1950), p. 194-215 ; C. Kroger, Pharmazie, 6 (1951), p. 211-216).

On en a isolé aussi anciennement l'acide quinique (C. Zwenger, Annalen Chem. Pharm., 115 (1860), p. 108-110) ; un glucoside : l'éricoline (R. Thal, Thèse de Sciences Univ. Dorpat, 1883).

E. Ramstad in Journ. American Pharm. Assoc., Sc. Ed., 43 (1954), p. 236-240, y a montré la présence de triterpènes : béta-amyrine, acides oléanolique et ursolique, d'un alcool de structure non établie : le myrtillol, F = 239-240° (α)D + 89°, chloroforme et d'une flavone non identifiée.

Les tanins de ces feuilles ont été étudiés par F. Gstirner et A. Bopp, Arch. Pharm., 290 (1957), p. 330-334.

H. Schildknecht et G. Rauch in Zeitschr. Naturforsch., 16-b (1961, p. 301 et 412-429, ont montré qu'elles renferment une substance volatile :


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le trans-2-héxanol qui empêche le développement des Paramécies et autres Ciliés et peut inhiber la croissance de certains champignons (Fusarium nivale, etc.).

Chez Vaccinium Vitis-Idaea, on a également retrouvé l'arbutoside (A. Kanger in Arch. exper. Pathol. und Pharmakol., 50 (1903), p. 46-75 ; G. Racz, I. Fuzi et L. Fulop, Farmacia (Bucarest), 8 (1960), p. 377-389, etc.) ; l'éricoline (A. Kanger, loc. cit.) ; l'acide quinique (R. Thal, Thèse déjà citée, 1883) ; H. Friedrich in Pharmazie, 15 (1960), p. 650, et Naturwissenschaften, 48 (1961), p. 304, a montré qu'outre l'arbutoside on trouve un autre glucoside, le pyroside.

Kawaguchi, Kim et Matsushita (Journ. Pharm. Soc. Japan, 59 (1939), p. 50-51) ont isolé les premiers de ces feuilles un glucoside flavonique qu'ils rapprochèrent de l'hypéroside. P. Kajanne et M. Sten (Suomen Kemestilehti, ser. B, 31 (1958), p. 211-212) ont précisé plus tard que les deux flavonols présents étaient le quercétol et le kaempférol.

Kh. Akhtardzhiev in Farmatsiya (Sofia), 13 (1963), p. 23-33, a étudié comparativement ces feuilles et celles de l'Uva-ursi. Il considère que la teneur en arbutoside et en flavonosides des deux espèces est sensiblement égale. La principale différence résidant dans les tanins : alors que l'Uva-ursi contient 17 p. 100 de tanins dérivés de l'acide gallique, les feuilles de V. Vitis-Idaea ne renferment que 8 p. 100 de tanins et ceux-ci sont dérivés de la catéchine.

On a enfin mis en évidence dans l'extrait des feuilles d'Airelle un principe inconnu agissant comme une hormone antigonadotrope chez la Grenouille mâle. Son administration à très faible dose inhibe le développement des testicules (G. Feszt et I. Berczi in Studii Cercetari Endocrinol., 16 (1965), p. 39-43, en roumain).

Fruits :

Les fruits de Myrtille et d'Airelle ont une composition très voisine. On y trouve bien entendu des sucres et des acides organiques, mais leurs constituants les plus intéressants sont leurs glucosides anthocyaniques, leurs vitamines et leurs acides aminés spéciaux.

La présence d'un glucoside anthocyanique, le myrtilloside, dérivé de la delphinidine, fut tout d'abord signalée par R. Willstäter et E.H. Zollinger, Liebig's Annalen Chem., 408 (1915), p. 83-109, et 412 (1917), p. 195-216. P. Karrer et R. Widmer (Helvetica Chim. Acta, 10 (1927), p. 5-33) montrèrent que ces pigments anthocyaniques étaient complexes. H. Pourrat, P. Tronche et A. Pourrat (Bull. Soc. Chim. France, 1966, n° 6, p. 1918-1920) ont établi la structure de quatre d'entre eux qui se sont avérés être des glucosides dérivés respectivement de la delphinidine, de la cyanidine, de la pétunidine et de la malvidine.

La richesse des fruits des Vaccinium en vitamine C a tout d'abord été montrée par F.B. Chandler aux U.S.A. (Maine Agricult. Exper. Station


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Bu!letin, n° 428, 1944). P. Perri (Rivis1a Italiana Essenze e Profume, 24 (1942), p. 37-47) signalait qu'ils sont, en outre, une source intéressante de vitamine A. Les auteurs russes consacrèrent aussi de nombreux travaux à ces fruits (une des rares sources de vitamines facilement exploitables dans les régions nordiques). K. Gutmanis notamment, dans sa communication à la Première Conférence Pansoviétique sur les Applications de la Biologie en Horticulture, Sverdlovsk (1961), montra que la teneur en vitamine C pouvait s'élever considérablement au cours de la culture et d'une conservation réalisée dans de bonnes conditions après la récolte, et atteindre alors de 33 à 52 milligrammes par 100 grammes de fruits. Il montra aussi le premier la teneur relativement élevée de ces fruits en riboflavine. Dans un travail récent, A. Schellinger (Zeitschr. Lebensmittel Untersuch. Forsch., 129 (1966), p. 65-70) donne pour les fruits de V. Myrtillus les teneurs en vitamines suivantes (en mg pour 100 grammes de fruit frais) :

β-carotène 0,06 à 0,09
Thiamine 0,02 à 0,03
Riboflavine 0,03 à 0,04
Nicotinamide 0,65 à 0,80
Acide pantothénique 0,08 à 0,16
Vitamine B6 0,06 à 0,08
Vitamine C 9,6 à 19,1

Les acides aminés particuliers des fruits de V. Vitis-Idaea ont été étudiés en Finlande par M. M. Vähätalo et A.I. Virtanen (Acta Chem. Scandin., 11 (1957), p. 741-743 et 747-748). Ce sont l'hydroxyproline, l'acide 2-amino-4-hydroxybutyrique et l'acide 1-aminocyclopropanone-1-carboxylique. Ces fruits renferment en outre des sucres (glucose, fructose, etc.) et de nombreux acides organiques, comme nous l'avons dit. H. Pourrat, P. Tronche et A. Pourrat (lot. cit.) y ont identifié les acides quinique, tartrique, citrique, malique et succinique, auxquels il faudrait encore ajouter d'après M.H. Zenk et G. Mueller (Zeitschr. Naturforsch., 19-b (1964), no 5, p. 398-405) les acides benzoïque, hydroxybenzoïque, protocatéchique et vanillique.

Propriétés pharmacologiques, indications thérapeutiques

Les feuilles des Vaccinium ont des propriétés diurétiques et désinfectantes dues probablement à leur& polyphénols (tanins, arbutoside, hydroquinone, etc.) et à leurs flavones. Elles sont toxiques à haute dose. Elles ont été utilisées avec succès en infusion dans la goutte et les rhumastimes, de même que dans le traitement des cystites (Bulletin Gén. Thérapeutique, 22 (1892), p. 470-471). Elles sont utilisées, notamment en Roumanie et en Bulgarie où leur emploi en pharmacie est des plus courants, dans les indications de la Busserole (voir Busserole). D'après Genevoix in Bull.


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Sc. Pharmacol. Paris), 25 (1918), p. 224-228, leur acide quinique les rendrait particulièrement actives vis-à-vis des manifestations rhumatismales entraînant des poussées fébriles.

Les baies des Vaccinium ont des propriétés astreingentes, dépuratives ct bactéricides. Leur décoction a été recommandée contre les diarrhées rebelles par Cazin en France (F.J. Cazin : « Traité Pratique et raisonné des Plantes Médicinales, Paris, 5e édition, 1886), en Allemagne par R. Müller (Pharm. Post, 35 (1902), p. 461-464 et 510-511) et en Autriche par T. Münzberger (Zeitschr. Oesterr. Appotch. Verein, 31 (1893), p. 370-373).

Mais leur action la plus remarquable est due à leurs composés anthocyaniques. Ceux-ci, préparés à l'état pur par Pourrat et coll. (loc. cit.) ont été expérimentés en France par les Laboratoires Chibret (Clermont-Ferrand). Ils ont manifesté une action très favorable sur la synthèse du pourpre rétinien, accroissant l'acuité visuelle et facilitant la vision nocturne.

Brevets pharmaceutiques

L'emploi des dérivés anthocyaniques de la myrtille en ophtalmologie a fait l'objet d'un Brevet spécial de Médicament en France (no 2881 du 30 novembre 1964) et du Brevet Belge no 615.972 (voir Chemical Abstracts, 60, 13.101 h).

Posologie, formes pharmaceutiques

La décoction des feuilles se prépare à raison de 30 à 60 grammes de feuilles sèches pour 500 millilitres d'eau, à administrer à raison de 4 tasses par jour au maximum (au-dessus de cette dose on peut constater des cas d'intolérance). Lorsqu'on veut utiliser surtout les propriétés bactériostatiques (par exemple dans les Colibacilloses ou les cystites), il est préférable de prescrire une infusion plutôt qu'une décoction (de façon à conserver les principes volatils).

L'extrait fluide des feuilles se prescrit par dose journalière de 0,2 à 0,3 gramme. On peut en préparer un sirop qui s'administre à raison d'une cuillerée à café par jour (Dr Inverni et Della Beffa : « Manuale de Fitoterapia », Milan, 3e édition 1951, p. 322).

Les baies fraîches peuvent aussi être employées en décoction (à raison de 50 grammes par 500 millilitres d'eau). On peut en prescrire 4 à 6 tasses par jour. On peut aussi en préparer une alcoolature qui se prescrit à raison de 40 (XL) gouttes avant chaque repas d'après le Dr Leclerc : « Précis de Phytothérapie », Paris (Masson Edit.), 4e édition, 1954.


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Les glucosides anthocyaniques isolés du fruit sont actifs à la dose de 400 à 500 milligrammes par jour.


Equivalents malagasy :

Le Voaramontsina, Vaccinium emimense Hook, peut être utilisé très sensiblement aux mêmes usages. (Voir plus loin Voaramontsina).