Colocasia esculenta (PROTA)

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Colocasia esculenta (L.) Schott

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


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Sécurité alimentaire Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svg





Protologue: Schott & Endl., Melet. bot. : 18 (1832).
Famille: Araceae
Nombre de chromosomes: 2n = 28, 42

Synonymes

Colocasia antiquorum Schott (1832).

Noms vernaculaires

Taro, songe, madère, chou-chine, dachine (Fr). Taro, dasheen, eddoe, cocoyam, elephant ear (En). Colcas, alcolcas, inhame da Africa, inhame do Egipto (Po). Mjembe, mjimbi, myugwa (Sw).

Origine et répartition géographique

Colocasia esculenta est présent à l’état sauvage en Asie tropicale, d’où il s’étend jusqu’à la Nouvelle-Guinée et peut-être même jusqu’au nord de l’Australie. Un type à stolons longs est présent dans toute cette région, et on l’a proposé comme ancêtre du taro cultivé sur la base d’une analyse de l’ADN ribosomal. On pense que le taro a été domestiqué au nord de l’Inde, mais une domestication indépendante en Nouvelle-Guinée a aussi été proposée. On pense que la domestication s’est produite très tôt, bien avant celle du riz. Il a été diffusé vers l’est il y a plus de 2000 ans par les humains qui ont colonisé la Nouvelle-Guinée et le Pacifique, où il est devenu l’une des plantes alimentaires les plus importantes sur le plan économique et culturel. Sa répartition jusqu’en Chine et, via l’Arabie, en Egypte et en Afrique de l’Est s’est faite il y a au moins 2000 ans également. De là, le taro a été apporté en Afrique de l’Ouest par les Arabes. De l’Egypte, il a été introduit en Europe. Depuis l’Espagne, il est passé au Nouveau Monde, et il est possible qu’à partir de l’Amérique tropicale, de nouvelles introductions aient été faites en Afrique de l’Ouest. Il se peut que les types Eddo ou Madère graines, qui possèdent un corme central et de nombreux gros tubercules, soient originaires de Chine, d’où ils se sont répandus dans les Caraïbes, et de là vers l’Afrique. Le taro est cultivé actuellement dans de nombreuses régions tropicales et subtropicales, comme plante à tubercule et comme légume-feuilles. En Afrique, le taro, en tant qu’aliment de base, s’est vu peu à peu supplanté par le macabo ou malanga (Xanthosoma sagittifolium (L.) Schott), dont on fait un meilleur foufou. En Afrique, les consommateurs considèrent le taro comme un aliment de base de moindre valeur que l’igname, la patate douce ou le manioc. Dans de nombreuses régions, il s’est naturalisé.

Usages

Les cormes mous à chair blanche du taro se consomment cuits à l’eau, frits ou rôtis en accompagnement, ou bien s’utilisent pour préparer le foufou. Ils sont appréciés car ils rassasient vite, même consommés en petites quantités. Chez les cultivars à gros corme unique (type Dasheen), on a un produit relativement farineux, tandis que chez les types Eddo, les tubercules ont une structure plus ferme et un goût qui rappelle la noisette. Le corme de taro est aussi coupé en tranches qui sont frites pour en faire des chips, et on en fait également des soupes, des boissons et des desserts. Il est bien accepté par les enfants allergiques et par les adultes qui ont des troubles gastro-intestinaux. Il a la réputation de limiter les caries chez les enfants. L’amidon s’emploie dans l’alimentation infantile et comme substitut de céréales. A Hawaii, les cormes sont réduits en une farine dont on se sert pour confectionner des biscuits et du pain ; partout dans les îles du Pacifique, on les fait également cuire à l’eau pour préparer une pâte que l’on laisse fermenter pour produire le “poi”. Les Chinois nourrissent les porcs avec les épluchures, les feuilles et les cormes des types sauvages et des cultivars de qualité inférieure.

Les feuilles et les pétioles de taro s’emploient comme légume-feuilles et comme herbe potagère pour les soupes et les sauces, ou comme condiment. Ils sont particulièrement appréciés dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest, au nord-est de l’Inde et dans les Caraïbes. Les feuilles et les pétioles contiennent une substance irritante, qui donne une sensation de démangeaison dans la bouche et la gorge mais que la cuisson parvient à résorber. Il semble que les feuilles et les pédoncules du type Dasheen soient moins âcres que ceux du type Eddo. Les stolons qui se forment chez certains types se consomment également.

Les usages médicinaux du taro sont peu nombreux. Au Gabon, on applique le corme râpé en cataplasme pour accélérer la maturation des furoncles ainsi que pour traiter les morsures de serpent et les rhumatismes. A l’île Maurice, on ingère les jeunes feuilles cuites à l’eau pour traiter l’hypertension artérielle et les affections hépatiques ; quant au jus, il s’emploie en externe pour traiter l’eczéma. A Madagascar, les cormes servent à traiter les furoncles et les ulcères. Il semblerait qu’au Gabon, les feuilles associées à celles d’une espèce de Tephrosia servent à confectionner un poison de pêche. Les fibres obtenues à partir des pétioles étaient autrefois utilisées pour le tressage.

Production et commerce international

Rares sont les sources qui distinguent les productions de taro et de macabo (Xanthosoma sagittifolium). D’après la FAO, la production mondiale de cormes de taro et de macabo en 2002 était de 9,4 millions de t sur 1,6 million d’ha, dont 7 millions de t produits en Afrique sur 1,4 million d’ha. Le Nigeria (3,5 millions de t) et le Ghana (1,8 million de t) sont les principaux producteurs, suivis par la Chine (1,6 million de t). Une estimation de la production mondiale annuelle de cormes de taro donne 5,6 millions de t, dont un peu plus de la moitié est produite en Afrique, avec 1,6 million de t au Nigeria et 0,5 million de t au Ghana. Bien que répandus sur les marchés locaux, les cormes et les feuilles de taro sont essentiellement produits en agriculture de subsistance et pour la consommation domestique. La production commerciale à grande échelle est rare. Sur les autres continents aussi, la consommation locale de taro constitue l’essentiel des débouchés. Toutefois, il est importé en petites quantités en Europe et en Australie pour les communautés immigrées ; la Trinité et Tobago importent aussi un peu de taro.

Propriétés

La composition nutritionnelle des cormes de taro, par 100 g de partie comestible (66% du produit tel que récolté) est de : eau 68,3 g, énergie 444 kJ (106 kcal), protéines 1,4 g, lipides 0,2 g, glucides 26,2 g, fibres alimentaires 3,5 g, Ca 25 mg, Mg 33 mg, P 58 mg, Fe 0,8 mg, carotène 37 μg, thiamine 0,08 mg, riboflavine 0,03 mg, niacine 0,7 mg, acide ascorbique 13 mg. Les feuilles fraîches de taro, par 100 g de partie comestible (70% du produit tel que récolté), contiennent : eau 85,7 g, énergie 147 kJ (35 kcal), protéines 4,4 g, lipides 0,9 g, glucides 2,6 g, fibres alimentaires 4,0 g, Ca 110 mg, Mg 45 mg, P 60 mg, Fe 2,3 mg, carotène 6980 μg, thiamine 0,2 mg, riboflavine 0,45 mg, niacine 1,5 mg, folate 39 μg, acide ascorbique 52 mg (Holland, B., Unwin, I.D. & Buss, D.H., 1991).

Les picotements que l’on ressent dans la bouche et la gorge en absorbant les feuilles et les cormes crus résultent de la présence de cellules contenant des raphides (des faisceaux de cristaux d’oxalate de calcium), qui disparaissent à la cuisson. Le taro contient des inhibiteurs d’enzymes, dont l’activité inhibe en particulier la trypsine et la chymotrypsine, mais elles sont pour la plupart détruites au cours de la cuisson. Les grains d’amidon sont petits, de 1–6,5 μm de diamètre. Les cormes de certains cultivars contiennent un mucilage composé de l-arabinose et de d-galactose.

Falsifications et succédanés

Les feuilles et les cormes de taro peuvent être remplacés par ceux du macabo (Xanthosoma sagittifolium).

Description

Plante herbacée vivace érigée atteignant 2 m de haut, mais le plus souvent cultivée comme annuelle ; système racinaire adventif, fibreux et superficiel ; organe caulinaire de stockage (corme) énorme (jusqu’à 4 kg), cylindrique ou sphérique, atteignant 30 cm × 15 cm, cernée de nombreux anneaux, généralement brune, à bourgeons latéraux donnant naissance à des cormes secondaires, des drageons ou des stolons. Feuilles simples, peltées, disposées en spirale mais formant une rosette ; pétiole atteignant 1 m de long, pourvu d’une gaine distincte ; limbe cordé, atteignant 85 cm × 60 cm, à lobes arrondis à la base, entier, épais, glabre, à 3 nervures principales. Inflorescence : spadice terminé par un appendice stérile, entouré d’une spathe et soutenu par un pédoncule bien plus court que le pétiole. Fleurs unisexuées, petites, sans périanthe ; fleurs mâles dans la partie supérieure du spadice, à étamines entièrement fusionnées ; fleurs femelles à la base du spadice, à ovaire supère, 1-loculaire, pourvu d’un stigmate presque sessile ; fleurs mâles et femelles séparées par une bande de fleurs stériles. Fruit : baies à graines nombreuses, étroitement serrées et formant une infrutescence. Graines ovoïdes à ellipsoïdes, de moins de 2 mm de long, pourvues d’un albumen abondant.

Autres données botaniques

Le genre Colocasia comprend 8 espèces en Asie tropicale, et on le classe dans la tribu des Colocasieae, de même que les Alocasia par ex. Il existe 2 groupes de cultivars de taro : le Groupe Dasheen, dont l’unique gros corme ne produit que quelques petits cormes secondaires, et qui est généralement diploïde (2n = 28) ; et le Groupe Eddo ou Madère graine (fréquemment classé comme var. antiquorum (Schott) F.T.Hubb. & Rehder), qui produit plusieurs gros cormes secondaires (ceux-ci étant le produit principal) et qui est habituellement triploïde (2n = 42). La plupart des cultivars de taro d’Afrique appartiennent au Groupe Eddo.

Le taro est parfois confondu avec le macabo ou malanga (Xanthosoma sagittifolium) en raison de leur ressemblance. Une distinction facile à saisir est située à la jonction du pétiole et du limbe : chez le taro, la feuille est peltée, tandis qu’elle ne l’est pas chez Xanthosoma.

Croissance et développement

La plantation est généralement effectuée au début de la saison des pluies. La pousse de nouvelles racines et de nouvelles feuilles débute deux semaines après, celles de drageons au bout de deux mois. Le développement des cormes débute également environ 2 mois après, et 3–5 mois après pour le taro inondé. Les feuilles se renouvellent continuellement. La superficie et la masse foliaires atteignent leur maximum au bout de 4–5 mois ; après cela, les pétioles se raccourcissent et les limbes décroissent en taille et en nombre. La plupart des clones ne fleurissent que rarement ou pas du tout. Mais il est possible d’induire la floraison par traitement à l’acide gibbérellique. La récolte de feuilles peut démarrer lorsque les plantes possèdent environ 6 feuilles, 3 mois après la plantation. Une récolte de feuilles fréquente peut diminuer la taille des cormes et les rendements, ainsi que le nombre de drageons. Les cormes de taro pluvial peuvent être récoltés 8–10 mois après la plantation et ceux de taro de marécage au bout de 9–12 mois, mais leur poids maximum est atteint quelques mois plus tard.

Ecologie

Le taro réussit mieux dans les basses terres tropicales, dans les régions où la pluviométrie annuelle dépasse 2000 mm. Il est bien adapté à des températures et à une humidité relative élevées. La plupart des types réagissent bien à des régimes de températures stables, de 21–27ºC. Le taro supporte relativement bien l’ombre, ce qui en fait une bonne culture à associer avec le cocotier, le cacaoyer ou le caféier. Les types Eddo sont plus résistants à la sécheresse et aux basses températures que les types Dasheen, et réussissent même très au nord, comme en Corée et au Japon. Le taro est capable de supporter des sols fortement réduits. On le trouve principalement dans les zones marécageuses et sur les berges des rivières dans les zones de savane. Il se cultive aussi bien sur des sols secs que des terres inondées, chaque condition demandant des cultivars adaptés. Les cultivars adaptés aux sols très humides supportent l’immersion sans problème, à condition que l’eau ne soit pas stagnante. La culture inondée est plus intense et nécessite davantage de soin que la culture sèche. Pour la culture inondée, le niveau de l’eau ne doit pas s’élever au-dessus de 5–8 cm de la surface ; avec cette méthode, le taro met plus de temps pour parvenir à maturité, comparé à celui cultivé en sec, mais les rendements sont plus élevés. Les types Eddo préfèrent les sols limoneux bien drainés et les types Dasheen poussent mieux là où le sol est lourd et possède une capacité de rétention d’eau élevée. Un pH de 5,5–6,5 convient parfaitement. Certains cultivars supportent une salinité élevée.

Multiplication et plantation

Le taro est multiplié végétativement. Il est parfois difficile de conserver le matériel végétal en bonne condition au cours de la saison sèche ou pendant les épisodes de sécheresse. On utilise principalement 4 types de matériel végétal : les drageons latéraux qui poussent sur le corme principal, les petits tubercules non commercialisables (60–150 g), des morceaux de corme, et des collets ou “huli”, c’est à dire les 1–2 cm apicaux du corme principal auxquels on a laissé 15–20 cm de pétioles. Au Ghana, la plantation s’effectue principalement à partir de jeunes drageons ou de collets mûrs coupés sur les cormes récoltés. Le matériel végétal doit être prélevé sur des plantes saines. On plante les petits tubercules à une profondeur de 5–7,5 cm. Une mise en place sur billons facilite la récolte. Pour la culture pluviale aux Philippines, on trace des sillons de 30 cm de profondeur et espacés de 80 cm. Pour la culture inondée, on laboure le champ, on malaxe la terre et on nivelle soigneusement. On procède à la plantation après avoir drainé le champ ou en laissant 2–5 cm de l’eau. Les distances de plantation sont de 50–80 cm sur la ligne et de 70–120 cm entre les lignes. A des fins de sélection, le taro peut être reproduit par graines.

Gestion

En Afrique tropicale, le taro pluvial se cultive souvent en association avec d’autres légumes. Au Ghana, les cultivateurs l’associent d’ordinaire avec de la canne à sucre et parfois avec du maïs, avant d’inonder entièrement le champ. A Hawaï, la culture de taro se conduit sur plusieurs années en champs inondés. Au bout de quelques années, on assèche les champs et on fait pousser des tomates, des concombres ou des piments, avant de retourner à la culture de taro inondé. En Asie du Sud-Est, le taro pluvial est souvent cultivé sur les digues des rizières.

Le taro a besoin d’un sol bien fertile et de matière organique appropriée. Pour atteindre des rendements maximaux, le taro inondé a besoin de plus grandes quantités d’engrais que le taro pluvial. L’apport en potasse est fondamental et c’est une culture qui a également des besoins relativement élevés en calcium. Pour le taro, on préconise généralement 40–80 kg/ha N, 15–30 kg/ha P et 50–100 kg/ha K. Quelques agriculteurs au Ghana utilisent des fumures organiques (surtout du fumier de volailles), ce qui donne des rendements appréciables. Etant donné que c’est une culture qui réussit mieux là où il n’y a aucune restriction d’eau, la gestion de l’eau est un facteur clé. Lorsque l’eau est disponible en abondance, il est recommandé de planter plus dense ; la culture associée permet également de réduire l’espacement. Le désherbage est nécessaire jusqu’à ce que la canopée se ferme ; en culture inondée, la croissance des mauvaises herbes est limitée et on peut lutter contre elles mécaniquement.

Maladies et ravageurs

Le mildiou du taro (Phytophthora colocasiae) est une maladie très grave du taro de marécage, qui provoque des lésions circulaires gorgées d’eau, violettes à brunes. C’est la maladie qui cause le plus de dégâts, surtout dans le Pacifique, où elle a provoqué des pertes considérables, par ex. aux îles Salomon, où la culture a dû en partie être remplacée par celle de la patate douce. La maladie est partiellement maîtrisée en recourant à des fongicides à base de cuivre ou de phosphore, mais les traitements sont fastidieux et onéreux. Les pertes sont moindres si l’on espace davantage les plantes ou si on les cultive en association. On a découvert une résistance dans des collections de ressources génétiques. Plusieurs espèces de Pythium provoquent la pourriture humide du taro, caractérisée par un flétrissement et une chlorose des feuilles. On arrive à en venir à bout en recourant à du matériel végétal sain, traité avec des fongicides et en pratiquant une rotation des cultures. La pourriture provoquée par Sclerotium rolfsii se caractérise par le rabougrissement de la plante, le pourrissement du corme et la formation de nombreux sclérotes sphériques à l’intérieur de celui-ci. On lutte en trempant le sol. Aussi bien chez le taro inondé que chez le taro pluvial, les taches brun foncé qui apparaissent sur les feuilles âgées sont provoquées par Cladosporium colocasicola et Phyllosticta colocasiae. Le virus de la mosaïque du taro (DsMV) ainsi que d’autres virus ont été signalés, mais ils sont rarement dangereux. Dans le Pacifique, la maladie virale de l’alomae provoque de sérieux dégâts. Les premiers symptômes sont une mosaïque plumeuse sur les feuilles, puis celles-ci se froissent et des excroissances se forment à la surface. Enfin, c’est toute la plante qui se rabougrit et qui meurt. L’alomae est provoquée par l’invasion combinée du grand virus bacilliforme du taro (TLBV) et du petit virus bacilliforme du taro (TSBV). La présence du seul TLBV entraîne une forme bénigne de la maladie, nommée “bobone”. Ces virus sont transmis respectivement par une sauterelle et une cochenille, mais non par contact mécanique. A Hawaï, deux maladies menacent dont on ignore les agents causals : elles se caractérisent par de petites portions durcies dans la tiers inférieur du corme (“pourriture dure”) ainsi que par une consistance molle et caoutchouteuse du corme qui a une teneur basse en amidon et qui exsude de l’eau lorsqu’on le presse (“lohloli”). Une attaque par des nématodes à galles (Meloidogyne spp.) peut entraîner des pertes considérables. La lutte se fait en traitant le matériel végétal à planter avec de l’eau à 40ºC pendant 50 minutes, en utilisant du matériel végétal sain ou en recourant à des fumigations du sol.

Sur le taro, les insectes ravageurs peuvent provoquer de sérieux dégâts. Les dégâts que cause le thrips Hercothrips indicus (synonyme : Heliothrips indicus), prennent l’aspect d’une décoloration argentée des feuilles et peuvent entraîner une chute de feuilles importante. Les individus adultes des scarabées du taro (Papuana spp., par ex. Papuana huebneri et Papuana woodlarkiana) creusent des galeries dans le corme jusqu’au bourgeon terminal. Les jeunes plantes flétrissent et meurent, mais généralement les plantes âgées se rétablissent. La présence de ce ravageur a été signalée dans le Pacifique et l’Asie du Sud-Est, mais pas en Afrique. On peut l’empêcher de nuire en appliquant de l’insecticide dans les trous de plantation. Dans plusieurs pays où la plante est cultivée, les cicadelles ont entraîné des pertes considérables (en Polynésie, à Hawaï, dans les îles Caroline et à Samoa). La lutte biologique et les traitements insecticides constituent des mesures efficaces. Les larves du sphinx du liseron (Agrius convolvuli), qui détruisent les feuilles, peuvent provoquer une diminution de la qualité du corme.

Recolte

La récolte des feuilles peut démarrer 2 mois après la plantation. Les feuilles qui commencent à se déployer ou les jeunes feuilles déroulées sont préférées. A partir de là, une récolte ininterrompue est assurée, pourvu qu’il y ait suffisamment d’eau. La récolte des cormes immatures peut commencer à partir de cinq mois. La maturité de la culture dépend du cultivar et de la méthode de culture (pluviale ou inondée). Les types Dasheen mettent entre 8–10 mois à mûrir, tandis qu’il faut 5–7 mois aux types Eddo. Le taro irrigué est mûr quelques mois plus tard. Les types Dasheen peuvent faire l’objet d’une culture de repousses : on arrache le corme principal et on laisse les petits pour les récoltes suivantes. Les signes de maturité sont un jaunissement des feuilles et un léger soulèvement des tubercules. Lorsque les prix ne sont pas favorables, les maraîchers du Ghana font durer leur culture de taro plus d’une année.

Rendement

Les rendements en feuilles ne sont pas répertoriés. Les rendements en cormes varient beaucoup. Au niveau mondial, le rendement moyen est de 5–6 t/ha, mais une bonne culture sur un sol fertile produit au moins 12 t/ha et des rendements supérieurs à 40 t/ha ont été atteints à Hawaï.

Traitement après récolte

Les feuilles ne se conservent que quelques jours. Les cormes se conservent à température ambiante pendant 6 semaines, à condition qu’ils n’aient pas subi de chocs pendant la récolte. Toutefois, ils ne se gardent souvent bien que 2 semaines. Les cormes des types Dasheen peuvent se conserver à 10ºC jusqu’à 6 mois. Pour éviter les problèmes après récolte, il est préférable de récolter lorsque les cormes sont secs. Pour le marché du frais, on lave généralement les cormes et on jette les racines et les fibres. Au Ghana, on enlève complètement les feuilles, alors qu’en Asie on laisse généralement 30–45 cm de pétioles. Il est possible de faire sécher le corme en petits morceaux et de le conserver sous cette forme.

Si on conserve le matériel de plantation aux alentours de 2ºC, cela retarde la croissance de 40–60 jours ; par contre, une conservation à 11–13ºC et à une humidité relative de 85–90% améliore la croissance ultérieure. Les cormes destinés à la plantation sont d’habitude laissés en terre et récoltés en fonction des besoins.

Ressources génétiques

Il existe une grande variabilité génétique chez le taro d’Asie du Sud-Est et de Nouvelle-Guinée, mais elle est faible en Afrique et dans le Pacifique. Les agriculteurs d’Afrique de l’Ouest et d’ailleurs cultivent de nombreux clones. La perte de diversité génétique est minimale. Des collections de ressources génétiques sont maintenues dans plusieurs instituts d’Asie et du Pacifique. La plus vaste de ces collections est détenue au Bubia Agricultural Research Station, à Bubia (Papouasie-Nouvelle-Guinée).

Sélection

La découverte de méthodes d’induction florale chez le taro facilite énormément la sélection. Des programmes de sélection portent essentiellement sur la résistance aux maladies et aux ravageurs, en particulier le mildiou du taro et les scarabées du taro. Très peu de travaux de sélection ont été menés sur le taro en Afrique. Au Nigeria, des techniques pour favoriser la floraison et la production de graines par pollinisation manuelle ont réussi. La culture de tissus destinée à la multiplication végétative a été mise au point à Hawaï et permet d’espérer obtenir du matériel végétal exempt de virus et une multiplication rapide des plantes sélectionnées.

Perspectives

Le taro est un légume promis à un bel avenir. L’usage des feuilles comme légume et des cormes comme condiment prennent de plus en plus d’importance. Mais l’importance des cormes comme féculent de base décline, parce qu’ils sont jugés inférieurs aux autres racines et tubercules. Le taro est une excellente culture vivrière à usages multiples dans l’agriculture de subsistance et les jardins familiaux, qui assure une sécurité alimentaire. Sa capacité à pousser immergé et à supporter la salinité lui permettent d’être cultivé dans des endroits où peu d’autres espèces le pourraient. A ce titre, il mérite davantage d’attention de la recherche et de la sélection, et les efforts doivent porter sur la résistance aux maladies, le rendement et la qualité. Pour la production commerciale, il faut viser à obtenir des cultivars différents suivant que l’on récolte les feuilles ou les cormes.

Références principales

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Sources de l'illustration

  • Purseglove, J.W., 1972. Tropical crops. Monocotyledons. Volume 1. Longman, London, United Kingdom. 334 pp.
  • Wilson, J.E. & Siemonsma, J.S., 1996. Colocasia esculenta (L.) Schott. In: Flach, M. & Rumawas, F (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 9. Plants yielding non-seed carbohydrates. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 69–72.

Auteur(s)

  • O. Safo Kantanka

Crop Science Department, Faculty of Agriculture, KNUST, Kumasi, Ghana

Consulté le 23 décembre 2024.


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