Millefeuille (Cazin 1868)
Sommaire
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Achillée millefeuille
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MILLEFEUILLE. Achillea millefolium. L.
Millefolium vulgare album. C. BAUH. , TOURN. — Millefolium slratiotes pematum terrestre. J. BAUH. — Stratiotes millefolia. FUCHS. Achillea. DIOSCORIDK. — Chyliophylium. TRILL. Carpentaria. LEM.
Mlefeuille commune, — millefeuille des pharmacies, — herbe aux charpentiers, — herbe aux coupures, — herbe aux voituriers, — herbe aux militaires, — sourcil de Vénus, herbe Saint-Jean, — herbe du cocher, — endove.
SYNANTHÉRÉES. Fam. nat. — SYNGÉNÉSIE POLYGYNIE. L.
Cette plante vivace (PI. XXVI) abonde dans les champs, aux lieux incultes, sur le bord des chemins. Sa réputation est fort ancienne. Le nom d'Achillea, suivant Pline, lui vient d'Achille, qui s'en servit le premier pour guérir les «sures de ses. compagnons d'armes.
Les agronomes la regardent comme un excellent fourrage.
W Essai d'Edimbourg, 228. downloadModeText.vue.download 667 sur 1308
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description. — Racine traînante, noirâtre, fibreuse. — Tiges droites veluei cannelées, hautes de 50 à 60 centimètres. — Feuilles longues et étroites, pubèscentes' à découpures nombreuses, sessiles, alternes, d'une odeur aromatique.—Fleurs blanchi» ou rosées, en capitules petits et nombreux, formant des corymbes terminaux com- pactes (juin-juillet-août). — Calice composé d'écaillés imbriquées, très-serrées, renfer- mant dans le centre des fleurons tubuleux, hermaphrodites, à cinq lobes, au' nombre de six à huit, et, à la circonférence, des demi-fleurons femelles fertiles, peu nombreux et à trois dents. — Cinq etamines. — Un style. — Deux stigmates. — Réceptacle près» plan.— Fruits : akènes ovoïdes dépourvus d'aigrette.
Parties usitées. — Les feuilles, les sommités fleuries, la racine.
(Culture. — La plante, croissant spontanément en grande abondance, suffit an besoins de la médecine. Elle est cultivée dans les jardins, où elle fournit plusieurs va- riétés. On la propage en terre légère par semis faits au printemps; plus rarement par éclats des pieds.)
SE.écolte.— Elle doit être faite, pour les feuilles et les sommités, pendant la flo- raison. La racine se récolte comme celle de toutes les plantes vivaces.
Propriétés physiques et chimiques. — La millefeuille a une odeur aromatique très-faible; sa tige et ses feuilles ont une saveur astringente, amère, et ses fleurs un goût amer et légèrement aromatique. La racine fraîche a une odeur de cam- phre. Cette différence tient à ce que ces dernières contiennent une huile volatile d'une odeur fragrante très-pénétrante et d'une saveur chaude, qu'on en retire facilement par la distillation, tandis que les feuilles et la tige recèlent un principe résineux amer ; styptique, uni à du mucilage. L'infusion de cette plante noircit par le sulfate de 1er, ; . Grnelin, Dubois de Tournai ont cherché à plusieurs reprises à vérifier ce t'ait, en faisant macérer tes feuilles dans de l'alcool de froment, et ils ont toujours obtenu un liquide de couleur verte. L'eau, le vin et l'alcool s'emparent des principes actifs de la millefeuille. Zanoni (1), chimiste italien, a analysé cette plante et y a trouvé un principe nouveau qu'il nomme achilléine. (Ce n'est point un alcaloïde, mais un extrait hydroalcooliqoe d'une composition complexe, d'un jaune brunâtre, amer, d'une odeur spéciale, liygro- ' métrique, soluble dans l'eau et l'alcool bouillant, insoluble dans l'éther sulfurique.)
En Dalécarlie on substitue la millefeuille au houblon dans la fabrication de la lire; ce qui rend, dit-on, cette boisson très-enivrante.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET BOSES.
A L'INTÉRIEUR. — Infusion, 10 à 20 gr. par 500 gr. d'eau bouillante. Cette infusion noircissant et perdant promptement son arôme, on ne doit préparer que la quan- tité que l'on peut prendre en une ou deux fois.
Suc exprimé, 50 à 100 gr., en potion.
Eau distillée (1 sur 12 d'eau), 50 à 100 gr., en potion.
Huile essentielle, 50 centigr. à 1 gr., en po- tion.
F.xtrait, 4 à 10 gr., en potion. Sirop (1 fraîche sur 6 d'eau bouillante et 1! de sucre), 30 à 60 gr.
A L'INTÉRIEUR. — Décoction, de 30 à 60 p. par kilogramme d'eau, pour lotions, fon» tations, bains, lavements.
La millefeuille entre dans quelques ré- parations officinales, comme l'eau vuliî- raire, etc.
La millefeuille, considérée comme tonique, stimulante, antispasmodique, emménagogue, fébrifuge, etc., était appelée autrefois à remplir ungr« nombre d'indications. La longue nomenclature de tous les maux quoi' cru pouvoir guérir avec cette plante, a inspiré une méfiance qui a pu seuil la faire abandonner. On n'en fait même pas mention dans les traités récents de matière médicale.
Cependant on l'a employée avec succès dans les affections nerveuses at • niques, dans les hémorrhagies passives, les flux muqueux, la suppressi des règles, les fièvres intermittentes, les affections catarrhales euro ■■ ques, etc. Taberncemontanus la vante contre l'épilepsie. F. Hoffmann, et Gruner préconisent ses sommités fleuries dans l'hystérie, l'hypoc"°? ' la cardialgie, les coliques venteuses ou spasmodiques, l'épilepsie, les M rhagies passives, les affections rhumatismales', calculeuses, etc. Ferre
(1) Annali universali di tuedicina. downloadModeText.vue.download 668 sur 1308
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dit utile dans les hémorrhagies, les fièvres intermittentes, l'avortement. Maumery (1) considère l'infusion de millefeuille comme très-efficace dans les maladies nerveuses. Elle lui a réussi dans les convulsions des enfants varioleux, chez les femmes hystériques; elle a prévenu des fièvres puerpé- rales chez les accouchées, en rétablissant les lochies ; elle a guéri une épi- lepsie, suite de la suppression menstruelle, en rétablissant les règles; elle a fait cesser un spasme universel avec raideur tétanique, suite d'une fièvre maligne, en portant à la peau des pustules qui ont été critiques. Les femmes grosses, suivant le médecin que nous venons de citer, peuvent prévenir les mauvaises suites des couches et la fièvre puerpérale en faisant usage de l'in- fusion de millefeuille avant les couches. Bue pendant un mois, ajoute ce praticien, cette infusion a encore la propriété de calmer les douleurs des hémorrhoïdes et d'arrêter les fleurs blanches excessives. « Je ne doute pas, ditMaumery, qu'on ne me prenne pour un enthousiaste ou pour un vision- naire. Je ne suis ni l'un ni l'autre. Je suis un médecin qui me suis fait une loi, dès le commencement de ma pratique, de me prémunir ni pour ni contre aucun remède, qui, au contraire, ai tâché de me conformer aux sages préceptes que j'ai pu trouver dans les plus grands praticiens, en m'éloignant de tout système On peut s'en rapporter à ma candeur. »
D'après Joerdens (2), une forte infusion de millefeuille diminue la leu- corrhée invétérée, et parvient, unie au carbonate de potasse, à guérir la leucorrhée récente. Meyer (3) a employé cette plante avec succès dans les mêmes affections. Dubois, de Tournai, a observé de bons effets de son usage dans deux cas de leucorrhée. Le même moyen nous a également réussi dans un autre cas de leucorrhée qui durait depuis .plusieurs mois, et était accom- pagné de douleurs gastriques assez intenses.
Buchwald, Losecke, Rivière,. Boerhaave, Alberti, Lobel, et beaucoup d'autres auteurs considèrent la millefeuille comme un remède très-efficace contre les hémorrhagies. « Des praticiens qui n'écrivent point, dit Roques, mais qui observent attentivement l'effet des remèdes, nous ont dit avoir employé avec un plein succès le suc exprimé de la plante fraîche pour arrê- ter des hémoptysies rebelles à la saignée et aux boissons tempérantes. Lorsque le suc ou la décoction ne suffisaient point, on les étendait dans une eau alumineuse. » Hufeland prescrit l'infusion des sommités contre les flux coeliaque et hépatique pour fortifier les intestins après le meloena, et comme traitement consécutif, cette même infusion en lavement pour prévenir les récidives de cette affection. Thomas Burnet avait déjà recommandé la dé- coction de millefeuille contre le flux hémorrhoïdal excessif. C'est surtout tas les fluxhémorrhoïdaux, dans les hémorrhagies du rectum que la mille- feuille s'est montrée efficace. Trunk (4) en a recueilli un grand nombre d'observations rapportées par différents auteurs; et tout récemment Teis- »(5) a publié un travail dans lequel il prouve par des fails irrécusables fie cette plante, si injustement dédaignée aujourd'hui, aune action réelle et spéciale contre les flux hémorrhoïdaux trop abondants.
Teissier mentionne les opinions de Rivière, d'Alberti. de Stahl, d'Arnaud {Je Villeneuve, de F. Hoffmann, de Ferrein, de Chomel, de Hufeland. De
ensemble de ces opinions il résulte que ces auteurs attribuaient à là mille- 'emlle des propriétés antispasmodiques dans les maladies nerveuses, tom- bes et astringentes dans les hémorrhagies passives, principalement dans «s ùemorrhagies passives du rectum et de l'utérus.-
Apres avoir rappelé qu'autrefois cette plante était fréquemment employée
i i,j?en Journal de médecine, t. XXXIV, p. 403. M a T*-' année 1802, février. ? ™wpttas$chenbuch, p. 223.
r^LiVf 1' omnis oevi °is- eont, vol. II, p. 3. W mette médicale de Lyon, 31 janvier et 15 février. downloadModeText.vue.download 669 sur 1308
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en médecine, Teissier, abordant les considérations et les faits cliniques oui font l'objet de son mémoire, spécifie les cas dans lesquels on peut employer avec succès la millefeuille. «Il ne s'agit ici, dit-il, ni des hémorrhoïdes fluentes ordinaires, que le praticien doit ordinairement respecter et pout lesquelles il ne doit intervenir que lorsqu'elles sont douloureuses. Il ne s Vit pas non plus de ces hémorrhoïdes dégénérées dont on ne peut avoir justice que par une opération chirurgicale, c'est-à-dire qu'à la condition de les détruire par le bistouri ou par les caustiques. Nous voulons parler surtout de ces hémorrhoïdes sans lésions profondes de l'intestin, qui laissent cepen- dant écouler une quantité considérable de sang, qu'on peut évaluer, sans exagération, chez quelques sujets, à une clemi-verrée, une verrée, un demi- litre et même un litre par jour, et qui jettent les malades dans un état de débilité extrême et d'anémie véritable. » Teissier oppose aussi avec effica- cité la millefeuille aux hémorrhoïdes anciennes dont le flux n'est pas seule- ment sanguin, mais encore muqueux ou puriforme, et constituant une blennorrhée anale, qui entraîne, quand elle est abondante, une débilité déplorable et les symptômes de la cachexie. Ce praticien distingué apprécie ensuite la médication recommandée contre ces deux espèces d'hémor- rhoïdes anormales, et qui consiste surtout dans l'usage des astringents et du froid, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur (boissons faites avec les acides minéraux et végétaux, ratanhia, bistorte, cachou, quinquina, écorce de chêne, alun en pilule ou en solution, seigle ergoté, etc. ; lavements froids et lotions fraîches avec l'eau albumineuse ; solution d'acétale de plomb, de ; sulfate de fer, d'alumine, etc.). Cette médication n'est pas rejetée d'eue manière absolue par l'auteur ; _il pense, au contraire, qu'elle peut trouver son application dans certaines circonstances; mais il croit aussi avec raison . qu'il y a inconvénient à supprimer par des astringents très-énergiques, ap- pliqués localement ou par des lavements d'eau glacée, des écoulements hé- morrhoïdaux rouges ou blancs un peu considérables, lors même qu'ils sont liés à une exhalation passive.
Il est préférable et plus rationnel, en pareils cas, de recourir à des moyens moins répercussifs. La millefeuille, par une action élective, à la fois Io- nique, astringente et même sédative, remplit parfaitement l'indication.
En résumé, tenant compte de l'opinion des auteurs qui ont écrit sur les effets thérapeutiques de la millefeuille et des faits observés par lui-même, Teissier conclut :
1° Que la millefeuille, administrée à l'intérieur sous forme d'infusion ou de jus exprimé, a une action puissante sur les tumeurs hémorrhoïdales;
2° Qu'elle a la propriété de modérer et même de supprimer les flux 1* morrhoïdaux excessifs, propriété précieuse dans les cas où l'écoulement sanguin est assez considérable pour occasionner, comme on le voit assez souvent, la perte des forces, ou même une véritable anémie ;
3° Qu'elle a encore la propriété de tarir les sécrétions muqueuses etpuri- formes du rectum qui tiennent seulement à des engorgementshémorrhoïclaos et non des dégénérescences cancéreuses;
4° Que l'action antihémorrhagique de la millefeuille n'est point le résultat d'une simple astriction qui pourra être répercussive; qu'elle agit dune manière spéciale et directe sur les vaisseaux et sur les nerfs du rectum, « que cette action, comme l'ont dit quelques auteurs, est, en effet, tout a la fois astringente, tonique et sédative;
5° Que l'usage de ce médicament doit être surtout réservé pour les » hémorrhoïdaux passifs avec état variqueux et atonie du rectum, et pouri» : flux qui, bien qu'actifs, ont amené parleur abondance une débilité pro' 011 et des désordres dans la santé générale. j.
J'ai été à même de juger de l'efficacité de la millefeuille dans un cas n flux sanguin hémorrhoïdaï excessif, avec hém'orrhagie utérine pénodiqi downloadModeText.vue.download 670 sur 1308
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j[»?D***, de BouIogne-sur-Mer, âgée de quarante-quatre ans, tempérament lvmphatico-nerveux, constitution grêle et délicate, n'ayant eu qu'un enfant aujourd'hui âgé de dix-sept ans, était atteinte depuis plusieurs années de funieurs hémorrhoïdales qui sortaient à chaque défécation. Le volume gra- duellement augmenté de ces tumeurs produisait en même temps la chute péniblement -réductible du rectum, et, par suite de l'irritation du col de fulérus, une menstruation métrorrhagique qui durait dix à douze jours. Des topiques astringents (pommade de ratanhia, lotions alumineuses, etc.), les douches ascendantes froides, la pommade de belladone, l'onguent popu- léum;, etc., n'avaient apporté que peu ou point de soulagement. La malade, affaiblie; découragée, alla a Paris consulter MM. Gendrin et Barthe, qui ne Irouvèrént d'autre moyen de salut que la destruction des tumeurs hémor- rhoïdales, soit par la cautérisation, soit par l'écrasement linéaire, mais l'état de faiblesse et d'anémie, l'extrême irritabilité du système nerveux, le refus formel de la chloroformisation, firent différer l'opération, et l'on s'en tint seulement à la continuation de l'emploi journalier des douches d'eau froide, qui, parmi les moyens employés, avaient seules procuré du soulagement.
j[m. j)*** revint à Boulogne. Appelé le 7 mars 1857, je la trouve dans l'état suivant: tumeurs hémorrhoïdales volumineuses formant bourrelet, chute du rectum à chaque garde-robe et même par la marche, nécessitant depuis longtemps un suppositoire métallique contentif, mais dont la présence ne peut plus être supportée à cause de la douleur; rupture d'une veine donnant issues-chaque fois que la malade va à la selle, à un demi-verre de sang (en- viron 80 à 100 gr.) ; pâleur, infiltration cachectique, débilité, pouls faible, abattement moral, insomnie ou sommeil pénible, sensibilité extrême ; ap- pétit; digestions rarement difficiles ; menstruation très-abondante depuis près d'un, an, durant dix à douze jours, et constituant, les deux premiers jours, une véritable hémorrhagie ; obligation de garder presque constam- ment le lit. Je prescris l'infusion de millefeuille à la dose de 20 gr. pour 500 gr. d'eau bouillante, à prendre en trois fois chaque jour. Dès le troi- sième jour du traitement, l'écoulement sanguin hémorrhoïdal est diminué de moitié. La malade éprouve, dit-elle, une amélioration sensible du côté dés nerfs : elle est plus calme et dort plus paisiblement. Le sixième jour, l'écoulement sanguin est réduit à environ une cuillerée à bouche; la réduc- tion du rectum, auparavant très-pénible, devient graduellement plus facile et moins douloureuse : il y a plus de ton et un peu moins de volume dans les parties affectées. Le dixième jour, apparition normale des règles, sans nemorrhagie■; elles ne durent que cinq jours. Le vingtième jour, Mme D***, moins faible, peut rester levée une grande partie de. la journée. La consti- pation est combattue par une très-légère dose de magnésie calcinée. Le vo- lume du bourrelet hémorrhoïdal est diminué d'environ un tiers et la chute du rectum beaucoup moins considérable n'offre plus que peu de difficulté te la réduction. Mmc D*** reprenant de plus en plus ses forces et de gaîté tabituëllè, se livre à ses occupations ordinaires, continue l'usage de la mille- leuille, plutôt, dit-elle, par reconnaissance que par nécessité, sans re- noncer toutefois à l'opération qui pourra, lorsqu'elle se trouvera assez lortepour la supporter, la débarrasser complètement de son affection hé- forrhpïdale. -
Ro-iiziér-Joly, de Clermont(l), a obtenu des résultats qui ne laissent aucun ooute^ur la vertu emménagogue de la millefeuille. Lorsque la suppression ™t été produite par une cause passagère, par le froid, par une émotion
- ",-le'.PW exemple, une forte infusion de cette plante, donnée le matin à
ff réPétée au besoin trois ou quatre jours de suite, faisait reparaître.
B "^menstruel quelquefois même une demi-heure seulement après l'admi-
■ WMlfknye thérapeutique, 15 avril 1857.
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nistration de la première dose. On doit attendre, pour la prescrire, que l'époque habituelle du retour des règles soit presque écoulée ou que des signes annoncent une tendance fluxionnaire vers l'utérus. L'usage plus ou moins longtemps continué de la millefeuille, quand les menstrues n'ont pas reparu, n'a apporté aucun préjudice à la santé ; elle n'a causé non plus au- cun accident chez les femmes qui l'ont prise au début d'une grossesse mé- connue. Les faits obseryés par Rouzier-Joly tendent à prouver que la mille- feuille n'est pas seulement efficace dans les suppressions par causes acci- dentelles, mais qu'elle peut aussi être employée avantageusement : 1° pour favoriser l'écoulement des menstrues lorsque celles-ci sont insuffisantes' 2° pour rappeler les règles qui ont cessé de paraître sous l'influence d'une diathèse, d'un état fluxionnaire vers les parties supérieures, ou d'un appau- vrissement du sang; 3° enfin, pour faire reparaître les lochies brusquement suspendues. Ce médicament n'a paru avoir aucun effet chez les jeunes filles dont la menstruation s'établit difficilement et offre des irrégularités dans ses premières manifestations.
L'usage de la millefeuille comme antihémorrhagique et emménagogue est vulgaire dans nos campagnes, non-seulement dans la médecine humaine, mais aussi dans la médecine vétérinaire traditionnelle. Les cultivateurs l'em- ploient en décoction concentrée dans l'hématurie et les flux de sang des bestiaux, dans la rétention de l'arrière-faix chez les vaches, etc.
Les paysans emploient dans certaines contrées, pour combattre les fièvres intermittentes, une forte décoction de millefeuille. Puppi (1) a fait sur lui- même, et sur quelques malades, des expériences qui prouveraient que I'ACHILLÉINE, à la dose de 50 centigr. à 1 gr. par jour, en solution dans l'eau, constituerait un fébrifuge efficace. Il serait utile, non-seulement de vérifier ■ cette propriété du principe actif de la millefeuille, mais encore de s'assurer de l'action de ce principe dans tous les cas pathologiques où la plante est employée.
La millefeuille a été préconisée dans diverses autres maladies, telles que les affections catarrhales chroniques, la dysenterie, la phthisie, l'asthme humide, etc. Hufeland trouve fort utile dans les toux gastriques, après l'ad- ministration d'un vomitif, de faire prendre pendant longtemps au ma- lade une infusion d'herbe de millefeuille, qu'il boit froide malin et soir, Les sommités de cette plante peuvent, suivant Hanin, dans bien des circonstances, remplacer la camomille romaine. Richard, de Nancy (2), a employé la millefeuille dans plusieurs épidémies d'affections éruptives, et dans des maladies diverses, offrant toutes un certain degré d'ére- tbisme nerveux, et chaque fois avec un résultat des plus satisfaisants, H en fit usage la première fois dans une épidémie de rougeole qui, sous ■ in- fluence d'un changement subit de température, avait en peu de temps ac- quis un caractère pernicieux : prodromes longs et pénibles, éruption diffi- cile, paraissant et disparaissant, vomissements fréquents, toux et fièvres in- tenses, etc. Richard eut recours à l'infusion de millefeuille en boisson et en lavement. Quelques-uns des petits malades furent enveloppés d'une nappe imbibée de cette infusion. Dès lors, les accidents ci-dessus signalés dispa- rurent, et la maladie marcha promptement vers la convalescence, maigre la persistance des mêmes conditions atmosphériques. La seconde fois, riniu- sion de millefeuille fut essayée dans une épidémie de fièvre scarlatine, avec angine grave, fièvre intense, éruption exanthémateuse difficile, s'oper» lentement et s'accompagnant de délire, etc. Les émissions sanguines, c> grands bains, les boissons pectorales avaient échoué, et plusieurs maljw avaient déjà succombé, lorsque Richard mit en usage la millefeuille, quie
(1) Annali universali di medicina, 1845, t. CXIII, p. 503.
(2) Bulletin de thérapeutique, et Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1S31, P-a 6. downloadModeText.vue.download 672 sur 1308
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mi plein succès. Le même traitement fit rapidement cesser les convulsions survenues chez les enfants pendant la dentition. Richard prescrit encore l'infusion de cette plante en boisson, en lavements et en topique sur le venée chez les jeunes filles dont la menstruation est difficile et douloureuse, cïezlësfemines récemment accouchées et tourmentées de coliques, et cette pratique lui réussit toujours.
]jà: millefeuille a-été employée autrefois à l'extérieur comme vulnéraire, le nom qu'elle porte vulgairement (herbe aux charpentiers) lui vient de sa vertu supposée de guérir les plaies récentes. Les paysans retardent la gué- rispn de leurs coupures mal réunies en y appliquant cette herbe; mais «mine ils guérissent par les efforts de la nature, malgré cette application, ils lui attribuent le merveilleux travail de la cicatrisation. Mais il n'en est pas de même des ulcères sanieux et atoniques; le suc, l'infusion aqueuse ou vineuse de millefeuille, les raniment, les détergent et les disposent à la dcatrisàtion. Cette plante, contusée et appliquée sur le périnée, augmente la tonicité dé la peau de celte partie, et cicatrise promptement les crevasses ou les gerçures que la marche occasionne. Dubois a observé que la décoc- tion de^millefeuille dans la bière guérit d'une manière rapide les gerçures qui surviennent à la peau de diverses parties du corps, notamment celles <mi ont leur siège au pourtour du mamelon des nourrices. On applique sur la partie malade des compresses trempées dans cette décoction. Le suc, la décoction ou l'infusion de millefeuille en topique, étaient regardés par StaM comme un remède spécifique contre les hémorrhoïdes. En injection, ces préparations conviennent dans la leucorrhée et les flux muqueux ou mucoso-purulents du rectum. Hanin recommande contre la leucorrhée des injections dans le vagin avec une décoction composée de millefeuille, de trèfle d'eau.et de mélilot; on y ajoute, quand l'écoulement est moins abon- dant, et à la fin du traitement, des roses de Provins et du gros vin. On pré- pare avec-la millefeuille des fumigations et des bains aromatiques et séda- tifs, Elle est, dit-on, un excellent remède contre la gale des moutons.
(Matthiole recommande contre les maux de dents de mâcher l'herbe de millefeuille; l'abondante sécrétion de salive qui s'ensuit peut, jusqu'à un cer- tain point, amener du soulagement.)
Achillée noble
MILLEFEUILLE NOBLE (Achillea nobilis, L.).—Croit dans le Piémont, dans la" Provence, le Languedoc, le Dauphiné, les Pyrénées; on la trouve sur les collhrs, dans les terrains un peu sablonneux. Parait un peu plus énergique que l'espèce précédente.
Description. — Tige ronde, non sillonnée, pubescente, haute de 30 à 36 centi- mètres. — Feuilles bipennées, cotonneuses, à lanières écartées, pointues, étroites, den- «en scié. — Fleurs en corymbe à l'extrémité des rameaux ; disque jaunâtre, demi- neurons blancs, courts, échancrés au sommet et peu nombreux.
Odeur aromatique, camphrée, saveur amère.