Câprier (Cazin 1868)

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Capillaire
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Capucine


Sommaire

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Câprier

Nom accepté : Capparis spinosa

CÂPRIER. Capparis spinosa. L.

Capparis spinosa fructu minore, folio rotundo. G. BAUH., TOURN.

Capparidacées. Fam. nat. — Polyandrie monogynie. L.


Cet arbrisseau (PI. XII) abonde en Italie, en Espagne, dans les provinces méridionales de la France, et surtout aux environs de Toulon, où on le cultive en grand. Il se plaît dans les vieux murs bien exposés au soleil, dans les endroits pierreux, dans les fentes des rochers.

Description. — Racine grande, ligneuse, rameuse, recouverte d'une écoree épaisse. — Tiges ou rameaux annuels, nombreux, cylindriques, glabres, épineux, disposés en touffe lâche et diffuse de 6 à 9 décimètres. — Feuilles alternes, ovales-arrondies, lisses, vertes, quelquefois un peu rougeâtres, un peu charnues, pétiolées, munies à leur base de deux stipules courts, crochus et épineux[1]. — Fleurs d'un blanc-rose, amples, portées sur des pédoncules solitaires, axillaires, plus courts que les feuilles (juin-juillet). — Calice à quatre sépales ovales, coriaces, concaves, caducs. — Corolle hypogyne, à quatre pétales ouverts en rose, alternant avec les sépales, — Etamines nombreuses, très-longues, purpurines, insérées sur le support de l’ovaire, à filaments plus longs que les pétales. — Anthères bilobées, introrses. - Ovaire libre, pédiculé. — Stigmate ovale, sessile, en tête. — Fruit : silique pédiculée, cylindrique, charnue, bacciforme, renfermant des graines nombreuses, menues, blanchâtres, subréniformes, sans périsperme, nichées dans la pulpe.

Parties usitées. — La racine, l'écorce, les boutons, les fleurs non encore épanouies, les capsules encore vertes.

Culture. — La culture du câprier est simple. En Provence, on le multiplie de boutures que l'on plante en automne, et on l'abrite de la gelée avec de la paille ou de la litière. On peut aussi le propager en couvrant de terre la partie inférieure des jeunes rameaux que l'on veut transplanter ; ils poussent des racines et reprennent plus facilement que les boutures. Le semis se fait en automne, sur une plate-bande, au pied d'un mur exposé au midi. On le couvre pendant l'hiver. Cet arbrisseau ne rapporte pas autant dans le Nord que dans le Midi, mais il y fait l’ornement des jardins, et l'on peut en recueillir les boutons et les fruits.

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  1. Comme il y a des variétés de câprier sans stipules épineux, et que d'ailleurs la culture fait perdre cette particularité dont on a fait un caractère spécifique, Turpin a proposé avec raison de donner à cette plante le nom de capparis sativa, qui le désigne comme un objet de culture.


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Récolte. — On appelle câpres les boutons ou les fleurs non encore épanouies. Confits dans le vinaigre, ils servent à l'assaisonnement des aliments fades : les plus petits et les plus tendres sont les plus recherchés. Le matin est l'instant le plus favorable pour cueillir ces boutons, qui, dans leur état de fraîcheur, exhalent une faible odeur et impriment sur la langue une saveur légèrement piquante. On les met dans un baril ou dans un vase rempli de vinaigre fort et de bonne qualité, en y ajoutant un peu de sel. Comme les câpres les plus vertes sont les plus estimées, et qu'elles se décolorent en vieillissant, on les colore quelquefois au moyen d'un sel de cuivre, ce qui peut causer des empoisonnements.

On laisse venir à graine les boutons qui échappent et qui fleurissent, et quand les capsules encore vertes sont grosses comme une olive, on les cueille et on les confit. Elles forment un mets agréable comme les câpres, et que l'on appelle cornichons du câprier.

La racine de câprier, desséchée et telle qu'on la trouve dans le commerce, se roule en petits cylindres comme la cannelle ; elle est ridée, d'une couleur grisâtre ou cendrée, marquée de lignes transversales peu saillantes ; sa cassure est blanche, celluleuse, avec de petits points jaunâtres ; sa saveur est amère, piquante, un peu âcre à la gorge, et inodore. Elle perd de ses propriétés en vieillissant, et acquiert alors une saveur et une odeur qui se rapprochent du rance, sans doute à cause de la grande quantité d'huile qu'elle contient.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTÉRIEUR. — Décoction ou infusion (racine), 15 à 30 gr. pour 1 kilogramme d'eau.
Poudre (racine ou écorce de la racine), 2 à 4gr.
Vin apéritif et tonique de Barthez (écorce de racine de câprier), 120 gr.; écorces de frêne, de tamaris, sommités fleuries de millepertuis, de chaque 60 gr. Vin de Bordeaux rouge, 3,000 gr. — Après huit jours de macération, filtrer), 30 à 60 gr., deux ou trois fois par jour.

A L'EXTÉRIEUR. — Huile (ancien Codex de Paris, câpres confites, écorce de racine, de chaque, 135 gr. ; huile d'olives, 45 gr. ; vinaigre, 180 gr. Faire cuire jusqu'à évaporation de l'humidité, passer), pour frictions, fomentations, etc.
Racine cuite ou en décoction, comme détersive sur les vieux ulcères.
Le câprier faisait partie de plusieurs anciennes préparations pharmaceutiques, telles que l'huile de scorpion, le sirop hydragogue de Charas, etc.


Les câpres sont un assaisonnement agréable qui aide à la digestion des aliments dépourvus de saveur, et particulièrement du poisson, quand l'estomac toutefois n'est pas irrité. Les boutons du câprier étaient autrefois en grande réputation contre les obtructions du foie et de la rate. Leur usage, joint à celui de l'eau de forgerons, a dissipé, si l'on en croit l'observateur Benivieni[1], une induration splénique qui pendant sept années avait éludé les autres secours de l'art. On préférait, pour obtenir le même effet, l'écorce de la racine de câprier, qui est une des cinq racines dites apéritives mineures. Cette racine a été très-employée et vantée par Forestus, Simon Pauli, Sennert. Elle a été utile dans les cachexies, la chlorose, les paralysies, et quelques affections du système nerveux. Barthez l'employait comme tonique, excitante et diurétique. Tronchin la mit en vogue dans le traitement de l'hystérie et de l'hypocondrie, où elle ne pouvait réellement être utile, comme tonique et astringente, que lorsque ces maladies étaient accompagnées ou entretenues par l'atonie générale. Mais, à cette époque, on avait abusé de la méthode débilitante de Pomme[2], qui consistait dans l'usage abondant des boissons tièdes, du petit-lait, du bouillon de poulet et des bains. Tronchin, homme habile, sut profiter de la position en employant une méthode tout a fait opposée, qui nécessairement devait réussir chez des malades que la diète et les délayants avaient affaiblis.

Ce médicament, dit Guersant[3], tombé en désuétude, n'est pas, à beaucoup près, dénué d'action.

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  1. De abditis nonnullis ac mirandis morbor. et sanation. causis. Bâle, 1529.
  2. Traité des affections vaporeuses.
  3. Dictionnaire des sciences médicales, t. IV, p. 42.