Tussilage (Cazin 1868) : Différence entre versions

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
(Page créée avec « {{Tournepage |titre=Cazin, ''Traité des plantes médicinales'', 1868 |titrepageprécédente=Tulipier (Cazin 1868) |nomcourtpr... »)
 
Ligne 14 : Ligne 14 :
 
== Tussilage ==
 
== Tussilage ==
  
Voir la page ''[[]]''
+
<center>Nom accepté : ''[[Tussilago farfara]]''
  
TUSSILAGE. Tussilago farfara. L.
+
'''TUSSILAGE'''. ''Tussilago farfara''. L.
  
Tussilagovulgaris. C. BAUH., TOURN.— Tussilago. CLUS.—Farfara. COESALP.
+
''Tussilago vulgaris''. C. BAUH., TOURN. — ''Tussilago''. CLUS. — Farfara. CŒSALP. — ''Bechium sive farfara''. DOD. — ''Ungula caballina''. TRAG. — ''Béchion'' (1). DIOSCOR. — ''Filius ante patrem''.
Bechium sive farfara. DOD. — Ungula caballina. TRAG.
+
Béchion (1). DIOSCOR. — Filius ante patrem.
+
  
Tussilage commun, — pas-d'âne, — pas-de-clieval, —herbe de Saint-Gudrin,
+
Tussilage commun, — pas-d'âne, — pas-de-cheval, —herbe de Saint-Guérin, taconnet, — procheton.
taconnet, — procheton.
+
  
COMPOSÉES. — EUPATORIÉES. Fam. nat. — SYNGÉNÉSIE POLYGAMIE SUPERFLUE. L
+
COMPOSÉES. — EUPATORIÉES. Fam. nat. — SYNGÉNÉSIE POLYGAMIE SUPERFLUE. L.</center>
Le tussilage (PI. XXXIX), plante vivace, se trouve aux bords des ruis-
+
seaux, des fontaines, des fossés, dans les terrains argileux, sur les coleaux
+
humides et gras. Le nom de filius ante patrem, qui lui a été donné au moyen-
+
âge, vient de ce que les fleurs paraissent avant les feuilles. Celui de pas-
+
d'âne vient de la forme de ses feuilles, et celui de tussilage, de son emploi
+
contre la toux.
+
  
Description. — Racines longues, grêles, traçantes, blanchâtres. — Tiges: hampes
 
droites, simples, uniflores, fîstuleuses, longues de 10 à 15 centimètres, garnies d'écaillés
 
membraneuses iancéolées. — Feuilles : toutes radicales, péliolées, arrondies,cordiformes,
 
lisses, dentées, d'un vert gai en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous. -
 
Fleurs radiées, solitaires, d'un beau jaune de soufre, formées par la réunion d'une mul-
 
titude de petites fleurs paraissant avant les feuilles (avril-mai). — Calice commun, à plu-
 
sieurs folioles glabres, linéaires, disposées sur un seul rang, accompagnées à leur base
 
de petites bractées à bords cotonneux. — Fleurons tantôt tous hermaphrodites, tantôt
 
femelles, fertiles vers la circonférence, hermaphrodites dans le centre. — Cinq étamines
 
syngénèses. — Un style. — Deux stigmates. — Fruits : akènes, oblongs, cylindriques,
 
un peu striés, couronnés par des aigrettes simples et sessiles, quelquefois pédicellées.
 
  
Parties usitées. — Les feuilles, les fleurs, rarement les racines.
+
Le tussilage (Pl. XXXIX), plante vivace, se trouve aux bords des ruisseaux, des fontaines, des fossés, dans les terrains argileux, sur les coteaux humides et gras. Le nom de ''filius ante patrem'', qui lui a été donné au moyen-âge, vient de ce que les fleurs paraissent avant les feuilles. Celui de pas-d'âne vient de la forme de ses feuilles, et celui de tussilage, de son emploi contre la toux.
  
Récolte. — On récolte les fleurs en février, mars, avril ; les feuilles en été, les
+
'''Description'''. — Racines longues, grêles, traçantes, blanchâtres. — Tiges : hampes droites, simples, uniflores, fistuleuses, longues de 10 à 15 centimètres, garnies d'écailles membraneuses lancéolées. — Feuilles : toutes radicales, pétiolées, arrondies, cordiformes,
racines en automne ou au printemps, avant la floraison. Après avoir fait sécher les fleurs
+
lisses, dentées, d'un vert gai en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous. - Fleurs radiées, solitaires, d'un beau jaune de soufre, formées par la réunion d'une multitude de petites fleurs paraissant avant les feuilles (avril-mai). — Calice commun, à plusieurs folioles glabres, linéaires, disposées sur un seul rang, accompagnées à leur base de petites bractées à bords cotonneux. — Fleurons tantôt tous hermaphrodites, tantôt femelles, fertiles vers la circonférence, hermaphrodites dans le centre. — Cinq étamines syngénèses. — Un style. — Deux stigmates. — Fruits : akènes, oblongs, cylindriques, un peu striés, couronnés par des aigrettes simples et sessiles, quelquefois pédicellées.
à 1 étuve, il faut bien s'assurer si elles sont complètement sèches, car elles conservent
+
souvent un fond d'humidité qui les détruit promptement.
+
  
[Culture. — Le tussilage croît sur les talus, clans les endroits humides. On ne le
+
'''Parties usitées'''. — Les feuilles, les fleurs, rarement les racines.
cultive que dans les jardins botaniques. On le propage par semis; il se ressème lui-
+
même.]
+
  
Propriétés physiques et chimiques. — Les fleurs ont une odeur forte,
+
'''Récolte'''. — On récolte les fleurs en février, mars, avril ; les feuilles en été, les racines en automne ou au printemps, avant la floraison. Après avoir fait sécher les fleurs à l'étuve, il faut bien s'assurer si elles sont complètement sèches, car elles conservent souvent un fond d'humidité qui les détruit promptement.
agréable, et une saveur douce .et aromatique. (Analysées par Nayle (2), elles ont donne
+
de la gomme, de Vinuline, des acides gallique et pectique, de l'extractif amer, de la ré-
+
sine, de t'huile fixe et des matières colorantes verte et jaune.) Les feuilles sont an»
+
et mucilagineuses. Le sulfate de fer donne à la décoction de celte plante une coi»
+
noire qui décèle la présence du tannin. Elle contient en outre un principe extractit,
+
  
La racine de tussilage, concassée et desséchée, prend feu comme de l'amadou, su-
+
['''Culture'''. — Le tussilage croît sur les talus, dans les endroits humides. On ne le cultive que dans les jardins botaniques. On le propage par semis ; il se ressème lui-même.]
vant Murray.
+
  
(1) Béchion, à cause de la propriété que cette, plante a de calmer la toux, f'^PÎ'Jj^
+
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Les fleurs ont une odeur forte, agréable, et une saveur douce et aromatique. (Analysées par Nayle (2), elles ont donné de la gomme, de l’''inuline'', des acides gallique et pectique, de l'extractif amer, de la résine, de l'huile fixe et des matières colorantes verte et jaune.) Les feuilles sont amères et mucilagineuses. Le sulfate de fer donne à la décoction de cette plante une couleur noire qui décèle la présence du tannin. Elle contient en outre un principe extractif.
dernes ont fait dériver l'expression béchique, appliqué à tous les médicaments qui j«
+
également de propriétés calmantes et expectorantes.
+
  
(2) Journal of the Marylands collège of pharmacy, t. II, p. 73.
+
La racine de tussilage, concassée et desséchée, prend feu comme de l'amadou, suivant Murray.
downloadModeText.vue.download 1106 sur 1308
+
  
 +
____________________
  
TUSSILAGE.
+
(1) ''Béchion'', à cause de la propriété que cette plante a de calmer la toux, et dont les modernes ont fait dériver l'expression ''béchique'', appliqué à tous les médicaments qui jouissent également de propriétés calmantes et expectorantes.
  
1077
+
(2) ''Journal of the Marylands college of pharmacy'', t. II, p. 73.
  
PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
 
  
A -L'INTÉBIBOH.—Infusion théiforme des fleurs,
+
[1077]
50 à 30 gr. par kilogramme d'eau bouil-
+
  
lâ!ît6.
+
<center>PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.</center>
  
Sirop des fleurs {1 sur 2 d'eau bouillante et
+
{|align="center"
 +
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left; border-right: solid 1px black;" |
 +
A L'INTÉRIEUR. — Infusion théiforme des fleurs, 20 à 30 gr. par kilogramme d'eau bouillante.<br \>
 +
Sirop des fleurs (1 sur 2 d'eau bouillante et 5 de sucre), 30 à 100 gr.<br \>
 +
Suc des feuilles ou des fleurs, 30 à 60 gr., et plus.<br \>
 +
Extrait des feuilles ou des fleurs, 5 à 10 gr., et plus.<br \>
 +
Looch de farfara (pharmacopée de Wurtemberg), racine de tussilage décoctée dans
 +
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left;" |
 +
l'eau, pulpée, passée au crible, cuite en consistance de bouillie avec le double de
 +
miel.<br \>
 +
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction des feuilles, 50 à 100 gr., et plus, par kilogramme d'eau,
 +
pour fomentations, lotions, injections, fumigations.<br \>
 +
Feuilles pilées en cataplasme.<br \>
 +
Feuilles sèches fumées comme du tabac.<br \>
 +
Les fleurs entrent dans les espèces pectorales.
 +
|}
  
5 dé sucre), 30 à 100 gr.
 
Suc des feuilles ou des fleurs, 30 à 60 gr., et
 
  
plus.
+
Les fleurs de tussilage ont toujours été placées en pharmacie parmi les espèces pectorales, telles que celles de mauve, de pied-de-chat, de bouillon blanc, de violette, etc. Les feuilles et les racines, dont les anciens faisaient usage, n'étaient plus usitées, lorsque Fuller (1) les recommanda comme un remède précieux contre les affections scrofuleuses.
Extrait des feuilles ou des fleurs, 5 à 10 gr.,
+
  
et plus.
+
Hippocrate employait la racine de tussilage associée au lait et au miel contre les ulcérations du poumon. Dioscoride, Galien et Pline parlent de la fumée des feuilles contre la toux et l'asthme, usage que Linné a retrouvé en Suède, où l'on fume ces feuilles en guise de tabac quand on a de la toux. Boyle (2) rendait ces fumigations plus actives contre la phthisie en ajoutant au tussilage de la fleur de soufre et du succin : ''Herbæ cum flore sulphuris et succino in pulverem comminuto mixtæ fumus ore haustus instar nicotianæ phthisim aliquando sanavit'' (3). Haller prétend avoir guéri plusieurs phthisiques par le seul emploi de cette plante.
Loocli de farfara (pharmacopée de \V urtem-
+
  
berg), racine de tussilage décoctée dans
+
(D'après Albrecht (4), on emploie le ''tussilago farfara'' au Japon contre cette même maladie.)
  
1 eau, pulpée, passée au crible, cuite en
+
Fuller considérait la décoction des feuilles de tussilage comme pouvant seule guérir la phthisie scrofuleuse. Peyrilhe vante cette décoction concentrée ou le suc contre la même maladie, et le sceptique Cullen (S) dit que l'emploi de ces préparations a produit de bons effets flans les ulcères scrofuleux. Il avoue, toutefois, que ce moyen n'a pas toujours répondu à ses espérances. Meyer rapporte trois cas de scrofules guéris par ce végétal : le premier est relatif à un asthme avec toux, le second à un ulcère scrofuleux, le troisième à un exanthème également scrofuleux avec psorophthalmie, contre laquelle on lavait en même temps l'œil avec une décoction de tussilage. Allen (6) dit aussi que la décoction des feuilles de tussilage l'emporte sur tous les remèdes qu'on a connus jusqu'ici pour guérir les écrouelles. Bodart a recueilli, à l'hôpital Sainte-Claire de Pise, en Toscane, « une preuve sans réplique de son efficacité dans l'atonie du système capillaire sanguin et lymphatique, qui constitue essentiellement la diathèse dite ''scrofuleuse''. » Cette preuve consiste dans une observation fort intéressante.
consistance de bouillie avec le double de
+
miel.
+
  
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction des feuilles, 50 à
+
A son retour en France, Bodart s'est livré à de nouvelles expériences qui ont confirmé les heureux effets du tussilage dans le traitement des affections scrofuleuses. Les nombreux faits qui lui sont particuliers, et ceux que lui ont communiqués plusieurs praticiens, et notamment Gaultier de Claubry et Menuret, sont consignés dans son ''Essai sur les propriétés du tussilage'' (Paris, 1809). Cette plante possède à un haut degré, suivant Bodart, des pro-
100 gr., et plus, par kilogramme d'eau,
+
pour fomentations, lotions, injections, fu-
+
migations.
+
  
Feuilles pilées en cataplasme.
+
____________________
  
Feuilles sfeclies fumées comme du tabac.
+
(1) ''Médecine gymnastique'', p. 93.
Les fleurs entrent dans les espèces pecto
+
  
raies.
+
(2) ''De util. philos. nat.'', traduction latine publiée à Londres en 1692, de son ouvrage : ''Some considerations touching the usefulness of experimental nat. philosophy'', etc. Oxford, 1633.
  
Les fleurs de tussilage ont toujours été placées en pharmacie parmi les
+
(3) Ray, ''Catal. plant.'', p. 297.
espèces pectorales, telles que celles de mauve, de pied-de-chat, de bouillon
+
blanc, de violette, etc. Les feuilles et les racines, dont les anciens faisaient
+
usage, n'étaient plus usitées, lorsque Fuller (1) les recommanda comme un
+
remède précieux contre les affections scrofuleuses.
+
  
Rïppocrate employait la racine de tussilage associée au lait et au miel
+
(4) ''Union médicale'', 1863, t. XVIII, p. 485.
contre les ulcérations du poumon. Dioscoride, Galieu et Pline parlent de la
+
fumée des feuilles contre la toux et l'asthme, usage que Linné a retrouvé
+
en Suède, où l'on fume ces feuilles en guise de tabac quand on a de la toux.
+
Boylë (2) rendait ces fumigations plus actives contre la phthisie en ajoutant
+
au tussilage de la fleur de soufre et du succin : Herbce cum flore sulphuris et
+
sucinoitipùlverem cotnminuto mixtoe fumus ore hauslus instar nicotianoe phthi-
+
ûmdliquando sanavit (3). Haller prétend avoir guéri plusieurs phthisiques
+
par le seul emploi de celte plante.
+
  
(D'après Albrecht (4), on emploie le tussilago farfara au Japon contre
+
(5) ''Matière médicale'', t. II, p. 482.
cette même maladie.)
+
  
Fuller considérait la décoction des feuilles de tussilage comme pouvant
+
(6) Roques, ''Plantes usuelles'', t. II, p 345.
seule guérir la phthisie scrofuleuse. Peyrilhe vante cette décoction concen-
+
trée ou le suc contre la môme maladie, et le sceptique Cullen (S) dit que
+
l'emploi de ces préparations a produit de bons effets flans les ulcères sero-
+
fnleux. Il avoue, toutefois, que ce moyen n'a pas toujours répondu à ses
+
espérances.. Meyer rapporte trois cas de scrofules guéris par ce végétal : le
+
premier est relatif à un asthme avec toux, le second à un ulcère scrofuleux,
+
le troisième à un exanthème également scrofuleux avec psorophthalmie,
+
contre laquelle on lavait en même temps l'oeil avec une décoction de tussi-
+
lage. Allen (6) dit aussi que la décoction des feuilles de tussilage l'emporte
+
sur tous les remèdes qu'on a connus jusqu'ici pour guérir les écrouelles.
+
Mart a recueilli, à l'hôpital Sainte-Claire de Pise, en Toscane, « une
+
preuve sans réplique, de son efficacité dans l'atonie du système capillaire
+
sanguin et lymphatique, qui constitue essentiellement la diathèse dite scro-
+
Ineuse.v Cette preuve consiste dans une observation fort intéressante.
+
  
A son retour en France, Bodart s'est livré à de nouvelles expériences qui
 
ont confirmé les heureux effets du tussilage dans le traitement des affections
 
scrofuleuses. Les nombreux faits qui lui sont particuliers, et ceux que lui
 
^communiqués plusieurs praticiens, et notamment Gaultier de Claubry
 
etMenuret, sont consignés dans son Essai sur les propriétés du tussilage (Pa-
 
"s, 1809). Cette plante possède à un haut degré, suivant Bodart, des pro-
 
  
ft! f^ffe gymnastique, p. 93.
+
[1078]
mb»r' phllos- naL' traduction latine publiée à Londres en 1692, de son ouvrage : Some
+
ctlu72 touching the usefulness of expérimental nat. philosopha, etc. Oxford , 1633
+
  
f, 3! R»y, Calai, plant, p. 297.
+
priétés toniques, incisives, résolutives et légèrement purgatives, selon les diverses manières de l'administrer.
  
5 il r médicale. 1863, t. XVIII, p. 485.
+
Hufeland (1), et après lui Tourtelle (2), vantent les propriétés du tussilage contre les affections lymphatiques et scrofuleuses.
  
tnm légale, t. II, p. ,,82.
+
Le dernier auteur en aiguisait la décoction avec la potasse ou la soude. Baumes (3) dit que le tussilage est un très-bon remède contre les engorgements des glandes, les éruptions cutanées, et surtout contre les toux scrofuleuses et les affections des poumons. Il réussit très-bien, suivant lui, chez les enfants qui ont les poumons faibles, même lorsque la fièvre a commencé à s'établir. Il prescrit le suc frais des feuilles à la dose de 30 à 120 gr. dans la journée, ou la décoction des feuilles sèches lorsqu'on ne peut se procurer la plante fraîche. Alibert, sous les yeux duquel cette plante a été administrée dans diverses affections scrofuleuses, dit n'en avoir obtenu aucun résultat. Mérat et Delens la croient utile pour faciliter l'expectoration, sur la fin des catarrhes aigus. Fernel avait dit du tussilage : ''Inspirato fumo, pulmones tam blande expurgant, ut sine noxa omnes thoracis abcessus rumpere credantur'' (4). Trousseau et Pidoux ne mentionnent le tussilage que comme plante simplement émolliente, et le placent à côté de la mauve, de la guimauve, de la bourrache, etc. C'est ne tenir aucun cas des recherches et des observations de nos devanciers sur cette plante. Pour moi, j'avoue que les faits nombreux rapportés par des auteurs dignes de foi, et surtout les assertions du célèbre praticien Hufeland, ont ébranlé mon incrédulité, malgré deux essais infructueux. J'ai de nouveau employé le tussilage, et je m'en suis bien trouvé. J'ai pu me convaincre de l'efficacité de cette plante dans plusieurs cas d'affections scrofuleuses, où les traitements généralement connus et employés avaient échoué. Je citerai les suivants :
( 6) Roques, Plantes usuelle!, t. II, p 345.
+
downloadModeText.vue.download 1107 sur 1308
+
  
 +
''Premier cas''. — La fille du sieur Bernard, de Boulogne, âgée de onze ans, d'une faible constitution, avait eu, pendant les premières années de son enfance, de l'impétigo, de fréquentes ophthalmies et des engorgements glanduleux au cou. On me la présenta en juillet 1854. Elle était alors atteinte d'une ophthalmie photophobique double ; les paupières étaient très-boursoufflées et érysipélateuses à leurs bords ; elle avait un engorgement glanduleux considérable des deux côtés du cou, sans changement de couleur à la peau. On avait inutilement employé contre cet état, qui datait d'environ six mois, l'infusion de houblon coupé avec du vin, le sirop de gentiane, l'huile de foie de morue et un régime tonique. Je mis immédiatement la malade à l'usage du suc de tussilage, à la dose de 60 gr., que j'augmentai graduellement jusqu'à celle de 180 gr. par jour. Dès le cinquième jour, il y avait amélioration, la malade commençait à ouvrir les yeux et supportait mieux la lumière. Il est vrai qu'une infusion de jusquiame, que je faisais appliquer sur les paupières, pouvait produire seule cette amélioration ; mais au quinzième jour du traitement, les glandes engorgées étaient diminuées de moitié, l'ophthalmie presque entièrement dissipée. Au bout de six semaines, la malade était complètement débarrassée et dans un état de santé des plus satisfaisants.
  
1078 TUSSILAGE.
+
''Deuxième cas''. — Mlle D***, de Samer, âgée de quinze ans, d'une constitution grêle, d'un tempérament lymphatique, irrégulièrement mais abondamment menstruée, ayant eu des scrofuleux dans sa famille, était atteinte depuis près de huit mois, et à des degrés variables, d'une ophthalmie chronique de l'œil droit, avec photophobie. Elle avait, en outre, au dessous de l'oreille droite, une tumeur glanduleuse de la grosseur d'un œuf, des ulcé-
  
priétés toniques, incisjves, résolutives et légèrement purgatives, selon les di-
+
____________________
verses manières de l'administrer.
+
  
Hufeland (1), et après lui Tourtelle (2), vantent les propriétés.du tussilage
+
(1) ''Traité de la maladie scrofuleuse'', traduit par Bousquet, p. 273.
contre les affections lymphatiques et scrofuleuses.
+
  
Le dernier auteur en aiguisait la décoction avec la potasse ou la soude.
+
(2) ''In'' A. Lorentz, ''Dissertation sur les maladies scrofuleuses'', p. 20.
Baumes (3) dit que le tussilage est un très-bon remède contre les engorge-
+
ments des glandes, les éruptions cutanées, et surtout contre les toux scrofu-
+
leuses et les affections des. poumons. Il réussit très-bien, suivant lui, chez les
+
enfants qui ont les poumons faibles, môme lorsque la fièvre acommencéà
+
s'établir. Il prescrit.le suc frais des feuilles à la dosç de 30 à 120 gr. dans la
+
journée, ou la décoction des feuilles sèches lorsqu'on ne peut se procurer la
+
plante fraîche. Alibert, sous les yeux duquel cette plante a été administrée
+
dans diverses affections scrofuleuses, dit n'en avoir obtenu aucun résultat.
+
Mérat et Delens la croient utile pour faciliter l'expectoration, sur la fin des
+
catarrhes aigus. Femel avait dit du tussilage : lnspirato fumo,pulmonestam
+
Mande expurganl,' ut sine noxa omnes thoracis abcessus rumpere credanlur (4).
+
Trousseau et Pidoux ne mentionnent le tussilage que comme plante sim-
+
plement émolliente, et le placent à côté de la mauve, de la guimauve, de
+
la bourrache, etc. C'est ne tenir aucun cas des recherches et des observa-
+
tions de nos devanciers sur cette plante. Pour moi, j'avoue que les faits
+
nombreux rapportés par des auteurs dignes de foi, et surtout les assertions
+
du célèbre praticien Hufeland, ont ébranlé mon incrédulité, malgré deux
+
essais infructueux. J'ai de nouveau employé le tussilage, et je m'en suis bien
+
trouvé. J'ai pu me convaincre de l'efficacité de cette plante dans plusieurs
+
cas d'affections scrofuleuses, où les traitements généralement connus et
+
employés avaient échoué. Je citerai les suivants :
+
  
Premier cas. — La fille du sieur Bernard, de Boulogne, âgée de onze ans,
+
(3) ''Du vice scrofuleux'', etc., p. 296.
d'une faible constitution', avait eu, pendant les premières années de son en-
+
fance, de l'impétigo, de fréquentes ophthalmies et des engorgements glan-
+
duleux au cou. On me la présenta en juillet 1854. Elle était alors atteinte
+
d'une ophthalmie photophobique double; les paupières étaient très-bour-
+
soufflées et érysipélateuses à leurs bords; elle avait un engorgement glandu-
+
leux considérable des deux côtés du cou, sans changement de couleur a la
+
peau. On avait inutilement employé contre cet état, qui datait d'environ six
+
mois, l'infusion de houblon coupé avec du vin, le sirop de gentiane, l'huile
+
de foie de morue et un régime tonique. Je mis immédiatement la malade à
+
l'usage du suc de tussilage, à la dose de 60 gr., que j'augmentai graduelle-
+
ment jusqu'à celle de 180 gr. par jour. Dès le cinquième jour, il y avait
+
amélioration, la malade commençait à ouvrir les yeux et supportait mieux
+
la lumière. 11 est vrai qu'une infusion de jusquiame, que je faisais appliquer
+
sur les paupières, pouvait produire seule cette amélioration; mais au quin-
+
zième jour du traitement, les glandes engorgées étaient diminuées de moi-
+
tié, l'ophthalmie presque entièrement dissipée. Au bout de six semaines, la
+
malade était complètement débarrassée et dans un état de santé des pins
+
satisfaisants.
+
  
Deuxième cas. — M1Ie D***, de Samer, âgée de quinze ans, d'une consti-.
+
(4) ''Univ. med.'', lib. V, cap. XXI, p. 265. Genevæ, 1680.
tution grêle, d'un tempérament lymphatique, irrégulièrement mais anon-
+
damment menstruée, ayant eu des scrofuleux dans sa famille, était attei ^
+
depuis près de huit mois, et à des degrés variables, d'une ophthalmie en -
+
nique de l'oeil droit, avec photophobie. Elle avait, en outre, au'de,ss0"L.
+
l'oreille droite, une tumeur glanduleuse de la grosseur d'un oeuf, des
+
  
(1) Traité de la maladie scrofuleuse, traduit par Bousquet, p. 273.
 
  
(2) In A. Lorentz, Dissertation sur les maladies scrofuleuses, p. 20.
+
[1079]
  
(3) Du vice scrofuleux, etc., p. 296.
+
rations crustacées dans les narines, avec gonflement et rougeur des ailes du nez et de la lèvre supérieure. Cet état, contre lequel on n'avait employé que l'huile de foie de morue à la dose d'une cuillerée à bouche par jour, mêlée à pareille quantité de sirop antiscorbutique, durait depuis près d'un an, lorsque dans les premiers jours de juin 1857 1a malade fut confiée à mes soins. Je prescrivis une forte décoction de feuilles fraîches de tussilage à prendre en quatre fois dans la journée. Au bout de dix jours de ce traitement, l'amélioration était sensible. On se bornait contre l'ophthalmie à l'application de la pommade antiophthalmique de Desault. Le trentième jour, l'ophthalmie et les ulcérations nasales étaient guéries ; la tumeur du cou était diminuée de moitié. On continua la décoction de tussilage, et l'on fit prendre en outre, chaque matin, un verre (environ 100 gr.) de suc de la même plante. Sous l'influence de cette médication, la tumeur diminua graduellement de volume dans l'espace d'un mois, et vers le 15 août, la résolution était complète. Depuis six mois, la guérison ne s'est point démentie.
  
(4) Univ. med., lib. v, cap. xxi, p. 265. Genevoe, 1680,
+
''Troisième cas''. — Renaud, âgé de vingt ans, tempérament lymphatique, habitant le village marécageux de Nesles, était atteint depuis près de deux ans d'engorgements glanduleux au cou, qui, en s'abcédant successivement, avaient donné lieu à des ulcères sanieux, fongueux, avec décollement de la peau. Ces ulcères, de l'étendue d'une pièce de 2 fr. à celle de 5 fr., blafards, à bords cuivreux et décollés, étaient, au nombre de six lorsque je vis le malade pour la première fois, le 10 mai 1857. Le malade avait pris, très-irrégulièrement, il est vrai, l'huile de foie de morue, l'iodure de potassium et la décoction de feuilles de noyer. Après avoir cautérisé, ravivé les ulcères par le nitrate d'argent, et détruit au moyen du caustique de Vienne les parties de la peau non susceptibles d'adhérence et de cicatrisation, je mis le malade à l'usage du suc de tussilage, d'abord à la dose de 60 gr. chaque matin, et de la décoction de feuilles sèches de la même plante (50 gr. pour 1 kilogr. d'eau) pour boisson dans la journée. La dose du suc fut graduellement augmentée jusqu'à celle de 100 gr., à laquelle on était arrivé au quinzième jour du traitement, dont l'effet était déjà très-prononcé. Les ulcères, qui avaient changé d'aspect dès les huit premiers jours, marchaient vers la cicatrisation. Au bout de deux mois, il ne restait plus que quelques engorgements cellulaires, qui ont cédé à la continuation du traitement, complété d'ailleurs par l'emploi du vin de gentiane et de feuilles de noyer. Je dois faire remarquer, à cette occasion, que l'action antiscrofuleuse du tussilage se manifeste beaucoup plus promptement que celle des feuilles de noyer et du brou de noix, mais que celle-ci, pour se faire attendre, n'en est pas moins efficace. Ces deux végétaux combinés, employés simultanément ou successivement dans les mêmes cas, offrent de grandes ressources aux praticiens des campagnes dans le traitement des affections scrofuleuses. Les médecins de nos cités craindront de vulgariser la médecine par l'emploi de remèdes si simples ; ils préféreront toujours, ainsi que leurs malades, les préparations d'iode, celles d'or, de baryum, etc., élégamment arrangées dans l'officine du pharmacien.
downloadModeText.vue.download 1108 sur 1308
+
  
 +
A l'extérieur, on s'est servi des feuilles fraîches de tussilage en cataplasme comme légèrement résolutif et maturatif. Hippocrate recommandait l'emploi de la décoction vineuse sur les plaies tendant à se transformer en ulcères. La fumée de la plante desséchée a été recommandée contre l'odontalgie. Bodart employait la teinture alcoolique de tussilage en frictions ; la poudre des feuilles, comme du tabac, dans le coryza ou pour dessécher les ulcères; le décoctum vineux ou aqueux, ou le suc exprimé pour fomentation sur les engorgements et les ulcères scrofuleux ; les feuilles crues ou cuites, pilées en cataplasme avec du miel, à la manière des anciens; la solution de l'extrait dans l'huile en liniment. Ces topiques paraissent, assez in-
  
TUSSILAGE. 1079
 
  
rations crustacées dans les narines, avec gonflement et rougeur des ailes du
+
[1080]
nez et de la lèVre supérieure. Cet état, contre lequel on n'avait employé que
+
l'huile de foie de morue à la dose d'une cuillerée à bouche par jour, mêlée
+
à pareille quantité de sirop antiscorbutique, durait depuis près d'un an,
+
lorsque dans les premiers jours de juin 1857 1a malade fut confiée à mes
+
soins. Je ■ prescrivis une forte décoction de feuilles fraîches de tussilage à
+
prendre en quatre fois dans la journée. Au bout de dix jours de ce traite-
+
ment, l'amélioration était sensible. On se bornait contre l'ophthalmie à l'ap-
+
plication de la pommade anliophthalmique de Desault. Le trentième jour,
+
l'ophthalmie et les ulcérations nasales étaient guéries; la tumeur du cou était
+
diminuée de moitié. On continua la décoction de tussilage, et l'on fit
+
prendre en outre, chaque matin, un verre (environ 100 gr.) de suc de la
+
même plante. Sous l'influence de cette médication, la tumeur diminua gra-
+
duellementde volume dans l'espace d'un mois, et vers le 15 août, la réso-
+
lution était complète. Depuis six mois, la guérison ne s'est point démentie.
+
  
Troisième cas. — Renaud, âgé de vingt ans, tempérament lymphatique,
+
signifiants et peuvent être avantageusement remplacés par d'autres plus énergiques.
habitant le village marécageux de Nesles, était atteint depuis près de deux
+
ans d'engorgements glanduleux au cou, qui, en s'abeédant successivement,
+
avaient donné lieu à des ulcères sanieux, fongueux, avec décollement de la
+
peau. Ces ulcères, de l'étendue d'une pièce de 2 fr. à celle de 5 fr., blafards,
+
Ibordscuivreux et décollés, étaient, au nombre de six lorsque je vis le ma-
+
lade pour la première fois, le 10 mai 1857. Le malade avait pris, très-irré-
+
gulièrement, il est vrai, l'huile de foie de morue, l'iodure de potassium et
+
la décoction de feuilles de noyer. Après avoir cautérisé, ravivé les ulcères
+
par le nitrate d'argent, et détruit au moyen du caustique de Vienne les par-
+
ties de la peau non susceptibles d'adhérence et de cicatrisation, je mis le
+
malade à l'usage du suc de tussilage, d'abord à la dose de 60 gr. chaque
+
matin, et de la décoction de feuilles sèches de la même plante (50 gr. pour
+
1 kilogr. d'eau) pour boisson dans la journée. La dose du suc fut graduelle-
+
ment augmentée jusqu'à celle de 100 gr., à laquelle on était arrivé au quin-
+
zième jour du traitement, dont l'effet était déjà très-prononcé. Les ulcères,
+
qui avaient changé d'aspect dès les huit premiers jours, marchaient vers la
+
cicatrisation. Au bout de deux mois, il ne restait plus que quelques engor-
+
gements cellulaires, qui ont cédé à la continuation du traitement, complété
+
d'ailleurs par l'emploi du vin de gentiane et de feuilles de noyer. Je dois
+
faire remarquer, à cette occasion, que l'action antiscrofuleuse du tussilage se
+
manifeste beaucoup plus promptement que celle des feuilles de noyer et du
+
brou de noix, mais que celle-ci, pour se faire attendre, n'en est pas moins
+
efficace. Ces deux végétaux combinés, employés simultanément ou succes-
+
sivementdans les mêmes cas, offrent de grandes ressources aux praticiens
+
des campagnes dans le traitement des affections scrofuleuses. Les médecins
+
de nos cités craindront de vulgariser la médecine par l'emploi de remèdes
+
si simples; ils préféreront toujours, ainsi que leurs malades, les prépara-
+
tions d'iode, celles d'or, de baryum, etc., élégamment arrangées dans l'offi-
+
cine du pharmacien.
+
  
• A l'extérieur, on s'est servi des feuilles fraîches de tussilage en cataplasme
 
comme ^légèrement résolutif et maturatif. Hippocrate recommandait l'em-
 
P'oi delà décoction vineuse sur les plaies tendant à se transformer en ul-
 
,, es. La fumée de la plante desséchée a été recommandée contre l'odon-
 
talgie. Bodart employait la teinture alcoolique de tussilage en frictions ; la
 
Pdre «es feuilles, comme du tabac, dans le coryza ou pour dessécher
 
es ulcères; le décoctum vineux ou aqueux, ou le suc exprimé pour fomen-
 
™on sur les engorgements et les ulcères scrofuleux ; les feuilles crues ou
 
j-unes, pilées en cataplasme avec du miel, à la manière des anciens; la so-
 
10n de l'extrait dans l'huile en Uniment. Ces topiques paraissent, assez m-
 
downloadModeText.vue.download 1109 sur 1308
 
  
 +
== Pétasite ==
 +
Nom accepté : ''[[Petasites hybridus]]''
  
1080 VALÉRIANE.
+
'''TUSSILAGE PÉTASITE'''. — PÉTASITE. — HERBE AUX TEIGNEUX, AUX CHAPEAUX. — GRAND BONNET. (''Tussilago petasites'', L. ; ''petasites major et vulgaris'', G. Bauh., Tourn. ; ''petasites vulgaris rubens rotundiore folio''. J. Bauh.) — Cette plante vivace, incomplètement dioïque, croît dans une grande partie de la France, aux lieux humides, aux bords des fossés, des ruisseaux, des torrents. Les feuilles fraîches un peu écrasées plaisent aux bestiaux, les abeilles recherchent les fleurs.
  
signifiants et p.uvent être avantageusement remplacés par d'autres ni
+
'''Description'''. — Racines très-épaisses, longues, charnues, blanchâtres intérieurement, noirâtres en dehors. — Tiges de 20 à 50 centimètres, herbacées, pubescentes, simples, droites, épaisses, cotonneuses, garnies de squames ou écailles rougeâtres. - Feuilles radicales en rosette, longuement pétiolées, amples, ovales, cordiformes inégalement dentées, d'un vert foncé en dessus, pubescentes et blanchâtres en dessous. - Fleurs purpurines disposées en thyrse au sommet des tiges (mars-avril) ; involucre à un ou deux rangs de folioles ; réceptacle plan, demi-fleurons tubuleux, nombreux, tous femelles, à l'exception de quelques mâles placés au centre, ou tous mâles, sauf quelques-uns femelles à la circonférence ; stigmates des fleurs stériles, courts, obtus.
énergiques. - - 1 us
+
  
TUSSILAGE PËTAS1TE. — PÉTASITE. — HERBE AUX TEIGNEUX, AUX cm-
+
L'odeur et la saveur de cette plante sont plus développées que dans l'espèce précédente. La racine est amère, un peu aromatique et âcre.
PEAUX. — GRAND BONNET. (Tussilago petasites, L. ; pelasites major et vuharis
+
  
G. Bauh., Tourn. ; petasites vulgaris rubens rotundiore folio. J. Bauh.) "Ceflp
+
La racine de pétasite est regardée comme vermifuge, sudorifique, astringente. On a employé son infusion (10 à 15 gr. par 500 gr. d'eau) dans les fièvres miliaires, la scarlatine, la rougeole, les affections catarrhales pulmonaires, l'asthme humide, contre les vers, etc. Elle paraît plus active que celle du tussilage pas-d'âne, et pourrait être employée aux mêmes usages. Les fleurs sont réputées pectorales. Les feuilles ont été appliquées sur les gonflements goutteux pour en calmer les douleurs ; écrasées, en topique, pour résoudre les tumeurs, déterger les ulcères, etc.
  
plante vivace, incomplètement dioïque,' croît dans une grande partie de h
 
France, aux lieux humides, aux bords des fossés, des ruisseaux, des torrents
 
Les feuilles fraîches un peu écrasées plaisent aux bestiaux, les abeilles re-
 
cherchent les fleurs.
 
  
Description. — Racines très-épaisses, longues, charnues, blanchâtres intérieu-
+
== Pétasite odorant ==
rement, noirâtres en dehors. — Tiges de 20 à 50 centimètres, herbacées, pubescenles
+
Nom accepté : ''[[Petasites pyrenaicus]]''
simples, droites, épaisses, cotonneuses, garnies de squames ou écailles rougeâtres, -
+
Feuilles radicales en rosette, longuement péliolées, amples, ovales, cordiformes inéga-
+
lement dentées, d'un vert foncé en dessus, pubescenles et blanchâtres en dessous. -
+
Fleurs purpurines disposées en tbyrse au sommet des liges (mars-avril); involucreàun
+
ou deux rangs de folioles; réceptacle plan, demi-fleurons tubuleux, nombreux, tous fe-
+
melles, à l'exception de quelques mâles placés au centre, ou tous mâles, sauf quelques-
+
uns femelles à la circonférence; stigmates des fleurs stériles, courls, obtus.
+
  
L'odeur et la saveur de celte plante sont plus développées que dans l'espèce précé-
+
'''TUSSILAGE ODORANT'''. — HÉLIOTROPE D'HIVER. (''Tussilago fragrans''. Villars.) — Originaire des Basses-Alpes, cette plante est cultivée dans les jardins. J'en ai entouré une pièce d'eau à ma campagne.
dente. La racine est amère, un peu aromatique et acre.
+
  
La racine de pétasite est regardée comme vermifuge, sudorifique, astrin-
+
'''Description'''. — Racine noueuse et traçante. — Tige droite, striée, velue, de 30 centimètres environ. — Feuilles arrondies, échancrées en cœur à leur base, grandes, finement dentées à leur contour, molles, d'un beau vert en dessus, pubescentes et plus pâles en dessous ; pétioles dont la base est la tige. — Fleurs purpurines, réunies en thyrse, offrant l'odeur suave de l'héliotrope du Pérou.
gente. On a employé son infusion (10 à 15 gr. par 500 gr. d'eau) dans les
+
fièvres miliaires, la scarlatine, la rougeole, les affections catarrhales pulmo-
+
naires, l'asthme humide, contre les vers, etc. Elle paraît plus active que
+
celle du tussilage pas-d'âne, et pourrait être employée aux mômes usages.
+
Les fleurs sont réputées pectorales. Les feuilles ont été appliquées sur les
+
gonflements goutteux pour en calmer les douleurs; écrasées, en topique,
+
pour résoudre les tumeurs, déterger les ulcères, etc.
+
 
+
TUSSILAGE ODORANT. — HÉLIOTROPE D'HIVER. (Tussilagofragram.Yi-
+
lars.j — Originaire des Basses-Alpes, cette plante est cultivée dans les jar-
+
dins. J'en ai entouré une pièce d'eau à ma campagne.
+
 
+
Description. — Racine noueuse et traçante. — Tige droite, striée, velue, de
+
30 centimètres environ. —Feuilles arrondies, échancrées en coeur à leur base, grandes,
+
finement dentées à leur contour, molles, d'un beau vert en dessus, pubescenles et plus
+
pâles en dessous ; pétioles dont la base est la tige. — Fleurs purpurines, réunies en
+
Ihyrse, offrant l'odeur suave de l'héliotrope du Pérou.
+
  
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]

Version du 8 août 2014 à 17:20

Tulipier
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Valériane


[1076]

Tussilage

Nom accepté : Tussilago farfara

TUSSILAGE. Tussilago farfara. L.

Tussilago vulgaris. C. BAUH., TOURN. — Tussilago. CLUS. — Farfara. CŒSALP. — Bechium sive farfara. DOD. — Ungula caballina. TRAG. — Béchion (1). DIOSCOR. — Filius ante patrem.

Tussilage commun, — pas-d'âne, — pas-de-cheval, —herbe de Saint-Guérin, — taconnet, — procheton.

COMPOSÉES. — EUPATORIÉES. Fam. nat. — SYNGÉNÉSIE POLYGAMIE SUPERFLUE. L.


Le tussilage (Pl. XXXIX), plante vivace, se trouve aux bords des ruisseaux, des fontaines, des fossés, dans les terrains argileux, sur les coteaux humides et gras. Le nom de filius ante patrem, qui lui a été donné au moyen-âge, vient de ce que les fleurs paraissent avant les feuilles. Celui de pas-d'âne vient de la forme de ses feuilles, et celui de tussilage, de son emploi contre la toux.

Description. — Racines longues, grêles, traçantes, blanchâtres. — Tiges : hampes droites, simples, uniflores, fistuleuses, longues de 10 à 15 centimètres, garnies d'écailles membraneuses lancéolées. — Feuilles : toutes radicales, pétiolées, arrondies, cordiformes, lisses, dentées, d'un vert gai en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous. - Fleurs radiées, solitaires, d'un beau jaune de soufre, formées par la réunion d'une multitude de petites fleurs paraissant avant les feuilles (avril-mai). — Calice commun, à plusieurs folioles glabres, linéaires, disposées sur un seul rang, accompagnées à leur base de petites bractées à bords cotonneux. — Fleurons tantôt tous hermaphrodites, tantôt femelles, fertiles vers la circonférence, hermaphrodites dans le centre. — Cinq étamines syngénèses. — Un style. — Deux stigmates. — Fruits : akènes, oblongs, cylindriques, un peu striés, couronnés par des aigrettes simples et sessiles, quelquefois pédicellées.

Parties usitées. — Les feuilles, les fleurs, rarement les racines.

Récolte. — On récolte les fleurs en février, mars, avril ; les feuilles en été, les racines en automne ou au printemps, avant la floraison. Après avoir fait sécher les fleurs à l'étuve, il faut bien s'assurer si elles sont complètement sèches, car elles conservent souvent un fond d'humidité qui les détruit promptement.

[Culture. — Le tussilage croît sur les talus, dans les endroits humides. On ne le cultive que dans les jardins botaniques. On le propage par semis ; il se ressème lui-même.]

Propriétés physiques et chimiques. — Les fleurs ont une odeur forte, agréable, et une saveur douce et aromatique. (Analysées par Nayle (2), elles ont donné de la gomme, de l’inuline, des acides gallique et pectique, de l'extractif amer, de la résine, de l'huile fixe et des matières colorantes verte et jaune.) Les feuilles sont amères et mucilagineuses. Le sulfate de fer donne à la décoction de cette plante une couleur noire qui décèle la présence du tannin. Elle contient en outre un principe extractif.

La racine de tussilage, concassée et desséchée, prend feu comme de l'amadou, suivant Murray.

____________________

(1) Béchion, à cause de la propriété que cette plante a de calmer la toux, et dont les modernes ont fait dériver l'expression béchique, appliqué à tous les médicaments qui jouissent également de propriétés calmantes et expectorantes.

(2) Journal of the Marylands college of pharmacy, t. II, p. 73.


[1077]

PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTÉRIEUR. — Infusion théiforme des fleurs, 20 à 30 gr. par kilogramme d'eau bouillante.
Sirop des fleurs (1 sur 2 d'eau bouillante et 5 de sucre), 30 à 100 gr.
Suc des feuilles ou des fleurs, 30 à 60 gr., et plus.
Extrait des feuilles ou des fleurs, 5 à 10 gr., et plus.
Looch de farfara (pharmacopée de Wurtemberg), racine de tussilage décoctée dans

l'eau, pulpée, passée au crible, cuite en consistance de bouillie avec le double de miel.
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction des feuilles, 50 à 100 gr., et plus, par kilogramme d'eau, pour fomentations, lotions, injections, fumigations.
Feuilles pilées en cataplasme.
Feuilles sèches fumées comme du tabac.
Les fleurs entrent dans les espèces pectorales.


Les fleurs de tussilage ont toujours été placées en pharmacie parmi les espèces pectorales, telles que celles de mauve, de pied-de-chat, de bouillon blanc, de violette, etc. Les feuilles et les racines, dont les anciens faisaient usage, n'étaient plus usitées, lorsque Fuller (1) les recommanda comme un remède précieux contre les affections scrofuleuses.

Hippocrate employait la racine de tussilage associée au lait et au miel contre les ulcérations du poumon. Dioscoride, Galien et Pline parlent de la fumée des feuilles contre la toux et l'asthme, usage que Linné a retrouvé en Suède, où l'on fume ces feuilles en guise de tabac quand on a de la toux. Boyle (2) rendait ces fumigations plus actives contre la phthisie en ajoutant au tussilage de la fleur de soufre et du succin : Herbæ cum flore sulphuris et succino in pulverem comminuto mixtæ fumus ore haustus instar nicotianæ phthisim aliquando sanavit (3). Haller prétend avoir guéri plusieurs phthisiques par le seul emploi de cette plante.

(D'après Albrecht (4), on emploie le tussilago farfara au Japon contre cette même maladie.)

Fuller considérait la décoction des feuilles de tussilage comme pouvant seule guérir la phthisie scrofuleuse. Peyrilhe vante cette décoction concentrée ou le suc contre la même maladie, et le sceptique Cullen (S) dit que l'emploi de ces préparations a produit de bons effets flans les ulcères scrofuleux. Il avoue, toutefois, que ce moyen n'a pas toujours répondu à ses espérances. Meyer rapporte trois cas de scrofules guéris par ce végétal : le premier est relatif à un asthme avec toux, le second à un ulcère scrofuleux, le troisième à un exanthème également scrofuleux avec psorophthalmie, contre laquelle on lavait en même temps l'œil avec une décoction de tussilage. Allen (6) dit aussi que la décoction des feuilles de tussilage l'emporte sur tous les remèdes qu'on a connus jusqu'ici pour guérir les écrouelles. Bodart a recueilli, à l'hôpital Sainte-Claire de Pise, en Toscane, « une preuve sans réplique de son efficacité dans l'atonie du système capillaire sanguin et lymphatique, qui constitue essentiellement la diathèse dite scrofuleuse. » Cette preuve consiste dans une observation fort intéressante.

A son retour en France, Bodart s'est livré à de nouvelles expériences qui ont confirmé les heureux effets du tussilage dans le traitement des affections scrofuleuses. Les nombreux faits qui lui sont particuliers, et ceux que lui ont communiqués plusieurs praticiens, et notamment Gaultier de Claubry et Menuret, sont consignés dans son Essai sur les propriétés du tussilage (Paris, 1809). Cette plante possède à un haut degré, suivant Bodart, des pro-

____________________

(1) Médecine gymnastique, p. 93.

(2) De util. philos. nat., traduction latine publiée à Londres en 1692, de son ouvrage : Some considerations touching the usefulness of experimental nat. philosophy, etc. Oxford, 1633.

(3) Ray, Catal. plant., p. 297.

(4) Union médicale, 1863, t. XVIII, p. 485.

(5) Matière médicale, t. II, p. 482.

(6) Roques, Plantes usuelles, t. II, p 345.


[1078]

priétés toniques, incisives, résolutives et légèrement purgatives, selon les diverses manières de l'administrer.

Hufeland (1), et après lui Tourtelle (2), vantent les propriétés du tussilage contre les affections lymphatiques et scrofuleuses.

Le dernier auteur en aiguisait la décoction avec la potasse ou la soude. Baumes (3) dit que le tussilage est un très-bon remède contre les engorgements des glandes, les éruptions cutanées, et surtout contre les toux scrofuleuses et les affections des poumons. Il réussit très-bien, suivant lui, chez les enfants qui ont les poumons faibles, même lorsque la fièvre a commencé à s'établir. Il prescrit le suc frais des feuilles à la dose de 30 à 120 gr. dans la journée, ou la décoction des feuilles sèches lorsqu'on ne peut se procurer la plante fraîche. Alibert, sous les yeux duquel cette plante a été administrée dans diverses affections scrofuleuses, dit n'en avoir obtenu aucun résultat. Mérat et Delens la croient utile pour faciliter l'expectoration, sur la fin des catarrhes aigus. Fernel avait dit du tussilage : Inspirato fumo, pulmones tam blande expurgant, ut sine noxa omnes thoracis abcessus rumpere credantur (4). Trousseau et Pidoux ne mentionnent le tussilage que comme plante simplement émolliente, et le placent à côté de la mauve, de la guimauve, de la bourrache, etc. C'est ne tenir aucun cas des recherches et des observations de nos devanciers sur cette plante. Pour moi, j'avoue que les faits nombreux rapportés par des auteurs dignes de foi, et surtout les assertions du célèbre praticien Hufeland, ont ébranlé mon incrédulité, malgré deux essais infructueux. J'ai de nouveau employé le tussilage, et je m'en suis bien trouvé. J'ai pu me convaincre de l'efficacité de cette plante dans plusieurs cas d'affections scrofuleuses, où les traitements généralement connus et employés avaient échoué. Je citerai les suivants :

Premier cas. — La fille du sieur Bernard, de Boulogne, âgée de onze ans, d'une faible constitution, avait eu, pendant les premières années de son enfance, de l'impétigo, de fréquentes ophthalmies et des engorgements glanduleux au cou. On me la présenta en juillet 1854. Elle était alors atteinte d'une ophthalmie photophobique double ; les paupières étaient très-boursoufflées et érysipélateuses à leurs bords ; elle avait un engorgement glanduleux considérable des deux côtés du cou, sans changement de couleur à la peau. On avait inutilement employé contre cet état, qui datait d'environ six mois, l'infusion de houblon coupé avec du vin, le sirop de gentiane, l'huile de foie de morue et un régime tonique. Je mis immédiatement la malade à l'usage du suc de tussilage, à la dose de 60 gr., que j'augmentai graduellement jusqu'à celle de 180 gr. par jour. Dès le cinquième jour, il y avait amélioration, la malade commençait à ouvrir les yeux et supportait mieux la lumière. Il est vrai qu'une infusion de jusquiame, que je faisais appliquer sur les paupières, pouvait produire seule cette amélioration ; mais au quinzième jour du traitement, les glandes engorgées étaient diminuées de moitié, l'ophthalmie presque entièrement dissipée. Au bout de six semaines, la malade était complètement débarrassée et dans un état de santé des plus satisfaisants.

Deuxième cas. — Mlle D***, de Samer, âgée de quinze ans, d'une constitution grêle, d'un tempérament lymphatique, irrégulièrement mais abondamment menstruée, ayant eu des scrofuleux dans sa famille, était atteinte depuis près de huit mois, et à des degrés variables, d'une ophthalmie chronique de l'œil droit, avec photophobie. Elle avait, en outre, au dessous de l'oreille droite, une tumeur glanduleuse de la grosseur d'un œuf, des ulcé-

____________________

(1) Traité de la maladie scrofuleuse, traduit par Bousquet, p. 273.

(2) In A. Lorentz, Dissertation sur les maladies scrofuleuses, p. 20.

(3) Du vice scrofuleux, etc., p. 296.

(4) Univ. med., lib. V, cap. XXI, p. 265. Genevæ, 1680.


[1079]

rations crustacées dans les narines, avec gonflement et rougeur des ailes du nez et de la lèvre supérieure. Cet état, contre lequel on n'avait employé que l'huile de foie de morue à la dose d'une cuillerée à bouche par jour, mêlée à pareille quantité de sirop antiscorbutique, durait depuis près d'un an, lorsque dans les premiers jours de juin 1857 1a malade fut confiée à mes soins. Je prescrivis une forte décoction de feuilles fraîches de tussilage à prendre en quatre fois dans la journée. Au bout de dix jours de ce traitement, l'amélioration était sensible. On se bornait contre l'ophthalmie à l'application de la pommade antiophthalmique de Desault. Le trentième jour, l'ophthalmie et les ulcérations nasales étaient guéries ; la tumeur du cou était diminuée de moitié. On continua la décoction de tussilage, et l'on fit prendre en outre, chaque matin, un verre (environ 100 gr.) de suc de la même plante. Sous l'influence de cette médication, la tumeur diminua graduellement de volume dans l'espace d'un mois, et vers le 15 août, la résolution était complète. Depuis six mois, la guérison ne s'est point démentie.

Troisième cas. — Renaud, âgé de vingt ans, tempérament lymphatique, habitant le village marécageux de Nesles, était atteint depuis près de deux ans d'engorgements glanduleux au cou, qui, en s'abcédant successivement, avaient donné lieu à des ulcères sanieux, fongueux, avec décollement de la peau. Ces ulcères, de l'étendue d'une pièce de 2 fr. à celle de 5 fr., blafards, à bords cuivreux et décollés, étaient, au nombre de six lorsque je vis le malade pour la première fois, le 10 mai 1857. Le malade avait pris, très-irrégulièrement, il est vrai, l'huile de foie de morue, l'iodure de potassium et la décoction de feuilles de noyer. Après avoir cautérisé, ravivé les ulcères par le nitrate d'argent, et détruit au moyen du caustique de Vienne les parties de la peau non susceptibles d'adhérence et de cicatrisation, je mis le malade à l'usage du suc de tussilage, d'abord à la dose de 60 gr. chaque matin, et de la décoction de feuilles sèches de la même plante (50 gr. pour 1 kilogr. d'eau) pour boisson dans la journée. La dose du suc fut graduellement augmentée jusqu'à celle de 100 gr., à laquelle on était arrivé au quinzième jour du traitement, dont l'effet était déjà très-prononcé. Les ulcères, qui avaient changé d'aspect dès les huit premiers jours, marchaient vers la cicatrisation. Au bout de deux mois, il ne restait plus que quelques engorgements cellulaires, qui ont cédé à la continuation du traitement, complété d'ailleurs par l'emploi du vin de gentiane et de feuilles de noyer. Je dois faire remarquer, à cette occasion, que l'action antiscrofuleuse du tussilage se manifeste beaucoup plus promptement que celle des feuilles de noyer et du brou de noix, mais que celle-ci, pour se faire attendre, n'en est pas moins efficace. Ces deux végétaux combinés, employés simultanément ou successivement dans les mêmes cas, offrent de grandes ressources aux praticiens des campagnes dans le traitement des affections scrofuleuses. Les médecins de nos cités craindront de vulgariser la médecine par l'emploi de remèdes si simples ; ils préféreront toujours, ainsi que leurs malades, les préparations d'iode, celles d'or, de baryum, etc., élégamment arrangées dans l'officine du pharmacien.

A l'extérieur, on s'est servi des feuilles fraîches de tussilage en cataplasme comme légèrement résolutif et maturatif. Hippocrate recommandait l'emploi de la décoction vineuse sur les plaies tendant à se transformer en ulcères. La fumée de la plante desséchée a été recommandée contre l'odontalgie. Bodart employait la teinture alcoolique de tussilage en frictions ; la poudre des feuilles, comme du tabac, dans le coryza ou pour dessécher les ulcères; le décoctum vineux ou aqueux, ou le suc exprimé pour fomentation sur les engorgements et les ulcères scrofuleux ; les feuilles crues ou cuites, pilées en cataplasme avec du miel, à la manière des anciens; la solution de l'extrait dans l'huile en liniment. Ces topiques paraissent, assez in-


[1080]

signifiants et peuvent être avantageusement remplacés par d'autres plus énergiques.


Pétasite

Nom accepté : Petasites hybridus

TUSSILAGE PÉTASITE. — PÉTASITE. — HERBE AUX TEIGNEUX, AUX CHAPEAUX. — GRAND BONNET. (Tussilago petasites, L. ; petasites major et vulgaris, G. Bauh., Tourn. ; petasites vulgaris rubens rotundiore folio. J. Bauh.) — Cette plante vivace, incomplètement dioïque, croît dans une grande partie de la France, aux lieux humides, aux bords des fossés, des ruisseaux, des torrents. Les feuilles fraîches un peu écrasées plaisent aux bestiaux, les abeilles recherchent les fleurs.

Description. — Racines très-épaisses, longues, charnues, blanchâtres intérieurement, noirâtres en dehors. — Tiges de 20 à 50 centimètres, herbacées, pubescentes, simples, droites, épaisses, cotonneuses, garnies de squames ou écailles rougeâtres. - Feuilles radicales en rosette, longuement pétiolées, amples, ovales, cordiformes inégalement dentées, d'un vert foncé en dessus, pubescentes et blanchâtres en dessous. - Fleurs purpurines disposées en thyrse au sommet des tiges (mars-avril) ; involucre à un ou deux rangs de folioles ; réceptacle plan, demi-fleurons tubuleux, nombreux, tous femelles, à l'exception de quelques mâles placés au centre, ou tous mâles, sauf quelques-uns femelles à la circonférence ; stigmates des fleurs stériles, courts, obtus.

L'odeur et la saveur de cette plante sont plus développées que dans l'espèce précédente. La racine est amère, un peu aromatique et âcre.

La racine de pétasite est regardée comme vermifuge, sudorifique, astringente. On a employé son infusion (10 à 15 gr. par 500 gr. d'eau) dans les fièvres miliaires, la scarlatine, la rougeole, les affections catarrhales pulmonaires, l'asthme humide, contre les vers, etc. Elle paraît plus active que celle du tussilage pas-d'âne, et pourrait être employée aux mêmes usages. Les fleurs sont réputées pectorales. Les feuilles ont été appliquées sur les gonflements goutteux pour en calmer les douleurs ; écrasées, en topique, pour résoudre les tumeurs, déterger les ulcères, etc.


Pétasite odorant

Nom accepté : Petasites pyrenaicus

TUSSILAGE ODORANT. — HÉLIOTROPE D'HIVER. (Tussilago fragrans. Villars.) — Originaire des Basses-Alpes, cette plante est cultivée dans les jardins. J'en ai entouré une pièce d'eau à ma campagne.

Description. — Racine noueuse et traçante. — Tige droite, striée, velue, de 30 centimètres environ. — Feuilles arrondies, échancrées en cœur à leur base, grandes, finement dentées à leur contour, molles, d'un beau vert en dessus, pubescentes et plus pâles en dessous ; pétioles dont la base est la tige. — Fleurs purpurines, réunies en thyrse, offrant l'odeur suave de l'héliotrope du Pérou.