Dracontium polyphyllum (Pharmacopées en Guyane) : Différence entre versions

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(Noms vernaculaires)
 
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particulier ''Bothrops atrox'' (cf. étym). Tous désignent des ''Dracontium'' cependant que les Palikur nomment également du même mot ''Urospatha sagittifolia'' (cf. p. 182), en raison des pétioles marbrés de violet, très similaires chez les deux plantes. D’une façon générale, ces pétioles marbrés sont, selon la « théorie de la signature » (cf. p. 48), symboliquement associés à la robe des Crotalidés, à laquelle ils ressemblent d’ailleurs à s’y méprendre. Chez les Créoles, le tubercule est pilé et additionné de rhum (''tafia''). Le tout est appliqué fortement en cataplasme sur les piqûres de raie. On pratique le traitement trois fois par jour pendant trois journées consécutives. Le même traitement, préparé avec les feuilles ou les tubercules, avec ou sans alcool, est employé pour soigner les morsures de serpent. Pour faire sortir les échardes, on applique sur la peau un mélange de tubercule râpé et de suif <ref>Cet usage est également signalé chez les Aluku (FLEURY, 1991).</ref>.
 
particulier ''Bothrops atrox'' (cf. étym). Tous désignent des ''Dracontium'' cependant que les Palikur nomment également du même mot ''Urospatha sagittifolia'' (cf. p. 182), en raison des pétioles marbrés de violet, très similaires chez les deux plantes. D’une façon générale, ces pétioles marbrés sont, selon la « théorie de la signature » (cf. p. 48), symboliquement associés à la robe des Crotalidés, à laquelle ils ressemblent d’ailleurs à s’y méprendre. Chez les Créoles, le tubercule est pilé et additionné de rhum (''tafia''). Le tout est appliqué fortement en cataplasme sur les piqûres de raie. On pratique le traitement trois fois par jour pendant trois journées consécutives. Le même traitement, préparé avec les feuilles ou les tubercules, avec ou sans alcool, est employé pour soigner les morsures de serpent. Pour faire sortir les échardes, on applique sur la peau un mélange de tubercule râpé et de suif <ref>Cet usage est également signalé chez les Aluku (FLEURY, 1991).</ref>.
  
Les Palikur écrasent les longs pétioles de ''Dracontium'' ou d’''Urospatha'' et les mélangent au fiel d’un ''Bothrops'' avant de les appliquer en emplâtre sur sa morsure. On peut aussi se contenter dans l’urgence de presser la sève sur la morsure pour empêcher le venin de monter, ou d’amarrer un morceau de tige avec une liane fine. Outre leur usage alexitère, ces plantes peuvent être, l’une comme l’autre, écrasées ou frottées pour tuer les ''vers macaques'' (''Dermatobia hominis'') parasitant les hommes ou les asticots (''yuyen'') envahissant parfois les coussinets des pattes des chiens de chasse <ref>Selon DESCOURTILZ (1827-1833), le suc de cette plante serait toxique.</ref>. Toujours chez les Palikur, la macération du tubercule écrasé est employée pour soigner les clous aux yeux, les ''dépôts'' (''wahau'') ou pour servir de préventif (''awetuña kagait'') contre les infections des yeux. Enfin, selon BERTON (1997), le suc extrait des pétioles est appliqué sur les abcès gonflés de pus. Les Wayãpi se distinguent des autres populations en affirmant pour leur part que le contact avec cette plante, possédée par l’esprit des ''Bothrops'', fait courir le risque d’une morsure. Certains jeunes Wayãpi ayant eu contact avec des Créoles disent maintenant le contraire <ref>Une autre espèce, absente de la Guyane française, ''Dracontium loretense'' Krause, appelée « fer de lance» est utilisée pour ses propriétés alexitères, antivirales, toniques et anti-inflammatoires, au Brésil, en Équateur et au Pérou. Le pétiole présente des marbrures analogues à celle de ''D. polyphyllum''. En outre, les Péruviens l'utilisent comme antidiarrhéïque mais aussi pour soigner le sida, l'herpès et les hernies (DUKE et VASQUEZ, 1994).</ref>.
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Les Palikur écrasent les longs pétioles de ''Dracontium'' ou d’''Urospatha'' et les mélangent au fiel d’un ''Bothrops'' avant de les appliquer en emplâtre sur sa morsure. On peut aussi se contenter dans l’urgence de presser la sève sur la morsure pour empêcher le venin de monter, ou d’amarrer un morceau de tige avec une liane fine. Outre leur usage alexitère, ces plantes peuvent être, l’une comme l’autre, écrasées ou frottées pour tuer les ''vers macaques'' (''Dermatobia hominis'') parasitant les hommes ou les asticots (''yuyen'') envahissant parfois les coussinets des pattes des chiens de chasse <ref>Selon DESCOURTILZ (1827-1833), le suc de cette plante serait toxique.</ref>. Toujours chez les Palikur, la macération du tubercule écrasé est employée pour soigner les clous aux yeux, les ''dépôts'' (''wahau'') ou pour servir de préventif (''awetuña kagait'') contre les infections des yeux. Enfin, selon BERTON (1997), le suc extrait des pétioles est appliqué sur les abcès gonflés de pus. Les Wayãpi se distinguent des autres populations en affirmant pour leur part que le contact avec cette plante, possédée par l’esprit des ''Bothrops'', fait courir le risque d’une morsure. Certains jeunes Wayãpi ayant eu contact avec des Créoles disent maintenant le contraire <ref>Une autre espèce, absente de la Guyane française, [[Dracontium spruceanum|''Dracontium loretense'']] Krause, appelée « fer de lance » est utilisée pour ses propriétés alexitères, antivirales, toniques et anti-inflammatoires, au Brésil, en Équateur et au Pérou. Le pétiole présente des marbrures analogues à celle de ''D. polyphyllum''. En outre, les Péruviens l'utilisent comme antidiarrhéïque mais aussi pour soigner le sida, l'herpès et les hernies (DUKE et VASQUEZ, 1994).</ref>.
  
 
== Étymologie ==
 
== Étymologie ==

Version actuelle en date du 8 février 2020 à 22:17

Dracontium guianense
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Monstera adansonii


Dracontium polyphyllum. Feulle de serpentère (ou halbois)



Dracontium polyphyllum L.

Noms vernaculaires

  • Créole : serpentère [serpantè]. radié-serpent [radjé-serpan]. halbois, raie-bois [ral-bwa], bâton-parapluie [baton-parapli] (Ouanary).
  • Wayãpi : moy kala.
  • Palikur : uukpey, masas uukβey.
  • Aluku : kinotata taya, sineki taya.
  • Portugais : jararacatajá.

Écologie, morphologie

Plante au port élevé, fréquente dans les forêts secondarisées et dans les abattis ; elle est composée d’une seule grande feuille profondément séquée. Le pétiole de teinte foncée et marbré de taches plus claires, rappelle la peau d’un serpent.

Collections de référence

Grenand 1913 ; Jacquemin 2191, 2194 ; Moretti 496.

Emplois

Presque tous les noms locaux renvoient à une conjonction avec le serpent et en particulier Bothrops atrox (cf. étym). Tous désignent des Dracontium cependant que les Palikur nomment également du même mot Urospatha sagittifolia (cf. p. 182), en raison des pétioles marbrés de violet, très similaires chez les deux plantes. D’une façon générale, ces pétioles marbrés sont, selon la « théorie de la signature » (cf. p. 48), symboliquement associés à la robe des Crotalidés, à laquelle ils ressemblent d’ailleurs à s’y méprendre. Chez les Créoles, le tubercule est pilé et additionné de rhum (tafia). Le tout est appliqué fortement en cataplasme sur les piqûres de raie. On pratique le traitement trois fois par jour pendant trois journées consécutives. Le même traitement, préparé avec les feuilles ou les tubercules, avec ou sans alcool, est employé pour soigner les morsures de serpent. Pour faire sortir les échardes, on applique sur la peau un mélange de tubercule râpé et de suif [1].

Les Palikur écrasent les longs pétioles de Dracontium ou d’Urospatha et les mélangent au fiel d’un Bothrops avant de les appliquer en emplâtre sur sa morsure. On peut aussi se contenter dans l’urgence de presser la sève sur la morsure pour empêcher le venin de monter, ou d’amarrer un morceau de tige avec une liane fine. Outre leur usage alexitère, ces plantes peuvent être, l’une comme l’autre, écrasées ou frottées pour tuer les vers macaques (Dermatobia hominis) parasitant les hommes ou les asticots (yuyen) envahissant parfois les coussinets des pattes des chiens de chasse [2]. Toujours chez les Palikur, la macération du tubercule écrasé est employée pour soigner les clous aux yeux, les dépôts (wahau) ou pour servir de préventif (awetuña kagait) contre les infections des yeux. Enfin, selon BERTON (1997), le suc extrait des pétioles est appliqué sur les abcès gonflés de pus. Les Wayãpi se distinguent des autres populations en affirmant pour leur part que le contact avec cette plante, possédée par l’esprit des Bothrops, fait courir le risque d’une morsure. Certains jeunes Wayãpi ayant eu contact avec des Créoles disent maintenant le contraire [3].

Étymologie

  • Créole : serpentère, de « serpent » ; halbois, raie-bois, de raler, « haler, tirer », d’où « extraire » ; ce mot renvoie à l’utilisation médicinale pour extraire les échardes ; bâton-parapluie : le port général de la plante évoque un parapluie déployé.
  • Wayãpi : moy kala : moy, « serpent » (terme générique), kala, « igname, Dioscorea trifida », « l’igname des serpents ».
  • Palikur : uukwey, de uuk, « serpent Bothrops atrox » ; wey, de βey, « remède », « le remède contre le Bothrops » ; masas uukwey, de masas, « terme générique pour toutes les Aracées magiques », uukwey, cf. supra.

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  1. Cet usage est également signalé chez les Aluku (FLEURY, 1991).
  2. Selon DESCOURTILZ (1827-1833), le suc de cette plante serait toxique.
  3. Une autre espèce, absente de la Guyane française, Dracontium loretense Krause, appelée « fer de lance » est utilisée pour ses propriétés alexitères, antivirales, toniques et anti-inflammatoires, au Brésil, en Équateur et au Pérou. Le pétiole présente des marbrures analogues à celle de D. polyphyllum. En outre, les Péruviens l'utilisent comme antidiarrhéïque mais aussi pour soigner le sida, l'herpès et les hernies (DUKE et VASQUEZ, 1994).