Geissospermum laeve (Pharmacopées en Guyane) : Différence entre versions

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Version actuelle en date du 26 janvier 2020 à 19:03

Geissospermum argenteum
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Himatanthus articulatus
Geissospermum laeve. Gros fruits de maria congo Himantanthus



Geissospermum laeve (Thunb.) Miers

Noms vernaculaires

Mêmes noms vernaculaires que G. argenteum.

Écologie, morphologie

Grand arbre de la forêt primaire, assez commun.

Collection de référence

Moretti 887.

Emplois

Chez les Créoles, les écorces de tronc en macération dans le rhum ou le cognac sont réputées antipaludiques. Ces mêmes écorces en décoction sont données aux enfants comme vermifuge. Elles sont aussi utilisées comme antidiarrhéique [1].

Chez les Wayãpi, la décoction de l’écorce est bue contre les infections de la verge, le traitement est complété par un emplâtre d’écorce râpée appliqué sur le gland. L’utilisation de ce remède est contrôlée par les chamanes. La même décoction est utilisée en shampooing pour détruire les poux de tête.

Chez les Palikur, la même décoction est bue contre la fièvre (paludisme), les mauvaises digestions et les vers intestinaux. Enfin elle est utilisée en lavage contre la gale. Selon BERTON (1997), les Palikur préparent avec l’écorce sèche de la présente espèce, celle de Quassia amara (Simaroubacées) et des fragments de tige d’Aristolochia (Aristolochiacées), une macération qui est bue matin et soir pour traiter le diabète.

Bien que très connue de toutes les populations de Guyane, l’utilisation des Geissospermum n’apparaît que récemment dans les relevés botaniques ou ethnobotaniques. Elle est mentionnée pour la première fois, à notre connaissance, dans le rapport du docteur RICHARD (1937). Les différents flores et relevés botaniques - Flore de Guyane (LEMÉE, 1954-56), Flore du Surinam (1966) - ne mentionnent qu’une espèce : Geissospermum sericeum Benth. et Hook. f. ex Miers. De multiples observations sur le terrain nous ont montré que la drogue dénommée maria congo par les Créoles ou bita udu par les Bushi Nenge, correspond à G. argenteum et G. laeve, deux espèces fort semblables qui se distinguent notamment par l’aspect des feuilles et surtout par les fruits de taille très différente.

Il est à noter que de nouvelles collections sur des individus identités comme Geissospermum sericeum se sont avérées être Geissospermum laeve. Selon nous, la présence de G. sericeum en Guyane française n’est donc pas nettement établie [2], [3].

Chimie et pharmacologie

L’étude chimique de Geissospermum laeve a mis en évidence des alcaloïdes indoliques monomères et surtout dimères dont le principal est la geissospermine. Ces derniers alcaloïdes sont doués de propriétés hypotensives, cardio-dépressives et sympatholytiques. Ce sont également des dépresseurs de l’intestin isolé (PARIS et POINTET, 1954). Les alcaloïdes du type aspidospermine possèdent une action antimicrobienne, inférieure cependant aux antibiotiques courants (VERPOORTE et al, 1983). Se reporter à l’introduction sur cette famille.

L’intérêt pour ces espèces s’est trouvé renouvelé à la suite d’études pharmacologiques, démontrant une activité sur le virus HIV, résultats forts contestés depuis (BELJANSKI, 1994).

Plus récemment encore, une équipe italienne a présenté des résultats non encore publiés d’études cliniques sur la non-toxicité d’un extrait alcaloïdique de G. leave, ayant montré une activité sur le virus HIV (BAIOCCHI et GRANDI, 1997). Les résultats publiés jusqu’ici sur l’activité antipaludique des Geissospermum sont également contradictoires.

Il est possible que la confusion entre les espèces se retrouve aussi dans les échantillons ayant servi aux études chimiques réalisées jusqu’ici54. Elle pourrait être à l’origine des résultats parfois contradictoires obtenus dans les études chimiques et pharmacologiques jusqu’ici publiées.

Tests chimiques en fin d’ouvrage.

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  1. Nous avons aussi relevé une pratique assez dangereuse qui consiste à conserver 5, 7, voire 9 jours, une décoction de l'écorce, malgré le risque élevé de contamination bactérienne qu'elle présente.
  2. Quatre collections de Saül sont cependant considérées par S. Mori (comm. pers.) comme appartenant à Geissospermum sericeum. Seule une analyse génétique permettrait de trancher le débat.
  3. Les espèces du genre Geissospermum sont largement employées dans toute l'Amazonie comme antipaludique et antidysentérique. Elles sont caractérisées par un même tronc alvéolé remarquable et des écorces amères. Leur amertume est telle que la chair des singes atèles ou des tortues ayant mangé leurs fruits devient inconsommable par l'homme.
    Le genre comprend, selon la révision botanique la plus récente, cinq espèces, dont trois sont largement réparties. Les habitants de la Guyane et de la basse Amazonie regroupent l'ensemble des espèces sous un même nom, tel que maria congo en créole guyanais et pau-pereira au Brésil. En l'absence d'échantillons botaniques complets, elles sont en effet très difficilement distinguées par un non-spéclaliste.