Chélidoine (Cazin 1868) : Différence entre versions

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
Ligne 7 : Ligne 7 :
 
}}
 
}}
  
 
__TOC__
 
  
 
[278]
 
[278]
  
==Chélidoine==
+
== Chélidoine ==
  
 
Nom accepté : ''[[Chelidonium majus]]''
 
Nom accepté : ''[[Chelidonium majus]]''
  
CHÉLIDOINE. Chelidonium majus. L.
 
  
''Chelidonium majus vulgaris''. Bauh. — ''Chelidonium hæmatodes''. Mœnsch.
+
<center>CHÉLIDOINE. Chelidonium majus. L.
  
Grande chélidoine,— éclaire,— grande éclaire, — herbe d'hirondelle, — felougène, — felougne,
+
''Chelidonium majus vulgaris''. Bauh. — ''Chelidonium hæmatodes''. Mœnch.
 +
 
 +
Grande chélidoine, — éclaire, — grande éclaire, — herbe d'hirondelle, — felougène, — felougne,
 
herbe dentaire.
 
herbe dentaire.
  
PAPAVÉRACÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE MONOGYNIE. L.
+
PAPAVÉRACÉES. Fam. nat. — Polyandrie Monogynie. L.</center>
 +
 
  
 
Cette plante vivace (Pl. XIV) se trouve dans toute la France, dans les fossés humides, dans les haies, sur les vieux murs des jardins, dans les lieux incultes, dans les ruines et sur les rochers.
 
Cette plante vivace (Pl. XIV) se trouve dans toute la France, dans les fossés humides, dans les haies, sur les vieux murs des jardins, dans les lieux incultes, dans les ruines et sur les rochers.
  
'''Description'''. — Racine fusiforme, fibreuse, chevelue, dun brun rougeâtre. — Tige de 3 à 7 décimètres de hauteur, cylindrique, rameuse, grêle, fragile, pubescente, à longs poils épars, mous, étalés. — Folioles alternes, molles, glabres, glauques au-dessous, pétiolées, à 3-7 segments ovales, à lobes incisés, crénelés, pétiolulés ou décurrents sur la tige. — Fleurs jaunes, hermaphrodites, disposées en ombelles pauciflores à la partie supérieure des ramifications de la tige (avril-septembre). — Calice à deux
+
'''Description'''. — Racine fusiforme, fibreuse, chevelue, d'un brun rougeâtre. — Tige de 3 à 7 décimètres de hauteur, cylindrique, rameuse, grêle, fragile, pubescente, à longs poils épars, mous, étalés. — Folioles alternes, molles, glabres, glauques au-dessous, pétiolées, à 3-7 segments ovales, à lobes incisés, crénelés, pétiolulés ou décurrents sur la tige. — Fleurs jaunes, hermaphrodites, disposées en ombelles pauciflores à la partie supérieure des ramifications de la tige (avril-septembre). — Calice à deux
  
  
Ligne 38 : Ligne 38 :
 
['''Culture'''. — La chélidoine cultivée, que l'on ne trouve que dans les jardins botaniques, est moins active que celle qui vient spontanément dans les campagnes ; on la propage par division des pieds.]
 
['''Culture'''. — La chélidoine cultivée, que l'on ne trouve que dans les jardins botaniques, est moins active que celle qui vient spontanément dans les campagnes ; on la propage par division des pieds.]
  
'''Récolte'''. — La chélidoine qui a été récoltée dans un terrain sec ou sur de vieux murs est beaucoup plus active que celle qui a crû dans des lieux humides et ombragés. On ne doit la choisir ni trop jeune ni trop grande. Il ne faut pas la recueillir après la floraison. La dessiccation lui fait perdre une partie de son acreté, tandis qu'elle augmente au contraire son amertume. La racine, qui est considérée comme plus active que les autres parties de la plante, devient presque noire par la dessiccation.
+
'''Récolte'''. — La chélidoine qui a été récoltée dans un terrain sec ou sur de vieux murs est beaucoup plus active que celle qui a crû dans des lieux humides et ombragés. On ne doit la choisir ni trop jeune ni trop grande. Il ne faut pas la recueillir après la floraison. La dessiccation lui fait perdre une partie de son âcreté, tandis qu'elle augmente au contraire son amertume. La racine, qui est considérée comme plus active que les autres parties de la plante, devient presque noire par la dessiccation.
  
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — A l'état frais, la chélidoine exhale une odeur désagréable que Tournefort compare à celle des œufs couvés. Des incisions faites à la tige découle un suc jaune, caustique, d'une saveur âcre, tenace, très amère, et qui renferme le principe actif de la plante. Ce suc, exposé à l'air, s'épaissit, prend une couleur jaune, devient orange, puis brun, et ne se dissout plus que difficilement dans l'eau. La couleur de ce suc semble y indiquer la présence de la gomme-gutte ;
+
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — A l'état frais, la chélidoine exhale une odeur désagréable que Tournefort compare à celle des œufs couvés. Des incisions faites à la tige découle un suc jaune, caustique, d'une saveur âcre, tenace, très amère, et qui renferme le principe actif de la plante. Ce suc, exposé à l'air, s'épaissit, prend une couleur jaune, devient orange, puis brun, et ne se dissout plus que difficilement dans l'eau. La couleur de ce suc semble y indiquer la présence de la gomme-gutte ; et, en effet, Thomson assure qu'il en recèle. Chevallier et Lassaigne, qui ont analysé la chélidoine, y ont trouvé une substance résineuse amère, jaune, une matière gommo-résineuse jaune orangé, amère, nauséabonde, du citrate de chaux, du phosphate calcaire, de l'acide malique libre, du nitrate et de l'hydrochlorate de potasse, une substance mucilagineuse, de l'albumine et de la silice. Godefroy en a isolé, il y a quelques années, une matière blanche cristalline à laquelle il a donné le nom de ''Chélidonine'' et que l'on croît être le principe toxique de ce végétal.
et, en effet, Thomson assure qu'il en recèle. Chevallier et Lassaigne, qui ont analysé la chélidoine, y ont trouvé une substance résineuse amère, jaune, une matière gommo-résineuse jaune orangé, amère, nauséabonde, du citrate de chaux, du phosphate calcaire, de l'acide malique libre, du nitrate et de l'hydrochlorate de potasse, une substance mucilagineuse, de l'albumine et de la silice. Godefroy en a isolé, il y a quelques années, une matière blanche cristalline à laquelle il a donné le nom de ''Chélidonine'' et que l'on croît être le principe toxique de ce végétal.
+
  
[La ''chélidonine'' est solide, inodore, cristallisable, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et dans l'éther (sa formule = C<sup>40</sup>H<sup>20</sup>Az<sup>3</sup>O<sup>6</sup>) (Wiil) ; elle est accompagnée dans la chélidoine d'une autre base la ''chélérythrine'', découverte par Probst et Pollex ; d'après Schiel elle serait analogue à la sanguinarine extraite de la racine de sanguinaire du Canada
+
[La ''chélidonine'' est solide, inodore, cristallisable, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et dans l'éther (sa formule = C<sup>40</sup>H<sup>20</sup>Az<sup>3</sup>O<sup>6</sup>) (Wiil) ; elle est accompagnée dans la chélidoine d'une autre base la ''chélérythrine'', découverte par Probst et Pollex ; d'après Schiel elle serait analogue à la sanguinarine extraite de la racine de sanguinaire du Canada et aurait pour formule = C<sup>36</sup>H<sup>17</sup>AzO<sup>8</sup>. C'est un alcaloïde pulvérulent qui se colore en rouge par les vapeurs acides.
et aurait pour formule = C<sup>36</sup>H<sup>17</sup>AzO<sup>8</sup>. C'est un alcaloïde pulvérulent qui se colore en rouge par les vapeurs acides.
+
  
 
Probst a également trouvé dans la chélidoine en combinaison avec la chaux un acide qu'il a appelé ''chélidonique'', dont la formule =  C<sup>14</sup>H<sup>2</sup>O<sup>10</sup>3HO ; il cristallise en aiguilles incolores allongées, efflorescentes, solubles dans l'eau, l'alcool et les acides ; il est tribasique ; on l'y trouve avec les acides malique et citrique déjà signalés par Chevallier et
 
Probst a également trouvé dans la chélidoine en combinaison avec la chaux un acide qu'il a appelé ''chélidonique'', dont la formule =  C<sup>14</sup>H<sup>2</sup>O<sup>10</sup>3HO ; il cristallise en aiguilles incolores allongées, efflorescentes, solubles dans l'eau, l'alcool et les acides ; il est tribasique ; on l'y trouve avec les acides malique et citrique déjà signalés par Chevallier et
Ligne 51 : Ligne 49 :
 
(Mentionnons enfin la chélidoxanthine, matière colorante jaune et amère, extraite des feuilles et des fleurs.)
 
(Mentionnons enfin la chélidoxanthine, matière colorante jaune et amère, extraite des feuilles et des fleurs.)
  
l'RKPAlîATIOXS en.VRM.VCKLTIQLES ET DOSES.
+
 
A L'iNTKniEL'R. — hifusion ou décoction des
+
<center>PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.</center>
feuilles, 15 à 30 gr. par kilogramme d'eau
+
 
(par tasses).
+
{|align="center"
Décoction de la racine, 10 à 15 gr par. l<ilogranmic
+
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left; border-right: solid 1px black;" |
d'eau (par tasses en vingt-quatre
+
A L'INTERIEUR. — Infusion ou décoction des feuilles, 15 à 30 gr. par kilogramme d'eau (par tasses).<br \>
licures).
+
Décoction de la racine, 10 à 15 gr par. kilogramme d'eau (par tasses en vingt-quatre heures).<br \>
Suc exprimé, 50 centigr. à /( gr. dans de l'eau
+
Suc exprimé, 50 centigr. à 4 gr. dans de l'eau sucrée, en potion ou pur.<br \>
sucrée, en i)otiou ou pur.
+
Poudre de la racine, 2 à 3 gr. dans un véhicule, en pilules, électuaire.
Poudre de la racine, 2 à 3 gr. dans un véhicule,
+
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left;" |
en pilulis, électuai,:e.
+
Extrait (1 sur 10 d'eau), 25 centigr. à 10 gr. progressivement, ou suivant l'effet que l'on veut produire.<br \>
Extrait (1 sur 10 d'eauj, 25 centigr. à 10 gr.
+
Vin (15 à 50 gr. de racine pour 1 kilogr. de vin), 30 à 60 gr. chaque matin.<br \>
ju'ogiessivcmcnt, ou suivant l'eHut que l'on
+
A L'INTERIEUR. — Suc de la plante fraîche, ''Q. S.'' seul ou étendu dans l'eau, pour topique
veut produire.
+
rubéfiant ou stimulant de la peau. Pommade avec l'axonge et le suc ou l'extrait, décoction pour lotions, injections, etc.
Vin (15 à 50 gr. de racine pour 1 kilngr. de
+
|}
vin), 30 à 60 gr. chaque matin.
+
 
A L'KXTKiuEiit. — Suc de la plaite fiaîclie,
+
 
Q. S. seul ou étendu dans l'eau, po;ir topique
+
Le suc de chélidoine à haute dose est un poison irritant qui détermine
rubéfiant ou stimidaut de la peau. Pommade
+
des accidents mortels, soit qu'on l'administre à l'intérieur soit qu'on le
avec Taxonge et le suc ou l'extrait,
+
mette en contact avec le tissu cellulaire. Il tue les chiens à la dose de 60 à
décoction pour lotions, injections, etc.
+
90 gr. L'extrait aqueux préparé avec la plante fraîche est tout aussi vénéneux.
Le SUC de chélidoine à haiile dose est un poison irritant qui détermine
+
Il détermine une vive inflammation des organes digestifs, et, secon-
des accidents niorlels, soit qu'on radiuinisfre à l'inlérieiu% soit qu'on le
+
mette en contact avec le tissu cellulaire. Il tue les chiens à la dose de GO à
+
î)() gr. L'e.xlrait aqueux préparc avec la plante fraîche est tout aussi vénéneux.
+
11 détermine une vive inflammation des organes digestifs, el, secon
+
  
  
 
[280]
 
[280]
  
daircment, une irritation du système nerveux. Orfila ponsc que la chclidoine
+
dairement, une irritation du système nerveux. Orfila ponsc que la chélidoine
 
agit spécialement sur les poumons, car dans les cadavres des chiens
 
agit spécialement sur les poumons, car dans les cadavres des chiens
qui ont été empoisonnes avec le suc ou l'extrait de cette piaule, on trouve
+
qui ont été empoisonnés avec le suc ou l'extrait de cette plante, on trouve
 
en général ces organes livides, peu crépitants, et gorgés de sang.
 
en général ces organes livides, peu crépitants, et gorgés de sang.
Dans une observation d'empoisonnement de toute une famille par la chélidoine
+
 
(1), il y eut en même temps superpurgation et symptômes cérébraux
+
Dans une observation d'empoisonnement de toute une famille par la chélidoine<ref>''Philosophical Transactions'', t. XX, n° 242.</ref>, il y eut en même temps superpurgation et symptômes cérébraux
 
tout particuliers, du délire, des visions, etc.
 
tout particuliers, du délire, des visions, etc.
La chélidoine est donc considérée avec raison comme un poison narcolico-
+
 
âcre, dont l'action première est irritante et l'action secondaire ou par
+
La chélidoine est donc considérée avec raison comme un poison narcotico-âcre, dont l'action première est irritante et l'action secondaire ou par
absorption évidemment narcotique. La jjrédominance de l'une ou de l'autre
+
absorption évidemment narcotique. La prédominance de l'une ou de l'autre
action fournit les indications ;\ remplir dans celte espèce d'empoisonnement.
+
action fournit les indications à remplir dans cette espèce d'empoisonnement.
 
On devra donc faire cesser le plus tôt possible l'incitation locale par
 
On devra donc faire cesser le plus tôt possible l'incitation locale par
 
l'expulsion du poison au moyen de l'eau chaude simple ou mêlée à une certaine
 
l'expulsion du poison au moyen de l'eau chaude simple ou mêlée à une certaine
quantité d'albumine ou de miel, et en s'inlroduisant une plume ou les
+
quantité d'albumine ou de miel, et en s'introduisant une plume ou les
doigts dans la gorge. L'émélique, qui exerce primitivement une action irritante
+
doigts dans la gorge. L'émétique, qui exerce primitivement une action irritante
locale, et dont l'elfet secondaii'e est hyposlhénisant, nous paraît ne devoir
+
locale, et dont l'effet secondaire est hyposthénisant, nous paraît ne devoir
être ici employé qu'autant qu'il serait impossibl(> de provoquer le vomissement
+
être ici employé qu'autant qu'il serait impossible de provoquer le vomissement
 
par les moyens que nous venons d'indiquer. Après l'expulsion
 
par les moyens que nous venons d'indiquer. Après l'expulsion
du poison i)ar le vomissement, on condjat l'irritation subséquente par les
+
du poison par le vomissement, on combat l'irritation subséquente par les
boissons mueilagineuses, le lait, la décoction de guimauve ou de graine de
+
boissons mucilagineuses, le lait, la décoction de guimauve ou de graine de
lin, etc. A cause de l'elfet secondaire de l'empoisonnement, on ne doit employer
+
lin, etc. A cause de l'effet secondaire de l'empoisonnement, on ne doit employer
 
la saignée, soit générale, soit locale, lorsqu'elle semble indiquée,
 
la saignée, soit générale, soit locale, lorsqu'elle semble indiquée,
 
qu'avec une extrême réserve.
 
qu'avec une extrême réserve.
Loisque le poison n'a pu être promptement expulse, que son action sur
+
 
 +
Lorsque le poison n'a pu être promptement expulsé, que son action sur
 
les centres nerveux se manifeste par des symptômes cérébraux particuliers
 
les centres nerveux se manifeste par des symptômes cérébraux particuliers
 
et analogues à ceux que produisent les poisons narcotiques, tels que l'assoupissement,
 
et analogues à ceux que produisent les poisons narcotiques, tels que l'assoupissement,
 
le délire, les hallucinations, etc., on doit alors recourir aux
 
le délire, les hallucinations, etc., on doit alors recourir aux
 
moyens indiqués en pareil cas. On administrera le café, l'éther, le vin, les
 
moyens indiqués en pareil cas. On administrera le café, l'éther, le vin, les
spiritueux, le camphre à la dose de lo ;\ 20 centigr. répétée de temps en
+
spiritueux, le camphre à la dose de 15 à 20 centigr. répétée de temps en
 
temps dans une mixture mucilagineuse, ou donnée en lavement émollient,
 
temps dans une mixture mucilagineuse, ou donnée en lavement émollient,
et préalablement dissous dans un jaune d'oeuf. Les affusions froides, les
+
et préalablement dissous dans un jaune d'œuf. Les affusions froides, les
 
frictions stimulantes avec l'eau-de-vie, l'ammoniaque étendue dans l'eau, les
 
frictions stimulantes avec l'eau-de-vie, l'ammoniaque étendue dans l'eau, les
 
sinapismes ambulants, etc.
 
sinapismes ambulants, etc.
 +
 
La chélidoine, à dose thérapeutique, est excitante, diurétique et purgative.
 
La chélidoine, à dose thérapeutique, est excitante, diurétique et purgative.
 
Elle peut être utile dans les engorgements abdominaux, l'hydropisie,
 
Elle peut être utile dans les engorgements abdominaux, l'hydropisie,
 
l'ictère, les affections scrofuleuses, syphilitiques ou dartreuses, la goutte, la
 
l'ictère, les affections scrofuleuses, syphilitiques ou dartreuses, la goutte, la
gravelle,-etc. Les feuilles fraîches sont rubéfiantes et vésicantes. Le suc est
+
gravelle, etc. Les feuilles fraîches sont rubéfiantes et vésicantes. Le suc est
 
caustique et détersif, lorsqu'il est étendu dans l'eau.
 
caustique et détersif, lorsqu'il est étendu dans l'eau.
 +
 
La chélidoine, qui croît partout et que les anciens avaient parfaitement
 
La chélidoine, qui croît partout et que les anciens avaient parfaitement
 
appréciée, ne mérite pas l'oubli auquel elle a été condanmée par les médecins
 
appréciée, ne mérite pas l'oubli auquel elle a été condanmée par les médecins
 
modernes. Son énergie est très-grande et ses effets plus ou moins prononcés,
 
modernes. Son énergie est très-grande et ses effets plus ou moins prononcés,
 
suivant la dose à laquelle on l'administre et ses divers modes de
 
suivant la dose à laquelle on l'administre et ses divers modes de
pré|)aration. Une cuillerée de suc de chélidoine, dit Bodart, purge et fait
+
préparation. Une cuillerée de suc de chélidoine, dit Bodart, purge et fait
vomir. Il m'a sufli de celte dose mêlée avec autant d'eau sucrée pour obtenir
+
vomir. Il m'a suffi de cette dose mêlée avec autant d'eau sucrée pour obtenir
un effet éméto-catharlique violent chez une jeune fdle atteinte d'une fièvre
+
un effet éméto-cathartique violent chez une jeune fille atteinte d'une fièvre
quarte, avec gonflement de la rate et état cachectique très-pro!ioncé. La
+
quarte, avec gonflement de la rate et état cachectique très-prononcé. La
 
perturbation causée par l'action de ce médicament amena une grande amélioration
 
perturbation causée par l'action de ce médicament amena une grande amélioration
dans l'état de cette jeune fille. KWr n'éprcniva plus que de faibles
+
dans l'état de cette jeune fille. Elle n'éprouva plus que de faibles
accès qui, plus lard, cédèrent tout à fait à l'usage d'une forte décoction de
+
accès qui, plus tard, cédèrent tout à fait à l'usage d'une forte décoction de
 
trèfle d'eau et d'écorce de saule blanc.
 
trèfle d'eau et d'écorce de saule blanc.
Je crois, avec les anciens, qiu; les propriétés de la grande-éclaire sont
+
 
plus énergiques dans la racine. Galien et Dioscoride administraient celle
+
Je crois, avec les anciens, que les propriétés de la grande-éclaire sont
 +
plus énergiques dans la racine. Galien et Dioscoride administraient cette
 
racine en infusion dans du vin blanc, pour la guérison de l'ictère. Forestus
 
racine en infusion dans du vin blanc, pour la guérison de l'ictère. Forestus
la faisait bouillir dans la bière. Je l'ai employée de l'une et de l'autre raa-
+
la faisait bouillir dans la bière. Je l'ai employée de l'une et de l'autre ma-
(1) Philosophical Transactions, t. XX, n» 242.
+
 
 +
____________________
 +
 
 +
<references/>
  
  
 
[281]
 
[281]
  
nièrc, srion los circonstances et la position de fortune des malades, dans
+
nière, selon les circonstances et la position de fortune des malades, dans
riiydropisic et dans los embarras aloniques des viscères, qu'il est plus facile
+
l'hydropisie et dans les embarras atoniques des viscères, qu'il est plus facile
d'appi'écier chez le malade (jne (re.\pli(iuei', el ((lie l'on l'ciiconlre fiéquemmcnl
+
d'apprécier chez le malade que d'expliquer, et que l'on rencontre fréquemment
chez les pauvr(!s exposés à raclioii du froid humide et soumis à toutes
+
chez les pauvres exposés à l'action du froid humide et soumis à toutes
les aidres causes de d(>slinction qui \cs enlonicid.
+
les autres causes de destruction qui les entourent.
Lanf^e (1) cuqiloie de piél'éreiice l'exlrail de chélidoine prépara avec du
+
 
vin ù nu feu doux, et l'ordonne ù la dose de l ^m-. 20 cenlif,'r. à 1 gr.
+
Lange<ref>''Médecine domestique de Brunswick''.</ref> emploie de préférence l'extrait de chélidoine préparé avec du
50 ce.ili;;r. dissous dans de l'eau dislillée, que l'on fait j)i'en(lre au malade
+
vin à un feu doux, et l'ordonne à la dose de 4 gr. 20 centigr. à 1 gr.
cha(iue jour pendant plusieurs semaines, pour cctmhatlre l'ictère, les (i«'vres
+
50 centigr. dissous dans de l'eau distillée, que l'on fait prendre au malade
inlermitteides et les obstructions lentes des viscèi-es abdominaux. J'ai vu
+
chaque jour pendant plusieurs semaines, pour comhattre l'ictère, les fièvres
employer avec succès ^'onlre la };ravelle et l'hydropisie, par le conseil d'un
+
intermittentes et les obstructions lentes des viscères abdominaux. J'ai vu
f^uéiisseiu' de campafi;ne, la rai'ine de chélidoine infusée dans le vin blanc
+
employer avec succès contre la gravelle et l'hydropisie, par le conseil d'un
(30 ù 00 ,i;r. (le racine pour I kilogr. de vin); ce vin était pris :\ la dose de
+
guérisseur de campagne, la racine de chélidoine infusée dans le vin blanc
30 ù 90 'fiv. chaque matin, et agissait j\ la fois comme diurétique et comme
+
(30 à 60 gr. de racine pour 1 kilogr. de vin) ; ce vin était pris à la dose de
laxatil.
+
30 ù 90 gr. chaque matin, et agissait à la fois comme diurétique et comme
^ Joël (2) employait avec succès, dans l'ictère, l'hydropisie et les cachexies,
+
laxatif.
 +
 
 +
Joel<ref>''Oper. med.'', p. 363. Amstelod., 1663.</ref> employait avec succès, dans l'ictère, l'hydropisie et les cachexies,
 
un vin composé de racine de chélidoine et de baies de genévrier concassées,
 
un vin composé de racine de chélidoine et de baies de genévrier concassées,
de chaque 30 gr. el de 500 gr. de vin blanc. Je me suis bien trouvé de
+
de chaque 30 gr. et de 500 gr. de vin blanc. Je me suis bien trouvé de
 
l'usage de ce vin dans les hydropisies et dans la cachexie paludéenne. Dans
 
l'usage de ce vin dans les hydropisies et dans la cachexie paludéenne. Dans
celle dernière alfeclion j'y ajoutais fréquemment les feuilles de chaussctrape,
+
cette dernière affection j'y ajoutais fréquemment les feuilles de chaussetrape,
 
d'absinthe ou de petite centaurée.
 
d'absinthe ou de petite centaurée.
 +
 
On a pensé que la racine de chélidoine était le remède spécifique de Van
 
On a pensé que la racine de chélidoine était le remède spécifique de Van
Helmonl contre l'hydropisie ascitc.
+
Helmont contre l'hydropisie ascite.
 +
 
 
(Hufeland, Gilibert assurent avoir guéri des ictères chroniques par l'usage
 
(Hufeland, Gilibert assurent avoir guéri des ictères chroniques par l'usage
 
de la décoction de chélidoine. Pour le premier de ces observateurs, c'est
 
de la décoction de chélidoine. Pour le premier de ces observateurs, c'est
un médicament anlibilieux. Hademachcr, apologiste moderne de Paracelse
+
un médicament antibilieux. Rademacher, apologiste moderne de Paracelse<ref>''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', t. III, p. 368, 1855.</ref>, le range dans la classe des remèdes hépatiques particuliers. La teinture
(3), le range dans la classe des remèdes hépatiques particuliers. La teinture
+
 
est d'un usage journalier en Allemagne dans les affections du foie.
 
est d'un usage journalier en Allemagne dans les affections du foie.
 
Wagner et Linné ont employé la chélidoine avec succès dans les fièvres
 
Wagner et Linné ont employé la chélidoine avec succès dans les fièvres
intermittentes.) Ilécamier regardait aussi cette plante comme ayant sur les
+
intermittentes.) Récamier regardait aussi cette plante comme ayant sur les
 
engorgements indolents de la rate une action particulière.
 
engorgements indolents de la rate une action particulière.
Garancière (i) regarde la chélidoine comme très-utile dans toutes les maladies
+
Garancière<ref>''Traité de la consomption anglaise''.</ref> regarde la chélidoine comme très-utile dans toutes les maladies
 
chroniques de la poitrine.
 
chroniques de la poitrine.
Les paysans du Limousin, au rapport de Laruc-Dubarry (5), font prendre
+
 
une forte décoction de chéiiddine contre la dysenterie. Suivant instinctivement
+
Les paysans du Limousin, au rapport de Laruc-Dubarry<ref>''Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Vienne'', t. II, p. 18, 1850.</ref>, font prendre
la loi de la tolérance, ces bons paysans auraient [u fournir à un médecin
+
une forte décoction de chéiidoine contre la dysenterie. Suivant instinctivement
observateur la première idée de la reforme médicale qui a illustré le
+
la loi de la tolérance, ces bons paysans auraient pu fournir à un médecin
nom de Rnsori.
+
observateur la première idée de la réforme médicale qui a illustré le
 +
nom de Rasori.
 +
 
 
La chélidoine semble avoir sur le système lymphatique une propriété spéciale,
 
La chélidoine semble avoir sur le système lymphatique une propriété spéciale,
 
qui la rend efficace dans les engorgements glanduleux, les scrofules,
 
qui la rend efficace dans les engorgements glanduleux, les scrofules,
 
les affections cutanées chroniques, etc.
 
les affections cutanées chroniques, etc.
J'ai ado[)té dans l'administration de la chélidoine la méthode indiquée
+
 
 +
J'ai adopté dans l'administration de la chélidoine la méthode indiquée
 
par le professeur Wendt : j'exprime, en été, le suc de toute la plante, et le
 
par le professeur Wendt : j'exprime, en été, le suc de toute la plante, et le
môle ù une égale quantité de miel. La dose de ce mélange, qui d'abord est
+
mêle à une égale quantité de miel. La dose de ce mélange, qui d'abord est
 
de 8 gr., est graduellement portée à 16 gr. délayés dans une à deux cuillerées
 
de 8 gr., est graduellement portée à 16 gr. délayés dans une à deux cuillerées
 
d'eau. Au printemps et en automne, je n'emploie que le suc de la racine,
 
d'eau. Au printemps et en automne, je n'emploie que le suc de la racine,
el, en hiver, je donne l'extrait de la plante tout entière, dont je forme
+
et, en hiver, je donne l'extrait de la plante tout entière, dont je forme
des pilules de 10 ccntigr. ; je commence par en donner deux; puis j'arrive
+
des pilules de 10 centigr. ; je commence par en donner deux ; puis j'arrive
progressivement à dix, et je continue celte dose jusqu'à la guérison. Administrée
+
progressivement à dix, et je continue cette dose jusqu'à la guérison. Administrée
 
de cette manière, la chélidoine est un médicament d'autant plus
 
de cette manière, la chélidoine est un médicament d'autant plus
 
utile qu'on le trouve toujours sous la main. Je l'ai employée avec succès
 
utile qu'on le trouve toujours sous la main. Je l'ai employée avec succès
(1) Mi'fhcine domestique de Brunswick.
+
 
(2) Oper, med., p. 303. Amsielo '., 1663.
+
____________________
(3) Ikiue de thérapeutique médico-chirurgicale, t. III, p. 368, 1855.
+
 
{Il) Traité de la consomption anglaise.
+
<references/>
(5) Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Vienne, t. II, p. 18, 1850.
+
  
  
 
[282]
 
[282]
  
chez lin garçon de ferme, enfant de l'hospice, âgé de dix-sept ans, (run
+
chez un garçon de ferme, enfant de l'hospice, âgé de dix-sept ans, d'un
tempérament éminemment lymi)haliqiie , et atteint d'une dartre squameuse
+
tempérament éminemment lymphatique, et atteint d'une dartre squameuse
humide occupant les aines et la ])artie interne et supérieure des
+
humide occupant les aines et la partie interne et supérieure des
cuisses. Cette affection datait d'un an environ. Je conmiençai le traitement
+
cuisses. Cette affection datait d'un an environ. Je commençai le traitement
au mois de juin i8.'}3, en donnant d'abord G gr. de suc d'éclairc mêlé avec
+
au mois de juin 1833, en donnant d'abord 6 gr. de suc d'éclaire mêlé avec
autant de miel, et j'augmentai graduellement l't de manière qu'au quinzième
+
autant de miel, et j'augmentai graduellement et de manière qu'au quinzième
jour de traitement le malade en prenait 1^ gr. : ;\ cette époque l'amélioration
+
jour de traitement le malade en prenait 12 gr. : à cette époque l'amélioration
était sensible. Je fis alors prali([iu'r des onctions avec une pommade
+
était sensible. Je fis alors pratiquer des onctions avec une pommade
composée de suc de la menu- plante bouillie dans du saindoux jusqu'à consonq)
+
composée de suc de la même plante bouillie dans du saindoux jusqu'à consomption de ce suc, d'après le conseil d'un curé qui avait employé cette
lion de ce suc, d'après le conseil d'un curé qui avait employé cette
+
 
pommade dans des cas semblables. Au bout d'un mois de ce traitement,
 
pommade dans des cas semblables. Au bout d'un mois de ce traitement,
aussi simple que peu coûteux, la darire était entièrement guérie. Ce jeune
+
aussi simple que peu coûteux, la dartre était entièrement guérie. Ce jeune
 
homme, que j'ai revu depuis, jouit d'une très-bonne santé.
 
homme, que j'ai revu depuis, jouit d'une très-bonne santé.
Le suc de chélidoine, à la dose de 5 h Ogr. délayés dans 700 gr. de petitlait,
+
 
 +
Le suc de chélidoine, à la dose de 5 à 6 gr. délayés dans 700 gr. de petit-lait,
 
à prendre chaque jour, est un bon dépuratif contre les affections cutanées
 
à prendre chaque jour, est un bon dépuratif contre les affections cutanées
 
chroniques, les scrofules, etc. Ce même petit-lait, auquel on ajoute
 
chroniques, les scrofules, etc. Ce même petit-lait, auquel on ajoute
 
4 gr. de crème de tartre et 30 gr. de sirop de chicorée, m'a réussi dans un
 
4 gr. de crème de tartre et 30 gr. de sirop de chicorée, m'a réussi dans un
cas d'ictère, qui, pendant six mois, avait résisté ;\ un traitement rationnellement
+
cas d'ictère, qui, pendant six mois, avait résisté à un traitement rationnellement
 
dirigé.
 
dirigé.
 +
 
On attribuait jadis à la chélidoine, non-seulement une action stimulante
 
On attribuait jadis à la chélidoine, non-seulement une action stimulante
et diurétique, mais aussi une propriété sudorifique. Palmarius (1) dit que le
+
et diurétique, mais aussi une propriété sudorifique. Palmarius<ref>''Traité des maladies contagieuses'', c. xviii, p. 136.</ref> dit que le
 
suc de la racine de cette plante, exprimé et mêlé avec un peu de vin blanc
 
suc de la racine de cette plante, exprimé et mêlé avec un peu de vin blanc
 
ou du vinaigre rosat, a été d'un puissant secours pour quelques-uns, et a
 
ou du vinaigre rosat, a été d'un puissant secours pour quelques-uns, et a
 
chassé le poison par les sueurs. Le fameux Julien Paumiers, de la Faculté
 
chassé le poison par les sueurs. Le fameux Julien Paumiers, de la Faculté
 
de Paris, faisait grand cas du suc de la même racine dans la fièvre jaune.
 
de Paris, faisait grand cas du suc de la même racine dans la fièvre jaune.
La chélidoine est un purgatif prompt et certain que le médecin d(; campagne
+
La chélidoine est un purgatif prompt et certain que le médecin de campagne
 
peut employer dans presque tous les cas où ce genre de médication
 
peut employer dans presque tous les cas où ce genre de médication
 
est indiqué, et surtout dans les maladies chroniques. Cette propriété est due
 
est indiqué, et surtout dans les maladies chroniques. Cette propriété est due
Ligne 233 : Ligne 240 :
 
des évacuants exotiques. S'il nous venait de l'Amérique ou des
 
des évacuants exotiques. S'il nous venait de l'Amérique ou des
 
Indes, on le trouverait dans toutes les pharmacies, et tous les médecins le
 
Indes, on le trouverait dans toutes les pharmacies, et tous les médecins le
prescriraient. Quand donc finira cette cxoticomanic, qui rend la médecine
+
prescriraient. Quand donc finira cette ''exoticomanie'', qui rend la médecine
inacessible au pauvi-e, et la France tributaire de l'étranger pour des ressources
+
inacessible au pauvre, et la France tributaire de l'étranger pour des ressources
qu'elle possède et dont elle pourrait user à si bon marché?
+
qu'elle possède et dont elle pourrait user à si bon marché ?
Le suc ou l'extrait de grande-éclaire, mêlé avec le jaune d'oeuf, le mucilage
+
 
 +
Le suc ou l'extrait de grande-éclaire, mêlé avec le jaune d'œuf, le mucilage
 
de semence de coing, de racine de guimauve ou de graine de lin, dans
 
de semence de coing, de racine de guimauve ou de graine de lin, dans
 
suffisante quantité d'eau sucrée, forme la base d'une potion purgative,
 
suffisante quantité d'eau sucrée, forme la base d'une potion purgative,
Ligne 242 : Ligne 250 :
 
J'ai quelquefois employé avec succès comme vermifuge l'extrait de chélidoine
 
J'ai quelquefois employé avec succès comme vermifuge l'extrait de chélidoine
 
en pilules avec le calomel. L'usage de ces pilules, continué longtemps,
 
en pilules avec le calomel. L'usage de ces pilules, continué longtemps,
m'a réussi dans quelques affections scro'fuleuses et dartreuses présumées
+
m'a réussi dans quelques affections scrofuleuses et dartreuses présumées
 
d'origine syphilitique par hérédité, dans les engorgements chroniques
 
d'origine syphilitique par hérédité, dans les engorgements chroniques
 
du foie et de la rate, et dans les constipations opiniâtres dues à
 
du foie et de la rate, et dans les constipations opiniâtres dues à
Ligne 248 : Ligne 256 :
 
le protochlorure de mercure à petites doses, sans craindre son
 
le protochlorure de mercure à petites doses, sans craindre son
 
action sur la bouche. On sait qu'une petite quantité de calomel répétée et
 
action sur la bouche. On sait qu'une petite quantité de calomel répétée et
qui séjourne dans les jjremières voies, où elle est absorbée, cause plus facilement
+
qui séjourne dans les premières voies, où elle est absorbée, cause plus facilement
 
la salivation qu'une dose plus forte de cette substance déterminant
 
la salivation qu'une dose plus forte de cette substance déterminant
 
des contractions intestinales et la purgation.
 
des contractions intestinales et la purgation.
 +
 
J'ai aussi employé avec avantage, comme vermifuge, le suc de chélidoine
 
J'ai aussi employé avec avantage, comme vermifuge, le suc de chélidoine
pur ou en émulsion avec le jaune d'oeuf et une suffisante quantité d'eau et
+
pur ou en émulsion avec le jaune d'œuf et une suffisante quantité d'eau et
(1) Traité des maladies contagieuses, c. xviii, p. 136.
+
 
 +
____________________
 +
 
 +
<references/>
  
  
Ligne 259 : Ligne 271 :
  
 
de sucre, à la dose de 15 gouttes à une cuillerée à café pour les enfants, et
 
de sucre, à la dose de 15 gouttes à une cuillerée à café pour les enfants, et
jusqu'à une demi-cuillcrcc à boichc pour les adultes.
+
jusqu'à une demi-cuillérée à bouche pour les adultes.
A celte dernière dose, il est pnrf^atif et uiènu! éméto-cathartique. A
+
 
plus petite dose, il a}j;it eoniinc anlhchninthiquc, altrratit ou laxatif. Entre
+
A cette dernière dose, il est purgatif et même éméto-cathartique. A
autres faits puisés dans ni;i pratique, et (pic je pourrais citer, je rappc^rlerai
+
plus petite dose, il agit comme anthelminthique, altérant ou laxatif. Entre
 +
autres faits puisés dans ma pratique, et que je pourrais citer, je rapporterai
 
le suivant :
 
le suivant :
Une petite tille de M. Delapoterie, Jïgée de trois ans, i)àle, faible, ayant
+
 
les membres };ièles, le ventre gros sans être dur ni tendu, les pujjilles dilatées,
+
Une petite fille de M. Delapoterie, âgée de trois ans, pâle, faible, ayant
 +
les membres grêles, le ventre gros sans être dur ni tendu, les pupilles dilatées,
 
de la salivalion, le bout de la langue rouge, des grincements de dents
 
de la salivalion, le bout de la langue rouge, des grincements de dents
pendant le sommeil, avait rendu, dans une diarrhée (pii avait duré deux
+
pendant le sommeil, avait rendu, dans une diarrhée qui avait duré deux
jours, un lombric vivant. Je lui fis prendre le matin 10 gouttes de sue de
+
jours, un lombric vivant. Je lui fis prendre le matin 10 gouttes de suc de
chélidoine dans un peu de j.ume d'ceuf délayé avec deux cuillerées d'eau
+
chélidoine dans un peu de jaune d'œuf délayé avec deux cuillerées d'eau
sucrée. A midi, le même jour, l'enfant avait rendu, avec deux selles demiliquides,
+
sucrée. A midi, le même jour, l'enfant avait rendu, avec deux selles demi-liquides,
cinq lombrieoïdes deo;\ G pouces de longueur; une seconde dose,
+
cinq lombricoïdes de 5 à 6 pouces de longueur ; une seconde dose,
donnée le lendemain (de lo à 18 gouttes), procura l'expulsion de douze
+
donnée le lendemain (de l5 à 18 gouttes), procura l'expulsion de douze
 
autres vers de même longueur.
 
autres vers de même longueur.
(C'est ;\ titre de purgatif drasticjuc que la chélidoine peut avoir une certaine
+
 
influence dans l'aménorrhée) (1).
+
(C'est à titre de purgatif drastique que la chélidoine peut avoir une certaine
 +
influence dans l'aménorrhée)<ref>''Abeille médicale'', 1845, p. 153.</ref>.
 +
 
 
La chélidoine doit être maniée avec prudence. Administrée inconsidérément
 
La chélidoine doit être maniée avec prudence. Administrée inconsidérément
 
comme remède, elle a quelquefois produit l'empoisonnement. Pollet
 
comme remède, elle a quelquefois produit l'empoisonnement. Pollet
a observé un empoisonnement de ce genre (:2) chez une femme qui, malgré
+
a observé un empoisonnement de ce genre<ref>''Annales de la Société médicale d'observations de la Flandre occidentale'', 1849.</ref> chez une femme qui, malgré
 
ses soins, succomba sous la violence du poison.
 
ses soins, succomba sous la violence du poison.
Les anciens pi-éparaient dans un vase de cuivre un collyre composé de
+
 
 +
Les anciens préparaient dans un vase de cuivre un collyre composé de
 
suc de chélidoine et de miel. Je ne dirai pas, avec certains enthousiastes,
 
suc de chélidoine et de miel. Je ne dirai pas, avec certains enthousiastes,
 
que l'on a prévenu la cataracte et guéri des amauroses par l'usage interne
 
que l'on a prévenu la cataracte et guéri des amauroses par l'usage interne
Cl externe de cette plante; mais je puis affirmer que nos paysans ont souvent
+
et externe de cette plante ; mais je puis affirmer que nos paysans ont souvent
 
guéri des ophthalmies chroniques qui avaient résisté à toutes les ressources
 
guéri des ophthalmies chroniques qui avaient résisté à toutes les ressources
 
de l'oculistique, par la décoction de ses feuilles employée comme collyre.
 
de l'oculistique, par la décoction de ses feuilles employée comme collyre.
Ce moyen est tout fi fait populaire et a dû être connu de temps immémcjrial,
+
Ce moyen est tout à fait populaire et a dû être connu de temps immémorial,
ainsi que l'annonce le nom de gtande- éclaire , fondé sans doute sur une
+
ainsi que l'annonce le nom de ''grande-éclaire'', fondé sans doute sur une
])ropriélé constatée par l'expérience. Le suc, à la dose d'environ 4 gr.
+
propriété constatée par l'expérience. Le suc, à la dose d'environ 4 gr.
 
étendus dans 60 à 100 gr. d'eau fraîche ou d'eau distillée de roses, est,
 
étendus dans 60 à 100 gr. d'eau fraîche ou d'eau distillée de roses, est,
d'après Roques, un collyre efficace dans les ophthalmies serofuleuses, les
+
d'après Roques, un collyre efficace dans les ophthalmies scrofuleuses, les
ulcérations chroniques des paupières, poui-vu que rinflammation soit modérée.
+
ulcérations chroniques des paupières, pourvu que l'inflammation soit modérée.
 
J'ai moi-même employé avec succès le suc des feuilles de chélidoine,
 
J'ai moi-même employé avec succès le suc des feuilles de chélidoine,
 
étendu dans plus ou moins d'eau fraîche, en collyre pour les ulcères des
 
étendu dans plus ou moins d'eau fraîche, en collyre pour les ulcères des
paupières, les bléphariles muqueuses ou glanduleuses, les ophthalmies
+
paupières, les blépharites muqueuses ou glanduleuses, les ophthalmies
chroniques, les laies de la cornée et les restes du plérigion. L'emploi de ce
+
chroniques, les laies de la cornée et les restes du ptérigion. L'emploi de ce
collyre réclame de la circonspection : le suc pur de celte plante, en contact
+
collyre réclame de la circonspection : le suc pur de cette plante, en contact
avec la conjonctive, i)eut déterminer une vive irritation et même une inflammation
+
avec la conjonctive, peut déterminer une vive irritation et même une inflammation
 
grave de l'organe de la vue. Je pense néanmoins que le suc des
 
grave de l'organe de la vue. Je pense néanmoins que le suc des
 
feuilles de chélidoine, plus ou moins étendu dans l'eau et même pur, conviendrait,
 
feuilles de chélidoine, plus ou moins étendu dans l'eau et même pur, conviendrait,
instillé entre les paupières, dans l'oijhthalmie purulente des nouveaux-
+
instillé entre les paupières, dans l'ophthalmie purulente des nouveaux-nés ; c'est un moyen à essayer.
nés; c'est un moyen à essayer.
+
 
J'ai appliqué la racine fraîche de grande-éclairo sur les tumeurs scrofuleuse*
+
J'ai appliqué la racine fraîche de grande-éclaire sur les tumeurs scrofuleuses
ulcérécs; elles ont eu un effet marqué et à peu près semblable à celui
+
ulcérées ; elles ont eu un effet marqué et à peu près semblable à celui
 
que produit la racine d'arum employée de la même manière. Le suc des
 
que produit la racine d'arum employée de la même manière. Le suc des
 
feuilles et des racines de cette plante, pur ou mêlé avec plus ou moins
 
feuilles et des racines de cette plante, pur ou mêlé avec plus ou moins
Ligne 310 : Ligne 327 :
 
les déterge et les met dans des conditions qui en favorisent la
 
les déterge et les met dans des conditions qui en favorisent la
 
cicatrisation. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de constater les bons effets
 
cicatrisation. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de constater les bons effets
•de ces applications. Les injections de ce suc dans les ulcères sinueux
+
de ces applications. Les injections de ce suc dans les ulcères sinueux
(1) Abeille médicale, 18/i5, p. 153.
+
 
(2) Annales île la Société médicale d'observations de la Flandre oaileiUale, 18^9.
+
____________________
 +
 
 +
<references/>
  
  
 
[284]
 
[284]
  
pourraient, en déterminant nno irrilation plilegmasiquo do leurs parois, en
+
pourraient, en déterminant une irrilation phlegmasique de leurs parois, en
produire l'adhérence, si j'en juiie par l'essai que j'en ai fait dans un cas de
+
produire l'adhérence, si j'en juge par l'essai que j'en ai fait dans un cas de
décollement survenu à la suite (l'un abccs ouvert sponlanéiucnt à l'aisselle,
+
décollement survenu à la suite d'un abcès ouvert spontanément à l'aisselle,
 
entretenant une suppuration assez abondante depuis trois mois, et que j'ai
 
entretenant une suppuration assez abondante depuis trois mois, et que j'ai
guéri par ce moyen. Je laissais séjcnu-ncr le suc injecté jusqu'à production
+
guéri par ce moyen. Je laissais séjourner le suc injecté jusqu'à production
de la chaleur et de la doiileur, ce qui .nvait lieu au bout de deux à trois minutes.
+
de la chaleur et de la douleur, ce qui avait lieu au bout de deux à trois minutes.
J'exerçais ensuite une compression graduée. (Ferncl avait déjà dit :
+
J'exerçais ensuite une compression graduée. (Fernel avait déjà dit :
Sinus q>:oquc et fistuJas e.rpurgat, etc.)
+
''Sinus quoque et fistulas expurgat'', etc.)
 +
 
 
J'ai usé plusieurs fois avec succès contre la teigne d'une pommade composée
 
J'ai usé plusieurs fois avec succès contre la teigne d'une pommade composée
 
de parties égales de suc de chélidoine, de savon blanc et de pommade
 
de parties égales de suc de chélidoine, de savon blanc et de pommade
 
camphrée (15 gr. de camphre pour 50 gr. d'axonge). Après avoir mis
 
camphrée (15 gr. de camphre pour 50 gr. d'axonge). Après avoir mis
le cuir chevelu à nu, an moyen de cataplasmes émoUicnls, je le lais lolionnfr
+
le cuir chevelu à nu, au moyen de cataplasmes émollients, je le fais lotionner
 
avec une forte décoction de feuilles fraîches de chélidoine pendant six à
 
avec une forte décoction de feuilles fraîches de chélidoine pendant six à
 
huit minutes, et je frictionne ensuite toute la partie malade avec la pommade
 
huit minutes, et je frictionne ensuite toute la partie malade avec la pommade
 
indiquée. Ce pansement est répété chaque matin. La guérison a été
 
indiquée. Ce pansement est répété chaque matin. La guérison a été
obtenue du quinzième au Ircnlièmc jour.
+
obtenue du quinzième au trentième jour.
 +
 
 
J'ai vu mettre en usage avec succès, pour provoquer l'écoulement des
 
J'ai vu mettre en usage avec succès, pour provoquer l'écoulement des
 
règles, un pédiluve préparé avec une grande quantité de chélidoine fraîche
 
règles, un pédiluve préparé avec une grande quantité de chélidoine fraîche
 
en décoction dans une suffisante quantité d'eau. Ce pédiluve gonfle promptement
 
en décoction dans une suffisante quantité d'eau. Ce pédiluve gonfle promptement
les veines des extrémités inférieures et leur donne Tapparence d'une
+
les veines des extrémités inférieures et leur donne l'apparence d'une
dilatation variqueuse. On pourrait l'cmijloyer dans tous les cas où les bains
+
dilatation variqueuse. On pourrait l'employer dans tous les cas où les bains
de pi(Hls ii-ritants sont indiqués.
+
de pieds irritants sont indiqués.
(Fabre recommande (I), comme topique antiherpétique, appliqué à 1' ide
+
 
d'un pinceau sur les points malades, un glycérolé (le chélidoine ainsi formé :
+
(Fabre recommande (1)<ref></ref>, comme topique antiherpétique, appliqué à l'aide
glycérine, 15 gr.; extrait de chélidoine maj., 2 gr.; acide tannique, 2 gr.;
+
d'un pinceau sur les points malades, un glycérolé de chélidoine ainsi formé :
alcool de chélidoine maj., Q. S.)
+
glycérine, 15 gr. ; extrait de chélidoine maj., 2 gr. ; acide tannique, 2 gr. ;
 +
alcool de chélidoine maj., ''Q. S.'')
 +
 
 
On applique le suc de grande-éclaire pour détruire les verrues et les cors,
 
On applique le suc de grande-éclaire pour détruire les verrues et les cors,
 
mais son action, trop faible pour cela, est assez forte pour enflammer les
 
mais son action, trop faible pour cela, est assez forte pour enflammer les
 
parties voisines et augmenter le mal au lieu de le détruire.
 
parties voisines et augmenter le mal au lieu de le détruire.
 +
 
(Selon quelques expériences qui nous sont propres, mais qui sont trop
 
(Selon quelques expériences qui nous sont propres, mais qui sont trop
 
peu nombreuses pour nous permettre d'affirmer quoi que ce soit, la chélidoine
 
peu nombreuses pour nous permettre d'affirmer quoi que ce soit, la chélidoine
 
aurait les propriétés d'un éméto-cathartique très-violent, irritant fortement
 
aurait les propriétés d'un éméto-cathartique très-violent, irritant fortement
le tube digestif. Probst a reconnu à la chcicrythrinc une action narcotique.)
+
le tube digestif. Probst a reconnu à la ''chélérythrine'' une action narcotique.)
  
  
 
[[Catégorie:Cazin 1868|Chelidoine]]
 
[[Catégorie:Cazin 1868|Chelidoine]]

Version du 6 mars 2016 à 23:31

Chausse-trappe
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Chêne


[278]

Chélidoine

Nom accepté : Chelidonium majus


CHÉLIDOINE. Chelidonium majus. L.

Chelidonium majus vulgaris. Bauh. — Chelidonium hæmatodes. Mœnch.

Grande chélidoine, — éclaire, — grande éclaire, — herbe d'hirondelle, — felougène, — felougne, herbe dentaire.

PAPAVÉRACÉES. Fam. nat. — Polyandrie Monogynie. L.


Cette plante vivace (Pl. XIV) se trouve dans toute la France, dans les fossés humides, dans les haies, sur les vieux murs des jardins, dans les lieux incultes, dans les ruines et sur les rochers.

Description. — Racine fusiforme, fibreuse, chevelue, d'un brun rougeâtre. — Tige de 3 à 7 décimètres de hauteur, cylindrique, rameuse, grêle, fragile, pubescente, à longs poils épars, mous, étalés. — Folioles alternes, molles, glabres, glauques au-dessous, pétiolées, à 3-7 segments ovales, à lobes incisés, crénelés, pétiolulés ou décurrents sur la tige. — Fleurs jaunes, hermaphrodites, disposées en ombelles pauciflores à la partie supérieure des ramifications de la tige (avril-septembre). — Calice à deux


[279]

sépales libres, caducs, convexes, jaunâtres. — Corolle à quatre pétales ouverts, entiers, plus étroits à la hase, obovales. — Etamines en nombre indéfini, hypogines, libres, égales. — Anthères bilobées, intorses. — Ovaire libre, allongé, composé de deux carpelles séparés par une fausse cloison incomplète, multiovulée. — Deux stigmates sessiles, persistants, bilobés. — Fruit sec, polysperme, linéaire, siliquiforme, souvent à deux valves se détachant de la base au sommet, en laissant persister le châssis formé par les placentas. — Graines oblongues, luisantes, noirâtres, munies d'une arille blanche placée vers le hile.

Parties usitées. — La racine, l'herbe et les fleurs.

[Culture. — La chélidoine cultivée, que l'on ne trouve que dans les jardins botaniques, est moins active que celle qui vient spontanément dans les campagnes ; on la propage par division des pieds.]

Récolte. — La chélidoine qui a été récoltée dans un terrain sec ou sur de vieux murs est beaucoup plus active que celle qui a crû dans des lieux humides et ombragés. On ne doit la choisir ni trop jeune ni trop grande. Il ne faut pas la recueillir après la floraison. La dessiccation lui fait perdre une partie de son âcreté, tandis qu'elle augmente au contraire son amertume. La racine, qui est considérée comme plus active que les autres parties de la plante, devient presque noire par la dessiccation.

Propriétés physiques et chimiques. — A l'état frais, la chélidoine exhale une odeur désagréable que Tournefort compare à celle des œufs couvés. Des incisions faites à la tige découle un suc jaune, caustique, d'une saveur âcre, tenace, très amère, et qui renferme le principe actif de la plante. Ce suc, exposé à l'air, s'épaissit, prend une couleur jaune, devient orange, puis brun, et ne se dissout plus que difficilement dans l'eau. La couleur de ce suc semble y indiquer la présence de la gomme-gutte ; et, en effet, Thomson assure qu'il en recèle. Chevallier et Lassaigne, qui ont analysé la chélidoine, y ont trouvé une substance résineuse amère, jaune, une matière gommo-résineuse jaune orangé, amère, nauséabonde, du citrate de chaux, du phosphate calcaire, de l'acide malique libre, du nitrate et de l'hydrochlorate de potasse, une substance mucilagineuse, de l'albumine et de la silice. Godefroy en a isolé, il y a quelques années, une matière blanche cristalline à laquelle il a donné le nom de Chélidonine et que l'on croît être le principe toxique de ce végétal.

[La chélidonine est solide, inodore, cristallisable, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et dans l'éther (sa formule = C40H20Az3O6) (Wiil) ; elle est accompagnée dans la chélidoine d'une autre base la chélérythrine, découverte par Probst et Pollex ; d'après Schiel elle serait analogue à la sanguinarine extraite de la racine de sanguinaire du Canada et aurait pour formule = C36H17AzO8. C'est un alcaloïde pulvérulent qui se colore en rouge par les vapeurs acides.

Probst a également trouvé dans la chélidoine en combinaison avec la chaux un acide qu'il a appelé chélidonique, dont la formule = C14H2O103HO ; il cristallise en aiguilles incolores allongées, efflorescentes, solubles dans l'eau, l'alcool et les acides ; il est tribasique ; on l'y trouve avec les acides malique et citrique déjà signalés par Chevallier et Lassaigne.

(Mentionnons enfin la chélidoxanthine, matière colorante jaune et amère, extraite des feuilles et des fleurs.)


PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTERIEUR. — Infusion ou décoction des feuilles, 15 à 30 gr. par kilogramme d'eau (par tasses).
Décoction de la racine, 10 à 15 gr par. kilogramme d'eau (par tasses en vingt-quatre heures).
Suc exprimé, 50 centigr. à 4 gr. dans de l'eau sucrée, en potion ou pur.
Poudre de la racine, 2 à 3 gr. dans un véhicule, en pilules, électuaire.

Extrait (1 sur 10 d'eau), 25 centigr. à 10 gr. progressivement, ou suivant l'effet que l'on veut produire.
Vin (15 à 50 gr. de racine pour 1 kilogr. de vin), 30 à 60 gr. chaque matin.
A L'INTERIEUR. — Suc de la plante fraîche, Q. S. seul ou étendu dans l'eau, pour topique rubéfiant ou stimulant de la peau. Pommade avec l'axonge et le suc ou l'extrait, décoction pour lotions, injections, etc.


Le suc de chélidoine à haute dose est un poison irritant qui détermine des accidents mortels, soit qu'on l'administre à l'intérieur soit qu'on le mette en contact avec le tissu cellulaire. Il tue les chiens à la dose de 60 à 90 gr. L'extrait aqueux préparé avec la plante fraîche est tout aussi vénéneux. Il détermine une vive inflammation des organes digestifs, et, secon-


[280]

dairement, une irritation du système nerveux. Orfila ponsc que la chélidoine agit spécialement sur les poumons, car dans les cadavres des chiens qui ont été empoisonnés avec le suc ou l'extrait de cette plante, on trouve en général ces organes livides, peu crépitants, et gorgés de sang.

Dans une observation d'empoisonnement de toute une famille par la chélidoine[1], il y eut en même temps superpurgation et symptômes cérébraux tout particuliers, du délire, des visions, etc.

La chélidoine est donc considérée avec raison comme un poison narcotico-âcre, dont l'action première est irritante et l'action secondaire ou par absorption évidemment narcotique. La prédominance de l'une ou de l'autre action fournit les indications à remplir dans cette espèce d'empoisonnement. On devra donc faire cesser le plus tôt possible l'incitation locale par l'expulsion du poison au moyen de l'eau chaude simple ou mêlée à une certaine quantité d'albumine ou de miel, et en s'introduisant une plume ou les doigts dans la gorge. L'émétique, qui exerce primitivement une action irritante locale, et dont l'effet secondaire est hyposthénisant, nous paraît ne devoir être ici employé qu'autant qu'il serait impossible de provoquer le vomissement par les moyens que nous venons d'indiquer. Après l'expulsion du poison par le vomissement, on combat l'irritation subséquente par les boissons mucilagineuses, le lait, la décoction de guimauve ou de graine de lin, etc. A cause de l'effet secondaire de l'empoisonnement, on ne doit employer la saignée, soit générale, soit locale, lorsqu'elle semble indiquée, qu'avec une extrême réserve.

Lorsque le poison n'a pu être promptement expulsé, que son action sur les centres nerveux se manifeste par des symptômes cérébraux particuliers et analogues à ceux que produisent les poisons narcotiques, tels que l'assoupissement, le délire, les hallucinations, etc., on doit alors recourir aux moyens indiqués en pareil cas. On administrera le café, l'éther, le vin, les spiritueux, le camphre à la dose de 15 à 20 centigr. répétée de temps en temps dans une mixture mucilagineuse, ou donnée en lavement émollient, et préalablement dissous dans un jaune d'œuf. Les affusions froides, les frictions stimulantes avec l'eau-de-vie, l'ammoniaque étendue dans l'eau, les sinapismes ambulants, etc.

La chélidoine, à dose thérapeutique, est excitante, diurétique et purgative. Elle peut être utile dans les engorgements abdominaux, l'hydropisie, l'ictère, les affections scrofuleuses, syphilitiques ou dartreuses, la goutte, la gravelle, etc. Les feuilles fraîches sont rubéfiantes et vésicantes. Le suc est caustique et détersif, lorsqu'il est étendu dans l'eau.

La chélidoine, qui croît partout et que les anciens avaient parfaitement appréciée, ne mérite pas l'oubli auquel elle a été condanmée par les médecins modernes. Son énergie est très-grande et ses effets plus ou moins prononcés, suivant la dose à laquelle on l'administre et ses divers modes de préparation. Une cuillerée de suc de chélidoine, dit Bodart, purge et fait vomir. Il m'a suffi de cette dose mêlée avec autant d'eau sucrée pour obtenir un effet éméto-cathartique violent chez une jeune fille atteinte d'une fièvre quarte, avec gonflement de la rate et état cachectique très-prononcé. La perturbation causée par l'action de ce médicament amena une grande amélioration dans l'état de cette jeune fille. Elle n'éprouva plus que de faibles accès qui, plus tard, cédèrent tout à fait à l'usage d'une forte décoction de trèfle d'eau et d'écorce de saule blanc.

Je crois, avec les anciens, que les propriétés de la grande-éclaire sont plus énergiques dans la racine. Galien et Dioscoride administraient cette racine en infusion dans du vin blanc, pour la guérison de l'ictère. Forestus la faisait bouillir dans la bière. Je l'ai employée de l'une et de l'autre ma-

____________________

  1. Philosophical Transactions, t. XX, n° 242.


[281]

nière, selon les circonstances et la position de fortune des malades, dans l'hydropisie et dans les embarras atoniques des viscères, qu'il est plus facile d'apprécier chez le malade que d'expliquer, et que l'on rencontre fréquemment chez les pauvres exposés à l'action du froid humide et soumis à toutes les autres causes de destruction qui les entourent.

Lange[1] emploie de préférence l'extrait de chélidoine préparé avec du vin à un feu doux, et l'ordonne à la dose de 4 gr. 20 centigr. à 1 gr. 50 centigr. dissous dans de l'eau distillée, que l'on fait prendre au malade chaque jour pendant plusieurs semaines, pour comhattre l'ictère, les fièvres intermittentes et les obstructions lentes des viscères abdominaux. J'ai vu employer avec succès contre la gravelle et l'hydropisie, par le conseil d'un guérisseur de campagne, la racine de chélidoine infusée dans le vin blanc (30 à 60 gr. de racine pour 1 kilogr. de vin) ; ce vin était pris à la dose de 30 ù 90 gr. chaque matin, et agissait à la fois comme diurétique et comme laxatif.

Joel[2] employait avec succès, dans l'ictère, l'hydropisie et les cachexies, un vin composé de racine de chélidoine et de baies de genévrier concassées, de chaque 30 gr. et de 500 gr. de vin blanc. Je me suis bien trouvé de l'usage de ce vin dans les hydropisies et dans la cachexie paludéenne. Dans cette dernière affection j'y ajoutais fréquemment les feuilles de chaussetrape, d'absinthe ou de petite centaurée.

On a pensé que la racine de chélidoine était le remède spécifique de Van Helmont contre l'hydropisie ascite.

(Hufeland, Gilibert assurent avoir guéri des ictères chroniques par l'usage de la décoction de chélidoine. Pour le premier de ces observateurs, c'est un médicament antibilieux. Rademacher, apologiste moderne de Paracelse[3], le range dans la classe des remèdes hépatiques particuliers. La teinture est d'un usage journalier en Allemagne dans les affections du foie. Wagner et Linné ont employé la chélidoine avec succès dans les fièvres intermittentes.) Récamier regardait aussi cette plante comme ayant sur les engorgements indolents de la rate une action particulière. Garancière[4] regarde la chélidoine comme très-utile dans toutes les maladies chroniques de la poitrine.

Les paysans du Limousin, au rapport de Laruc-Dubarry[5], font prendre une forte décoction de chéiidoine contre la dysenterie. Suivant instinctivement la loi de la tolérance, ces bons paysans auraient pu fournir à un médecin observateur la première idée de la réforme médicale qui a illustré le nom de Rasori.

La chélidoine semble avoir sur le système lymphatique une propriété spéciale, qui la rend efficace dans les engorgements glanduleux, les scrofules, les affections cutanées chroniques, etc.

J'ai adopté dans l'administration de la chélidoine la méthode indiquée par le professeur Wendt : j'exprime, en été, le suc de toute la plante, et le mêle à une égale quantité de miel. La dose de ce mélange, qui d'abord est de 8 gr., est graduellement portée à 16 gr. délayés dans une à deux cuillerées d'eau. Au printemps et en automne, je n'emploie que le suc de la racine, et, en hiver, je donne l'extrait de la plante tout entière, dont je forme des pilules de 10 centigr. ; je commence par en donner deux ; puis j'arrive progressivement à dix, et je continue cette dose jusqu'à la guérison. Administrée de cette manière, la chélidoine est un médicament d'autant plus utile qu'on le trouve toujours sous la main. Je l'ai employée avec succès

____________________

  1. Médecine domestique de Brunswick.
  2. Oper. med., p. 363. Amstelod., 1663.
  3. Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, t. III, p. 368, 1855.
  4. Traité de la consomption anglaise.
  5. Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Vienne, t. II, p. 18, 1850.


[282]

chez un garçon de ferme, enfant de l'hospice, âgé de dix-sept ans, d'un tempérament éminemment lymphatique, et atteint d'une dartre squameuse humide occupant les aines et la partie interne et supérieure des cuisses. Cette affection datait d'un an environ. Je commençai le traitement au mois de juin 1833, en donnant d'abord 6 gr. de suc d'éclaire mêlé avec autant de miel, et j'augmentai graduellement et de manière qu'au quinzième jour de traitement le malade en prenait 12 gr. : à cette époque l'amélioration était sensible. Je fis alors pratiquer des onctions avec une pommade composée de suc de la même plante bouillie dans du saindoux jusqu'à consomption de ce suc, d'après le conseil d'un curé qui avait employé cette pommade dans des cas semblables. Au bout d'un mois de ce traitement, aussi simple que peu coûteux, la dartre était entièrement guérie. Ce jeune homme, que j'ai revu depuis, jouit d'une très-bonne santé.

Le suc de chélidoine, à la dose de 5 à 6 gr. délayés dans 700 gr. de petit-lait, à prendre chaque jour, est un bon dépuratif contre les affections cutanées chroniques, les scrofules, etc. Ce même petit-lait, auquel on ajoute 4 gr. de crème de tartre et 30 gr. de sirop de chicorée, m'a réussi dans un cas d'ictère, qui, pendant six mois, avait résisté à un traitement rationnellement dirigé.

On attribuait jadis à la chélidoine, non-seulement une action stimulante et diurétique, mais aussi une propriété sudorifique. Palmarius[1] dit que le suc de la racine de cette plante, exprimé et mêlé avec un peu de vin blanc ou du vinaigre rosat, a été d'un puissant secours pour quelques-uns, et a chassé le poison par les sueurs. Le fameux Julien Paumiers, de la Faculté de Paris, faisait grand cas du suc de la même racine dans la fièvre jaune. La chélidoine est un purgatif prompt et certain que le médecin de campagne peut employer dans presque tous les cas où ce genre de médication est indiqué, et surtout dans les maladies chroniques. Cette propriété est due à la présence de la gomme-gutte. Moins active que cette dernière, la chélidoine en a tous les avantages sans en avoir les inconvénients. Ce purgatif indigène est le plus efficace de tous ceux que l'on a proposés comme succédanés des évacuants exotiques. S'il nous venait de l'Amérique ou des Indes, on le trouverait dans toutes les pharmacies, et tous les médecins le prescriraient. Quand donc finira cette exoticomanie, qui rend la médecine inacessible au pauvre, et la France tributaire de l'étranger pour des ressources qu'elle possède et dont elle pourrait user à si bon marché ?

Le suc ou l'extrait de grande-éclaire, mêlé avec le jaune d'œuf, le mucilage de semence de coing, de racine de guimauve ou de graine de lin, dans suffisante quantité d'eau sucrée, forme la base d'une potion purgative, légèrement laxative ou altérante, suivant la dose à laquelle on l'administre. J'ai quelquefois employé avec succès comme vermifuge l'extrait de chélidoine en pilules avec le calomel. L'usage de ces pilules, continué longtemps, m'a réussi dans quelques affections scrofuleuses et dartreuses présumées d'origine syphilitique par hérédité, dans les engorgements chroniques du foie et de la rate, et dans les constipations opiniâtres dues à l'inertie des intestins. L'effet laxatif produit par la chélidoine permet d'administrer le protochlorure de mercure à petites doses, sans craindre son action sur la bouche. On sait qu'une petite quantité de calomel répétée et qui séjourne dans les premières voies, où elle est absorbée, cause plus facilement la salivation qu'une dose plus forte de cette substance déterminant des contractions intestinales et la purgation.

J'ai aussi employé avec avantage, comme vermifuge, le suc de chélidoine pur ou en émulsion avec le jaune d'œuf et une suffisante quantité d'eau et

____________________

  1. Traité des maladies contagieuses, c. xviii, p. 136.


[283]

de sucre, à la dose de 15 gouttes à une cuillerée à café pour les enfants, et jusqu'à une demi-cuillérée à bouche pour les adultes.

A cette dernière dose, il est purgatif et même éméto-cathartique. A plus petite dose, il agit comme anthelminthique, altérant ou laxatif. Entre autres faits puisés dans ma pratique, et que je pourrais citer, je rapporterai le suivant :

Une petite fille de M. Delapoterie, âgée de trois ans, pâle, faible, ayant les membres grêles, le ventre gros sans être dur ni tendu, les pupilles dilatées, de la salivalion, le bout de la langue rouge, des grincements de dents pendant le sommeil, avait rendu, dans une diarrhée qui avait duré deux jours, un lombric vivant. Je lui fis prendre le matin 10 gouttes de suc de chélidoine dans un peu de jaune d'œuf délayé avec deux cuillerées d'eau sucrée. A midi, le même jour, l'enfant avait rendu, avec deux selles demi-liquides, cinq lombricoïdes de 5 à 6 pouces de longueur ; une seconde dose, donnée le lendemain (de l5 à 18 gouttes), procura l'expulsion de douze autres vers de même longueur.

(C'est à titre de purgatif drastique que la chélidoine peut avoir une certaine influence dans l'aménorrhée)[1].

La chélidoine doit être maniée avec prudence. Administrée inconsidérément comme remède, elle a quelquefois produit l'empoisonnement. Pollet a observé un empoisonnement de ce genre[2] chez une femme qui, malgré ses soins, succomba sous la violence du poison.

Les anciens préparaient dans un vase de cuivre un collyre composé de suc de chélidoine et de miel. Je ne dirai pas, avec certains enthousiastes, que l'on a prévenu la cataracte et guéri des amauroses par l'usage interne et externe de cette plante ; mais je puis affirmer que nos paysans ont souvent guéri des ophthalmies chroniques qui avaient résisté à toutes les ressources de l'oculistique, par la décoction de ses feuilles employée comme collyre. Ce moyen est tout à fait populaire et a dû être connu de temps immémorial, ainsi que l'annonce le nom de grande-éclaire, fondé sans doute sur une propriété constatée par l'expérience. Le suc, à la dose d'environ 4 gr. étendus dans 60 à 100 gr. d'eau fraîche ou d'eau distillée de roses, est, d'après Roques, un collyre efficace dans les ophthalmies scrofuleuses, les ulcérations chroniques des paupières, pourvu que l'inflammation soit modérée. J'ai moi-même employé avec succès le suc des feuilles de chélidoine, étendu dans plus ou moins d'eau fraîche, en collyre pour les ulcères des paupières, les blépharites muqueuses ou glanduleuses, les ophthalmies chroniques, les laies de la cornée et les restes du ptérigion. L'emploi de ce collyre réclame de la circonspection : le suc pur de cette plante, en contact avec la conjonctive, peut déterminer une vive irritation et même une inflammation grave de l'organe de la vue. Je pense néanmoins que le suc des feuilles de chélidoine, plus ou moins étendu dans l'eau et même pur, conviendrait, instillé entre les paupières, dans l'ophthalmie purulente des nouveaux-nés ; c'est un moyen à essayer.

J'ai appliqué la racine fraîche de grande-éclaire sur les tumeurs scrofuleuses ulcérées ; elles ont eu un effet marqué et à peu près semblable à celui que produit la racine d'arum employée de la même manière. Le suc des feuilles et des racines de cette plante, pur ou mêlé avec plus ou moins d'eau, selon qu'on veut lui donner plus ou moins d'activité, appliqué avec de la charpie sur les ulcères de mauvaise nature, les modifie avantageusement, les déterge et les met dans des conditions qui en favorisent la cicatrisation. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de constater les bons effets de ces applications. Les injections de ce suc dans les ulcères sinueux

____________________

  1. Abeille médicale, 1845, p. 153.
  2. Annales de la Société médicale d'observations de la Flandre occidentale, 1849.


[284]

pourraient, en déterminant une irrilation phlegmasique de leurs parois, en produire l'adhérence, si j'en juge par l'essai que j'en ai fait dans un cas de décollement survenu à la suite d'un abcès ouvert spontanément à l'aisselle, entretenant une suppuration assez abondante depuis trois mois, et que j'ai guéri par ce moyen. Je laissais séjourner le suc injecté jusqu'à production de la chaleur et de la douleur, ce qui avait lieu au bout de deux à trois minutes. J'exerçais ensuite une compression graduée. (Fernel avait déjà dit : Sinus quoque et fistulas expurgat, etc.)

J'ai usé plusieurs fois avec succès contre la teigne d'une pommade composée de parties égales de suc de chélidoine, de savon blanc et de pommade camphrée (15 gr. de camphre pour 50 gr. d'axonge). Après avoir mis le cuir chevelu à nu, au moyen de cataplasmes émollients, je le fais lotionner avec une forte décoction de feuilles fraîches de chélidoine pendant six à huit minutes, et je frictionne ensuite toute la partie malade avec la pommade indiquée. Ce pansement est répété chaque matin. La guérison a été obtenue du quinzième au trentième jour.

J'ai vu mettre en usage avec succès, pour provoquer l'écoulement des règles, un pédiluve préparé avec une grande quantité de chélidoine fraîche en décoction dans une suffisante quantité d'eau. Ce pédiluve gonfle promptement les veines des extrémités inférieures et leur donne l'apparence d'une dilatation variqueuse. On pourrait l'employer dans tous les cas où les bains de pieds irritants sont indiqués.

(Fabre recommande (1)Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte ; les références sans nom doivent avoir un contenu., comme topique antiherpétique, appliqué à l'aide d'un pinceau sur les points malades, un glycérolé de chélidoine ainsi formé : glycérine, 15 gr. ; extrait de chélidoine maj., 2 gr. ; acide tannique, 2 gr. ; alcool de chélidoine maj., Q. S.)

On applique le suc de grande-éclaire pour détruire les verrues et les cors, mais son action, trop faible pour cela, est assez forte pour enflammer les parties voisines et augmenter le mal au lieu de le détruire.

(Selon quelques expériences qui nous sont propres, mais qui sont trop peu nombreuses pour nous permettre d'affirmer quoi que ce soit, la chélidoine aurait les propriétés d'un éméto-cathartique très-violent, irritant fortement le tube digestif. Probst a reconnu à la chélérythrine une action narcotique.)