Aristolochia spp. (Pharmacopées en Guyane) : Différence entre versions

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''Aristolochia'' spp
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== Noms vernaculaires ==
 
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*Créole : liane amère [yann-anmè] <ref>Aux Antilles. on appelle aussi ''liane amère'' une espèce du genre ''Aristolochia'' : ''A. constricta'' Griseb. (FOURNET, 1978).</ref>.
 
*Créole : liane amère [yann-anmè] <ref>Aux Antilles. on appelle aussi ''liane amère'' une espèce du genre ''Aristolochia'' : ''A. constricta'' Griseb. (FOURNET, 1978).</ref>.
*Wayãpi : ulu’ay. uluwu’ay.
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*Wayãpi : ulu’ay, uluwu’ay.
 
*Palikur : bukuti <ref>Les Palikur désignent aussi sous le même nom de ''bukuti'' une espèce cultivée et introduite chez eux depuis peu et nommée par les Créoles ''liane amère'' (cf. [[Tinospora crispa (Pharmacopées en Guyane)|''Tinospora crispa'']], Ménispermacées).</ref>.
 
*Palikur : bukuti <ref>Les Palikur désignent aussi sous le même nom de ''bukuti'' une espèce cultivée et introduite chez eux depuis peu et nommée par les Créoles ''liane amère'' (cf. [[Tinospora crispa (Pharmacopées en Guyane)|''Tinospora crispa'']], Ménispermacées).</ref>.
 
*Portugais : jarrinha, urubu-caá.
 
*Portugais : jarrinha, urubu-caá.
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Liane de la forêt primaire et des vieilles forêts secondaires.
 
Liane de la forêt primaire et des vieilles forêts secondaires.
 
== Collections de référence ==
 
== Collections de référence ==
Cf. note <ref>Les espèces les plus utilisées sont, pour les Créoles et les Palikur, ''Aristolochia leprieurii'' Duch. (Grenand 1812 ; Grenand et Prévost 2049 ; Prévost 1353), ainsi que ''Aristolochia stahelii'' O. C. Schmidt (Berton 47 ; Moretti 1147 ; Prévost 2154) et pour les Wayãpi, ''Aristolochia mossii'' S. Moore (Grenand 260, 565 ; Jacquemin 1712 ; Lescure 374 ; Prévost et Grenand 1941).</ref>.
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Cf. note <ref>Les espèces les plus utilisées sont, pour les Créoles et les Palikur, ''[[Aristolochia leprieurii]]'' Duch. (Grenand 1812 ; Grenand et Prévost 2049 ; Prévost 1353), ainsi que ''[[Aristolochia stahelii]]'' O. C. Schmidt (Berton 47 ; Moretti 1147 ; Prévost 2154) et pour les Wayãpi, ''[[Aristolochia mossii]]'' S. Moore (Grenand 260, 565 ; Jacquemin 1712 ; Lescure 374 ; Prévost et Grenand 1941).</ref>.
 
== Emplois ==
 
== Emplois ==
 
Plusieurs espèces d’''Aristolochia'' forestières sont utilisées par les populations de Guyane. Ces lianes sont réputées comme fébrifuge et antidiabétique chez les Créoles de la région de Saint-Georges <ref>Des usages identiques sont signalés au Venezuela pour ''Aristolochia maxima'' Jacqu. (DELASCIO CHITTY, 1985).</ref>. Ailleurs, à Cayenne et à Sinnamary, elles sont remplacées, sous le même nom vernaculaire de liane amère, par une espèce d’une autre famille (cf. [[Tinospora crispa (Pharmacopées en Guyane)|''Tinospora crispa'']], Ménispermacées).
 
Plusieurs espèces d’''Aristolochia'' forestières sont utilisées par les populations de Guyane. Ces lianes sont réputées comme fébrifuge et antidiabétique chez les Créoles de la région de Saint-Georges <ref>Des usages identiques sont signalés au Venezuela pour ''Aristolochia maxima'' Jacqu. (DELASCIO CHITTY, 1985).</ref>. Ailleurs, à Cayenne et à Sinnamary, elles sont remplacées, sous le même nom vernaculaire de liane amère, par une espèce d’une autre famille (cf. [[Tinospora crispa (Pharmacopées en Guyane)|''Tinospora crispa'']], Ménispermacées).
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Chez les Palikur, la décoction des tiges est un remède contre le ''mal de cœur'', probablement identique au ''vent'' (cf. 2e partie), contre le ''mal de foie'' et, selon HAY (1998), pour soulager les effets de la fatigue. Un morceau de liane d’une dizaine de centimètres et une poignée de feuilles de ''Ayapana triplinervis'' (Asteracées) sont bouillis dans l’eau jusqu’à l’obtention d’une couleur rougeâtre. Le liquide, laissé à reposer, est bu froid (car chaud, il est émétique) trois fois par jour à raison d’un demi-verre pour un adulte et de deux petites cuillères pour un enfant. Ce remède est aussi utilisé dans le cas de fièvres paludéennes en association ou non avec ''Ayapana triplinervis''. La même préparation, faite avec la seule liane, est aussi prise comme antidiarrhéique et comme antinauséeux. Pour un dernier usage, cf. aussi [[Geissospermum laeve (Pharmacopées en Guyane)|''Geissospermum laeve'']] (Apocynacées) <ref>L'usage contre la diarrhée, les maux d'estomac et les affections du foie est aussi signalé pour ''Aristolochia disticha'' Masters chez les Yanomami (MILLIKEN et ALBERT, 1996) et pour ''Aristolochia daemonoxia'' Masters chez les Warao. Cette espèce est également un puissant contraceptif (VAN ANDEL, 2000).</ref>.
 
Chez les Palikur, la décoction des tiges est un remède contre le ''mal de cœur'', probablement identique au ''vent'' (cf. 2e partie), contre le ''mal de foie'' et, selon HAY (1998), pour soulager les effets de la fatigue. Un morceau de liane d’une dizaine de centimètres et une poignée de feuilles de ''Ayapana triplinervis'' (Asteracées) sont bouillis dans l’eau jusqu’à l’obtention d’une couleur rougeâtre. Le liquide, laissé à reposer, est bu froid (car chaud, il est émétique) trois fois par jour à raison d’un demi-verre pour un adulte et de deux petites cuillères pour un enfant. Ce remède est aussi utilisé dans le cas de fièvres paludéennes en association ou non avec ''Ayapana triplinervis''. La même préparation, faite avec la seule liane, est aussi prise comme antidiarrhéique et comme antinauséeux. Pour un dernier usage, cf. aussi [[Geissospermum laeve (Pharmacopées en Guyane)|''Geissospermum laeve'']] (Apocynacées) <ref>L'usage contre la diarrhée, les maux d'estomac et les affections du foie est aussi signalé pour ''Aristolochia disticha'' Masters chez les Yanomami (MILLIKEN et ALBERT, 1996) et pour ''Aristolochia daemonoxia'' Masters chez les Warao. Cette espèce est également un puissant contraceptif (VAN ANDEL, 2000).</ref>.
 
== Étymologie ==
 
== Étymologie ==
*Créole : liane amère, se réfère à l’amertume des remèdes préparés avec les tiges. *Wayãpi : ''uluwu’ay'', de ''uluwu'', « vautour pape (''Sarcoramphus papa'') » et ''ay'', « jabot du vautour », évoquant la forme baroque de la fleur.
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*Créole : liane amère, se réfère à l’amertume des remèdes préparés avec les tiges.
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*Wayãpi : ''uluwu’ay'', de ''uluwu'', « vautour pape (''Sarcoramphus papa'') » et ''ay'', « jabot du vautour », évoquant la forme baroque de la fleur.
 
*Palikur : ''bukuti'', signifie également « iule » ; les Palikur comparent l’odeur de la plante à celle de ce myriapode.
 
*Palikur : ''bukuti'', signifie également « iule » ; les Palikur comparent l’odeur de la plante à celle de ce myriapode.
 
== Chimie et pharmacologie ==
 
== Chimie et pharmacologie ==
Un essai préliminaire sur un échantillon de Aristolochia stahelii (MORETTI, 1979, non publié), nous a permis de mettre en évidence la présence d’acide aristolochique dans les écorces de tige, par comparaison avec un échantillon témoin.
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Un essai préliminaire sur un échantillon de ''Aristolochia stahelii'' (MORETTI, 1979, non publié), nous a permis de mettre en évidence la présence d’acide aristolochique dans les écorces de tige, par comparaison avec un échantillon témoin.
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L’acide aristolochique donne avec la réaction de Liebermann une belle couleur mauve. Pour les propriétés biologiques de l’acide aristolochique, se reporter à [[Aristolochiaceae (Pharmacopées en Guyane)|l’introduction sur la famille]].
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L’acide aristolochique donne avec la réaction de Liebermann une belle couleur mauve. Pour les propriétés biologiques de l’acide aristolochique, se reporter à l’introduction sur la famille.
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Version actuelle en date du 11 février 2020 à 22:33

Aristolochiaceae
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Aristolochia trilobata


Feuilles, tiges et fruit de Aristolochia leprieurii
Aristolochia leprieurii. Feuilles et fleur d’une liane amère
Fleurs de Aristolochia stahelii
Aristolochia stahelii. Fleurs d’une liane amère avec sa grosse tige à crêtes liégeuses enroulée autour d’un tronc.



Aristolochia spp.

Noms vernaculaires

  • Créole : liane amère [yann-anmè] [1].
  • Wayãpi : ulu’ay, uluwu’ay.
  • Palikur : bukuti [2].
  • Portugais : jarrinha, urubu-caá.

Écologie, morphologie

Liane de la forêt primaire et des vieilles forêts secondaires.

Collections de référence

Cf. note [3].

Emplois

Plusieurs espèces d’Aristolochia forestières sont utilisées par les populations de Guyane. Ces lianes sont réputées comme fébrifuge et antidiabétique chez les Créoles de la région de Saint-Georges [4]. Ailleurs, à Cayenne et à Sinnamary, elles sont remplacées, sous le même nom vernaculaire de liane amère, par une espèce d’une autre famille (cf. Tinospora crispa, Ménispermacées).

Chez les Wayãpi, la décoction ou la macération de l’écorce ou de la tige est très fréquemment utilisée comme antidiarrhéique. En une prise par jour, le traitement est poursuivi jusqu’à cessation des symptômes.

Chez les Palikur, la décoction des tiges est un remède contre le mal de cœur, probablement identique au vent (cf. 2e partie), contre le mal de foie et, selon HAY (1998), pour soulager les effets de la fatigue. Un morceau de liane d’une dizaine de centimètres et une poignée de feuilles de Ayapana triplinervis (Asteracées) sont bouillis dans l’eau jusqu’à l’obtention d’une couleur rougeâtre. Le liquide, laissé à reposer, est bu froid (car chaud, il est émétique) trois fois par jour à raison d’un demi-verre pour un adulte et de deux petites cuillères pour un enfant. Ce remède est aussi utilisé dans le cas de fièvres paludéennes en association ou non avec Ayapana triplinervis. La même préparation, faite avec la seule liane, est aussi prise comme antidiarrhéique et comme antinauséeux. Pour un dernier usage, cf. aussi Geissospermum laeve (Apocynacées) [5].

Étymologie

  • Créole : liane amère, se réfère à l’amertume des remèdes préparés avec les tiges.
  • Wayãpi : uluwu’ay, de uluwu, « vautour pape (Sarcoramphus papa) » et ay, « jabot du vautour », évoquant la forme baroque de la fleur.
  • Palikur : bukuti, signifie également « iule » ; les Palikur comparent l’odeur de la plante à celle de ce myriapode.

Chimie et pharmacologie

Un essai préliminaire sur un échantillon de Aristolochia stahelii (MORETTI, 1979, non publié), nous a permis de mettre en évidence la présence d’acide aristolochique dans les écorces de tige, par comparaison avec un échantillon témoin.

L’acide aristolochique donne avec la réaction de Liebermann une belle couleur mauve. Pour les propriétés biologiques de l’acide aristolochique, se reporter à l’introduction sur la famille.

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  1. Aux Antilles. on appelle aussi liane amère une espèce du genre Aristolochia : A. constricta Griseb. (FOURNET, 1978).
  2. Les Palikur désignent aussi sous le même nom de bukuti une espèce cultivée et introduite chez eux depuis peu et nommée par les Créoles liane amère (cf. Tinospora crispa, Ménispermacées).
  3. Les espèces les plus utilisées sont, pour les Créoles et les Palikur, Aristolochia leprieurii Duch. (Grenand 1812 ; Grenand et Prévost 2049 ; Prévost 1353), ainsi que Aristolochia stahelii O. C. Schmidt (Berton 47 ; Moretti 1147 ; Prévost 2154) et pour les Wayãpi, Aristolochia mossii S. Moore (Grenand 260, 565 ; Jacquemin 1712 ; Lescure 374 ; Prévost et Grenand 1941).
  4. Des usages identiques sont signalés au Venezuela pour Aristolochia maxima Jacqu. (DELASCIO CHITTY, 1985).
  5. L'usage contre la diarrhée, les maux d'estomac et les affections du foie est aussi signalé pour Aristolochia disticha Masters chez les Yanomami (MILLIKEN et ALBERT, 1996) et pour Aristolochia daemonoxia Masters chez les Warao. Cette espèce est également un puissant contraceptif (VAN ANDEL, 2000).