Pomme de terre (Cazin 1868) : Différence entre versions

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
(Page créée avec « {{Tournepage |titre=Cazin, ''Traité des plantes médicinales'', 1868 |titrepageprécédente=Polytric (Cazin 1868) |nomcourtpr... »)
 
 
(2 révisions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 7 : Ligne 7 :
 
}}
 
}}
  
 
__TOC__
 
  
 
[869]
 
[869]
  
== Pomme de terre ==
+
Nom accepté : ''[[Solanum tuberosum]]''
  
Voir la page ''[[]]''
 
  
POMME DE TERRE. Solarium tuberosum. L.
+
<center>'''POMME DE TERRE'''. ''Solanum tuberosum''. L.
Solanum tuberosum esculentum. G. BAUH. — Solanum hortense. DOD.  
+
  
Parmentière, — morelle parmentière, — Morelle tubéreuse.
+
''Solanum tuberosum esculentum''. C. Bauh. — ''Solanum hortense''. Dod.  
SOLANACÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MOMOGYKIE. L.  
+
  
La pomme de terré • signale à notre reconnaissance les noms de Waller
+
Parmentière, — morelle parmentière, — Morelle tubéreuse.
Raleigh, qui l'introduisit en Angleterre sous le règne de Jacques Ier, et celui
+
deParméntier, qui, sous le règne de Louis XVI en propagea la culture en
+
France, et fit le premier connaître les immenses ressources qu'elle offre
+
comme substance alimentaire.  
+
  
On entend ordinairement par pomme de terre, non l'herbe de cette plante,
+
SOLANACÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MOMOGYNIE. L.</center>
mais les tubercules qui se développent aux racines. On en possède aujour-
+
d'hui un très-grand nombre de variétés, que l'on classe suivant leur couleur
+
ou leur forme. Les meilleures servent à la nourriture de l'homme, les autres
+
à celles des animaux. On en donne aux vaches, aux boeufs, aux chevaux,
+
aux porcs, aux lapins, aux chiens, aux volailles; elle les nourrit et les en-
+
graisse. Elle donne aux volailles une chair ferme, fine, une graisse blanche
+
et une saveur très-délicate. (Pour la CULTURE, la RÉCOLTE et la CONSERVATION
+
des pommes de terre, voyez la Maison rustique du xixc siècle, t. I, p. 425.)
+
  
[Parties usitées. — Les., rameaux souterrains, les feuilles ou fanes.
 
  
Récolte. — Les rhizomes de pommes de terre, improprement appelés tubercules,
+
La pomme de terré signale à notre reconnaissance les noms de Walter Raleigh, qui l'introduisit en Angleterre sous le règne de Jacques Ier, et celui de Parmentier, qui, sous le règne de Louis XVI en propagea la culture en France, et fit le premier connaître les immenses ressources qu'elle offre comme substance alimentaire.
doivent être récoltés lorsque, les feuilles sont velues. H faut les conserver à l'obscurité,  
+
sanscela il se développerait de la chlorophylle sous leur pellicule, et elles deviendraient
+
  
: tiMcres.  
+
On entend ordinairement par ''pomme de terre'', non l'herbe de cette plante, mais les tubercules qui se développent aux racines. On en possède aujourd'hui un très-grand nombre de variétés, que l'on classe suivant leur couleur ou leur forme. Les meilleures servent à la nourriture de l'homme, les autres à celles des animaux. On en donne aux vaches, aux boeufs, aux chevaux, aux porcs, aux lapins, aux chiens, aux volailles ; elle les nourrit et les engraisse. Elle donne aux volailles une chair ferme, fine, une graisse blanche et une saveur très-délicate. (Pour la CULTURE, la RÉCOLTE et la CONSERVATION des pommes de terre, voyez la ''Maison rustique du XIXe siècle'', t. I, p. 425.)
  
Culture. — Elle est du domaine de l'agriculture.  
+
['''Parties usitées'''. — Les rameaux souterrains, les feuilles ou fanes.  
  
, Propriétés physiques et cliimiques; usages économiques,  
+
'''Récolte'''. — Les rhizomes de pommes de terre, improprement appelés tubercules, doivent être récoltés lorsque les feuilles sont velues. Il faut les conserver à l'obscurité, sans cela il se développerait de la chlorophylle sous leur pellicule, et elles deviendraient très-âcres.
  
industriels, etc. —- Ce tubercule contient, par 500 gr., 345 gr. d'eau de végéta-
+
'''Culture'''. — Elle est du domaine de l'agriculture.  
( tien, Î5 gr. de fécule, 38 gr. d'extrait salin, 24 gr. de fibres, etc. Desséchée au tour, la
+
f pomme de terre ne pèse que 9/15 de son poids primitif; coupée par tranches, celles-ci
+
; séchées deviennent transparentes et prennent la consistance delà corne.—Analysée
+
, pa^yauquelin (1), elle a fourni de l'eau, de l'amidon, du parenchyme, de l'albumine,
+
delasparagine, une résine amère, cristalline, aromatique, une matière animale et colo-
+
re, des citrates de potasse et de chaux, du phosphate de potasse et de chaux, et de
+
. 'acide citrique libre.  
+
  
W (2) a trouvé de la solanine dans les pommes de terre vieilles et dans les jeunes;  
+
'''Propriétés physiques et chimiques; usages économiques, industriels, etc.''' — Ce tubercule contient, par 500 gr., 345 gr. d'eau de végétation, 75 gr. de fécule, 38 gr. d'extrait salin, 24 gr. de fibres, etc. Desséchée au tour, la pomme de terre ne pèse que 9/15 de son poids primitif ; coupée par tranches, celles-ci séchées deviennent transparentes et prennent la consistance de la corne. — Analysée par Vauquelin<ref>''Annales du Muséum'', 1817, t. III, p. 24l.</ref>, elle a fourni de l'eau, de l'amidon, du parenchyme, de l'albumine, de l'asparagine, une résine amère, cristalline, aromatique, une matière animale et colorée, des citrates de potasse et de chaux, du phosphate de potasse et de chaux, et de l'acide citrique libre.
  
te.épracnures en contiennent plus que la partie charnue (sur 500 gr., il en a trouvé  
+
(Haaf<ref>''Journal de pharmacie et de chimie'', mai 1865.</ref> a trouvé de la ''solanine'' dans les pommes de terre vieilles et dans les jeunes ; les épluchures en contiennent plus que la partie charnue (sur 500 gr., il en a trouvé jusqu'à 0 gr. 24). Ces faits justifient l'opinion suivant laquelle les pommes de terre dans ces conditions sont malsaines. Il faut ajouter que la coction dans l'eau élimine presque toute la solanine par dissolution.)
  
WtlO.gr. 24). Ces faits justifient l'opinion suivant laquelle les pommes de terre dans
+
La pomme de terre perd par la cuisson du dixième au quinzième de son poids, et rien, suivant Proust, si elle ne se rompt pas. Pour se réduire en bouillie, elle absorbe moitié de son poids d'eau. A l'état de cuisson, la farine ou plutôt la poudre qu'on en obtient est insoluble, même à l'eau bouillante.
  
• ^Conditions sont malsaines. Il faut ajouter que la coction dans l'eau élimine presque
+
La pomme de terre entière ne se mange guère au delà d'une année. Elle perd de ses qualités par la germination. Quand la gelée l'attaque, elle se ramollit, s'aigrit et devient sucrée ; mais elle conserve encore une partie de sa fécule et même de ses propriétés germinatives. Pour la conserver indéfiniment, on la fait cuire à demi ; on la coupe par tranches, qu'on fait sécher à l'étuve pour les déposer dans un lieu sec. Dans cet état, elle est transparente et cassante. On en fait alors, en la divisant en morceaux, et au moyen d'une préparation particulière, des espèces de gruau, de polenta, de sagou, de
  
y * la solanine par dissolution.)
+
____________________
  
! .^ta pomme de terre perd par la cuisson du dixième au quinzième de son poids, et
+
<references/>
S-iUFant Proust> si elle ne se rompt pas. Pour se réduire en bouillie, elle absorbe
+
: ye.de son poids d'eau. A l'état de cuisson, la farine ou plutôt la poudre qu'on en
+
«t est.insoluble, même à l'eau bouillante.
+
  
.g..fotnme de terre entière ne se mange guère au delà d'une année. Elle perd de ses
 
s2- • a germination. Quand la gelée l'attaque, elle se ramollit, s'aigrit et devient
 
„.??' ™ls elle conserve encore une partie de sa fécule et. même de ses propriétés
 
Sh« SVPour la conserver indéfiniment, on la fait cuire à demi; on la coupe par
 
e|Ss> P°n fait sécher à l'étuve pour les déposer dans un lieu sec. Dans cet état,
 
ttown iransParenle et cassante. On en fait alors, en la divisant en morceaux, et au
 
■W.tt.une préparation particulière, des espèces de gruau, de polenta, de sagou, de
 
  
i «mai ie pharmacie et de chimie, mai 1865.
+
[870]
  
 +
riz, de vermicelle, etc., qui peuvent remplacer ceux-ci. Pour manger les pommes de terre à la manière ordinaire, on les fait sécher sans les cuire après les avoir pelées et coupées par tranches. — Les préparations culinaires de la pomme de terre sont très nombreuses et très-variées. — On ajoute souvent de la pomme de terre cuite et écrasée dans le pain. Elle le tient plus frais, plus savoureux, mais un peu plus compact ; quand elle y est en trop grande quantité, elle le rend pâteux et gras.
  
downloadModeText.vue.download 899 sur 1308
+
On tire de la pomme de terre une fécule abondante, d'un blanc parfait, d'apparence cristalline, inodore, douce au toucher, insoluble à l'eau froide, très-soluble à l'eau bouillante. On en obtient depuis 10 jusqu'à 15, 16 et 17 pour 100, et même davantage. Le parenchyme qui l'a fourni en retient encore environ un dixième et sert de nourriture aux bestiaux.  
  
 +
La fécule de pomme terre est un aliment peu coûteux, salubre, et qui peut avantageusement remplacer toutes ces fécules exotiques si vantées, telles que le tapioca l'arrow-root, le sagou, etc., etc. On en fait de l'amidon, on en prépare des espèces d'empois ; on en obtient un produit que l'on convertit en sirop propre à remplacer celui de gomme, et qui est aujourd'hui très-répandu dans le commerce, surtout dans nos
 +
départements du Nord. Jusqu'ici on n'a pu obtenir de la pomme de terre du sucre cristallisé.
  
870 POMME DE TERRE.  
+
(Le sirop de fécule offre un des produits sucrés les plus économiques pour être convertis en alcool. L'industrie a mis à profit ce précieux avantage. Mais les eaux-de-vie qui résultent de cette fabrication possèdent une odeur et une saveur que l'on désigne sous le nom de ''fousel'', et qui est due à la présence d'une huile particulière observée pour la première fois par Scheele, et que Dumas a classée parmi les huiles essentielles. On la connaît sous les noms d’''essence de pommes de terre'', de ''fusel oil'' (anglais), d’''alcool amylique'', d’''oxyde hydraté d'amyle''. Payen a avancé que c'est la fécule et sa partie tégumentaire seule qui contenait cette substance. A la fin de la distillation de l'alcool de pommes de terre et de grain, il se produit un liquide laiteux d'où elle se dépose bientôt. Purifiée par l'eau et le chlorure de calcium, et distillée de nouveau, elle se présente sous l'aspect d'un liquide limpide, incolore, d'une odeur nauséabonde particulière, bouillant à 13°.5 C., soluble dans l'eau, l'acide acétique et les huiles essentielles. Elle a
 +
pour formule C<sub>l0</sub> H<sub>12</sub> O<sub>2</sub> = C<sub>10</sub> H<sub>11</sub> O + HO = AylO + aq; ce qui lui a valu le nom d’''oxyde d'amyle hydraté''.  
  
riz, de vermicelle, etc., qui peuvent remplacer ceux-ci! Pour manger les pommes dé-
+
On a cherché plusieurs moyens de priver l'alcool de pommes de terre de ce produit. On n'y est arrivé que très-imparfaitement.  
terre à la manière ordinaire, on les fait sécher sans les cuire après les avoir pelées et
+
coupées par tranches. — Les préparations culinaires de la pomme de terre sont très
+
nombreuses et très-variées. On ajoute souvent de la pomme de terre cuite et écrasée
+
dans le pain. Elle le tient plus frais, plus savoureux, mais un peu plus compact-quand
+
elle y est en trop grande quantité, elle le rend pâteux et gras. '
+
  
On tire de la pomme de terre une fécule abondante, d'un blanc parfait, d'apparence
+
Il n'entre pas dans notre sujet d'étudier les corps qui résultent de manipulations chimiques multipliées ; nous ne pouvons pourtant pas passer sous silence l’''amylène'', carbure d'hydrogène que Balard a extrait de l'alcool amylique, et dont Snow, de King's College Hospital a proposé les vapeurs comme anesthésiques.)
cristalline, inodore, douce au toucher, insoluble à l'eau froide, très-soluble à l'eau bouil-
+
lante. On en obtient depuis 10 jusqu'à 15, 16 et 17 pour 100, et même davantage, le
+
parenchyme qui l'a fourni en retient encore environ un dixième et sert de nourriture-
+
aux bestiaux.  
+
  
La fécule de pomme terre est un aliment peu coûteux, salubre, et qui peut avanta-  
+
La pomme de terre, traitée par des moyens appropriés, fermente donc et fournit alors par la distillation une eau-de-vie qu'on rectifie par une ou deux autres distillations : 100 kilogr. de ce tubercule fournissent 12 kilogr. d'alcool environ. L'eau-de-vie préparée avec la fécule est de moins mauvais goût. — Si on laisse le liquide où l'on a délayé de la pomme de terre s'aigrir, on en obtient du vinaigre d'une qualité inférieure, mais qui peut êlre employé à divers usages dans les arts. — L'eau de cuisson des pommes de terre peut fournir à la teinture une couleur grise assez solide. Ce tubercule peut servir à nettoyer le linge, à l'instar du savon. On en fait de la colle, une sorte d encollage propre aux toiles blanches (avec la fécule) ; une détrempe convenable pour badigeonner les intérieurs ; on la fait entrer dans le tirage en place de gomme, etc. - Comme la pomme de terre ne s'attache jamais au fond du vase où elle cuit, on s'en sert dans les chaudières des machines à vapeur entretenues par l'eau de puits, qui est toujours séléniteuse. Par ce moyen, il n'y a plus qu'un dépôt facile à enlever par le lavage, et non une croûte dure qui peut faire fendre la chaudière<ref>''Journal de pharmacie'', 1822, t. VIII, p. 467.</ref>. — La pomme de terre cuite en bouillie, mêlée au plâtre dans la proportion d'un dixième sur neuf dixièmes de plâtre, donne à ce dernier une solidité qui le fait résister aux influences de l'humidité. Par analogie, on a été conduit à mêler la pomme de terre cuite à la terre argileuse, dont sont construits beaucoup de bâtiments dans les campagnes. Ce ciment des petites fortunes résiste bien plus longtemps que lorsqu'il est sans mélange de pomme de terre.
geusement remplacer toutes ces fécules exotiques si vantées, telles que le tapioca
+
Farrow-root, le sagou, etc., etc. On en fait de l'amidon, on en prépare des espèces
+
d'empois; on en obtient un produit que l'on convertit en sirop propre à remplacer ce-
+
lui de gomme, et qui est aujourd'hui très-répandu dans le commerce, surtout dans nos
+
départements du Nord. Jusqu'ici on n'a'pu obtenir de la pomme de terre du sucre
+
cristallisé.  
+
  
(Le sirop de fécule offre un des produits sucrés les plus économiques pour être con-
+
Les feuilles ou fanes sont données comme fourrages à quelques animaux ; mais ils ne conviennent pour cet usage qu'après la floraison, ou du moins séchées au soleil. On les en-
vertis en alcool. L'industrie a mis à profit ce précieux avantage. Mais les eaux-de-vie qui
+
résultent de cette fabrication possèdent une odeur et une saveur que l'on désigne sous
+
le nom de fousel, et qui est due à la présence d'une huile particulière observée pour
+
la première fois par Scheele, et que Dumas a classée parmi les huiles essentielles. On la
+
connaît sous les noms à' 1 essence de pommes de terre, de fusel oil (anglais), d'alcool fliaj-  
+
lique, d'oxyde hydraté d'amyle. Payen a avancé que c'est la fécule et sa partie tégu-
+
mentaire seule qui contenait cette substance. A la fin de la distillation de l'alcool de
+
pommes de terre et de grain, il se produit un liquide laiteux d'où elle se dépose bientôt.
+
Purifiée par l'eau et le chlorure de calcium, et distillée de nouveau, elle se présente
+
sous l'aspect d'un liquide limpide, incolore, d'une odeur nauséabonde particulière,
+
bouillant à 13°. 5 C, soluble dans l'eau, l'acide acétique et les huiles essentielles. Elle a
+
pour foi-mule Cl0H 1202 = C'OH^O + HO = AylO + aq; ce qui lui a valu le nom
+
d'oxyde d'amyle hydraté.
+
  
On a cherché plusieurs moyens de priver l'alcool de pommes de terre de ce produit.
+
____________________
On n'y est arrivé que très-imparfaitement.
+
  
Il n'entre pas dans notre sujet d'étudier les corps qui résultent de manipulations clii-
+
<references/>
miques multipliées; nous ne pouvons pourtant pas passer sous silence Vamylène.,car-
+
bure d'hydrogène que Balard a extrait de l'alcool amylique, et dont Snow, de King's
+
Collège Hospital a proposé les vapeurs comme anesthésiques.)
+
  
La pomme de terre, traitée par des moyens appropriés, fermente donc et fournit alors
 
par la distillation une eau-de-vie qu'on rectifie par une ou deux autres distillations:
 
100 Irilogr. de ce tubercule fournissent 12 kilogr. d'alcool environ. L'eau-de-vie prépara
 
avec la fécule est de moins mauvais goût. — Si on laisse le liquide où l'on a délaye
 
de la pomme de terre s'aigrir, on en obtient du vinaigre d'une qualité inférieure, mais
 
qui peut êlre employé à divers usages dans les arts. — L'eau de cuisson des pommes
 
de terre peut fournir à la teinture une couleur grise assez solide. Ce tubercule peut
 
servir à nettoyer le linge, à l'instar du savon. On en fait de la colle, une sorte d encol-
 
lage propre aux toiles blanches (avec la fécule); une détrempe convenable pour M-
 
geonner les intérieurs; on la fait entrer dans le tirage en place de gomme, etc. -
 
Comme la pomme de terre ne s'attache jamais au fond du vase où elle cuit, on.sen.
 
dans les chaudières des machines à vapeur entretenues par l'eau de puits, qui est m •
 
jours séléniteuse. Par ce moyen, il n'y a plus qu'un dépôt facile à enlever par le^lavag.
 
et non une croûte dure qui peut faire fendre la chaudière (1). — La pomme ttew.
 
cuite en bouillie, mêlée au plâtre dans la proportion d'un dixième sur neuf oixienies
 
plâtre, donne à ce dernier une solidité qui le fait résister aux influences de iiiunuw■
 
Par analogie, on a été conduit à mêler la pomme de terre cuite à la terre aiguë >
 
dont sont construits beaucoup de bâtiments dans les campagnes. Ce ciment,ail
 
tites fortunes résiste bien plus longtemps que lorsqu'il est sans mélange de pomu
 
terre. , - j|s ne
 
  
Les feuilles ou fanes sont données comme fourrages à quelques animaux;; mai:
+
[871]
conviennent pour cet usage qu'après la floraison, ou du moins séchées au soleil, u
+
  
(1) Journal de pharmacie, 1822, t. VIII, p. 467
+
fouit en terre pour servir d'engrais. On en retire par la combustion presque un seizième de leur poids de cendre, qui fournit un quarante-huitième d'alcali<ref>Voyez sur l'exploitation de la potasse tirée des fanes de pomme de terre, le mémoire de M. Mollerat. (''Annales de chimie'', 1828.)</ref>. Le suc des tiges et des feuilles, lorsque la plante est en fleur, donne une couleur jaune solide aux tissus de lin ou de laine, qu'on laisse tremper pendant quarante-huit heures. — On a extrait une couleur jaune brillante des fleurs. — On peut retirer de l'alcool des fruits ou baies<ref>''Journal de pharmacie'', 1818, t. IV, p. 167.</ref> dans la proportion d'un vingt-quatrième des baies employées, qu'on met fermenter, puis qu'on distille, etc.
  
downloadModeText.vue.download 900 sur 1308
+
La pomme de terre, moins dépourvue qu'on le croit de propriétés thérapeutiques, est antiscorbutique. Son usage, dans les voyages de long cours, préserve du scorbut et le combat quand il existe. Il est à remarquer que cette affection est devenue beaucoup plus rare depuis l'emploi général de ce précieux tubercule comme aliment.  
  
 +
« Quand un bâtiment scorbutique, dit Roussel de Vauzèmes, chirurgien d'un navire baleinier<ref>''Annales d'hygiène publique'', 1834, t. XI, p. 362. </ref>, a reçu d'un autre navire quelques pommes de terre, il a été guéri, tous les moyens pharmaceutiques ayant échoué. Le procédé le plus actif pour se traiter du scorbut, à quelque période qu'il soit arrivé, consiste à manger des pommes de terre crues. » Il est certain que la pomme de terre cuite suffit pour prévenir et même guérir cette maladie à un certain degré. Plusieurs autres médecins, tels que Coché, Fontanelli, Boche<ref>''Obs. med. de Napoli'', 1828.</ref>, ont également recommandé la pomme de terre contre cette maladie. La tige, les feuilles, les fleurs et les baies, sont réputées sédatives et narcotiques, utiles dans les névralgies, les rhumatismes, les catarrhes pulmonaires chroniques. J'ai fréquemment prescrit la décoction des tiges et feuilles de pomme de terre dans les toux sèches, la diarrhée avec irritation. J'ajoute à cette décoction un peu de miel, de sucre ou d'extrait de réglisse ; elle calme la toux et facilite l'expectoration. Dans certains cas, qu'il est facile d'apprécier, j'ai donné cette décoction avec celle de lierre terrestre, de marrube blanc, de bourgeons de peuplier baumier, etc.
  
POMME DE TERRE. 871
+
D'après Nauche<ref>''Journal de chimie médicale'', 1831, t. VII, p. 372.</ref>, des catarrhes pulmonaires, intestinaux, urétraux et surtout utérins, qui duraient depuis plusieurs années, ont cédé à de légères décoctions de pommes de terre rouges et de réglisse. Des injections avec le même liquide ont eu le même succès contre les flueurs blanches. C'est surtout contre la gravelle que l'action de la pomme de terre en infusion a été efficace. Ce médicament a rendu les urines limpides et a procuré un soulagement plus durable que les autres diurétiques.  
  
fouiten terre'pour servir d'engrais. On en relire par la combustion presque un seizième
+
Le tubercule de la pomme de terre est émollient et calmant : râpé, on en fait des cataplasmes utiles contre les brûlures; c'est un remède populaire qui convient dans les cas les plus simples. Le suc exprimé de ce tubercule, appliqué très-fréquemment avec une plume sur du papier brouillard recouvrant la brûlure, convient beaucoup mieux. Je l'ai vu produire de bons effets. Chaque application apaise la douleur. La pomme de terre cuite et réduite en bouillie avec des décoctions de plantes mucilagineuses, telles que la mauve, la guimauve, le bouillon blanc, la tête de pavot, est très-utile en cataplasme qu'on applique comme calmants, adoucissants et maturatifs, sur les phlegmons, les contusions, les cancers, etc. Ils sont préférables à ceux de graine de lin, parce qu'ils se dessèchent moins vite et sont moins coûteux.  
de leur poids de cendre, qui f0uriul. un quarante-huitième d'alcali (1). Le suc des tiges
+
  
et des feuilles; lorsque la plante est en fleur, donne une couleur jaune solide aux tissus
+
(Il en est de même de ceux de fécule. Cette dernière substance s'emploie topiquement dans les mêmes cas que l'amidon. Voyez p. 453.)
de lin-onde laine, qu'on laisse tremper pendant quarante-huit heures. —On aextrait une
+
couleur jaune brillante des fleurs. — On peut retirer de l'alcool des fruits ou baies (2)
+
dans la proportion; d'un vingt-quatrième des baies employées, qu'on met fermenter, puis
+
qu'on distille, ^t.c. ,:
+
  
la pomme de terre, moins dépourvue qu'on le croit de propriétés théra-
+
____________________
peutiques, est antiscorbutique. Son usage, dans les voyages de long cours,
+
préserve du scorbut et le combat quand il existe. Il est à remarquer que
+
cette affection est devenue beaucoup plus rare depuis l'emploi général de
+
ce précieux tubercule comme aliment.
+
  
'■■ «Quand un bâtiment scorbutique, dit Roussel de Vauzèmes, chirurgien
+
<references/>
d'un navire baleinier (3), a reçu d'un autre navire quelques pommes de
+
terre,,il,.a été guéri,, tous les moyens pharmaceutiques ayant échoué. Le
+
procédé le plus actif pour se traiter du scorbut, à quelque période qu'il soit
+
arrivé, consiste à manger des pommes de terre crues. » Il est certain que
+
la pomme de terre cuite suffit pour prévenir et même guérir cette maladie
+
àun certain degré. Plusieurs autres médecins, tels que Coché, Fontanelli,
+
JEoçhé (4), ont également recommandé la pomme de terre contre cette ma-
+
ladie:. La tige, les feuilles, les fleurs et les baies, sont réputées sédatives et
+
narçqraques, utiles dans les névralgies, les rhumatismes, les catarrhes pul-
+
monaires chroniques. J'ai fréquemment prescrit la décoction des tiges et
+
feuilles de pomme de terre dans les toux sèches, la diarrhée avec irritation.
+
J'ajoute à cette décoction un peu de miel, de sucre ou d'extrait de réglisse;
+
elle calme la..toux et facilite l'expectoration. Dans certains cas, qu'il est fa-
+
cile: d'apprécier, j'ai donné cette décoction avec celle de lierre terrestre,
+
demarrube blanc, de bourgeons de peuplier baumier, etc.
+
  
<D'après Nauche (S), des catarrhes pulmonaires, intestinaux, urétraux et
 
surtout utérins, qui auraient depuis plusieurs années, ont cédé à de légères
 
décoctions de pommes de terre rouges et de réglisse. Des injections avec le
 
même liquide ont eu le même succès contre les flueurs blanches. C'est sur-
 
tout contre la gravelle que l'action de la pomme de terre en infusion a été
 
efficace. Ce médicament a rendu les urines limpides et a procuré un soula-
 
gement plus durable que les autres diurétiques.
 
  
Le tubercule de la pomme de terre est émollient et calmant : râpé, on en
+
[872]
fait des cataplasmes utiles contre les brûlures; c'est un remède populaire
+
piconvient dans les cas les plus simples. Le suc exprimé de ce tubercule,
+
appliqué très-fréquemment avec une plume sur du papier brouillard recou-
+
vrant la brûlure, convient beaucoup mieux. Je l'ai vu produire de bons
+
, effets. Chaque'application apaise la douleur. La pomme de terre cuite et
+
réduite en bouillie avec des décoctions de plantes mucilagineuses, telles que
+
«mauve, la guimauve, le bouillon blanc, la tête de pavot, est très-utile en
+
ÇMaplasfne qu'on applique comme calmants, adoucissants et maturatifs, sui-
+
tes phlegmons, les contusions, les cancers, etc. Ils sont préférables à ceux
+
« graine 1 de lin, parce qu'ils se dessèchent moins vite et sont moins coû-
+
  
(Il en est de même de ceux de fécule. Cette dernière substance s'emploie
+
Un médecin allemand<ref>''Annales de la Société de médecine d'Anvers'', 1845.</ref> a vanté les feuilles et les tiges de la pomme de terre sous forme de cataplasmes, de fomentations et de lavements, dans les cas de phlegmasie avec douleur vive, d'hémorrhoïdes très-douloureuses, de spasmes de la vessie, etc. Pour faire ces cataplasmes, il suffit de réduire en pulpe les parties indiquées de la plante. Au reste, ces tiges et ces feuilles jouissent, quoiqu'à un faible degré, des propriété de la morelle noire, de la jusquiame et de la belladone. Avec la fécule on saupoudre les excoriations, les phlogoses de la peau chez les enfants, l'intertrigo, l'érysipèle.
wpiquement dans les mêmes cas que l'amidon. Voyez p. 453.)
+
  
M ul?ye2is'? 1; l'exploitation de la potasse tirée des fanes de pomme de terre, le mémoire de
+
(Il règne dans la science des doutes sur l'innocuité des fruits de la pomme de terre. C'est une question à étudier, question d'autant plus pressante qu'il y a quelques années<ref>Bouchardat, ''Annuaire'', 1860, p. 58.</ref> ils ont été accusés d'avoir causé la mort d'une jeune fille de quatorze ans.)  
^fviï. (Annales de chimie, 182H.)  
+
  
MIS?^.P*?rmoc»e. 1818, t. IV, p. 167.  
+
(Krans<ref>''Dissertatio de spirituosis e tuberibus solani confectis''.</ref> a signalé le premier l'insalubrité de l'alcool de pommes de terre, et l'a attribuée à la présence de l'essence dont nous avons déjà parlé. (Voyez ''Propriétés chimiques''.) Les expériences faites sur les animaux intérieurs ont prouvé que ce corps est un poison irritant très-actif<ref>Van Heurck et Guibert, ''Flore médicale belge'', p. 366.</ref>. L'inspiration de sa vapeur cause des douleurs spasmodiques dans la poitrine, suivies de toux pénible, et quelquefois de nausées et même de vomissements.  
  
i m,™ fhPlfne P»°Hque, 1834, t. XI, p. 362.  
+
Les médecins américains ont introduit, les premiers, le fusel oil dans la thérapeutique. D'après Wimon<ref>''In'' H. Green, ''Formules favorites des praticiens américains''. Paris, 1860, p. 31.</ref>, il excite la nutrition ; les malades qui en prennent engraissent comme s'ils prenaient de l'huile de foie de morue, à l'exclusion presque complète de laquelle le prescrit Bowditch. Ce dernier lui reconnaît, en outre, l'avantage de modérer la toux et de diminuer l'abondance des crachats ; il en retire les plus grands avantages chez les enfants scrofuleux, débiles, émaciés. — Dose, 1/2 goutte à 1 goutte dans du sirop pour les enfants de 5 à six mois ; de 5 à 10 gouttes dans de l'eau légèrement alcoolisée pour les adultes. Il faut en ménager les doses ou en suspendre l'usage ; car quelquefois l'essence des pommes de terre produit des
fo n^Jde NaP°lh 1828. '
+
nausées, ou détermine la fièvre.)
  
^<iiurmide.chmie médicale, 1831, t. VII, p. 372.
+
____________________
  
downloadModeText.vue.download 901 sur 1308
+
<references/>
  
 
872 POMMIER.
 
 
Un médecin allemand (1) a vanté les feuilles et les tiges de la pomme do
 
terre sous forme de cataplasmes, de fomentations et.de lavements, dans les
 
cas dephlegmasie avec douleur vive, d'hémorrhoïdes très-douloureuses de
 
spasmes de la vessie, etc. Pour faire ces cataplasmes, il suffit de réduire en
 
pulpe les parties indiquées de la plante. Au reste, ces tiges et ces feuilles
 
jouissent, quoiqu'à un faible degré, des propriété de la morelle noire delà
 
jusquiame et de la belladone. Avec la fécule on saupoudre les'excoriations
 
les phlogoses de la peau chez les enfants, l'intertrigo, l'érysipèle. '
 
 
(Il règne dans la science des doutes sur l'innocuité des fruits de la pomme
 
de terre. C'est une question à étudier, question d'autant plus pressante qu'il
 
y a quelques années (2) ils ont été accusés d'avoir causé la mort d'une jeune
 
fille de quatorze ans.)
 
 
(Krans (3) a signalé le premier l'insalubrité de l'alcool de pommes de
 
terre, et l'a attribuée à la présence de l'essence dont nous avons déjà parlé.
 
(Voyez Propriétés chimiques.) Les expériences faites sur les animaux inté-
 
rieurs ont prouvé que ce corps est un poison irritant très-actif (1). L'inspi-
 
ration de sa vapeur cause des douleurs spasmodiques dans la poitrine, sui-
 
vies de toux pénible, et quelquefois de nausées et même de vomissements.
 
 
Les médecins américains ont introduit, les premiers, le fusel oil dans la
 
thérapeutique. D'après Wimon (5), il excite la nutrition; les malades qui en
 
prennent engraissent comme s'ils prenaient de l'huile de foie de morue, à
 
l'exclusion presque complète de laquelle le prescrit Bowditch. Ce dernier
 
lui reconnaît, en outre, l'avantage de modérer la toux et de diminuer l'a-
 
bondance des crachats; il en retire les plus grands avantages chez les en-
 
fants scrofuleux, débiles, émaciés. — Dose, 1/2 goutte à 1 goutte dans du
 
sirop pour les enfants de S à six mois; de 5 à 10 gouttes dans de l'eau légè-
 
rement alcoolisée pour les adultes. Il faut en ménager les doses ou en sus-
 
pendre l'usage; car quelquefois l'essence des pommes de terre produit des
 
nausées, ou détermine la fièvre.)
 
  
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]

Version actuelle en date du 11 décembre 2016 à 21:52

Polytric
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Pommier


[869]

Nom accepté : Solanum tuberosum


POMME DE TERRE. Solanum tuberosum. L.

Solanum tuberosum esculentum. C. Bauh. — Solanum hortense. Dod.

Parmentière, — morelle parmentière, — Morelle tubéreuse.

SOLANACÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MOMOGYNIE. L.


La pomme de terré signale à notre reconnaissance les noms de Walter Raleigh, qui l'introduisit en Angleterre sous le règne de Jacques Ier, et celui de Parmentier, qui, sous le règne de Louis XVI en propagea la culture en France, et fit le premier connaître les immenses ressources qu'elle offre comme substance alimentaire.

On entend ordinairement par pomme de terre, non l'herbe de cette plante, mais les tubercules qui se développent aux racines. On en possède aujourd'hui un très-grand nombre de variétés, que l'on classe suivant leur couleur ou leur forme. Les meilleures servent à la nourriture de l'homme, les autres à celles des animaux. On en donne aux vaches, aux boeufs, aux chevaux, aux porcs, aux lapins, aux chiens, aux volailles ; elle les nourrit et les engraisse. Elle donne aux volailles une chair ferme, fine, une graisse blanche et une saveur très-délicate. (Pour la CULTURE, la RÉCOLTE et la CONSERVATION des pommes de terre, voyez la Maison rustique du XIXe siècle, t. I, p. 425.)

[Parties usitées. — Les rameaux souterrains, les feuilles ou fanes.

Récolte. — Les rhizomes de pommes de terre, improprement appelés tubercules, doivent être récoltés lorsque les feuilles sont velues. Il faut les conserver à l'obscurité, sans cela il se développerait de la chlorophylle sous leur pellicule, et elles deviendraient très-âcres.

Culture. — Elle est du domaine de l'agriculture.

Propriétés physiques et chimiques; usages économiques, industriels, etc. — Ce tubercule contient, par 500 gr., 345 gr. d'eau de végétation, 75 gr. de fécule, 38 gr. d'extrait salin, 24 gr. de fibres, etc. Desséchée au tour, la pomme de terre ne pèse que 9/15 de son poids primitif ; coupée par tranches, celles-ci séchées deviennent transparentes et prennent la consistance de la corne. — Analysée par Vauquelin[1], elle a fourni de l'eau, de l'amidon, du parenchyme, de l'albumine, de l'asparagine, une résine amère, cristalline, aromatique, une matière animale et colorée, des citrates de potasse et de chaux, du phosphate de potasse et de chaux, et de l'acide citrique libre.

(Haaf[2] a trouvé de la solanine dans les pommes de terre vieilles et dans les jeunes ; les épluchures en contiennent plus que la partie charnue (sur 500 gr., il en a trouvé jusqu'à 0 gr. 24). Ces faits justifient l'opinion suivant laquelle les pommes de terre dans ces conditions sont malsaines. Il faut ajouter que la coction dans l'eau élimine presque toute la solanine par dissolution.)

La pomme de terre perd par la cuisson du dixième au quinzième de son poids, et rien, suivant Proust, si elle ne se rompt pas. Pour se réduire en bouillie, elle absorbe moitié de son poids d'eau. A l'état de cuisson, la farine ou plutôt la poudre qu'on en obtient est insoluble, même à l'eau bouillante.

La pomme de terre entière ne se mange guère au delà d'une année. Elle perd de ses qualités par la germination. Quand la gelée l'attaque, elle se ramollit, s'aigrit et devient sucrée ; mais elle conserve encore une partie de sa fécule et même de ses propriétés germinatives. Pour la conserver indéfiniment, on la fait cuire à demi ; on la coupe par tranches, qu'on fait sécher à l'étuve pour les déposer dans un lieu sec. Dans cet état, elle est transparente et cassante. On en fait alors, en la divisant en morceaux, et au moyen d'une préparation particulière, des espèces de gruau, de polenta, de sagou, de

____________________

  1. Annales du Muséum, 1817, t. III, p. 24l.
  2. Journal de pharmacie et de chimie, mai 1865.


[870]

riz, de vermicelle, etc., qui peuvent remplacer ceux-ci. Pour manger les pommes de terre à la manière ordinaire, on les fait sécher sans les cuire après les avoir pelées et coupées par tranches. — Les préparations culinaires de la pomme de terre sont très nombreuses et très-variées. — On ajoute souvent de la pomme de terre cuite et écrasée dans le pain. Elle le tient plus frais, plus savoureux, mais un peu plus compact ; quand elle y est en trop grande quantité, elle le rend pâteux et gras.

On tire de la pomme de terre une fécule abondante, d'un blanc parfait, d'apparence cristalline, inodore, douce au toucher, insoluble à l'eau froide, très-soluble à l'eau bouillante. On en obtient depuis 10 jusqu'à 15, 16 et 17 pour 100, et même davantage. Le parenchyme qui l'a fourni en retient encore environ un dixième et sert de nourriture aux bestiaux.

La fécule de pomme terre est un aliment peu coûteux, salubre, et qui peut avantageusement remplacer toutes ces fécules exotiques si vantées, telles que le tapioca l'arrow-root, le sagou, etc., etc. On en fait de l'amidon, on en prépare des espèces d'empois ; on en obtient un produit que l'on convertit en sirop propre à remplacer celui de gomme, et qui est aujourd'hui très-répandu dans le commerce, surtout dans nos départements du Nord. Jusqu'ici on n'a pu obtenir de la pomme de terre du sucre cristallisé.

(Le sirop de fécule offre un des produits sucrés les plus économiques pour être convertis en alcool. L'industrie a mis à profit ce précieux avantage. Mais les eaux-de-vie qui résultent de cette fabrication possèdent une odeur et une saveur que l'on désigne sous le nom de fousel, et qui est due à la présence d'une huile particulière observée pour la première fois par Scheele, et que Dumas a classée parmi les huiles essentielles. On la connaît sous les noms d’essence de pommes de terre, de fusel oil (anglais), d’alcool amylique, d’oxyde hydraté d'amyle. Payen a avancé que c'est la fécule et sa partie tégumentaire seule qui contenait cette substance. A la fin de la distillation de l'alcool de pommes de terre et de grain, il se produit un liquide laiteux d'où elle se dépose bientôt. Purifiée par l'eau et le chlorure de calcium, et distillée de nouveau, elle se présente sous l'aspect d'un liquide limpide, incolore, d'une odeur nauséabonde particulière, bouillant à 13°.5 C., soluble dans l'eau, l'acide acétique et les huiles essentielles. Elle a pour formule Cl0 H12 O2 = C10 H11 O + HO = AylO + aq; ce qui lui a valu le nom d’oxyde d'amyle hydraté.

On a cherché plusieurs moyens de priver l'alcool de pommes de terre de ce produit. On n'y est arrivé que très-imparfaitement.

Il n'entre pas dans notre sujet d'étudier les corps qui résultent de manipulations chimiques multipliées ; nous ne pouvons pourtant pas passer sous silence l’amylène, carbure d'hydrogène que Balard a extrait de l'alcool amylique, et dont Snow, de King's College Hospital a proposé les vapeurs comme anesthésiques.)

La pomme de terre, traitée par des moyens appropriés, fermente donc et fournit alors par la distillation une eau-de-vie qu'on rectifie par une ou deux autres distillations : 100 kilogr. de ce tubercule fournissent 12 kilogr. d'alcool environ. L'eau-de-vie préparée avec la fécule est de moins mauvais goût. — Si on laisse le liquide où l'on a délayé de la pomme de terre s'aigrir, on en obtient du vinaigre d'une qualité inférieure, mais qui peut êlre employé à divers usages dans les arts. — L'eau de cuisson des pommes de terre peut fournir à la teinture une couleur grise assez solide. Ce tubercule peut servir à nettoyer le linge, à l'instar du savon. On en fait de la colle, une sorte d encollage propre aux toiles blanches (avec la fécule) ; une détrempe convenable pour badigeonner les intérieurs ; on la fait entrer dans le tirage en place de gomme, etc. - Comme la pomme de terre ne s'attache jamais au fond du vase où elle cuit, on s'en sert dans les chaudières des machines à vapeur entretenues par l'eau de puits, qui est toujours séléniteuse. Par ce moyen, il n'y a plus qu'un dépôt facile à enlever par le lavage, et non une croûte dure qui peut faire fendre la chaudière[1]. — La pomme de terre cuite en bouillie, mêlée au plâtre dans la proportion d'un dixième sur neuf dixièmes de plâtre, donne à ce dernier une solidité qui le fait résister aux influences de l'humidité. Par analogie, on a été conduit à mêler la pomme de terre cuite à la terre argileuse, dont sont construits beaucoup de bâtiments dans les campagnes. Ce ciment des petites fortunes résiste bien plus longtemps que lorsqu'il est sans mélange de pomme de terre.

Les feuilles ou fanes sont données comme fourrages à quelques animaux ; mais ils ne conviennent pour cet usage qu'après la floraison, ou du moins séchées au soleil. On les en-

____________________

  1. Journal de pharmacie, 1822, t. VIII, p. 467.


[871]

fouit en terre pour servir d'engrais. On en retire par la combustion presque un seizième de leur poids de cendre, qui fournit un quarante-huitième d'alcali[1]. Le suc des tiges et des feuilles, lorsque la plante est en fleur, donne une couleur jaune solide aux tissus de lin ou de laine, qu'on laisse tremper pendant quarante-huit heures. — On a extrait une couleur jaune brillante des fleurs. — On peut retirer de l'alcool des fruits ou baies[2] dans la proportion d'un vingt-quatrième des baies employées, qu'on met fermenter, puis qu'on distille, etc.

La pomme de terre, moins dépourvue qu'on le croit de propriétés thérapeutiques, est antiscorbutique. Son usage, dans les voyages de long cours, préserve du scorbut et le combat quand il existe. Il est à remarquer que cette affection est devenue beaucoup plus rare depuis l'emploi général de ce précieux tubercule comme aliment.

« Quand un bâtiment scorbutique, dit Roussel de Vauzèmes, chirurgien d'un navire baleinier[3], a reçu d'un autre navire quelques pommes de terre, il a été guéri, tous les moyens pharmaceutiques ayant échoué. Le procédé le plus actif pour se traiter du scorbut, à quelque période qu'il soit arrivé, consiste à manger des pommes de terre crues. » Il est certain que la pomme de terre cuite suffit pour prévenir et même guérir cette maladie à un certain degré. Plusieurs autres médecins, tels que Coché, Fontanelli, Boche[4], ont également recommandé la pomme de terre contre cette maladie. La tige, les feuilles, les fleurs et les baies, sont réputées sédatives et narcotiques, utiles dans les névralgies, les rhumatismes, les catarrhes pulmonaires chroniques. J'ai fréquemment prescrit la décoction des tiges et feuilles de pomme de terre dans les toux sèches, la diarrhée avec irritation. J'ajoute à cette décoction un peu de miel, de sucre ou d'extrait de réglisse ; elle calme la toux et facilite l'expectoration. Dans certains cas, qu'il est facile d'apprécier, j'ai donné cette décoction avec celle de lierre terrestre, de marrube blanc, de bourgeons de peuplier baumier, etc.

D'après Nauche[5], des catarrhes pulmonaires, intestinaux, urétraux et surtout utérins, qui duraient depuis plusieurs années, ont cédé à de légères décoctions de pommes de terre rouges et de réglisse. Des injections avec le même liquide ont eu le même succès contre les flueurs blanches. C'est surtout contre la gravelle que l'action de la pomme de terre en infusion a été efficace. Ce médicament a rendu les urines limpides et a procuré un soulagement plus durable que les autres diurétiques.

Le tubercule de la pomme de terre est émollient et calmant : râpé, on en fait des cataplasmes utiles contre les brûlures; c'est un remède populaire qui convient dans les cas les plus simples. Le suc exprimé de ce tubercule, appliqué très-fréquemment avec une plume sur du papier brouillard recouvrant la brûlure, convient beaucoup mieux. Je l'ai vu produire de bons effets. Chaque application apaise la douleur. La pomme de terre cuite et réduite en bouillie avec des décoctions de plantes mucilagineuses, telles que la mauve, la guimauve, le bouillon blanc, la tête de pavot, est très-utile en cataplasme qu'on applique comme calmants, adoucissants et maturatifs, sur les phlegmons, les contusions, les cancers, etc. Ils sont préférables à ceux de graine de lin, parce qu'ils se dessèchent moins vite et sont moins coûteux.

(Il en est de même de ceux de fécule. Cette dernière substance s'emploie topiquement dans les mêmes cas que l'amidon. Voyez p. 453.)

____________________

  1. Voyez sur l'exploitation de la potasse tirée des fanes de pomme de terre, le mémoire de M. Mollerat. (Annales de chimie, 1828.)
  2. Journal de pharmacie, 1818, t. IV, p. 167.
  3. Annales d'hygiène publique, 1834, t. XI, p. 362.
  4. Obs. med. de Napoli, 1828.
  5. Journal de chimie médicale, 1831, t. VII, p. 372.


[872]

Un médecin allemand[1] a vanté les feuilles et les tiges de la pomme de terre sous forme de cataplasmes, de fomentations et de lavements, dans les cas de phlegmasie avec douleur vive, d'hémorrhoïdes très-douloureuses, de spasmes de la vessie, etc. Pour faire ces cataplasmes, il suffit de réduire en pulpe les parties indiquées de la plante. Au reste, ces tiges et ces feuilles jouissent, quoiqu'à un faible degré, des propriété de la morelle noire, de la jusquiame et de la belladone. Avec la fécule on saupoudre les excoriations, les phlogoses de la peau chez les enfants, l'intertrigo, l'érysipèle.

(Il règne dans la science des doutes sur l'innocuité des fruits de la pomme de terre. C'est une question à étudier, question d'autant plus pressante qu'il y a quelques années[2] ils ont été accusés d'avoir causé la mort d'une jeune fille de quatorze ans.)

(Krans[3] a signalé le premier l'insalubrité de l'alcool de pommes de terre, et l'a attribuée à la présence de l'essence dont nous avons déjà parlé. (Voyez Propriétés chimiques.) Les expériences faites sur les animaux intérieurs ont prouvé que ce corps est un poison irritant très-actif[4]. L'inspiration de sa vapeur cause des douleurs spasmodiques dans la poitrine, suivies de toux pénible, et quelquefois de nausées et même de vomissements.

Les médecins américains ont introduit, les premiers, le fusel oil dans la thérapeutique. D'après Wimon[5], il excite la nutrition ; les malades qui en prennent engraissent comme s'ils prenaient de l'huile de foie de morue, à l'exclusion presque complète de laquelle le prescrit Bowditch. Ce dernier lui reconnaît, en outre, l'avantage de modérer la toux et de diminuer l'abondance des crachats ; il en retire les plus grands avantages chez les enfants scrofuleux, débiles, émaciés. — Dose, 1/2 goutte à 1 goutte dans du sirop pour les enfants de 5 à six mois ; de 5 à 10 gouttes dans de l'eau légèrement alcoolisée pour les adultes. Il faut en ménager les doses ou en suspendre l'usage ; car quelquefois l'essence des pommes de terre produit des nausées, ou détermine la fièvre.)

____________________

  1. Annales de la Société de médecine d'Anvers, 1845.
  2. Bouchardat, Annuaire, 1860, p. 58.
  3. Dissertatio de spirituosis e tuberibus solani confectis.
  4. Van Heurck et Guibert, Flore médicale belge, p. 366.
  5. In H. Green, Formules favorites des praticiens américains. Paris, 1860, p. 31.