Citrouille (Cazin 1868) : Différence entre versions

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Nom accepté : ''[[Cucurbita pepo]]''
  
== Clématite ==
 
  
Voir la page ''[[Clematis vitalba]]''
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<center>'''CITROUILLE'''. ''Cucurbita pepo''. L.
  
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''Cucurbita major rotunda''. Bauh., Tourn.
  
<center>'''CLÉMATITE DES HAIES'''. ''Clematis vitalba''. L.</center>
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CUCURBITACÉES. Fam. nat. — MONOÉCIE SYNGÉNÉSIE. L.</center>
  
Clematis sylvestris latifolia. BAUH., TOURN.
 
  
Herbe aux gueux, — clématite brûlante, — vigne blanche, — vigne de Salomon, — viorne,
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Cette plante, cultivée dans les jardins pour l'usage alimentaire, offre plusieurs variétés, telles que la courge, le potiron, la pastèque, etc., lesquelles ont les mêmes propriétés.
berceau de la Vierge, — aubervigne, — cranquillier.
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REKONCCLACÉES. — CLÉMATIDÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLÏGY!ME. L.
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'''Description'''. — Racines courtes, fibreuses, peu touffues. — Tiges velues, rudes, cannelées, sarmenteuses, rameuses, garnies de vrilles. — Feuilles grandes, pétiolées, alternes, arrondies, dentées, un peu pubescentes, divisées en plusieurs lobes. — Fleurs jaunes, axillaires, à pédoncules courts, durcis, renflés. — Corolle campaniforme. - Calice à cinq divisions, [souvent soudé avec la corolle à sa base, étamines au nombre de cinq, triadelphes, anthères disposées en ∞ couchées]. — Fruit d'un volume considérable, ovale ou arrondi, renfermant, sous une écorce dure, lisse et comme ligneuse, de couleur jaune panachée de vert, une chair jaunâtre, pulpeuse, ferme, aqueuse, et des semences
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planes, oblongues, d'un blanc-citrin et garnies d'un rebord saillant.
  
Cette plante (PI. XV) croît dans toutes les haies de la France, de l'Europe,
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'''Parties usitées'''. — La chair ou parenchyme. — Les semences.
  
Description.—Racine grosse, fibreuse, rougeàtre. — Tige sarmenteuse, s'enlre-
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['''Culture'''. — Les citrouilles se propagent par graines semées en place dans une terre bien fumée, ou en pot pour être repiquées plus tard en place ; elles exigent des arrosages fréquents.]
laçant avec les plantes voisines, s'étendant en longs festons et retombant en guirlandes,
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— Rameaux nombreux, rudes, anguleux, quelquefois longs de 2 mètres. — feuilles*
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'''Récolte'''.— La citrouille, récoltée à l'époque convenable, se conserve bonne à manger pendant plusieurs mois. — La semence, perfectionnée dans un fruit qui pourrit de maturité, se conserve longtemps.
formes variables, opposées, pétiolées, toutes ailées, composées ordinairement de cinq
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folioles pédicellées, cordiformes, presque ovales, aiguës à leur sommet, vertes, glabres
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à leurs deux faces, à grosses dentelures, presque lobées, quelquefois entières.— Pétioles
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roulés en forme de vrilles. — Fleurs d'un blanc un peu candie, disposées en patiicttle,
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à l'extrémité des rameaux (juillet-août). Quatre ou cinq sépales pélaloïdes, allongés,
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obtus et pubescents. Environ vingt étamines. — Anthères allongées. — Ovaires nom-
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breux surmontés d'un long style soyeux auquel succèdent autant de capsules ovales,
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comprimées, terminées par une longue queue plumeuse formée par le style persistai*
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— Fruits composés d'akènes nombreux, touffus et offrant l'aspect de plumets'blaMi,
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(Il est important, pour l'usage médical, que les graines soient fournies par le commerce non mondées, conservant l'enveloppe cornée qui met à l'abri du contact du contact de l'air l'huile fixe et l'émulsine qu'elles contiennent. )
soyeux et abondants.
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Parties usitées. — Les feuilles, les fleurs, l'écorce.
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'''Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques'''. — Le fruit de la citrouille est d'une odeur fade, d'une saveur légèrement sucrée. Les semences contiennent beaucoup de mucilage et une huile fixe, douce, qui est employée à différents usages cosmétiques. On peut s'en servir pour l'éclairage. — les usages alimentaires de la citrouille sont connus.
  
[Culture. — La clématite n'est guère cultivée que dans les jardins botaniques el
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La citrouille, comme aliment, convient aux jeunes gens, aux tempéraments sanguins et bilieux ; mais elle est nuisible aux estomacs faibles, aux personnes qui mènent une vie sédentaire et à celles qui sont sujettes aux flatuosités. (Dans le Limousin et dans l'Agenais, on fait avec la pulpe des citrouilles des panades qu'on donne comme émollientes et nourrissantes aux bêtes bovines convalescentes daus les maladies de poitrine ou de gastro-entérite.)
d'agrément; on la multiplie de graines ou de marcottes qu'on ne sépare qu'a »
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deuxième année, les clématites d'ornement se greffent sur la commune; elles ae-
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mandent une terre franche, légère, mêlée de terre de bruyère, et une exposition chaule
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et sèche; on doit, autant que possible, garantir les fleurs du soleil.]
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(1) Bulletin de thérapeutique, 15 novembre 1862, p. 402.
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Les semences sont rafraîchissantes et tempérantes. Elles conviennent dans les phlegmasies aiguës, la cystite, la néphrite, la blennorrhagie, l'hépatite, les fièvres bilieuses, etc. On les donne en décoction (30 à 60 gr. par kilogr. d'eau), ou en émulsion. Elles font partie des quatre semences froides majeures.
  
(2) Voyez en outre Revue de thérapeutique,. 1803, p. 68; Gazelle des hôpitaux, 19/eïw
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Brunet communiqua en 1845, à la Société de médecine de Bordeaux, deux observations sur l'efficacité de la pâte de semence de courge contre le tænia. Soixante-douze pilules d'extrait de fougère mâle avaient provoqué chez un marin l'expulsion de quelques fragments de ver solitaire. Brunet fit prendre un purgatif sans succès. Il fit alors administrer 45 gr. de semences de courge pilées avec autant de sucre. Après diverses doses de cette pâte, le malade rendit un tænia complet. Un second malade, porteur du même parasite, prit le même remède et obtint un résultat semblable. Sarraméa présenta peu de temps après à la même Société deux tænias rendus par des jeunes gens après l'administration de la pâte de graines de citrouille. L'un des deux malades a rendu le ver après la troisième dose ; chez l'autre, il a été expulsé après la première.
1863; Abeille médicale, 7 décembre 1863, p. 391; Journal de médecine et de chinrpr
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tiques, mars 1864, etc.
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CLEMATITE DES HAIES. 329
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Bécolte. — Elle doit être faite avant la floraison, bien que les fleurs soient aussi
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Brunet<ref>''Journal de médecine de Bordeaux'', 1852.</ref> dit avoir employé vingt-cinq ou trente fois ce remède avec succès depuis sa première communication à la Société. Sarraméa<ref>''Ibid.''</ref> a également réussi dans un grand nombre de cas, mais il a dû quelquefois revenir une seconde et même une troisième fois à l'emploi du moyen. Ce médecin cite deux cas dans lesquels la racine de grenadier et même le cousso avaient échoué.
Irès-actives. L'acre té de cette plante diminue considérablement par la dessiccation.
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Propriétés physiques et chimiques; usages économiques.
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Il y a plus de trente années que le ''Journal universel des sciences médicales''  signalait les bons effets que Mongenay avait obtenus, dans les cas de tænia, avec une pâte composée de 90 gr. de citrouille fraîche et 180 gr. de miel donnés en trois doses à la distance d'une heure. A l'aide de ce moyen, ce médecin avait constamment réussi à chasser le tænia dans le laps de six à sept heures, alors même que dans plusieurs cas tous les remèdes connus avaient échoué... Notre matière médicale indigène, dit à cette occasion le rédacteur du ''Journal de médecine de Bordeaux'', n'est pas aussi pauvre qu'on l'a fait, et si l'on mettait à son étude le soin qu'on apporte à celle des produits que le commerce nous livre à grands frais, cette vérité n'aurait pas besoin d'être rappelée.
  
— A une saveur, astringente, légèrement acide, la clématite joint une acre lé remar-
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Le fils de M. Lamirand, de Wierre-aux-Bois, âgé de cinq ans, lymphatique, pâle, amaigri, ayant les yeux ternes et cernés, éprouve depuis un an environ des douleurs vives et instantanées dans l'abdomen avec boursouflement de cette région ; des accès fréquents de dyspnée, des alternatives d'inappétence et d'un appétit vorace, des troubles dans les digestions, des nausées, des efforts de vomissement, et, pendant la nuit, le réveil en sursaut, des grincements de dents, des tintements d'oreilles, de la salivation. Depuis longtemps, cet enfant rend des vers contre lesquels on a administré un grand nombre de vermifuges. Ces prétendus helminthes, que l'on avait pris pour des vers d'une espèce particulière et inconnue, et que j'examine, ne sont autre chose que des portions désarticulées de tænia.
quable; ses feuilles fraîches déterminent un sentiment d'ardeur brûlante sur la langue
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et dans l'arrière-bouche. On relire de ses feuilles une eau distillée laiteuse, qui répand
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l'odeur de l'anémone pulsatille, et excite un sentiment d'ardeur dans la gorge. Cette
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eau distillée doit son âcreté à une huile essentielle jaunâtre, d'une saveur brûlante, dif-
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ficilement obtenue séparément, étant en petite quantité.—Les propriétés de la cléma-
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le diminuent considérablement par l'ébullition.
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[Les fleurs renferment une huile essentielle qui leur donne une odeur très-suave, se
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Le 15, je fais administrer au malade, à huit heures du matin, 30 gr. de semence de citrouille pilée avec autant de sucre. A huit heures du soir, une portion de ver de la longueur de 40 centimètres est rendue dans une selle. On n'avait observé jusqu'à ce jour que les petites portions désarticulées désignées plus haut.
rapprochant de celle des amandes amères, mais que la distillation au contact de l'eau
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détruit en partie.]
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PBÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
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Le lendemain 16, à neuf heures du matin, on répète la dose de semence de citrouille et de sucre. A neuf heures du soir, le même jour, c'est-à-dire douze heures après, comme la première fois, le malade expulse cinq mètres environ de tænia, accompagnés d'un grand nombre de petites portions détachées. Cette portion, que j'ai fait voir à mes honorables confrères MM. Gros et Perrochaud, offre à l'une de ses extrémités un cou non articulé, mince, étroit, aplati, déprimé, se terminant par un petit renflement. Ce renflement, examiné à la loupe, offre les points noirâtres indiquant les suçoirs ; ce qui prouve l'expulsion de la tête, et par conséquent de l'animal tout entier.
  
A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 5 :\ 12 gr. par
+
Le malade, resté faible, est mis à l'usage des amers, des ferrugineux et d'un régime analeptique ; son sommeil est paisible, ses fonctions digestives s'améliorent peu à peu, et tout fait espérer un prompt rétablissement.
500 gr. d'eau bouillante, com:i-e diaphoré-
+
tique, à prendre en plusieurs l'ois.
+
  
. Extrait alcoolique (1 d'alcool sur 1 d'herbe et
+
L'humble citrouille, avec tous ses avantages, l'emportera-t-elle sur le ''cousso'' ?... Non, elle n'a pas le bonheur d'être étrangère, et le préjugé que « nul n'est prophète dans son pays » persiste encore, malgré le progrès des lumières. Si elle se présentait métamorphosée en flacons de 20 fr. élégamment étiquetés, nos citadins atteints du ver solitaire s'empresseraient de l'acheter et d'en louer les heureux effets. Les médecins de campagne, auxquels je destine plus particulièrement le résultat de mes efforts pour la propagation des remèdes indigènes, se serviront de la semence de citrouille
8 d'eau), 5 à 20 centigr.
+
  
Poudre, de 5 à 15 centigr., en potion, comme
+
____________________
purgatif.
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A L'EXTÉRIEUR. —Feuilles pilées, Q. S., comme
+
<references/>
vésicatoire. •
+
  
Toutes les parties de la clématite sont acres, irritantes, rubéfiantes, vési-
 
cant'es. Ona préconisé cette plante comme diaphorétique et purgatif dras-
 
tique dans les maladies vénériennes secondaires et tertiaires, l'hydropisie,
 
les scrofules. Dioscoride lui attribue la propriété de guérir la^ lèpre. Mat-
 
thiole l'a citée comme efficace, dans le traitement de la fièvre *quarte. Tra-
 
gùS loue ses effets contre l'hydropisie. Son administration demande beau-
 
coup de prudence. On doit commencer par des doses très-légères, et obser-
 
ver soigneusement son action sur le tube digestif.
 
  
J'ai employé les jeunes bourgeons de clématite fraîchement cueillis, à la
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[328]
dose de là 3 gr., suivant l'âge, en infusion dans 150 à 200 gr. d'eau bouil-
+
lante, avec addition d'un peu de semences d'anis. Cette dose, prise en trois
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fois à une heure d'intervalle, a produit chez six malades de cinq à huit
+
évacuations alvines assez abondantes^ sans coliques violentes. Une légère
+
infusion de guimauve était administrée par tasses pour en favoriser l'effet.
+
Ce purgatif m'a paru agir à peu près comme la gratiole. Il est, suivant la
+
dose, cathartique., ou drastique.. Les feuilles sèches, à petite dose, en décoc-
+
tion dans un litre d'eau à prendre par tasses, ont produit un effet diurétique
+
très-pronôncé dans un cas d'anasarque, suite de fièvre intermittente autom-
+
nale négligée, chez un homme de trente et un ans, habitant le marais de
+
Fréthun, près de Calais. L'oedème s'est complètement dissipé en dix jours.
+
  
tes Annales de la Société médico-chirurgicale de Liège (1863) contien-
+
telle qu'elle est, et leurs clients, dont le bon sens n'a pas été faussé par l'imagination, l'accepteront avec reconnaissance comme tout ce qui se rapproche de la simplicité de la nature.
nent une étude complète sur les propriétés diurétiques de cette plante et
+
' surson emploi dans les hydropisies, l'albuminurie, etc.
+
  
J'ai employé la clématite à l'extérieur pour produire la vésication ; elle a
+
[Pour l'administration des graines de citrouille, comme vermifuge, on recommande de ne pas passer l'émulsion de semences faites avec du sucre et de l'eau, mais bien de faire tout prendre au malade. Debout propose d'ajouter à cette emulsion de 125 gr. faite avec 60 gr. de graines, 2 gr. d'extrait alcoolique d'écorce de racine de grenadier.
un effet très-prompt et dont on peut tirer un grand parti à la campagne. Les
+
mendiants profitent de cette propriété vésicante pour se faire des ulcérations,
+
ue là le nom d'herbe aux gueux, vulgairement donné à cette plante. On l'a
+
mise en usage comme rubéfiante dans le rhumatisme et la goutte. Nicolas
+
j'jteneau appliquait les feuilles broyées sur les pieds des goutteux. Les habi-
+
tants des îles Hébrides, au rapport de Haller, remédient aux douleurs de
+
tête et à celles des membres de la même manière.
+
  
.J ai usé avec avantage de la décoction des feuilles de clématite comme
+
On a essayé aussi les amandes de courges dragéifiées contre les ascarides lombricoïdes, on en fait manger, une quinzaine par jour aux enfants : au Mexique, les graines de courges sont anciennement et très-utilement employées comme ténicides.]
uetersive dans les ulcères sordides, atoniques et scrofuleux; elle déterge
+
puissamment et promptement. Après son action la cicatrisation s'opère avec
+
plus de rapidité. Les paysans se. guérissent quelquefois de la gale par des
+
mctions avec de l'huile dans laquelle cette plante a été broyée et macérée,
+
ws frictions peuvent exciter vivement la peau, l'enflammer, et donner lieu
+
™wne à un mouvement fébrile plus ou moins vif.
+
  
 +
(Depuis la dernière édition de cet ouvrage, les faits se sont multipliés, Nous citerons, entre autres, quelques observations à l'appui de l'emploi de la semence de citrouille, dans les cas de tænia, par Girard, professeur de clinique à Marseille<ref>''Bulletin de thérapeutique'', 15 novembre 1862, p. 402.</ref> ; — un cas cité par le même journal, même livraison, p. 415 ; — affections vermineuses, paralysie de la face et amaurose sympathique ; bons effets des semences de citrouille)<ref>Voyez en outre ''Revue de thérapeutique'', 1803, p. 68 ; ''Gazette des hôpitaux'', 19 février 1863 ; ''Abeille médicale'', 7 décembre 1863, p. 391 ; ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', mars 1864, etc.</ref>.
  
[330]
+
Le parenchyme et le tissu extérieur de la citrouille, appliqués, après avoir été pilés, sur les inflammations superficielles, sur les brûlures du premier degré, les inflammations traumatiques et les ophthalmies, procurent un soulagement instantané. J'ai eu fréquemment recours à ce moyen tout populaire, et toujours j'ai eu à me louer de ses bons effets. Matthiole employait la pulpe de citrouille contre les douleurs de tête. On renouvelle fréquemment cette application, que l'on fait toujours à froid.
  
La vertu antipsorique de la clématite était connue des anciens; Pline
+
____________________
Dioscoride et Galien en ont parlé. Vicari, médecin d'Avignon (1), Schwil-
+
gué la citent. Curtel (in Wauters) employait l'huile dans laquelle on avait fait
+
bouillir un nouet d'écorce intérieure d*e cette plante; il faisait frictionner
+
tout le corps avec le nouet près d'un feu clair; après la deuxième, troisième
+
ou quatrième friction, une éruption générale assez pénible était produite-
+
mais en huit ou dix jours on était débarrassé de la gale, même la plus invé-
+
térée.
+
  
11 est à regretter que les médecins aient laissé tomber dans l'oubli une
+
<references/>
plante aussi énergique, et qui, bien étudiée dans ses effets, peut être d'un
+
grand secours à la thérapeutique.
+
  
(Les rameaux frais sont introduits sous la peau, en médecine vétérinaire, comme moyen révulsif.)
 
  
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]

Version actuelle en date du 1 décembre 2016 à 18:26

Citronnier
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Clématite


[326]

Nom accepté : Cucurbita pepo


CITROUILLE. Cucurbita pepo. L.

Cucurbita major rotunda. Bauh., Tourn.

CUCURBITACÉES. Fam. nat. — MONOÉCIE SYNGÉNÉSIE. L.


Cette plante, cultivée dans les jardins pour l'usage alimentaire, offre plusieurs variétés, telles que la courge, le potiron, la pastèque, etc., lesquelles ont les mêmes propriétés.

Description. — Racines courtes, fibreuses, peu touffues. — Tiges velues, rudes, cannelées, sarmenteuses, rameuses, garnies de vrilles. — Feuilles grandes, pétiolées, alternes, arrondies, dentées, un peu pubescentes, divisées en plusieurs lobes. — Fleurs jaunes, axillaires, à pédoncules courts, durcis, renflés. — Corolle campaniforme. - Calice à cinq divisions, [souvent soudé avec la corolle à sa base, étamines au nombre de cinq, triadelphes, anthères disposées en ∞ couchées]. — Fruit d'un volume considérable, ovale ou arrondi, renfermant, sous une écorce dure, lisse et comme ligneuse, de couleur jaune panachée de vert, une chair jaunâtre, pulpeuse, ferme, aqueuse, et des semences planes, oblongues, d'un blanc-citrin et garnies d'un rebord saillant.

Parties usitées. — La chair ou parenchyme. — Les semences.

[Culture. — Les citrouilles se propagent par graines semées en place dans une terre bien fumée, ou en pot pour être repiquées plus tard en place ; elles exigent des arrosages fréquents.]

Récolte.— La citrouille, récoltée à l'époque convenable, se conserve bonne à manger pendant plusieurs mois. — La semence, perfectionnée dans un fruit qui pourrit de maturité, se conserve longtemps.

(Il est important, pour l'usage médical, que les graines soient fournies par le commerce non mondées, conservant l'enveloppe cornée qui met à l'abri du contact du contact de l'air l'huile fixe et l'émulsine qu'elles contiennent. )

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — Le fruit de la citrouille est d'une odeur fade, d'une saveur légèrement sucrée. Les semences contiennent beaucoup de mucilage et une huile fixe, douce, qui est employée à différents usages cosmétiques. On peut s'en servir pour l'éclairage. — les usages alimentaires de la citrouille sont connus.

La citrouille, comme aliment, convient aux jeunes gens, aux tempéraments sanguins et bilieux ; mais elle est nuisible aux estomacs faibles, aux personnes qui mènent une vie sédentaire et à celles qui sont sujettes aux flatuosités. (Dans le Limousin et dans l'Agenais, on fait avec la pulpe des citrouilles des panades qu'on donne comme émollientes et nourrissantes aux bêtes bovines convalescentes daus les maladies de poitrine ou de gastro-entérite.)

Les semences sont rafraîchissantes et tempérantes. Elles conviennent dans les phlegmasies aiguës, la cystite, la néphrite, la blennorrhagie, l'hépatite, les fièvres bilieuses, etc. On les donne en décoction (30 à 60 gr. par kilogr. d'eau), ou en émulsion. Elles font partie des quatre semences froides majeures.

Brunet communiqua en 1845, à la Société de médecine de Bordeaux, deux observations sur l'efficacité de la pâte de semence de courge contre le tænia. Soixante-douze pilules d'extrait de fougère mâle avaient provoqué chez un marin l'expulsion de quelques fragments de ver solitaire. Brunet fit prendre un purgatif sans succès. Il fit alors administrer 45 gr. de semences de courge pilées avec autant de sucre. Après diverses doses de cette pâte, le malade rendit un tænia complet. Un second malade, porteur du même parasite, prit le même remède et obtint un résultat semblable. Sarraméa présenta peu de temps après à la même Société deux tænias rendus par des jeunes gens après l'administration de la pâte de graines de citrouille. L'un des deux malades a rendu le ver après la troisième dose ; chez l'autre, il a été expulsé après la première.


[327]

Brunet[1] dit avoir employé vingt-cinq ou trente fois ce remède avec succès depuis sa première communication à la Société. Sarraméa[2] a également réussi dans un grand nombre de cas, mais il a dû quelquefois revenir une seconde et même une troisième fois à l'emploi du moyen. Ce médecin cite deux cas dans lesquels la racine de grenadier et même le cousso avaient échoué.

Il y a plus de trente années que le Journal universel des sciences médicales signalait les bons effets que Mongenay avait obtenus, dans les cas de tænia, avec une pâte composée de 90 gr. de citrouille fraîche et 180 gr. de miel donnés en trois doses à la distance d'une heure. A l'aide de ce moyen, ce médecin avait constamment réussi à chasser le tænia dans le laps de six à sept heures, alors même que dans plusieurs cas tous les remèdes connus avaient échoué... Notre matière médicale indigène, dit à cette occasion le rédacteur du Journal de médecine de Bordeaux, n'est pas aussi pauvre qu'on l'a fait, et si l'on mettait à son étude le soin qu'on apporte à celle des produits que le commerce nous livre à grands frais, cette vérité n'aurait pas besoin d'être rappelée.

Le fils de M. Lamirand, de Wierre-aux-Bois, âgé de cinq ans, lymphatique, pâle, amaigri, ayant les yeux ternes et cernés, éprouve depuis un an environ des douleurs vives et instantanées dans l'abdomen avec boursouflement de cette région ; des accès fréquents de dyspnée, des alternatives d'inappétence et d'un appétit vorace, des troubles dans les digestions, des nausées, des efforts de vomissement, et, pendant la nuit, le réveil en sursaut, des grincements de dents, des tintements d'oreilles, de la salivation. Depuis longtemps, cet enfant rend des vers contre lesquels on a administré un grand nombre de vermifuges. Ces prétendus helminthes, que l'on avait pris pour des vers d'une espèce particulière et inconnue, et que j'examine, ne sont autre chose que des portions désarticulées de tænia.

Le 15, je fais administrer au malade, à huit heures du matin, 30 gr. de semence de citrouille pilée avec autant de sucre. A huit heures du soir, une portion de ver de la longueur de 40 centimètres est rendue dans une selle. On n'avait observé jusqu'à ce jour que les petites portions désarticulées désignées plus haut.

Le lendemain 16, à neuf heures du matin, on répète la dose de semence de citrouille et de sucre. A neuf heures du soir, le même jour, c'est-à-dire douze heures après, comme la première fois, le malade expulse cinq mètres environ de tænia, accompagnés d'un grand nombre de petites portions détachées. Cette portion, que j'ai fait voir à mes honorables confrères MM. Gros et Perrochaud, offre à l'une de ses extrémités un cou non articulé, mince, étroit, aplati, déprimé, se terminant par un petit renflement. Ce renflement, examiné à la loupe, offre les points noirâtres indiquant les suçoirs ; ce qui prouve l'expulsion de la tête, et par conséquent de l'animal tout entier.

Le malade, resté faible, est mis à l'usage des amers, des ferrugineux et d'un régime analeptique ; son sommeil est paisible, ses fonctions digestives s'améliorent peu à peu, et tout fait espérer un prompt rétablissement.

L'humble citrouille, avec tous ses avantages, l'emportera-t-elle sur le cousso ?... Non, elle n'a pas le bonheur d'être étrangère, et le préjugé que « nul n'est prophète dans son pays » persiste encore, malgré le progrès des lumières. Si elle se présentait métamorphosée en flacons de 20 fr. élégamment étiquetés, nos citadins atteints du ver solitaire s'empresseraient de l'acheter et d'en louer les heureux effets. Les médecins de campagne, auxquels je destine plus particulièrement le résultat de mes efforts pour la propagation des remèdes indigènes, se serviront de la semence de citrouille

____________________

  1. Journal de médecine de Bordeaux, 1852.
  2. Ibid.


[328]

telle qu'elle est, et leurs clients, dont le bon sens n'a pas été faussé par l'imagination, l'accepteront avec reconnaissance comme tout ce qui se rapproche de la simplicité de la nature.

[Pour l'administration des graines de citrouille, comme vermifuge, on recommande de ne pas passer l'émulsion de semences faites avec du sucre et de l'eau, mais bien de faire tout prendre au malade. Debout propose d'ajouter à cette emulsion de 125 gr. faite avec 60 gr. de graines, 2 gr. d'extrait alcoolique d'écorce de racine de grenadier.

On a essayé aussi les amandes de courges dragéifiées contre les ascarides lombricoïdes, on en fait manger, une quinzaine par jour aux enfants : au Mexique, les graines de courges sont anciennement et très-utilement employées comme ténicides.]

(Depuis la dernière édition de cet ouvrage, les faits se sont multipliés, Nous citerons, entre autres, quelques observations à l'appui de l'emploi de la semence de citrouille, dans les cas de tænia, par Girard, professeur de clinique à Marseille[1] ; — un cas cité par le même journal, même livraison, p. 415 ; — affections vermineuses, paralysie de la face et amaurose sympathique ; bons effets des semences de citrouille)[2].

Le parenchyme et le tissu extérieur de la citrouille, appliqués, après avoir été pilés, sur les inflammations superficielles, sur les brûlures du premier degré, les inflammations traumatiques et les ophthalmies, procurent un soulagement instantané. J'ai eu fréquemment recours à ce moyen tout populaire, et toujours j'ai eu à me louer de ses bons effets. Matthiole employait la pulpe de citrouille contre les douleurs de tête. On renouvelle fréquemment cette application, que l'on fait toujours à froid.

____________________

  1. Bulletin de thérapeutique, 15 novembre 1862, p. 402.
  2. Voyez en outre Revue de thérapeutique, 1803, p. 68 ; Gazette des hôpitaux, 19 février 1863 ; Abeille médicale, 7 décembre 1863, p. 391 ; Journal de médecine et de chirurgie pratiques, mars 1864, etc.