Raisin d'Amérique (Cazin 1868) : Différence entre versions

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Phytolacque à dix étamines, — épinard des Indes, — lacques, — méchoacan du Canada,  
 
Phytolacque à dix étamines, — épinard des Indes, — lacques, — méchoacan du Canada,  
 
épinard d'Amérique, — amarante.  
 
épinard d'Amérique, — amarante.  
  
CHÉNOP'ODIACÉBS. Fam. nat. — DÉCAHDHIE DÉCAGYNIE. L.  
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trionale, est aujourd'hui naturalisée dans le midi de l'Europe. Elle esta
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multipliée dans le Piémont, dans les Pyrénées, dans les Landes, et quelques
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autres de nos départements méridionaux, qu'on peut la regarder connu
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(1) Traité des maladies des reins. Paris, 1839.
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Cette belle plante vivace (Pl. XXXIII), originaire de l'Amérique septentrionale, est aujourd'hui naturalisée dans le midi de l'Europe. Elle est si multipliée dans le Piémont, dans les Pyrénées, dans les Landes, et quelques autres de nos départements méridionaux, qu'on peut la regarder comme indigène.
  
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'''Description'''. — Racine très-grosse, pivotante, épaisse, brune en dehors, blanche en dedans et divisée en fibres charnues. — Tiges droites, glabres, luisantes, anguleuses, quelquefois d'une belle couleur rouge, hautes de 1 à 2 mètres. — Feuilles alternes, ovales, lancéolées, à pétioles courts, terminées par une épine aiguë et dure. — Fleurs blanches ou rosées, petites, disposées en longues grappes sur des pédoncules très-striés, opposées aux feuilles (juillet-août). — Calice coloré à cinq divisions pétaloïdes. - Point de corolle. — Dix étamines aussi longues que le calice, à anthères latérales. — Un seul
  
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'''Culture'''.— On la cultive dans les jardins pour la beauté de son feuillage et de
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ses fruits en grappes et d'un rouge vif. Elle résiste l'hiver, pourvu qu'on la couvre de
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litière à l'approche des grands froids. C'est une plante très-rustique qui vient partout, et sans aucun soins. Elle se propage par graines ou par divisions des souches.]
  
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'''Récolte'''. on peut récolter la racine en tout temps, parce qu'elle est vivace ; les
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baies qu'à la fin de l'automne.
  
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'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Toute cette plante est inodore. - Les baies sont succulentes, amères, acerbes et désagréables ; les feuilles, un peu vireuses et amères. La racine a une saveur âcre. Il résulte d'un travail de Braconnat sur la ''phytolacca decandra'' : 1° que la potasse existe en quantité énorme dans ce végétal (50 kilogr. de ses cendres contiennent 33 kilogr. 361 gr. de salin desséché,
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contenant 21 kilogr. de potasse pure et caustique ; 2° que l'incinération peut fournir
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un alcali riche ; 3° que la potasse est saturée dans cette plante par un acide qui est fort voisin du malique, mais qui en diffère sous quelques rapports ; 4° que ces baies peuvent fournir par la fermentation et la distillation une certaine quantité d'alcool ; 5° que leur matière colorante peut être employée comme réacti; 6° que les feuilles sont alimentaires<ref>''Annales de chimie'', 1807, t. LXII, p. 71.</ref>. Il conclut que la culture de cette plante peut devenir une branche d'industrie avantageuse pour la récolte de la potasse. Déjà Decandolle avait émis l'opinion qu'on néglige trop en France cette plante, tandis qu'aux Etats-Unis on sait en tirer parti, ce qui est d'autant plus blâmable qu'elle croît avec facilité dans les terrains qui ont du fond.
  
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On s'est servi du suc rougeâtre des baies pour colorer le vin blanc. En Portugal on a
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été obligé d'ordonner de couper les ''phytolacca'' avant la floraison pour éviter cette fraude, qui altérait d'ailleurs la qualité du vin. Les baies servent aussi en teinture, quoiqu'elles ne donnent qu'une couleur fugace, d'après Bonafous.
  
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Les jeunes pousses et les jeunes feuilles du raisin d'Amérique sont seulement émollientes, et se mangent à la Jamaïque et dans l'Amérique septentrionales, les premières en guise d'asperges, les secondes comme les épinards ; mais lorsque la plante a acquis son entier développement, elle est irritante, vomitive et purgative. 2 cuillerées de son suc, qui est âcre, purgent vivement ; appliqué à l'extérieur, il irrite et rubéfie la peau. Larder<ref>Roques, ''Phytographie médicale'', nouvelle édition, t. I, p. 307.</ref> rapporte plusieurs cas d'empoisonnement par la phytolaque. (Ce poison produit les effets d'un hyposthénisant après avoir agi comme éméto-cathartique. Son antidote, suivant Bodart<ref>''Cours de botanique médicale comparée'', t. I, p. 154.</ref>, est le lait.
  
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La plante a été employée à l'intérieur contre le rhumatisme, surtout contre celui qui succède à la syphilis, dans les éruptions cutanées chroniques, la gale, les dartres, les hémorrhoïdes ; dans cette dernière affection, si l'usage interne ne la guérit pas complètement, on en injecte une infusion dans le rectum ; Jones et Kollock, de l'Etat de Savannah<ref>Coxe, ''Americ. dispens.'', p. 456.</ref>, assurent que la phytolacca guérit la syphilis dans ses diverses époques, même sans l'aide du mercure. Le suc épaissi au soleil a été vanté contre les affections cancéreuses. Il cause, dit-on, des douleurs violentes, que le malade doit supporter pendant vingt-quatre heures. Linné parle d'une cure opérée par ce moyen dans l'espace de huit semaines, et d'un cancer au sein guéri au boutde six mois. Schopf<ref>''Matière médicale américaine''.</ref>, Brown<ref>''Histoire de la Jamaïque''.</ref> assurent que la phytolacca passe en Amérique pour un vrai spécifique contre le cancer ouvert, et contre les plaies cancéreuses. Murray croit que Coldonius est le premier  
  
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A\rZ?f botatlWe médicale comparée, t. I, p. 154.
 
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qui ait parlé des vertus de cette plante contre le cancer et contre les plaies fistuleuses. Malheureusement, l'observation rigoureuse des faits n'a pas sanctionné ce que les auteurs ont rapporté sur les propriétés anticancéreuses du raisin d'Amérique.
  
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Les baies sont purgatives comme les feuilles. Les pigeons qui les mangent deviennent purgatifs, ainsi qu'on en a eu la preuve chez les étudiants du collège Priceton, aux Etats-Unis, qui furent violemment évacués pour avoir mangé des pigeons qui s'en étaient nourris, comme le raconte Rush de Philadelphie<ref>Ricord-Madiana, ''Recherches sur la Brinvilliers''.</ref>.
  
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Infusées dans l'eau-de-vie, ces baies sont un remède populaire aux Etats-Unis contre le rhumatisme chronique : on les substitue au gayac. De toutes les parties de la phytolacque, c'est la racine qui est la plus active, surtout lorsqu'elle compte plusieurs années. C'est un purgatif violent qui exige beaucoup de prudence. Nathan Crawfor a publié une guérison à l'hydrophobie par la racine de phytolacca, chez une jeune fille qui avait des spasmes deux fois par jour, sans hydrophobie, etc. ; rien n'est donc moins prouvé que cette prétendue guérison d'une rage qui ne nous paraît être qu'une hystérie. Il paraît, d'après Valentin<ref>''Journal de médecine'' de Corvisart et Leroux, t. XVI, p. 137.</ref>, que cette racine, en infusion ou en décoction, peut être employée en place d'émétique, à la dose de 4 à 8 gr. Sèche, elle n'a presque aucune action sur l'estomac.  
  
qui ait parlé des vertus de cette plante contre le cancer et contre les plaies:  
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(En Hollande, on emploie contre la gale et la teigne rebelle une pommade ainsi faite : poudre de racine de phylotaque, 30 gr. ; axonge, 360 gr.)
fistuleuses. Malheureusement, l'observation rigoureuse des faits n'a pas sanc-
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du raisin d'Amérique.  
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Les baies sont purgatives comme les feuilles. Les pigeons qui les mangent
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[Nous citerons la phylotaque à huit étamines (''P. octandra'', L.), qui diffère par le nombre de ses étamines et ses fleurs d'un blanc jaunâtre, groupées en épis dressés, et la phylotaque dioïque (''P. dioïca'', L.) ou belombra, qui est un arbre de moyenne grandeur dont les feuilles sont marquées de grosses nervures rouges. Ils jouissent tous des mêmes propriétés.]
deviennent purgatifs, ainsi qu'on en a eu la preuve chez les étudiants du
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collège Priceton, aux Etats-Unis, qui furent violemment évacués pour avoir
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Unis contre le rhumatisme chronique : on les substitue au gayac. De toutes
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coup de prudence. Nathan Crawfor a publié une guérison à 'hydrophobie
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par la racine de phytolacca, chez une jeune fille qui avait des spasmes deux
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fois par jour, sans hydroph'obie, etc.; rien n'est donc moins prouvé que
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cette prétendue guérison d'une rage qui ne nous paraît être qu'une hysté-
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coction, peut être employée en place d'émétique, à la dose de 4 à 8 gr.
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Sèche, elle n'a presque aucune action sur l'estomac.
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(En Hollande, on emploie contre la gale et la teigne rebelle une pommade
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ainsi faite : poudre de racine de phylotaque, 30 gr.; axonge, 360 gr.)
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[Nous citerons la phylotaque à huit étamines (P., octandra, L.), qui diffère
 
par le nombre de ses étamines et ses fleurs d'un blanc jaunâtre, groupées en
 
épis dressés, et la phylotaque dioïque (P., dioïca, L.) ou belombra, qui est un
 
arbre de moyenne grandeur dont les feuilles sont marquées de grosses ner-
 
vures rouges. Ils jouissent tous des mêmes propriétés.]
 
  
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]

Version du 13 novembre 2016 à 11:42

Raifort
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Redoul

[894]

Nom accepté : Phytolacca americana


RAISIN D'AMÉRIQUE. Phytolacca decandra. L.

Phytolacque à dix étamines, — épinard des Indes, — lacques, — méchoacan du Canada, épinard d'Amérique, — amarante.

CHÉNOPODIACÉES. Fam. nat. — DÉCANDRIE DÉCAGYNIE. L.


Cette belle plante vivace (Pl. XXXIII), originaire de l'Amérique septentrionale, est aujourd'hui naturalisée dans le midi de l'Europe. Elle est si multipliée dans le Piémont, dans les Pyrénées, dans les Landes, et quelques autres de nos départements méridionaux, qu'on peut la regarder comme indigène.

Description. — Racine très-grosse, pivotante, épaisse, brune en dehors, blanche en dedans et divisée en fibres charnues. — Tiges droites, glabres, luisantes, anguleuses, quelquefois d'une belle couleur rouge, hautes de 1 à 2 mètres. — Feuilles alternes, ovales, lancéolées, à pétioles courts, terminées par une épine aiguë et dure. — Fleurs blanches ou rosées, petites, disposées en longues grappes sur des pédoncules très-striés, opposées aux feuilles (juillet-août). — Calice coloré à cinq divisions pétaloïdes. - Point de corolle. — Dix étamines aussi longues que le calice, à anthères latérales. — Un seul


[895]

ovaire avec dix styles à stigmate simple. — Fruit : baies arrondies comprimées, grosses à peu près comme des grains de raisin, de couleur purpurine, contenant un suc pourpre très-foncé, à dix ou douze loges contenant des semences hémisphériques.

Parties usitées. — Les racines, les feuilles, les fruits.

Culture.— On la cultive dans les jardins pour la beauté de son feuillage et de ses fruits en grappes et d'un rouge vif. Elle résiste l'hiver, pourvu qu'on la couvre de litière à l'approche des grands froids. C'est une plante très-rustique qui vient partout, et sans aucun soins. Elle se propage par graines ou par divisions des souches.]

Récolte. on peut récolter la racine en tout temps, parce qu'elle est vivace ; les feuilles peuvent être cueillies pendant toute la belle saison. On ne peut recueillir les baies qu'à la fin de l'automne.

Propriétés physiques et chimiques. — Toute cette plante est inodore. - Les baies sont succulentes, amères, acerbes et désagréables ; les feuilles, un peu vireuses et amères. La racine a une saveur âcre. Il résulte d'un travail de Braconnat sur la phytolacca decandra : 1° que la potasse existe en quantité énorme dans ce végétal (50 kilogr. de ses cendres contiennent 33 kilogr. 361 gr. de salin desséché, contenant 21 kilogr. de potasse pure et caustique ; 2° que l'incinération peut fournir un alcali riche ; 3° que la potasse est saturée dans cette plante par un acide qui est fort voisin du malique, mais qui en diffère sous quelques rapports ; 4° que ces baies peuvent fournir par la fermentation et la distillation une certaine quantité d'alcool ; 5° que leur matière colorante peut être employée comme réacti; 6° que les feuilles sont alimentaires[1]. Il conclut que la culture de cette plante peut devenir une branche d'industrie avantageuse pour la récolte de la potasse. Déjà Decandolle avait émis l'opinion qu'on néglige trop en France cette plante, tandis qu'aux Etats-Unis on sait en tirer parti, ce qui est d'autant plus blâmable qu'elle croît avec facilité dans les terrains qui ont du fond.

On s'est servi du suc rougeâtre des baies pour colorer le vin blanc. En Portugal on a été obligé d'ordonner de couper les phytolacca avant la floraison pour éviter cette fraude, qui altérait d'ailleurs la qualité du vin. Les baies servent aussi en teinture, quoiqu'elles ne donnent qu'une couleur fugace, d'après Bonafous.

Les jeunes pousses et les jeunes feuilles du raisin d'Amérique sont seulement émollientes, et se mangent à la Jamaïque et dans l'Amérique septentrionales, les premières en guise d'asperges, les secondes comme les épinards ; mais lorsque la plante a acquis son entier développement, elle est irritante, vomitive et purgative. 2 cuillerées de son suc, qui est âcre, purgent vivement ; appliqué à l'extérieur, il irrite et rubéfie la peau. Larder[2] rapporte plusieurs cas d'empoisonnement par la phytolaque. (Ce poison produit les effets d'un hyposthénisant après avoir agi comme éméto-cathartique. Son antidote, suivant Bodart[3], est le lait.

La plante a été employée à l'intérieur contre le rhumatisme, surtout contre celui qui succède à la syphilis, dans les éruptions cutanées chroniques, la gale, les dartres, les hémorrhoïdes ; dans cette dernière affection, si l'usage interne ne la guérit pas complètement, on en injecte une infusion dans le rectum ; Jones et Kollock, de l'Etat de Savannah[4], assurent que la phytolacca guérit la syphilis dans ses diverses époques, même sans l'aide du mercure. Le suc épaissi au soleil a été vanté contre les affections cancéreuses. Il cause, dit-on, des douleurs violentes, que le malade doit supporter pendant vingt-quatre heures. Linné parle d'une cure opérée par ce moyen dans l'espace de huit semaines, et d'un cancer au sein guéri au boutde six mois. Schopf[5], Brown[6] assurent que la phytolacca passe en Amérique pour un vrai spécifique contre le cancer ouvert, et contre les plaies cancéreuses. Murray croit que Coldonius est le premier

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  1. Annales de chimie, 1807, t. LXII, p. 71.
  2. Roques, Phytographie médicale, nouvelle édition, t. I, p. 307.
  3. Cours de botanique médicale comparée, t. I, p. 154.
  4. Coxe, Americ. dispens., p. 456.
  5. Matière médicale américaine.
  6. Histoire de la Jamaïque.


[896]

qui ait parlé des vertus de cette plante contre le cancer et contre les plaies fistuleuses. Malheureusement, l'observation rigoureuse des faits n'a pas sanctionné ce que les auteurs ont rapporté sur les propriétés anticancéreuses du raisin d'Amérique.

Les baies sont purgatives comme les feuilles. Les pigeons qui les mangent deviennent purgatifs, ainsi qu'on en a eu la preuve chez les étudiants du collège Priceton, aux Etats-Unis, qui furent violemment évacués pour avoir mangé des pigeons qui s'en étaient nourris, comme le raconte Rush de Philadelphie[1].

Infusées dans l'eau-de-vie, ces baies sont un remède populaire aux Etats-Unis contre le rhumatisme chronique : on les substitue au gayac. De toutes les parties de la phytolacque, c'est la racine qui est la plus active, surtout lorsqu'elle compte plusieurs années. C'est un purgatif violent qui exige beaucoup de prudence. Nathan Crawfor a publié une guérison à l'hydrophobie par la racine de phytolacca, chez une jeune fille qui avait des spasmes deux fois par jour, sans hydrophobie, etc. ; rien n'est donc moins prouvé que cette prétendue guérison d'une rage qui ne nous paraît être qu'une hystérie. Il paraît, d'après Valentin[2], que cette racine, en infusion ou en décoction, peut être employée en place d'émétique, à la dose de 4 à 8 gr. Sèche, elle n'a presque aucune action sur l'estomac.

(En Hollande, on emploie contre la gale et la teigne rebelle une pommade ainsi faite : poudre de racine de phylotaque, 30 gr. ; axonge, 360 gr.)

[Nous citerons la phylotaque à huit étamines (P. octandra, L.), qui diffère par le nombre de ses étamines et ses fleurs d'un blanc jaunâtre, groupées en épis dressés, et la phylotaque dioïque (P. dioïca, L.) ou belombra, qui est un arbre de moyenne grandeur dont les feuilles sont marquées de grosses nervures rouges. Ils jouissent tous des mêmes propriétés.]

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  1. Ricord-Madiana, Recherches sur la Brinvilliers.
  2. Journal de médecine de Corvisart et Leroux, t. XVI, p. 137.