Fraisier (Cazin 1868) : Différence entre versions
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Version du 6 septembre 2016 à 09:45
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Nom accepté : Fragaria vesca
Tout le monde connaît cette plante vivace et surtout les fruits agréables qu'elle porte.
Description. — Racines noirâtres, fibreuses, cylindriques, rameuses. — Tiges herbacées, stolonifères, velues. — Feuilles radicales, trifoliolées. — Fleurs blanches, terminales (au printemps et en été). — [Calice à cinq divisions, étalé, accompagné d'un calicule aussi à cinq divisions. — Corolle rosacée à cinq pétales entiers. — Etamines très-nombreuses insérées sur le calice.] — Fruit : akènes petits, durs, portés sur un réceptable charnu et succulent (fraise).
Parties usitées. — Les racines, les feuilles et les fruits.
[Culture. — Le fraisier est peu difficile sur le choix du terrain et il exige peu de chaleur pour arriver à maturité. Le nombre considérable de variétés de fraises a été divisé par Porteau en six classes que l'on distingue par leur port, leur couleur, la grandeur et la structure des fleurs et aux qualités de leur fruit ; toutes aiment une terre douce, chaude, substantielle, riche en engrais bien consommé sans être trop forte ; elle
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préfère l'eau que le jardinier lui donne à celle des pluies ou de l'humidité naturelle du sol ; on la multiplie par stolons ou drageons et rarement par semis, à moins qu'on ne cherche à obtenir des variétés.]
Récolte. — On arrache la racine en automne ou pendant l'hiver pour la conserver et pendant toute l'année pour l'employer immédiatement. Transplanté dans les jardins et cultivé, le fraisier produit de nombreuses variétés de fruits ; mais ces fruits perdent cette saveur exquise et cette odeur délicieuse qu'ils ont dans l'état sauvage. Les grosses fraises, telles que les ananas, les chilis, etc., estimées pour leur volume, leur bel aspect, sont bien moins savoureuses et plus indigestes que la fraise des bois.
Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. - On mange le fruit seul ou avec du sucre, du vin, de l'eau, du suc de citron, de la crème; on en fait une boisson tempérante et rafraîchissante en les écrasant dans l'eau. On peut en préparer une sorte de vin, en retirer du sucre, de l'alcool. Le principe aromatique de ce fruit passe avec l'eau distillée. « La fraise donne, dit Stan. Martin[1], un hydrolat, qui ne devient agréable que lorsqu'il a vieilli cinq à six mois ; il faut, pour l'obtenir, mettre dans l'eau de l'alambic quelques poignées de muriate de soude. L'hydrolat de fraises peut être employé comme parfum, pour aromatiser des pastilles, des sirops. Afin que les fraises ne soient pas trop longtemps soumises à la chaleur, on doit, d'après Stan. Martin, employer, pour la préparation du sirop de fraises, le mode suivant : on met dans un vase, qui ne doit être ni en bois ni en métal, des couches superposées de fraises et de sucre pulvérisé ; on dépose ce mélange à la cave ; le lendemain, on le jette sur un tamis en crin, au travers duquel le jus s'écoule. Ce jus est mis en bouteille et chauffé d'après le procédé Appert. Ainsi préparé, le sirop de fraises est d'une belle couleur, d'une odeur agréable et d'une saveur qui rappelle celle de la fraise. Il peut être conservé d'une année à l'autre sans s'altérer. »
[D'aprés Buignet, la proportion et la nature des sucres varient beaucoup dans les fraises ; ainsi les fraises Colline d'Ehrhavelt renferment, pour 100 de matière sucrée, 56 de sucre de canne et 44 de sucre interverti ; les fraises renferment encore de la pectine, de l'acide pectique, de l'acide malique, etc.]
La racine de fraisier est d'une odeur nulle, d'une saveur amère et astringente. Sa décoction est d'une couleur rouge. Elle contient du tannin et de l'acide gallique.
Substance incompatible. — Le sulfate de fer.
Pallas dit que la racine du fraisier porte une sorte de cochenille.
Feuilles de fraisier, comme succédané du thé. « M. Klekzinsky, à Vienne, rapporte que les feuilles de fraisier des forêts, recueillies immédiatement après la maturation des fruits, donnent une boisson diététique agréable. On les fait sécher au soleil, ou on les torréfie légèrement sur des plaques chaudes. Dans le premier cas, on obtient une infusion un peu verdâtre, dans le second, un peu brunâtre, d'odeur agréable, de saveur astringente, qui rappelle celle du thé de Chine. La légère torréfaction rend la chlorophylle renfermée dans ces feuilles insoluble dans l'eau, et dissipe en même temps le peu d'odeur herbacée inhérente à la plupart des infusés de feuilles fraîches.[2]
La racine et les feuilles de fraisier sont diurétiques et un peu astringentes. Elles sont fréquemment employées en décoction (30 à 60 gr. par kilogr. d'eau) dans les affections des voies urinaires, dans quelques hémorrhagies passives, surtout dans l'hématurie lorsque l'irritation est calmée, dans la période d'atonie des diarrhées, etc. L'usage de la décoction de racine de fraisier donne aux urines une teinte rosée, et les excréments rougissent. On trouve dans un recueil scientifique d'Amérique, le Southern medical and surgical Journal, l'exposé de diverses expériences tentées par Blackburn avec les feuilles du fraisier sauvage dans la dysenterie. Ce médecin a fait usage des feuilles de fraisier sous toutes les formes, dans le traitement de cette maladie ; mais voici la formule à laquelle il s'est arrêté comme étant la meilleure : Pr. feuilles vertes 375 gr., bonne eau-de-vie 1 litre 15 centilitres ; faites bouillir jusqu'à ce que le liquide soit réduit à 55 centilitres.
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- ↑ Bulletin de thérapeutique, t.XLVIII, p. 544.
- ↑ Wiener medizinische Wochenschrift et Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, 1855, p. 433.
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Filtrez. On administre cette boisson par cuillerées à bouche toutes les trois heures jusqu'à ce que les symptômes alarmants aient disparu. Blackburn cite plusieurs observations desquelles il résulte que, dans des cas de dysenterie où les moyens ordinaires avaient échoué, il a suffi de dix cuillerées de la décoction de feuilles de fraisier pour produire une amélioration qui, bientôt, a fait place à une guérison complète.
Malgaigne a publié dans le Journal de médecine et de chirurgie pratiques, t. XIX, une observation très-intéressante de diarrhée chronique, avec anémie profonde, guérie par le même moyen.
Les fraises sont rafraîchissantes et tempérantes. Elles conviennent aux tempéraments bilieux et sanguins. J'ai vu une gastro-entérite chronique survenue à la suite de l'abus des spiritueux, chez un cultivateur âgé de trente-quatre ans, d'une constitution sèche, d'un tempérament nerveux, se dissiper entièrement par l'usage des fraises mangées en grande quantité et presque comme seul aliment pendant un mois. Cette cure eut lieu en 1826. Depuis cette époque, aucun symptôme de gastrite n'a reparu. On sait que Linné parvint à se garantir des attaques douloureuses de la goutte par ce moyen, et que plusieurs goutteux ou calculeux en ont fait avec succès leur principale nourriture. Le Journal de chimie médicale (année 1840) rapporte que Sauquet, pharmacien à Sigeau, a adressé à la Société des sciences physiques une observation relative à un de ses amis qui s'était délivré de la goutte en mangeant annuellement, soir et matin, des fraises. On a aussi conseillé l'usage de ce fruit contre la jaunisse, la phthisie, la bronchite avec toux sèche et chaleur des voies aériennes.
Van Swieten rapporte que des maniaques ayant mangé jusqu'à 20 livres de fraises par jour, pendant plusieurs semaines, ont été complètement rendus à la raison... (?) Gilibert et Hoffmann citent des guérisons de phthisie qui n'étaient sans doute que des catarrhes pulmonaires, des inflammations chroniques de la poitrine, accompagnées, comme cela a souvent lieu, de fièvre lente et de marasme. Gesner rapporte que le suc exprimé des fraises, macéré dans l'esprit de vin, administré à la dose d'une cuillerée à bouche chaque matin, a puissamment soulagé des personnes atteintes de la pierre. Boerhaave dit que la propriété diurétique réside plus particulièrement dans les fruits, improprement appelés graines ; il les prescrit infusées dans du vin blanc. Liébig a prouvé par l'analyse que, pendant l'usage des fraises, l'urine cessait de contenir cet excès d'acide urique qu'elle présente quelquefois chez les individus sujets ou prédisposés à la néphrite calculeuse. Ce fait confirme les observations des auteurs que nous venons de citer.
Gelneck[1] assure que les fraises sont anthelminthiques ; il en fait manger aux malades qui ont le taenia, et auxquels il doit faire subir un traitement.
Les fraises déterminent, chez certaines personnes, une éruption, une sorte de roséole occupant une étendue plus ou moins grande, et surtout marquée au cou et à la face. J'ai observé ce fait sur moi-même jusqu'à l'âge de trente ans environ, J'ai pu ensuite m'habituer peu à peu à l'usage de ce fruit sans en être incommodé.
La décoction de la racine et des feuilles de fraisier est employée à l'extérieur en gargarisme dans l'angine, et en lavement dans les diarrhées et vers la fin de la dysenterie. Les feuilles pilées ont été préconisées par Nénel (in Mérat et Delens) comme topique pour guérir les ulcères. On prescrit parfois l'eau distillée de fraise ou celle de la plante comme cosmétique. Pour enlever les taches de hâle, on se sert avec avantage, dit-on, d'un topique de fraises légèrement écrasées, appliqué la nuit sur le visage.
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- ↑ Journal de Hufeland, 1824.