Grenadier (Candolle, 1882) : Différence entre versions

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Le Grenadier est sauvage dans les endroits rocailleux de la Perse, du Kurdistan, de l'Afghanistan et du Béloutchistan <sup>6</sup>. Burnes en a vu des bois entiers dans le Mazanderan, au midi de la mer Caspienne <sup>7</sup>. Il paraît également spontané au midi du Caucase <sup>8</sup>. Vers l'ouest, c'est-à-dire dans l'Asie Mineure, la Grèce, en général dans la région de la mer Méditerranée, dans l'Afrique septentrionale et à Madère, l'apparence est plutôt que l'espèce se serait naturalisée à la suite des cultures et de la dispersion des pépins par les oiseaux. Beaucoup de flores du midi de l'Europe en parlent comme d'une espèce « subspontanée »  
 
Le Grenadier est sauvage dans les endroits rocailleux de la Perse, du Kurdistan, de l'Afghanistan et du Béloutchistan <sup>6</sup>. Burnes en a vu des bois entiers dans le Mazanderan, au midi de la mer Caspienne <sup>7</sup>. Il paraît également spontané au midi du Caucase <sup>8</sup>. Vers l'ouest, c'est-à-dire dans l'Asie Mineure, la Grèce, en général dans la région de la mer Méditerranée, dans l'Afrique septentrionale et à Madère, l'apparence est plutôt que l'espèce se serait naturalisée à la suite des cultures et de la dispersion des pépins par les oiseaux. Beaucoup de flores du midi de l'Europe en parlent comme d'une espèce « subspontanée »  
  
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6. Boissier, ''Fl. orient.'', 2, p. 737 ; sir Joseph Hooker, ''Fl. of british India'', 2, p. 581.  
 
6. Boissier, ''Fl. orient.'', 2, p. 737 ; sir Joseph Hooker, ''Fl. of british India'', 2, p. 581.  
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8. Ledebour, ''Fl. rossica'', 2, p. 104.  
 
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ou « naturalisée ». Desfontaines, dans sa Flore atlantique, l'indiquait comme spontanée en Algérie, mais les auteurs subséquents la disent plutôt naturalisée <sup>1</sup>. Je doute de la qualité spontanée dans le Béloutchistan, où le voyageur Stocks l'a récoltée <sup>2</sup>, car les botanistes anglo-indiens n'admettent pas comme certain l'indigénat à l'est de l'Indus, et je remarque l'absence de l'espèce dans les collections du Liban et de la Syrie que M. Boissier cite toujours avec soin.  
 
ou « naturalisée ». Desfontaines, dans sa Flore atlantique, l'indiquait comme spontanée en Algérie, mais les auteurs subséquents la disent plutôt naturalisée <sup>1</sup>. Je doute de la qualité spontanée dans le Béloutchistan, où le voyageur Stocks l'a récoltée <sup>2</sup>, car les botanistes anglo-indiens n'admettent pas comme certain l'indigénat à l'est de l'Indus, et je remarque l'absence de l'espèce dans les collections du Liban et de la Syrie que M. Boissier cite toujours avec soin.  
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Le Grenadier est mentionné plusieurs fois dans l'Ancien Testament sous le nom de ''Rimmon'' <sup>5</sup>, qui est l'origine du nom arabe ''Rummân'' ou ''Rumân''. C'était un des arbres fruitiers de la Terre promise, et les Hébreux l'avaient apprécié dans les jardins d'Egypte. Beaucoup de localités de la Palestine avaient reçu leur nom de cet arbuste, mais les textes n'en parlent que comme d'une espèce cultivée. Les Phéniciens faisaient figurer la fleur et le fruit du Grenadier dans leurs cérémonies religieuses, et la déesse Aphrodite l'avait planté elle-même dans l'île de Chypre <sup>6</sup>, ce qui fait supposer qu'il ne s'y trouvait pas alors. Les Grecs avaient connaissance de l'espèce déjà à l'époque d'Homère. Il en est question deux fois dans l' ''Odyssée'', comme d'un arbre des jardins des rois de Phæacie et Phrygie. Ils l'appelaient ''Roia'' ou ''Roa'', que les érudits disent venir du nom syriaque et hébreu <sup>7</sup>, et aussi ''Sidai'' <sup>8</sup>, qui paraît venir des Pelasges, car le nom albanais actuel est ''Sège'' <sup>9</sup>. Rien ne peut faire supposer que l'espèce fut  
 
Le Grenadier est mentionné plusieurs fois dans l'Ancien Testament sous le nom de ''Rimmon'' <sup>5</sup>, qui est l'origine du nom arabe ''Rummân'' ou ''Rumân''. C'était un des arbres fruitiers de la Terre promise, et les Hébreux l'avaient apprécié dans les jardins d'Egypte. Beaucoup de localités de la Palestine avaient reçu leur nom de cet arbuste, mais les textes n'en parlent que comme d'une espèce cultivée. Les Phéniciens faisaient figurer la fleur et le fruit du Grenadier dans leurs cérémonies religieuses, et la déesse Aphrodite l'avait planté elle-même dans l'île de Chypre <sup>6</sup>, ce qui fait supposer qu'il ne s'y trouvait pas alors. Les Grecs avaient connaissance de l'espèce déjà à l'époque d'Homère. Il en est question deux fois dans l' ''Odyssée'', comme d'un arbre des jardins des rois de Phæacie et Phrygie. Ils l'appelaient ''Roia'' ou ''Roa'', que les érudits disent venir du nom syriaque et hébreu <sup>7</sup>, et aussi ''Sidai'' <sup>8</sup>, qui paraît venir des Pelasges, car le nom albanais actuel est ''Sège'' <sup>9</sup>. Rien ne peut faire supposer que l'espèce fut  
  
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1. Munby, ''Fl. d'Alger'', p. 49 ; Ball, ''Spicilegium floræ maroccanæ'', p. 488.  
 
1. Munby, ''Fl. d'Alger'', p. 49 ; Ball, ''Spicilegium floræ maroccanæ'', p. 488.  
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9. De Heldreich, ''Die Nutzpflanzen Griechenlands'', p. 64.  
 
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spontanée en Grèce, où maintenant Fraas et Heidreich affirment qu'elle est uniquement naturalisée <sup>1</sup>.
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En résumé, les arguments botaniques, historiques et linguistiques s'accordent à faire considérer l'espèce actuelle comme originaire de la Perse et de quelques pays adjacents. La culture en a commencé dans un temps préhistorique, et son extension dans l'antiquité, vers l'occident d'abord et ensuite en Chine, a causé des naturalisations qui peuvent tromper sur la véritable origine, car elles sont fréquentes, anciennes et durables.  
 
En résumé, les arguments botaniques, historiques et linguistiques s'accordent à faire considérer l'espèce actuelle comme originaire de la Perse et de quelques pays adjacents. La culture en a commencé dans un temps préhistorique, et son extension dans l'antiquité, vers l'occident d'abord et ensuite en Chine, a causé des naturalisations qui peuvent tromper sur la véritable origine, car elles sont fréquentes, anciennes et durables.  
  
J'était arrivé à ces conclusions en 1835 <sup>6</sup>, ce qui n'a pas empêché de reproduire dans quelques ouvrages l'erreur de l'origine africaine.  
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1. Fraas, ''Fl. class.'', p. 79 ; Heldreich, ''l. c.''  
 
1. Fraas, ''Fl. class.'', p. 79 ; Heldreich, ''l. c.''  
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6. ''Géogr. bot. raisonnée'', p. 891.
 
6. ''Géogr. bot. raisonnée'', p. 891.
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[[Catégorie:Candolle]]

Version actuelle en date du 19 septembre 2013 à 20:43

Nom accepté : Punica granatum L.

Cognassier
Alphonse de Candolle, Origine des plantes cultivées, 1882
Pomme rose

[189]

Grenadier. — Punica Granatum, Linné.

Le Grenadier est sauvage dans les endroits rocailleux de la Perse, du Kurdistan, de l'Afghanistan et du Béloutchistan 6. Burnes en a vu des bois entiers dans le Mazanderan, au midi de la mer Caspienne 7. Il paraît également spontané au midi du Caucase 8. Vers l'ouest, c'est-à-dire dans l'Asie Mineure, la Grèce, en général dans la région de la mer Méditerranée, dans l'Afrique septentrionale et à Madère, l'apparence est plutôt que l'espèce se serait naturalisée à la suite des cultures et de la dispersion des pépins par les oiseaux. Beaucoup de flores du midi de l'Europe en parlent comme d'une espèce « subspontanée »

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6. Boissier, Fl. orient., 2, p. 737 ; sir Joseph Hooker, Fl. of british India, 2, p. 581.

7. Cité d'après Royle, Ill. Himal., p. 208.

8. Ledebour, Fl. rossica, 2, p. 104.


[190]

ou « naturalisée ». Desfontaines, dans sa Flore atlantique, l'indiquait comme spontanée en Algérie, mais les auteurs subséquents la disent plutôt naturalisée 1. Je doute de la qualité spontanée dans le Béloutchistan, où le voyageur Stocks l'a récoltée 2, car les botanistes anglo-indiens n'admettent pas comme certain l'indigénat à l'est de l'Indus, et je remarque l'absence de l'espèce dans les collections du Liban et de la Syrie que M. Boissier cite toujours avec soin.

En Chine, le Grenadier n'est qu'à l'état cultivé. Il y a été introduit, de Samarkande, par Chang-Kien, un siècle et demi avant l'ère chrétienne 3.

La naturalisation dans la région de la mer Méditerranée est si commune qu'on peut l'appeler une extension de l'ancienne habitation. Probablement elle date d'un terme reculé, car la culture de l'espèce remonte à une époque très ancienne dans l'Asie occidentale.

Voyons si les documents historiques et linguistiques peuvent apprendre quelque chose à cet égard.

Je note d'abord l'existence d'un nom sanscrit, Darimba, d'où viennent plusieurs noms de l'Inde moderne 4. On peut en conclure que l'espèce était connue depuis longtemps dans les pays qui ont été traversés par les Aryas, lors de leur marche vers l'Inde.

Le Grenadier est mentionné plusieurs fois dans l'Ancien Testament sous le nom de Rimmon 5, qui est l'origine du nom arabe Rummân ou Rumân. C'était un des arbres fruitiers de la Terre promise, et les Hébreux l'avaient apprécié dans les jardins d'Egypte. Beaucoup de localités de la Palestine avaient reçu leur nom de cet arbuste, mais les textes n'en parlent que comme d'une espèce cultivée. Les Phéniciens faisaient figurer la fleur et le fruit du Grenadier dans leurs cérémonies religieuses, et la déesse Aphrodite l'avait planté elle-même dans l'île de Chypre 6, ce qui fait supposer qu'il ne s'y trouvait pas alors. Les Grecs avaient connaissance de l'espèce déjà à l'époque d'Homère. Il en est question deux fois dans l' Odyssée, comme d'un arbre des jardins des rois de Phæacie et Phrygie. Ils l'appelaient Roia ou Roa, que les érudits disent venir du nom syriaque et hébreu 7, et aussi Sidai 8, qui paraît venir des Pelasges, car le nom albanais actuel est Sège 9. Rien ne peut faire supposer que l'espèce fut

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1. Munby, Fl. d'Alger, p. 49 ; Ball, Spicilegium floræ maroccanæ, p. 488.

2. Boissier, l. c.

3. Bretschneider, On study, etc., p. 16.

4. Piddington, Index.

5. Rosenmüller, Biblische Naturgeschichte, 1, p. 273 ; Hamilton, La botanique de la Bible, Nice, 1871, p. 48.

6. Hehn, Cultur und Hausthiere aus Asien, ed. 3, p. 106.

7. Hehn, ibid.

8. Lenz, Botanik d. alten Griechen und Rœmer, p. 681.

9. De Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 64.


[191]

spontanée en Grèce, où maintenant Fraas et Heidreich affirment qu'elle est uniquement naturalisée 1. Le Grenadier entrait aussi dans les légendes et les cérémonies du culte des plus anciens Romains 2. Caton parle de ses propriétés vermifuges. Selon Pline 3, les meilleures grenades étaient de Carthage. Le nom de Malum punicum en avait été tiré ; mais on n'aurait pas dû croire, comme cela est arrivé, que l'espèce fût originaire de l'Afrique septentrionale. Très probablement les Phéniciens l'avaient introduite à Carthage, longtemps avant les rapports des Romains avec cette ville, et sans doute elle y était cultivée, comme en Egypte.

Si le Grenadier avait été jadis spontané dans l'Afrique septentrionale et le midi de l'Europe il aurait eu chez les Latins des noms plus originaux que Granatum (venant de granum ?) et Malum punicum. On aurait peut-être à citer quelques noms locaux, dérivés d'anciennes langues occidentales, tandis que le nom sémite Rimmon a prévalu soit en grec, soit en arabe, et se trouve même, par l'influence arabe, chez les Berbères 4. Il faut admettre que l'origine africaine est une des erreurs causées par les mauvaises désignations populaires des Romains.

On a trouvé dans le terrain pliocène des environs de Meximieux des feuilles et fleurs d'un Grenadier que M. de Saporta 5 décrit comme une variété du Punica Granatum actuel. Sous cette forme, l'espèce a donc existé, antérieurement à notre époque, avec plusieurs espèces les unes éteintes, les autres existant encore aujourd'hui dans le midi de l'Europe et d'autres enfin restées aux îles Canaries, mais la continuité d'existence jusqu'à nos jours n'en est pas pour cela démontrée.

En résumé, les arguments botaniques, historiques et linguistiques s'accordent à faire considérer l'espèce actuelle comme originaire de la Perse et de quelques pays adjacents. La culture en a commencé dans un temps préhistorique, et son extension dans l'antiquité, vers l'occident d'abord et ensuite en Chine, a causé des naturalisations qui peuvent tromper sur la véritable origine, car elles sont fréquentes, anciennes et durables.

J'étais arrivé à ces conclusions en 1835 6, ce qui n'a pas empêché de reproduire dans quelques ouvrages l'erreur de l'origine africaine.

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1. Fraas, Fl. class., p. 79 ; Heldreich, l. c.

2. Hehn, l. c.

3. Pline, I. 13, c. 19.

4. Dictionnaire français-berbère, publié par le gouvernement français.

5. De Saporta, Bull. soc. géol. de France du 5 avril 1869, p. 767, 769.

6. Géogr. bot. raisonnée, p. 891.