Pavot (Cazin 1868) : Différence entre versions

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Patience
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Pêcher


Sommaire

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Pavot

Voir la page [[]]

PAVOT. Papaver, somniferum. L.

Papaver hortense, semine àïbo. C. BAUH., TOURN.—Papaversativum.MATIII. Papaver album et nigrum. OFF.

Pavot somnifère, — pavot des jardins, — pavot blanc, — pavot noir, — pavot pourpre,

pavot d'opium.

PAPAVÉRACÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE MONOGYKIE. L.

Le pavot somnifère (PI. XXX), généralement connu, originaire de l'Asie, croît spontanément dans l'Europe méridionale, et est cultivé dans nos jar- dins ppur l'usage pharmaceutique. On le cultive en grand dans les champs en Allemagne, en Flandre, dans les départements du Nord et du Pas-de- Calais, en Alsace, etc., pour extraire des semences une huile connue dans le commerce sous le nom d'huile d'oeillet ou d'oeillette.

On distingue deux variétés de pavot somnifère : le pavot blanc (paftm somniferum album) et le pavot noir (papaver somniferum nigrum). Il y aune sous-variété de ce dernier à pétales pourpres. Ce sont les capsules du pavot blanc (têtes de pavot) qu'on emploie ordinairement en médecine.

Dans nos départements méridionaux, on cultive dans la campagne le pa- vot blanc à grosse tête oblongue pour l'usage médical. Les capsules, re- cueillies un peu avant la maturité, séchées à l'ombre et mises en caisse, se vendent comme têtes de pavot blanc du Levant.

'Description.— PAVOT BLANC —Racine pivotante, grosse comme le doigt, con- tenant un suc lactescent amer.—Tiges d'environ 1 mètre, peu rameuses, glauques, cylin- driques". — Feuilles alternes, amplexicaules, glauques, dentées inégalement, glabres» leurs deux faces. —Fleurs fort grandes, terminales, solitaires (juin-seplembre). — Calice à deux sépales très-glabres, 'concaves, caduques. — Corolle à quatre pétales fort grands, arrondis, d'une couleur pourpre-violette ou blanche, marqués vers leur base aune tâche noirâtre. — Etamines très-nombreuses à anthères jaunes. — Huit ou quinze stig- mates disposés en rayons et soudés au sommet de l'ovaire. Fruit : capsules globuleuses, très-grosses, glabres, ovales, indéhiscentes, remplies d'une multitude de semences pe- tites, réniformes, noires, quelquefois blanches, dont le nombre a été évalué de 12,0UU' 32,000 (1). — PAVOT NOIR. — Pétales purpurins, marqués d'une tache noire à lac» — Capsules, moins grosses, globuleuses, s'ouvrant par des pertuis au-dessous au snD mate. — Graines noirâtres. . ,,;

(Le pavot pourpre, papaver orientale, L., pavot oriental, est cette belle espèce cu- vée dans les jardins. C'est une simple variété; rien ne justifie la préférence que mu- corde Aubergier pour l'extraction de l'opium indigène.)

Parties usitées. — Les capsules ou têtes, les graines, les feuilles, les fleurs.

Récolte. — Le pavot somnifère, cultivé en Orient pour le suc qu'on en retire sous

(I) Ou a calculé qu'au bout de peu d'années, un seul pied de pavot couvrirait la f'^ ^„1/e la terre, si toutes les semences fructifiaient; ce qui justifie l'exclamation dOviue-w soporiferum grana papaver habel! (Trist. v, el. 1.) downloadModeText.vue.download 776 sur 1308


PAVOT. 7Zi7

le nom i'omum, est cultivé dans le Midi pour l'usage pharmaceutique de ses capsules. Ces dernières '-(têtes de pavot blanc) doivent être récoltées avant la maturité des graines, lorsqu'elles sont encore très-succulentes. Les capsules du commerce sont récoltées trop tard lorsque les graines ont mûri aux dépens du suc du péricarpe : elles contiennent nar conséquent moins de principes actifs. La substitution des fruits verts et succulents Jn pavot aux capsules sèches du commerce a quelquefois produit des accidents graves. On croyait autrefois que les têtes de pavot expédiées du Midi de la France étaient plus riches en principes médicamenteux que celles que l'on récolte dans les jardins du Nord, et.surtqut dans les lieux humides. Aujourd'hui on emploie indifféremment ces capsules, sans"distinction.de provenance (quoique celles du Midi soient en effet plus actives). .'.[Culture. — Le pavot est multiplié de graines semées en place dans tous les ter- rains. Le semis d'automne fleurit en juin et juillet; celui de février et mars, un peu plus tard. Il existe,deux variétés de pavot somnifère : l'une à tête longue, l'autre à tête ronde, depressum. La première est, dit-on, plus active. Pour l'extraction de l'huile, on cultive le pavot noir ou à oeillette, qui se distingue par ses capsules, plus nombreuses, plus petites, et: qui-sont déhiscentes. Pour la récolte de l'opium, le pavot doit être cul- tivé en planches étroites, séparées par un espace suffisamment large pour permettre le passage,.■.d'un..ouvrier. Les plates-bandes ne doivent pas être trop larges; il faut que l'ouvrier,.'en étendant le bras, puisse facilement atteindre au milieu. Ces exercices se pratiquent après la chuté des pétales, avant que la capsule jaunisse. En Turquie, on laisse dessécher l'opium sur les capsules, puis on racle les larmes; en France, à cause dès brouillards et de l'inconstance du temps,- on est obligé de recueillir le suc liquide. Cette,opération se pratique avec le doigt, et le suc est rassemblé dans des vases; on le tait évaporer au soleil ou à l'étuve.]

Propriétés physiques et chimiques.—Les capsules de notre pavot pa-

raissent contenir les mêmes principes que l'opium, mais en moindre proportion. En Perse, en Asie-Mineure, en Egypte et dans l'Inde, on pratique à la tige et aux capsules du pavot-somnifère, avant la. maturité, des incisions obliques et superficielles, par les- quelles coule un. suc qui se concrète bientôt en larmes, qu'on agglomère et qui consti-

iette substance nous est ordinairement apportée en pains orbiculaires, pesant de 125 à/iaO-gr., aplatis, rougeâtres à l'extérieur, d'un brun noirâtre intérieurement, d'une cassure.brillante,et compacte, d'une odeur vireuse, d'une saveur acre et amère. Elle est

. très-souvent falsifiée : des pierres, du sable, de la terre, de la bouse de vache, des mor- ceaux de plomb, des huiles, des résines et beaucoup d'autres substances s'y trouvent iteen plusi bu moins grande quantité. On y introduit quelquefois beaucoup d'extrait de pavot cornu. «Mais une fraude plus sérieuse, dit Dorvault, est celle qui consiste à épùerl'ôpitun dé la morphine et à lui rendre son aspect primitif. On a vu des opiums refaits; quï'lmitaieht les opiums vierges de manière à tromper les plus fins connais- seurs;»;- ■■■

les anciens (Dioscoride, Pline) appelaient meconium l'opium obtenu par la contusion, iKpressionfdes capsules et des feuilles de la plante. Ce produit, qui, dit-on, est encore

fourniiSeulou mêlé à,l'opium par incision, est plus faible et explique naturellement les

aférencés.que,l'on observe entre les opiums du commerce. On ne trouve guère en Hance_-que; trois espèces commerciales d'opium, qu'il est important de distinguer, à

, ca«se;tte;la-. différence très-grande de leur richesse en morphine : l'opium de Smyrne, Mest'le plus pur et le plus riche en morphine; l'opium de Constantinople; celui

S^îPi. a reçu Je nom de thébaïque. L'opium a été analysé par plusieurs chimistes,

^contient :',lâ morphine, la codéine,.la narcotine, l'acide méconique, un acide extractif WD,jta résine, l'huile grasse, la thébaïne ou paramorphine, la narcéine, la bassorine, «me, du caoutchouc, du ligneux, un principe vireux volatil, et sans doute de l'al- bumine végétale. : '

j,Fe.al 1 dissout environ les deux tiers de la substance de l'opium. Le résidu consiste gcipaleméilt en-résine, narcotine, caoutchouc. L'alcool en dissout les quatre cin- pemeS;,L-,éthera peu d'action sur les principes constitutifs de l'opium, si ce n'est jl^Wine.^Jne douce chaleur le ramollit et lui fait perdre de 6 à 15 pour 100

JBL*,f^ciP?s lesplus.actifs.de l'opium sont au nombre de six : la morphine, la co- oefemi»? •m'là narcotine, la thébaïne, la papavérine. Nous ne citerons que pour de'laïWnr 9mme^ trouvée dans l'opium d'Egypte par Hinterberger, et se rapprochant luidS fe -^tousies rapports; la porphyroxine, qu'on suppose exister dans ce- u çengaie; la pseudo-morphine, dans celui du Levant. downloadModeText.vue.download 777 sur 1308


7/i8 PAVOT.

La MORPHINE (C33H20AzO° + 2HO) (1) estime substance alcaline, blanche cristal lisant en aiguilles à quatre faces, inodore, d'une saveur amère, insoluble dans l'eaiî froide, soluble dans 92 parties d'eau bouillante,dans ZiO d'alcool anhydre; très-peu soluble dans l'éther, se dissolvant dans les corps gras, les huiles volatiles, les alcalis caustimies formant avec, les acides des sels définis, donnant avec les sels de fer peroxydes et l'a- cide iodique une coloration bleue ou violette; l'acide azotique la colore en rouge, Cei alcaloïde se rencontre dans l'opium à l'état de méconate de morphine, et s'y trouve dans la proportion de 2 à 10 pour 100 en moyenne.

On peut s'assurer de la richesse de l'opium en morphine en versant de l'ammoniaque faible dans un soluté d'opium. L'opium qui donne le précipité le plus abondant et le moins coloré est le meilleur. On arrive -par des procédés qui ressortent de la pharma- cie (2) au dosage rigoureux de cet alcaloïde.

Les sels de morphine employés en médecine sont le chlorhydrate, l'acétate, le sul- fate ; le plus usité est le chlorhydrate, lequel est inodore, incolore, d'une saveur extrê- mement amère, en poudre fine ou en cristaux très-déliés. Sa solubilité dans 16-parties d'eau froide et à poids égal dans l'eau bouillante, le fait préférer à la morphine. Le sul- fate est plus soluble, mais n'est pas aussi universellement usité.

La CODÉINE (C35Ha°Az05), découverte par Robiquet en 1832, est en cristaux volu- mineux et transparents, octaédriques, solubles dans l'eau, l'alcool et l'élher (ce qui la différencie de la morphine ; elle est laevogyre, amère et franchement alcaline. Elle n'est colorée ni par l'acide azotique, ni par le perchlorure de fer; elle est insoluble dans les alcalis. Elle forme avec les acides des sels cristallisables ; c'est en effet du chlorhydrate double de morphine et de codéine (sel de Gregory) qu'on l'extrait. La teinture de noix de galle précipite abondamment les sels de codéine, ce qui a lieu d'une manière inoins complète pour les sels de morphine. La codéine existe dans l'opium dans une propor- tion de 1/2 à 1 pour 100.

La NARCÉIME (C32H2*AzO'°), découverte par Pelletier en 1832, se présente sousk forme d'une matière blanche, neutre, très-amère, soyeuse, en aiguilles fines allongées formant des prismes à quatre pans ; peu soluble dans l'eau froide, plus dans l'eau bouil- lante, un peu davantage dans l'alcool, insoluble dans l'éther. Les acides la colorent eu bleu, à l'exception de l'acide nitrique, qui lui donne une teinte jaune. Légèrement tao- gyre, elle est fusible à 72 degrés. Les acides étendus se combinent avec la narcéineet donnent, entre autres sels, un chlorhydrate, un sulfate, un nitrate encore peu éiu- diés.

La NARCOTINE (C4GH25AZ01'4), connue aussi sous le nom de sel de Derosne, du nom du chimiste qui l'a découverte en 1803, est une matière solide, blanche ou un peu jau- nâtre, inodore et insipide, cristallisant en prismes droits à base rhomboïdale, fusible, insoluble dans l'eau froide, très-soluble dans l'éther, l'alcool et les huiles volati!es;sa solution est neutre aux couleurs végétales. Elle se combine avec les acides, et forme avec eux des sels très-amers. L'opium en contient de 1 à 8 pour 100.

La THÉBAÏNE (C23H14Az05, suivant Kane; C38H2«AzO°, suivant d'autres auteurs), découverte par Thiboumery, forme, des cristaux blancs en aiguilles courtes, solubles dans l'eau, l'alcool froids et dans l'éther. Elle est plus acre qu'amère, alcaline, fusible a 130 degrés ; elle ne rougit pas par l'acide nitrique, ne donne pas de coloration bleue avec les sels de fer peroxydes. Elle forme avec les acides dilués des combinaisons cris- tallisables encore peu connues.

La PAPAVERINE (C40H2,AzO8), découverte en 1848 par Merk, de Darmstadt, res- semble à la narcotine, et bleuit par l'acide sulfurique concentré.)

Substances incompatibles avec l'opium. — L'ammoniaque, les carbonates de soudée de potasse, le bichlorure de mercure, le nitrate d'argent, l'acétate de plomb, les suiia» de cuivre, de zinc et de fer, l'infusion de noix de galle, le café.

Les semences de pavot somnifère, qui ne possèdent point les propriétés du P^'f. et sont même inusitées en pharmacie, fournissent au commerce l'huile d oeillette ( - ration du mot olielte (de l'italien olietlo, ou olevetle, ou petite huile), dont les quauu».

(1) Il faut noter qu'il existe entre les chimistes de grandes dissidences P0™,n?/îrlnï1f jo alcaloïdes de l'opium. Le Codex de 1866 donne la suivante à,la morphine, C H AZU,- I ot à la codéine C36H 21 AzO 6, 2HO. Ces deux équivalents d'eau indiquent que le corpsi a b« tenu.par voie aqueuse; mais la solution dans l'éther absolu laisse déposer ÛPS anhydres.

(2) Voyez Annuaire de Bouchafdat, 1858, p. 5. downloadModeText.vue.download 778 sur 1308


PAVOT. 749

r [gg usages alimentaires, se rapprochent de l'huile d'olive. D'une belle couleur blonde d'une saveur agréable, elle ne rancit pas et se conserve plus longtemps que rhuile'd'olive,à. laquelle on la mêle en plus ou moins grande quantité; on l'emploie

• même exclusivement dans le Nord, sans s'en douter. Il est très-facile de reconnaître cette fraude. L'huile d'olive se coagule dès que le thermomètre est à 8 ou 10 degrés au-des- sus de zéro, tandis que celle d'oeillette ne se congèle qu'à 10 degrés au-dessous de zéro. Us traites dé'chimie indiquent plusieurs moyens de reconnaître ces falsifications.

'■ L'huile d'oeillette, étant siccative, ne peut servir à l'éclairage ; mais les peintres s'en servent quelquefois et augmentent encore ses propriétés siccatives en la faisanl cuire avec un nouet contenant de la litharge. Le marc qui reste après l'expression de l'huile sert à nourrir les vaches, les porcs et les oiseaux de basse-cour. Les anciens rangeaient les semences de payot parmi les substances alimentaires. Elles sont encore employées dans différents mets à Trente, en Pologne, en Hongrie et dans ■diverses parties de l'Orient. En Italie, et surtout à Gênes, on en faisait de petites dragées lie les 'daines, ,âu rapport de Tournefort, aimaient beaucoup. Ces semences, purement oléagineuses et féculentes, pourraient être employées comme alimentaires. (Cependant, selon Meuréin (de Lille), elles contiendraient de la morphine dans l'épisperme.)

OPIUM INDIGÈNE. — On peut obtenir du pavot de nos contrées tempérées un opium dont les'qualités ont été constatées par l'analyse chimique et par l'expérimentation thé- rapeutique.;'Belon a eu la première idée de l'extraction de celte substance du pavot sôjnnifere- «Nous sommes persuadé, dit Bodart, qu'il est possible d'extraire de l'opium des têtes de pavot cultivé en France, et surtout dans nos départements du Midi..... La Calabre, certaines parties de l'Italie, la Toscane, où nous avons vu des champs

.;enliérSde pavots portant des têtes extrêmement grosses; l'Espagne, le Portugal, les départements du Midi, et surtout celui de Vaucluse, de la Drome, des Bouches-du- Rhône, sont les lieux où il conviendrait de renouveler les essais avec la précision convenable..... Les expériences de Falk, à Stockholm; d'Alston, à Edimbourg, qui, dans l'espace d'une heure, recueillit .1 gros d'opium; de Charas, de billen, de Haller, à Got- tingue; de' Tralles,. en Silésie, doivent encourager à tenter de nouveaux essais pour ob- tenir u» véritable opium indigène, soit par le choix du terrain ou du climat, soit par la manière de le préparer et de l'administrer. » Bella ou Bail, comme l'appelle Simpson, présenta des échantillons d'opium récolté en Angleterre, à la Soeiété d'encouragement, 'en 1796,.peu inférieur à l'opium oriental.

Loiselëur-Dësiongchamps a conclu d'expériences nombreuses, faites avec autant de

.sojri, que d'exactitude : 1° que l'opium indigène retiré du suc qui' s'écoule des têtes de pavot égalait en vertu l'opium gommeux, et pouvait être donné aux mêmes doses ; > que, l'extrait retiré du suc provenant de la contusion et de l'expression des têtes de pavot vertes et des pédoncules doit être employé à double dose de l'opium gommeux; ■fque l'extrait obtenu du suc vert des tiges et des feuilles du même pavot doit être em- ployé à dose quadruple de l'extrait gommeux du commerce; 4° que l'extrait des têtes

■ de pavot obtenu par décoction n'a pas plus de vertu que le précédent et exige une dé- pense double pour la manipulation; 5° que l'extrait retiré par la décoction des têtes MesojTré le même inconvénient et est encore plus faible; il en faut 8 grains pour

- -PM'0!r'i,1,grain d'extrait gommeux; cependant on peut en préparer pour utiliser les

 ;te.de pavot, qu'on jette après en avoir retiré la graine pour fabriquer l'huile d'oeil-

. _[Slalgré les efforts de Petit (de Corbeil), d'Aubergier (de Clermont), de Bénard et de «narines (d'Amiens), etc., la culture du pavot, au point de vue de la production de

I°P'P,É n'est pas faite et est improductive. D'un autre côté, il est bien démontré au-

jourdnurqué le pavot pourpre, auquel Aubergier donne la préférence, pas plus que

P'we paVot, ne donne l'opium à un titre fixe, et le prétendu opium titré à 10 pour

wnest qd'un.opium fait de toutes pièces par le mélange de divers opiums. Ajoutons » que nous ne voyons aucune nécessité à adopter le nom d'affium (nom persan de

, mm pour désigner l'opium indigène.

• blin ri! 1 dautres exPérhnentateurs ont obtenu en Algérie de bons opiums du pavot siË ■ 8 à9 Pour 10° (îe morphine. Quant à l'opium du pavot-oeillette, il ré-

• ."',.aesrecherches de Descharmes, Bénard, Acar, Mialhe, Guibourt,Réveil, etc.,.qu'il «muent habituellement de 18 à 26 pour 100 de morphine.]

' ' ,'" PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

PAVrw ...

' MML J L-INTERIEDH- — Décoction ou , «itasion des; capsules, 2 à 30 gr. pour 500 gr.

, E*aU alcoolique (i de capsule sur 4 d'al-

cool à 22 degrés), de 15 à 20 centigr. (équi- valant à la dose de 25 milligr. à 5 centigr. d'extrait aqueux d'opium). Sirop (sirop diacode) (1 d'extrait alcoolique downloadModeText.vue.download 779 sur 1308


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PAVOT.

sur 8 d'eau et 100 de sirop bouillant), de 15 à 60 gr. (30 de sirop contiennent 30 centigr. d'extrait de pavot. On préparait autrefois ce sirop avec des capsules de pavot que l'on faisait digérer dans l'eau ; on ajoutait le sucre et l'on évaporait en consistance de sirop. Cette préparation fer- mente avec une extrême facilité. On ne peut éviter cet inconvénient qu'en faisant évaporer en consistance d'extrait et en faisant dissou- dre celui-ci dans un peu d'eau froide, pour l'ajouter ensuite au sirop de pucre. Mais le sirop fait avec l'extrait hydroalcoolique, plus actif, doit être préféré.

Les pharmaciens substituent quelquefois au sirop diacode le sirop d'extrait d'opium du Codex. Ce sirop, à dose égale, est beaucoup plus actif que le sirop de pavot, et peut cau- ser des accidents mortels, surtout chez les en- fants, auxquels on administre souvent le sirop de pavot blanc. Cette dernière dénomination devrait être adoptée comme plus précise, dans les prescriptions médicales. (Cela est devenu d'autant plus nécessaire que, pour des rai- sons que nous ne saurions définir, probable- ment pour avoir un produit à titre fixe, le nouveau Codex de 1866 recommande de faire le sirop diacode avec l'extrait d'opium, en l'employant dans les proportions suivantes : «xtrait d'opium, 50 centigr.; eau distillée, û gr. 50 centigr.; sirop de sucre, 995 gr.; 20 gr. de sirop contiennent 1 centigr. d'extrait d'opium.)

Huile des graines (huile d'oeillette), de 30 à 60 gr., comme adoucissante, laxative, alté- rante. A L'EXTÉRIEUR. — Décoction, pour lavements,

lotions, fomentations, cataplasmes, etc. Huile d'oeillette, de 60 à 100 gr., pour lave- ments, liniments, etc.

•OPIUM. — A L'INTÉRIEOH. — Opium brut, 2 à 10 centigr. et plus, en pilules, en pou- dre, etc. (rarement moitié moins actif que l'extrait).

Eau distillée d'opium (opium brut, 1 partie; eau, Q. S.), de 5 à 10 gr. (inusitée).

Extrait thébaîque ( opium purifié , extrait

. aqueux, muqueux ou gommeux), 1 à 10 centigr., eu pilules (mieux en pilules qu'en solution)., . Extrait alcoolique, mêmes doses.

Extrait vineux (laudanum opiatum), opium brut épuisé par le vin blanc et évaporé, — préparation ancienne, oubliée, — mêmes • doses que les autres extraits.

Extrait acétique ou extrait d'opium de La- louette (opium brut traité par le vinaigre et évaporé), mômes doses. — Peu usité.

Extrait d'opium privé de narcotine, mêmes doses. (Suivant Magendie, l'extrait débar- rassé de narcotine serait sédatif et non ex- citant.) — Inusité.

Tablettes d'opium : extrait, 1 partie; sucre, 60; mucilage de gomme adragaot, Q. S.; divisez en tablettes de 30 centigr.; chacune contient 1/2 centigr. d'extrait d'opium; dose : 1, 2, 3 et plus.

Vin d'opium composé ou laudanum liquide de Sydenham (opium choisi, 64 gr.; safran, 32 ; cannelle, 4; girofle, 4; vin de Malaga, 500. Macérer quinze jours, passer, exprimer for-

tement et filtrer) ,20 gouttes repr«ntw 5 centagr. d'extrait (un pe„ plus j ™« gouttes dans une potion. "

Laudanum de Rousseau ou vin d'opium fermentation (opium choisi, 125 B.S, blanc, 375 gr.; eau chaude, 1,875 ~T vûre de bière fraîche, 8 gr. Procéder'* vant le Codex), 1 gr. représente envi»

1 décigr. d extrait gommeux d'opium Gouttes blanches de Rousseau (l'eau distil.

qui se produit dans la préparation du b danum de Rousseau se conserve mieux m l'eau distillée d'opium), 8 gouttes et i — Les formulaires n'en parlent pas.

Vinaigre d'opium ou teinture acétique'(opiura 32 gr.; vinaigré très-fort, 192 gr.; alcool i 80" cent. —31° cart.,125 gr.Diviser l'opium dans le vinaigre, ajouter l'alcool, laisser macérer pendant huit à dix jours, passer avec expression et filtrer au papier), Cette formule est celle de la pharmacopée d'Edim- bourg, où elle sert à remplacer les gouttes noires (black drops, gouttes de Lancasta, gouttes des quakers, essence noire anglaise), remède patenté dont on ne connaissait pis bien la composition. La voici :

(Gouttes noires anglaises : opium dur, 100 gr.; vinaigre, 600 gr.; safran, 8 gr.; muscades, 25 gr.; sucre, 50 gr. Pulvérisez grossière- ment l'opium, les muscades et le safran; faites macérer huit jours avec les trois quarts du vinaigre; chauffez une demi- heure au bain-marie ; passez, exprime! et ajoutez le reste du vinaigre sur le mart; après vingt-quatre heures, exprime! de nouveau, réunissez les liqueurs, filtrent ajoutez le sucre; faites réduire au bain- marie jusqu'à 200 grammes; le liquide doit marquer 31° Baume. 1 partie équivaut à

2 de laudanum de Rousseau et à h de lau- danum de Sydenham.)

Liqueur de Porter (de Bristol) : opium, 125 gr.; incisez et faites digérer pendant vingt-quatre heures dans : acide nitrique, 64 gr.; ean bouillante, 500 gr.; filtrez. - En grande vogue aux Etats-Unis pour remplacer te gouttes noires.

Teinture alcoolique (extrait, 10 gr.; alcool i 60 degrés, 120 gr. Faire dissoudre et macé- rer suffisamment), 15 gouttes contiennent 5 centigr. d'extrait d'opium. - Peu u« en France; très-usité en Angleterre.

Teinture ammoniacale ou élixir parégorique (formule de la pharmacopée d'Edimtouig (opium choisi, 8 gr.; fleurs de benjoin, 12 gr-i safran, 32 gr.; huile volatile d'ams, 2 g ammoniaque liquide, 150 gr.; alcool a » centigrades (34 cart.), 350 gr- - »" pendant huit jours, filtrer, 50 centigr."

1 gr. en potion.

Teinture d'opium camphrée ou élixir parégo- rique de la pharmacopée de Londresei™ Dublin, opium, acide benzoîque et huiiev» latile d'anis, de chaque 3 gr.; camp»

2 gr.; alcool, 650 gr.; 10 gr. «MM** 5 centigr. d'opium), 4 à 20 gr. _

Sirop d'extrait d'opium : extrait, 2 gr-! distillée, 8 gr.; sh'op de sucre, W'-^ gr, contiennent 4 centigr. d extrait). usité. fs.

Sirop do Karabé (sirop d'opium, 100 J-< downloadModeText.vue.download 780 sur 1308


PAVOT.

751

, « volatil:de succin, 50 centigr.), 20 à ?o m„ en potion.- .,'-■ ■

lUnueur sédative de Battley. — C'est une so- lution Meuse.d'opium, très-usitée en An- slétërfèV-dont la composition est secrète. ■Onsuppose qu'elle répond à la suivante : Prenez; opium de Smyrne.en poudre, 1 par- ■V sable bien lavé, 2 parties. Mêlez et iottillëz'avec de l'eau; introduisez dans ':'tWappareil "à déplacement et versez eau

disfâUée à 15 degrés, jusqu'à ce que l'eau

■qui passe ait perdu toute, couleur et toute

'|nteur. Evaporez la liqueur (à la vapeur

•outa'W™^ 6) jusqu'à consistance pilu- jairc.' Prenez de cet extrait 3 onces (96 gr.),

',, et eau distillée 30 .onces fluides. — Mêlez.

'ijaitésbouillir deux minutes; laissez re- 'ïoidir'; filtrez. — Ajoutez 6 onces d'esprit

ridé viii et eatt distillée Q. S. pour faire en-

,iirqn:40;,onces; doses; de 10 à 40 gouttes . ".(ip'gQuttes équivalent à 60 gouttes de lau- o^uinJjCooley.);

■ IÔKPHÎNE. -* Acétate, citrate, sulfate ou

■ chlorhydrate, ;1, 2 et progressivement 3, 4,

fi caïïsé'.de leur solubilité, 5 centigr., en '■pWioris, poudre,- pilules. — Plus souvent

■ émplôy&par là voie endermique.

iîirop de-morphine : acétate, sulfate ou chlor- Ajydrate.de morphine, 20" centigr.; sirop

■■'sÉpie blanc, 500 gr. (30 gr. contiennent -unpeuplus de 1 centigr. de sel de mor- ■.phine), 20 à 30 gr., en potion ou par cuil-

. l'erées 1 café d^heure en heure. — Très-

';empioyé'.;'

CODiffll (médicament cher). — Poudre, 2 à

10.ftitigr. .progressivement, en pilules, po-

,'tiori. .'■" '

(ffiorhydraté et azotate de codéine, 5 centigr.

^passivement, en. potion, pilules.

Sirop, de, codéine. — Contient 10 centigr. de

.'çodéirie par 30 gr. r— Particulièrement em- ' ployë -chez les enfants, à la dose d'une à

'•deux.cuillerées à café par jour.

" âftGÉIRÉ ■ (médicament cher). — Sirop de mrcérae (narcéine, 25 centigr.; sirop simple,

500 gr.; acide citrique, Q. S. pour dissou- dre; 20 gr. contiennent l centigr. de nar- céine), de 1 à 10 centigr. A L'EXTÉRIEUR. — Extrait d'opium , 10 à 60 centigr. par 30 gr. d'eau, pour fomentation, injection, gargarisme, collyre, etc.; 1 à 2 sur 30 d'axonge, pour pommade. Teinture et laudanum de Sydenham, de 3 à 5 sur 30 de liquide, pour lotions, fomen- tations, etc., ou de cérat, pour Uniment, pommade. Morphine et ses sels en poudre, 2 à 10 centigr. par la méthode endermique ou en solution dans 100 gr. d'eau, pour injections, lotions, fomentations ; 1 sur 20 d'axonge, pour pom- made. (Solution de chlorhydrate de morphine (le sel le plus soluble) au vingtième, pour injec- tions sous-cutanées. On emploie aussi le sulfate, mais plus rarement. On peut com- mencer par 1/2 centigr. et aller à 5 centigr., et môme au delà, suivant la tolérance ou les indications.

Bricheteau (1) adopte une solution aussi concentrée que possible : 20 centigr. pour 4 gr. d'eau (1 goutte contient 1/4 de centi- gramme de la substance active; un tour de piston en injecte 1 goutte. (Pour tout ce qui concerne les injections sous-cutanées, voyez page 789-93.)

Solution de chlorhydrate de CODÉINE au ving- tième, pour injections sous-cutanées (Pied- vache), de 10 à 30 divisions et plus pro- gressivement. Narcéine (solution pour injections sous-cu- tanées, 30 centigr. pour 30 gr. de véhi- cule), de 3 à 20 centigr. dans les vingt- quatre heures. — On a aussi prescrit le chlorhydrate de narcéine, en solution au dixième ou au cinquième, à la dose de 10 à 40 centigr. (Behier.)

L'opium entre dans la composition des pi- lules de cynoglosse, qui contiennent un hui- tième de leur poids d'extrait, de la poudre de Dower, de la thériaque, du diascordium, pré- parations encore employées,, et dans celles de beaucoup d'autres plus ou moins oubliées.

^La capsule du PAVOT, ainsi que nous l'avons dit plus haut, contenant en moindre proportion les mêmes principes que l'opium, jouit à un plus faible teéidès mêmes propriétés, et est employée dans les mêmes cas que ce ™»rv.Màis son action est plus incertaine que celle de l'opium,, et il est ttifficife d'établir avec certitude des rapports de thérapeutique entre eux, à

.csittSedes;variations qui se rencontrent dans la composition des têtes de pavot, suivant le climat où la plante est venue (les pavots du Midi contenant Pis de-principes actifs que ceux du Nord), l'époque de leur, récolte, la température-plus ou moins élevée qui a régné, les soins apportés à leur ^location, etc.

fjH^e à'.l'intérieur l'infusion de têtes de pavot sèches à la dose de pi^POur'SOGgr. d'eau. J'augmente cette dose selon les effets produits.

'■'^^P^û.iûiel'léé-ou'sucrée est calmante, et convient, prise par demi- Sfu^s l£is âfîections'catarrhales, les toux nerveuses, les irritations in- ramates, les diarrhées, la dysenterie, les vomissements spasmodiques, les

- wes intermittentes et érupltives, les douleurs du cancer, la blennorrhagie, le catarrhe, etc. ,, . ■

W Mktin général de thérapeutique, 1805. , downloadModeText.vue.download 781 sur 1308


752 PAVQT.

11 est prudent de n'administrer d'abord les préparations de têtes de r* à l'intérieur qu'à petites doses, que l'on augmente graduellement, Alor elles provoquent le sommeil, causent des rêvasseries, de la pesanteur A tête. A dose plus élevée, elles déterminent de l'assoupissement d/ hallucinations. Il n'est pas rare devoir des accidents se développer des symptômes de narcotisme survenir à la suite de l'ingestion du sirop de pa- vot blanc ou de l'administration.d'un lavement fait avec une seule capsule de cette plante. Petit a vu une sorte d'empoisonnement par des têtes de pa- vot vertes, administrées de cette manière (1). Lpuyer-Villermay a signalé plusieurs cas semblables à l'Académie de médecine. Rouxel, médecin à Boulogne-sur-Mer, m'a cité un cas de narcotisme suivi de mort chez une dame, par l'effet d'un lavement préparé avec une seule tête de pavot blanc. J'ai vu un enfant de deux ans, jouissant de la meilleure santé, succomber au narcotisme avec congestion considérable au cerveau, à la suite de l'ad- ministration de 12 à 15 gr. de sirop de pavot blanc, que la veuve d'un pharmacien avait donné au lieu de "sirop de coquelicot, pour calmer une toux causée par la dentition. Les nourrices emploient quelquefois la décoc- tion de tête de pavot dans le lait ou dans la bouillie des enfants pourles endormir. Wendt (2) a cité des exemples d'enfants empoisonnés par cette coupable manoeuvre. J'en ai observé un cas à Saint-Pierre-lès-Calais, en 1818, chez un enfant de cinq mois, auquel on avait donné le soir de la dé- coction de tête de pavot dans le lait, et qui est mort dans la nuit même. J'ai vu des enfants qui, ne pouvant plus dormir sans l'emploi journalier et progressivement augmenté de la décoction ou du sirop de pavot, étaient tombés, par l'altération des fonctions assimilatrices et par une sorte d'in- toxication lente, dans l'amaigrissement et le marasme.

Les inflammations internes, les fièvres continues, les accidents de la den- tition, contre-indiquent presque toujours l'usage du pavot. Quand on le donne dans ces cas, pour modérer la douleur ou calmer des symptômes nerveux, il faut préalablement employer les émissions sanguines. De même que l'opium, il est nuisible dans les coliques et les affections gastro-intesti- nales résultant d'une indigestion ou de l'accumulation de matières sabur- rales dans l'estomac ou dans les intestins. On peut établir, comme règle générale, que le pavot et ses préparations sont contre-indiqués chez les sujets disposés aux congestions cérébrales, ou d'un tempérament sanguin, dans les réactions fébriles très-intenses, la constipation, les sueurs exces- sives, et pendant qu'une évacuation critique s'opère.

A l'extérieur, on emploie la décoction de tête de pavot en lavement dans les inflammations abdominales, les coliques nerveuses, pour calmer les douleurs (trop souvent on ordonne aux enfants, en lavements, la décoction d'une tête de pavot, laquelle empoisonne invariablement si elle est gardée); en fomentation, en bain, en gargarisme, en cataplasme avec la farine de graine de lin ou la racine de guimauve, contre les inflammations externes. Le suc des feuilles de pavot, appliqué sur la piqûre des guêpes et des abeilles, fait cesser la douleur presque instantanément.

L'HUILE D'OEILLETTE peut remplacer en thérapeutique les huiles dolwe, d'amande douce, de lin et de noix. . ,-;

Wauters, dans, une dissertation en langue flamande, sur les huiles ni • gènes (3), rapporte avoir prescrit plusieurs fois à une femme de la campa? atteinte de constipation, 4 onces d'huile de semences de pavot obtenue p^ expression à froid, et avoir provoqué chaque fois deux ou trois selr\,e ricin, que l'on cultive maintenant en France, nous fournit une lumejm^j

(1) Journal de chimie médicale, 1827, t. III, p. 4.

(2) Bulletin des sciences médicales de Férussac, 182/j, p. Iii8 et 231.

(3) Bruxelles, 1788, p. 6. downloadModeText.vue.download 782 sur 1308


PAVOT. 753

tant comme laxative que comme vermifuge; mais, à défaut de celle-ci, l'huile douce de moutarde, celles d'oeillette, de navette ou de lin, peuvent être employées.

^Dubois,.de Tournai, a substitué l'huile d'oeillette, dont la saveur est douce et qu'on' trouve partout à bon marché, à l'huile de foie de morue, dont le «cft estjdésagréable et le prix souvent élevé dans certaines localités. Ce mé- decin ipense que là plupart des huiles, soit animales, soit végétales, jouissent deipropriétés plus ou moins analogues à celle de foie de morue. Il ne croit pas que ;ce. soit à l'iode, que cette dernière contient, que l'on doive attri- 'bueples propriétés, dont elle jouit. « Autant vaudrait dire, s'écrie-t-il, M'avec .deux ou trois grains d'iode (l'huile de foie de morue en contient

■ autant par: litre) administrés en cinq ou six mois, on peut guérir les affec- (ionsles.plus rebelles* telles que le rachitisme et les scrofules ! Si c'est à

■ l'iode qu'on doit attribuer les propriétés médicales de l'huile de morue, ! alors à quoi bon recourir à une substance dégoûtante, trois fois plus détes-

tablé à.prendre, quand il s'agit d'administrer tout simplement-une dose
infiniment petite d'un médicament qui ne répugne à personne?» (1)
^L'auteur rapporte vingt-quatre observations détaillées dans lesquelles

l'huile ide pavot, donnée à la dose d'une ou deux cuillerées à café matin et soir,et portée.graduellement jusqu'à 2 onces par jour, a été suivie d'heu- reux; résultats. Les malades appartenaient tous à la classe indigente; ils ha-

î itàjentides, réduits obscurs, peu aérés, et se nourrissaient de mauvais ali- ments, circonstances qui prouvent plus clairement l'efficacité de l'huile dteillette^et tendent à faire voir que c'est exclusivement à son usage qu'ont |oit: aïftiM§r les succès obtenus. (Telle est aussi l'opinion de Bagot et Stapleton(2);Duncan et Nunn (3). Nous ne nions pas que l'élément gras joue uagrand.rôle dans l'action régénératrice de l'huile de foie de morue. Mais il y à aussi la présence de substances actives, intimement combinées avec lui; L'effet thérapeutique n'est pas plutôt produit par l'iode que par l'élé- ment, gras; il résulte de l'ensemble de ces deux principes unis par la nature

-àilleïat,de combinaison vivante, si je puis m'exprimer ainsi. Au point de fueielafaculté,d'assimilation, on ne peut, en outre, comparer l'huile de

' fôieide:poissori à des huiles végétales. On sait que les huiles animales sont , épbéegavec plus de rapidité et assimilées avec plus de facilité.) (Voyez le rapportidu docteur H. Cazin, sur les opérations de la 4e section du jury de l'Exposition internationale de pêche de Boulogne-sur-Mer. Asselin, édi- te, 1867.) ..-..-..

'^ftf^':;■'■■' •;■■'■"'

si,V}J,?ÏDM est un poison narcotique violent et un médicament précieux. <ïM°|uilt|tpetite dose dans les voies digestives, il produit une excitation 'J^IWB^ns énergique, mais instantanée. Le pouls est plus fréquent, plus

fP>;|i'{açë plus colorée, l'imagination plus éveillée, la chaleur générale

';';fc|^.ûJBée,4es fonctions de la peau plus actives, la respiration moins

'K4'^!. P^rioniènes succèdent bientôt un état de calme et un som-

-;|ei!h-ariquille, ou plus ou moins agité. A dose un peu plus forte, il agit ïftjS*: sfiniulant très-énergique du système circulatoire; il augmente la ■isff&fr'é^énce et la plénitude du pouls, ainsi que la chaleur animale. f|i?ê'??aJ^ioïï des fonctions intellectuelles, puis de l'inquiétude, de la |santéurdè tête, un affaissement général, et un sommeil agité et non ré- ïlfefc' ,'.'-■ .

■M|.r^i dose, l'opium produit, peu après son ingestioN, des nausées et SfflW des vomissements, un état d'affaissement et de somnolence, et

ceine,ieC0mà]e pjus profond, l'insensibilité à toute espèce de stimula-

Il aM^Kli^ociéléde médecine de Gand, I8?i4. , 3) W* 0» «>ed. Guette, février 1850.

48 downloadModeText.vue.download 783 sur 1308


754 PAVOT.

tion. La face est pâle, la physionomie calme, les pupilles ordinairement con tractées, presque insensibles à la lumière; la peau a sa chaleur naturelle!? est même quelquefois froide; le pouls est développé, plein, large fort ou petit, serré et très-accéléré. Des mouvements convulsifs ont lieu dans cniel ques parties du corps, ainsi que quelques tremblements passagers. Dans certains cas , et surtout chez les jeunes enfants, on observe des convulsions générales, des symptômes de congestion au cerveau manifestés par le gon- flement de la face et du cou, les yeux proéminents, fixes, immobiles ecchy- moses. La teinte bleuâtre de la peau, la tension et la dureté de l'abdomen" le relâchement des muscles du tronc et des membres, l'affaiblissement du pouls, la respiration interceptée, pénible, suspirieuse, stertoreuse;l'expnl. sion de matières visqueuses par la bouche et le nez, enfin le refroidisse* ment, la pâleur, la mort, tels sont les symptômes qui complètent le tableau de l'empoisonnement par l'opium. (La mort arrive par congestion cérébrale.)

Parmi ces symptômes, les uns sont plus prononcés que les autres, suivant les dispositions individuelles.

Il s'écoule ordinairement, suivant Christison (1), de sept à douze heures entre le moment où le poison a été pris et celui où la mort a lieu, Un grand ' nombre de ceux qui survivent après douze heures se rétablissent, bien que l'on cite plusieurs cas devenus funestes après un temps plus long. ' Quelquefois aussi la mort arrive bien plus tôt, par exemple, en six, en ) quatre, et même en trois heures.

Lorsque cet empoisonnement n'est pas suivi de mort, les symptômes diminuent graduellement après douze, vingt-quatre ou quarante-huit heures, et se terminent par une sueur générale et le rétablissement des excrétions supprimées. Le malade sort comme d'un rêve, et croit quelquefois que son sommeil n'a été que de courte durée.

Après la mort, le corps se putréfie promptement; il y a engorgement des ; vaisseaux cérébraux, les poumons sont rouges ou violacés, plus denses, plus serrés, plus gorgés de sang ; le coeur et les gros vaisseaux veineux sont pleins d'un sang noir. La membrane muqueuse de l'estomac et de l'intestin est quelquefois enflammée ; mais cette phlegmasie a pu être produite, du moins en partie, par quelques-uns des moyens employés pour combattre les symptômes de l'empoisonnement, ou même n'avoir jamais existé qu'en ap- parence, l'injection passive survenue après la mort pouvant la simuler, Quelquefois on ne trouve aucune lésion sensible après la mort.

La quantité d'opium nécessaire pour faire naître l'appareil des symptômes de l'empoisonnement est relative à l'âge, au tempérament, à l'idiosyncrasie ; du sujet, au genre de maladie dont il peut être affecté, et à diverses autres circonstances. Une très-petite quantité de cette substance peut produire le narcotisme chez certaines personnes, tandis que chez d'autres 23 centigr, et plus ne déterminent aucun symptôme grave. Zacutus Luzitanus rapporte qu'un individu, tourmenté d'une douleur d'oreille qui l'empêchait de se livrer au sommeil, se mit, par le conseil d'un charlatan, un morceau do-- pium dans l'oreille. Le malade dormit ; mais il eut à son réveil quelques mouvements convulsifs, devint fou, stupide, imbécile, et mourut bientôt après. Gaubius dit qu'un malade fut endormi et mourut pour avoir pris u lavement dans lequel on avait fait entrer 4 grains d'opium. Quannavuu seul grain d'opium, ou 20 gouttes de laudanum liquide de Sydenham, don dans un lavement, produire un malaise remarquable et un co11111161106^ de paralysie des extrémités inférieures. Monro cite un cas où un emP opiacé, appliqué aux tempes, a rendu furieux et déterminé des spa dans la bouche. J'ai été témoin d'un état de somnolence qui a dure 8

(1) On poisons, p. 623. downloadModeText.vue.download 784 sur 1308


. PAVOT. ?,755

miàtreîieures, chez une dame qui s'était introduit dans Une dent cariée un «uèa.do coton imbibé de laudanum liquide. - .- I=jés accidents graves et même la mort ont souvent lieu chez, les enfants, tt surtout chez les nouveau-nés, par la dose la plus légère d'opium ; il pro- 4MÂw eux l'assoupissement, l'insensibilité et les convulsions; [■ (Claude Bernard, dans des expériences dont nous reproduisons plus loin /;.7p/,ï8S),les résultats^ a établi que les jeunes animaux étaient aussi beaucoup MusfSensiblesaùxeffets des alcaloïdes de l'opium. Dans ses leçons cliniques, -Trousseauinsistait avec énergie sur l'ignorance où sont encore beaucoup de imédec'ins,vquant à cette excessive susceptibilité des enfants pour l'opium ou -sés:p$parations. On ignore trop souvent, disait-il, qu'à l'âge d'un an, par sexemplÊ-,:une; seule goutte de laudanum de Sydenham, c'est-à-dire un vingt- •deMènie;de grain d'opium, est un narcotique qui stupéfie l'enfant pour ^eûx jours; L'Annuaire de Bouchardat (1858) relate, page 7, un cas d'empoi- sonnement mortel d'un enfant de quatre jours par environ deux gouttes de rlaùdanum'î) "•■■;.; •■.iGhezJles.vieillards, l'opium, même en très-petite quantité, favorise les congestions cérébrales.ou anéantit promptement le principe vital déjà très- ifëbM.sJ'ai- vu le sirop diacode, donné le soir à la dose de 30 gr. à un vieillard .deisoixanterdix-neuf ans, pour calmer la toux, causer promptement le nar- cotisme et la mort..

>fe!e
hàutes doses d'opium peuvent être supportées quand on y est arrivé

,?pàr;,degrës, et que l'habitude a produit l'émoussement. (Cependant il arrive

un moment où l'organisme se révolte de ces perturbations. Nous trouvons

suh exemple de cette non-tolérance dans la dégradation physique et morale

vdansilaquêlle tombent les fumeurs et les mangeurs d'opium en Chine, où,

fmàlgréslës décrets condamnant à mort ceux qui fument ou vendent l'opium,

■u'nibontfumèûr en consomme environ 3 gr. par jour; mais quelquefois la dose

■^pexeAjusquîà 100 gr. Suivant Libermann(l), la vie de ce malheureux se di-

  • sèsejBkitrois:phases■: une phase préparatoire où l'économie se débat avant

/;#s'habituer au ;narcotique ; une seconde où, l'habitude prise, il ne ressent

que«les-i'sensations -agréables; enfin une dernière et terrible période où

%Iatêjat.les:suiteSîdéplorables de cette funeste passion par une intoxication

'Wèf^narèotisme chronique, par une désorganisation graduelle, finissant

•!pa:c.â;mener&

■'■^pn^iiS!grjBttonSq-ue.le. Gàdre,:déjà trop grand, de ce livre ne nous per-

-méttel^pasi*de reproduire ici une partie de cette étude remarquable à plus

, d'un titre. Lisez ce travail d'un médecin philosophe; suivez avec lui l'affais-

'■^f^lf^duél de l'être, d'excitation en excitation, poussé à la déprava-

É%&aiiGideyetc. Nous devons cependant tout particulièrement signaler

■ |fotre?aMention4'insensibilité cutanée soutenue, qui succède à l'usage pro-

j wn|^idejla>ftjméedé l'opium et se manifeste même en dehors de la durée de

.p^e^atopiacée. -Des fumeurs parfaitement éveillés peuvent garder sur un

-'rflPW^^Wf-'COçpSj: pendant quelques minutes, un charbon ardent sans

'-^^.^^^'^•■iNous aurons à établir un point de comparaison entre ces

"SÎW^neset l'application de l'opium à Tanesthésie chirurgicale).

n;®Oisqa!uniétàt,morbide p'articulier l'exige, les doses d'opium peuvent être

■\flM%^PEfeâ1;!-élevées;-daHS ce dernier cas, les narcotiques sont d'autant

.rîîPlaratementsupportés etproduisent d'autant moins d'effet que la dou-

':;-^'|!^li*s--viye,;-que.-le,-spastne est plus prononcé, que le système.nerveux
fsfTOSoexaltév L'administration de l'opium à grande dose dans le- tétanos

eniest-uàeipreuse.Oh a donné dans cette affection jusqu'à 30 gr.,. et même

eaucoup: plus, de laudanum liquide de Sydenham dans les vingtrquatre

!«erttesi»sfesVipro.duire' làsédation du système nerveux.. • ■. - ' \

®LesFumeurs d'opium en Chine. Paris, 1802, V. Rozier.gr.-in-8°. ' downloadModeText.vue.download 785 sur 1308


756 PAVOT.

Un spasme local avec éréthisme général, exaltation de la sensibilité ten sion du système nerveux, peut diminuer l'effet de l'opium et des stupéfiants en général. J'ai rapporté à ce sujet un fait très-curieux à l'article BEUJ. DONB.

Les effets de l'opium sont les mêmes, quelle que soit la voie par laquelle on l'introduit; mais ils se manifestent avec plus ou moins de rapidité cl d'intensité, à dose égale, par une voie ou par une autre; 5 centigr. d'un sel de morphine sur le derme dénudé causent presque immédiatement la soif les vomissements, là somnolence, la pesanteur de tête, le trouble de la vi- sion. Si ce sel a été pris par la bouche, les symptômes ne se développent qu'après une, deux ou trois heures, et les vomissements n'ont lieu ordinaire ment qu'après un, deux ou trois jours. Nous avons déjà fait remarquera l'article DIGITALE que les médicaments pris en lavements agissent plus éner- giquement que lorsqu'ils sont introduits par l'estomac, pourvu, toutefois que leur séjour soit aussi prolongé dans le premier cas que dans le se- cond. Cette différence dépend, non de la plus grande force d'absorption dans le gros intestin, mais de l'impossibilité où est cet organe d'altérer par la digestion les substances soumises à son action. (En outre, le médica- ment, dans le cas d'affection douloureuse des organes du bassin ou de l'ab- domen, a infiniment plus d'efficacité, lorsqu'on l'administre sous forme de lavements, que quand on le fait prendre par la bouche..

Les méthodes iatraleptique, endermique, hypodermique, recevront, dans le courant de cet article, les développements dans lesquels nous ne pouvons rentrer ici, même d'une façon générale.)

Dans l'empoisonnement par l'opium, on doit : 1° provoquer l'expulsion des restes du poison au moyen de l'eau tiède, des titillations de la luette, de l'émétique, ou même du sulfate de cuivre à petites doses. Cette indica- tion est d'autant plus importante à remplir que le temps écoulé depuis l'in- gestion du poison est moins considérable ; 2° faire prendre une dissolution de tannin (6 gr. pour 250 gr. d'eau sucrée), ou de la décoction de noix de galle, et provoquer ensuite de nouveau les vomissements; 3" combattre actuellement les symptômes en raison de leur nature : le narcotisme, par le café administré en lavement, soit en infusion, soit en décoction, d'autant plus concentrées que le malade est plus âgé; par l'eau vinaigrée, la limo- nade citrique, dans laquelle on aura même exprimé du suc de citron pour . la rendre plus active; par des frictions sur toute la surface du corps;par tous les genres de stimulation, tels que le réveil fréquent, la marche for- cée, afin de s'opposer à la stupeur continuelle.

(Dans certains cas, l'excitation cutanée sera entretenue par des piqûres, des flagellations ou le pincement. La Gazette des hôpitaux (mars 1858) relate une remarquable observation de guérison par ce moyen. On arrivera an même but, et, avec plus de certitude, avec la faradisation. Consultez, à ce sujet, la relation d'un cas intéressant publié par le Dublin med. press (no- vembre 1864). Ce moyen peut être utile dans les cas graves pour rétablir les fonctions respiratoires dans leur jeu physiologique; on pourra aussi avoir recours à la respiration artificielle.) ...

' S'il y a diminution notable de la chaleur de la peau et de la sensibilité, on appliquera des sinapismes aux mollets, sur les coudes-pieds; on repas- sera les membres avec des fers chauds, on mettra un corps chaud à la plan des pieds. (On appliquera même le marteau de Mayor.) Existe-t-il de|al.r' quence et de la dureté dans le pouls, avec des symptômes de conSestT cérébrale, on saignera le malade. Il a été observé que dans un grand nom de cas les saignées ont été très-utiles (1). dans

Giacomini considère la saignée comme le remède par excellence

(1) Devergie, Médecine légale. downloadModeText.vue.download 786 sur 1308


PAVOT. 757

l'intoxuMibn par l'opium, quelles que soient son intensité et sa période. Suivant cet auteur, elle a réussi, tant au début de l'empoisonnement, alors qu'ily'avait surexcitation manifeste, qu'à une époque où les malades pré- sentaient tous les symptômes de l'oppression, de l'asphyxie. (Dans l'empoi- sonto'ment par les opiacés, la saignée est une arme à deux tranchants, dont il ne faut user qu'avec une extrême circonspection et seulement pour ré- pondre à une indication pressante ou parer un danger réel imminent.)

L'emploi de la belladone à doses toxiques, proportionnées à l'intensité des symptômes d'empoisonnement causés par l'opium, a combattu les effets de ce-dérniér par l'antagonisme qui existe entre ces deux agents. (Ce serait ici lé lieu de revenir sur cette question si controversée, et qui, depuis quelques années, occupe si vivement le monde médical. A l'article BELIA- JÔKE; nous avons déjà cherché à établir l'antagonisme réciproque des deux a'gentsVDe nouveaux faits, des études et des expérimentations sérieuses, ont, depuis l'impression de cette partie de notre ouvrage, apporté de nouveaux documents à l'élucidation de cette importante question. Nous préférons en faire, à la fin de l'article OPIUM, l'objet d'une étude spéciale. (Voyez p. 797).

Comment agit l'opium? Considéré comme agent thérapeutique, est-il ex- clusivement sédatif, narcotique, tonique ou excitant? L'opinion que l'opium agit uniquement en produisant l'expansion du sang a régné longtemps, et aété presque entièrement adoptée par Frédéric Hoffmann. Cullen rapportait tous les effets de ce médicament au système nerveux. Brown le regardait cornme le plus puissant stimulant de tout l'organisme: Opium, me hercle! mn sedat, s'écriait-il. Suivant cet auteur, la vive réaction qu'il provoque amène l'épuisement des forces, la faiblesse indirecte. Ainsi que Brown, l'école italienne considère l'opium comme hypersthénisant, et l'asthénie apparente; qu'il finit par produire, comme résultant de l'oppression des forces. Suivant "Wirtensohn et Barbier, d'Amiens, ce médicament affaiblit la sensibilité, diminue la vitalité des organes, et s'il y a activité de la circu- lation, fréquence et développement du pouls, congestion sanguine au cerveau, etç;, c'est parce que le sang, ne pouvant plus franchir les capillaires débilités, frappés de stupeur, reflue dans les vaisseaux, fait réagir le coeur, tt.par des efforts redoublés, mais inutiles, le ^repousse vers ces mêmes capillaires, où il devient de plus en plus stagnaiit. Brachet, comme Cullen, ^ibue les effets de l'opium à la sédation exclusive du système nerveux. bâprès:Stahret Bosquillon, celte substance est à la fois stimulante et séda- ï> Huféland adopte et développe cette opinion : il distingue dans l'opium Iw sédatif et l'effet -excitant, et la seule explication satisfaisante qu'on puisse donner, suivant lui, de sa manière d'agir, consiste à dire qu'il est une Combinaison particulière et intime d'un principe narcotique et d'un •pnncipè'excitant, d'une substance qui agit d'une manière spéciale sur le TOmemérveux, et d'une autre dont l'action porte particulièrement sur le système.sanguin. «L'opium, dit ce célèbre médecin, appartient à la caté- jjone des niédicaments dont le mode d'action ne peut point s'expliquer, 2?? celui des autres, parles idées reçues de stimulus, d'irritation, d'ex- InmT-l: semblable aux agents supérieurs de la nature, à la chaleur, à la sttîth 6'iàl'éle.ctricité> il agit immédiatement sur la vitalité elle-même, et .^■■?'^points, détermine, des modifications et des manifestations de la, n - ' la Pénètre et la remplit, avec cela de particulier qu'il exalte BJpère orgam^o-végétative de la vie,-le travail fondamental de la vie

"«M^'.tondis qu'au contraire il déprime la sphère de la sensibilité. »

dutH<iminiVaprès avoir exPosé Ies effets de l'opium sur l'organisme, con- grés-4 ^e- tab!eau de ces effets représente l'hypersthénie à tous les de-

p,-0 ' ,.9ue> dans le commencement de son action, l'opium donné à doses

3'our-Vr est un hypersthénisant cardiaco - vasculaire et céphalique;

M «iaction céphalique de l'opium, cependant, est la plus saillante dans downloadModeText.vue.download 787 sur 1308


758" PAVOT.

la. généralité des cas, parce qu'elle porte sur l'appareil sensorial. « On cora-: prendra maintenant, dit cet auteur, pourquoi la sensibilité générale, étant la première à être excitée sous l'influence de l'opium, est aussi la première- à être lembarrassée, oppressée, suspendue, si l'action est excessive; d'où il résulte un sommeil forcé, un calme passif, une sorte de stupeur patholo- gique, etc. ».

Tout porte à croire que l'opium, regardé à tort par beaucoup de méde- cins comme irritant primitivement le système entier, et produisant les effels narcotiques comme conséquence de la surexcitation, est simultanément et puissamment sédatif du système nerveux et excitant du système sanguin] Cette opinion, fondée sur l'observation, n'est pas nouvelle. La propriété à la fois sédative et excitante de l'opium n'a, pu échapper à l'admirable sagacité de Sydenham : Rudis enim sit oportet et parum compertam habent hujus meii- camenti vim, qui idem sopori conciliando demulcendis doloribus, et diarrhm sistendoe applicare tantum novit, cum ad alia plurima, gladii instar Dclphkj, accommodaripossit, et proestantissimum sit remedium, cardiacum unicumfat dixerim, quod in rerum natura hactenus est repertum(i).

(Nous verrons plus loin, en reproduisant le résultat des expériences de Cl. Bernard, p. 785, comment le mode d'action des divers alcaloïdes de l'opium, considérés isolément, rend compte des effets complexes de celte substance.)

A dose thérapeutique, ces effets sur l'économie sont les suivants : . 1° Sur le cerveau et le système nerveux, il émousse la sensibilité, provoque le sommeil, calme la douleur et produit quelquefois des rêvasseries, des songes agréables ; il n'y a ni délire violent, ni cris, ce qui, avec le resserre- ment des pupilles, établit une différence bien tranchée entre les effets des préparations d'opium et ceux des solanées, telles que la jusquiame, la bel- ladone, la stramoine; appliqué localement, il engourdit la partie, la rend insensible, fait cesser la douleur ou le spasme dont elle est atteinte;

2° Sur le système circulatoire, il élève le pouls, qui devient plus plein, plus fort,, avec légère accélération dans l'état de la santé : mais avec ralen- tissement et régularité s'il était accéléré auparavant par la débilité. La tur- gescence vitale, manifestée par l'expansion, la raréfaction du sang, est considérée par Hufeland comme un effet spécial de l'opium, effet qui se fait remarquer, même dans les cas de débilité extrême, d'anémie. Cet étal constitue une pléthore artificielle, qui produit, comme conséquence néces- saire, l'accroissement de la chaleur vitale ; . .

3° Sur les surfaces exhalantes du tube digestif et des voies aériennes, il dimi- nue la sécrétion de ces surfaces, en engourdissant les vaisseaux excréteurs, et donne ainsi lieu à la perversion des digestions, à la sécheresse de a gorge, à la soif, à la suspension ou à la suppression de l'expectoration, a a constipation ; à dose un peu forte, il produit le vomissement ou de simples envies de vomir; _ ,, ,

4° Sur le système cutané ou les vaisseaux capillaires, il produit, du part, en raison de l'activité artérielle, l'accroissement du mouvement v» Sa périphérie (manifesté souvent par un prurit insupportable et caract ■ stique), et, de l'autre, par l'effet sédatif, la cessation du spasme de la ped", le relâchement des orifices vasculaires; de là, l'augmentation de la peip ration, la diaphorèse, l'éruption miliaire. Les sueurs sont toujours p abondantes chez la femme que chez l'homme ; . „,.

S° Sur l'appareil génito-urinaire, il stimule l'action des organes qui posent cet appareil, produit des rêves voluptueux, des érections, des j lations. eDli.

{Ces phénomènes paraissent, plutôt devoir être attribués à^sjusj^

11) Sydenham, Operà univers., edit. tertia. London, MDCCV, p. 148. downloadModeText.vue.download 788 sur 1308


PAVOT. 759

bilités individuelles* à la prédominance d'un tempérament porté aux jouis^ sauces matérielles ; nous trouvons la justification de cette remarque, dans l'effet bien incertain de la fumée d'opium sur l'excitation des organes géni-

touiO(":'! ' ' ' . . .

3<Favorise-t-il la sécrétion urmaire, ou ne fait-il qu'exciter la vessie, qui se

débarrasse alors de l'urine qu'elle contient? La diminution de l'urine s'observe beaucoup plus souvent que l'augmentation. Cette dernière a plus frépemmént lieu chez l'homme. (Ces variations d'action, qui pourraient impliquer une idée d'effet contra- dictoire,-tiennent évidemment aux doses employées : à haute dose, l'urine levièrit rôùge et rare ; l'expulsion de ce liquide réclame souvent des efforts •considérables, tandis qu'Une dose minime est souvent suivie d'un véritable

Huxv) v '"'

L'exhalation menstruelle est quelquefois modifiée. En général, elle est

augmentée, ou hâtée. On l'a vue, après avoir cessé depuis quelque temps,

seTétablir pendant l'usage de l'opium. Smith (1) signale cinq cas où les

règles furent supprimées pendant l'usage de cette substance; dans quatre il

avait été'donné comme calmant, dans le cinquième pour remédier à une

ménstrUatïbn trop abondante, et dans cinq cas la suppression ne fut suivie

d'aucun accident. Chez deux les règles revinrent aussitôt qu'on cessa l'usage

vd'èl'opium.';'dans le dernier, où cet usage fut continué un an à l'insu du

médecin',;les règles, après avoir graduellement diminué, cessèrent complé-

fèihent au bout de l'année.
.Telssont lés effets de la médication opiacée; ils sont tels, que l'un est

inséparable de l'autre, et que le médecin ne saurait les obtenir isolément.

Toutefois, ils n'ont pas une égale constance. La propriété narcotique, qui

■estla plus remarquable, ne se manifeste pas toujours; certains sujets, au

M d'éprouver un effet sédatif, sont surexcités par l'opium, tandis que

fez-d'autres,'ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, il détermine, à

tr&petitès doses, un narcotisme profond. Il produit parfois, sans autre ef-

fet; fe^omisséments violents ou un délire qui peut aller jusqu'à la fureur.

J'ai féndontré dés feniraes chez lesquelles il faisait naître des symptômes

, dïystéïie. Ces effets exceptionnels, qui attestent, tantôt une réaction vive

l^ihale,. tantôt un système nerveux très-facile à déprimer, sont tout à

l$M°sy^rasi<Iues, et n'infirment en rien ce que nous avons dit de l'ac-
tloû^rcTinairë de l'opium.
 ;;(Nousyèrrrbns bientôt, en reproduisant les expériences de Claude Bernard

-li'^^^Ioïdes de l'opium, que cet illustre physiologiste a pu assigner à

chacun d'eux un rôle particulier dans la production des phénomènes si 'Wplexes4e l'action de l'opium.)

,>'SeS?ie action,bien appréciée découlent les indications et les contre-

'Pdjcations .de l'emploi thérapeutique de ce médicament. Exposons à ce .Wquelques.préceptes généraux. ' 'feopium est indiqué :

tajv Dans l'état morbide dit nerveux ou spasmodique, pourvu qu'avec Fexal-" s ranon de la sensibilité il y ait en même temps diminution de l'énergie du

i°teme-saPguin. Plus ce désaccord est prononcé, plus l'opium convienii

mer!?^ ?n-Ce' il est t°uJ0Urs donné avec succès dans les cas qui en récla->

sa™.:einPloi. lorsque des pertes abondantes d'humeurs ou des émissions ' Ses 0Tlt Préalablement amené l'affaiblissement de la vie organique;

-eS^^sles"dGïaetirs> dont il est le spécifique, surtout quant elles sont

'«olinW t 6T* nerveuses, comme dans les névralgies, la gastralgie, la ■ ,i^;ero-La Couleur qui tient à toute autre irritation ou à l'inflamma-

Wmùtoto thérapeutique, i8/j5, p. 3.

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760 PAVOT.

tiôn, est moins sûrement dissipée par ce médicament, à moins qu'elle né persiste après un traitement antiphlogistique;

3° Dans l'insomnie, dont il est le remède spécial, quand elle est exclusi- vement nerveuse ; il serait nuisible dans l'insomnie causée par une irritation inflammatoire : il produirait alors des troubles, de l'anxiété, de la staseou des congestions sanguines. Après avoir provoqué le sommeil pendant plu. sieurs jours au moyen de l'opium, la cessation de ce médicament est ordi- nairement suivie d'une insomnie qui peut durer plusieurs semaines.

L'opium est contre-indiqué :

1° Dans la pléthore et l'état inflammatoire ou les inflammations, surtonl quand les émissions sanguines n'ont pas été préalablement et suffisamment employées. Il augmente l'irritation phlegmasique et porte le sang à la tête, Ainsi, le début des fièvres étant toujours un mouvement de réaction inflam- matoire, on devra, dans ce cas, s'en abstenir, de même que dans le cours de toute maladie fébrile où l'angioténie domine.

2° Lorsqu'il y a des aliments dans l'estomac ou accumulation de matières muqueuses, bilieuses, ou des vers dans le tube digestif. Dans ces cas, l'o- pium produit les accidents de l'indigestion, ou retient les matières sabur- raies, dont l'évacuation est de toute nécessité. Cette règle admet une ex- ception. Lorsque, dans une indigestion, le spasme et la douleur de l'estomac, portés à un haut degré, viennent enrayer la contractilité de cet organe el s'opposent au vomissement, j'emploie l'opium avec le plus grand succès, En faisant cesser promptement ces deux symptômes, il débarrasse l'estomac des aliments qu'il contient; il agit alors indirectement comme vomitif, même après l'emploi du tartre stibié, qui, en pareil cas, est sans effet ou aggrave l'état du malade, ainsi que j'ai eu maintes fois l'occasion de l'on- server.

4° Chez les nouveau-nés et chez les enfants en général, surtout pendait la dentition, à cause du peu d'énergie du principe vital chez les premiers, et de la tendance aux congestions cérébrales chez les seconds. Cette contre- | indication ne saurait être absolue. Seulement, il faut, autant que possible, chez les enfants, s'abstenir de l'usage des opiacés, ou ne les administrer qu'avec beaucoup de prudence. Je n'ai pu, dans quelques cas, faire cesser des diarrhées qui avaient amené un épuisement effrayant chez des enfanls dans les premiers mois de la vie (ce qui arrive surtout chez ceux qui sont artificiellement allaités), qu'en leur administrant, à des intervalles plus on moins rapprochés, une goutte de laudanum dans un lavement mucilagineus. ■ (voyez pages 755 et 756.) Lorsque je suis forcé d'administrer l'opium pendant la dentition, je fais presque toujours appliquer préalablement les sangsues , derrière les oreilles et donner quelques bains tièdes.

5° Chez les vieillards, en raison du décroissement de la puissancener- : veuse, de la sensibilité, de la vie, et, jpar conséquent, en raison delà ten- dance à la stase du sang, aux congestions vers le centre circulatoire et cerveau. Lorsque dans la vieillesse l'emploi de l'opium est impérieuse* commandé, on ne doit l'administrer qu'avec une grande circonspection d'abord à dose très-minime.

En général, ainsi que nous l'avons dit plus haut, l'opium sèche la langu - provoque des nausées, de la sueur et retient les excrétions alvines et ^ naires. L'abus de cette substance porte à l'hypochondrie, au marasime, jette dans de grands maux signalés par Horn et Timmermann. stan, tracteur outré de l'opium, lui a reproché d'entraver la marche desm» > de suspendre les mouvements salutaires et de ne produire, souvent q calme perfide. «Quant à l'abus que les malades en peuvent faire. Trousseau et Pidoux, il y a cela de grave qu'ils sont obligés d'user ae ■ successivement croissantes, et qu'invités sans cesse par le bien-être D , tané qu'ils en éprouvent, ils finissent par se tenir dans un état p I downloadModeText.vue.download 790 sur 1308


PAVOT. 761

d'ivresse, et tombent bientôt dans ce marasme physique et moral où sont plongés les Orientaux, que les voyageurs nous dépeignent. »

-Malgré les inconvénients, et les dangers.même qu'entraîné l'usage ou plutôtl'abus de l'opium, il n'est pas moins démontré que ce médicament héroïque* manié avec sagesse, rend à la thérapeutique les plus grands ser- vices. ■:«;fie remède, dit Sydenham, est si nécessaire à la médecine, qu'elle ne saurait absolument s'en passer : Quinimo ita necessarium est in hominis mritimanuorgànum, jam laudatum. ■medicamentum, ut sine illomanca sit ac çlaudicet medicina; qui vero eodem instructus fuerit, majora prcestabit quavi fiisabuno remedio facile speraverit (ï).

viouràtour vanté avec exagération et blâmé sans réserve, suivant son .application judicieuse ou irréfléchie, son emploi mesuré ou abusif, l'opium est, pour me, servir de l'expression d'Hufeland, une épée à deux tranchants, un-don divin dans la main du maître, un poison redoutable dans celle de l'homme sans expérience. Aucun autre agent thérapeutique, si ce n'est la belladone,^ ne peut lui être comparé dans les affections douloureuses et les altérations graves du système nerveux, dans ces angoisses qui brisent pour ainsiidire les:liens de la vie et plongent dans le désespoir. Ne serait-il même qu!un remède palliatif, qu'on devrait encore le considérer comme un des pjusbeaux présents, de la Divinité, puisqu'il nous reste comme une der- nière ressource pour calmer la douleur, consoler le malade, relever son courage, et le conduire, bercé par l'espérance, jusqu'aux dernières limites

Javie."
;

'lietracér les éloges et rappeler l'espèce de culte dont l'opium a été .l'objet,' exposer les théories qui l'ont fait considérer tantôt comme une panacée universelle, tantôt comme un médicament dangereux; signaler les cas nombreux dans lesquels il a été employé avec succès, et ceux où il s'est imohtre;nuisible,: serait faire à la fois l'histoire de la médecine et passer en .rerae toute la pathologie. Un tel travail dépasserait beaucoup le but tout pratique que je me suis proposé, et serait d'ailleurs au-dessus de mes forces. terne contenterai donc de jeter un coup d'oeil rapide sur les principales

c]rçônstances dans lesquelles l'opium est mis en usage avec succès, et celles

Wkt inutile ou nuisible.

^N|vR0SES.-.—Ici, l'action de l'opium est d'autant plus efficace qu'elle est ,directeni;erit portée sur le système qui est le siège de la maladie. Cemédica- jfient- est(d'une grande utilité dans l'insomnie nerveuse, les névralgies, les TOmissemepts et les toux spasmodiques, en un mot, dans la plupart, des névroses;:; Cependant, certaines affections nerveuses résistent à l'effet de IpSiùmi:, 1 ou même empirent sous son influence : telles sont, dans certaines circonstances, l'hystérie, la chorée, l'épilepsie et autres affections convul-

  • es^C?êst que; dans la plupart de ces cas, la maladie est subordonnée à

.*H|eHdii;'ilpc;aled'où partent les irradiations ou les sympathies que l'on •regard'è/à tort comme idiopathiques. L'irritation phlegmàsique ou la lésion orgapique d'un point de la matrice produisant tous les symptômes de l'hy- stêrie, eh fournit un exemple qui se présente fréquemment à l'observation. ..Uestdonc'contre l'affection locale, cause efficiente des symptômes ner- l^y^ilfôut diriger la médication. Malheureusement, il est souvent diffi-

^lede
découvrir le siège et la nature de celte affection, et plus difficile

fM^de.ladétruire, surtout si déjà elle est passée à l'état de lésion orga-

||%P!Sm;ne:peutî comme on voit, produire d'heureux effets dans les ■W-^'penses: qu'autant qu'elles sont essentielles, et que l'on a préa- .niement,combattu les contre-indications qui s'opposent à son emploi.

  • %fe*am, Opère eHato,v.'w. ■

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762 PAVOT.

Tétanos. — Cette affection nerveuse par excellence réclame, ainsi que nous l'avons dit plus haut, l'emploi de l'opium à dose élevée et proportion- née à l'intensité de la maladie, n Littleton (in Mérat et Delens) assure que" si on ne guérit pas plus souvent le tétanos avec l'opium, c'est qu'on n'en donne pas assez; il dit avoir fait prendre une once (30 gr.) de laudanum liquide par jour à un enfant de dix ans qui a guéri, et 14 gros (56 gr.) à un autre sujet, en douze heures de temps, conjointement avec le jalap et le calomel; ce qui fait dire à Bégin que'dans cette maladie l'estomac digère l'opium. C'est surtout dans le tétanos traumatique que l'effet narcotique et antispasmodique de l'opium ne peut se manifester qu'autant qu'on l'admi- nistre à doses énormes. Cependant, dans les hôpitaux militaires de la Grande Armée, et notamment pendant la campagne de 1809, en Autriche, si désas- treuse parla gravité des blessures, j'ai vu l'opium, administré mêmeaui doses les plus élevées, échouer le plus souvent contre cette cruelle affection,

Coindet, de Genève (in Mérat et Delens), a injecté avec succès une solution d'opium dans les veines d'un tétanique. Guérin a également réussi en en frottant les gencives d'un autre tétanique. On le donne en lavement quand la déglutition ne peut avoir lieu. Hufeland préfère cette voie dans tous les cas. On a quelquefois administré des bains d'opium, en faisant dissoudre plusieurs onces de cette substance dans l'eau du bain. (Moyen très-dispen- dieux.) Voyez MORPHINE.

Chore'e. — Trousseau et Pidoux vantent beaucoup l'opium à haute dose dans cette névrose. «Dans les cas les plus rebelles, disent ces auteurs,nous avons d'abord tenté, en désespoir de cause, de hautes doses d'opium, et nous sommes arrivés à des résultats si extraordinaires et si satisfaisants, que nous avons depuis lors traité un grand nombre de chorées par cette mé- thode. Mais quand la chorée est très-grave, l'opium doit se. donner à des doses considérables de 5 centigr. à 1 gr. par jour : à l'Hôtel-Dieu nous avons porté chez une femme la dose de sulfate de morphine jusqu'à 40 centi- grammes (8 grains) dans les vingt-quatre heures. En un mot, nous faisons donner 25 milligrammes (1/2 grain) d'opium d'heure en heure, jusqu'à ce que les mouvements convulsifs soient notablement calmés, et qu'il y ait commencement d'ivresse; puis nous entretenons toujours le maladedansle même état d'intoxication pendant cinq, six et même huit jours; nous nous arrêtons alors pour donner quelques bains et faire reposer le malade. Puis, nous recommençons quelques jours après. Il est rare qu'au bout de quinze jours la chorée ne soit pas tellement modifiée, que la nature achève elle- même la guérison en peu de temps. » Trousseau et Pidoux auraient I ajouter que l'opium est toujours nuisible dans les eas de chorée où il y a congestion sanguine au cerveau. Dans un cas de cette espèce, que j'ai ob- servé l'année dernière, chez un garçon de dix ans, à tête volumineuse, à face turgescente et très-colorée, l'opium administré par un médecin de campagne, d'après la méthode de Trousseau et Pidoux, produisit immédia- tement des accidents tels qu'une abondante hémorrhagie nasale put seule le sauver d'un danger imminent. Si, à côté de l'éloge de l'opium contre la chorée, Trousseau et Pidoux eussent placé les contre-indications de son emploi dans cette maladie, l'erreur que nous venons de signaler n'eût pas été commise. . . < .

Chorée alcoolique ou delïrium tremens, avec ou sans délire, ou avec de ir sans tremblement. L'opium à petites doses fréquemment répétées, et por e même progressivement à une dose très-élevée, est d'une efficacité reconnu. dans cette affection, que l'on considère aujourd'hui comme essentiellemeu nerveuse, et contre laquelle on emploie bien rarement la saignée, qui, plus souvent, s'est montrée nuisible : 5 à 15 centigr. peuvent être au nés toutes les heures jusqu'à ce que le malade s'endorme profondemei. downloadModeText.vue.download 792 sur 1308


PAVOT. 763

j'ai administré» en pareil cas, lorsque l'affection était portée à un haut degré

d'intensité, jusqu'à 2 gr. d'extrait d'opium dans les vingt-quatre heures

avant d'obtenir l'effet désiré. L'opium réussit également dans la paralysie

tremblement mercuriel, chorée mer curielle.— Trousseau et Pidoux ont méri.'très-rapidement, à l'Hôtel-Dieu de Paris, plusieurs chorées mercu- rieies-fûrt graves, en administrant l'opium comme dans le delirium tremens ;

■ maisils ont remarqué que, dans ce cas spécial, le délire succédait quelque- fqisâicëtteimédication, et persistait pendant quelques jours.

[ \Sysiérie.—-L'opium est regardé par un assez grand nombre de praticiens.

' comme généralement utile dans l'hystérie, surtout lorsqu'il existe des dou- leiirs aiguës:, telles que le clou hystérique, les crampes. Les topiques opia- cl rendent alors de grands services. Bichat (1) conseillait, dans l'hystérie, les.!injections vaginales avec des préparations d'opium. Uni aux antispa-

< sinp^iques, .disent.Trousseau et Pidoux, l'opium est évidemment utile dans l'hystérie; une mixture dans laquelle entrent l'opium, l'assâ fcetida et l'éther,

nous'a paru 'convenir à la plupart des phénomènes hystériques. «De tous

lB'à^éà'te.'thérapeutiques, il n'en est aucun, dit Gendrin, qui soit plus ap- proprié à'la curation de l'hystérie que l'opium à haute dose. En commençant

par';50'cëntigr. par jour, on arrive à 60, 75 centigr., progressivement, avant
d'avoir un .effet narcotique; dès que cet effet se produit, tous les accidents

hjiériqiïes.décroissent, et l'on est obligé de diminuer chaque jour les doses

■■ fppiûinquiprovoquent alors la somnolence. Je guéris par ce moyen plus d|îampié des hystériques (2).» Opposons à cette opinion celle de.Lan-

?doijzy '.; « 'J'ai yu, dit ce praticien, comme le médecin de laPitié, des hysté- riques supporter sans narcotisme plus de 25 centigr. de chlorhydrate ou

'd'acétate, de morphine par jour; mais j'en ai vu bien davantage chez les- qdëislesQpïacés excitaient des vomissements constants, quoique l'estomac

itèn;hoB état; j'en ai vu surtout un grand nombre chez lesquels l'opium,

\f^|?i?tféji dose forte ou minime, produisait des syncopes incessantes, et

■ jè^àisjtrè^-loin de le regarder comme pouvant guérir la moitié des hysté-

nques^'Malgré tout le mérite des travaux de M. Gendriti, on peut penser
qû'irsé^sera laisséi illusionner par une série de faits que le hasard n'aura

■ E^t^^riés, car l'observation est là, et, après elle, l'appréciation étio- • piP|ê; pour montrer que l'opium, à quelque dose qu'il soit administré,

^ojtj'êtré considéré comme un calmant momentané, et non comme le re-' i n||spjcificjuè de l'hystérie (3). »

|p'ïe|«'e; -^L'opium ne peut être utile dans cette affection qu'autant

1 p'ii-'existe--des convulsions prolongées, ou des accès en quelque sorte sub- mirants.:d.o.nt la .violence menace la vie. Dans ces cas même, la belladone

KkbeaucQup plus efficace, et est indiquée, en outre, comme remède
-' cW*f:da cette: névrose.

.Wwî&ioiis: dçs enfants, — Les indications curatives dans ces affections

S^Fs.si:'tariables que les causes qui produisent les affections elles-mêmes..

iWF'--^fti:,4ûél'que,fois très-obscures. On fait alors la médecine sympto- pS^'^sJ! après s'être assuré qu'il n'existe point de congestion céré-

■ IS^ipraque celle-ci a été préalablement combattue par une applica- IlSWgsues àû cou ou derrière les oreilles, les convulsions persistent, iJH^PW" 1, à l'opium. On donne ordinairement le laudanum en lave-. i„:??érin. de Bordeaux (in Mérat et Delens), a guéri des convulsions, en

{8 fé*es médicales manuscrites.

(3Ymui? a lAcadémie royale de médecine, le 11 août 1846.

[! lmU mplet de l'hystérie, 2° édit., p. 310, note. downloadModeText.vue.download 793 sur 1308


76/t PAVOT.

appliquant de l'opium sur les plaies dénudées des vésicatoires. Ce moyeu exige beaucoup de circonspection chez les enfants. '

Aliénation mentale. — L'opium est surtout utile dans les vésanies lorsqu'elles sont essentiellement nerveuses, accompagnées de débilité ou qu'elles ont pour cause l'abus des spiritueux, des plaisirs de l'amour 'etc Quand il y a excitation vasculaire du cerveau, ou des engorgements aW minaux, ainsi qu'on en observe quelquefois dans la mélancolie, l'opium ne peut que nuire. En Angleterre, des aliénistes distingués ont vanté les bons effets de la médication stupéfiante dans certaines formes de l'aliéna- tion. Elle était tombée en France, lorsque Michéa (1) l'a reprise. Ce méde- cin en a obtenu les résultats les plus satisfaisants. Sur dix-sept aliénés traités par l'opium, onze ont guéri, et il y a eu amélioration chez trois autres. Les cas de folie plus ou moins circonscrite étaient au nombre de cinq. Or, sur les onze aliénés guéris, il y avait sept mônomaniaques et quatre maniaques: l'opium a donc réussi complètement dans les quatre cinquièmes descasde délire général, et dans un peu plus de la moitié des cas de folie partielle. Parmi les trois malades dont l'état fut seulement amélioré, il y avait deux monomaniaques et un maniaque. Les sujets chez lesquels la médication a échoué étaient des mônomaniaques. Les préparations que Michéa a em- ployées sont l'extrait gommeux d'opium et le chlorhydrate de morphine, mêlés dans du vin, du chocolat, du café au lait, du bouillon ou des potages, de manière à les dérober à la vue et au goût des malades. Les quantités les plus fortes d'extrait gommeux d'opium, pour toute la durée du traitement, ont été de 9 gr. 8 centigr.; les plus faibles, de 3 gr. 9 décigr.; les moyennes, de 7 gr. Les doses les plus élevées de chlorhydrate de morphine ont été de 1 gr. 21 centigr.; les plus faibles, de 57 centigr.; les moyennes, de 1 gr. 17 centigr.

Colique métallique, colique de plomb. — L'opium calme toujours les sym- ptômes nerveux de cette affection, et peut souvent la guérir. Tronchinla traitait par l'opium uni au camphre. Stoll employait une mixture composée de 50 centigr. d'opium, de 180 gr. de sirop de camomille, de 6 gr. d'extrait de fleurs de camomille, et de 45 gr. de fleurs de cette même plante. Cet auteur affirme que le plus souvent il n'est pas besoin de donner de laxatif, l'opium suffisant seul à résoudre le spasme. On sait, d'ailleurs, que l'usage longtemps continué de l'opium détermine la diarrhée. Dehaen donnait 5 centigr. d'opium toutes les trois heures. Brachet, de Lyon (2), approuve cette métbode et cite des faits à l'appui. Bricheteau a employé, pendant près de vingt ans, l'opium à dose progressive, en commençant par 10 centi- grammes à prendre à deux heures d'intervalle, avec lavements laudamses, emplâtres opiacés sur le ventre, sans jamais avoir recours aux éméto-catnar- tiques (3). Bouvier et Martin Solon emploient le chlorhydrate de morphine à dose progressive, en commençant par 1 centigr. jusqu'à 35 centigr. dansles vingt-quatre heures. Tanquerel (4) a vu donner l'opium et le chlorhydrate de morphine seuls dans quatre-vingt-quatre cas. Dans les cas les moins mtenses, la guérison a eu lieu dans l'espace de cinq à six jours; ceux dntens" moyenne ont résisté de six à sept jours; les graves n'ont cédé, terni moyen, qu'au bout de huit à dix jours. Sur ces quatre-vingt-quatre cas, y a eu occasion d'observer cinq rechutes, quatre paralysies, trois encep - lopathies. Dans vingt-cinq cas d'intensité variable, la maladie a résiste cette médication; mais, dans huit cas de colique violente, et deux dm site moyenne, les opiacés ont fait cesser en quelques jours la colique ap

(1) Gazette médicale de Paris, mars 1853.

(2) De l'emploi de l'opium dans les phlegmasies, etc., p. 187.

(3) Archives générales de médecine, 1832, t. XXXI, p. 332.

(4) Traité des maladies de plomb, t. I, p. 374 et suivantes. downloadModeText.vue.download 794 sur 1308


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l'emploi infructueux des vomi-purgatifs. Enfin, Tanquerel regarde le traite- ment de la colique saturnine par les opiacés comme étant supérieur à tous ' «ux;qui-ont élé, employés jusqu'à ce jour. Thiherti, de Milan (1), donne l'opium à 15 centigr. par jour, contre la cojique métallique, qu'il guérit en trois ou quatre jours avec 45 à 60 centi- èmes, parfois 75 centigr. d'opium en tout ; chaque dose doit être divi- le'en six portions par jour, en faisant boire, après chacune, de l'émulsion famandes douces édulcorée avec 60 gr. de sirop diacode par 500 gr. et par

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Çsijirophobie. — Nugent cite un cas de guérison d'hydrophobie, par l'em- '.plolde,l'opium à haute dose, et Whytt en rapporte un autre; mais Franck itn!éii à retiré aucun avantage dans cette affreuse maladie. Dans de nouvelles ■expérimentations on devra l'administrer à grandes doses, comme dans le jtétanbs. Braves et Breschet ont injecté, sans succès, dans les veines, des 'solutions d'opium chez un enragé.

>>isthme, emphysème pulmonaire. — L'opium peut être fort utile dans icesmaladies comme palliatif. Whytt l'a vanté dans l'asthme comme cal- cinant. ïï réussit assez bien en fumigation dans une'cigarette. On l'unit sou- vent à la belladone, dont l'efficacité dans cette affection est connue. .Gastrdlgie,enteralgie, colique. — «Dans quelques gastralgies violentes ^rebelles, : disent Trousseau et Pidoux, on se trouve bien quelquefois de l'emploi d'une très-petite dose d'opium donnée un quart d'heure avant ou après le repas. Gela suffit pour faire passer les douleurs et rendre faciles les /digestions devenues presque impossibles. » Ce moyen m'a fréquemment réussi. Sandras prescrit la potion suivante : chlorhydrate de morphine, joçentigr;, eau distillée de tilleul, 60 gr., sirop de fleur d'oranger, 15 gr., à

prendre une ou deux cuillerées à café. La colique, abstraction faite de sa

cause, est promptement calmée par l'opium. Ce médicament a l'inconvé- i aient i-augmenter la constipation, qui accompagne presque toujours les

névroses des voies digestives. La belladone, dont l'efficacité dans ces affec-

\ fions est généralement reconnue, n'a pas cet inconvénient et favorise au '■ contraire les' déjections alvines.

,M<fes néphrétique et hépatique. —Cette colique est fréquemment causée

'Jtflajrésence d'un ou de plusieurs calculs dans le rein ou dans l'uretère, i?KP^agit ici à la fois contre la douleur et contre le spasme qui retient les .^ubvîfous : avons rapporté, à l'article BEIJLADONE, des faits constatant les if^iN % extraits combinés d'opium et de belladone dans le traitemen

1^ Meurs, causées, par les calculs retenus dans les voies urinaires. Il en

i$?lW^'de celles produites par les calculs biliaires. La belladone l'em- •;il*M;êïficàçité contre ces accidents. En pareils cas, j'emploie avec avan- •^^-^liltànément l'opium à l'intérieur, et la belladone à l'extérieur en cataplasmes, fomentations, pommade, etc.

•ÂMpàtaigie essentielle, maladie que je n'ai observée que trois fois dans

WW;de m'a longue pratique, et que l'on peut facilement confondre avec

■|r'v;îuies,t due.à la présence de calculs dans les voies biliaires, cède à

.'"Pium.dppné à doses proportionnées à l'intensité du mal.

\>If^ssement' —Le symptôme vomissement cède souvent à l'emploi de

rj™1"; Pais il ne faut pas oublier que cette substance détermine elle-

nert *omisseinent,: dès qu'il survient par son usage quelques accidents

]»fveux. On Ta vu produire cet effet à des doses bien minimes. Mais c'est

'^■^^ption. En général, il réussit dans les vomissements nerveux et

as ceux des femmes enceintes, bien que la belladone dans ces cas doive

im être préférée. • ■ ■'

W hWe médicale de Milan, t. III, p. 63, en italien. downloadModeText.vue.download 795 sur 1308


,768 PAVOT.

Iléus, étranglement interne. —L'opium, jadis employé dans cette alîep tion,jy,est- moins efficace que la belladone, dont l'action à la fois stupéfiante et relâchante est plus appropriée à ce genre d'affection. On peut en diri ^autant de l'étranglement herniaire.

Coqueluche, toux nerveuses. — L'usage de l'opium dans la coqueluche exige' de là prudence, à cause de l'afflux congestif du sang vers la le Lorsque celui-ci n'est pas à craindre ou qu'on y a préalablement remédié par les saignées locales, on s'est quelquefois bien trouvé de l'administration de légères doses d'opium, et particulièrement du sirop de codéine à la dose d'une cuillerée à café, matin et soir. Le professeur Forget, de Strasbourg (|| se trouve fort bien du mélange suivant, qui, sous une apparence polyphai- màque, répond à plusieurs indications rationnelles : sirop d'acétate Je 'morphine, de belladone et d'éther à parties égales, dont on donne une, deux ou trois cuillerées à café dans les vingt-quatre heures, surtout pendantk nuit. La belladone, toutefois, doit -être préférée dans le plus grand nomta

des cas, contre cette affection, où elle agit avec une sorte de spécificité

que l'expérience a sanctionnée. Dans les: toux essentiellement nerveuses, ou .même symptomatiques, ' l'opium apporte un calme qu'aucun autre moyei ne saurait produire aussi promptement.

Angine de poitrine. —Dans cette névrose si douloureuse, si insidieuse ei si redoutable, l'opium s'est montré très-efficace, sinon comme remède curatif, au moins comme palliatif.

Dysménorrhée, hystéralgie. — Le laudanum, administré dans de petits lavements, calme presque immédiatement les douleurs qui précèdent ou accompagnent la menstruation, qu'elle favorise en même temps. Les dou- leurs utérines en. général, même pendant la grossesse, sont le plus sourcil calmées par ces lavements. Mais il faut quelquefois porter la dose à 20 el 30 gouttes, pour obtenir l'effet désiré. Il est à remarquer que les femmes enceintes, comme celles qui sont dans leurs règles, tolèrent plus facilement l'opium.

Affections nerveuses traumatiques; — délire des blessés ; accidents iiwrt;- suites de blessures. — «Lorsque après avoir reçu une blessure grave ou perdu beaucoup de sang, dit Hufeland, le malade est étendu sur son lit e» proie à des spasmes, raidè et à demi mort, ou, lorsque, dans de semblables circonstances, les douleurs deviennent excessivement violentes au second ou au troisième jour ; le pouls et tout l'extérieur annoncent un état nerveii, l'inflammation n'a point une couleur vive, et la suppuration est plus *• reuse que purulente; il n'y a que l'opium qui puisse changer la scène a« rapidité, parce que, d'un même coup, il apaise la douleur, fait cesserj spasme, relève la force vitale, et corrige le travail de l'inflammation et j la suppuration par son action toute spéciale sur le système sanguin et. plasticité du sang. » ' ,•

Suivant Padioleau (2), Malgaigne (3) et Maclachlan (4), l'inflammjJJ. tràumatique, qui succède aux grandes opérations chirurgicales, se comp de deux éléments : l'élément nerveux, ou la douleur, et la fluxion sang» ,■ Ils pensent qu'en paralysant le premier, on arrive à modérer le secon, > par conséquent, à le rendre beaucoup moins grave. • .. , ■ '$

-Malgaigne faisait un fréquent usage de l'opium à l'hôpital Samt-touy ■ quelque élevées que soient les doses auxquelles il le donnait, il n° jamais le moindre accident.

(i) Bulletin général de thérapeutique, t. XLIX, p. 148. , ■ .■':

(2) Gazette médicale, 19 septembre 1840. ' ' ' '

- (3) Bulletin général de thérapeutique, t. XIII, p. 290. !'

(4) Gazette médicale, 1837, n° 48. - ■'■"'- downloadModeText.vue.download 796 sur 1308


PAVOT. • 767

d Chez les opérés, comme chez les blessés, pour calmer la douleur et provoquer le sommeil dans les cas de diarrhées, et, en général, dans toutes {^.circonstances où elles sont indiquées, Malgaigne administre les prépara- tions d'opium de la manière suivante :

« H prescrit une pilule d'extrait gommeux d'opium de 5 centigr., de 'trois heures, en trois heures, et plus ordinairement de quatre heures en .quatre heures, jusqu'à production d'effet; ou bien une potion de 120 gr. contenant de 30 à 60 gouttes de laudanum de Sydenham, à prendre par

Cuillerées à bouche dans les vingt-quatre heures

'H'^Dne chose singulière, c'est que l'opium à cette dose fait peu dormir; ^produit plutôt un sentiment de bien-être qui se réfléchit sur la figure des InÏÏades; il éveille: aussi l'appétit et semble être, comme le dit Malgaigne, un excellent digestif. Nous avons eu une preuve de tout cela chez un blessé êjuin, atteint dans les parties molles par un biscaïen. Cet homme prit Vgrains d'opium par jour pendant six jours, sans fermer l'oeil, mais aussi Wsouflrir. Le septième jour, il dormit, et son sommeil fut calme, pres- ^uelnormal. 'L'appétit revint, le malade mangea, digéra bien tout en pre- nant son opium, et il alla à la garde-robe sans être obligé de recourir aux lavements. !- '■■'-

"' rMalgaigne prescrit aussi, avons-nous dit, le laudanum à haute dose. Il le'préfèWdans les cas de dévoiement ou diarrhée. Le laudanum renferme, «ré l'opium,' une petite' proportion de safran, qui, quelque minime qu'elle soit; pourrait néanmoins expliquer la différence des résultats qu'on obtient avec l'extrait d'opium et le laudanum administrés séparément. Le fait est que' nous avons vu un homme dont le dévoiement avait résisté à 4 décigr. d'extrait gommeux d'opium, donné par pilules de 5 centigr. toutes les trois ïeures', et qui fut supprimé complètement au moyen d'une potion contenant 'f'gouttes de laudanum de Sydenham. Au reste, dans les diarrhées rebelles, Malgaigne associe les deux préparations, mais alors le laudanum est donné ên'lavement. Ainsi, chez tin blessé, dont on voulait à tout prix arrêter le 8évoiement, nous avons entendu prescrire pour la journée et la nuit sui- vante, jusqu'à effet : six quarts de lavement avec 6 gouttes de laudanum chaque et 8 pilules d'extrait gommeux d'opium de 5 centigr. Le malade prit taitjetles selles furent supprimées (1).

  • NivRAi&oes, DOTJLEDHS. — C'est surtout depuis la découverte des sels de

fffphine et de leur/emploi par la méthode endermique, que l'opium a Baigne précieuse ressource contre les névralgies. En appliquant sur le

-derme dénudé l'hydrochlorate, le sulfate ou l'acétate de morphine, le plus- prés possible du point d'origine du nerf douloureux, on obtient, quand la névralgie est superficielle, un soulagement très-prononcé après un quart "heure. Ce soulagement ne dure guère moins de douze heures et plus de yngt-quatre. Il est donc nécessaire de renouveler l'application deux fois par 1W."(VoyezMOUPHINE.)-, ;

'«Lorsque la névralgie occupe les rameaux qui se distribuent aux dents, ou même quand elle attaque les nerfs de la tempe et du cou, on fait frictionner j gencives et la face interne de la joue du côté malade avec de l'extrait "?P™?-mêlé avec un peu d'eau, ou avec une solution assez concentrée de ™ra'e de morphine. On obtient ainsi des effets thérapeutiques très-puissants «même un, peu de narcotisme par l'absorption du médicament, bien que la les Id ^Vi 6? est imPrégnée n'ait point été avalée. Dans les otalgies, dans dénn/uif?es> on applique avec avantage les sels de morphine sur le derme sradii Ti ère les oreilles. Dans les névralgies, la dose de l'opium doit être Lt J ei?ent augmeiit'ée et proportionnée à l'intensité de la douleur, s'ur-

-.ïl^eec^odonreuxr'*

"MMl de médecine et de chirurgie pratiques, t.-XX, p. 21 -et: 22. -■';'. downloadModeText.vue.download 797 sur 1308


768 PAVOT.

L'opium est utile dans les affections douloureuses quelconques, surtout quand l'élément douleur prédomine, ainsi qu'on l'observe dans les fissures à l'anus, les hémorrhoïdes douloureuses, le rhumatisme articulaire aigu la goutte, les cancers ulcérés, l'orchite, le panaris, la brûlure, etc. L'opium'ei topique, ajouté aux pommades, aux liniments, aux cataplasmes, aux fomen- tations, apporte, dans ces cas, comme la belladone et la jusquiame, un soula- gement qui seul suffit pour prévenir ou même dissiper les accidents résul- tant de l'intensité des douleurs.

(DE L'EMPLOI DE L'OPIUM DANS L'ANESTHÉSIE CHIRURGICALE.—La pensée d'abolir ou de diminuer la douleur causée par une action traumatique ou chirurgi- cale remonte à une époque très-reculée. (Voyez MANDRAGORE, p. 611.) L'usage de l'opium, dans ce cas, n'a été sérieusement expérimenté que vers la fin du dernier siècle. Sassard (1) est le premier qui l'ait proposé scientifique- ment. Les faits se sont multipliés depuis. Hermann Demme (2) a pratiqué une désarticulation coxo-fémorale chez. une.femme narcotisée à l'aide de l'opium. La malade dormit tout le temps de l'opération et ne poussa qu'un léger cri plaintif. Dauriôl affirme, dans cinq cas, avoir obtenu une anesthé- sie complète (3). En donnant l'extrait d'opium, pendant dix jours, à la dose progressive de 5 à 50 centigr., Scrive (4) put disséquer une tumeur éléphan- tiasique du scrotum, sans que le malade manifestât la moindre douleur. Nous avons, du reste, signalé l'anesthésie particulière de la surface cutanée chez les fumeurs d'opium depuis longtemps adonnés à cette habitude fa- tale.

Jusque-là, les tentatives d'action anesthésique avec l'opium avaient eu des résultats douteux, et l'infidélité même du moyen en avait empêché la vul- garisation; mais où l'opium ne réussissait pas d'une façon constante comme agent exclusif, Nussbaum l'utilisa comme adjuvant anesthésique. L'influence prolongée du chloroforme présente des dangers ; il tenta le premier d'y suppléer en pratiquant l'injection sous-cutanée d'une solution de S centigr, d'acétate de morphine. Il est bon de noter que, dans les cas cités par ee praticien, ainsi que dans les expériences instituées par Rabot près de la Société de médecine de Versailles (S), les injections, faites en dehors de l'état d'anesthésie chloroformique, ont complètement échoué, ou n'ont amené qu'une ivresse, une torpeur momentanées, tandis qu'avec l'anesthésie préalable le sommeil se prolonge plusieurs heures.

Liegard (6), pour obvier aux douleurs intolérables que détermine trop son- vent la compression digitale dans les anévrysmes, propose d'avoir recours à l'anesthésie ainsi prolongée.)

RHUMATISME. — Le rhumatisme articulaire apyrétique, quelque doulou- reux qu'il soit, est rapidement guéri par l'application de la morphine surle derme dénudé. Deux ou trois pansements suffisent ordinairement. Ce moyen, préconisé par Trousseau et Pidoux, est cependant peu employé. L'opium, » l'intérieur et à dose élevée, produit souvent le même effet, mais avec mous de certitude. .

Trousseau et Pidoux ont vu le rhumatisme aigu céder quelquefois avec une grande facilité aux applications locales de sel de morphine; mais, J disent-ils, faire deux fois par jour des pansements avec le plus gran as ^ multiplier les vésicatoires ammoniacaux en raison de la multipliât

(1) Dissertation sur les moyens de calmer les douleurs, io Journal de physique, 17

(2) Cité par Cpurty, Thèse de concours, p. 17. Montpellier, 1849.

(3) Journal de médecine et de chirurgie de Toulouse, 1847.

(4) Ga&ette des hôpitaux, 1863, n" 67.

(5) Union médicale, 1863, p. 23 et 60.

(6) Gszette des hôpitaux, 1864, p. 110. downloadModeText.vue.download 798 sur 1308


PAVOT. 769

articulations envahies, et seconder l'emploi de ce moyen par l'administra- tion des purgatifs pendant le cours de la maladie et après que les accidents sont entièrement dissipés. Corrigan (1) préfère l'usage interne et à haute dd'sede l'opium- >I1 en donne de 50 à 60 centigr. par jour. Il fait en même temps sur les articulations douloureuses, des embrocations avec l'huile de térébenthine > chaude, l'eau-de-vie camphrée ou une simple décoction de nav6ts.:Quand la fièvre tombe et que les douleurs prennent un caractère erratique, il associe l'opium au sulfate de quinine.

- Rhumatisme aigu* — Après la saignée répétée, et lorsque l'état inflamma- toire est considérablement diminué, j'emploie toujours avec succès l'opium

i dansîleThumatisme aigu. Je donne 5 centigr. d'extrait aqueux de cette sub- stance toutes les deux heures ; il'ne provoque pas le sommeil, mais il calme ^doûiëuf et produit une transpiration continuelle qui donne quelquefois lieu à une éruption cutanée, ordinairement de forme miliaire. Lorsque j'ai

.tropà craindre l'action stimulante de l'opium sur le système sanguin, je joins à Vusage de ce médicament celui du tartre stibié à dose contro-stimu-

ïlanfc Je donne alternativement 5 centigr. de ce dernier et autant d'extrait gSinineux d'opium, toutes les trois heures d'abord, ensuite toutes les deux heures 1, 1 -et même toutes les heures. Lorsque le tartre stibié ne provoque pas d'évacuations alvines, je fais administrer l'huile de ricin tous les deux jours.

Ceiraitément, en diminuant à la fois l'activité du système sanguin et l'cré-

uMsipè: nef veux, tandis qu'il stimule au contraire le système cutané, dont il

favorise lés fonctions secrétaires, prévient la rétrocession de l'affection sur

tepérioarde, modère les symptômes et abrège considérablement la durée de

la;maladie, .;.

..GOUTTÉ. ^—Lorsque les douleurs de la goutte sont violentes, soutenues, et ": qu'elles épuisent les forces, l'opium employé avec prudence et à doses

réglées, suivant le degré d'irritation, l'âge et le tempérament du malade,

l jir'oâùitQuelquefois des effets merveilleux. Sydenham veut que l'on prenne

tf|iilés soirs un peu de laudanum, lorsque les douleurs articulaires sont

intdlérahîës. Il leConseille également lorsqu'il survient des tranchées vio- i léîîtëé,une diarrhéeexcessive, des vomissements accompagnés de faiblesse.

|,p|aùf pourtant pas trop se fier à l'opium dans les attaques de goutte. Les

opôtiqnes, appliqués dans un moment inopportun, peuvent bien faire , cesser^irritation articulaire et la douleur, mais alors le principe goutteux

Çnvahit des organes plus importants, et cette métastase a été plus d'une fois

îttartelle.Çe$tê affection demande un.régime doux, des boissons relâchantes

et.diaphôrétiques, du courage, de la patience et peu de remèdes. Les pre- '■ ffliefeaccès sont cuisants, terribles, si le malade est d'une forte constitution

<!^PHf PW"avancé; mais peu à peu les symptômes s'amendent, s'adou-

fW. solis l'influence d'un régime tempérant et du calme de l'esprit, bien v lPflUe;par l'usage des narcotiques.

.-WIUMMATIOHS INTERNES. — L'opium, en principe général, est nuisible

?S ^"flammatipns. Cependant, ainsi que le fait judicieusement remar-

^erHu'felàhd, quand, après avoir convenablement insisté sur les émissions

Wguines;générales et locales, on voit les symptômes de l'inflammation per-

, r|t4r',c^ram? cela arrive quelquefois dans la pleurésie à l'égard du point de

^-de la toux et de la difficulté de respirer, avec pouls fébrile, petit et

£ p^^tant plus la saignée, l'opium est l'unique remède : il éteint l'excès

• d'eue -i ' 'e- sPasme> et ren(i en même temps aux vaisseaux le degré

Quai™ • ,cf SS-a're a la résorption du sang stagnant dans la partie affectée.

fe saignées, au rapport d'Huxam, n'avaient pas guéri complètement

i W Gaseffe médicale, F série, 1840, t. VIII, p. 168.

/)9 downloadModeText.vue.download 799 sur 1308


770 PAVOT.

une fièvre avec violente douleur de côté. Le laudanum et le sirop diacode à dose élevée, calmèrent la douleur d'abord, et ensuite les autres svm' ptômes. <( J'ai éprouvé, dans une multitude de cas, ajoute le même auteur que cette méthode est très-efficace et très-salutaire. » Quand, après les émissions sanguines suffisantes, la douleur conservait son intensité Sar- conne donnait de l'opium toutes les trois heures jusqu'à ce que le calme fût revenu. Mais il ne faut pas perdre de vue que les opiacés ne conviennent que lorsque l'état purement inflammatoire primitif est presque entièrement dissipé, et qu'il a fait place à la débilité générale, avec persistance d'unélal nerveux ou spasmodique. Toutefois, - ne laissons pas ignorer qu'il y a des pleurésies dans lesquelles l'inflammation est subordonnée, dès le principe à la douleur, à l'élément essentiellement nerveux, et qui sont efficacement combattues par l'opium quand les saignées générales et locales ont été tout à fait infructueuses.

Le praticien ne confondra point l'oppression des forces, que l'on observe quelquefois dans l'inflammation portée à un haut degré, comme dans quel- ques cas de pneumonie et de pleuropneumonie, avec la débilité réelle: cette apparence de faiblesse est combattue rationnellement par la saignée tandis que l'opium ne fait que l'aggraver en procurant un calme trompeur: la douleur cesse, mais l'inflammation, au lieu de se terminer par résolution, passe à la gangrène, à l'engorgement chronique, ou à la suppuration.

Je n'ai jamais rencontré l'indication de l'opium dans la pneumonie franche, où il pourrait, d'ailleurs, avoir le fâcheux inconvénient de supprimer l'ex- pectoration; mais je l'ai souvent associé au tartre stibié ou au kermès, em- ployés, soit à petites doses pour calmer la toux et favoriser en même temps l'expectoration dans la période de résolution, soit pour établir plus facile- ; ment la tolérance dans l'administration à dose contro-stimulante de ces pré- parations antimoniales.

L'état de débilité et de spasme douloureux, qui en réclamerait l'usage exclusif, ne pourrait être que le résultat d'un traitement purement antiphlo- gistique et surtout de l'emploi des saignées coup sur coup, méthode qui ne m'a pas réussi chez les paysans, et que je n'emploie ni à la campagne ni àla ; ville depuis que l'expérience m'a démontré l'excellence de la doctrine de Rasori contre la pneumonie. La prompte résolution opérée par Fémétiqueâ dose contro-stimulante, après toutefois avoir pratiqué, dans la plupart des cas, une ou deux saignées, suivant l'âge, le tempérament du malade ou l'in- tensité de la maladie, m'a presque toujours dispensé de l'emploi de tout autre moyen. Je puis assurer, comme Munaret, avoir obtenu par cette mé- thode onze guérisons complètes sur douze malades, malgré les complications ou. les circonstances les plus défavorables. Chez les sujets débiles et les vieil- lards, je m'abstiens même des émissions sanguines; je m'en tiens à 1 émé- tique à haute dose, et je réussis dans ces fluxions de poitrine, qui autrefois étaient mortelles par défaut de réaction, par engouement des organes respi- ratoires.

Le praticien prendra pour guide, dans les cas de phlegmasie qui senibto indiquer l'emploi de l'opium, l'état du pouls. Il faut qu'il soit mou etiaiM- si, sous l'influence du médicament, il redevient dur et fréquent, c est q reste encore un état inflammatoire qui en interdit l'usage.

Dans la pleurésie aiguë, disent Trousseau et Pidoux, nous avons souje^ combattu le point de côté par des applications locales de morphines"i derme dénudé; et, dans un grand nombre de cas, cette mjf|LaI1. simple a suffi pour faire disparaître et la douleur et la fièvre. Quant a i chement, il se résorbait tantôt rapidement, tantôt avec lenteur, san^^ fût possible de déterminer l'influence que l'opium avait pu avoir résorption.


[771]

Boudin et Sandras.(l) ont essayé l'opium à des doses successivement crois- santes dans la méningite épidémique ou cérébro-spinale, maladie qui paraît avoir plus d'affinité avec les névroses qu'avec les inflammations. Ces méde- ciusafflfment^avoir obtenu la guérison de cette affection d'une manière plus rapide et plus complète que par tout autre médication. — Dans deux épi- démies qui eurent lieu à Avignon, à un intervalle de six mois, on ne compta presque aucune guérison dans tout le cours dé la première et de la seconde. Sauffard (in Valieix) eut alors recours à l'opium à haute dose; dès lors, non-seuleiïient dans la plupart des cas la maladie fut guérie, mais dans ceux inêmés où l'on,n'obtenait pas ce résultat favorable, il survenait du moins une amélioration marquée après l'administration du remède. — Les obser- vations .de Rorget et. Tourdes ne sont pas tout à fait aussi concluantes. Cependant les faits observés par ces auteurs montrent que, sous l'influence de cette médication, la mortalité a été un peu moindre ; mais les cas qu'ils citent,sont:malheureusement très-peu nombreux.

, J'ai ro.les cris dits hydrencéphaliques, causés par la méningite tubercu- leuse et arraches au malade par la violence de la douleur, se calmer presque immédiatement par l'emploi de l'opium, après, toutefois, avoir diminué la congestion cérébrale au moyen des saignées locales, des affusions froides, ielaglàce,,etc.:Ghèz une petite fille âgée de cinq ans et demi, atteinte de méningite tuberculeuse depuis sept jours, et se trouvant dans les conditions que je viens de signaler, le laudanum donné à la dose de 5 gouttes, de trpis heures en trois heures, a amené un soulagement tel que la malade,

après vingt-quatre heures de l'usage de ce moyen, avait recouvré sa eon-
naissance; les symptômes nerveux et l'agitation étaient considérablement
diininûés,-le, pouls plus développé, etc. Je donnais en même temps le

çajomel, dont l'action s'opposait à la constipation, qui accompagne toujours l cette affection. La malade a succombé le quatorzième jour, mais avec beau- ifoùp" moins de souffrance que si elle n'avait point été sous l'influence

s|dStive ;de l'opium. Je n'ai jamais vu, dans le cours d'une pratique de

garante-cinq ans, un seul cas de guérison radicale de méningite tuber-

culeusè. "Après avoir combattu l'inflammation, qui n'est ici qu'un effet, il

istérait;toujours la lésion principale, incurable, la tuberculisation des

VfEn'^ngletèfre, on emploie communément dans ces cas de méningite

-fyec.cris hydrencéphaliques, le sel de Grégory (chlorhydrate double de mor-

P&e'et de codéine); t jjiMvjl)dé Dublin: (2), a obtenu les plus heureux effets de l'administration

 ?és opiacés à-hautes doses dans deux cas de péritonites très-intenses sur-

îmes à la suite de la paracentèse. Dans un autre cas de péritonite causée <; p,la rupture d'un abcès du foie dans le ventre, le même médecin (3) vit

fesp.ptômes de l'inflammation disparaître complètement et en peu de

jeurvjarrfl'emploi de très-fortes doses d'opium et l'application de vésica- P^s pansés, avec la morphine. Dans un rapport à la Société de médecine «Boston (4), Jackson signale les succès qu'il obtint par l'emploi de l'opium fhAutes,doses;dans,la péritonite. Les effets de ce médicament sont tels à 'f-jyeux.\ qu'il .n'hésite pas à proposer l'application de ce traitement aux

-™.S;]oaaJad;és/iDflabAmatoires, telles que la pleurésie, le rhumatisme, etc.

, tojjsseau,et Pidoux révoquent en doute les guérisons de péritonites dues ^iperforaition.de,l'intestin, et que Pétrequin, de Lyon (5), et Slokes, de

'-4WvS- 6 thérapeutique médico-chirurgicale, 15 février 1854. .. $ jgtte médicale, 1835,-p. 167.- ■" •

SGS'g^ai*^™Pe"«?"«»1855- .*') mette médicale, t. V, p. 187,; downloadModeText.vue.download 801 sur 1308


772 PAVOT.

Dublin (1), ont cru obtenir dans plusieurs cas aussi graves. Il est probable disent Trousseau et Pidoux, que ces praticiens avaient fait quelque erreur de diagnostic. Cependant, comme l'art ne possède aucune autre ressource contre ce redoutable accident, on devra essayer l'emploi de l'opium à haute dose, afin de s'opposer autant que possible aux sécrétions et excrétions intestinales.

Sarsthore, Hecquet, Armstrong (in Mérat et Delens) prescrivirent l'opium dans les phlegmasies abdominales, suite de l'accouchement ou dépendantes de la grossesse ; Mackentosh emploie avec succès la méthode de ce dernier qui consiste à donner 20 centigr. d'opium, après une saignée copieuse' dans la péritonite des nouvelles accouchées.

Brachet (in Mérat et Delens) prescrit l'opium dans les phlegmasies des membranes muqueuses, surtout dans la trachéite, où la toux est sans relâche. Dans les affections catarrhales pulmonaires, comme dans les autres phlegmasies, l'opium est nuisible dans la période inflammatoire du catarrhe pulmonaire aigu ; mais il peut être très-utile associé aux expectorants, tels que l'ipécacuanha, le narcisse des prés, la bryone, l'arum, le kermès, le tartre stibié, dans la période d'atonie et dans la bronchite chronique. J'ai vu des bronchites chroniques graves, qu'on aurait, pu prendre, avant l'em- ploi de l'auscultation et de la percussion, pour des phthisies confirmées, céder à l'usage de l'opium associé au tartre stibié, et administré à petites doses fréquemment répétées.

Bow (2) a publié six observations sur l'emploi de l'opium à l'extérieur chez les enfants.atteints de catarrhe bronchique ou d'angine laryngée.

On a tiré parti de l'opium dans la cystite et le catarrhe vésical. Cependant la sensibilité de la vessie peut être exaspérée par l'effet de l'opium. On lui substituera alors avec avantage la belladone.

HÉMORKHAGIES. — Ce que nous avons dit des inflammations par rapporta l'usage de l'opium peut s'appliquer aux hémorrhagies actives. Il est nuisible dans tous les- cas où il y a état phlegmasique ou pléthorique, soit général, soit local ; mais lorsque cet état a été - combattu par les saignées, et que des symptômes nerveux ou spasmodiques avec débilité existent,, l'opium peut être utilement employé. Il est même des hémorrhagies primitivement et exclusivement causées par le spasme ou l'irritation nerveuse, qui cèdent à l'opium. Voyez plus bas l'emploi de l'opium dans l'avortement.

Dans l'hémoptysie, lorsque la pléthore et le molimen hémorrhagiqueonl été suffisamment combattus, l'opium peut, en diminuant l'irritation des bronches et la toux, empêcher l'afflux du sang et l'hémorrhagie qui en est . la conséquence.

FIÈVRES ÉRUPTIVES. — « Lorsque, dans une petite vérole maligne, ner- veuse, la suppuration ne fait point de progrès, vers le cinquième ou sia* jour après l'éruption, qu'elle dégénère en une sécrétion séreuse, ichoreuse, que les boutons ne se remplissent point, qu'ils prennent même un_aspeci livide, et semblent sur le point de tomber en gangrène, avec prostratione- trême des forces et violente fièvre typhoïde, je ne connais pas de moye qui soit plus apte que l'opium à rétablir la suppuration, à compléter la «se, et par conséquent à sauver la vie du malade. » (Hufeland.) — Sydenn recommandait l'emploi de l'opium dans les varioles confluentes accooep gnées d'ataxie. Il donnait 14 gouttes de laudanum liquide, ou 1 once^ sirop diacode dans l'eau de fleurs de primevère ou autres, tous les s011"s> puis le sixième jour jusqu'à la fin de la maladie. Quand il y a en n?êmeS de la diarrhée, il vaut mieux le donner en lavement. J'ai vu plusieurs^^

(1) Gazette médicale, 1835, p. 166.

[2) London médical and plnjsic. Journ., t. LVIII, p. 23. downloadModeText.vue.download 802 sur 1308


PAVOT. 773

aélire-le plus violent, les symptômes àtaxiques les plus graves accompa- aiant là variole confluente, céder comme par enchantement à l'administra- tion parJa bouche ou en lavement peu volumineux, de 8, 15 ou 20 gouttes dé laudanum chaque jour. _

iatôux qui accompagne ordinairement la rougeole, et qui est quelquefois june fréquence qui fatigue beaucoup le malade, est constamment calmée et cesse mêmèpar l'emploi de l'opium. Dans ce cas, je donne, à l'exemple

deSydenham, le sirop diacode, surtout pendant la nuit.

r.Là même médication convient lorsque la rougeole, ainsi que cela arrive souvent dans là période de l'invasion de cet exanthème, s'accompagne d'une forte diarrhée. Mais la diarrhée qui s'observe au début, de l'éruption et qui ne dure ordinairement qu'un ou deux jours, ne réclame l'usage de l'opium rfuè.lor^qu'èlle est par trop abondante ou qu'elle persiste au delà de qua-

rante-huit heures. .

' Dans la fièvre scarlatine, où l'éruption a presque toujours besoin d'être

plutôt modérée que favorisée, où des symptômes inflammatoires ou nerveux

lès plus redoutables se montrent dès le début et persistent, l'opium serait

\ évidemment funeste. Cependant, dans certaines épidémies et chez des sujets

"débiles, atteints dès le début de vomissements, de diarrhée, et chez lesquels

l'éruption est irrégulière, compliquée de bronchite, de toux fréquente, de

' diversSymptômes nerveux, je me suis bien trouvé de l'opium uni à l'acétate

'dàmmoniaque et aux boissons diaphorétiques, telles que l'infusion de

';. coquelicot, de sureau, de bourrache, etc. C'est surtout dans les épidémies

que les indications se modifient ou changent même complètement.

L-FiïHÉs iHTERMiTTENTES. — Avant la découverte du quinquina, l'opium ' •passait pour un des meilleurs fébrifuges. Paracelse, Horstius, Wédelius,

Ettmullérj le donnaient un peu avant l'accès. Sydenham l'a employé à doses

r|lus ou moins élevées pour combattre les fièvres intermittentes, qui, à cause jw'état'nervetix plus prononcé, cèdent souvent à ce médicament après ■> avoir.j;résisté au quinquina. Berryat (in Trousseau et Pidoux), qui, le siècle

■derniérj a; remis en vogue l'administration de l'opium comme fébrifuge,

'doiinaitj une heure à peu près ayant l'accès, 6 à 8 gouttes de laudanum de | Jydeiih.am aux enfants de trois à cinq ans, 10 à 12 gouttes à ceux de dix ans,

ètl8fi 30 gbuttes aux adultes. — Il ne faut donner l'opium que peu de

temps avant le moment où le frisson doit arriver (une, deux ou trois heures
'*pius); afirt d'agir sur l'éréthisme nerveux. Il serait très-nuisible, à grande
dose, s'il
agissait longtemps avant l'apparition de la fièvre, lorsque le sujet

j.çstdans son état normal. « J'ai vu une femme, dit Mérat (1), à la clinique -;intër,ne de la Faculté, à qui j'avais prescris 80 gouttes de laudanum pour

fô!?^ttïe' une fièvre intermittente grave; malgré ma recommandation, on
w% prendre aussitôt la distribution des médicaments, tandis que son

t)|p*:'devàit venir que le soir, et elle périt de narcotisme. » Fàllope ayant i octeiiuyipour ses dissections, le corps d'un homme qu'on devait supplicier ?S$^Tai| une fièvre intermittente quarte, voulait le faire mourir avec de

S^^^gros (8 gr.), que le condamné prenait vers l'accès, ne produi-

^few y>Ulï ^et ' *a meme dose> Prise aPres 'e paroxysme, le fit suecom- '^f'-'-.^^fe'S'expliquentparle degré d'éréthisme du système nerveux, et 'i S^^ceux dont nous avons déjà parlé.

-.jMpr°|î"m Pe*ut être très.utile contre les symptômes nerveux d'une'fièvre
^J^'™^ pernicieuse, tels que ceux, par exemple, qui simulent -l'apo-

'dântl —l-SOnt loinde céder à Ia saignée. Hufeland, en administrant pen- J'^^y^1^ 30 gr. de quinquina comme antipériodique, ajoutait toujours

(2) BoiS" ne<ies s<Cie"ces médicales, t. XXXVII, p. 486 et 487. ' «miner, De morbis intern., lib. i. downloadModeText.vue.download 803 sur 1308


774 PAVOT.

Je pourrais rapporter ici de nombreux cas de fièvres pernicieuses cardial- giques ou cholériques, observés dans les marais du Calaisis, et dans lesquels" l'opium a pu seul, en dissipant les symptômes effrayants de l'accès m» mettre à même d'en prévenir le retour au moyen du quinquina donné a grande dose pendant l'apyrexie. Combien de.fois n'ai-je pas vu, dans ces cas un vomissement continuel, avec douleur aiguë ou déchirante de l'estomac' altération des traits, petitesse du pouls, sueur glutineuse, anxiété extrême' épuisement des forces, céder à l'emploi simultané des révulsifs à l'extérieur' tels que sinapismes, vésicatoires, frictions avec l'alcool camphré et l'ammo- niaque, etc., et de l'opium gommeux administré à doses croissantes et fré- quemment répétées.

FIÈVRE TYPHOÏDE, FIÈVRE NERVEUSE, TYPHUS. — L'opium est constamment nuisible dans ces fièvres, lorsqu'il existe à la fois congestion sanguineet phlegmasie cérébrale. « Il y a quatre cas, suivant Hufeland, dans lesquels l'opium est salutaire, même indispensable, chez les malades atteints de fièvres nerveuses ou typhoïdes : 1° quand la maladie est purement nerveuse par causes débilitantes, ou survenue chez un sujet déjà nerveux, et qui n'offre simultanément aucun signe d'inflammation ; 2° lorsqu'après avoir suffisam- ment employé les émissions sanguines, le froid et les évacuants, les signes de la congestion disparaissant, le délire persiste ou même dégénère en fureur; dans ce cas, Hufeland conseille d'associer l'opium au calomélas; 3° lorsque dès le principe il y a diarrhée, dysenterie ou choléra, aûn de calmer l'irritation du tube digestif et d'arrêter des évacuations qui épuisent les forces ; lui seul, dit Hufeland, a été efficace dans le typhus qui ravagea la Prusse en 1806 et 1807, et dont la diarrhée était la compagne essentielle; 4° lorsque les forces sont au plus bas, et que les excitants les plus énergiques ne peuvent relever le pouls. Je ne connais pas, dit l'auteur que nous venons de citer, de meilleur moyen que d'ajouter du laudanum aux autres stimu- lants, par petites doses fréquemment répétées. Pour apprécier cet estimable don du ciel, il faut l'avoir vu, en une seule nuit, rendre calme, plein et fort le pouls qui était petit et fréquent, faire cesser le délire, rendre la connais- sance au malade, arrêter les évacuations épuisantes, en un mot, produire une métamorphose véritablement miraculeuse. »

Cullen et Gland (in Trousseau et Pidoux) ont, comme Hufeland, conseillé l'opium dans les maladies typhoïdes*. Bretonneau, Chomel, et un grand nombre d'autres praticiens, l'ont formellement repoussé. « Quant à nous, disent Trousseau et Pidoux, nous l'avons quelquefois administré dans la dothinentérie, et toujours nous nous en sommes mal trouvés, excepté dans les cas de perforation intestinale dothinentérique, où il est utile en calmant les douleurs de la péritonite, et en modérant les contractions intestinales; mais pendant la convalescence de ces maladies, alors que les symptomH nerveux ont cédé et qu'il ne reste plus qu'une diarrhée rebelle, 1'associaW de l'opium au sous-nitrate de bismuth ou au quinquina peut amener une convalescence plus rapide et plus franche. » , ,,.

Forget (1) considérant la diarrhée dite typhoïde comme le produit de l in- flammation et de l'ulcération des intestins, et rejetant les purgatifs comm dangereux dans ce genre de diarrhée, veut qu'on la supprime le plus possible, sans toutefois y substituer la constipation, qu'il faut, dit-il, co • battre également, mais "par les moyens les plus doux. « Dans la diarr typhoïde, comme dans tout autre, ajoute ce judicieux observateur, lop est le remède qu'il faut préférer. Mais, dira-t-on, il y a des accidentsue^ veux : coma, subdélire, et l'opium, qui porte à la tête, va^ les agg ^ Ainsi parle la théorie, mais les faits disent autrement. Nous avon Sydenham recommander l'opium dans le délire, même dansjejleure^

(1) Bulletin général de thérapeutique, t. XLIX, p. 57. downloadModeText.vue.download 804 sur 1308


PAVOT. 775

teux'-■» A'l*appui de cette pratique, Forget rapporte un cas de fièvre typhoïde, avec délire furieux et prolongé, où 15 centigr. d'extrait d'opium, pris en-trois heures, firent tomber l'exaltation et procurèrent un sommeil calme qui dura-jusqu'au lendemain. L'opium est continué à la dose de SûcentigE; en vingt-quatre heures : nouveau sommeil ; même effet jusqu'au jour suivant,; où le malade se réveille dans une douce quiétude. La liberté du ventre est entretenue par des lavements miellés et lactés. Le malade est au vingt-deuxième jour, la fièvre est presque nulle, la langue se nettoie, l'appétit renaît : convalescence le vingt-cinquième jour. léfaitrentre dans ceux que signale Hufeland comme devant être com- battus par l'opium; mais dans la fièvre typhoïde, forme putride ou mucosa- . putride, ce médicament est le plus souvent nuisible, tandis que les purgatifs, en débarrassant le tube intestinal des matières acres et fétides qu'il contient, enlèvent une cause secondaire d'irritation locale et d'intoxication qui aggrave la'taaladie. J'ai vu maintes fois en pareil cas le météorisme se dissiper, la tête se:débarrasser, le pouls se développer après l'usage des purgatifs salins où acides; Dans la fièvre typhoïde, les éléments morbides étant très-variables, elles symptômes qu'ils produisent très-différents, la plupart des nombreuses iédiôàtiôns proposées contre cette maladie ont pu réussir, suivant l'oppor- tunité delëur application.

^ÀydHTEMENT] -ACCOUCHEMENT, ÉTAT PDERPÉRAL. — L'opium est un remède précieurpour prévenir l'avortement. Il fait cesser les contractions préma- tuféés-de l'utérus. J'ai eu à me louer de son emploi dans un grand nombre dé casiOù l'avortement semblait imminent. Je donne le laudanum liquide dansunë potion ou dans un tiers de lavement émollient, après, toutefois, avoir vidé le gros intestin au moyen de lavements simples et entiers. Cette dernière précaution'est d'autant plus nécessaire que souvent la constipation suffit seule pour produire l'avortement (1).

'ihèpfpfesséur Dubois et Guillemot ont employé le laudanum avec un suc- tés remarquable pour enrayer les contractions utérines et prévenir l'avorte- ment. Ce moyen, précédé de la saignée quand il y a pléthore locale ou léhéralëjCônvient dans les cas où les symptômes d'avorlement sont déter- minés par des excitants extérieurs, l'irritation d'un organe voisin de la ma- ? tecé,nin.coup,- une chute, une commotion, une impression morale profonde ^oifè. L'opium convient encore, aidé du repos et de la position horizon- filè, pour prévenir les fausses-couches qui se succèdent, par une sorte d'ha-

ï,-w-Dnç accumulation considérable de matières fécales peut se former dans le dernier intes- ro f0^0'™ 1, un travail semblable à celui de l'enfantement et produire même un accouche- Sir1^?*"^' Je rapporterai, à cette occasion, comme très-remarquable, le fait suivant: ttmF^"' de Saint-Pierre-lez-Calais, âgée de quarante ans, d'un tempérament lymphatico- . «?giun,'4ttne forte constitution, enceinte, pour la première fois, de six mois et demi envï- S,,.T°jTa?t, disait-on, les douleurs de l'enfantement depuis la veille au soir, lorsque, le ■ »n>aK^ 1818' à sept lleures du matin, je fus appelé pour lui donner mes soins. L'aug-

'lS- -:C^*^le des doiUeurs expultrices, une grande agitation, un pouls accéléré, des

wEmè°t?iV'ol^nts et rePéte^i semblaient, en effet, annoncer un accouchement prochain. . .^SkP^-fe'toucher, m'assurer de l'état des choses, je rencontrai un obstacle insurmon- ' temâtil fA■ clion du doigt; une tumeur très-volumineuse, formée par une grande quantité ^BOS - S les durcies et agglomérées dans le rectum, qu'elles avaient énormément dilaté - WtesSw* et en bas' effaçait presque complètement le vngin. J'avais commencé à vider

'l'élis- 5°°ral aù moyen d'une petite cuillère en fer enduite de graisse et introduite dans

'-fete'la m 6' ?arde fôl*e^ contractions et pendant dos efforts de vomissements, presque «conciSf88?'i iolSmment expulsée. Le calme, avec affaissement, succéda comme après ' WifflEr 6' t. -? Plus laborieux; le col utérin, effacé, attestait un commencement de travail ]*%-ST™< provd<îué! mais une saignée, indiquée par le développement et la dureté du

  • làîtom?TemeBt émollient y™ entraîna le reste de l'accumulation fécale, et, enfin, un quart
  • WOaent i T6C 15'ë0ïlttes de laudanum' firant rentrer tout dans l'ordre. On prévint ùlté-

teniie naturel C°nStlpation' la &rossesse marcha sans trouble, et l'accouchement eut lieu au downloadModeText.vue.download 805 sur 1308


,776 PAVOT.

bitude, presque aux mêmes termes de la grossesse (1). Il est évident quel'avor- tement qui reconnaît pour cause la mort du foetus, des lésions graves de ses annexes, des altérations pathologiques de l'utérus, etc., est inévitable et même nécessaire. Mais alors, direz-vous, comment distinguer ces cas de ceux dont nous venons de parler,. et contre lesquels l'opium agit efficace- ment? Le doute ici ne doit point arrêter le praticien; si l'opium suspend un travail nécessaire, la nature, plus puissante que la médication, reproduises efforts conservateurs et met fin, en expulsant les produits de la conception à une grossesse devenue impossible. Le laudanum administré en lavement agit plus efficacement, suivant le professeur Dubois, pour prévenir l'avorte- .ment, que lorsqu'il est donné par la bouche.

Après la saignée, Deventer donnait souvent l'opium pendant les douleurs de l'accouchement, soit pour calmer l'irritation, soit pour mûrir le travail. Ge moyen peut être utile lorsqu'il y a rigidité spasmodique du col delà matrice. Une femme qui était en travail depuis quarante-huit heures fut mise, par le conseil du professeur Alphonse Leroy, dans le bain après avoir été saignée deux fois ; il lui fit prendre dé l'alcali volatil avec du laudanum: la femme s'endormit, et la matrice reprenant de l'énergie, l'accouchement .fut heureux. J'ai eniployé avec avantage, dans les cas où la débilité générale de la femme rendait le travail long et très-pénible, la teinture ammoniacale d'opium. Sous l'influence de ce médicament, le pouls se relevait, le courage renaissait, les contractions utérines se reproduisaient plus fortes, et l'ac- couchement s'opérait. Ce stimulant ne produit pas le même effet que le seigle ergoté. Ge dernier a une action prompte, fugace et spéciale sur l'u- térus tombé dans l'inertie; tandis que l'opium, uni à l'ammoniaque, a des effets plus durables et est plus particulièrement indiqué dans la débilité réelle et générale.

11 n'est pas d'accoucheur qui n'ait été à même de reconnaître le bienfait de l'opium administré après un accouchement très-douloureux et qui ajeté le trouble dans toutes les fonctions ; il rend le calme au système neneui et rétablit en même temps le rhythme naturel de la circulation et l'harmo- nie organique. ■ . «

Dans la vive irritation locale pouvant faire craindre une métrite et une péritonite, suite de manoeuvres pratiquées sur l'utérus, l'opium à haute dose agissant puissamment et promptement sur le système nerveux, enraie les accidents bien mieux que la saignée.

. Lorsque les tranchées qui suivent l'accouchement sont trop violente, l'opium seul peut les calmer; on donne alors le sirop diacode ou le lauda- num liquide en potion à prendre par cuillerées de temps en temps.

DYSENTERIE. — 11 ne faut donner l'opium dans la dysenterie que lorsquu y a absence d'inflammation ou d'état bilieux, saburral. Dans la prenne» période, la dysenterie se manifeste souvent par des symptômes inflamma- toires ou bilieux, qu'il faut d'abord combattre dans le premier cas par w -antiphlogistiques, telles que la saignée, les sangsues sur le bas-ventre ou l'anus, et dans le second par l'ipécacuanha. Ce dernier peut être rempiw par la racine de bryone, le narcisse des prés, l'asaret ou la racine de v • letle. Je fais toujours précéder de l'un de ces vomitifs l'administrationw -l'opium. Celui-ci ramène ensuite le calme en faisant cesser l'irritation '.testinale qui provoque les évacuations; mais cet effet ne doit avoir iueuq ^graduellement et au moyen de petites doses souvent_ répétées. U^J, pression trop brusque de la sécrétion du mucus et de l'écoulement o^^ peut avoir des inconvénients. C'est surtout dans les dysenteries eP1"™'^ que l'opium triomphe. On le donne alors par la bouche ou enIaveausjj associé aux mucilagineux. « L'effroyable dysenterie rhurnatisMie^__

(1) Archives générales de médecine, 1836, t. XI, p. 294. downloadModeText.vue.download 806 sur 1308


PAVO.T 777

nar l'humidité^ et le froid, qui fit tant de ravages dans l'armée prussienne

- «1.1792} tant qu'on la combattit, comme c'était alors l'usage, par la rhu- barbeenipoudre; ne redevint curable et ne cessa que quand on lui opposa sénéralenient l'opium. En Algérie, nos soldats atteints de dysenterie sont traités; après que l'on a combattu l'inflammation, par l'ipécacuanha et

j!opium
;ce.dernier médicament est le plus souvent administré en lave-

ijnent;;î- ■■:■■■' ■

.siSydenham, et, après lui, Sènnert, Brunner, Wepffer et Ramazzini, ont préconisé l'opium dans le traitement de la dysenterie. Degner, Pringle, Young, Zimmermann l'ont regardé comme dangereux dans cette maladie, fl suffit de lire l'histoire des épidémies de dysenterie, observées par Stoll, pour se convaincre que ces opinions contradictoires, émises par des méde- cins' également recommandables, tiennent à ce qu'ils ont eu à traiter des d|sèhtéries dont le génie épidémique était différent.

'!;:Ï)IAMHÉE. — Dans les diarrhées, l'opium agit comme dans la dysenterie

■ etexige dans son emploi les mêmes précautions. Il serait nuisible dans la diarrhée critique, qui soulage toujours le malade et souvent le guérit. On jeutindire autant de tout autre hypersécrétion qui aurait le même carac- tère,-^Dans la diarrhée aiguë, l'opium, administré en potion, en lavement onji en-fomentation dans des véhicules appropriés, suffit ordinairement ,cp.m.e;moyen curatif. Mais, dans la diarrhée chronique, il n'a qu'un effet palliatif etmomentané. On l'associe alors avec avantage aux astringents, au «pus-nitrate.de bismuth, etc., ou l'on met alternativement en usage ces .diverses substances suivant les indications.

!i CHOIERA. — Dans la diarrhée prémonitoire ou qui précède le choléra, le

laudanum en potion et en lavement, simultanément employés, m'a presque

toujours'réussi chez les malades qui ont eu la précaution de se tenir au lit

et d'éxcitér' la transpiration au moyen de l'infusion chaude de menthe, ou

iéthé légèrement alcoolisée, prise parlasses fréquemment répétées.

'vDahsule choléra; l'opium doit être administré dès le début et à haute

doséi parce que dans cette affection le trouble nerveux prédomine. Dans un

cas de choléra avec convulsions horribles, vomissement affreux, sueur

froide, pouls à peine sensible, Sydenham donna d'abord 25 gouttes de

M-laudaiium dans une cuillerée d'eau de cannelle spiritueuse; il se tint

'ensuiteJ'espace d'une demi-heure auprès du malade, et voyant que cette

première dose ne suffisait pas pour arrêter le vomissement et apaiser les
|onvulsi6ns,'il fut obligé de réitérer plusieurs fois le remède et d'en aug-

ffWertoùjôiirs la dosej ayant soin délaisser assez d'intervalle entre chaque

jjnse> pour voir ce qu'il pouvait espérer de la précédente avant que d'en

u Y*¥$-une nouvelle. Par ce moyen, les symptômes se calmèrent. Cepen-

'r$îv^'^è prévenir la rechute, Sydenham fit encore prendre de temps

l'Ifi^P? dû-laudanum, à doses décroissantes, et recommanda le repos le

Wj|p?ra durant quelques j ours. V^I'Dptoyaht ainsi l'opium, j'ai réussi, dans le choléra épidémique de ï. S* Prêter la marche si rapide de cette affection chez quelques malades. 'î^™ÏÏf:§|ûëhhâm, je l'administrais toujours avec une très-petite quantité

■ o,e>vehiculè.' Dans le choléra algide, j'employais de préférence la teinture ammoniacale d'opium (élixir parégorique du Codex), afin, tout en calmant

- ^^yiiptômes nerveux, d'exciter plus promptement le système circulatoire

« le provoquer ainsi une réaction plus prompte. Je tenais en même temps
J Te™e'ibre au moyen de lavements composés de miel de mercuriale et

«n!. dauber,, parce que j'avais remarqué que la suppression subite des ' £ jutait l'intensité de la maladie.

césTi -pidéin*ede 1866> il[ a été d'observation constante, que si les opia- -. calmaient les phénomènes au début, en atténuaient l'intensité, leur downloadModeText.vue.download 807 sur 1308


778 PAVOT.

emploi prédisposait singulièrement aux congestions réactionnelles cérébro- méningées. C'est ce dont j'ai pu me convaincre auprès du nombre considé- rable de cholériques que j'ai soignés à Boulogne et dans les environs, k bout de quinze jours, j'ai dû en restreindre énormément l'usage et surtout en diminuer les doses. L'opium qui, dans la même localité, avait réussi en 1849 et en 1854., dans une constitution médicale différente, est devenu, dans la dernière apparition du fléau, d'un emploi dangereux et d'une indication difficile. A la fin de l'épidémie, j'en étais arrivé à ne plus prescrire les opia- cés que comme médication adjuvante. Le choléra ne se présentait pas avec le même caractère; le génie épidémique n'était plus le même.)

GLUCOSURIE ou DIABÈTE SUCRÉ.—AEtius, Willis, Waren, Rollo, Hufeland, Moncy et d'autres auteurs, ont vanté les bons effets de l'opium dans cette maladie. Moncy (1) veut qu'on élève progressivement la dose de ce médica- ment jusqu'à en prescrire 1 gr. 20 centigr. par jour. Tommasini a été jusqu'à 3 gr. dans les vingt-quatre heures. Marsh, Carter et Prout assurent (2)avoir retiré dans le diabète des avantages de l'opium, qui, suivant eux, diminue l'abondance de l'urine et y appelle l'urée. La plupart des médecins qui ont employé ce médicament, dans le diabète, l'ont donné à des doses considé- rables et sont allés même jusqu'à produire le narcotisme. Dans un cas de diabète sucré, le professeur Forget, de Strasbourg, a donné journellement 2 gr. d'opium sans aucun inconvénient. Ce médicament est le seul qui ait diminué la quantité des urines. Toutefois, on ne doit arriver à de telles quantités que graduellement et avec beaucoup de prudence (sansoublier pourtant que, l'excessive excrétion dans cette maladie causant une élimina- tion rapide des principes actifs de l'opium, il devient logique d'en élever la dose).

« Parmi tous les médicaments opposés au diabète, dit Canstatt (3), l'o- pium jouit jusqu'à présent de plus de confiance; ce médicament enraye la faim et la soif, ainsi que la sécrétion urinaire. Si le sucre ne disparait pas complètement des urines, au moins en voit-on diminuer le chiffre d'une ma- nière notable, etc. » Reynold Koeler (4) dit que ce médicament constitue pour la maladie en question un des meilleurs palliatifs.

.« Ce remède, dit Valleix (5), n'est pas sans nullité; mais si l'on examine attentivement les cas de guérison rapportés par les auteurs, on voit qu'il s'agit d'une simple polyurie, ou qu'il n'y a eu qu'amélioration passagère, et l'efficacité de l'opium devient très-contestable sous ce rapport. » Orme- rod (6) n'a pas obtenu par l'opium de résultat favorable ; l'urine était jour- nellement analysée. Suivant Grisolle (7), l'opium n'est qu'un palliatif, car u n'existe encore, dit-il, aucun cas de guérison bien constaté, qui ait été opéré par lui.

(Les uns expliquent l'action de l'opium en le considérant comme astringent. Suivant Anstie (8), c'est par une paralysie du système nerveux et des nens vaso-moteurs qu'elle se produit. Pecholier (9) affecte à l'opium la propw de.ralentir, de retarder, d'arrêter le mouvement de désassimilation nutritive. Donné à haute dose, n'arrêtera-l-il pas dans ses effets secondaires ce mou- vement de décomposition, cette perte considérable et presque continue, sans assimilation équivalente, qui constituent la glucosurie. On 1 a pense,

(1) Med. chirurg. trans. of Lond., 1814.

(2) Journal général de médecine, t. LXXXV, p. 106.

(3) Pathologie spéciale.

(4) Traité de thérapeutique spéciale.

(5) Guide du médecin praticien, 1" éddt., t. VII, p. 396. Paris, 1846.

(6) Edimb. Journ., 1847.

(7) Traité de pathologie, 1855.

(8) Thé Lancet, 1865, p. 602.

(9) Bulletin de thérapeutique, mai 1865. downloadModeText.vue.download 808 sur 1308


PAVOT. 779

et quelques faitsi sont là pour donner raison à cette supposition. Malheureu- sement où a souvent le grand tort de proclamer une amélioration presque aussi haut qu'une guérison, et l'on peut bien même avoir affaire, pendant je 1 traitement, a we de ces phases d'amélioration dont les médecins qui oltbbsèryé beaucoup de diabétiques ont eu souvent l'occasion de consta- jefpaKpàrition spontanée. La raison qui, dans les cas que j'ai eu à traiter, m'a' empêché <iV continuer ou de prescrire l'opium, est que ce médica- leni^ètrùit l'appétit et enlève aux malades la faculté de résister, par l'in- isùon'd'uhë alimentation appropriée, à la perturbation de nutrition qui g épuise... Mais('voici des preuves plus accablantes contre cette médi- cation,) .;,.. •

•;llrésùltë de recherches auxquelles s'est livré tout récemment Coze, agrégé l'jaFacùlté de médecine de Strasbourg (1), que, sous l'influence de la mor- puiflé, la' quantité du sucre du foie augmente de plus du double, et que la quantité de sucre dans le sang artériel augmente aussi du double ; ce qui èfvîn-argumënt, dit ce médecin distingué, contre l'emploi de l'opium dans lé traitement du diabète, et explique les insuccès de ce traitement constatés par beaucoup, de médecins.

-'^YPETûs. — L'opium n'est pas, comme quelques auteurs l'ont cru, un refrièdé'spéGinque contre la syphilis. Son efficacité dans cette maladie n'est que relative. 1 s'est montré très-utile : 1° contre les symptômes douloureux de cette;affection; 2° quand le mercure ne produit plus d'effet contre des symptômes dont la persistance ne peut être attribuée qu'à une irritation soùrdëi ou à l'éréthisme du système nerveux; 3° en l'associant au mercure pourfendre lés effets de ce dernier plus rapides, plus énergiques, prévenir en méùe temps l'irritation gastro-intestinale et la salivation ; 4° pour favoriser l'impulsion vers là périphérie et provoquer ainsi des sueurs qui éliminent à iâ fois 7 lé principe morbifique et l'agent métallique hétérogène, dont le séjourtrop longtemps prolongé dans l'économie peut occasionner des acci- dents plus OU moins graves ; 5° quand ces derniers accidents existent, qu'il fa: des_ reliquats vénériens, vérole dégénérée et en même temps maladie mercurielle, dyscrasie toute spéciale avec anémie, atonie des organes. J'ai vu-rnaintes fois l'opium produire, en pareil cas, des effets merveilleux et qûe'fayOrisaient dans quelques circonstances les préparations de salsepa- ftilleyiet, 1 comme succédanées de cette dernière, les décoctions concentrées déracines-de bardane, de tiges de douce-amère, de brou de noix, d'écorce iemézéféum, etc.

îRodét(2)a fait connaître les bons effets de l'opium à haute dose dans les

ulcères /syphilitiques irrités, douloureux, ayant une tendance au phagédé-

nisinë. Le mercure, dans ces cas, est toujours nuisible; il exaspère ces

T^es; L'opium, au contraire, est toujours utile, en calmant la douleur,

W; apaisant, l'irritation et en modifiant avantageusement la suppuration.

|aiSG'ést:surtout contre les ulcères syphilitiques, phagédéniques et ser-

J1?1^ "jùi succèdent ordinairement à un bubon virulent, que l'opium

• •-. -i 6D^ue^(ïtie sorte comme spécifique. Chez tous les malades aux-

Ws;Hoaet a administré l'opium à haute dose, la constitution s'est rapide-

^entatiélioréer

J^WSp-IOERCURIEL. — L'opium administré à l'intérieur s'est montré Jled^ns cette affection. Hunter prescrivait des gargarismes et des colluT' , tfes-fortement opiacés. Dans ce cas, j'emploie les gargarismes de sulfate

W)Kmiî'Présénté ài'Académie des sciences. {Gazette médicale de Strasbourg, 20 sepi %ê) t.'xux ^^té 3 W Société Se médecine de Lyon et Bulletin général de thèrapeu- downloadModeText.vue.download 809 sur 1308


,780 PAVOT.

d'alumine fortement chargés d'opium. (Le chlorate de potasse trouve aussi dans ce dernier un précieux adjuvant.)

GANGRÈNE EXTERNE. — L'opium convient dans la gangrène qui dépend essentiellement d'un défaut de vitalité, telle que celle qu'on observe chez les vieillards (gangrène sénile), quand, toutefois, la tendance à la conges- tion cérébrale, si fréquente à cet âge, n'en contre-indique pas l'emploi,

Taylor (1) donne l'opium dans la gangrène sénile, à dose modérée (2 centigr. 1/2 par jour, qu'on augmente les jours suivants); en même temps il fait garder le lit au malade, et enveloppe la partie affectée de fla- nelles épaisses, parce qu'il a remarqué que la chaleur aide plus puissam- ment à la guérison que l'opium même. Il cite un cas où le gros orteil, pâle livide, froid, avec une rougeur qui s'étendait plus loin, fut ramené à la' chaleur et à la concentration du mal, qui se borna à cet orteil, lequel tomba, et la plaie se cicatrisa.

Mais c'est surtout contre la gangrène de Pott, ordinairement caractérisée par des douleurs extrêmement vives, que l'opium s'est montré presque toujours efficace.

L'action simultanée de ce précieux médicament sur le système nerveui comme sédatif et sur le système sanguin comme excitant, est ici de la der- nière évidence, puisque, en effet, peu de temps après son administration, les douleurs cessent en même temps que le pouls se relève, et que la réac- tion organique arrête la gangrène. Entre plusieurs exemples que je pourrais citer à cette occasion, je rapporterai le suivant :

Fourcroy, mégissier à Samer, d'un tempérament lymphatico-sanguin, ayant toujours joui d'une bonne santé, avait été atteint, à cinquante ans, de congélation au gros orteil du pied gauche, lequel était resté, depuis lors, dans un état d'engourdissement, de fourmillement douloureux qui augmen- tait par la fatigue, les variations atmosphériques et surtout par l'impression du froid. A l'âge de soixante-dix ans (vingt ans après), les douleurs de l'orteil deviennent continuelles, le sommeil et l'appétit se perdent, les forces diminuent; un point brun noirâtre, de la grandeur d'une lentille, se montre à l'extrémité, s'étend et annonce bientôt une véritable gangrène, qui, en peu de jours, envahit la moitié de l'orteil. L'emploi du quinquina à l'inté- rieur et à l'extérieur n'a produit aucun effet. A mon arrivée (10 juin 18ÏI), je trouve le malade dans l'état suivant : l'orteil est sphacélé, sec, et la gan- grène gagne la partie supérieure du pied; les parties environnantes sont tuméfiées et d'un rouge bleuâtre vers le point affecté. Des douleurs déchi- rantes partent de ce point et s'irradient sur toute l'étendue du pied; le pouls est petit et fréquent (86 pulsations) ; le malade qui, depuis quinze jours, n'a pu goûter un seul instant de repos, est découragé et invoque la mort comme terme de ses horribles souffrances. . ...

Me rappelant les succès obtenus par Pott en pareil cas, je fais aussitôt remplacer les applications toniques par des émollients, et je prescris!ex- trait gommeux .d'opium à la dose de 5 centigr. de trois heures en trois heures. Dès la nuit suivante, et, après l'administration de 25 centigr. de» médicament, la douleur se calme, le pouls est moins fréquent (80pu» tions) et se développe. Le lendemain, la même dose d'opium es; donnet de deux heures en deux heures. Après quarante-huit heures, les dou; cessent presque entièrement, et le malade, tranquille, joyeux même, n •cependant que deux heures de sommeil. Le pouls est relevé et a son rny presque normal (75 pulsations); la chaleur de la peau est halitueusie, inflammation franche se manifeste autour de la partie malade et w -gangrène. Au bout de quelques jours; le sommeil revient, une suppu

(1) Abeille médicale, mai 1846. downloadModeText.vue.download 810 sur 1308


PAVOT. 781

dé bonne nature s'établit, les forces se réparent; les doses d'opium sont «ràdûellement éloignées, de manière qu'après le huitième jour le malade n'en prend plus qu'une matin et soir. La séparation spontanée de l'orteil s'opère peu à peu, et, après la chute totale de ce dernier, il reste inférieu- reinèht uni lambeau qui, ramené et maintenu sur la surface articulaire du premier os' métatarsien, au moyen de bandelettes agglutinatives, diminue considérablement l'étendue de la plaie et en facilite ainsi la cicatrisation. Nous rapprocherons de ce fait celui observé parMacDowel et relaté dans , fiii&itn hospital Gaz., 1854.

. JuiES ET .ULCÈRES. — « L'opium,'dit Hufeland, possède une aptitude spé- ciale à favoriser la suppuration et à faire naître un pus de bonne qualité. On peut .tirer un parti avantageux de cette propriété dans une foule de cir- constances., » Il convient, par conséquent, dans les ulcères sordides, icho- reux, putrides, gangreneux, dans la pourriture d'hôpital, etc. J'ai employé ( avec succès l'opium à l'intérieur et à l'extérieur contre les ulcères rouges, extrêmement sensibles, d'un caractère éréthique.

'-W..-H. Roberts (1) considère l'opium donné à l'intérieur à petites doses stimulantes,, comme très-efficace dans le traitement des ulcères rebelles, i ïi.seiCbntente de l'emploi de l'eau froide. Skey (2), et, après lui, Mayor, pro- posent de traiter les ulcères par l'emploi de l'opium. Ce médicament active tellement la: circulation, qu'il suffisait pour faire éviter le froid aux pieds à unihomme.qui en souffrait habituellement. Quelquefois Skey donne 8 gouttes deteinture d'opium, prises en deux fois dans la journée. Le plus souvent, ihçoinmenGe. par 2 centigr. 1/2 ou3 centigr., élevant successivement la dose

jusqu'à 10.centigr. d'opium, soir et matin. Ce médicament augmente les

' forces.et améliore l'appétit. Le. pansement se fait simplement avec de la charpie mollette. Ce traitement convient dans toutes les espèces d'ulcères, .exceptédansceux qui sont inflammatoires. Skey rapporte seize observations ', deiguérison d'ulcères chroniques cicatrisés par cette méthode, et il assure

que, depuis plusieurs années, il a obtenu ainsi de très-nombreux succès dans

des cas où toutes les autres médications avaient échoué.

iAs^ciiraoN.DE L'OPIUM A D'AUTRES SUBSTANCES. —On a pour but dans cette

association, ou de favoriser, de rendre plus efficace l'action d'un autre mé-

diçanïejH% ou de mettre l'organisme en état de le supporter. Ainsi on mêle

! l'opium aux antispasmodiques, tels que le castoréum, la valériane, le camphré, pther,. etc.

jDe ce que l'on a reconnu l'antidotisme de l'opium et de la belladone, il

aeh faut pas conclure pour cela que les formules où entrent ces deux sub- sbnc.esdoivent être rejetées; Elles répondent à un besoin; elles constituent jiiie médication sûrement calmante dans laquelle l'action trop excitante de laielladône est mitigée, modifiée par l'action narcotique de l'opium. La feùnion de ces deux agents opposés détruit ce qu'il y a d'exagéré dans l'un

• |™sl'aiitre. La Société de pharmacie aurait pu s'abstenir de déclarer les D?î|g?nls incompatibles ; mais elle aurait dû spécifier les cas où leur ^ocMion.pouvait être utile ou entraver la manifestation des effets atten-

v %W'on veut produire le sommeil, il ne faut pas associer la morphine à ^esolahéevireuse; mais on peut très-bien obtenir un effet sédatif de l'union "Ménxàgents; ce qui est indubitable, c'est que leur action toxique est

,.f esque'annihilée : un enfant âgé de neuf ans (cas cité par Benjamin Bell) ip sans presque en éprouver aucun effet, deux suppositoires contenant

^™ centigr. d'opium et autant d'extrait de belladone.)

^W^fuirh au quinquina, au sulfate de quinine, agents médicamen-

]]}^io»'«éaiç«;é,i855.

. ' «wnal de médecine et de chirurgie pratiques, t. IX, p. 255. downloadModeText.vue.download 811 sur 1308


7,82 PAVOT.

teux principaux, pour en. faire tolérer l'action sur un estomac trop irritahl et éviter le vomissement; au tartre stibié dans la médication contro-stimi lante pour obtenir aussi la tolérance du médicament principal; auxastrin gents, tels que le ratanhia, le cachou, l'écorce de chêne, les racines de tor" mentille et de bistorte, le tannin, etc., pour en rendre l'action supportable dans les cas de diarrhée, de dysenterie, d'hémorrhagie passive, etc.

On combine l'opium et le mercure dans le traitement de la syphilis (Voyez plus haut SYPHILIS.) Pour les cas de scrofules ulcérées, l'association de l'opium à l'iode, recommandée par Le Masson (1), donne aux prépara- tions iodurées une vertu qu'elles n'avaient pas, soit que l'opium agisse alors par ses propriétés toniques, soit qu'il diminue les sécrétions, soit que l'union de ces médicaments exalte leur action réciproque.

La thériaque, assemblage bizarre de quatre-vingts substances diverses dont on a exagéré les vertus, et que l'on a conservée dans la thérapeutique moderne, parce qu'elle y rend des services réels, doit une partie de ses pro- priétés à l'opium qu'elle contient. «La thériaque, disent Trousseau et Pidoux, est particulièrement conseillée dans les fièvres de mauvais carac- tère, dans les varioles confluentes, la rougeole, lorsque l'éruption s'affaisse et que de graves désordres surviennent, soit du côté de la tête, soit du côté de la poitrine, ou bien encore lorsque, au début de l'éruption, une violente diarrhée jette le malade dans l'affaiblissement et ne lui laisse plusassezde force pour suffire à l'élimination du principe morbifique. La thériaque est encore préférée à l'opium dans le traitement des gastralgies et des enterai- gies, de celles surtout qui sont liées à l'état de chlorose ; unie aux médica- ments ferrugineux, elle le fait mieux tolérer et complète une guérison que le fer n'eût pu obtenir. Dans cette circonstance, la thériaque est donnée ou associée au fer lui-même, à la dose de 1 à 2 gr. ; ou seul, en un boldé 1 gr., une ou deux fois par jour, et notamment le matin à jeun, et le soiraa moment où le malade se couche. Lorsque l'usage interne de la thériaque répugne trop aux malades, ou qu'elle trouble leurs digestions, on applique le médicament sur le creux de l'estomac, ou sur le ventre, sous forme d'emplâtre.

Le diascordium, électuaire opiacé astringent, composé d'une vingtaine de substances, a été aussi conservé dans nos officines. Tous les praticiens le conseillent dans la diarrhée et dans la dysenterie, lorsque les symptômes inflammatoires sont dissipés. C'est surtout dans la diarrhée chronique qu'il est d'une grande utilité. On commence par une dose légère (1 à 2 gr.), et l'on augmente graduellement jusqu'à celle de 4 et même de 6 gr. Cet élec- tuaire agit à la fois comme calmant et comme astringent.

EMPLOI DE L'OPIUM A L'EXTÉRIEUR. — MÉTHODES IATRALEPTIQBE ET HO* MIQUE. Nous avons déjà parlé def divers modes d'emploi de l'opium àl'e* rieur. Le plus ordinairement, dans ce cas, on a pour but unique de calma la douleur locale, bien que par cette voie, l'on puisse obtenir des effets sem- blables à ceux que produit l'ingestion de l'opium dans les voies digestives. Cependant, sous ce dernier point de vue, l'opium, employé par la mette™ ïatraleptique, a des effets plus ou moins incertains, car on ne peut jaw s'assurer de la quantité exacte du médicament absorbé, lescon*' 10 d'absorption de la peau variant sans cesse dans les diverses circonstanc de santé ou de maladie. Il résulte de cette variation, que des apphcaw de préparations opiacées sur la peau ont souvent donné lieu à des emp sonnements mortels, surtout chez les enfants. J'ai vu l'application sur ^_ domen, d'une compresse imbibée d'eau tiède avec addition de 1 sfj? de laudanum liquide, chez un enfant de dix-huit mois atteint de couq> produire un assoupissement inquiétant, qui,.. heureusement, s est ^

(1) Mémoire sur l'emploi de l'opium joint à l'iode..Paris, 183,1. downloadModeText.vue.download 812 sur 1308


PAVOT. 783

après l'application de deux sangsues derrière chaque oreille. Le pansement des brûlures avec le cérat laudanisé peut aussi produire le narcotisme. Le Journal de chimie (1836) rapporte un cas de narcotisme très-grave survenu chez un enfant âgé de deux mois et quelques jours, par l'application, pen- dant vingt-quatre heures, d'un mélange de cérat et de 13 gouttes de lauda- num liquide sur une excoriation très-douloureuse située à la naissance du cou. hes symptômes de narcotisme ne disparurent complètement que le troisième jour.

L'emploi de l'opium à l'extérieur, par la méthode endermique, est beau- coup plus sûr que par la méthode iatraleptique. On met surtout cette mé- thode en usage dans les cas où il est nécessaire d'enlever promptement une douleur vive, ou lorsque l'estomac ne peut supporter aucune préparation opiacée. On se sert aujourd'hui de préférence, pour cela, des sels de mor- phine, dont l'absorption est prompte et l'effet instantané. (Voyez plus bas Mmphine.) ■-,....,

les bains opiacés, ainsi que nous l'avons dit à l'article NÉVROSE, ont été employés dans le tétanos. On fait dissoudre plusieurs onces d'opium dans l'eau du bain, et on y tient le malade pendant une ou deux heures, suivant l'effet observé. (Ce traitement d'un résultat plus que douteux aurait l'incon- vénient d'être excessivement dispendieux, et à peine à la portée des bourses riches.)

1 Si l'opium, administré en lavement, a paru produire moins d'effet que parla bouche, c'est, comme nous l'avons déjà dit, parce que l'injection étant ordinairement rendue de suite, l'absorption n'a pas le temps de s'opé- rer. Quand elle est retenue, l'effet du narcotique, nous le répétons, est très- prononcé; à dose élevée, il peut, par cette voie, comme par la bouche, Gauser l'empoisonnement.

-On se sert de l'opium à l'extérieur en lotions, fomentations, injections, limments, pommade, teinture, ou en topique étendu sur la toile, à la sur^ face d'un cataplasme, etc. ; dans les affections rhumatismales et névralgi- quesj-la pleurodynie, Todontalgie, l'otite, les hémorrhoïdes douloureuses, lepanarisàson début, les affections cancéreuses, les pustules muqueuses syphilitiques, les chancres douloureux, la chaude-pisse cordée, la blennor- ragie aigué chez les femmes (associé aux injections émollm^ ri faut que l'application de ce médicament se borne à la place occupée parla douleur, et qu'on, la cesse aussitôt qu'elle est calmée, afin de prévenir- une absorption qui pourrait devenir dangereuse surtout chez les femmes et lesenfants.

L'opium en injection dans l'urètre et le cathétérisme opiacé a été mis en usage dans quelques affections douloureuses de la vessie et des autres or- ganes/abdominaux. On a aussi proposé ce moyen dans le choléra, lorsque Avomissements et les selles sont tellement abondantes qu'elles s'opposent ^administration de l'opium à l'intérieur.

wii sait combien sont atroces les douleurs qui accompagnent la période aiguë Worchiteetderépididymite blennorrhagique. Voillemier(l) les dissipe en quelques heures en enveloppant le testicule d'une compresse imbibée de lau- uanum pur, et recouverte d'un morceau de taffetas gommé. L'organe est eomme stupéfié, et le travail inflammatoire enrayé par ce topique. J'ai obtenu ememe effet, en pareil cas, des cataplasmes de feuilles de jusquiame. I, °ï"um est fréquemment employé dans les collyres contre l'ophthalmie wout lorsqu'elle est très-douloureuse ou photophobique), la kératite, les , «res de la cornée, etc. Le laudanum est d'une efficacité reconnue contre

«s taies de la cornée, •

J^U>rofesseur à la Faculté de médecine de Strasbourg (2), emploie

- mtm HWrul de thérapeutique, tV XLIX, p. 53. " ' downloadModeText.vue.download 813 sur 1308


78/1 PAVOT.

comme remède abortif du coryza, une solution d'opium (10 cen% Mr 15 gr. d'eau) que le malade renifle de deux en deux heures. Lombard de Genève (1) a utilisé l'opium en fumigation dans les névralgies de la face et dans le coryza, il fait diriger vers les fosses nasales la vapeur de l'opium Le médicament pénètre ainsi dans les replis de la muqueuse et est absorbé d'une manière bien plus efficace que sous forme de poudre ou d'injection Lombard fait pulvériser 10 centigr. d'opium brut avec parties égales de sucre pilé, et après avoir fait rougir au feu une petite plaque de tôle une pelle à feu, par exemple, il projette cette poudre par petites pincées sur le fer rougi ; aussitôt il s'en dégage une vapeur épaisse que le malade aspire avec la bouche et surtout avec le nez. D'autres fois il trempe de petits mor- ceaux d'agaric dans une forte solution d'opium, et, après les avoir fait sécher, il les fait brûler sous le nez des malades. Le soulagement est presque immédiat. C'est surtout dans le coryza aigu ou chronique accompagné de douleurs très-vives dans les fosses nasales, qu'il a employé ce moyen. E le prescrit aussi dans certaines céphalalgies, accompagnées ou non de catarrhe nasal. Ces fumigations réussissent également dans les névralgies continues et dans les névralgies intermittentes, tenant à des causes fort diverses, S'il n'obtient pas une guérison complète, il soulage beaucoup ses malades, et n'a jamais à se repentir d'avoir employé cette médication. Non-seulement j'ai employé ces fumigations avec succès dans les cas cités par Lombard, mais aussi dans les névroses des organes respiratoires, dans la bronchite et dans tous les cas où une toux incessante fatigue le malade.

L'effet prolongé de l'opium à l'extérieur sur certaines excroissances, telles : que les polypes du nez, du conduit auditif, du vagin, etc., a pour résultat la flétrissure, et enfin la guérison de ces productions morbides. C'est un moyen trop négligé et que l'on devrait toujours employer avant de se dé- ' cider à pratiquer une opération plus ou moins douloureuse : Qucemdm- menta nonsanant, ea ferrum sanat. (Hipp.)

L'application topique d'une solution aqueuse d'extrait d'opium sur le* plaies récentes, faites par lacération, contusion ou érosion, avant quel» période inflammatoire ait commencé à se manifester, a eu, dans les màs de Bégin, le succès le plus heureux (2). Cette solution calme immédiatement la douleur, diminue considérablement l'inflammation suppurative etlatu- méfaction environnante, et si on ne lève l'appareil que très-tard, on a ta d'être étonné des progrès rapides déjà faits vers la guérison. Ne pourrait*' pas employer avec avantage ce topique après une opération chirurgicale pour prévenir la douleur, la violence de l'inflammation et la réaction fébrile qui en est la conséquence?

Verdier (3) a retiré de grands avantages du pansement des plaies traunia- tiques avec le cérat opiacé. L'action de ce topique, comme celle de la solu- tion d'opium, atténue dans la blessure et les tissus voisins la douleur, U congestion sanguine, l'inévitable inflammation et la fièvre de réaction qui s'ensuit. On applique autour des parties blessées, et même sur la moitié w membre, jusqu'au pli du coude, par exemple, si la plaie est àlamain,» bandes chargées de cérat opiacé. Verdier préfère ce mode d'agir a cenn des médecins de Montpellier, qui donnent dans ce casl'émétiqueanaine dose, comme contro-stimulant, afin d'empêcher le développement de n- flammation.

ALCALOÏDES DE L'OPIUM. — PHYSIOLO&IE; Etude générale et coff 1' tive. — Nous avons vu, p. 748, que l'opium donnait à l'analyse chinuq»

(1) Gazette médicale de Paris, 1854.

(2) Application de la doctrine physiologique à la chirurgie. Paris, 1823.

(3) Journal de la Société de médecine lie Montpellier, avril 1846, p. 454- downloadModeText.vue.download 814 sur 1308


PAVOT. 785

une grande quantité de corps particuliers. Nous avons donné les caractères chimiques des six alcaloïdes les plus connus. Mais tous n'ont pas été, jus- éfprësent, suffisamment étudiés au point de vue physiologique et théra- péutiqûe. L'opium n'est pas seulement complexe dans sa composition; on fait bien qu'il est complexe daus son action, et la prédominance de tel ou tel principe peut rendre compte des irrégularités dans les effets du corps

. cbifipbsé. Cl. Bernard a recherché quelle était la part d'action de six des principes lès plus actifs. Nous avons assez insisté sur l'action narcotique lune part,. et l'action excitante de l'autre, pour que le lecteur sache qu'à ëiàriypn à admis dans l'opium des agents narcotisants et des agents con- Vulsiyahts. Cl. Bernard (1), par d'habiles expériences, a étudié d'une façon

! générale et comparative les propriétés de la morphine, de la narcéine, de Ifcpdéine, de la narcotine, de la. papavérine et de la thébaïne. Il existe

' danfccés alcaloïdes trois propriétés principales : une action soporifique, llné action excitante, une action toxique. Cette dernière n'offre aucune rela- tion àvéclesdeUx premières : par exemple, la toxicité est indépendante du

degré de soporificité de l'alcaloïde. Les substances soporifiques sont, en les

classant par intensité d'action, la narcéine, la morphine, la codéine; l'ac- tion excitante ou convulsivante suit la proportion décroissante suivante : thébaïne, papavérine, narcotine, codéine, morphine, narcéine. En dernier lieu, d'après leur degré d'action toxique, les alcaloïdes peuvent être dis- tribués ainsi : thébaïne, codéine, papavérine, narcéine, morphine, nar- cotine. Ces appréciations résultent d'expériences répétées, faites au moyen de l'injection' dans les veines ou dans le tissu cellulaire sous-cutané d'une solution titrée de l'alcaloïde.

De son côté, Ozanam (2) a reconnu qu'au point de vue thérapeutique, l'opium contient des substances calmantes (morphine, opianine, narcéine) ; dessubstances excitantes (thébaïne, narcotine); des substances mixtes alter- nativement excitantes ou calmantes (codéine). Si, par cette division, l'au- teur que nous citons s'éloigne peu de l'opinion du professeur du collège de France, il n'en est plus de même lorsqu'arrivent les conclusions à tirer de cet ordre défaits. Pour Cl. Bernard, en effet, il devient préférable d'em- ployer isolément chacun des principes étudiés, d'après la connaissance de

, son action et selon les effets que l'on veut produire ; on y gagne la certitude delà constance des résultats, et, au point de vue vraiment scientifique, on possède une source plus exacte d'expérimentations physiologico-patholo- giques. Ozanam, au contraire, pense que, dans l'opium en nature, l'action de l'un des principes contre-balance ou atténue celle des autres. Chacun des éléments, pris isolément, pourrait avoir des effets trop déprimants ou trop excitants. L'alliance intimé des alcaloïdes devient le correctif naturel de la

, prédominance de l'un d'entre eux. ^fl'nenous appartient pas de juger le différend. Nous serions pourtant pprlfeà adopter l'opinion de Cl. Bernard, qui tend à se répandre déplus <jn plus. Ce n'est pas à dire pour cela qu'il faille abandonner l'usage de i extrait thébaïque; mais, nous le répétons, toutes les fois qu'on voudra ré- pondre à une indication précise, il nous paraît plus sûr de recourir à un Principe à action définie. Nous allons maintenant étudier, au point de vue physiologique et théra- peutique, chacun des alcaloïdes considérés isolément. '

"MORPHINE. — ACTION PHYSIOLOGIQUE. —■ A. Sur les animaux. — Cl. Ber- M™ a expérimenté l'action de cet alcaloïde en en injectant 1 centigr. ou la

8»iï8M?(eS"rendMS hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, 1864, p. 406 et (2)»,p.464.

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786 PAVOT.

même,dose d'un sel de morphine, comme plus soluble; dissous dans un centimètre cube d'eau dans le tissu cellulaire sous-cutané, de préférence à l'administration par le tube digestif, où les substances subissent nécessaire- ment des réactions et des lenteurs d'action qui en modifient les effets. Il j obtenu des résultats identiques sur les chats, les chiens, les rats, les co- chons d'Inde, les grenouilles, les moineaux, etc., etc.

La morphine est un narcotique puissant. Le sommeil qu'elle procure est lourd 4; mais il peut être momentanément interrompu par une cause exté- rieure, un bruit fort, par exemple; les extrémités ne tardent pas à devenir presque insensibles aux excitations. Le réveil est caractéristique : les chiens soumis.à l'expérience sont effarés, leurs yeux sont hagards, le train posté- rieur surbaissé et à demi-paralysé ; l'animal ne reconnaît plus son maître il fuit à son appel. Ces troubles intellectuels durent environ douze heures!

Suivant Ozanam, la morphine porte spécialement son action sur leshémi- sphères cérébraux qu'elle congestionne. En dernier lieu, l'excitation gagne la moelle. Lorsque la dose a été toxique, la mort est accompagnée de con- vulsions tétaniques plus ou moins violentes.

B. Sur l'homme. — La première manifestation de l'introduction d'une dose légère de morphine dans l'économie par voie d'injection sous-cutanée est un sentiment de chaleur, bien décrit pour la première fois par Pied- vache (1), déjà signalé pourtant par Lafargue comme consécutif aux inocu- lations, partant de la partie piquée pour gagner la tête et tout le corps.Puis la sensibilité dans le pourtour du lieu ponctionné ne tarde pas à diminuer, ce dont on peut se convaincre au moyen d'un compas; la face rougit sou- vent un peu, d'autres fois elle pâlit légèrement; toute la surface cutanéese couvre quelquefois d'une sueur légère ou abondante. Cette production de chaleur, dit l'auteur que nous venons de citer, témoigne encore de la rapi- dité de l'absorption qui force l'organisme à réagir contre la modification qui lui est imprimée tout d'un coup.

Il se produit ensuite une période d'excitation peu marquée, amenant à sa suite une certaine activité intellectuelle, une perfection plus grande des sens, avec impossibilité de trouver le sommeil, mais avec un sentiment de bien-être parfait et de force physique plus grande. En même temps, la bouche se sèche, les mâchoires et les tempes sont le siège d'un sentimentde resserrement. Il.se produit quelquefois, surtout chez les femmes, quelques vomissements passagers; les membres, le tronc sont parfois le siège dedé- mangeaisons assez vives, puis le calme vient, précédé ou non d'un peu de céphalalgie ou de vertige ; la pupille se contracte légèrement et le sommeil arrive; quelquefois il est accompagné de quelques rêvasseries sans carac- tère particulier; le réveil, aux doses usuelles, n'offre rien de spécial. 11 ar- rive cependant qu'il se produit quelques convulsions peu tenaces. La durée de l'effet est de trois à vingt heures; à dose plus élevée, ou lorsque l'injec- tion, rencontrant une veine sous-cutanée, passe d'emblée dans le torrent circulatoire, les phénomènes s'accusent davantage. Nussbaum a suivis»' lui-même la marche des accidents. Après l'injection de 10 centigr. df» de morphine, il a observé les symptômes suivants résultant de la penetr • tion de la solution narcotique dans une veine : .

« Pendant plusieurs minutes, je me crus mort, dit-il; une douleur tan- nante, une sensation de brûlure des plus fortes me parcoururent penfl deux secondes, comme un éclair, toute la surface du corps de la ^tête pieds; puis un goût manifeste de vinaigre me remplit la bouche; lang se colora d'un rouge foncé pareil à peu près à celui des lèvres; de;i nrui\ ments d'oreille, des éblouissements, de fortes douleurs du cuir Cfle™w déclarèrent au bout de quatre secondes environ après l'injection^enjn^

(1) Etude sur les injections narcotiques sous-cutanées, thèse inaugurale de Pans, • downloadModeText.vue.download 816 sur 1308


PAVOT. 787

itemps que la sensation insupportable de brûlure et le goût acide dimi- nuaient'. Le symptôme qui me fut le plus désagréable fut la force et la rapi- dité des battements du coeur. Chez vingt-cinq mille malades environ que j'ai soignés je n'ai jamais rencontré un pouls pareil au mien en ce moment. B devait battre au moins 160 à 180 fois à la minute. Les carotides n'avaient pasle-temps de se désemplir et étaient dures comme du fer; extrêmement .gonflés, on les-voyait trembler des deux côtés du coeur. Je sentais parfai-

tèment le coeur et les artères du corps battre comme si j'avais la main posée

sureux;'les artères de l'oreille et de l'oeil se faisaient surtout reconnaître, etle globe de l'oeil me paraissait menacé d'être projecté hors de l'orbite à chaque ondée sanguine. Un anévrysme n'aurait certes pas résisté à la force le la circulation. Cet état anxieux dura, à un degré élevé, pendant environ huit minutes, accompagné de gêne de la respiration; la lividité de la face lui succéda et se maintint une heure, tandis qu'une forte céphalalgie conco- -îitote disparut au bout d'un quart d'heure. Pendant toute la durée de ■cet accès, je n'avais pas perdu un seul instant ma présence d'esprit, seule- ientjrester debout et parler m'étaient excessivement difficile; le froid, ,sp forme de lavage, d'aspersion et de compresses, m'a soulagé beaucoup. |êiiîîeures après, tous ces symptômes alarmants avaient disparu sans lais- se^, trabe,:» . -,

.'Idrhinistrée à l'intérieur, la morphine et ses sels donnent des effets ana- logues'à ceux que nous venons de décrire; mais avec des variations tenant ila voie différente d'absorption; les susceptibilités individuelles sont peut- elreici: plusmarquées. Je m'explique. On peut dire que presque tous les

i|ifMus sont égaux devant l'injection sous-cutanée. Dans l'estomac, l'acti-

vité, ôft k,paresse organiques modifient singulièrement la marche des phéno- rjjènes, et ces conditions peuvent rendre compte, soit des lenteurs, soit de l|bseace presque complète de leur apparition. II est probable que les exem- plés d'ïndiyidus réfractaires à l'opium cités par les auteurs seraient actuel- lement jàmenés à la loi commune, grâce au niveau de l'injection sous- «née^. ;'",.;'! .".'-...

jii résumé, ;à;dose thérapeutique, la morphine produit d'abord des phé-

npniëne? 4'excitation, et secondairement le narcotisme. Le réveil est sou- venf suivi de nausées, de céphalalgie et de paresse intellectuelle.

j(|H|àiïÈTjTiQrjE.^^^ Il ressort des faits que nous venons d'exposer, que la

morphine: ne"représente pas à elle seule le principe actif de l'opium, f|mmé beaucoup d'auteurs l'avaient cru jusqu'à présent. Elle n'en repro- j WPJas'lémodèdl'àetion d'une façon complète. Elle peut cependant rem- '"; S^Ppipi dans presque tous les cas où ce dernier est indiqué, et nous lp?!?nfplusieurs fois parlé à l'occasion des diverses indications où les !:S|ff^Wcestrouvaient leur application. Dans l'étude thérapeutique que £1p'&0Mjfaîte de l'opium, nous avons implicitement fait celle de la mor-

»M?!^?ésiera peu de choses à dire sur son usage à l'intérieur.) Les sels,

ï'af^fW ^ sulfate, le chlorhydrate sont plus fréquemment employés que

,ca'°M'e lui-même, à cause de leur plus grande solubilité, qui permet

S^Si vfî1QaÔ<îe^ possibles d'administration, tandis que la morphine, étant
.;:W^le,'-neip;ëut-'être introduite par la méthode endermique; on ne peut

/'S? 6' .,.Prescrire qu'en pilules ou en poudre, associée à une substance

Ie4^r B ^a-ose de^a morPhiae ou de ses sels ne doit être au début que

imH<W f ?ceanSrilue l'on peut répéter une ou plusieurs fois dans les

femî?aam? £.eures' mais qu'il ne faut augmenter qu'à quelques jours d'in-

dénàl ude n'en émoussant que peu l'action. En général, on ne

S^e-P^S- ou 10 centigr. par jour. J'ai pu néanmoins, dans un cas de

>WUtérin,,arriver progressivement à la dose de 30 centigr.. d'acétate de downloadModeText.vue.download 817 sur 1308


788 PAVOT.

morphine dans les vingt-quatre heures. Néanmoins, losqu'un sel de mor- phine, cesse de.produire l'effet ordinaire, il vaut mieux avoir recours à une autre espèce de sel de la même base, qui agit alors, sans qu'il soit néces- saire d'élever la dose, que d'augmenter beaucoup la quantité de celui qu'on a primitivement employé.

Le sulfate, l'acétate, le chlorhydrate de morphine s'emploient en pilules eh potion, en sirop (contenant 12 milligr. par chaque 30 gr. de sirop), (Le sulfate mérite la préférence à cause de sa solubilité plus grande-il est pourtant d'un usage moins répandu que le chlorhydrate; l'acétate doit être peu recherché à cause de son peu de stabilité. Nous renverrons à l'ar- ticle OPIUM pour tout ce qui concerne l'emploi intérieur de la morphine et de ses sels.)

On fait usage à l'intérieur d'une pommade avec un des sels de morphine (de 10 à 30 centigr. pour 8 gr. d'axonge ou de glycérolé d'amidon), en fric- tions contre les douleurs, les névralgies, le lombago, la goutte, le rhuma- tisme, les douleurs qui succèdent au zona, le ténesme, etc., etc.

Le chlorhydrate double de morphine et de codéine (sel de Grégory), plus en usage en Angleterre qu'en France, et qu'on administre comme les précé- dents, jouit, dit-on, de propriétés plus sédatives que les sels de morphine simples. (Nous avons déjà eu l'occasion de citer son emploi fréquent en An- gleterre pour diminuer l'intensité des cris hydrencéphaliques de la ménin- gite tuberculeuse.

Nous signalerons pour mémoire le biméconate de morphine, employé par Scanzoni en injections sous-cutanées dans un cas d'éclampsie puerpérale; le citrate de morphine préconisé par plusieurs médecins anglais, et le «a- phorate de morphine, un des plus puissants antispasmodiques, malheureuse- ment encore peu étudié. J'ai expérimenté l'action de ce sel, et j'ai euàme louer de son emploi en injections sous-cutanées dans le traitement d'une affection nerveuse du larynx et du pharynx, véritable chorée partielle, se présentant avec des phénomènes des plus bizarres, d'aboiements, décris, d'inspirations à timbre musical, etc., chez la jeune M., âgée de onze ans, non réglée. Il n'y avait pas eu de sommeil depuis huit jours; les accès d'aboiement se renouvelaient toutes les dix ou douze minutes. Dès la pre- mière injection qui fut faite, au niveau de la mâchoire inférieure, avec 1 centigr. de camphorate de morphine, il y eut une modification mar- quée. D'abord, cinq à six minutes après l'injection, sensation pénible d'é- touffement, commencement d'accès suivi d'oppression simple; au bout de dix minutes, lourdeurs de tête, un peu de délire, mouvements convulsifs des extrémités, un ou deux sifflements trachéaux, tendance au sommeil, puis assoupissement accompagné de rêves pénibles, qui dura trois heures et amena une légère diminution de la fatigue; les accès ne reprirent qu'une, demi-heure après le réveil et se reproduisirent tous les trois quarts d'heure environ; la nuit il y eut un peu de sommeil. Les injections répétées chaque jour amenèrent graduellement un sommeil de plus en plus calme;» accès s'éloignèrent, et au moment où j'écris ces lignes ils se réduisent a deux ou trois par jour : au début on pouvait à peine apprécier leur nombre.)

Emploi des sels de morphine par la méthode endermique. — Cette méthoae consiste à appliquer.le sel de morphine sur le derme dénudé au moyen d un vésicatoire, de la pommade de Gondret ou de tout autre vésicant. Le con- tact , du sel cause d'abord sur la partie dénudée une douleur assez vive. mais, après cette première impression, l'absorption s'opère de suite l'effet; narcotique ne.tarde pas à se faire sentir.

Cet effet s'aflaiblit à mesure que l'on répète les applications sur la même partie; à cause des modifications vitales apportées par l'inflammation suppuration qui s'établissent à la surface du derme. Quand on n'a besoin u. downloadModeText.vue.download 818 sur 1308


PAVOT. 789

d'un effet lent et modéré, on peut continuer longtemps l'application des sels de morphine-sur là surface bien nettoyée et vive d'un vésicatoire; mais lorsque l'intensité de la douleur réclame une action énergique du médica- ment; on estobligé de soulever chaque fois l'épiderme au moyen d'un vési- catoire-nouveâu ou de la pommade ammoniacale. II faut, du reste, placer le vésicatoire le plus près possible du siège de la douleur, puis répandre di- rectement et sans mélange le sel pulvérisé sur la plaie; car si on le mêle à un-corps gras ouqu'on en soupoudre un emplâtre ou un cataplasme, l'effet devient incertain.

la morphine, vu son insolubilité, ne peut être convenablement employée parla méthode endermique.

Emploi de la morphine par l'inoculation. — Lafargue, de Saint-Emilion, expérimente, depuis plus de dix ans, une nouvelle méthode d'introduction des médicaments, dans l'économie : celle qui consiste à les insinuer dans l'épaisseur de la peau à l'aide d'une lancette. Ses recherches ont tour à tour porté sûr nos agents les plus actifs. « Si, après avoir délayé un peu de mor- phine avec de l'eau pour en faire une pâte, on charge de ce mélange l'extré- mité d'une lancette à vacciner, et qu'on l'introduise presque horizontale- ment sbusTépiderme, à 3 millimètres de profondeur, on observe aussitôt un peu de gonflement et une teinte rosée autour de la piqûre. Un léger pruriiet de la chaleur se développent en même temps. Si on pratique plu- sieurs piqûres à peu de distance les unes des autres, la peau rougit partout et la chaleur est plus vive. L'absorption de la morphine s'annonce bientôt

, par.de la.céphalalgie, des bâillements, de la sécheresse de la bouche. r,Cette nouvelle méthode remplace avec avantage celle des frictions, si sbuvènf inefficaces, et surtout celle des vésicatoires volants, à l'aide des- quels on favorise l'absorption cutanée, mais au risque de produire des ulcé- rations et des cicatrices. Cette dernière considération est très-importante pouf les •névralgies de la face, particulièrement chez les femmes. Avec l'inoculation, pas de cicatrice, pas de douleur, possibilité d'application sur tous les points de l'économie.

« Afin ide rendre l'absorption de la morphine plus complète, M. Lafargue humecte à plusieurs reprises les surfaces inoculées avec une solution narco-

• hqùe.

ii?-;5?P?'^. traitement de la sciatique aiguë, M. Lafargue combine très-

heurëusement l'action des ventouses scarifiées et celle des narcotiques. Dès

Jau-ne sort plus de sang par les incisions, on introduit au fond des plaies

? SiP^e de morphine. La guérison s'obtient ainsi avec une promptitude

,.i$pi#le..:'--

j;i*L'in^içuIation procure un soulagement immédiat dans les cas de dé- . iBWgfâispns rebelles des parties génitales, de douleurs vives succédant au i l^':|^'ïu^esur les gencives ou sur les joues pour conjurer l'odontalgie, ( |e n Be. cPmme par enchantement les douleurs les plus aiguës. De nom-

y^psprqûres pratiquées sur une surface cutanée endolorie, qu'on va ■ wuvnr (1 un cataplasme laudanisé, favorisent singulièrement l'action de la ^!?ueur narcotique. - •

-ji*n[e^ des personnes, enfin, qui ne peuvent supporter les préparations

mm "Kod,uites sous l'épiderme ou déposées dans l'estomac. On pourra ' d'ahnrd ÎWT * ' inoculation de la morphine, à dose infiniment petite i ■m- La»argue est parvenu, par ce moyen, à obtenir la tolérance (1). •»

hl[tnTSS°vtcutanées> mét^ode hypodermique. — C'est à Cassargues qu'il

, aitnl)iier 1 honneur d'avoir inventé ce mode d'introduction des médica-
1 ournat des connaissances médico-chirurgicales, 181,8, t. XXXI, p. 30 et 31.

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79tt PAVOT.

ments actifs dans l'économie (1); mais, en fait, Al. Wood, d'Edimbourg/» employa pratiquement le premier les sels de morphine par la méthode k podermique. Il serait de peu d'utilité de citer tous les auteurs qui ont suivi son exemple; nous mentionnerons Bertrand, de Schlangenbad (3); Courtv de Montpellier (4) ; Bell (5); Erlenmeyer (6), de Neuwied; Bois (7); et enfin- particulièrement pour les narcotiques, la thèse de mon ancien collègue et ami d'internat Piedvache (8), à laquelle nous, avons fait plus d'un emprunt,

Il convient, en outre, de dire que c'est le professeur Behier qui, dans ces derniers temps, a le plus contribué à la vulgarisation de cette méthode, Nous n'insistons pas sur ce point, parce que c'est surtout avec l'atropine qu'opérait ce savant clinicien.

A propos des injections sous-cutanées des sels de morphine, nous croyons devoir entrer dans quelques détails sur le manuel opératoire des injections sous-cutanées en général, qui s'appliqueront à d'autres substances, aconi- tine, atropine, colchicine, digitaline, conicine, hyosciamine, vératrine, daturine, nicotine, ergotine, acide acétique, acide cyanhydrique, etc. (voyez ces motsj, ainsî"qu'aux autres alcaloïdes de l'opium.

L'instrument mis en usage est la petite seringue de Pravaz, améliorée par Charrière. Elle consiste en un corps de pompe en verre, uniformément ca- libré, dans lequel se meut un piston à vis ; un tour de vis pousse au dehors une goutte de liquide ; un demi-tour laisse échapper une demi-goutte, etc.; - de sorte qu'avec une solution parfaitement titrée, a tant par goutte, on connaît exactement la dose de substance active injectée; unpetittrocarta pour but de ponctionner la peau; le trocart retiré, la canule, restée en place, reçoit une seconde canule très - fine, fixée à la seringue (pi porte ainsi la solution médicamenteuse au contact même du tissu cellu- laire. Par suite de la manoeuvre de la vis, le liquide ne s'épanche dansle tissu que successivement et pour ainsi dire goutte à goutte. Luer, pour simplifier le procédé, remplace le trocart par une aiguilie effilée et creuse que l'on introduit sous la peau; on y ajuste la seringue par juxta-position; la tige du piston porte des degrés qui répondent chacun à la capacité d'une ■ goutte de liquide; une virole mobile sur cette tige permet de s'arrêter ai chiffre des gouttes que l'on veut injecter. Ce liquide est ainsi projecté d'un, seul mouvement, et non goutte à goutte, comme par l'appareil précédent.

Le manuel opératoire est des plus simples : on forme un léger plia» peau de l'endroit choisi; on y enfonce la pointe du trocart ou de l'aiguille creuse, suivant l'instrument qu'on emploie, en ayant soin de bien pénétrer dans le tissu cellulaire sous-cutané. Quand le pli est effacé, on applique exactement la peau autour de la canule, de manière à prévenir le retour «u liquide, on introduit la seringue remplie dans la canule ou l'aiguille, et lo? fait agir le piston suivant la quantité que l'on veut injecter. Il est. certain mi' faut éviter les gros et petits vaisseaux, même, si faire se peut, les veines sous-cutanées et les ramifications nerveuses. Si on peut choisir le point on l'injection doit être pratiquée, il vaut mieux la faire à une place où un ose» situé peu profondément sous la peau. Cette précaution a pour butde™. l'hémorrhagie légère qui se produit quelquefois, et de faciliter par la F sion des doigts sur un plan résistant la diffusion de la solution médicau» teuse dans le tissu cellulaire. _

(1) Mémoire présenté à l'Académie de médecine en 1836.

(2) Edimb. med. Journal, april 1855.

(3) Feuille de correspondance pour la psychentrie, 1857, p. 12. IÂ) Edimb. med. Journal, july 1058.

(5) Montpellier médical, 1859, p. 289. . .. ,m W ^

(6) Die subcutanen Injectionen der Armeimitiel. Neuwied et LeipsicK, i° «i 23 pages. —■"

(7) Des injections narcotiques, Paris, 1864. p is ^55,

(8) Etude sur les injections narcotiques sous-cutanées, thèse inaugurale. J a™, downloadModeText.vue.download 820 sur 1308


PAVOT. 791

Le professeur Nusbaum, pour obvier à l'accident dont il a failli être vic- time (voyez p. 786), recommande de pousser l'injection très-lentement et de s'arrêter aussitôt que les phénomènes se prononcent.

Quant àîâ fixation de la dose, « l'absorption sous-cutanée étant plus sûre et plus rapide, il y a plus de substance active réellement introduite, réelle- ment agissante ; il faut donc une moindre dose que si l'on donnait le médi- cament en potions, car, dans ce cas, une partie des médicaments échappe à l'absorption et est rendue par les excrétions (1). n

.Certains auteurs recommandent un tiers de la dose prise à l'intérieur, d'autres la moitié. Erlenmeyer préconise la solution de 5 centigr. de sel démorphine dans 4 gr. d'eau distillée, afin de pouvoir à volonté élever la proportion suivant la susceptibilité des malades. Il commence par 5 gouttes de cette solution et augmente peu à peu (voir Préparations et doses, p. 751). Nous avons dit que Piedvache recommande la solution au 20e; Briche- teau (2) a adopte une solution très-concentrée afin d'injecter le moins de liquide possible, 20 centigr. dans 4 gr. d'eau distillée ; chaque goutte con- tient i/4 de centigr. de la substance active.

La morphine n'est employée pure qu'avec addition d'un peu d'acide acé- tique; mais cette addition rend l'opération beaucoup plus douloureuse; on a surtout recours au chlorhydrate, plus rarement au sulfate; la dose varie de"1/4 de centigr. à 5 centigr. ; on peut même pousser jusqu'à 10 centigr., et, dans quelques cas graves ou exceptionnels, au-delà, suivant ie degré de -tolérance (3) ou à cause de la nécessité rare d'obtenir le narcotisme théra- peutique.

• Pour ce qui concerne le choix du point où se pratiquera l'injection, il doit dépendre de l'idée que l'on se fait du mode d'action de l'alcaloïde ou de ses sels déposés dans le tissu cellulaire. Evidemment, il n'en faut pas douter, ilyà un effet général; mais, dans les névralgies, par exemple, la sédation de la. douleur est-elle un fait direct, et doit-on, par conséquent, opérer le plus près possible du nerf affecté, ou bien le calme est-il un effet commun à lasédation-de l'organisme entier ? Bois dit nettement que l'action locale lui paraît être:la principale raison d'être des injections sous-cutanées. Ch. Hunter prétendait que l'action générale était tout et l'effet local nul (4). S'appuyant sur l'expérience de Muller, qui faisait perdre à un nerf son irritabilité par je contact direct des préparations opiacées, Wood admet une action mixte. Du reste, on a trouvé que la douleur est déjà apaisée avant l'apparition des piepèrs troubles fonctionnels. Mais, si l'on en croit Piedvache (5), cela se produit aussi et de la même manière lorsque le sel de morphine est déposé aussi Ionique possible du foyer douloureux. Cet auteur a, dans ces circon- stances, obtenu constamment le même effet que si les sels avaient été intro- duits au niveau du point malade.

Tout en reconnaissant de quelle importance est ce fait démontré solide-

ment par les minutieuses expériences de Piedvache et confirmé par les ob- servations antérieures de "Warren (6), il n'en faut pas moins, lorsque faire se peut, pratiquer l'opération aux endroits où la douleur se fait sentir le Pins Vivement, aux points douloureux, aux régions qui sont en rapport avec ie nerf malade sortant d'un conduit osseux ou d'un fascia; car d'autres ob- servateurs ont insisté sur la puissance plus sédative des injections prati- quées dans ces conditions.

fti "&.' ^e B?nesrae), Des injections sous-cutanées, 1865, in-8». \i)ZZ.!l,iSleraI'euti<lue- 1865' 1" semestre. m ritf ^.BfHesme), Des injections sous-cutanées, 1865, in-8». Mie. 186™ oPledvache> Etude sur les injections narcotiques sous-cutanées, thèse inaugu

16 & m !esj;nJeetions narcotiques sous-cutanées, thèse inaugurale, 1865.' \ i «Hier. med. Times, 1864. downloadModeText.vue.download 821 sur 1308


792 PAVOT.

Cette action générale de la morphine lui doit faire donner la préférence contre les douleurs profondes et inaccessibles, réservant l'atropine dont l'action calmante est plus locale pour les douleurs superficielles. L'emploi de'cette dernière est, du reste, plus souvent accompagné de phénomènes d'intoxication qui, quelque légers qu'ils soient, sont difficilement supportés par les malades. De plus, on ne peut pas toujours compter sur la fidélité de son action.

Les effels physiologiques consécutifs à l'introduction des sels de morphine dans le tissu cellulaire ont été étudiés dans un des paragraphes précédents.

Les injections sous-cutanées de morphine, si utiles pour l'étude physiolo- gique, sont indiquées toutes les fois que se produit l'élément douleur. Elles ont surtout pour spécialité le traitement des névralgies de toute espèce de tout siège, et particulièrement des névralgies rhumatismales. Leur effet est curatif ou seulement palliatif. Dans ce dernier cas, il faut, pour des raisons variables, l'ancienneté de la maladie, ou la persistance de la cause produc- trice, par exemple, il faut répéter l'opération jusqu'à ce que l'organisme se trouve dans de meilleures conditions. Quelquefois aussi, quand l'afl'eclionesl d'une extrême violence, ou liée aune dégénérescence du nerf ou à une compres- sion, il y a plutôt diminution,-engourdissement de la douleur que cessation complète. Les recueils périodiques contiennent un nombre déjà considé- rable d'observations où le procédé des injections narcotiques hypodermi- ques a produit des effets remarquables.

Quand l'effet palliatif, par ses répétitions, ne finit pas par amener la dis- parition graduelle des accès névralgiques, il faut quelquefois avoir recours à la section des nerfs ; il arrive alors, malgré cette opération, comme le fait remarquer Erlenmeyer, qu'il revient encore de temps en temps de légers paroxysmes isolés. Le retour aux injections de morphine après la section, est le plus sûr moyen de dissiper entièrement toute trace de douleur.

Toutes les affections douloureuses, nous le répétons, peuvent réclamer l'emploi des injections hypodermiques. Nous citerons le rhumatisme articu- laire, le cancer, la pleurésie, la péritonite, les douleurs consécutives aux ac- couchements, voire même les douleurs succédant aux contusions graves(1). Ici, encore plus que dans les névralgies, ce n'est qu'un traitement palliatif, qui, en donnant au malade du calme, modère l'intensité des phénomènes réactionnels et inflammatoires : Ubi dolor, ibi affluxus.

Dans les états spasmodiques locaux ou généraux, le même moyen compte de nombreux succès. La chorée, l'hystérie, le tétanos ont été toujours heu- reusement modifiés, quelquefois guéris. En un mot, toutes les névroses, .sans omettre l'angine de poitrine, peuvent trouver clans cette méthode un soulagement marqué.

. En chirurgie, on a préconisé les injections de morphine contre les dou- . leurs succédant aux blessures, contusions, fractures (2). La réduction nés fractures ou des luxations est moins pénible, si on la fait précéder dunein- jection sous-cutanée de l'agent narcotique. Les douleurs des panaris som aussi très-bien calmées par ce moyen.

Nous avons vu, p. 768, le parti que l'on en pouvait tirer en combinantsou action à celle du chloroforme, pour l'anesthésie chirurgicale. .

Le professeur de Graefe (3) a fait en 1863 une série de leçons surlempp des injections sous-cutanées d'acétate de morphine (20 centigr. V°w\t 771 d'eau distillée) dans les affections oculaires. Le point le plus lavorawc pour pratiquer l'opération est la partie moyenne de la tempe.

(1) Àuer, in Baur's Intelligenz-Blatt, 1864, p. 7.

(2) Dublin médical press, août 1865.

(3) Bulletin de thérapeutique, 15 janvier 186/1. downloadModeText.vue.download 822 sur 1308


PAVOT. 793

. L'action sur l'iris a été étudiée avec soin. Souvent, au bout d'une minute, quelquefois dans l'espace d'un quart d'heure, la contraction spéciale de cette .membrane (opium-myosis) se manifeste; cette contraction s'observe "mieux en comparant les dimensions des pupilles à une lumière modérée. Le degré et la durée de la myose varient d'une façon extraordinaire; le plus 'souvent elle persiste, bien marquée, pendant plusieurs heures et disparaît lentement. Parfois, chez les sujets très-irritables et lorsque la dose a été éle- vée il se produit un spasme du muscle d'accommodation. Quand-ce phéno- mène se présente, c'est à une période avancée, à la fin de la phase d'irri-

tation.-.

Ces détails intéressants peuvent servir de complément à ce que nous avons ditpages 786^87 des effets physiologiques des injections de sels de morphine. Leurs indications thérapeutiques dans les affections oculaires sont les sui- vantes ■; 1° dans les cas d'accidents traumatiques ayant intéressé le globe oculaire, peu après le début, lorsqu'il y a une douleur intense; 2° après les 'opérations pratiquées sur l'oeil, quand elles sont aussitôt suivies de douleurs vives; 3° dans les névroses du plexus et des nerfs ciliaires qui accompagnent l'eritis,-'là choroïdite glaucomateuse et plusieurs formes de kératite; 4° dans diverses formes de spasmes réflexes, tels que le spasme des paupières dans cette-dernière inflammation..

. Outre;les services que les injections sous-cutanées rendent à la médecine et à la chirurgie, et que nous venons de passer rapidement en revue, la mé- iodèhypodermique a encore un grand avantage : elle permet d'obtenir , l'administration des médicaments actifs chez les personnes qui s'y refusent, les aliénés,..par exemple. Je m'en suis très-bien trouvé chez un individu fu- rieuiaffeeté d'alcoolisme aigu. Une seule injection de 5 centigr. de sulfate démorphine a amené huit heures d'un sommeil d'autant plus désiré qu'il è s'était pas montré depuis quatre jours.

^Nous/devons signaler le parti que le professeur Friedreich, d'Heidelberg, a tiré des injections de morphine pour tuer le foetus dans une grossesse extra- utérine, et prévenir ainsi les accidents redoutables qui seraient infaillible- ment survenus ultérieurement (1); mais cette conduite ne doit être suivie .qu'avec une extrême prudence, car, outre la difficulté d'un diagnostic pré- cis; fa; question du foeticide est assez grave par elle-même et par les dangers qui le compliquent souvent, pour que l'hésitation soit permise en pareil cas,. .

u CODÉINE,, —ACTION PHYSIOLOGIQUE. —A. Sur les animaux. — 5 centigr. (le chlorhydrate de codéine injectés sous la peau suffisent pour endormir un jeune chien de moyenne taille : dans tous les cas, et augmentât-on la dose a cause de la force et l'âge du sujet, on ne parvient jamais à obtenir un sommeil-aussiprofond qu'avec la morphine. Le pincement des extrémités

reveil]é;raninial, qui a plutôt l'air d'être calmé que véritablement en-

Wmi;(Cl.: Bernard). La sensibilité est moins émoussée qu'après l'usage de a morphine,, et les nerfs sont rendus moins paresseux. Le réveil diffère tota- |meni Lès animaux codéines se réveillent sans effarement, sans paralysie postérieure et avec leur humeur naturelle; ils ne présentent pas ces troubles coraux qui succèdent à l'emploi de la morphine. La codéine est à la fois jTOique et convulsivante ; si la dose devient toxique, la mort survient à jswtede convulsions tétaniques. Ozanam localise son action dans le cer- cle bulbe rachidieri.

delà ^'^ùmme- — Les expérimentateurs ont présenté, quant à l'action an pi*t !?e' ^divergences d'opinion qui ne peuvent s'expliquer que par _J^P™de^système ou l'emploi d'une préparation impure. Il ressort des

W Aréiv fw paViologische Anatomie, t. XXIX. downloadModeText.vue.download 823 sur 1308


794 PAVOT.

recherches récentes, que, «prise à haute dose(15 à20 centigr.), elle produit un sommeil lourd, paraissant causé par une sorte d'ivresse; au réveil la sensation persiste, le cerveau continue à être frappé d'engourdissement et a ne plus être complètement maître de lui-même ; une fois sur cinq il y a eumausées et vomissements. Si, au contraire, on ne l'administre qu'à la dose de 20 ou 30 milligr., les phénomènes de stupeur disparaissent pour faire place à une sorte de bien-être et de calme d'autant plus sensible que la personne soumise à l'expérience est d'un tempérament plus nerveux et plus irritable. Le sommeil est doux et paisible; au réveil, le cerveau, loin de remplir péniblement ses fonctions, semble rajeunir par un repos répara- teur (1). »

Berthé (2) exprime la même pensée en disant qu'à la suite du calme et d» sommeil provoqués par cet alcaloïde, les malades se trouvent soulagés et joyeux.

THÉRAPEUTIQUE. — Magendie qui, un des premiers, a recommandé l'emploi régulier de la codéine, la regarde comme moins active que la mor- phine et la recommande à dose double dans les mêmes cas (2 à 10 ou 15 centigr. en poudre ou en pilules). On en prépare un sirop qui contient 10 centigr. de substance active sur 30 gr. de véhicule, et que l'on donne i la dose de 8 à 30 et même 45 gr., par petites cuillerées, étendu dans une potion ou dans une tisane appropriée.

On préconise surtout cet agent contre les bronchites, les gastralgies et toutes les affections où domine l'élément douleur ; mais il présente un réel inconvénient que les travaux de Claude Bernard ont mis en lumière, Comme son administration est assez rarement accompagnée de vomisse- ments, et que le narcotisme est quelquefois difficilement obtenu, on ne se méfie pas assez, et il peut arriver qu'il se déclare des phénomènes d'empoi- sonnement au moment où on s'y attend le moins. En effet, nous avons vu que c'était le plus toxique des alcaloïdes de l'opium communément em- ployés.

Le chlorhydrate et l'azotate de codéine sont plus actifs que la codéine elle-même. Magendie en a obtenu de bons effets, surtout du chlorhydrate, dans certains cas de névralgies faciales et sciatiques rebelles. On les admi- nistre à la dose de 1 à 5 centigr., progressivement, en pilules ou en po- tions.

La codéine a été très-peu employée comme hypnotique sous la forme d'injections sous-cutanées. Jousset de Bellesme, dans son travail sur a pharmacologie des injections sous-cutanées, dit qu'elle n'a pas encore ete essayée chez l'homme. A notre connaissance, Piedvache est le premier qui l'ait expérimentée cliniquement (3). Lorsque la morphine, à cause de sus- ceptibilités particulières, ne peut être tolérée, on peut y avoir recours en doublant la dose. L'injection n'est pas suivie de sensation de cnaM, comme cela a lieu pour la morphine; il ne se développe, avant quinze mi- nutes environ, aucun trouble physiologique appréciable; mais, a partir ce moment, le sommeil se produit dans la grande majorité des cas, et« continu et tranquille. Les observations ne sont pas encore assez noinMe ^ dans la science pour que nous puissions être certain de la CODSlf es| l'effet narcotique obtenu par cette voie. Malheureusement, la coaein une substance moins calmante que la morphine et plus toxique que dernière, nous l'avons déjà dit. Il en résulte que si, d'une part, on es la nécessité d'élever la dose, de l'autre on éprouve la crainte de prov 4

., (1) ,E. Robiquet, Note sur l'action thérapeutique, etc., de la codéine, in Journal de f cie et de chimie, janvier 1857, p. 11.

(2) Comptes-rendus de l'Académie des sciences, 1864, p. 914. ,

(3) Etude sur les injections narcotiques sous-cutanées, Thèse de Paris, !»(»• downloadModeText.vue.download 824 sur 1308


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dés phénomènes d'empoisonnement. Ces considérations devront fatalement restreindre le nombre de cas où on remplacera la morphine par la codéine.

NARCËJNE. — ACTION PHYSIOLOGIQUE. — A. Sur les animaux.— «La nar7 céine est la. substance la plus somnifère de l'opium; à doses égales, avec la narcéine,. les animaux sont beaucoup plus profondément endormis qu'avec la codéine, mais ils ne sont pourtant pas abrutis par un sommeil de plomb çpinme avec ..'la morphine. Leurs nerfs de sensibilité, quoique émoussés, ne sont pas frappés d'une paresse très-appréciable, et les animaux manifestent assez vite les sensations douloureuses à la suite du pincement des extré- mités. Mais ce qui caractérise plus particulièrement le sommeil narcéique, c'est le calme profond et l'absence de l'excitabilité au bruit que nous avons remarqué dans la morphine et trouvé au summum d'intensité dans la co- déine. Au réveil, les animaux endormis par la narcéine reviennent très-vite à-leur-état-naturel. Ils ne présentent qu'à un beaucoup moindre degré la faiblesse du train postérieur et l'effarement, et en cela le réveil de la narcéine se rapproche de celui de la codéine (1). »

Onle voit, lé sommeil produit par la narcéine participe en même temps

delanature du sommeil de la morphine et de la codéine, et cependant il en diffère par certains côtés. Ce sommeil se prolonge pendant plusieurs heures. La narcéine occupe, suivant Claude Bernard, le quatrième rang dans,l'ordre des effets toxiques. Suivant Ozanam (2), elle porterait spéciale- ment son action sur la portion lombaire de la moelle. En dernière analyse, la narcéine n'est ni excitante, ni convulsivante ; portée à dose toxique, les animaux meurent dans le relâchement, ce qui n'arrive par aucun des autres alcaloïdes de l'opium.

H.Chez l'homme. — Debout (3) a étudié sur lui-même les effets de cet al- caloïde; il commença par de petites dos.es et atteignit 7 centigr. ; l'effet hyp- notique, ne se montra que quand la dose du soir arriva à 3 centigr.; le Soinméii était en rapport avec l'élévation de la dose. « D'après ce que nous avons, éprouvé, dit ce regretté praticien, le sommeil est toujours calme, jàlais accompagné de rêves pénibles; le moindre bruit l'interrompt, mais dnsè retidort aussitôt; au réveil, il n'est pas suivi de cette pesanteur de tête qu'on observe après l'emploi de la morphine. »

Behier, Laborde (4), Liné (5) ont suivi Debout dans l'étude de l'action de 1 alcaloïde qui nous occupe. Nous allons résumer l'ensemble des travaux des quatre observateurs :

,*la dosé de 5 à 7 centigr., la narcéine ne détermine pas de troubles sen- sés du^côté des voies digestives; on n'observe que rarement la soif, le p$$< l'inappétence. Les nausées et les vomissements si fréquents, après lùsagè de la 1 morphine, se rencontrent parfois, mais avec une fréquence et 1 Ë^fensité beaucoup moindres. Debout a éprouvé un peu de constipation. !^,$% au contraire, un peu de diarrhée à la suite de l'administration de 'LH^P^.soit Par l'estomac, soit par la voie du tissu cellulaire, .^inspiration est notablement augmentée, sans cependant atteindre une véritable diàphorèse. La sécrétion urinaire est modifiée dans sa quantité ; il îl*?.™? presque complète; l'émission de la petite quantité sécrétée est 'ï?2£' If besoin n'en est pas douloureux, mais il y a impossibilité de sansiaireienvi'e éprouvée; on est même obligé, dans certaines circonstances,

M'fi^^^ompies-rendus de l'Académie des sciences, 1864.

USu™1^} 111 de l'Académie des sciences, 1864, p. 464.

V) S!in9enéral àe thérapeutique, 30 août 1864. ■mm*.2TiSMr. es effets physiologiques de la narcéine et sur son action thérapeutique dans iuMiÏÏFaf'es che* les enfants. (Bulletin de la Société médicale d'observation et Gazette

(5)ËT' 5'n°38-

m mr la narcéine et son emploi thérapeutique. Paris, 1805. downloadModeText.vue.download 825 sur 1308


796 PAVOT.

ou quand la dose a été trop forte, d'en appeler au calhétérisme. Il paraît du reste, qu'une petite dose de morphine suffit pour faire cesser celte' dysurie.

J. Laborde a reconnu l'identité des symptômes produits par l'administra- tion de la narcéine chez les enfants avec ceux observés chez l'adulte. 11 est aussi un fait sur lequel cet auteur a appelé l'attention : c'est la résistance de certains sujets véritablement réfractaires à l'action de la narcéine. Tous ces phénomènes sont en général plus marqués chez la femme que chez l'homme (Liné).

THÉRAPEUTIQUE. — C'est primitivement contre les bronchites chroniques (Debout), les phthisies pulmonaires (Behier) que l'action calmante et hyp- notique de la narcéine a été dirigée. Le médicament a été administré sous forme de sirop (voyez Préparations et doses) ; sous celle de pilules ou en injections sous-cutanées, au trentième, au dixième, au quinzième; mais la solution au trentième est la plus fréquemment mise en usage. Dès-les pre- mières doses de 2 ou 3 centigr., la toux se calme et l'expectoration dimi- nue chez les phthisiques. L'état général ne tarde pas à s'améliorer un peu; dans plusieurs cas, la diarrhée qui existait depuis plusieurs mois a été sus- pendue.

Laborde a vu la narcéine, tout en amenant le sommeil, calmer le sèk- lirium. Chez les enfants il élève la dose progressivement jusqu'à 2, même 3 centigr. Si l'effet n'est pas alors produit, il faut recourir à un autre agent,

Ce succès dans la toux nocturne des phthisiques a fait songer d'en étendre l'emploi à la coqueluche. Les essais faits à l'hôpital des Enfants sont de nature à engager les thérapeutistes à multiplier les expérimentations, . qui se recommandent du reste par leur innocuité.

Liné cite des observations remarquables, entre autres celle d'une colique de plomb très-grave, où l'usage de' la narcéine produisit un effet sédatif, mais passager, puis plusieurs cas de névralgies anciennes dont les injections sous-cutanées de narcéine ont assez promptement triomphé.

Le même auteur dit, page 68 de son mémoire, en parlant de l'anurie que détermine l'ingestion, de la narcéine : « Peut-être pourrait-on utiliser cette particularité d'action de la narcéine chez les enfants, qui, par une cause en- core mal connue, urinent toutes les nuits au lit. »

Ayant, il y a quelques mois, à donner mes soins à un garçon de six ans, affecté de cette pénible incontinence, je mis à exécution l'idée de mon ami Liné. Depuis plus d'un mois, le fils de M. G... urinait au lit quatre ou cinq nuits par semaine. Après m'être assuré que le fait n'était pas le résultat de la paresse, comme je l'ai vu quelquefois, je fis administrer tous les soirs d'abord une cuillerée à café du sirop de Debout; aucun effet produit; au bout de quatre jours, une cuillerée à potage répondant à 1 centigr. de nar- céine ; cette nuit il n'y eut pas d'incontinence. Le soir suivant, même pre- scription, il y eut une légère émission d'urine. Le traitement fut continue pendant dix jours; toutes les nuits furent bonnes. Je fais cesser le traite- ment; au bout de trois jours, il se montra de nouveau une légère mconu nence. Je fis reprendre le traitement pendant huit jours. Dès ce momen, aucun accident de même nature ne se reproduisit; le seul inconvèni avait été un peu de dysurie pendant le jour. J'ai mis le même mode de in- ternent en usage chez le jeune de R..., jumeau un peu délicat, affecte continence depuis quinze jours : en quinze jours la guérison fut conip'

En résumé, la narcéine jouit de deux propriétés non douteuses : « ^> hypnotique, peut être plus prononcée que celle de la morphine, maii tainement moins souvent accompagnée de ces sensations pénibles, reuses et fatigantes, qui sont l'escorte presque constante du sommeii on ^ l'autre, sédative, pouvant comme l'opium exercer son action sur downloadModeText.vue.download 826 sur 1308


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rents systèmes de l'économie et remplacer ce nouvel agent, lorsque, par une cause quelconque, son effet calmant est épuisé (Liné). » '

\ .Malgré ces effets incontestables, malgré cette supériorité sur les autres aïcaloïdesde l'opium, la narcéine n'est pas encore entrée dans la pratique usuelle;cela tient peut-être à son prix élevé. -Quand les pharmaciens et les chimistes seront parvenus à la livrer à meilleur compte, il n'est pas douteux

? qu'elle prendra dans la matière médicale la place qu'elle y mérite par son

i action calmante et soporifique si prononcée.

, NARCOTINE. — Cet alcaloïde ne paraît pas doué de propriétés hypno- tiques-, Suivant Claude Bernard, nous avons vu qu'il possédait une action

- excitante prononcée.- C'est la troisième substance dans l'ordre convulsivant

y et la dernière dans l'ordre de l'action toxique. Ozanam pense que l'excita- tion se localise principalement dans les hémisphères cérébraux. Du reste, il faut le dire, les effets de cette substance sont bien loin d'avoir été suffi- samment étudiés.

■ Nous ne pensons pas qu'en France la thérapeutique ait mis la narcotine

, en usage. En Angleterre, Roots (1) prescrit le sulfate de narcotine jusqu'à la

dose dé 1 gr., comme succédané du sulfate de quinine dans le traitement des fièvres d'accès. Dans l'Inde, il est employé sur une grande échelle par

., O'Shaughriejssy pour arrêter les paroxysmes de fièvres intermittentes et ré-

mittentes.

IHÉBAINE. — La thébaïne est la substance la plus toxique que contienne l'opium,.: 1 décigr. de chlorhydrate de thébaïne dissous dans 2 centimètres

,' cïïb'es d'eau distillée et injecté dans les veines d'un chien du poids de

7à8 kilogr. le tue en cinq minutes; la mort arrive à la suite de convulsions

tétaniques violentes. Ces convulsions sont suivies de l'arrêt du coeur et d'une

,' redite cadavérique rapide, comme cela arrive pour les poisons muscu- laires (Cl. Bernard). Suivant Ozanam, la thébaïne porte surtout son action surla partie supérieure ou cervico-dorsale de la moelle. Cette action excitante, complètement libre d'action soporifique, car la

, tàêb'aïhé n'est nullement hypnotique, n'a été, jusqu'à présent, jamais utili- sée dans la thérapeutique.

PAPAVERINE. — Nullement calmante, venant en second rang comme ex-

, citante et en troisième comme toxique, la papavérine se rapproche beau- coup dé là thébaïne dans son mode d'action. C'est l'alcaloïde de l'opium quia donné lieu à moins de travaux et de recherches.)

,'(AjiTÀGÔmSME RÉCIPROQUE DE L'OPIUM ET DES SOLANÉES VIREUSES, ET SPÉCIA-
para BE>LA BELLADONE. — En traitant de la belladone, nous nous sommes
étendu sur «cette question ; mais il nous a paru nécessaire de revenir ici sur

ce.sùjet d'un si grand intérêt scientifique et pratique. Pendant le cours de

la publication de ce Traité, de nouveaux matériaux sont venus grossir la

^.spmmedes-preuves à l'appui de l'existence réelle de celte opposition d'ac- ^ SS?r.wJ^7i|;;'fàut bien le dire, des opinions diamétralement opposées se '■: V|»s?iîaîi, jour; de sorte qu'actuellement, malgré les efforts de plusieurs Wsiologistes et de bon nombre de thérapeutistes, la loi d'antagonisme, . aienqu.admise par la majorité, n'est pas unanimement acceptée, ^ensemble, des faits cliniques dont nous donnons (2) en note l'énuméra-

Fi&'iil.vn8"!, 4 Ma^al ofmateria- medica and therapeutics, etc., by J. Forbes Royle, and

. "TOntkHeadlSnd. Londoû, 1865.

^JSH 1i ^-ath- deL°bel, Stirpium adv. nova. Londres, 1570. — Prosper Alpin, De Plan-

•'■ P.87 • à , e' in"a°1592- — Horstius, Op. med., 1661. — Faber, Strychnomania, 1677,

W'drii7»0"clF,{de -Lille), in Journal de médecine, 1766. — Lippi, De ven. bacc. bellad.-

GiabiST5?V ^ '■«»"•. TUbingen, 1810. — Gorrigan, 1838, cité par Benjamin Bell. —

'i imte philosophique et expérimental de matière médicale et de thérapeutique, tra- downloadModeText.vue.download 827 sur 1308


798 PAVOT.

tion aussi complète qu'il nous a été possible, porte : 1» sur des empoison nements par l'opium, avec antagonisme par la belladone ; 2° sur des em" poisonnements par la belladone, le stramonium ou la jusquiame, avec anta- gonisme par l'opium ; 3° sur l'action de la belladone et de l'opium adminis- trés en même temps. Telle est-la division que Constantin Paul a choisie pour l'étude de cette question assez complexe.

Le cadre de notre travail ne nous permet d'envisager le sujet qu'au point de vue général.

Dans la grande majorité des cas, dans un empoisonnement par la bella- done, par exemple, si on donne l'opium, ce dernier ne paraît pas d'abord produire son effet accoutumé, le poison continuant à manifester son ac- tion,, sans que cependant les symptômes s'aggravent; mais, au bout d'un temps plus ou moins long, surtout si on continue l'administration de la substance antagoniste, les effets de cette dernière se produisent; la con- traction pupillaire dans le cas qui nous occupe est l'indice de l'action du contre-poison, et la guérison marche dès lors en général assez rapide- ment. Il faut faire observer que l'antidote doit être administré à doses frac- tionnées et souvent répétées ; car il n'est pas rare de voir les symptômes de l'empoisonnement qui s'étaient effacés sous l'influence d'une première prise de là substance antagoniste reprendre leur cours après la cessation de l'emploi de ce dernier, et ce retour de l'action du poison se manifester sur la pupille d'une façon plus ou moins appréciable.

Du reste, c'est cette action sur la pupille, dilatation pour la belladone, contraction pour l'opium, qui est une des manifestations les plus saillantes de l'antagonisme. C'est sur l'apparition des symptômes spéciaux à l'antidote, et spécialement sur l'état de la pupille, qu'il faut se guider pour en con- tinuer ou en suspendre l'emploi.

Lorsque la pupille a été dilatée sous l'influence de la belladone, l'emploi ■de la fève de Calabar (voyez BELLADONE) fait cesser cette dilatation et amène

•duction Mojon et Rpgnetta, 1839, p. 573.—1843 ; Angelo Poma, cité par la Gautkmèikàii 10 août 1863.—Rognetta, Traité philosophique et clinique d'ophthalmologie. Paris 1844, p. 81 — 1849;Cazin, Traité des plantes médicinales indigènes, lte édition, p. 365, fait recueilli a 1839 (voyez l'article BELLADONE). —1853 ; Anderson, in Edimb. med. Journal. —1854j G* rod, Leçon d'ouverture à l'Universily Collège, cité par B. Bell. —1855; Lindsey, in fi» med. Journal, et cité par Cazin, 2e édition, page 170. — 1856; Mussey, in Boston mdm surg. Journal. — 1857; Wharton Jones, Med. Times and Gaz., january 1858. — B. Bell,l)a rapports thérapeutiques de l'opium et de la belladone, mémoire reproduit et traduit pu l'Union médicale, 17 février 1859. — 1859 ; Scaton (de Seed), Mémorial Times, décente - Behier, Mémoire sur l'antagonisme, etc., in Union médicale, 2 juillet.—1860; la Société ae pharmacie déclare les deux agents incompatibles. (Bulletin de thérapeutique, 1860, t, ÎA p. 423.) —Anderson, in Union médicale du 27 octobre. — 1861; cinq observations de Leei» Norris, in Archives générales de médecine, 1864, et Bulletin de thérapeutique, 1862.-1W Lopex (de Mobile), in Union médicale. — Quatre observations de Norris, Blake, nunlta°C produites par les Archives générales de médecine, 1864. — 1863 ; Mac Namara, înW™ Quarterly Journal, 1863. — Mémoire de Behier, in Union médicale, juillet. — 1864; Me» de Follin et Lassègne, dans les Archives générales de médecine, mai 1864. — Observai» de Schmid, in Klinische Monatsbloetter fur Augenheilkunde. — Onsum, in J'ordlwnlmjeri", Nonhe medicinske selskab, 1864, p. 188, et Schmid's Jahrbiicher, décembre 1865. — 1 865!» observations de Blondeau, in Archives générales de médecine. — Deux observations a w sonnement par les semences de jusquiame, guéris par les injections hypodermiques as de morphine, par Rezek, in Allgemeine Wiener medhinische Zeitung. — ^u',e!|s1,' S'k|. hebdomadaire. — Dodeuil, Bulletin de thérapeutique. — Davaine et Testelin (de Lille, j, . lelin médical du nord de la France, octobre, p. 349. — Dictionnaire encyclopédique nés» médicales, art. ANTIDOTE (Gûbler), t. V, p. 317. — Camus, Thèse inaugurale de r"™, fa. nette hebdomadaire, août.— G. Lemattre, Becherches expérimentales et cliniques suri ^ loïdes de la famille des solanées. (In Archives générales de médecine, juillet et a0J™'^BjBl Relations d'expériences et d'observations d'Erlenmeyer. (In Archives générales w> ^^ mars.) — Constantin Paul, De l'antagonisme en pathologie et en thérapeutique, tm^ cours pour l'agrégation. Asselin, éditeur. — 1867 ; Observation d'empoisonnement v (J danum (30 gr. environ), antagonisme par la belladone (14 gr. de teinture de "^, jne< (in dix heures), guérison; par Constantin Paul, professeur agrégé de la Faculté de me Bulletin de thérapeutique, t. LXXII, p. 320.) downloadModeText.vue.download 828 sur 1308


PAVOT. 799

même le rétrécissement; mais dès qu'on cesse l'emploi de la fève de Cala- bar la belladone reprend le dessus, et la pupille se dilate de nouveau jus- ant épws.eme^ l'influence de l'atropine. Il n'en est pas de même pour lopium, la dilatation pupillaire cède, de même que tous les autres acci- dents a un ,emploi ^^ quelque temps, mais pour ne plus revenir.

Nous avons vu à l'article BELLADONE, que les vertus antagonistiques se pro- duisent de même lorsque les deux agents n'ont qu'une action locale. (Whar- tflnjpues.)-,

"■l'âgé n'est pas une. contre-indication à l'emploi des antidotes réciproques, fia question qui soulève quelques difficultés est de connaître les proportions -relatives,suivant lesquelles l'agent thérapeutique doit être opposé à l'agent toxique; cette valeur relative doit évidemment changer suivant les sujets, leur âge, ou les circonstances ressortissant de leur état de santé, leurs habi- tudes, etc. « La détermination des équivalents dynamiques des substances antagonistes et antidotiques et des lois de leurs variations réclame encore de longues recherches (1), » Il est d'observation qu'il faut une dose plus élevée d'opium pour détruire les effets d'une dose donnée d'atropine ou de belladone; de même qu'il faut relativement peu de ce dernier agent pour conjurer les symptômes produits par l'opium ou la morphine.

On était en droit d'attendre que les expérimentations sur les animaux jetteraient une vive lumière sur cette question; car, de fait, les expériences devaient avoir d'autant plus de valeur que, ainsi que le fait judicieusement remarquer Constantin Paul, l'empoisonnement se présente, en somme, dans les mêmes conditions biologiques que l'expérience elle-même.

Les expériences de Camus, celles d'Onsum, celles tentées antérieurement par B, Bell, faites sur le moineau, le lapin, le chat et la grenouille, sont négatives; mais les uns ont pris un terme de comparaison peu stable; les autres ont opéré avec des idées préconçues. En supposant qu'elles aient été faites avec toute la rigueur désirable, il ne faudrait pas se hâter de con- clure des animaux à l'homme, pour ce qui concerne les phénomènes toxiques. Au point de vue physiologique, il est évident que des symptômes analogues doivent s'observer "pour les poisons dans toute la série animale, ou tout au moins chez les vertébrés, avec une différence d'intensité due à la différence même des organismes. La similitude dans les effets de l'agent modificateur doit exister. Cl. Bernard l'a nettement établi.

Mais il n'en est peut-être pas de même lorsqu'il s'agit de la résistance à la mort, ainsi que l'a très-justement avancé Constantin Paul.

La distinction proposée par Cl. Bernard de l'action toxique des sub- stances actives nous avait même inspiré l'idée de réserver le mot d'antago- «wne. pour la neutralisation réciproque de l'effet de deux corps agissant pnysiojogiquement et i'antidoiisme, lorsque deux agents annihilaient mu- toellejnent leur action toxique.

Tout récemment, Erlenmeyer a repris l'étude de ce sujet si attrayant, et, ws des expérimentations nombreuses sur les animaux, il a obtenu des résultats incontestables.

m reste, on ne saurait révoquer en doute un fait appuyé sur des obser- vons nombreuses, authentiques, bien prises par des praticiens éclairés et wnsciencieux. Dans la plupart d'entre elles, il a été donné une dose énorme mit r Stance antagoniste, qui, sans l'ingestion antérieure du poison à êvidJ tSCT' aiUrait cërtainement produit des accidents d'intoxication; il est sulwt que scène changerait, si, comme on a pu l'avancer, les deux

La™? ^lssaieni isolément sans se contre-balancer.

  • neutralisation des poisons l'un par l'autre est la seule explication pos-

u er, Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, art. ANTIDOTE, t. V, p. 319 downloadModeText.vue.download 829 sur 1308


800 PAVOT.

sible pour ces faits où l'on prend, par exemple, en vingt-quatre heures,^», de laudanum, 30 gr. de teinture de belladone et 80 Centigr. d'extrait de laJL plante; si ces poisons devaient ajouter leur action l'une à l'autre, la mort de- vrait être foudroyante. (Constantin Paul.)

Dans une observation récente, l'auteur que nous venons de citer a pu faire cesser presque à volonté tous les phénomènes de l'empoisonnement de l'opium, et cela sans produire les effets toxiques de la belladone.

Ainsi que nous le faisions remarquer au commencement de ce para- graphe, des rechutes passagères ont été observées dans ce cas, et l'antidote a dû contre-balancer l'action du poison à six reprises différentes et avec une énergie graduellement plus efficace.

Toutes les observations ne trouvent d'explication plausible que dans l'admission de l'antagonisme. Cazin père, dans la deuxième édition de ce Traité, p. 170, avait déjà dit, à propos des faits de Lindsey : «Il esta remar- quer dans ces faits que la belladone a été administrée à dose toxique pro- portionnée à celle de l'opium dont elle a combattu les effets. Si l'actionde la belladone sur le cerveau n'avait été contre-balancée par celle de l'opium, l'empoisonnement aurait été indubitablement le résultat de l'emploi de la solanée vireuse à une dose aussi élevée (pour un des cas 30 gr. de teinture de belladone, puis 8 gr. une demi-heure après) ; cette médication est doue fondée sur l'antagonisme qui existe entre l'action de l'opium et celle de la belladone physiologiquement manifestée sur la pupille, que le premier resserre et que l'autre dilate. »

Voilà la question résumée et jugée en quelques lignes. Dans les cas où la dose du poison ingéré n'est pas mortelle, on pourrait objecter que la gué- rison se serait produite d'elle-même ; mais la rapidité insolite de dispari- tion des phénomènes toxiques vient encore plaider en faveur de l'action neutralisante. Wannebroucq (1) a souvent injecté le sulfate d'atropine dans , la pleurôdynie; il a vu quelquefois se développer quelques accidents d'in- toxication; mais ils ont toujours été dissipés par une simple potion opiacée.

Pour nous, l'antagonisme est indubitable ; l'antidotisme doit être étal en loi thérapeutique ; mais il faut se garder de l'enthousiasme, et peut-être y a-t-il.eu une certaine exagération dans les espérances que l'on a fondées sur cette médication. Nous pensons avec Bouchardat (2) que, tout en li mettant en vigueur, il ne faudrait pas négliger les autres moyens, tels « les frictions, la faradisation, etc. Ce dernier auteur insiste beaucoup sur la nécessité d'empêcher le malade de se livrer au sommeil. En second lien on n'a guère publié que les succès, comme cela arrive trop souvent; les revers ont été oubliés. Chez une jeune femme, j'ai pu une fois, par une in- jection d'atropine, conjurer les accidents les plus redoutables causés par l'ingestion de 1 once 1/2 de laudanum. J'ai été moins heureux dans le cas suivant, où l'âge du malade et le temps écoulé entre l'empoisonnement e. le début du traitement ont dû jouer un certain rôle. Au mois de s^* 1855, je fus appelé pour un enfant de quatre mois, appartenant à M. Delattr. boucher à Saint-Martin-lès-Boulogne. Cet enfant avait été pris de.conm-. . sions à sept heures du matin. Il était dix heures. Une bonne lui avaiUTj nistré,. vers cinq heures et demie, une cuillerée à café de laudanum Sydenham, croyant avoir affaire à du sirop de chicorée. Je le trouvai l'état suivant : face alternativement pâle et congestionnée; Peau c0"!j{. d'une sueur froide et visqueuse; contracture des extrémités fortemen chies ;: cette contracture fait de temps en temps place à des mouve convulsifs accompagnés de cris plaintifs; impossibilité d'écâ*r'/ eni choires; paupières fermées; pupilles très-contractées; pouls tres-i q ^ et dur ; respiration suspirieuse et entrecoupée. Il n'y avait pas a eu) __

(1) Bulletin médical du nord de la France, octobre 1865, p. 351.

(2) Annuaire de thérapeutique, 1866, p. 15. downloadModeText.vue.download 830 sur 1308


PAVOT. 801

TVxtrônie gravité de la situation; je fis prendre un bain tiède, puis je mis

- eliisàge lès révulsifs de toute sorte; un lavement purgatif fut administré; on'pratiqua continuellement des frictions sèches surtout le corps; je fis ensuite injecter par l'anus, dans un véhicule peu abondant, 1 gr. de tein- ture de belladone;au bout-de deux heures, la pupille était fortement. dilatée ;lès membres commençaient à tomber dans le relâchement; le pouls égt'moins fréquent, il s'était assoupli; la respiration était plus régulière,

- moins suspirieuse; il y avait en somme de la détente dans l'ensemble de l'organisme. Je commençais à concevoir un peu d'espérance. Je fis conti- nuer lés frictions sèches; je revis le petit malade vers quatre heures du

  • soir. Il y avait eu quelques convulsions passagères ; je fis donner toutes les

,: Mures 2 gouttes, de teinture de belladone, car l'enfant pouvait alors avaler iSipeu de liquide; mais les convulsions ne tardèrent pas à prendre le des-

sàs;;.là dilatation pupillaire perdit de son intensité. On vint me dire que l'enfant avait succombé à neuf heures dans une convulsion. 1 /(Pour l'opposition d'action de l'opium et de la belladone administrés en- viable, voyez p!. 781.) ;'

r'fÛafe dernière question bien intéressante que soulève l'étude de l'antago-

njsBie qui nous occupe est celle-ci :

"L'antagonisme existant entre l'opium et la belladone existe-t-il entre ': l'atropine et les alcaloïdes du premier ?

'Entre l'extrait thébaïque et l'atropine, entre l'extrait de belladone et la
morphine, cela est indubitable, quoi qu'ait avancé Bois d'Aurillac (1) 
ce

.dernier prétend que l'antagonisme n'existe qu'entre l'opium et la bella-

• fie avec tous leurs principes constituants, et non entre les alcaloïdes dont j.nnusyenons de parler. Malheureusement pour lui, des faits cliniques irré- ■vlitàblessont là pour prouver le contraire.

"lia morphine est antagoniste de toutes les préparations qui ont pour oiï-

Ijinëlabelladone. Cela est un fait établi; mais l'antagonisme se manifeste-

j ra-t-il de même avec les autres alcaloïdes de l'opium considérés isolément?

Ces^dernïèrs, en effet, offrent entre eux des actions pour ainsi dire o'p-
|iéeSï etil n'est pas probable que l'antagonisme observé entre la bella-
teét l'opium ait lieu pour tous les alcaloïdes de ce dernier, la thébaïne,

>;fapxempje. La narcéine n'agit en aucune façon comme la morphine; tout -fâitdonc prévoir que l'opposition d'action n'aurait pas lieu, du moins d'une

façon-aussi sûre, entre la narcéine et l'atropine qu'entre cette dernière et

lamorphine.
>
!Par cette raison que l'extrait thébaïque, qui contient la morphine, la
codéine,- là narcotine, la papavérine, la thébaïne, etc., fait équilibre aux

ï|r|pàrations belladonées, il ne s'ensuit pas pour cela que, considérés indi- i;™Bellement, ces alcaloïdes jouissent tous du même privilège.

plestlà' une voie à exploiter. J'ai regretté que le temps ne me permît pas

taeâeliyper à des recherches, à des expériences dans ce sens. ?ï.«ii"--'.-v,, -,.-:-:■.- .

. |if?ï^oi«isMÉ DÉ L'OETOM ET D'AUTRES SUBSTANCES. •— Nous avons rapporté t/.ç.!ffitic.lé;-4£omt'un.cas-; d'empoisonnement où l'opium avait amené la gue- non-: cet agent a aussi été efficace dans un empoisonnement par l'arnica. , (Voyez_.ce mot.)

.IW™,corrige l'action du tartre stibié : celui-ci peut, jusqu'à un certain

Ml, annihiler lès effets excitants et hypnotiques de l'opium, mais ces
  • .;M.Ç|-P?uyent,être.considérés comme se rapportant à l'antagonisme vrai.

Jlr opposition aux opiacés. Cahen a cherché à établir l'action neu-

wansante réciproque de l'opium et de l'arsenic.

- opium-a été proposé comme antidote de la noix vomique. Une observa-

tdel JMj"^ 9a™'ei"' Dictionnaire annuel des progrès des sciences et des institutions mèdi-

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&a% PAVOT.,

tion concluante, publiée par la Gazette médicale de Berlin, septemb. 1854(|] en. fait foi. Pelletier et Caventou ont signalé cet antagonisme entré l'opium é.tUes strychnos et ont observé que les doses d'opium doivent dépasser celles du poison ingéré si l'on veut obtenir une neutralisation complète. Gùblerffl dit'*! que c'est là un des premiers faits d'antidotisme, relevé, du reste » Guérard dans un chapitre de sa thèse de concours (1839), intitulé ': & incompatibilités thérapeutiques, où ce praticien faisait déjà pressentir l'impôt- tance de cet ordre de faits. »

C'est à 6ub.ler.que nous devons, la connaissance de l'opposition d'action de l'opium et du sulfate de quinine. Voici une partie des conclusions du travail qu'il a présenté à la Société de médecine des hôpitaux, le 10 fé- vrier 1858 : à l'inverse de l'opium, qui exalte les fonctions organique (congestion sanguine et caloricité), le sulfate de quinine agit sur les centres nerveux, en y condensant les forces, dételle sorte qu'il enchaîne les-ac- tions organiques, sources de dépenses, et réduit, autant que possible, l'appel sanguin dans les parties "phlogosées ; —le sulfate de quinine ei l'opium ayant une action antagoniste ne doivent pas être administrés simul- tanément ;— ces deux agents peuvent se servir d'antidote l'un à l'autre, — Dans son article Antidote que nous avons déjà cité, il complète ces don- nées, et ajoute : « Il faut plus de sulfate de quinine pour détruire les effets toxiques de l'opium chez un sujet prédisposé aux hypérémies encéphaliques par son âge, l'enfance, ou la maladie, la paralysie générale. »

PAVOT CORNU (PI. XXX). CLAXICIER JAUNE, GLATJCIET JAUNE.—Chelièm glaucium, h. — Papaver corniculatum luteum, C. Bauh. — Glaucium fm- luteo, Tourn.— Le pavot cornu, plante annuelle, croît dans diverses par- ties de la France, dans les plaines sablonneuses près de la mer. Je l'ai trouvé en abondance dans la plaine des Pierrettes, à Saint-Pierre-lès-Calais, à Wimereux près de Boulogne, à Saint-Valery-sur-Somme. Je l'ai vu aussi dans les endroits sablonneux, au bois de Boulogne, à Saint-Germain,

Description. — Racine pivotante, petite. — Tiges grosses, un peu rameuses, glabres. —Feuilles épaisses, amplexiçaules, glauques; les radicales découpées, à lote ovales, anguleux, dentés ou incisés; les supérieures dentées, incisées seulement- Fleurs jaunes, grandes (juin-juillet-août), quatre pétales, dont deux plus grandes. - Fruit,: siliques allongées, grosses comme une plume à écrire,' longues de 10 à20centi- mètres.

Parties usitées. — L'herbe. ..:[Culture. — Cette plante vient partout|; elle préfère les terrains sablonneux;elle pousse même dans les cailloux. On la propage de graines semées au printemps.]

Récolte. — La récolte peut se faire pendant tout le temps de la floraison. Cor* toutes les plantes succulentes, elle exige des soins pour sa/dessiccation.

Propriétés physiques et chimiques. — Le glaucier est d'une oden faible, un peu vireuse, d'une saveur un peu amère et piquante. H parait conlemr« principes analogues à ceux dé l'opium, qu'il a souvent servi à.falsifier. k™erW, appris de personnes très-dignes de foi, et entre autres d'un pharmacien très-accreaw, Smyrne, que les fabricants d'opium de cette ville emploient dans la confection» narcotique les deux espèces de glaucium et surtout le rouge [glaucium rér» F" ceum), qui ressemble beaucoup, par sa forme extérieure, m papaver rheas,^<lwl' ' que tout l'opium qui se vend dans les bazars de Smyrne n'est qu'un extrait de ces pia» De même toute la thériaque, que l'on peut également se procurer dans les Bazaisp quelques paras, se prépare au moyen de ce prétendu opium. eiB.

Cet extrait du glaucium exhale une odeur narcotique et présente un goût amer

.(1) -In Journal des connaissances médico-chirurgicales, 2e année, 5831-35, (2) Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. V, p. 322. , , ^

",(3) Buchner's Repertorium fur die Pharmacie. .(Répertoire de pharmacie, novem», .. p. 1-S5Î) ' ' ' ■ downloadModeText.vue.download 832 sur 1308


PAVOT. 803

Manie à celui de l'opium ;. il ressemble beaucoup à l'opium de Smyrne de mauvaise mialité. On peut donc, d'après cette substitution opérée dans le commerce, considérer le pavot connue un succédané de l'opium, et se livrer à des essais comparatifs concer- nant son usagé à ï'inté^ ,-.,.,.,. a

[Toutefois comme cet extrait ne renferme pas de morphine et qu il est loin de pos-

tier les propriétés de l'opium, le mélange de ces deux substances ou la substitution delà • Première à la seconde doit être considérée comme une fraude.] lip'pâvot cornu contient, comme la chélidoine (voyez ce mot), de la chélidonine et de ' bàelerylhrine- En outre, Probst en a isolé un alcaloïde particulier, la glaucine, et une

tsistance blanche très-amère, la glaucopicrine. Les graines contiennent une quantité

■considérable d'huile fixe,.analogue à celle d'oeillette; elle pourrait être extraite et ven- due bon marché, à cause de la culture facile du glaucier qui supporte les terrains les ,' plus incultes.)

,Le payot cornu est un poison narcotique. On rapporte, dans les Trans-

ports philosophiques, que Charles Worth, prenant cette plante pour un chou ' jiiarin, en fit faire un pâté, qu'il n'eut pas plus tôt mangé, que ses domes- tiques et-lui en furent tous plus ou moins incommodés et atteints de délire; ils eurent tous une altération de l'organe de la vue qui leur faisait prendre ■'pouf de l'or tout ce qu'ils touchaient.

Garidel rapporte qu'en Provence les paysans se servent des feuilles de / ;glàuciér pilées pour déterger les ulcères qui succèdent aux contusions et

âilï écorchures des bêtes de charge, notamment les enflures et engorge-

•ments.'dansles jambes des chevaux qui proviennent de foulures. « Quelque -#rçsses et dures quelles soient, dit-il, le suc de cette plante les guérit in-

failliblémènt, pourvu que le mal ne soit pas trop invétéré. »

^JîièSîeùiUès dé pavot cornu, pilées avec quelques gouttes d'huile d'olive, f|t appliquées sur la partie malade, sont tout aussi efficaces que l'opium ^trëles contusions, les plaies avec déchirures, le panaris commençant, ■■ léspiqûres de sangsues enflammées, l'irritation phlegmasique des vésica- i.toiresjsles.lbrûlures, etc. Comme, dans les campagnes, une décoction d'o-

<
pm n'est pas à la. portée de tout le monde, on peut se servir avantageuse-

ment et gratuitement de cette plante. éirard, de Lyon, a rapporté (1) plu- .i.siep'observations qui constatent les bons effets de cette plante dans les vrasquenous venons de citer, et je l'ai employée moi-même avec succès

des
  • >plaiesvcontuses avec déchirement, et surtout dans un cas de dou-

leurs hémorrhoïdales atroces contre lesquelles on avait inutilement mis en

^saSe-;les bains, les sangsues, les émollients. J'ai fait cesser dans l'espace

^quinze jours une constriction spasmod'que de l'anus, sans fissures, qui

pSt.(^.'douze ans, chez une femme de baint-Pierre-lès-Calais, au moyen

"fjWipnllaites deux fois par jour, avec un mélange de 16 gr. de suc de ^^f^uhe, de 12 gr. de suc de jusquiame et d'un jaune d'oeuf.

^SIp^PTEta. — Papaver dubium, L. —Ce pavot, qui diffère peu du |tM}Çot"(papaver rheas, L.), se rencontre dans les champs, les moissons, fflfeut dans ; les terrains maigres et sablonneux. II a les fleurs petites d'un fpugepâle(juin^juillet).

î»s#u|rDeslongchamps a obtenu du suc exprimé des feuilles, des tiges »4??!0aP.sules, un extrait épaissi dont il a constaté l'action anodine dans

  • W^TMaladies. Il le donne ordinairement sous la forme de teinture ainsi

' Pparêe. Pr. extrait de pavot douteux 125 gr.; faites fondre dans 1,500 gr. &umUlCat' dose' 50à 10° gouttes. Avec cette teinture il a guéri des «Omni cVroni1ues, des coliques plus ou moins violentes, dissipé des in- ^lumes opiniâtres. On peut préparer une teinture semblable avec le coque- Ci J»mal général de médecine, 2« série, t. XXV, p. 354.