Amandier (Cazin 1868) : Différence entre versions

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
m
Ligne 25 : Ligne 25 :
 
ROSACÉES. — AMYGDALÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. L.</center>
 
ROSACÉES. — AMYGDALÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. L.</center>
  
Cet arbre, originaire de la Mauritanie, est cultivé en France et surtout en
+
Cet arbre, originaire de la Mauritanie, est cultivé en France et surtout en Provence. Il croît naturellement sur les côtes septentrionales de l'Afrique.
Provence. Il croît naturellement sur les côtes septentrionales de l'Afrique.
+
  
L'Ancien Testament fait mention des amandes. Hippocrate employait les
+
L'Ancien Testament fait mention des amandes. Hippocrate employait les amandes douces et amères. Théophraste en parle, et Dioscoride décrit la manière d’en obtenir l'huile.
amandes douces et amères. Théophraste en parle, et Dioscoride décrit la
+
manière d'en obtenir l'huile.
+
  
Description. — Tige de 8 à dis mètres, droite. — Feuilles moins longues que
+
Description. — Tige de 8 à dis mètres, droite. — Feuilles moins longues que celles du pécher, alternes, pétiolées, étroites, pointues, bords finement serrés ; les dentelures de la base glanduleuses.— Fleurs comme celles du pêcher, mais à pétales plus grands et d’un blanc souvent mêlé de couleur de rose (les premières au printemps). — Fruit verdâtre, ovale, composé d’un brou médiocrement épais, ferme, peu succulent, au-dessous duquel se trouve un noyau ligneux, sillonné, renfermant une amande tendre, ovale, terminée en pointe, à son sommet, d’une saveur douce ou amère selon l’une des deux variétés de l’arbre dont elle provient, et qui est la seule partie employée en médecine. La seule distinction botanique qu’on puisse établir entre ces deux variétés, c'est que dans la variété amère le style est de la même longueur que les étamines, et
celles du pécher, alternes, pétiolées, étroites, pointues, bords finement serrés ; les den-
+
telures de la base glanduleuses.— Fleurs comme celles du pêcher, mais à pétales plus
+
grands et d'un blanc souvent mêlé de couleur de rose (les premières au printemps). —
+
Fruit verdâtre, ovale, composé d'un brou médiocrement épais, ferme, peu succulent,
+
au-dessous duquel se trouve un noyau ligneux, sillonné, renfermant une amande tendre,
+
ovale, terminée en pointe, à son sommet, d'une saveur douce ou amère selon l'une des
+
deux variétés de l'arbre dont elle provient, et qui est la seule partie employée en
+
médecine. La seule distinction botanique qu'on puisse établir entre ces deux variétés,
+
c'est que dans la variété amère le style est de la même longueur que les étamines, et
+
  
  
Ligne 48 : Ligne 36 :
  
  
que les pétioles sont maculés de points glanduleux, tandis que dans la variété douce le
+
que les pétioles sont maculés de points glanduleux, tandis que dans la variété douce le style est beaucoup plus long que les étamines, et que les glandes, au lieu d’être sur les pétioles, sont à la base des dents des feuilles.
style est beaucoup plus long que les étamines, et que les glandes, au lieu d'être sur les
+
pétioles, sont à la base des dents des feuilles.
+
  
 
==Amandes douces==  
 
==Amandes douces==  
Ligne 59 : Ligne 45 :
 
AMANDES DOUCES. ''Amygdalis dulcis.''
 
AMANDES DOUCES. ''Amygdalis dulcis.''
  
Dans le commerce, suivant que les amandes sont grosses, moyennes ou
+
Dans le commerce, suivant que les amandes sont grosses, moyennes ou petites, on les désigne sous les noms spécifiques de gros flots, flots et en sorte. Les meilleures sont celles qui sont grosses, bien entières, non vermoulues, à cassure blanche et sans odeur. Lorsqu'elles sont vieilles, leur cassure est jaunâtre et leur goût est acre.
petites, on les désigne sous les noms spécifiques de gros flots, flots et en
+
sorte. Les meilleures sont celles qui sont grosses, bien entières, non vermou-
+
lues, à cassure blanche et sans odeur. Lorsqu'elles sont vieilles, leur cas-
+
sure est jaunâtre et leur goût est acre.
+
  
Propriétés cliimiqu.es.— Les amandes douces contiennent pour 100 environ
+
Propriétés cliimiqu.es.— Les amandes douces contiennent pour 100 environ 54 d’huile line, ‘i/i d'une variété d'albumine soluble nommée émulsine ou synapiase, puis du sucre, de la gomme et un parenchyme. C'est l’emulsine qui, dans l'émulsion d'am-mdes, tient l'huile, en suspension. Elle dissout et rend miscible à l'eau le camphre, la résine de jalap et autres substances résineuses avec lesquelles elle est triturée. Elle peut s’unir a l'eau au moyen d'un blanc ou d'un jaune d oeuf.
54 d'huile line, 'i/i d'une variété d'albumine soluble nommée émulsine ou synapiase,
+
puis du sucre, de la gomme et un parenchyme. C'est l'emulsine qui, dans l'émulsion
+
d'am-mdes, tient l'huile, en suspension. Ele dissout et rend miscible à l'eau le camphre,
+
la résine de jalap et autres substances résineuses avec lesquelles elle est triturée. Elle
+
peut s'unir a l'eau au moyen d'un blanc ou d'un jaune d oeuf.
+
  
L'huile d'amandes douces doit être récemment préparée, parce qu'elle rancit facile-
+
L'huile d'amandes douces doit être récemment préparée, parce qu'elle rancit facilement, et qu'elle irrite alors au lieu d'adoucir. Extraite à froid, elle se conserve plus longtemps.
ment, et qu'elle irrite alors au lieu d'adoucir. Extraite à froid, elle se conserve plus
+
longtemps.
+
  
 
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
 
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
  
A L'INTÉRIEUR.— Émulsi'in au lait d'amandes,
+
A L’INTÉRIEUR.— Émulsi'in au lait d'amandes, 30 gr. d’amandes douces dépouillées de leur pellicule, pilées a\ec un pou d’eau froide et de sucre dans un n ortier de marbre, réduites en pâte que l’on délaie avec 1 kil-gr. d’eau, à laquelle on ajoute 30 gr. de sirop ou de sucre. On passe à raversune i taurine.
. 30 gr. d'amandes douces dépouillées de leur
+
pellicule, pilées a\ec un pou d'eau froide et
+
de sucre dans un n ortier de marbre, ré-
+
duites en pâte que l'on délaie avec 1 kil-gr.
+
d'eau, à laquelle on ajoute 30 gr. de sirop
+
ou de sucre. On passe à raversune i taurine.
+
  
Sirop d'amandes douces (sirop d'orgeal), pré-
+
Sirop d'amandes douces (sirop d'orgeal), préparé à l’aide de l'émulsion et du sucre, à prendre dans l'eau, en potion, etc.
paré à l'aide de l'émulsion et du sucre, à
+
prendre dans l'eau, en potion, etc.
+
  
Huile, 15 à 30 gr. dans uni- solution ou potion
+
Huile, 15 à 30 gr. dans uni- solution ou potion gominei^e
gominei^e
+
  
A L'EXTÉRIEUR. — Huile, en lavement, embro-
+
A L'EXTÉRIEUR. — Huile, en lavement, embrocation, liniment.
cation, liniment.
+
  
Les amandes douces servent à faire des loochs, et concurremment avec les amandes
+
Les amandes douces servent à faire des lochs, et concurremment avec les amandes artères, à composer le sirop d'orgeat. — Je prescris souvent le bouillon de veau et d'amandes douces coupées par morceaux, comme adoucissant et rafraîchissant. On préparait aussi, par la distillation des amandes non écorcées, une eau mucilagineuse ayant l’odeur de la fleur d’acacia. |L’amande ou émulsion d'amandes se. fait dans les ménages en privant l’amande douce de son enveloppe (épispeime) ; pour cela, on la fait tremper dans de l’eau tiède; après quelque temps la pellicule s'enlève par simple pression entre les doigts ; l’amande est alors fortement pressée dans un mortier de marbre avec un peu de sucre, et lorsque la pâte est bien homogène, on délaye dans l’eau et on passe ; on t'administre pure ou mélangée.]
aroères, à composer le sirop d'orgeat. — Je prescris souvent le bouillon de veau et
+
d'amandes douces coupées par morceaux, comme adoucissant et rafraîchissant. On pré-
+
parait aussi, par la distillation des amandes non écorcées, une eau mucilagineuse ayant
+
l'odeur de la fleur d'acacia. |L'amande ou émulsion d'amandes se. fait dans les ménages
+
en privant l'amande douce de son enveloppe (épispeime) ; pour cela, on la fait tremper
+
dans de l'eau tiède; après quelque temps la pellicule s'enlève par simple pression entre
+
les doigts ; l'amande est alors fortement pressée dans un mortier de marbre avec un
+
peu de sucre, et lorsque la pâte est bien homogène, on délaye dans l'eau et on passe ;
+
on t'administre pure ou mélangée.]
+
  
Les amandes douces sont très-usitées comme aliment et comme médica-
+
Les amandes douces sont très-usitées comme aliment et comme médicament. On les sert vertes et sèches sur nos tables. On en fait des gâteaux, des biscuits, des massepains, des macarons, des dragées, des pralines, du nougat, un blanc-manger, etc. Dillon propose une boisson analogue au café, en faisant rôtir des amandes avec du seigle. Les amandes torréfiées sont prescrites aussi aux convalescents, soit entières, mangées avec du pain, soit en potages, après avoir été pulvérisées et mêlées avec de l’orge. Assez difficiles à digérer, elles ne doivent pas être prises en grande quantité par les personnes dont l’estomac est faible.
ment. On les sert vertes et sèches sur nos tables. On en fait des gâteaux,
+
des biscuits, des massepains, des macarons, des dragées, des pralines, du
+
nougat, un blanc-manger, etc. Dillon propose une boisson analogue au café,
+
en faisant rôtir des amandes avec du seigle. Les amandes torréfiées sont
+
prescrites aussi aux convalescents, soit entières, mangées avec du pain, soit
+
en potages, après avoir été pulvérisées et mêlées avec de l'orge. Assez diffi-
+
ciles à digérer, elles ne doivent pas être prises en grande quantité par les
+
personnes dont l'estomac est faible.
+
  
(Pavy (1) propose de remplacer dans le régime des diabétiques le pain de
+
(Pavy (1) propose de remplacer dans le régime des diabétiques le pain de gluten par le biscuit d’amandes. Les amandes contenant 6 pour 100 de sucre, il les en prive en versant sur leur poudre de l’eau bouillante légèrement acidulée par l'acide tartrique. La farine, ainsi traitée, est jointe à des oeufs, et sert à faire des biscuits très-nutritifs, sans principes sucrés ni féculents.)
gluten par le biscuit d'amandes. Les amandes contenant 6 pour 100 de
+
sucre, il les en prive en versant sur leur poudre de l'eau bouillante légère-
+
ment acidulée par l'acide tartrique. La farine, ainsi traitée, est jointe à des
+
oeufs, et sert à faire des biscuits très-nutritifs, sans principes sucrés ni fé-
+
culents.)
+
  
Le lait d'amandes est adoucissant, rafraîchissant, calmant. On l'emploie
+
Le lait d'amandes est adoucissant, rafraîchissant, calmant. On l’emploie dans les fièvres, les inflammations des voies urinaires et gastro-intestinales, les phlegmasies cutanées, les irritations nerveuses, les affections catarrhales
dans les fièvres, les inflammations des voies urinaires et gastro-intestinales,
+
les phlegmasies cutanées, les irritations nerveuses, les affections catarrhales
+
  
 
(1) Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, 1863, p. 180.
 
(1) Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, 1863, p. 180.
Ligne 133 : Ligne 74 :
 
[56]
 
[56]
  
aiguës, etc., surtout dans les redoublements fébriles, vers le soir, afin que
+
aiguës, etc., surtout dans les redoublements fébriles, vers le soir, afin que les nuits soient moins agitées. L’émulsion est plus calmante quand à l'eau simple on substitue l'eau distillée ou la décoction de laitue. Dans les irritations inflammatoires de la poitrine, on remplace avantageusement le sucre par le sirop de guimauve ou de violette, et quand il y a toux douloureuse, par le sirop de pavot blanc. Pour la rendre plus antiphlogistique, surtout dans les irritations phlegmasiques des voies urinaires, on y ajoute du nitrate de potasse.
les nuits soient moins agitées. L'émulsion est plus calmante quand à l'eau
+
simple on substitue l'eau distillée ou la décoction de laitue. Dans les irrita-
+
tions inflammatoires de la poitrine, on remplace avantageusement le sucre
+
par le sirop de guimauve ou de violette, et quand il y a toux douloureuse,
+
par le sirop de pavot blanc. Pour la rendre plus antiphlogistique, surtout
+
dans les irritations phlegmasiques des voies urinaires, on y ajoute du nitrate
+
de potasse.
+
  
L'émulsion d'amandes douces soulage les maladies du coeur, et particu-
+
L’émulsion d'amandes douces soulage les maladies du coeur, et particulièrement les palpitations qui tiennent à un état d’irritation et de spasme. Roques guérit., au moyen de cette émulsion et du bouillon de poulet, aux laitues pour tout aliment, un négociant de Bordeaux atteint de violentes palpitations de cette nature, dues à des causes morales.
lièrement les palpitations qui tiennent à un état d'irritation et de spasme.
+
Roques guérit., au moyen de cette émulsion et du bouillon de poulet, aux
+
laitues pour tout aliment, un négociant de Bordeaux atteint de violentes
+
palpitations de cette nature, dues à des causes morales.
+
  
Le lait d'amandes est très-utile dans les inflammations chroniques des vis-
+
Le lait d'amandes est très-utile dans les inflammations chroniques des viscères abdominaux, qui s’aggravent presque toujours sous l'influence d'une nourriture trop succulente. «Donnez’au malade, dit Roques, du bouillon de poulet coupé avec du lait d'amandes. Je ne saurais dire combien cette boisson, à la fois nutritive et tempérante, m’a été utile pour soutenir doucement les forces et pour terminer des inflammations d'une nature rebelle.
cères abdominaux, qui s'aggravent presque toujours sous l'influence d'une
+
nourriture trop succulente. «Donnez'au malade, dit Roques, du bouillon
+
de poulet coupé avec du lait d'amandes. Je ne saurais dire combien cette
+
boisson, à la fois nutritive et tempérante, m'a été utile pour soutenir dou-
+
cement les forces et pour terminer des inflammations d'une nature rebelle.
+
  
Le lait d'amandes coupé avec le lait de vache est une excellente boisson
+
Le lait d’amandes coupé avec le lait de vache est une excellente boisson nutritive à la suite des maladies inflammatoires, lorsque l’estomac ne peut encore digérer les aliments solides. Celte boisson convient aussi aux phthisiques qui éprouvent de la chaleur et de l'irritation.
nutritive à la suite des maladies inflammatoires, lorsque l'estomac ne peut
+
encore digérer les aliments solides. Celte boisson convient aussi aux phthi-
+
siques qui éprouvent de la chaleur et de l'irritation.
+
  
L'émulsion d'amandes douces, quand l'estomac la supporte bien, doit être
+
L’émulsion d'amandes douces, quand l'estomac la supporte bien, doit être prise en grande quantité pour produire un bon effet. Quand il y a une vive irritation, de la chaleur, de la soif, il faut en administrer au moins 1 kilogramme par jour.
prise en grande quantité pour produire un bon effet. Quand il y a une vive
+
irritation, de la chaleur, de la soif, il faut en administrer au moins 1 kilo-
+
gramme par jour.
+
  
L'huile d'amandes douces est adoucissante et légèrement laxative. Elle
+
L’huile d'amandes douces est adoucissante et légèrement laxative. Elle peut s'unir à l'eau au moyen d'un jaune d'oeuf. On la donne aux enfants atteints de coliques, de vers intestinaux, de volvulus, ou même de convulsions. (Suivant le professeur Coze père (conversation particulière), l'émulsion possède une action spéciale sur le gros intestin et devient précieuse contre les affections inflammatoires de cette partie du tube digestif.) Elle est utile contre les toux sèches et nerveuses, la strangurie, les douleurs néphrétiques, les calculs rénaux. Elle a souvent suffi, suivant Roques, pour arrêter l’action délétère des plantes vénéneuses, des champignons imprégnés de principes caustiques.
peut s'unir à l'eau au moyen d'un jaune d'oeuf. On la donne aux enfants at-
+
teints de coliques, de vers intestinaux, de volvulus, ou même de convulsions.
+
(Suivant le professeur Coze père (conversation particulière), l'émulsion pos-
+
sède une action spéciale sur le gros intestin et devient précieuse contre les
+
affections inflammatoires de cette partie du tube digestif.) Elle est utile
+
contre les toux sèches et nerveuses, la strangurie, les douleurs néphré-
+
tiques, les calculs rénaux. Elle a souvent suffi, suivant Roques, pour arrêter
+
l'action délétère des plantes vénéneuses, des champignons imprégnés de
+
principes caustiques.
+
  
« Il est.très-utile, dit Hufeland, dans toutes les espèces d'hématurie, de
+
« Il est.très-utile, dit Hufeland, dans toutes les espèces d’hématurie, de prendre matin et soir une cuillerée à bouche d’huile d'amandes douces ou d'oeillette. »
prendre matin et soir une cuillerée à bouche d'huile d'amandes douces ou
+
d'oeillette. »
+
  
J'emploie souvent, dans la bronchite aiguë et les toux opiniâtres, le mé-
+
J'emploie souvent, dans la bronchite aiguë et les toux opiniâtres, le mélange à parties égales d’huile d'amandes douces, de miel et de jaune d'oeuf. Les enfants prennent très-facilement cette marmelade par cuillerées à café. En la délayant dans une suffisante quantité de décoction de fleurs de guimade ou de coquelicot, on en fait un looeh domestique peu coûteux et préférable au looeh pectoral du Codex.
lange à parties égales d'huile d'amandes douces, de miel et de jaune d'oeuf.
+
Les enfants prennent très-facilement cette marmelade par cuillerées à café.
+
.En la délayant dans une suffisante quantité de décoction de fleurs de gui-
+
madve ou de coquelicot, on en fait un looeh domestique peu coûteux et
+
préférable au looeh pectoral du Codex.
+
  
Cullat de Puigien (1) a indiqué un thé d'un nouveau genre fait avec des
+
Cullat de Puigien (1) a indiqué un thé d’un nouveau genre fait avec des coquilles d’amandes; voici comme on le prépare : Prenez une poignée de coquilles d'amandes, concassez-les, f;dtes-les bouillir dans 1 litre d'eau pendent une bonne heure; filtrez ensuite à travers un linge de colon fin. Cette boisson, saine et balsamique, se distingue par un goût de vanille très-agréable. Lemaître, de Carpentras, la recommande, mêlée avec du lait, contre les inflammations de poitrine. (Mignot l'a expérimentée contre la co-
coquilles d'amandes; voici comme on le prépare : Prenez une poignée de
+
coquilles d'amandes, concassez-les, f;dtes-les bouillir dans 1 litre d'eau pen-
+
dant une bonne heure; filtrez ensuite à travers un linge de colon fin. Cette
+
boisson, saine et balsamique, se distingue par un goût de vanille très-
+
agréable. Lemaître, de Carpentras, la recommande, mêlée avec du lait,
+
contre les inflammations de poitrine. (Mignot l'a expérimentée contre la co-
+
  
 
(1) Journal des connaissances utiles, année 1834, p. 41'.
 
(1) Journal des connaissances utiles, année 1834, p. 41'.
Ligne 201 : Ligne 98 :
  
  
queluche (1), et il conclut de ses essais qu'administrée dès que l'état spas-
+
queluche (1), et il conclut de ses essais qu'administrée dès que l'état spasmodique commence à prédominer, elle diminue la violence des quintes. C’est là non un agent curatif, mais un sédatif dont le concours peut être avantageux.)
modique commence à prédominer, elle diminue la violence des quintes.
+
C'est là non un agent curatif, mais un sédatif dont le concours peut être
+
avantageux.)
+
  
A l'extérieur, l'huile d'amandes douces amollit, adoucit les tissus. Elle
+
A l’extérieur, l'huile d'amandes douces amollit, adoucit les tissus. Elle est utile en embrocation dans quelques névralgies, dans les inflammations externes, les brûlures au premier degré, sur certaines tumeurs, (et pour diminuer la tension de la peau dans les érysipèles de la face. Scouttelten en fait, dans la scarlatine et la rougeole, des frictions sur.tout le corps. Elles diminuent les démangeaisons et préserveraient de l’anasarque, suivant cet observateur) (2). Charles Leroy en tirait un grand avantage en frictions sur le bas-ventre dans les inflammations abdominales et dans les constipations opiniâtres. On trempe la main dans l’huile chauffée à un certain degré, et on en frotte le ventre en tous sens. Quand l’huile de la main est absorbée, on la trempe de nouveau, et l'on refrolte. On continue cette opération pendent un quart d'heure ou une demi-heure. « J’ai vu, dit Duplanil, cité par Buchan, le ventre se lâcher à la première tentative; mais souvent il faut réitérer cette opération trois ou quatre fois, à une heure de distance l’une de l’autre. » Les bains tièdes, pris dans l’intervalle des frictions huileuses, rendent l'effet de ces dernières plus efficace et plus prompt.
est utile en embrocation dans quelques névralgies, dans les inflammations
+
externes, les brûlures au premier degré, sur certaines tumeurs, (et pour di-
+
minuer la tension de la peau dans les érysipèles de la face. Scouttelten en
+
fait, dans la scarlatine et la rougeole, des frictions sur.tout le corps. Elles
+
diminuent les démangeaisons et préserveraient de l'anasarque, suivant cet
+
observateur) (2). Charles Leroy en tirait un grand avantage en frictions sur
+
le bas-ventre dans les inflammations abdominales et dans les constipations
+
opiniâtres. On trempe la main dans l'huile chauffée à un certain degré, et
+
on en frotte le ventre en tous sens. Quand l'huile de la main est absorbée,
+
on la trempe de nouveau, et l'on refrolte. On continue cette opération pen-
+
dant un quart d'heure ou une demi-heure. « J'ai vu, dit Duplanil, cité par
+
Buchan, le ventre se lâcher à la première tentative; mais souvent il faut
+
réitérer cette opération trois ou quatre fois, à une heure de distance l'une
+
de l'autre. » Les bains tièdes, pris dans l'intervalle des frictions huileuses,
+
rendent l'effet de ces dernières plus efficace et plus prompt.
+
  
Les parfumeurs vendent, sous le nom de pâte d'amandes, le résidu des
+
Les parfumeurs vendent, sous le nom de pâte d’amandes, le résidu des amandes qui ont déjà servi à l’expression de l'huile, desséché et réduit en farine. On connaît son utilité pour nettoyer et adoucir la peau. En y ajoutant une certaine portion d’amandes amères, cette farine est beaucoup plus détersive et pourrait servir comme médicament externe, sous forme de cataplasme, contre certaines phlogoses cutanées et certaines taches du visage.
amandes qui ont déjà servi à l'expression de l'huile, desséché et réduit en
+
farine. On connaît son utilité pour nettoyer et adoucir la peau. En y ajou-
+
tant une certaine portion d'amandes amères, cette farine est beaucoup plus
+
délersive et pourrait servir comme médicament externe, sous forme de
+
cataplasme, contre certaines phlogoses cutanées et certaines taches du vi-
+
sage.
+
  
 
==Amandes amères==
 
==Amandes amères==
Ligne 240 : Ligne 113 :
 
^ Les amandes amères, sauf le goût, doivent présenter les mêmes caractères physiques que les amandes douces.
 
^ Les amandes amères, sauf le goût, doivent présenter les mêmes caractères physiques que les amandes douces.
  
Propriétés chimiques. — Les amandes amères contiennent moins d'huile
+
Propriétés chimiques. — Les amandes amères contiennent moins d’huile fixe que les amandes d.,uses, mais plus d'émulsine (ou synaptase) que celles-ci. Elles contiennent, en outre, environ de 1 à 2,2 pour luO d’un principe particulier nommé amygdaline. C'est cette substance et la synaptase qui, au contact de l'eau, donnent
fixe que les amandes d.,uces, mais plus d'émulsine (ou synaptase) que celles-ci. Elles
+
naissance à l’huile essentielle (hydrure de bemoVe), et à une certaine quantité d'acide cyanhydrique. Ces produits résultent de la réaction de la synaptase sur l’amygdalite, laquelle, comme nous venons de le dire, ne peut s’opérer que par l'intermédiaire de l'eau. Il se formé encore, en même temps, de l'acide formique et du sucre.
contiennent, en outre, environ de 1 à 2,2 pour luO d'un principe particulier nommé
+
amygdaline. C'est cette substance et la synaptase qui, au contact de l'eau, donnent
+
naissance à l'huile essentielle (hydrure de bemoVe), et à une certaine quantité d'acide
+
cyanhydrique. Ces produits résultent de la réaction de la synaptase sur l'amygdaline,
+
laquelle, comme nous venons de le dire, ne peut s'opérer que par l'intermédiaire de
+
l'eau. Il se formé encore, en même temps, de l'acide formique et du sucre.
+
  
L'huile essentielle d amandes amères est, comme celle de laurier-cerise, incolore,
+
L’huile essentielle d amandes amères est, comme celle de laurier-cerise, incolore, d'une saveur amère et brûlante, d'une odeur qui rappelle celle de l'acide cyanhydrique.
d'une saveur amère et brûlante, d'une odeur qui rappelle celle de l'acide cyanhydrique.
+
  
Suivant Kruger de Roslock {), les amandes amères peuvent donner un 96e de leur
+
Suivant Kruger de Roslock {‘à), les amandes amères peuvent donner un 96e de leur poids d'huile essentielle. Cette huile contient beaucoup d’acide prussique anhydre. Schrader (4) a tiré 8.0pour 100 d’huile essentielle récemment obtenue, c.oppert (5) a démontré 14.33 pour 100 d'acide cyanhydrique dans l'huile bien préparée. Ainsi que celle de laurier-cerise, elle s’altère facilement. L'essence se transforme en acide benzoïque. Il est donc nécessaire de la renouveler souvent, ou mieux, de lui substituer les amandes douces et l’amygdalite, d’après la formule de Liébig et Woelher, indiquée ci-dessous. ..
poids d'huile essentielle. Cette huile contient beaucoup d'acide prussique anhydre.
+
Schrader (4) a tiré 8.0pour 100 d'huile essentielle récemment obtenue, c.oppert (5) a
+
démontré 14.33 pour 100 d'acide cyanhydrique dans l'huile bien préparée. Ainsi que
+
celle de laurier-cerise, elle s'altère facilement. L'essence se transforme en acide ben-
+
zoïque. Il est donc nécessaire de la renouveler souvent, ou mieux, de lui substituer
+
les amandes douces et l'amygdaline, d'après la formule de Liébig et Woelher, indiquée
+
ci-dessous. ..
+
  
L eau distillée d'amandes amères contient une grande portion d'huile essentielle en
+
L eau distillée d’amandes amères contient une grande portion d'huile essentielle en excès que l'on sépare par la filtration. Chargée d’huile essentielle, cette eau pourrait être tres-dangereuse, prise à l'intérieur. [D'après les conseils de la commission de
excès que l'on sépare par la filtration. Chargée d'huile essentielle, cette eau pourrait
+
être tres-dangereuse, prise à l'intérieur. [D'après les conseils de la commission de
+
  
 
(1) Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1812, p. 360.
 
(1) Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1812, p. 360.
Ligne 278 : Ligne 135 :
  
  
rédaction du nouveau Codex, on ne fera plus désormais usage en médecine que d'eau
+
rédaction du nouveau Codex, on ne fera plus désormais usage en médecine que d’eau de laurier-cerise et d’amandes amères titrées, c'est-à-dire renfermant une proportion fixe et invariable d’acide cyanhydrique (le chiffre i/louo sera probablement adopté). Le dosage de l’acide cyanhydrique dans ces eaux se pratique au moyen d'une solution titrée de sulfate de cuivre que l’on verse goutte à goutte dans l'eau rendue ammoniacale jusqu'à ce qu'il y ait coloration bleue (Buignet). Chaque équivalent de cuivre employé correspond à 2 équivalents d’acide cyanhydrique. 1
de laurier-cerise et d'amandes amères titrées, c'est-à-dire renfermant une proportion
+
fixe et invariable d'acide cyanhydrique (le chiffre i/louo sera probablement adopté). Le
+
dosage de l'acide cyanhydrique dans ces eaux se pratique au moyen d'une solution
+
titrée de sulfate de cuivre que l'on verse goutte à goutte dans l'eau rendue ammoniacale
+
jusqu'à ce qu'il y ait coloration bleue (Buignet). Chaque équivalent de cuivre employé
+
correspond à 2 équivalents d'acide cyanhydrique. 1
+
  
L'huile fine extraite par expression des amandes amères n'a, ordinairement, aucune
+
L’huile fine extraite par expression des amandes amères n'a, ordinairement, aucune des propriétés vénéneuses du fruit. [Le plus souvent l’huile d'amandes douces du commerce est préparée avec le? amandes amères, parce que le résidu ou tourteau trouve de nombreuses applications en parfumerie.]
des propriétés vénéneuses du fruit. [Le plus souvent l'huile d'amandes douces du
+
commerce est préparée avec le? amandes amères, parce que le résidu ou tourteau trouve
+
de nombreuses applications en parfumerie.]
+
  
L'AMYGDALINE est une matière blanche, cristalline, d'une saveur d'abord sucrée,
+
L’AMYGDALINE est une matière blanche, cristalline, d'une saveur d'abord sucrée, rappelant bientôt celle des amandes amères. Soluble dans l’eau et dans l'alcool chauds, elle se cristallise par le refroidissement.
rappelant bientôt celle des amandes amères. Soluble dans l'eau et dans l'alcool chauds,
+
elle se cristallise par le refroidissement.
+
  
Substances in:-ompalib'es avec les amandes amères et leurs diverses préparations:
+
Substances in:-ompalib’es avec les amandes amères et leurs diverses préparations: les acides minéraux, les sulfates de fer, le soufre, le chlore, l’a/.otale d'argent, les iodures en général, les oxydes de mercure, le calomel ou protochlorure de mercure. Cette dernière substance, mêlée aux préparations d’amandes amères ou à l'eau de laurier-cerise, forme deux poisons redoutables : du deutochlorure (sublimé corrosif) et du cyanure de mercure. Le monde médical a connu l’empoisonnement qui eut lieu, il y a quelques années, chez une demoiselle de Montpellier, à laquelle on avait administré ce mélange comme médicament.
les acides minéraux, les sulfates de fer, le soufre, le chlore, l'a/.otale d'argent, les
+
iodures en général, les oxydes de mercure, le calomel ou protochlorure de mercure.
+
Cette dernière substance, mêlée aux préparations d'amandes amères ou à l'eau de
+
laurier-cerise, forme deux poisons redoutables : du deutochlorure (sublimé corrosif) et
+
du cyanure de mercure. Le monde médical a connu l'empoisonnement qui eut lieu, il
+
y a quelques années, chez une demoiselle de Montpellier, à laquelle on avait administré
+
ce mélange comme médicament.
+
  
 
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
 
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
  
A L'INTÉRIEUR. — Nombre, 2 à 4 mangées ou
+
A L’INTÉRIEUR. — Nombre, 2 à 4 mangées ou dans un looeh, dans uue émulsion d'amandes douces.
dans un looeh, dans uue émulsion d'a-
+
mandes douces.
+
  
Lait d'amandes amères (amandes douces et
+
Lait d’amandes amères (amandes douces et amères, dV chaque, 4 à .6 gr.; eau de rivière, 500 gr.; î-ucre, 60 gr.), à prendre dans les 24 heures
amères, dV chaque, 4 à .6 gr.; eau de rivière,
+
500 gr.; î-ucre, 60 gr.), à prendre dans les
+
24 heures
+
  
Eau distillée (1 sur 2 d'eau), 1 à-10 gr. en
+
Eau distillée (1 sur 2 d’eau), 1 à-10 gr. en potion, julep, etc., par jour (une cuillerée à bouche d’heure eu heure).
potion, julep, etc., par jour (une cuillerée à
+
bouche d'heure eu heure).
+
  
Huile essentielle purifiée (hydrnre de ben-
+
Huile essentielle purifiée (hydrnre de benzoîle). peu employée, 1 à 5 centigr., avec précaution.
zoîle). peu employée, 1 à 5 centigr., avec
+
précaution.
+
  
Huile essentielle non purifiée, de 1 à 3 centigr.,
+
Huile essentielle non purifiée, de 1 à 3 centigr., en potion, julep, émulsion, e c.
en potion, julep, émulsion, e c.
+
  
[Mais il vaut mieux ne pas en faire usage, à
+
[Mais il vaut mieux ne pas en faire usage, à cau«e des quantités variables d’acide cyanhydrique qu'elle peut renfermer. On la purifle par distillation au contact de la potasse et du perchlorure de fer )
cau«e des quantités variables d'acide cyan-
+
hydrique qu'elle peut renfermer. On la pu-
+
rifle par distillaiion au contact de la potasse
+
et du perchlorure de fer )
+
  
A L'EXTÉRIEUR, —^ Eau disùlfée pour lotions,
+
A L’EXTÉRIEUR, —^ Eau disùlfée pour lotions, fomentations.
fomentations.
+
  
Huile essentielle non purifiée, de 2 à 4 gr., on
+
Huile essentielle non purifiée, de 2 à 4 gr., on liniment, lotions, embrocations.
liniment, lotions, embrocations.
+
  
 
Tourteau en cataplasme.
 
Tourteau en cataplasme.
Ligne 342 : Ligne 165 :
 
Amygdaline, mixture de Liebig et Walher. —
 
Amygdaline, mixture de Liebig et Walher. —
  
Amandes douce*, 8 gr.; eau, Q. S.; amyg-
+
Amandes douce*, 8 gr.; eau, Q. S.; amygdaline, l gr.
daline, l gr.
+
  
Faites avec les amandes et l'eau une émul-
+
Faites avec les amandes et l'eau une émulsion; faites-y dissoudre l’amygdalite. Cette mixture contient 5 centigr d'acide cyanhydrique anhydre, et 45 à 50 centigr. d’huile essentielle d’amandes amères [par cuillère- d'heure en heure]. — L'amygdaline. ai si administrée donnera toujours une préparation identique. On pourra calculer la quantité d’acide cyanhydrique et d’huile essentielle d'amandes amères qui se forment p;ir la réac ion de l’émulsion et de l’eau sur l'an-ygdaline, tandis que les eaux dis aillées d'amandes amères et de laurier-, cerise, lorsqu'elles ne sont pas titiées, varient de composition. A l’abri de l'air, elles se conservent très-bien.
sion; faites-y dissoudre l'amygdaline. Cette
+
mixture contient 5 centigr d'acide cyan-
+
hydrique anhydre, et 45 à 50 centigr.
+
d'huile essentielle d'amandes amères [par
+
cuillère- d'heure en heure]. — L'amygda-
+
line. ai si administrée donnera toujours une
+
préparation identique. On pourra calculer
+
la quantité d'acide cyanhydrique et d'huile
+
essentielle d'amandes amères qui se for-
+
ment p;ir la réac ion de l'émulsion et de
+
l'eau sur l'an-ygdaline, tandis que les eaux
+
dis illées d'amandes amères et de laurier-,
+
cerise, lorsqu'elles ne sont pas titiées, va-
+
rient de composition. A l'abri de l'air, elles
+
se conservent très-bien.
+
  
Le lait d'amandes amères, préparé comme
+
Le lait d’amandes amères, préparé comme nous l'avons indiqué, est aussi une préparation à la fois simple, sûre et peu coûteuse. L'huile essentielle et l'acide cyanhydrique, qui se forment au contact de l’eau, n’ont p;is le temps de s'altérer On doit tou- jours la préférer à l’eau distillée d'amandes amères ou de laurier-cerise.
nous l'avons indiqué, est aussi une prépa-
+
ration à la fois simple, sûre et peu coû-
+
teuse. L'huile essentielle et l'acide cyanhy-
+
drique, qui se forment au contact de l'eau,
+
n'ont p;is le temps de s'altérer On doit tou-
+
jours la préférer à l'eau distillée d'amandes
+
amères ou de laurier-cerise.
+
  
Les propriétés toxiques des amandes amères étaient connues des anciens.
+
Les propriétés toxiques des amandes amères étaient connues des anciens. De nos jours, les travaux de « Wepfer, d'Orfila, de Brodie, Cullen, Christison, Villermé ont démontré que l’action de ce poison est tout à fait la même que celle de l'acide cyanhydrique.
De nos jours, les travaux de "Wepfer, d'Orfila, de Brodie, Cullen, Christison,
+
Villermé ont démontré que l'action de ce poison est tout à fait la même que
+
celle de l'acide cyanhydrique.
+
  
Cette action varie suivant Pidiosyncrasie des sujets. Une petite dose peut
+
Cette action varie suivant Pidiosyncrasie des sujets. Une petite dose peut produire des effets toxiques. Christison rapporte que le docteur Gregory ne pouvait manger la moindre quantité de ces fruits sans en éprouver les effets d’un véritable empoisonnement, auxquels succédait une éruption semblable à celle de l’urticaire. Une femme, sujette à des palpitations de coeur, fit, par les conseils d’une commère, usage des amandes amères; elle commença à en manger une par jour, et en augmenta ensuite le nombre par degrés. Arrivée au n° 7 par jour, elle éprouva des faiblesses générales, des évanouisse-
produire des effets toxiques. Christison rapporte que le docteur Gregory ne
+
pouvait manger la moindre quantité de ces fruits sans en éprouver les effets
+
d'un véritable empoisonnement, auxquels succédait une éruption semblable
+
à celle de l'urticaire. Une femme, sujette à des palpitations de coeur, fit, par
+
les conseils d'une commère, usage des amandes amères; elle commença
+
en manger une par jour, et en augmenta ensuite le nombre par degrés. Arri-
+
vée au n° 7 par jour, elle éprouva des faiblesses générales, des évanouisse-
+
 
downloadModeText.vue.download 88 sur 1308
 
downloadModeText.vue.download 88 sur 1308
  
Ligne 390 : Ligne 180 :
  
  
ments et une anxiété extrême (1). Virey (2) parle des accidents que pro-
+
ments et une anxiété extrême (1). Virey (2) parle des accidents que produisent souvent les macarons dans la composition desquels entrent beaucoup d’amandes amères.
duisent souvent les macarons dans la composition desquels entrent beaucoup
+
d'amandes amères.
+
  
Il faut ordinairement une plus grande quantité d'amandes pour causer
+
Il faut ordinairement une plus grande quantité d’amandes pour causer l'empoisonnement. Une femme (3) a donné à son enfant, âgé de quatre ans, le suc d’une poignée d'amandes amères pour le guérir des vers. A l’instant, coliques, gonflement du ventre, vertiges, serrement des mâchoires, écume à la bouche, convulsions, mort dans l’espace de deux heures.
l'empoisonnement. Une femme (3) a donné à son enfant, âgé de quatre ans,
+
le suc d'une poignée d'amandes amères pour le guérir des vers. A l'instant,
+
coliques, gonflement du ventre, vertiges, serrement des mâchoires, écume à
+
la bouche, convulsions, mort dans l'espace de deux heures.
+
  
Ortila a fait périr un chien en lui faisant avaler vingt amandes amères.
+
Ortila a fait périr un chien en lui faisant avaler vingt amandes amères. Wepfer a tué un chat en lui donnant 4 gr. d'amandes pilées. Cet auteur fait observer que l’empoisonnement est beaucoup plus actif, si l’on ne dépouille pas les amandes de leur enveloppe.
Wepfer a tué un chat en lui donnant 4 gr. d'amandes pilées. Cet auteur fait
+
observer que l'empoisonnement est beaucoup plus actif, si l'on ne dépouille
+
pas les amandes de leur enveloppe.
+
  
Le tourteau d'amandes amères, contenant tous les principes nécessaires à
+
Le tourteau d’amandes amères, contenant tous les principes nécessaires à la formation de l'huile essentielle, est très-vénéneux. On lit dans les Ephèmérides des curieux de la nature (déc. 1, ann. 8, p. 184), que plusieurs poules périrent pour avoir mangé de ce résidu.
la formation de l'huile essentielle, est très-vénéneux. On lit dans les Ephèmé-
+
rides des curieux de la nature (déc. 1, ann. 8, p. 184), que plusieurs poules
+
périrent pour avoir mangé de ce résidu.
+
  
L'huile essentielle d'amandes amères est beaucoup plus active. Davies (4)
+
L'huile essentielle d'amandes amères est beaucoup plus active. Davies (4) a fait périr un serin en deux minutes en lui déposant dans le bec une goutte de cette huile. La même quantité, mise dans la bouche d’une grenouille, causa immédiatement des accidents nerveux graves, et ce reptile n’échappa à la mort qu'en se plongeant dans l'eau.
a fait périr un serin en deux minutes en lui déposant dans le bec une goutte
+
de cette huile. La même quantité, mise dans la bouche d'une grenouille,
+
causa immédiatement des accidents nerveux graves, et ce reptile n'échappa
+
à la mort qu'en se plongeant dans l'eau.
+
  
Villermé, essayant le mode d'action des deux principes de l'huile essen-
+
Villermé, essayant le mode d'action des deux principes de l'huile essenteille d'amandes amères, reconnut que la portion cristallisable était douée de propriétés vénéneuses extrêmement actives, tandis que l’autre était tout à fait innocente. Une gouttelette de la première fit périr un moineau en vingt-cinq secondes et un cabiai dans l’espace de dix-huit minutes (o).
tielle d'amandes amères, reconnut que la portion cristallisable était douée
+
de propriétés vénéneuses extrêmement actives, tandis que l'autre était tout
+
à fait innocente. Une gouttelette de la première fit périr un moineau en
+
vingt-cinq secondes et un cabiai dans l'espace de dix-huit minutes (o).
+
  
Brodie (6), faisant des expériences sur ce poison, en mit une petite quan-
+
Brodie (6), faisant des expériences sur ce poison, en mit une petite quantité sur la langue, et éprouva des accidents nerveux assez graves. Merlzdoff (7) rapporte l'histoire d'un hypocondriaque qui prit 8 gr. d'huile essentielle d'amandes amères, et périt en une demi-heure.
tité sur la langue, et éprouva des accidents nerveux assez graves. Merlz-
+
doff (7) rapporte l'histoire d'un hypocondriaque qui prit 8 gr. d'huile essen-
+
tielle d'amandes amères, et périt en une demi-heure.
+
  
Un droguiste, éprouvant une vive attaque.de douleurs néphrétiques, boit
+
Un droguiste, éprouvant une vive attaque.de douleurs néphrétiques, boit d’un seul trait, au lieu d'esprit de nitre dulcitié, 15 grammes d'huile essentielle d'amandes amères. Tous les symptômes de l’empoisonnement sont portés au plus haut degré : syncopes, anxiété, faiblesse générale, pâleur mortelle, abaissement extrême du pouls et du rhylhme de toutes les fonctions, refroidissement général. Chavasse est appelé, fait vomir le malade à l'aide
d'un seul trait, au lieu d'esprit de nitre dulcitié, 15 grammes d'huile essen-
+
du sulfate de zinc, qu’il donne jusqu'à la dose de 12 gr. et de l'eau chaude. Il réchauffe le corps à l’aide de bouteilles d'eau chaude, de sachets et de linges chauds; il fait prendre un mélange d’eau-de-vie et d'ammoniaque étendus dans de l'eau. L’amélioration est instantanée, et le malade passe de la mort à la vie. On fait continuer la potion suivante : ammoniaque, 4 gr.; teinture de cardamome, 30 gr. ; mixture de camphre, 210 gr. Le malade guérit (8).
tielle d'amandes amères. Tous les symptômes de l'empoisonnement sont
+
portés au plus haut degré : syncopes, anxiété, faiblesse générale, pâleur mor-
+
telle, abaissement extrême du pouls et du rhylhme de toutes les fonctions,
+
refroidissement général. Chavasse est appelé, fait vomir le malade à l'aide
+
du sulfate de zinc, qu'il donne jusqu'à la dose de 12 gr. et de l'eau chaude.
+
Il réchauffe le corps à l'aide de bouteilles d'eau chaude, de sachets et de
+
linges chauds; il fait prendre un mélange d'eau-de-vie et d'ammoniaque
+
étendus dans de l'eau. L'amélioration est instantanée, et le malade passe
+
de la mort à la vie. On fait continuer la potion suivante : ammoniaque, 4 gr.;
+
teinture de cardamome, 30 gr. ; mixture de camphre, 210 gr. Le malade
+
guérit (8).
+
  
(Un parfumeur de vingt-six ans, ayant avalé environ 1 once d'essence d'a-
+
(Un parfumeur de vingt-six ans, ayant avalé environ 1 once d'essence d'amandes amères, tombe immédiatement insensible, et ne tarde pas à expirer. A l’autopsie, on trouve la muqueuse gastrique d'un rouge pourpre intende; on retira du cerveau, par distillation, une grande quantité d'acide cyanhydrique) (9).
mandes amères, tombe immédiatement insensible, et ne tarde pas à expi-
+
rer. A l'autopsie, on trouve la muqueuse gastrique d'un rouge pourpre in-
+
tense; on retira du cerveau, par distillation, une grande quantité d'acide
+
cyanhydrique) (9).
+
  
 
■ (1) Annales cliniques de Montpellier, t. I, p. 297.
 
■ (1) Annales cliniques de Montpellier, t. I, p. 297.
Ligne 468 : Ligne 220 :
  
  
(L'usage simultané de certaines substances et des amandes amères a pu
+
(L’usage simultané de certaines substances et des amandes amères a pu amener des accidents. Ces faits sont importants à connaître, pour mettre les praticiens en garde et pour leur faire recommander l’abstention de certains aliments pendant l’emploi de ces substances médicamenteuses. Une enfant de douze ans, qui suivait depuis trois semaines un traitement par l’iodure de potassium, fut prise, deux jours de suite, à la même heure, de nausées violentes et de vomissements. Bronneuyn apprit que ces deux jours-là elle avait, trois heures avant que les accidents ne se déclarassent, mangé d’une crème faite avec une quantité d’amandes douces et d’amandes amères. La crème, d'ailleurs, était de bonne qualité. D’autres enfants de la même famille en avaient mangé autant que la malade sans en ressentir le moindre inconvénient. Bronneuyn conclut que l’iodure s'était converti en un cyanure de potassium toxique, et, pour compléter la démonstration, il fit boire à un chien du’ lait contenant de l’iodure de potassium; puis il lui donna de la crème. Au bout de quelques heures, l'animal fut pris de vomissements, délire furieux, paralysie des jambes) (1). Voyez Substances incompatibles.
amener des accidents. Ces faits sont importants à connaître, pour mettre les
+
praticiens en garde et pour leur faire recommander l'abstention de certains
+
aliments pendant l'emploi de ces substances médicamenteuses. Une enfant
+
de douze ans, qui suivait depuis trois semaines un traitement par l'iodure
+
de potassium, fut prise, deux jours de suite, à la même heure, de nausées
+
violentes et de vomissements. Bronneuyn apprit que ces deux jours-là elle
+
avait, trois heures avant que les accidents ne se déclarassent, mangé d'une
+
crème faite avec une quantité d'amandes douces et d'amandes amères. La
+
crème, d'ailleurs, était de bonne qualité. D'autres enfants de la même fa-
+
mille en avaient mangé autant que la malade sans en ressentir le moindre
+
inconvénient. Bronneuyn conclut que l'iodure s'était converti en un cyanure
+
de potassium toxique, et, pour compléter la démonstration, il fit boire à un
+
chien du' lait contenant de l'iodure de potassium; puis il lui donna de la
+
crème. Au bout de quelques heures, l'animal fut pris de vomissements, dé-
+
lire furieux, paralysie des jambes) (1). Voyez Substances incompatibles.
+
  
Les symptômes et le traitement de l'empoisonnement par les amandes
+
Les symptômes et le traitement de l’empoisonnement par les amandes amères et par l’huile essentielle sont absolument les mêmes que ceux de l’empoisonnement par l'acide cyanhydrique, par les amandes de la pêche, par le laurier-cerise, etc. 11 est évident qu’alors la mort arrive par l'extrême asthénie, si l'on n'administre pas de suite de fortes doses de stimulants diffusibles, tels que l'alcool et l'ammoniaque.
amères et par l'huile essentielle sont absolument les mêmes que ceux de
+
l'empoisonnement par l'acide cyanhydrique, par les amandes de la pêche,
+
par le laurier-cerise, etc. 11 est évident qu'alors la mort arrive par l'extrême
+
asthénie, si l'on n'administre pas de suite de fortes doses de stimulants dif-
+
fusibles, tels que l'alcool et l'ammoniaque.
+
  
(Si l'alcool est utile contre l'empoisonnement par les amandes, celles-ci
+
(Si l’alcool est utile contre l'empoisonnement par les amandes, celles-ci paraissent neutraliser les effets des boissons spiritueuses. Dioscoride conseille d’en manger de quatre à six avant un repas où la sobriété ne doit pas régner. Plutarque nous raconte que pareille précaution était souvent prise par le fils de Néron. L’opposition d'action (Giacomini) est démontrée par l’innocuité relative de la liqueur connue sous le nom de Bosolis d'amandes amères, qui est mieux tolérée que toute autre boisson à proportions égales d’alcool. L'influence hyposthénisante des amandes, d'après la doctrine italienne, fait contrepoids à l'hypersthénie qui résulte de l'ingestion de l'alcool.)
paraissent neutraliser les effets des boissons spiritueuses. Dioscoride con-
+
seille d'en manger de quatre à six avant un repas où la sobriété ne doit pas
+
régner. Plutarque nous raconte que pareille précaution était souvent prise
+
par le fils de Néron. L'opposition d'action (Giacomini) est démontrée par
+
l'innocuité relative de la liqueur connue sous le nom de Bosolis d'amandes
+
amères, qui est mieux tolérée que toute autre boisson à proportions égales
+
d'alcool. L'influence hyposthénisante des amandes, d'après la doctrine ita-
+
lienne, fait contrepoids à l'hypersthénie qui résulte de l'ingestion de l'al-
+
cool.)
+
  
L'eau distillée d'amandes amères a une activité qu'elle doit à l'huile essen-
+
L’eau distillée d'amandes amères a une activité qu'elle doit à l'huile essentielle qu'elle contient, et celle-ci a pour principe vénéneux l'acide hydrocyanique. Il est facile, d'après les analyses de Krùger, de Schroeder, de Goppert (voyez Propriétés chimiques), de calculer les doses d’amandes amères qui pourront causer l’empoisonnement; il suffira pour cela de connaître la portée toxique de l'acide cyanhydrique.
tielle qu'elle contient, et celle-ci a pour principe vénéneux l'acide hydro-
+
cyanique. Il est facile, d'après les analyses de Krùger, de Schroeder, de Gop-
+
pert (voyez Propriétés chimiques), de calculer les doses d'amandes amères
+
qui pourront causer l'empoisonnement; il suffira pour cela de connaître la
+
portée toxique de l'acide cyanhydrique.
+
  
Comme l'acide hydrocyanique et l'eau cohobée de laurier-cerise, les
+
Comme l’acide hydrocyanique et l'eau cohobée de laurier-cerise, les amandes amères conviennent en thérapeutique, d’après les expériences de Borda, dans toutes les maladies dont le fond est d'excitation. Les anciens les prescrivaient contre les tranchées utérines, les fliicurs blanches, la pneumonie, la pleurésie, etc. Boerhaave les recommande dans toutes les affections phlogistiques indistinctement; — P. Frank, contre les affections éruptives de la peau; — Bateman, dans les affections cutanées douloureuses; — Thébesius (2), comme préservatif de l’hydrophobe(en faisant toutefois appliquer des ventouses scarifiées sur la morsure); — Cullen, Hufeland, contre les fièvres intermittentes.
amandes amères conviennent en thérapeutique, d'après les expériences de
+
Borda, dans toutes les maladies dont le fond est d'excitation. Les anciens les
+
prescrivaient contre les tranchées utérines, les fliicurs blanches, la pneumo-
+
nie, la pleurésie, etc. Boerhaave les recommande dans toutes les affections
+
phlogistiques indistinctement; — P. Frank, contre les affections éruptives
+
de la peau; — Bateman, dans les affections cutanées douloureuses; — Thé-
+
besius (2), comme préservatif de l'hydrophobie (en faisant toutefois appli-
+
quer des ventouses scarifiées sur la morsure); — Cullen, Hufeland, contre
+
les fièvres intermittentes.
+
  
Bergius conseille 1 ou 2 livres d'émulsion (300 à 1,000 gr.) d'amandes
+
Bergius conseille 1 ou 2 livres d’émulsion (300 à 1,000 gr.) d'amandes amères les jours apyrétiques des fièvres intermittentes. — Mylius (3) préfère les amandes amères à tous les autres succédanés du quinquina. Il prescrit une émulsion faite avec 6 ou 8 gr. d’amandes dans 100 ou 125 gr. d'eau pour
amères les jours apyrétiques des fièvres intermittentes. — Mylius (3) préfère
+
les amandes amères à tous les autres succédanés du quinquina. Il prescrit
+
une émulsion faite avec 6 ou 8 gr. d'amandes dans 100 ou 125 gr. d'eau pour
+
  
 
(1) Gaz. med. Sta. Sardi, 1861.
 
(1) Gaz. med. Sta. Sardi, 1861.
Ligne 535 : Ligne 241 :
 
[61]
 
[61]
  
une dose à prendre une heure avant l'accès. Il dit avoir guéri par ce moyen
+
une dose à prendre une heure avant l'accès. Il dit avoir guéri par ce moyen dix-sept malades dans l’espace de deux mois; pour quelques-uns, il n’a fallu que trois doses, d'autres en ont pris jusqu'à onze.
dix-sept malades dans l'espace de deux mois; pour quelques-uns, il n'a fallu
+
que trois doses, d'autres en ont pris jusqu'à onze.
+
  
Frank, de Posen, qui a répété avec succès les expériences de Bergius et
+
Frank, de Posen, qui a répété avec succès les expériences de Bergius et de Mylius, ajoutait à l’émulsion 4 à 8 gr. d'extrait de petite centaurée.
de Mylius, ajoutait à l'émulsion 4 à 8 gr. d'extrait de petite centaurée.
+
  
Wauters rapporte un grand nombre d'observations recueillies dans
+
Wauters rapporte un grand nombre d’observations recueillies dans les hôpitaux de Gand, en 1808 et 1809, et constatant l’efficacité de cette mixture comme succédané du quinquina dans les fièvres intermittentes. Le plus souvent, il suffisait de l’administrer deux ou trois fois pour couper la fièvre, qui, dans ces contrées, était alors endémico-épidémique et tout à fait due à l’intoxication paludéenne, qui attaqua si cruellement à Walcheren les armées anglaise et française.
les hôpitaux de Gand, en 1808 et 1809, et constatant l'efficacité de cette
+
mixture comme succédané du quinquina dans les fièvres intermittentes. Le
+
plus souvent, il suffisait de l'administrer deux ou trois fois pour couper la
+
fièvre, qui, dans ces contrées, était alors endémico-épidémique et tout à fait
+
due à l'intoxication paludéenne, qui attaqua si cruellement à Walcheren les
+
armées anglaise et française.
+
  
Ce fébrifuge doit êtrj prescrit avec prudence, surtout aux enfants, pour
+
Ce fébrifuge doit être prescrit avec prudence, surtout aux enfants, pour lesquels il faut toujours commencer par des doses légères, afin d’éviter les effets toxiques, si faciles à produire dans lespremières années de la vie.
lesquels il faut toujours commencer par des doses légères, afin d'éviter les
+
effets toxiques, si faciles à produire dans lespremières années de la vie.
+
  
Dans certains cas, on donne les amandes amères entières, au nombre
+
Dans certains cas, on donne les amandes amères entières, au nombre d’une à six par jour; on en diminue le nombre ou on les suspend tout à fait quand il survient des vertiges ou des nausées. Ainsi administrées, elles m’ont souvent réussi dans les flueurs blanches accompagnées d'un état d'irritabilité de l’estomac et du système nerveux qui interdisait l'usage des amers et des ferrugineux.
d'une à six par jour; on en diminue le nombre ou on les suspend tout à fait
+
quand il survient des vertiges ou des nausées. Ainsi administrées, elles
+
m'ont souvent réussi dans les flueurs blanches accompagnées d'un état d'ir-
+
ritabilité de l'estomac et du système nerveux qui interdisait l'usage des
+
amers et des ferrugineux.
+
  
On emploie les amandes amères contre les maladies vermineuses, les toux
+
On emploie les amandes amères contre les maladies vermineuses, les toux nerveuses, les accès d’asthme, la coqueluche, etc.
nerveuses, les accès d'asthme, la coqueluche, etc.
+
  
(Pendant une épidémie de cette dernière maladie, qui a régné à Dram-
+
(Pendant une épidémie de cette dernière maladie, qui a régné à Dramburg (Prusse), Schubert a eu recours, avec le plus grand succès, à l'eau d'amandes amères administrée par gouttes, dont le nombre, d’abord de 2 toutes les trois heures, était progressivement élevé à 8 et 10) (1).
burg (Prusse), Schubert a eu recours, avec le plus grand succès, à l'eau d'a-
+
mandes amères administrée par gouttes, dont le nombre, d'abord de 2 toutes
+
les trois heures, était progressivement élevé à 8 et 10) (1).
+
  
A l'extérieur, on les applique sur les ulcères douloureux, le cancer, sur
+
A l’extérieur, on les applique sur les ulcères douloureux, le cancer, sur quelques affections cutanées avec douleur. Leur émulsion est très-efficace pour calmer l’irritation de la peau et le prurit des affections dartreuses. Je l'ai employée avec avantage dans le prurit de la vulve. — « Le tourteau d'amandes amères a été appliqué avec un avantage très-marqué sous forme de cataplasme, chez une jeune personne prédisposée à la phthisie, et dont la peau de la pointe et de la base du nez était habituellement rouge, boursouflée et couverte de boutons (2). »
quelques affections cutanées avec douleur. Leur émulsion est très-efficace
+
pour calmer l'irritation de la peau et le prurit des affections dartreuses. Je
+
l'ai employée avec avantage dans le prurit de la vulve. — « Le tourteau d'a-
+
mandes amères a été appliqué avec un avantage très-marqué sous forme de
+
cataplasme, chez une jeune personne prédisposée à la phthisie, et dont la
+
peau de la pointe et de la base du nez était habituellement rouge, bour-
+
souflée et couverte de boutons (2). »
+
  
La pulpe d'amandes amères, humectée d'eau de laurier-cerise, m'a été
+
La pulpe d’amandes amères, humectée d'eau de laurier-cerise, m'a été utile en cataplasme, pour calmer les douleurs névralgiques, les gastralgies, les douleurs hépatiques et néphrétiques causées par la présence des calculs, etc.
utile en cataplasme, pour calmer les douleurs névralgiques, les gastralgies,
+
les douleurs hépatiques et néphrétiques causées par la présence des cal-
+
culs, etc.
+
  
_ [Réveil emploie avec succès, dans les migraines et dans tous les cas où
+
_ [Réveil emploie avec succès, dans les migraines et dans tous les cas où il s’agit de calmer des douleurs vives, des cataplasmes préparés avec de Feau tiède et de la farine de tourteau d’amandes amères. Ces cataplasmes appliqués tièdes sont très-légèrement rubéfiants; mais ils deviennent bientôt sédatifs et calmants.]
il s'agit de calmer des douleurs vives, des cataplasmes préparés avec de
+
Feau tiède et de la farine de tourteau d'amandes amères. Ces cataplasmes
+
appliqués tièdes sont très-légèrement rubéfiants; mais ils deviennent bien-
+
tôt sédatifs et calmants.]
+
  
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]

Version du 25 janvier 2013 à 22:12

Alliaire
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Ambroisie



[54]


Amandier

Voir la page Prunus dulcis, nom accepté

AMANDIER. Amygdalus communis. L.

Amygdalus saliva et sylvestris. BAUH. — Amygdalus sativa fructu majore. T.

ROSACÉES. — AMYGDALÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. L.

Cet arbre, originaire de la Mauritanie, est cultivé en France et surtout en Provence. Il croît naturellement sur les côtes septentrionales de l'Afrique.

L'Ancien Testament fait mention des amandes. Hippocrate employait les amandes douces et amères. Théophraste en parle, et Dioscoride décrit la manière d’en obtenir l'huile.

Description. — Tige de 8 à dis mètres, droite. — Feuilles moins longues que celles du pécher, alternes, pétiolées, étroites, pointues, bords finement serrés ; les dentelures de la base glanduleuses.— Fleurs comme celles du pêcher, mais à pétales plus grands et d’un blanc souvent mêlé de couleur de rose (les premières au printemps). — Fruit verdâtre, ovale, composé d’un brou médiocrement épais, ferme, peu succulent, au-dessous duquel se trouve un noyau ligneux, sillonné, renfermant une amande tendre, ovale, terminée en pointe, à son sommet, d’une saveur douce ou amère selon l’une des deux variétés de l’arbre dont elle provient, et qui est la seule partie employée en médecine. La seule distinction botanique qu’on puisse établir entre ces deux variétés, c'est que dans la variété amère le style est de la même longueur que les étamines, et


[55]


que les pétioles sont maculés de points glanduleux, tandis que dans la variété douce le style est beaucoup plus long que les étamines, et que les glandes, au lieu d’être sur les pétioles, sont à la base des dents des feuilles.

Amandes douces

Voir la page Prunus dulcis, nom accepté


AMANDES DOUCES. Amygdalis dulcis.

Dans le commerce, suivant que les amandes sont grosses, moyennes ou petites, on les désigne sous les noms spécifiques de gros flots, flots et en sorte. Les meilleures sont celles qui sont grosses, bien entières, non vermoulues, à cassure blanche et sans odeur. Lorsqu'elles sont vieilles, leur cassure est jaunâtre et leur goût est acre.

Propriétés cliimiqu.es.— Les amandes douces contiennent pour 100 environ 54 d’huile line, ‘i/i d'une variété d'albumine soluble nommée émulsine ou synapiase, puis du sucre, de la gomme et un parenchyme. C'est l’emulsine qui, dans l'émulsion d'am-mdes, tient l'huile, en suspension. Elle dissout et rend miscible à l'eau le camphre, la résine de jalap et autres substances résineuses avec lesquelles elle est triturée. Elle peut s’unir a l'eau au moyen d'un blanc ou d'un jaune d oeuf.

L'huile d'amandes douces doit être récemment préparée, parce qu'elle rancit facilement, et qu'elle irrite alors au lieu d'adoucir. Extraite à froid, elle se conserve plus longtemps.

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L’INTÉRIEUR.— Émulsi'in au lait d'amandes, 30 gr. d’amandes douces dépouillées de leur pellicule, pilées a\ec un pou d’eau froide et de sucre dans un n ortier de marbre, réduites en pâte que l’on délaie avec 1 kil-gr. d’eau, à laquelle on ajoute 30 gr. de sirop ou de sucre. On passe à raversune i taurine.

Sirop d'amandes douces (sirop d'orgeal), préparé à l’aide de l'émulsion et du sucre, à prendre dans l'eau, en potion, etc.

Huile, 15 à 30 gr. dans uni- solution ou potion gominei^e

A L'EXTÉRIEUR. — Huile, en lavement, embrocation, liniment.

Les amandes douces servent à faire des lochs, et concurremment avec les amandes artères, à composer le sirop d'orgeat. — Je prescris souvent le bouillon de veau et d'amandes douces coupées par morceaux, comme adoucissant et rafraîchissant. On préparait aussi, par la distillation des amandes non écorcées, une eau mucilagineuse ayant l’odeur de la fleur d’acacia. |L’amande ou émulsion d'amandes se. fait dans les ménages en privant l’amande douce de son enveloppe (épispeime) ; pour cela, on la fait tremper dans de l’eau tiède; après quelque temps la pellicule s'enlève par simple pression entre les doigts ; l’amande est alors fortement pressée dans un mortier de marbre avec un peu de sucre, et lorsque la pâte est bien homogène, on délaye dans l’eau et on passe ; on t'administre pure ou mélangée.]

Les amandes douces sont très-usitées comme aliment et comme médicament. On les sert vertes et sèches sur nos tables. On en fait des gâteaux, des biscuits, des massepains, des macarons, des dragées, des pralines, du nougat, un blanc-manger, etc. Dillon propose une boisson analogue au café, en faisant rôtir des amandes avec du seigle. Les amandes torréfiées sont prescrites aussi aux convalescents, soit entières, mangées avec du pain, soit en potages, après avoir été pulvérisées et mêlées avec de l’orge. Assez difficiles à digérer, elles ne doivent pas être prises en grande quantité par les personnes dont l’estomac est faible.

(Pavy (1) propose de remplacer dans le régime des diabétiques le pain de gluten par le biscuit d’amandes. Les amandes contenant 6 pour 100 de sucre, il les en prive en versant sur leur poudre de l’eau bouillante légèrement acidulée par l'acide tartrique. La farine, ainsi traitée, est jointe à des oeufs, et sert à faire des biscuits très-nutritifs, sans principes sucrés ni féculents.)

Le lait d'amandes est adoucissant, rafraîchissant, calmant. On l’emploie dans les fièvres, les inflammations des voies urinaires et gastro-intestinales, les phlegmasies cutanées, les irritations nerveuses, les affections catarrhales

(1) Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, 1863, p. 180.


[56]

aiguës, etc., surtout dans les redoublements fébriles, vers le soir, afin que les nuits soient moins agitées. L’émulsion est plus calmante quand à l'eau simple on substitue l'eau distillée ou la décoction de laitue. Dans les irritations inflammatoires de la poitrine, on remplace avantageusement le sucre par le sirop de guimauve ou de violette, et quand il y a toux douloureuse, par le sirop de pavot blanc. Pour la rendre plus antiphlogistique, surtout dans les irritations phlegmasiques des voies urinaires, on y ajoute du nitrate de potasse.

L’émulsion d'amandes douces soulage les maladies du coeur, et particulièrement les palpitations qui tiennent à un état d’irritation et de spasme. Roques guérit., au moyen de cette émulsion et du bouillon de poulet, aux laitues pour tout aliment, un négociant de Bordeaux atteint de violentes palpitations de cette nature, dues à des causes morales.

Le lait d'amandes est très-utile dans les inflammations chroniques des viscères abdominaux, qui s’aggravent presque toujours sous l'influence d'une nourriture trop succulente. «Donnez’au malade, dit Roques, du bouillon de poulet coupé avec du lait d'amandes. Je ne saurais dire combien cette boisson, à la fois nutritive et tempérante, m’a été utile pour soutenir doucement les forces et pour terminer des inflammations d'une nature rebelle.

Le lait d’amandes coupé avec le lait de vache est une excellente boisson nutritive à la suite des maladies inflammatoires, lorsque l’estomac ne peut encore digérer les aliments solides. Celte boisson convient aussi aux phthisiques qui éprouvent de la chaleur et de l'irritation.

L’émulsion d'amandes douces, quand l'estomac la supporte bien, doit être prise en grande quantité pour produire un bon effet. Quand il y a une vive irritation, de la chaleur, de la soif, il faut en administrer au moins 1 kilogramme par jour.

L’huile d'amandes douces est adoucissante et légèrement laxative. Elle peut s'unir à l'eau au moyen d'un jaune d'oeuf. On la donne aux enfants atteints de coliques, de vers intestinaux, de volvulus, ou même de convulsions. (Suivant le professeur Coze père (conversation particulière), l'émulsion possède une action spéciale sur le gros intestin et devient précieuse contre les affections inflammatoires de cette partie du tube digestif.) Elle est utile contre les toux sèches et nerveuses, la strangurie, les douleurs néphrétiques, les calculs rénaux. Elle a souvent suffi, suivant Roques, pour arrêter l’action délétère des plantes vénéneuses, des champignons imprégnés de principes caustiques.

« Il est.très-utile, dit Hufeland, dans toutes les espèces d’hématurie, de prendre matin et soir une cuillerée à bouche d’huile d'amandes douces ou d'oeillette. »

J'emploie souvent, dans la bronchite aiguë et les toux opiniâtres, le mélange à parties égales d’huile d'amandes douces, de miel et de jaune d'oeuf. Les enfants prennent très-facilement cette marmelade par cuillerées à café. En la délayant dans une suffisante quantité de décoction de fleurs de guimade ou de coquelicot, on en fait un looeh domestique peu coûteux et préférable au looeh pectoral du Codex.

Cullat de Puigien (1) a indiqué un thé d’un nouveau genre fait avec des coquilles d’amandes; voici comme on le prépare : Prenez une poignée de coquilles d'amandes, concassez-les, f;dtes-les bouillir dans 1 litre d'eau pendent une bonne heure; filtrez ensuite à travers un linge de colon fin. Cette boisson, saine et balsamique, se distingue par un goût de vanille très-agréable. Lemaître, de Carpentras, la recommande, mêlée avec du lait, contre les inflammations de poitrine. (Mignot l'a expérimentée contre la co-

(1) Journal des connaissances utiles, année 1834, p. 41'.


[57]


queluche (1), et il conclut de ses essais qu'administrée dès que l'état spasmodique commence à prédominer, elle diminue la violence des quintes. C’est là non un agent curatif, mais un sédatif dont le concours peut être avantageux.)

A l’extérieur, l'huile d'amandes douces amollit, adoucit les tissus. Elle est utile en embrocation dans quelques névralgies, dans les inflammations externes, les brûlures au premier degré, sur certaines tumeurs, (et pour diminuer la tension de la peau dans les érysipèles de la face. Scouttelten en fait, dans la scarlatine et la rougeole, des frictions sur.tout le corps. Elles diminuent les démangeaisons et préserveraient de l’anasarque, suivant cet observateur) (2). Charles Leroy en tirait un grand avantage en frictions sur le bas-ventre dans les inflammations abdominales et dans les constipations opiniâtres. On trempe la main dans l’huile chauffée à un certain degré, et on en frotte le ventre en tous sens. Quand l’huile de la main est absorbée, on la trempe de nouveau, et l'on refrolte. On continue cette opération pendent un quart d'heure ou une demi-heure. « J’ai vu, dit Duplanil, cité par Buchan, le ventre se lâcher à la première tentative; mais souvent il faut réitérer cette opération trois ou quatre fois, à une heure de distance l’une de l’autre. » Les bains tièdes, pris dans l’intervalle des frictions huileuses, rendent l'effet de ces dernières plus efficace et plus prompt.

Les parfumeurs vendent, sous le nom de pâte d’amandes, le résidu des amandes qui ont déjà servi à l’expression de l'huile, desséché et réduit en farine. On connaît son utilité pour nettoyer et adoucir la peau. En y ajoutant une certaine portion d’amandes amères, cette farine est beaucoup plus détersive et pourrait servir comme médicament externe, sous forme de cataplasme, contre certaines phlogoses cutanées et certaines taches du visage.

Amandes amères

Voir la page Prunus dulcis, nom accepté


AMANDES AMÈRES. Amygdalæ amaræ.

^ Les amandes amères, sauf le goût, doivent présenter les mêmes caractères physiques que les amandes douces.

Propriétés chimiques. — Les amandes amères contiennent moins d’huile fixe que les amandes d.,uses, mais plus d'émulsine (ou synaptase) que celles-ci. Elles contiennent, en outre, environ de 1 à 2,2 pour luO d’un principe particulier nommé amygdaline. C'est cette substance et la synaptase qui, au contact de l'eau, donnent naissance à l’huile essentielle (hydrure de bemoVe), et à une certaine quantité d'acide cyanhydrique. Ces produits résultent de la réaction de la synaptase sur l’amygdalite, laquelle, comme nous venons de le dire, ne peut s’opérer que par l'intermédiaire de l'eau. Il se formé encore, en même temps, de l'acide formique et du sucre.

L’huile essentielle d amandes amères est, comme celle de laurier-cerise, incolore, d'une saveur amère et brûlante, d'une odeur qui rappelle celle de l'acide cyanhydrique.

Suivant Kruger de Roslock {‘à), les amandes amères peuvent donner un 96e de leur poids d'huile essentielle. Cette huile contient beaucoup d’acide prussique anhydre. Schrader (4) a tiré 8.0pour 100 d’huile essentielle récemment obtenue, c.oppert (5) a démontré 14.33 pour 100 d'acide cyanhydrique dans l'huile bien préparée. Ainsi que celle de laurier-cerise, elle s’altère facilement. L'essence se transforme en acide benzoïque. Il est donc nécessaire de la renouveler souvent, ou mieux, de lui substituer les amandes douces et l’amygdalite, d’après la formule de Liébig et Woelher, indiquée ci-dessous. ..

L eau distillée d’amandes amères contient une grande portion d'huile essentielle en excès que l'on sépare par la filtration. Chargée d’huile essentielle, cette eau pourrait être tres-dangereuse, prise à l'intérieur. [D'après les conseils de la commission de

(1) Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1812, p. 360.

(2) Union médicale, 31 mai 1859

\y ^ucnner's, Repertorium fur die Pharmacie, t. XII, p. 135. )*'■ Fechner's, Repertorium der Organischm Chemie, t. II, p. 65. (5j Rutt's, Magazine fur die geiammle HeilkunUe, t. XXXII, p. 500.


[58]


rédaction du nouveau Codex, on ne fera plus désormais usage en médecine que d’eau de laurier-cerise et d’amandes amères titrées, c'est-à-dire renfermant une proportion fixe et invariable d’acide cyanhydrique (le chiffre i/louo sera probablement adopté). Le dosage de l’acide cyanhydrique dans ces eaux se pratique au moyen d'une solution titrée de sulfate de cuivre que l’on verse goutte à goutte dans l'eau rendue ammoniacale jusqu'à ce qu'il y ait coloration bleue (Buignet). Chaque équivalent de cuivre employé correspond à 2 équivalents d’acide cyanhydrique. 1

L’huile fine extraite par expression des amandes amères n'a, ordinairement, aucune des propriétés vénéneuses du fruit. [Le plus souvent l’huile d'amandes douces du commerce est préparée avec le? amandes amères, parce que le résidu ou tourteau trouve de nombreuses applications en parfumerie.]

L’AMYGDALINE est une matière blanche, cristalline, d'une saveur d'abord sucrée, rappelant bientôt celle des amandes amères. Soluble dans l’eau et dans l'alcool chauds, elle se cristallise par le refroidissement.

Substances in:-ompalib’es avec les amandes amères et leurs diverses préparations: les acides minéraux, les sulfates de fer, le soufre, le chlore, l’a/.otale d'argent, les iodures en général, les oxydes de mercure, le calomel ou protochlorure de mercure. Cette dernière substance, mêlée aux préparations d’amandes amères ou à l'eau de laurier-cerise, forme deux poisons redoutables : du deutochlorure (sublimé corrosif) et du cyanure de mercure. Le monde médical a connu l’empoisonnement qui eut lieu, il y a quelques années, chez une demoiselle de Montpellier, à laquelle on avait administré ce mélange comme médicament.

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L’INTÉRIEUR. — Nombre, 2 à 4 mangées ou dans un looeh, dans uue émulsion d'amandes douces.

Lait d’amandes amères (amandes douces et amères, dV chaque, 4 à .6 gr.; eau de rivière, 500 gr.; î-ucre, 60 gr.), à prendre dans les 24 heures

Eau distillée (1 sur 2 d’eau), 1 à-10 gr. en potion, julep, etc., par jour (une cuillerée à bouche d’heure eu heure).

Huile essentielle purifiée (hydrnre de benzoîle). peu employée, 1 à 5 centigr., avec précaution.

Huile essentielle non purifiée, de 1 à 3 centigr., en potion, julep, émulsion, e c.

[Mais il vaut mieux ne pas en faire usage, à cau«e des quantités variables d’acide cyanhydrique qu'elle peut renfermer. On la purifle par distillation au contact de la potasse et du perchlorure de fer )

A L’EXTÉRIEUR, —^ Eau disùlfée pour lotions, fomentations.

Huile essentielle non purifiée, de 2 à 4 gr., on liniment, lotions, embrocations.

Tourteau en cataplasme.

Amygdaline, mixture de Liebig et Walher. —

Amandes douce*, 8 gr.; eau, Q. S.; amygdaline, l gr.

Faites avec les amandes et l'eau une émulsion; faites-y dissoudre l’amygdalite. Cette mixture contient 5 centigr d'acide cyanhydrique anhydre, et 45 à 50 centigr. d’huile essentielle d’amandes amères [par cuillère- d'heure en heure]. — L'amygdaline. ai si administrée donnera toujours une préparation identique. On pourra calculer la quantité d’acide cyanhydrique et d’huile essentielle d'amandes amères qui se forment p;ir la réac ion de l’émulsion et de l’eau sur l'an-ygdaline, tandis que les eaux dis aillées d'amandes amères et de laurier-, cerise, lorsqu'elles ne sont pas titiées, varient de composition. A l’abri de l'air, elles se conservent très-bien.

Le lait d’amandes amères, préparé comme nous l'avons indiqué, est aussi une préparation à la fois simple, sûre et peu coûteuse. L'huile essentielle et l'acide cyanhydrique, qui se forment au contact de l’eau, n’ont p;is le temps de s'altérer On doit tou- jours la préférer à l’eau distillée d'amandes amères ou de laurier-cerise.

Les propriétés toxiques des amandes amères étaient connues des anciens. De nos jours, les travaux de « Wepfer, d'Orfila, de Brodie, Cullen, Christison, Villermé ont démontré que l’action de ce poison est tout à fait la même que celle de l'acide cyanhydrique.

Cette action varie suivant Pidiosyncrasie des sujets. Une petite dose peut produire des effets toxiques. Christison rapporte que le docteur Gregory ne pouvait manger la moindre quantité de ces fruits sans en éprouver les effets d’un véritable empoisonnement, auxquels succédait une éruption semblable à celle de l’urticaire. Une femme, sujette à des palpitations de coeur, fit, par les conseils d’une commère, usage des amandes amères; elle commença à en manger une par jour, et en augmenta ensuite le nombre par degrés. Arrivée au n° 7 par jour, elle éprouva des faiblesses générales, des évanouisse- downloadModeText.vue.download 88 sur 1308


[59]


ments et une anxiété extrême (1). Virey (2) parle des accidents que produisent souvent les macarons dans la composition desquels entrent beaucoup d’amandes amères.

Il faut ordinairement une plus grande quantité d’amandes pour causer l'empoisonnement. Une femme (3) a donné à son enfant, âgé de quatre ans, le suc d’une poignée d'amandes amères pour le guérir des vers. A l’instant, coliques, gonflement du ventre, vertiges, serrement des mâchoires, écume à la bouche, convulsions, mort dans l’espace de deux heures.

Ortila a fait périr un chien en lui faisant avaler vingt amandes amères. Wepfer a tué un chat en lui donnant 4 gr. d'amandes pilées. Cet auteur fait observer que l’empoisonnement est beaucoup plus actif, si l’on ne dépouille pas les amandes de leur enveloppe.

Le tourteau d’amandes amères, contenant tous les principes nécessaires à la formation de l'huile essentielle, est très-vénéneux. On lit dans les Ephèmérides des curieux de la nature (déc. 1, ann. 8, p. 184), que plusieurs poules périrent pour avoir mangé de ce résidu.

L'huile essentielle d'amandes amères est beaucoup plus active. Davies (4) a fait périr un serin en deux minutes en lui déposant dans le bec une goutte de cette huile. La même quantité, mise dans la bouche d’une grenouille, causa immédiatement des accidents nerveux graves, et ce reptile n’échappa à la mort qu'en se plongeant dans l'eau.

Villermé, essayant le mode d'action des deux principes de l'huile essenteille d'amandes amères, reconnut que la portion cristallisable était douée de propriétés vénéneuses extrêmement actives, tandis que l’autre était tout à fait innocente. Une gouttelette de la première fit périr un moineau en vingt-cinq secondes et un cabiai dans l’espace de dix-huit minutes (o).

Brodie (6), faisant des expériences sur ce poison, en mit une petite quantité sur la langue, et éprouva des accidents nerveux assez graves. Merlzdoff (7) rapporte l'histoire d'un hypocondriaque qui prit 8 gr. d'huile essentielle d'amandes amères, et périt en une demi-heure.

Un droguiste, éprouvant une vive attaque.de douleurs néphrétiques, boit d’un seul trait, au lieu d'esprit de nitre dulcitié, 15 grammes d'huile essentielle d'amandes amères. Tous les symptômes de l’empoisonnement sont portés au plus haut degré : syncopes, anxiété, faiblesse générale, pâleur mortelle, abaissement extrême du pouls et du rhylhme de toutes les fonctions, refroidissement général. Chavasse est appelé, fait vomir le malade à l'aide du sulfate de zinc, qu’il donne jusqu'à la dose de 12 gr. et de l'eau chaude. Il réchauffe le corps à l’aide de bouteilles d'eau chaude, de sachets et de linges chauds; il fait prendre un mélange d’eau-de-vie et d'ammoniaque étendus dans de l'eau. L’amélioration est instantanée, et le malade passe de la mort à la vie. On fait continuer la potion suivante : ammoniaque, 4 gr.; teinture de cardamome, 30 gr. ; mixture de camphre, 210 gr. Le malade guérit (8).

(Un parfumeur de vingt-six ans, ayant avalé environ 1 once d'essence d'amandes amères, tombe immédiatement insensible, et ne tarde pas à expirer. A l’autopsie, on trouve la muqueuse gastrique d'un rouge pourpre intende; on retira du cerveau, par distillation, une grande quantité d'acide cyanhydrique) (9).

■ (1) Annales cliniques de Montpellier, t. I, p. 297.

(2) Journal de pharmacie, t. II, p. 204.

(3) Coulon, Recherches sur l'acide lujdracyanique.

(4) Epist. de amyadalis et oleo amararum oeihereo, p. 8. 5) Journal de pharmacie, t. VIII, p. 301.

(6) Transactions philosophiques, année 1811, p. 183.

(7) Journal complémentaire des sciences médicales, t. XVII, p. 366.

(8) Gazette des hôpitaux, 2 novembre 1839.

(9) Harley, Médical Times, 1862.


[60]


(L’usage simultané de certaines substances et des amandes amères a pu amener des accidents. Ces faits sont importants à connaître, pour mettre les praticiens en garde et pour leur faire recommander l’abstention de certains aliments pendant l’emploi de ces substances médicamenteuses. Une enfant de douze ans, qui suivait depuis trois semaines un traitement par l’iodure de potassium, fut prise, deux jours de suite, à la même heure, de nausées violentes et de vomissements. Bronneuyn apprit que ces deux jours-là elle avait, trois heures avant que les accidents ne se déclarassent, mangé d’une crème faite avec une quantité d’amandes douces et d’amandes amères. La crème, d'ailleurs, était de bonne qualité. D’autres enfants de la même famille en avaient mangé autant que la malade sans en ressentir le moindre inconvénient. Bronneuyn conclut que l’iodure s'était converti en un cyanure de potassium toxique, et, pour compléter la démonstration, il fit boire à un chien du’ lait contenant de l’iodure de potassium; puis il lui donna de la crème. Au bout de quelques heures, l'animal fut pris de vomissements, délire furieux, paralysie des jambes) (1). Voyez Substances incompatibles.

Les symptômes et le traitement de l’empoisonnement par les amandes amères et par l’huile essentielle sont absolument les mêmes que ceux de l’empoisonnement par l'acide cyanhydrique, par les amandes de la pêche, par le laurier-cerise, etc. 11 est évident qu’alors la mort arrive par l'extrême asthénie, si l'on n'administre pas de suite de fortes doses de stimulants diffusibles, tels que l'alcool et l'ammoniaque.

(Si l’alcool est utile contre l'empoisonnement par les amandes, celles-ci paraissent neutraliser les effets des boissons spiritueuses. Dioscoride conseille d’en manger de quatre à six avant un repas où la sobriété ne doit pas régner. Plutarque nous raconte que pareille précaution était souvent prise par le fils de Néron. L’opposition d'action (Giacomini) est démontrée par l’innocuité relative de la liqueur connue sous le nom de Bosolis d'amandes amères, qui est mieux tolérée que toute autre boisson à proportions égales d’alcool. L'influence hyposthénisante des amandes, d'après la doctrine italienne, fait contrepoids à l'hypersthénie qui résulte de l'ingestion de l'alcool.)

L’eau distillée d'amandes amères a une activité qu'elle doit à l'huile essentielle qu'elle contient, et celle-ci a pour principe vénéneux l'acide hydrocyanique. Il est facile, d'après les analyses de Krùger, de Schroeder, de Goppert (voyez Propriétés chimiques), de calculer les doses d’amandes amères qui pourront causer l’empoisonnement; il suffira pour cela de connaître la portée toxique de l'acide cyanhydrique.

Comme l’acide hydrocyanique et l'eau cohobée de laurier-cerise, les amandes amères conviennent en thérapeutique, d’après les expériences de Borda, dans toutes les maladies dont le fond est d'excitation. Les anciens les prescrivaient contre les tranchées utérines, les fliicurs blanches, la pneumonie, la pleurésie, etc. Boerhaave les recommande dans toutes les affections phlogistiques indistinctement; — P. Frank, contre les affections éruptives de la peau; — Bateman, dans les affections cutanées douloureuses; — Thébesius (2), comme préservatif de l’hydrophobe(en faisant toutefois appliquer des ventouses scarifiées sur la morsure); — Cullen, Hufeland, contre les fièvres intermittentes.

Bergius conseille 1 ou 2 livres d’émulsion (300 à 1,000 gr.) d'amandes amères les jours apyrétiques des fièvres intermittentes. — Mylius (3) préfère les amandes amères à tous les autres succédanés du quinquina. Il prescrit une émulsion faite avec 6 ou 8 gr. d’amandes dans 100 ou 125 gr. d'eau pour

(1) Gaz. med. Sta. Sardi, 1861.

(2) Ael. novanat. curios., t I, p. 181.

(3J Nouveau Journal de médecine, t. V, p. 120.


[61]

une dose à prendre une heure avant l'accès. Il dit avoir guéri par ce moyen dix-sept malades dans l’espace de deux mois; pour quelques-uns, il n’a fallu que trois doses, d'autres en ont pris jusqu'à onze.

Frank, de Posen, qui a répété avec succès les expériences de Bergius et de Mylius, ajoutait à l’émulsion 4 à 8 gr. d'extrait de petite centaurée.

Wauters rapporte un grand nombre d’observations recueillies dans les hôpitaux de Gand, en 1808 et 1809, et constatant l’efficacité de cette mixture comme succédané du quinquina dans les fièvres intermittentes. Le plus souvent, il suffisait de l’administrer deux ou trois fois pour couper la fièvre, qui, dans ces contrées, était alors endémico-épidémique et tout à fait due à l’intoxication paludéenne, qui attaqua si cruellement à Walcheren les armées anglaise et française.

Ce fébrifuge doit être prescrit avec prudence, surtout aux enfants, pour lesquels il faut toujours commencer par des doses légères, afin d’éviter les effets toxiques, si faciles à produire dans lespremières années de la vie.

Dans certains cas, on donne les amandes amères entières, au nombre d’une à six par jour; on en diminue le nombre ou on les suspend tout à fait quand il survient des vertiges ou des nausées. Ainsi administrées, elles m’ont souvent réussi dans les flueurs blanches accompagnées d'un état d'irritabilité de l’estomac et du système nerveux qui interdisait l'usage des amers et des ferrugineux.

On emploie les amandes amères contre les maladies vermineuses, les toux nerveuses, les accès d’asthme, la coqueluche, etc.

(Pendant une épidémie de cette dernière maladie, qui a régné à Dramburg (Prusse), Schubert a eu recours, avec le plus grand succès, à l'eau d'amandes amères administrée par gouttes, dont le nombre, d’abord de 2 toutes les trois heures, était progressivement élevé à 8 et 10) (1).

A l’extérieur, on les applique sur les ulcères douloureux, le cancer, sur quelques affections cutanées avec douleur. Leur émulsion est très-efficace pour calmer l’irritation de la peau et le prurit des affections dartreuses. Je l'ai employée avec avantage dans le prurit de la vulve. — « Le tourteau d'amandes amères a été appliqué avec un avantage très-marqué sous forme de cataplasme, chez une jeune personne prédisposée à la phthisie, et dont la peau de la pointe et de la base du nez était habituellement rouge, boursouflée et couverte de boutons (2). »

La pulpe d’amandes amères, humectée d'eau de laurier-cerise, m'a été utile en cataplasme, pour calmer les douleurs névralgiques, les gastralgies, les douleurs hépatiques et néphrétiques causées par la présence des calculs, etc.

_ [Réveil emploie avec succès, dans les migraines et dans tous les cas où il s’agit de calmer des douleurs vives, des cataplasmes préparés avec de Feau tiède et de la farine de tourteau d’amandes amères. Ces cataplasmes appliqués tièdes sont très-légèrement rubéfiants; mais ils deviennent bientôt sédatifs et calmants.]