Tessmannia lescrauwaetii (PROTA)
Introduction |
Tessmannia lescrauwaetii (De Wild.) Harms
- Protologue: Engl. & Drude, Veg. Erde 9, III, 1: 457 (1915).
- Famille: Caesalpiniaceae (Leguminosae - Caesalpinioideae)
Origine et répartition géographique
Tessmannia lescrauwaetii est présent au Cameroun, en Centrafrique, au Gabon et en R.D. du Congo.
Usages
En R.D. du Congo, le bois est employé en menuiserie et en caisserie. Il se prête à la construction lourde, à la fabrication de parquets à usage intensif, d’étais de mines, de traverses de chemin de fer, à la construction navale, à la charronnerie, aux articles de sport et au tournage. L’arbre produit une résine, le copal, qui est probablement utilisée localement.
Production et commerce international
Le bois est uniquement employé localement et n’est pas vendu sur le marché international des bois d’œuvre.
Propriétés
Le bois de cœur, brun rosé à rouge foncé, parfois marqué de stries foncées irrégulières, se distingue nettement de l’aubier brun grisâtre et de 10 cm de large. Le fil est normalement droit, le grain fin et régulier. Les surfaces du bois présentent un motif décoratif en rayures. Il sécrète un exsudat résineux de couleur vert noirâtre. C’est un bois lourd, avec une densité de 880–1000 kg/m³ à 12% d’humidité, et dur. Il sèche difficilement, et les grumes doivent être traitées rapidement après la coupe pour éviter les gerces graves. Les taux de retrait sont modérés à élevés. Une fois sec, le bois est moyennement stable à instable en service. A 12% d’humidité, le module de rupture est d’environ 185 N/mm², le module d’élasticité de 20 900 N/mm², la compression axiale de 78 N/mm², le fendage de 24,5 N/mm et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 8,1.
Le bois se scie assez bien, mais il requiert énormément de force du fait de sa dureté. Cependant, sa teneur en silice est faible (0,004%). Il se travaille bien tant à la main qu’à la machine. La résine présente dans le bois risque de compromettre la finition et le collage. Les avant-trous sont nécessaires au clouage. Le bois de cœur est très durable, même lorsqu’il est en contact avec la terre ou l’eau, et il résiste aux champignons et aux foreurs, alors que l’aubier est sensible aux Lyctus. Le bois de cœur est extrêmement rebelle à l’imprégnation avec des produits de conservation. Le bois contient 0,5% de cendres.
Description
- Arbre de taille moyenne atteignant 30 m de haut ; fût dépourvu de branches sur 20 m, droit et cylindrique, jusqu’à 80(–130) cm de diamètre, sans contreforts ; surface de l’écorce assez lisse ou finement fissurée, gris foncé à noirâtre, écorce interne modérément épaisse, brun rosé ; rameaux à pubescence courte, devenant glabres.
- Feuilles alternes, habituellement composées imparipennées à 8–18(–20) folioles ; stipules obliquement lancéolées, de 1,5–2,5 cm de long, caduques ou persistantes ; pétiole et rachis mesurant ensemble (3,5–)7–15(–25) cm de long, sillonnés au-dessus ; folioles généralement alternes, oblongues à obovales ou lancéolées, de 1,5–7 cm × 0,5–2,5 cm, asymétriques à la base, courtement et indistinctement acuminées à l’apex mais légèrement émarginées au bout, presque glabres, à nombreux points translucides, pennatinervées à 10–16 paires de nervures latérales.
- Inflorescence : grappe axillaire de 2,5–9 cm de long, à poils courts et à nombreuses glandes.
- Fleurs bisexuées, légèrement zygomorphes ; pédicelle de 0,5–2 cm de long ; sépales 4, légèrement soudés à la base, ovales-lancéolés, inégaux, d’environ 1,5 cm de long, l’un légèrement plus large que les 3 autres, à pubescence courte et à nombreuses glandes à l’extérieur ; pétales 5, libres, linéaires-oblongs à obovales, de 2–3 cm × 0,5–1 cm, l’un plus petit que les 4 autres, blanc rosé ; étamines 10, 9 soudées à la base et 1 libre, de longueur inégale, de 1,5–2,5 cm de long ; ovaire supère, oblong, de 0,5–1 cm de long, poilu et glanduleux, sur un stipe d’environ 0,5 cm de long, style de 2–3 cm de long, glabre.
- Fruit : gousse aplatie, oblongue à ellipsoïde ou obovoïde, de 4,5–6 cm de long, brun rougeâtre, à pubescence courte et à nombreuses verrues glandulaires sécrétant une résine parfumée, contenant 2–4 graines.
- Graines oblongues, d’environ 1,5 cm × 1 cm, d’un noir lustré, à tégument dur.
Autres données botaniques
Le genre Tessmannia comprend une quinzaine d’espèces limitées à l’Afrique tropicale, depuis la Guinée et la Sierra Leone jusqu’au Kenya, et vers le sud jusqu’en Tanzanie, en Zambie et en Angola. C’est le Gabon et la R.D. du Congo qui sont les plus riches en espèces, puisqu’ils en comptent 8 et 10 respectivement. Il est apparenté aux genres Sindora et Sindoropsis qui en diffèrent par la présence d’un seul pétale et de 2 étamines fertiles, ou d’un seul pétale et de 10 étamines fertiles, respectivement. Le bois de plusieurs autres Tessmannia spp. sert aux mêmes usages que celui de Tessmannia lescrauwaetii.
Tessmannia africana
Tessmannia africana Harms est un arbre de taille moyenne à grande atteignant 50 m de haut, à fût dépourvu de branches sur 30 m et mesurant jusqu’à 120 cm de diamètre, présent dans la même zone que Tessmannia lescrauwaetii. Son bois, brun rosé à brun rougeâtre ou brun foncé et lourd, avec une densité de 840–1070 kg/m³ à 12% d’humidité, est employé en R.D. du Congo en menuiserie et pour la confection de traverses de chemin de fer ; il convient pour des usages analogues à celui de Tessmannia lescrauwaetii, ainsi que pour la confection de jouets et d’articles de fantaisie, d’instruments agricoles et de manches d’outils. La décoction d’écorce est prescrite en lavement et comme aphrodisiaque par la médecine traditionnelle. Les fruits écrasés donnent une résine que l’on emploie comme parfum.
Tessmannia anomala
Tessmannia anomala (Micheli) Harms est un arbre de taille moyenne à grande atteignant 50 m de haut, à fût dépourvu de branches sur 30 m et mesurant jusqu’à 130 cm de diamètre, également présent à peu de choses près dans la même zone que Tessmannia lescrauwaetii. En R.D. du Congo, son bois brun foncé et dur est utilisé en menuiserie et pour la confection de traverses de chemin de fer.
Tessmannia baikiaeoides
Tessmannia baikiaeoides Hutch. & Dalziel est un arbre de petite taille atteignant 10 m de haut, à fût jusqu’à 60 cm de diamètre, présent dans la forêt d’altitude de Sierra Leone, du Liberia et de l’ouest de la Côte d’Ivoire. Son bois dur est employé pour la confection de poteaux et de manches d’outils.
Tessmannia dewildemaniana
Tessmannia dewildemaniana Harms est un arbre de grande taille, présent au Congo, en R.D. du Congo et dans le nord de l’Angola, mais apparemment rare. Son bois brun sert localement à la confection de mobilier.
Tessmannia yangambiensis
Tessmannia yangambiensis Louis ex J.Léonard est un arbre de grande taille atteignant 50 m de haut, à fût dépourvu de branches sur 30 m et mesurant jusqu’à 130 cm de diamètre, dont l’aire de répartition est très limitée à la R.D. du Congo. Son bois est lourd, avec une densité de 880–1000 kg/m³ à 12% d’humidité, et peut être utilisé pour des usages similaires à celui de Tessmannia lescrauwaetii, ainsi que pour la confection de boiseries intérieures, de jouets et d’articles de fantaisie, d’instruments agricoles et de manches d’outils.
Anatomie
Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :
- Cernes de croissance : 1 : limites de cernes distinctes.
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; 29 : ponctuations ornées ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 43 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux ≥ 200 μm ; 47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré ; 58 : gomme ou autres dépôts dans les vaisseaux du bois de cœur.
- Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses ; (70 : fibres à parois très épaisses).
- Parenchyme axial : (78 : parenchyme axial juxtavasculaire) ; 79 : parenchyme axial circumvasculaire (en manchon) ; (80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré) ; 83 : parenchyme axial anastomosé ; 85 : parenchyme axial en bandes larges de plus de trois cellules ; 89 : parenchyme axial en bandes marginales ou semblant marginales ; 91 : deux cellules par file verticale ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale.
- Rayons : 98 : rayons couramment 4–10-sériés ; 104 : rayons composés uniquement de cellules couchées ; 115 : 4–12 rayons par mm.
- Eléments sécrétoires et variantes cambiales : 127 : canaux axiaux en longues lignes tangentielles.
- Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 142 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées du parenchyme axial.
(E.K. Achi, S. N’Danikou, H. Beeckman & P.E. Gasson)
Croissance et développement
Au Gabon, on a signalé des arbres de Tessmannia lescrauwaetii en fleurs au mois de décembre.
Ecologie
Tessmannia lescrauwaetii est présent dans la forêt pluviale de basse altitude jusqu’à 500 m, en général dans la forêt primaire.
Gestion
Tessmannia lescrauwaetii est disséminé et pousse en faibles densités dans la forêt, comme c’est, semble-t-il, en général le cas d’autres Tessmannia spp., même s’il peut arriver que certaines d’entre elles soient abondantes par endroits.
Récolte
La dureté et la densité du bois compliquent l’abattage des arbres avec des outils ordinaires, sans compter la résine présente dans le bois qui risque d’entraîner des difficultés supplémentaires en encrassant les dents de scies.
Traitement après récolte
Les grumes sont trop lourdes pour être transportées par flottage fluvial.
Ressources génétiques
Tessmannia lescrauwaetii dispose d’une aire de répartition assez étendue, mais il n’en est pas moins disséminé, se rencontrant surtout dans la forêt perturbée, ce qui l’expose à l’érosion génétique dans les zones où l’exploitation forestière est conduite à grande échelle.
Perspectives
Bien que le bois de Tessmannia lescrauwaetii et des autres Tessmannia spp. sèche difficilement et contienne de la résine, il est décoratif et bénéficie d’une excellente durabilité naturelle, ce qui en fait non seulement un bois utile pour la construction locale, notamment pour les travaux hydrauliques, mais aussi prometteur en tant qu’essence à bois d’œuvre destinée à l’exportation et à des usages où l’on recherche la durabilité. Cependant, les quantités de bois d’ œuvre disponibles semblent limitées car les arbres sont habituellement disséminés et en faibles densités. Il conviendrait de disposer d’informations sur les taux de croissance, la régénération et les exigences écologiques pour pouvoir évaluer les perspectives qui pourraient s’ouvrir à Tessmannia lescrauwaetii et aux autres Tessmannia spp. en tant qu’essences à bois d’œuvre plus importantes d’un point de vue commercial et récoltées de manière durable. Pour l’instant, ces perspectives semblent assez médiocres. Il y a lieu de mener une révision taxinomique du genre Tessmannia qui est très mal connu.
Références principales
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- Burkill, H.M., 1995. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 3, Families J–L. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 857 pp.
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Autres références
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- Fouarge, J., Sacré, E. & Mottet, A., 1950. Appropriation des bois congolais aux besoins de la métropole. Série Technique No 38. Institut National pour l’Étude Agronomique du Congo belge (INEAC), Brussels, Belgium. 17 pp.
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- Vivien, J. & Faure, J.J., 1985. Arbres des forêts denses d’Afrique Centrale. Agence de Coopération Culturelle et Technique, Paris, France. 565 pp.
Sources de l'illustration
- Léonard, J., 1950. Etude botanique des copaliers du Congo belge. INEAC, série scientifique no 45. Bruxelles, Belgium. 158 pp.
- Tailfer, Y., 1989. La forêt dense d’Afrique centrale. Identification pratique des principaux arbres. Tome 2. CTA, Wageningen, Pays-Bas. pp. 465–1271.
Auteur(s)
- R.H.M.J. Lemmens, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Lemmens, R.H.M.J., 2012. Tessmannia lescrauwaetii (De Wild.) Harms. In: Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. Consulté le 17 décembre 2024.
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