Psychotria psychotrioides (PROTA)

Ressources végétales de l'Afrique tropicale Introduction

Liste des espèces

Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Médicinal

Psychotria psychotrioides (DC.) Roberty

Protologue: Bull. Inst. Franç. Afrique Noire, ser. A , 16 : 62 (1954).

Famille: Rubiaceae

Synonymes

• Grumilea psychotrioides DC. (1830).

Noms vernaculaires

• Azier, café marron (Fr).

Origine et répartition géographique

Psychotria psychotrioides est réparti du Sénégal au Soudan, et vers le sud jusqu’au Gabon et en R.D. du Congo.

Usages

L’écorce de Psychotria psychotrioides donne un colorant rouge utilisé dans la teinture des textiles, par ex. en Sierra Leone. Au Sénégal, dès les premiers symptômes on soigne les troubles oculaires à l’aide d’une décoction d’écorce dans un bain de vapeur, au cours duquel un linge recouvre la tête du patient ainsi que le récipient contenant le liquide fumant. Afin de combattre les maux de tête et la dépression, on se frotte le front d’une macération de feuilles ou bien on en boit le jus. La racine ou encore toute la plante donne un expectorant très employé contre l’asthme et la bronchite.

Propriétés

La composition chimique de la teinture rouge n’a pas été étudiée. Mais quoiqu’il en soit, le potentiel tinctorial de Psychotria psychotrioides est optimisé par le mordançage dû à la forte concentration d’aluminium présente dans les feuilles. Il semble que l’accumulation d’aluminium dans les feuilles soit une caractéristique chimiotaxinomique du genre Psychotria. Les sels d’aluminium sont les principaux mordants utilisés pour renforcer et multiplier les liaisons chimiques entre les fibres textiles et la plupart des colorants naturels.

Description

• Arbuste atteignant 6 m de haut, à branches rondes, glabres ; écorce brun pâle, d’environ 3 mm d’épaisseur.
• Feuilles opposées, simples et entières, glabres ; stipules oblongues-ovales, de 7–15 mm de long, non persistantes ; pétiole de 1–6 cm de long ; limbe elliptique, ovale, obovale ou linéaire, de 5–30 cm × 1–15 cm, base arrondie à cunéiforme, apex aigu à arrondi, nervures latérales en 5–12 paires.
• Inflorescence : capitule sessile de 1–1,5 cm de diamètre, densément serré, sous-tendu par 2 bractées circulaires, caduques, d’environ 1 cm de diamètre.
• Fleurs bisexuées, régulières, 5–6-mères, hétérostyles, odorantes, sessiles ; calice campanulé, de 3–5 mm de long, irrégulièrement incisé ; corolle en tube, tube de 6–10 mm de long, lobes jusqu’à 3 mm de long, blanche ; étamines jusqu’à 1 mm de long chez les fleurs longistyles, jusqu’à 3 mm chez les fleurs brévistyles ; disque arrondi ; ovaire infère, 2-loculaire, glabre, style jusqu’à 5 mm de long chez les fleurs brévistyles, jusqu’à 8 mm chez les longistyles, stigmates 2, atteignant 1,5 mm de long.
• Fruit : drupe globuleuse à ellipsoïde, de 8–13 mm × 6–9 mm, rouge, fortement côtelée, à calice persistant à l’apex, contenant 2 noyaux.

Autres données botaniques

Psychotria est un genre très important, mal connu, qui compte environ 500 espèces réparties dans tous les tropiques, dont près de 200 se trouvent en Afrique tropicale. Le genre est classé dans la sous-famille des Rubioideae, tribu Psychotrieae et il est subdivisé en plusieurs sous-genres et sections, mais cette classification n’est pas encore définitive. Psychotria psychotrioides est facilement reconnaissable à ses inflorescences en forme de capitules sessiles, sous-tendues par de grandes bractées lorsque jeunes ; les feuilles sont très variables.

Dans la littérature, les espèces africaines suivantes de Psychotria ont également été répertoriées comme donnant, à partir de l’écorce et parfois aussi des feuilles, un colorant rouge utilisé pour la teinture des textiles :

Psychotria bidentata

Psychotria bidentata (Thunb. ex Roem. & Schult.) Hiern : arbuste atteignant 6 m de haut ; feuilles elliptiques, de 7–19 cm × 2–8 cm ; inflorescence en capitule, pédoncule jusqu’à 11 cm de long ; fleurs blanches, 5-mères, hétérostyles ; tube du calice inférieur à 1,5 mm de long, lobes inférieurs à 1 mm de long. On le trouve dans les forêts du Sénégal au Bénin. En Sierra Leone, on prescrit une décoction de racines aux bébés souffrant de maux d’estomac.

Psychotria reptans

Psychotria reptans Benth. (synonyme : Psychotria strictistipula Schnell) : petit arbuste atteignant 60 cm de haut ; feuilles elliptiques, de 5–16 cm × 1,5–6 cm ; inflorescence paniculée, pédoncule jusqu’à 6 cm de long ; fleurs blanches, 5-mères ; tube du calice de 1–1,5 mm de long, lobes plus courts ; fruits blancs. Il pousse dans les forêts de la Guinée au Ghana.

Psychotria rufipilis

Psychotria rufipilis De Wild. : arbuste atteignant 1,5 m de haut ; feuilles obovales à elliptiques, de 4–20 cm × 1,5–8 cm, nervures poilues ; inflorescence en panicule ou en capitule, pédoncule jusqu’à 5 cm de long ; fleurs blanches, sessiles ou pédicellées, 5-mères, hétérostyles ; tube du calice de 1,5–2 mm de long, lobes de 1–2 mm de long. Il est présent dans les savanes et les forêts-galeries de la Guinée à la Côte d’Ivoire. Au Liberia, on produit une boisson ou liqueur astringente à base d’écorce (parfois avec quelques feuilles) et on la donne aux enfants souffrant de desquamation de la peau ou de diarrhée.

Ecologie

On trouve Psychotria psychotrioides dans les forêts fermées, les forêts-galeries ainsi qu’en savane boisée, du niveau de la mer jusqu’à 1200 m d’altitude.

Ressources génétiques

Psychotria psychotrioides est très répandu et commun en Afrique et n’est pas menacé d’érosion génétique.

Perspectives

En tant que sources de teinture rouge, l’écorce et les feuilles de Psychotria psychotrioides et de plusieurs autres espèces de Psychotria pourraient ne conserver qu’une importance secondaire localement, mais actuellement avec le regain d’intérêt à l’échelle mondiale pour les teintures naturelles comme sources renouvelables de colorants non polluants, la présence chez la même plante d’un colorant rouge et d’un mordant fait de Psychotria psychotrioides une source de colorants rouges potentiellement intéressante. Sa composition chimique et ses propriétés médicinales doivent être étudiées de manière plus approfondie.

Références principales

• Burkill, H.M., 1997. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 4, Families M–R. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 969 pp.

• Petit, E., 1964. Les espèces africaines du genre Psychotria L. (Rubiaceae). 1. Bulletin du Jardin Botanique de l'Etat (Bruxelles) 34: 1–229.

Autres références

• Hepper, F.N. & Keay, R.W.J., 1963. Rubiaceae. In: Hepper, F.N. (Editor). Flora of West Tropical Africa. Volume 2. 2nd Edition. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. pp. 104–223.

• Hiern, W.P., 1877. Rubiaceae. In: Oliver, D. (Editor). Flora of tropical Africa. Volume 3. L. Reeve & Co, Ashford, United Kingdom. pp. 33–247.

• Irvine, F.R., 1961. Woody plants of Ghana, with special reference to their uses. Oxford University Press, London, United Kingdom. 868 pp.

• Jansen, S., Dessein, S., Piesschaert, F., Robbrecht, E. & Smets, E., 2000. Aluminium accumulation in leaves of Rubiaceae: systematic and phylogenetic implications. Annals of Botany 85: 91–101.

• Kerharo, J. & Adam, J.G., 1974. La pharmacopée sénégalaise traditionnelle. Plantes médicinales et toxiques. Vigot & Frères, Paris, France. 1011 pp.

• Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.

• PharmaPro, 1997–2002. Azier. [Internet] http://www.pharnet.com/public/phytotherapie/plantes/phyto_azier.htm. May 2005.

Auteur(s)

• P.C.M. Jansen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Jansen, P.C.M., 2005. Psychotria psychotrioides (DC.) Roberty. In: Jansen, P.C.M. & Cardon, D. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 1 juin 2025.

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