Isfîdadj (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : [[]]
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Dioscorides, V, 103. On la prépare de la manière suivante : on verse du vinaigre fort dan un pot à large ouverture ou dans une amphore; on met sur l’ouverture des fragments de roseaux, puis une lame de plomb, et l’on couvre parfaitement pour contenir les vapeurs du vinaigre. Une fois la masse de plomb fondue et tombée dans le vinaigre, on enlève la partie du vinaigre restée transparente et on la met de côté, et ce qui en est à l’état plus concentré, on le verse dans un vase et on le fait sécher au soleil. Ensuite on le passe à la meule pour le réduire en poudre et on le crible une seconde, une troisième et même une quatrième fois. La meilleure, que l’on emploie pour les remèdes de l’œil, est le produit du premier tamisage; vient ensuite le produit du second, et ainsi de suite. Il y a des gens qui suspendent des morceaux de bois au milieu du vase et les chargent de plomb, de manière qu’il ne baigne pas dans le vinaigre. On recouvre avec du plomb, on lute, puis après dix jours on voit si la matière est dissoute; alors on se comporte comme nous l’avons dit précédemment. Si l’on veut en préparer des pastilles, on pétrit la masse avec du vinaigre et l’on en fait des tablettes que l’on sèche au soleil. Il faut opérer en été, car alors la céruse a des propriétés et des actions plus marquées, et elle est d’un plus beau blanc. On peut toutefois opérer en hiver, et alors on expose les pots sur la terrasse d’un établissement de bains on au-dessus des fourneaux. La chaleur du bain et des fourneaux, agit à peu près comme le soleil en été. La meilleure céruse est préparée dans l’île de Rhodes, à Corinthe et à Lacédémone ; vient ensuite celle du pays de Dicéarchie. On grille la céruse de la manière suivante : on prend un vase de terre neuf, particulièrement fabriqué dans l’Attique, xxx, on le met sur les charbons, on y verse la céruse triturée et on l’agite continuellement. Une fois qu’elle a pris la couleur de la cendre, on la retire et on la laisse refroidir, et on la met de côté pour l’usage. On lave la céruse comme on lave la cadmie. La céruse est agglutinante, rafraîchissante, émolliente. Elle fait pousser des chairs sur les ulcères, elle en détruit les chairs exubérantes sans irritation et les cicatrise. A cet effet on l’associe au cérat ou aux onguents appelés lipara. On la fait aussi entrer dans les pastilles. Toutefois c’est un médicament, qui peut donner la mort. — Galien, livre IX. Cette substance témoigne aussi des propriétés du plomb. En effet, bien dissoute dans du vinaigre très fort elle n’est ni caustique ni irritante. Elle n’est pas non plus résolutive, mais agglutinante et froide, contrairement au verdet, xxx, fait de vinaigre et de cuivre. — Massîh de Damas. La céruse est froide au second degré. — Aristote. On en fait des embrocations sur les taches blanches qui surviennent à la suite des maladies de l’œil chez les animaux. Elle guérit aussi les ulcères si on l’associe à des succédanés. Ses emplâtres sont utiles pour les plaies. Elle ronge les chairs altérées et en fait pousser de bonnes. Associée à des huiles, elle est bonne pour les brûlures. On reconnaît l’endroit de son application à sa coloration blanche. — Livre des Expériences, Elle agit sur les ulcères des intestins et sur les plaies à l’instar du minium. Dissoute dans du vinaigre et employée en embrocalions sur le front, elle est salutaire contre la céphalalgie. Associée à l’huile de rose, elle est plus efficace. On l’emploie comme médicament externe contre la lippitude. Elle entre dans les autres médicaments que l’on injecte dans l’œil. Lavée parfaitement avec de l’eau douce, puis à plusieurs reprises arrosée d’eau de rose, pendant plusieurs jours consécutifs, à un soleil chaud, elle est salutaire, employée seule, contre l’ophthalrnie aiguë. On l’emploie en collyre, associée à du lait de femme ou du blanc d’oeuf, et on l’instille dans l’œil. Dissoute dans l’eau de morellc ou de tout autre succédané, elle est employée avec succès contre l’érysipèle, contre les brûlures faites par le feu et par l’eau, et contre tous les abcès chauds. — Dioscorides, Livre des Poisons. L’ingestion de la céruse se trahit par la couleur. En effet, on voit blanchir le palais, la langue et les gencives. Il survient des rapports, de la toux, de la sécheresse de la langue, de la froideur au cerveau (Dioscorides dit aux membres), de la sueur, de la faiblesse et de la prostration. En ce cas, il faut, administrer de l’eau miellée, de la décoction de figues et de mauve, du lait chaud, du sésame écorcé avec du vin, des cendres de figuier, de la fleur d’amaracum, xxx, du lys appelé irissa, xxx. On peut aussi donner des noyaux de pêches cuits avec de la farine grossière (il faut, sans doute, lire t>j_f»Jl ^s^j ^-yds-o, au lieu de g-^ y.«_j^JI y-^^). On administre aussi de l’encens, de la gomme de prunier, de l’humeur qui se trouve sur l’orme, et tout cela avec de l’eau tiède. Après chacun de ces médicaments, il faut donner un vomitif. On peut donner aussi les sucs de thapsia et de scammonée avec de l’eau miellée. — Ahmed ibn Abi Khaled. A défaut de céruse, on peut employer les scories de plomb brûlé.