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Pommier (Cazin 1868)

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__TOC__

[872]

== Pommier ==

Voir la page ''[[]]''

POMMIER. Pyrus malus. L.

Malus communis. LAM. — Malus sativa, fructu subrotundo a virië
pallescente acido dulci. C. BAUH.
ROSACÉES. — POMACÉES. Fam. nat. — ICOSANDIUE PENTAGYNIE. I.

Grand arbre fruitier robuste, divisé par la culture et au moyen de la
greffe en un grand nombre de variétés, dont les meilleures sont le rambour-
franc, le calville rouge d'automne, le calville blanc, la pomme de châtaigner,
le court-pendu, le fenouillet gris ou pomme d'anis, les reinettes; parmi ces
dernières se distinguent la reinette franche, la reinette grise,, la reinette du
Canada, la grosse reinette blanche fouettée de rouge d'un côté, la reinette
d'Angleterre ou pépin doré, la reinette d'Espagne, la reinette fourmère, la
pomme d'apis, la fleur de juin. Les pommes à cidre se divisent en un très-
grand nombre de variétés, qu'il serait trop long d'énumérer ici.

Propriétés physiques et chimiques-, usages économiques.
— Les pommes contiennent du sucre, de la fécule, une gelée végétale et de laciaeiu
lique (acide pommique, Brugnalelli; CsH"Os 2 HO). Ce dernier est d'autant plus au«
dant dans les pommes acides qu'elles sont moins mûres. L'amidon prédomine aa
fruits verts. Il est prouvé, par les expériences de Payen, qu'au moment de la maiu ,
c'est cet amidon qui fait les frais de la production de glucose. Ses proportions w

(1) Annales de la Société de médecine d'Anvers, 1845.

(2) Bouchardat, Annuaire, 1860, p. 58.

(3) Dissertalio de spirituosis e tuberibus solani confeclis.

(Il) Van Heurck et Guibert, Flore médicale belge, p. 366. _ .

(5) In H. Green, Formules favorites des praticiens américains. Paris, 1800, p. ai.


[873]

suivant les diverses, variétés de ce fruit. — Les pommes offrent une grande ressource à
l'économie-domestiqué. Les pommes cuites sont un aliment sain, peu dispendieux, et
nui constitue un, des principaux aliments du peuple dans les campagnes et dans les
«lies surtout pour le déjeuner et le souper. La coction leur fait perdre une partie de
leiir acidité et y développe des principes sucrés et muqueux; leur pulpe devient ainsi le
mets 1 de prédilection des convalescents, des estomacs faibles, délicats, des tempéraments
échauffés, constipés ; elle rafraîchit, tempère, adoucit. Les pommes de belle qualité t'ont
l'ornement des desserts.
On prépare, avec les pommes, des confitures, des compotes, des gelées. Celles de
Rouen ont surtout une. grande renommée. Quand on lui donne plus de consistance par
la cuisson et l'addition d'une certaine quantité de sucre, elle constitue le sucre de

pomme.

-: Le cidre, boisson saine et agréable quand elle est bien préparée et bien conservée, se
fait avec les pommes destinées à cet usage et que l'on a broyées et livrées à la fermen-
làtion. C'est le vin des déparlements du Nord. La santé florissante et la vigueur des
Normands, la fraîcheur et l'embonpoint des femmes du Calvados attestent les bons effets
de celte boisson. Les meilleurs cidres se font en Normandie, en Picardie et en Bretagne.
- Le marc des pommes (vulgairement appelé pomat) qui ont été soumises à la presse,
repassé et étendu dans une certaine quantité d'eau, forme une boisson légère, agréable
et saine, qu'on nomme petit cidre. Il sert à désaltérer le pauvre villageois pendant ses
rudes fatigues. On peut faire encore une autre espèce de cidre, qui n'est point désagréable,
avec des tranches de pommes amères ou douces, desséchées au four sur des claies,
après que le pain en a été retiré. Deux boisseaux de ces pommes suffisent pour
125 pintes d'eau. La fermentation ne tarde pas à s'établir dans le tonneau, et le cidre
est potable au bout de huit jours. — En cuisant le moût de pommes comme celui du
raisin, et en le réduisant au dixième de son volume, on obtient une sorte de rob
ou sirop de cidre. Cet extrait délayé dans de l'eau forme une boisson agréable pen-
dant les repas et peut servir, à édulcorer les boissons adoucissantes et pectorales. — Le
nioût de pommes, cuit avec des poires ou avec d'autres fruits, donne une espèce de rai-
siné. r-Enfin, on retire du cidre par la distillation un alcool peu différent de celui que
fournit le vin. On en fait également du vinaigre.

L'écorce de la racine du pommier a une saveur amère et astringente. Elle contient,
d'aprèsSlas et Deconink, un principe auquel ils ont donné le nom de phloridzine,
0Ui ce qui serait plus exact, phlooridzine (1). La phloridzine (G24H 3405) est une ma-
ire cristalline non azotée, d'un blanc mat tant soit peu jaunâtre, quelquefois un peu
nacré, ordinairement en cristaux, disposés en houpes soyeuses, dont les aiguilles par-
tent d'un centre commun ; sa saveur, d'abord douceâtre, devient bientôt amère et ensuite
astringente.— «Les caractères auxquels on peut reconnaître la pureté de la phloridzine
brutei sont les.suivantes: elle est soluble dans, l'eau et dans l'alcool, mais insoluble dans
les acides étendus. La solution de phloridzine ne doit pas troubler celle des sels de
baryte. Les parcelles de fer instillées de la solution de phloridzine brute y font naître
jffi précipité de couleur olive. » (Les produits de décomposition de la phloridzine sont
laphlorétine, C30H15O 10, et la phloridzéine C4-H29O20Azs.) — On a retiré aussi de la
pnloridzine de l'écorce fraîche du tronc du pommier, du cerisier, du poirier et du
prunier, ainsi que de l'écorce des racines des quatre derniers.— Pour l'extraire, on met
'les. ecorcesdes racines fraîches en digestion à plusieurs reprises, pendant sept à huit
jenres,;avéc de; l'alcool faible, à une température de 30 à 60 degrés. Les liqueurs
rçunieSj,concentrées dans un appareil distillatoire, la laissent déposer en cristaux grenus,
P.onpjirifie,à l'aide du charbon animal et par plusieurs cristallisations (2). Dubois, de
lournaii ajmaginé le procédé suivant, qui est beaucoup plus simple : on fait bouillir
pendant trois^ heures environ, une partie d'écorce fraîche de racines de pommier dans
«Wtparties d'eau de pluie; on décante, on verse sur le résidu une quantité d'eau égale
tarS™iè^' et on fait bouillir de nouveau pendant deux heures. Le produit de ces
2 jetions, évaporé jusqu'à réduction d'un tiers, laisse déposer, au bout de vingt-
patre Heures, une grande quantité de phloridzine.

ejMPorhiiié est rafraîchissante et tempérante. Prise en décoction aqueuse,
j„aP^lsë % chaleur fébrile, étanche la soif, calme l'irritation des premières
.&, favorisé les fonctions des reins et de la vessie. On fait souvent usage

Il feifj smr les propriétés et l'analyse de la phloridiine.
[ï] Thénard. Traité de chimie, .5' édit.


[874]

d'une sorte de limonade faite avec la reinette coupée par tranches etbouil
lie dans l'eau contre la toux, l'enrouement, les maux de gorge, les nhles"
masies pulmonaires, vésicales, rénales, les fièvres bilieuses et putrides etc
Je remplace la marmelade de Tronchin, dans ma pratique rurale par lé
mélange de parties égales de pulpe de pomme de reinette et de miel, la
pulpe de pomme cuite, mêlée avec autant de beurre, est un laxatif qui con-
vient aux hypochondriaques, aux hémorrhoïdaires, aux personnes acciden-
tellement ou habituellement constipées.

On emploie la pulpe de pomme cuite en cataplasme dans l'ophthalmie
La pomme sauvage (malus sylvestris, G. Bauh.) est employée comme très-
astringente par les habitants des campagnes dans les diarrhées, et en gar-
garisme miellé dans les maux de gorge. Fuller (1) prescrit comme astringent
et détersif un gargarisme composé de 6 parties de suc de pomme sauvage
et de 2 parties de sirop de framboise : Viscositatem crassam ei amureamm-
didam linguce et faucibus adhcèrentem detergit, dit l'auteur. Ces mots, qui
semblent désigner la couche diphthérique de l'angine scarlatineuse et même
couenneuse, m'ont engagé, dans ma pratique rurale, à substituer le suc de
pomme à celui de citron en gargarisme dans ces affections. Je l'ai trouvé tout
aussi actif employé pur et en collutoire.

Dans les villages du Nord, où l'on n'a pour boisson ordinaire que le cidre,
cette boisson est regardée comme préservatif de la pierre. Il est à remar-
quer, en effet, qu'il y a moins de calculeux en Normandie et en Picardie
que dans les autres parties de la France, où l'on use du vin ou de la bière.
Le suc récent de pomme et le cidre sont utiles clans le scorbut. A défaut de
vin, on peut se servir du cidre de première qualité pour composerles
vins médicinaux. A la campagne, il faut, autant que possible, faire de la
médecine à bon marché; on ne pense pas au village, comme à la ville,
qu'un médicament est d'autant plus efficace qu'il vient de plus loin ou qu'il
coûte plus cher.

Une personne digne de foi m'a assuré avoir vu une dame âgée de qua-
rante ans, atteinte d'une ascite contre laquelle on avait vainement employé
tous les moyens connus, guérir dans l'espace de quinze jours par l'usage
abondant du cidre doux. La malade en prenait 2 ou 3 litres chaque jour. Ce
moyen produisit d'abord des selles abondantes, et ensuite une augmenta-
tion considérable de la sécrétion urinaire. Il n'y eut point de rechute. Le
cidre doux agit ici probablement comme la cassonnade prise à grande dose,
et que l'on a vue réussir dans les engorgements abdominaux, les phlegma-
sies chroniques des intestins et du péritoine, l'ascite, etc.

L'écorce du pommier est tonique et astringente. J'ai employé, en l»i.
la décoction de l'écorce de racine fraîche de cet arbre (60 g. pour 100 gr. ,
d'eau) dans quatre cas de fièvres intermittentes, dont deux ayant le type
tierce et deux le type quotidien. Les deux premiers cas ont cédé au troi-
sième jour de l'emploi de ce moyen. Dans les deux autres, les accès ne
se sont dissipés que graduellement dans l'espace de huit jours, de sorte qu
l'action du médicament est restée problématique en présence de la possi-
bilité d'une guérison quia souvent lieu spontanément. , ,n .

De Konning a employé la PHLORIDZINE avec succès comme succédané
sulfate de quinine, à la dose de 50 à 75 centigr. Hanegraeff, d Ame.,
a publié vingt-trois observations de fièvres intermittentes de divers iyp i :
qui ont été recueillies par lui-même, et six par son confrère Lutens, ^
chacune desquelles la phloridzine a été employée sans autre medicamen .^
médecin a conclu de Ces faits : 1° que la phloridzine jouit de propne•■
brifuges incontestables dans les fièvres quotidiennes et les fièvres i >
2° que ce médicament est moins efficace contre les fièvres quartes^j^

(1) Pharmacop. extempor., p. 225. Paris, 1768.


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produit aucune irritation sensible sur les voies digestives ; 4° enfin, qu'il
n'occasionne ni vertiges, ni surdité, ni tintement d'oreilles, symptômes qui
apparaissent si'souvent après l'administration du sulfate de quinine, et que
les malades supportent avec tant d'impatience (1). On administre la phlorid-
zine en poudre, en pilules ou dans une potion, dans du sirop, à l'aide d'un
intermède approprié. (De Ricci trouve ses propriétés fébrifuges très-incer-
taines, niais il a constaté des résultats avantageux de son emploi dans le
traitement de certaines dyspepsies atoniques, et notamment chez les
femmes nerveuses, qui supportent difficilement le sulfate de quinine. Il af-
firme, en outre, son efficacité pour hâter la convalescence chez les enfants à
la suite des maladies débilitantes, coqueluche, etc.) (2).

(2) GauttâJ," ?oeiété de médecine de Gand, 1837.
1 ' metk médicale de Paris, 1863.

[[Catégorie:Cazin 1868]]
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