Fougère (Cazin 1868)

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Filipendule
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Fraisier
PLANCHE XIX : 1. Fougère mâle. 2. Fraxinelle. 3. Fumeterre. 4. Garou. 5. Grande Gentiane.


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Fougère mâle

Nom accepté : Dryopteris filix-mas


FOUGÈRE MALE. Polypodium filix mas. L.

Filix non ramosa dentata. Bauh., T. — Drypteris. Matth. — Filix mas. Dod. — Filix mas vulgaris. Park. — Polysticum filix mas. Roth. — Nephrodium filix mas. Rich. — Polypodium callepteris. Bernh. — Aspidium filix mas. Sw.

Aspide fougère mâle, — néphrode fougère mâle.

FOUGÈRES. Fam. nat. — CRYPTOGAMIE. L.


Cette fougère (Pl. XIX), placée d'abord parmi les polypodes, ensuite dans les aspidions (aspidium), est aujourd'hui rangée dans la tribu des polystics


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(polystichum) ou nephrodes (nephrodium). On la rencontre partout, dans les lieux incultes, dans les bois, les haies, les lieux montueux, etc.

Description. — Rhizôme, improprement nommé racine, long de 15 à 20 centimètres, de la grosseur du pouce, noueux, écailleux et brun à l'extérieur, blanchâtre à l'intérieur. — Feuilles amples, lisses, d'un beau vert, cassantes, deux fois ailées, à pétiole court, brun et couvert d'écailles caduques ; folioles alternes, rapprochées, profondément pinnatifides, plus longues au milieu et diminuant graduellement jusqu'à l'extrémité, qui ne présente plus qu'une pointe ; pinules de ces folioles nombreuses, dentées. — Capsules réunies en paquets réniformes, très-rapprochés, disposées sur deux rangs à la base des deux tiers supérieurs de la foliole.

Parties usitées. — Le rhizome ou couche souterraine et les bourgeons.

[Culture. — La fougère mâle est assez commune pour qu'elle puisse suffire aux besoins de la médecine ; on ne la cultive que dans les jardins de botanique et d'agrément, on la multiplie par éclats de pieds.]

Récolte, choix, conservation, etc. — Bien que l'on puisse se servir de la racine fraîche en tout temps, il vaut mieux l'arracher dans l'été. Frais, ce rhizôme est plus actif que desséché. Quant on veut le conserver, il faut, selon Soubeiran, le récolter en hiver. Malgré l'opinion de cet auteur, je pense que l'on doit plutôt le recueillir en été que dans les autres saisons, parce qu'à cette époque il est dans toute sa vigueur, ce que l'on reconnaît à sa cassure verte. Bien l'émonder avant de le porter au séchoir. Celui qui a une teinte pâle, suivant Mayor, a peu d'effet. Il perd une grande partie de ses qualités physiques et de ses propriétés médicales en vieillissant. Le défaut de saveur annonce sa vétusté : il faut alors le considérer comme nul et le rejeter.

Il résulte des recherches de Timbal-Lagrave que l'on vend dans le commerce, sous le nom de fougère mâle, les rhizômes de toutes les fougères qui croissent dans nos campagnes, telles que l’aspidium angulare, l’aspidium aculeatum, l’athyrium filix fœmina, etc. « Sans doute, dit Timbal, l'analogie des caractères botaniques peut bien faire supposer l'analogie des propriétés thérapeutiques ; mais cela n'est vrai que dans un certain nombre de cas. Les exceptions sont nombreuses et concluantes. »

Le principe médicamenteux des plantes varie, de quantité au moins, d'individu à individu, suivant qu'il a poussé dans un endroit sec ou humide, qu'il a été cueilli dans telle ou telle circonstance d'âge ou de saison. Souvent même toutes les parties du même végétal ne contiennent pas la même quantité du principe actif qui le caractérise. Comment donc en serait-il autrement dans des échantillons pris parmi des espèces voisines ?

Timbal, connaissant les difficultés qu'éprouve le pharmacien ordinaire à bien choisir parmi les fougères du commerce la véritable fougère mâle, trace ainsi qu'il suit leur diagnose différentielle :

« Le rhizôme de la fougère mâle est de moyenne grosseur ; les racines qui l'accompagnent sont très-noires, fines ; les restes des pétioles sont assez ramassés, un peu striés, munis d'écailles pellucides, lancéolées, sétacées, toutes ramassées au sommet du rhizome.

Les aspidium angulare et aculeatum offrent des rhizômes très-gros, très-allongés, à racines dures et grosses. Le reste des pétioles a aussi des écailles grandes, ovales. aiguës, dispersées sur toute la longueur de ces derniers.

Il serait à désirer, dit Timbal, que le Codex prescrivît de laisser à la fougère mâle, telle qu'elle doit être vendue, les feuilles ou au moins les pétioles, afin de mieux la distinguer de ses congénères. Ce moyen rendrait toute substitution impossible. En effet, outre qu'on la distinguerait très-bien de l’aspidium angulare, il ne serait pas possible de la confondre avec les polystichum oreopteris, dilatatum thelipteris, qui ont les pétioles lisses et dépourvues d'écailles parce que celles-ci tombent après l'épanouissement des bourgeons.

L’aspidium filix fœmina se distingue aussi par ses pétioles lisses, sans écailles, fistuleux, très-gros, noir foncé, et qui sont encore dépourvus de masses charnues à l'intérieur.

Les polypodium dryopteris, phægopteris, rhæticum, sont peu employés à la substitution dont nous parlons, quoique les deux premiers soient très-répandus dans certaines contrées, parce que leurs souches grêles et rampantes ne produiraient pas assez en poids à celui qui fait la récolte. »

Du travail de Timbal l'on doit tirer cette conclusion pratique : qu'il ne faut pas abandonner l'emploi de la fougère mâle, très-commune en France, pour lui substituer


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des substances exotiques très-coûteuses, avant que des expériences comparatives, aient établi sa valeur exacte[1].

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — La souche de la fougère mâle est d'une odeur un peu nauséeuse, d'une saveur d'abord douceâtre, puis un peu astringente et amère. D'après l'analyse de Morin, ce rhizôme contient de l'huile volatile, une matière grasse composée d'élaïne et de stéarine, de l'acide gallique, de l'acide acétique, du sucre incristallisable, du tannin, de l'amidon, une matière gélatineuse insoluble dans l'eau et dans l'alcool, du ligneux.

Trommsdorff avait trouvé dans l'extrait éthéré de la racine de fougère mâle un corps cristallisé qu'il avait appelé filicine. Lucke a repris l'étude de ce composé qu'il nomme acide filicique. Il se dépose sous la forme de croûtes jaunes dans l'extrait éthéré. On peut le purifier en le lavant avec de l'alcool éthéré, et en dissolvant le résidu dans l'éther bouillant, qui le laisse déposer par le refroidissement sous la forme d'une poudre blanc jaunâtre et cristalline. Cet acide est insoluble dans l'eau, l'alcool faible et l'acide acétique. Il se dissout dans l'alcool absolu bouillant et dans l'éther. Il fond à 161 degrés et se prend par le refroidissement en une masse transparente et d'un vert jaunâtre ; à une température plus élevée, il se décompose en dégageant une odeur d'acide butyrique. La dissolution éthérée possède une réaction acide. L'extrait éthéré de la racine de fougère mâle renferme, indépendamment de l'acide filicique, une huile verte qu'on en extrait en le délayant dans un peu d'alcool et d'éther, et en précipitant par l'eau. Cette huile verte est saponiflable et fournit un acide gras liquide, que l'auteur appelle acide filixoïde[2].

[Toutes ces recherches auraient besoin d'être confirmées ; d'après Deschamps (d'Avallon) et Collas, le principe actif de la fougère mâle serait une matière résineuse qui est extraite par l'alcool et représentée par l'extrait alcoolique ; quant à l'extrait éthéré ou huile éthérée, elle est inactive ou à peu près.]

Allard, pharmacien[3], a trouvé dans le rhizôme de fougère mâle un produit astringent qui lui parut propre à remplacer le cachou, le ratanhia, etc.

Les bourgeons frais, suivant l'analyse de Peschier, de Genève, contiennent une huile volatile, une résine brune, une huile grasse, une matière grasse solide, des principes colorants verts et vert-brun rougeâtre, de l'extractif.

C'est le mélange des corps gras et de la résine avec l'huile volatile qui donne à la souche de fougère mâle la propriété vermifuge.

4 kilogr. 1/2 de feuilles sèches de cette plante ont donné, par la combustion, 380 gr. de cendres, qui ont produit 60 gr. de carbonate de potasse. La cendre de fougère entre dans la composition de la porcelaine de la Chine : elle sert aussi à la verrerie et à la fabrication du savon.

En Norvège et dans les contrées septentrionales de l'Europe, on mange les jeunes pousses de fougère mâle comme les asperges. Les habitants de la Sibérie font bouillir la racine dans la bière, ce qui donne à cette dernière, suivant Plenck, une odeur agréable et un goût de framboise. (Unde gratus odor saporque rubi.) Cette racine a, dit-on, servi à faire du pain en 1694 dans les montagnes de l'Auvergne. Dans quelques contrées, on la donne aux porcs pour les engraisser. Pendant les grandes sécheresses de l'été, quand les pâturages manquent, on peut aussi donner aux vaches et aux boeufs la fougère verte et tendre. Mêlée à la paille, elle offre une bonne nourriture pour les troupeaux.

Les feuilles de fougère servent, dans nos campagnes, à composer la couche des enfants. Les coussins et les matelas qu'on en fait sont beaucoup plus sains que ceux qui sont faits avec la plume. On les recommande surtout aux scrofuleux et aux rachitiques.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Décoction (à vase clos), 30 à 60 gr. pour 1 kilogr. à réduire à 500 gr.
Poudre, 12 à 16 gr. en deux ou trois fois (mêler le résidu avec le premier produit).
Extrait résineux [obtenu par l'alcool), 50 centigr. à 2 gr. 50 centigr., en pilules, en deux fois, le matin et le soir.
Huile éthérée (souches réduites en poudre, que l'on épuise par l'éther avec l'entonnoir de

Robiquet ; on distille et on obtient une huile dans la proportion de 50 gr. pour 500 gr. de fougère. — Peschier (de Genève), la prépare avec les bourgeons. Cette préparation, à laquelle il donne le nom d’oléo-résine, est, d'après l'auteur, le ténifuge le plus énergique), 2 à S gr., en électuaire, émulsion, etc.


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DIVERS MODES D'ADMINISTRATION.

Remède de Mme Nouffer. — Panade la veille au soir. Le matin, 12 gr. de poudre de racine de fougère mâle ; deux heures après, un des bols suivants : calomel et racine de scammonée, de chaque 50 centigr. ; gomme gutte, 30 centigr. ;,confection d'hyacinthe, Q.S. pour trois bols, dont un pour les enfants, deux pour les personnes délicates, trois pour les adultes vigoureux, à un quart d'heure d'intervalle. Immédiatement après, on prend une ou deux tasses de thé vert, et on continue cette boisson pendant les évacuations, jusqu'à ce que le ver soit expulsé. Si le bol ne purge pas suffisamment, on prend 8 à 15 gr. de sulfate de magnésie dans un verre d'eau. Pour faciliter l'expulsion du ténia, le malade doit rester sur le bassin, continuer l'usage du thé, et prendre, s'il le faut, une nouvelle dose de sulfate de magnésie.
Méthode de Bourdier. — Donner le matin, à jeun, 4 gr.. d'éther sulfurique dans une décoction saturëe de racine de fougère mâle ; au bout d'une heure, le malade éprouve du trouble dans le bas-ventre ; alors 60 gr. d'huile de

ricin édulcorée avec du sirop de limon sont administrés. Continuer ce traitement pendant deux ou trois jours. Quand le ténia persiste donner un lavement avec une forte décoction de fougère et 8 gr. d'éther.
Méthode de Rouzel. — Ce médecin fait réduire en poudre le rhizôme récemment récolté, en fait des bols avec du sirop de fleurs de pêcher, et administre 30 à 36, et plus, de ces bols, d'environ 1 gr., dans un quart d'heure. Deux heures après, il purge avec l'huile de ricin.

Trousseau et Pidoux conseillent le traitement empirique suivant :
Premier jour, diète lactée très-sévère.
Deuxième jour, le matin, à jeun, 4 gr. d'extrait éthéré de racine de fougère mâle en quatre doses, avec un quart d'heure d'intervalle.
Troisième et dernier jour, 4 gr. d'extrait éthéré, comme la veille ; un quart d'heure après la dernière dose, 50 gr. de sirop d'éther pris en une seule fois ; une demi-heure plus tard, un looch blanc avec addition de 3 gouttes d'huile de croton tiglium.


[Nous avons parlé ailleurs de l'association des graines de citrouille avec l'extrait alcoolique de fougère mâle. (Voyez CITROUILLE.)]

La fougère était connue dès la plus haute antiquité comme plante médicinale, et notamment comme vermifuge. Dioscoride, Galien, Pline et Aëtius la signalent comme ténifuge, et Avicenne ajoute qu'elle provoque l'avortement.

A une époque plus rapprochée de nous, on a en outre préconisé la souche de cette plante comme adoucissante, tonique et astringente ; elle a été employée contre la goutte, le rachitisme, le scorbut, les embarras viscéraux. On a été jusqu'à lui attribuer la propriété d'activer la sécrétion du lait, de rappeler l'écoulement des règles, et de provoquer, ainsi que l'avait dit Avicenne, l'expulsion du fœtus.

Les auteurs des siècles derniers, à l'exception de Simon-Pauli, F. Hoffmann, N. Andry et Marchand, ont révoqué en doute la vertu ténifuge de la fougère mâle. Cullen la regarde comme inerte, parce que, dit-il, l'estomac en supporte des quantités considérables sans malaise, comme si cette substance ne pouvait agir d'une manière spéciale et toxique sur les entozoaires en général et en particulier sur le tænia, sans porter sérieusement atteinte à la muqueuse gastro-intestinale. Alibert et Guersent disent n'avoir retiré aucun avantage de cette racine employée seule, et attribuent aux drastiques, à la gomme gutte, à la scammonée, les effets du remède de Mme Nouffer (Voyez Préparations pharmaceutiques et doses), remède que Louis XV acheta 1,800 fr. et dont l'importance diminua dès qu'il fut connu.

Cependant des observateurs judicieux tels que Gmelin, Hufeland, Went, Kroll, attestent que le rhizôme de cette plante a pu seul, et sans l'association d'aucune substance, tuer et expulser le tænia. Rouzel[4], de Saint-Etienne-aux-Claux (Corrèze), dit avoir administré ce ténifuge avec succès plus de cent cinquante fois pendant une pratique de quarante ans (Voyez Préparations pharmaceutiques ci-dessus). Ce praticien cite deux cas de réussite où la racine de grenadier avait échoué. Daumerie, de Bruxelles[5] a rapporté quatre cas de succès, dont deux dans lesquels le ver a été expulsé en entier sans le secours d'aucun autre médicament. — Un de mes amis

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  1. Compte rendu des travaux de la Société impériale de médecine de Toulouse, 1856, p. 63 et suivantes.
  2. Archive der Pharmacie et Journal de pharmacie et de chimie, 1852.
  3. Journal de pharmacie, 1829, t. XV, p. 292.
  4. Revue médicale, octobre 1840.
  5. Archives de la médecine belge, septembre 1841.


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âgé de trente-neuf ans, avait inutilement employé trois fois la racine de fougère mâle en poudre jusqu'à la dose de 50 gr., en ayant soin de prendre ensuite 60 gr. d'huile de ricin en une seule dose. La quatrième fois, il fit précéder l'emploi du même remède de l'usage abondant de la carotte crue pour toute nourriture pendant six jours. Le ver, qui le tourmentait depuis près de six ans, fut alors expulsé tout entier. Un cultivateur âgé de trente et un ans, d'une constitution délicate, d'un tempérament lymphatique, atteint du tænia depuis plusieurs années, en fut délivré en prenant pendant trois jours à jeun 30 gr. de racine (rhizôme) de fougère mâle pilée avec autant de miel et réduite en pulpe. C'est le mode d'administration le plus simple et probablement le plus efficace.

L'extrait résineux de fougère mâle s'est montré d'une efficacité incontestable contre le tænia. Ebers, de Breslau[1], rapporte huit observations qui constatent que l'administration de ce médicament a produit un prompt et heureux résultat. Suivant ce médecin, il tue le tænia et il expulse aussi les lombrics, mais vivants. La dose prescrite était de 1 gr. 25 centig., en deux fois, sous forme de pilules. Comme ce remède paraît avoir pour propriété de tuer le ver plutôt que celle de l'expulser, un purgatif était administré le lendemain. Huit autres observations[2] attestent également la propriété ténifuge de cet extrait, que d'autres médecins tels que Radius, Tott, Kierser, etc., ont aussi employé avec succès. Il m'a procuré un résultat aussi heureux que prompt chez une femme de chambre anglaise qui, depuis un séjour de six années consécutives en Suisse, était attaquée d'un tænia contre lequel elle avait inutilement employé l'écorce de racine de grenadier, la racine de fougère en poudre, l'huile essentielle de térébenthine, etc.

D'après Peschier[3], l'oléo-résine de bourgeons de fougère mâle a provoqué, dans l'espace de neuf mois, l'expulsion de plus de cent cinquante tænias. Patin[4], dans un voyage qu'il fit à Genève, eut occasion de voir administrer ce médicament par Peschier, et, à son retour à Paris, il l'employa avec succès dans deux cas. L'oléo-résine, préparée selon la méthode de Peschier, est, suivant Trousseau et Pidoux, un remède plus puissant encore, comme tænifuge, que l'écorce de grenadier.

Christison[5] a fait connaître les résultats obtenus de l'emploi de l'extrait éthéré de fougère mâle, soit par lui, soit par quelques-uns de ses confrères, dans vingt cas de tænias bien constatés. Dans tous ces cas, le tænia fut rendu après une seule dose du médicament, et ordinairement en une seule masse. Quelquefois même il fut expulsé sans aucun purgatif. Le plus souvent le remède ne causa aucune douleur pendant son action, ce que les malades qui avaient déjà pris d'autres vermifuges d'un effet plus ou moins désagréable faisaient remarquer. Chez quelques individus, toutefois, il y eut des coliques, des nausées, une sensation pénible dans le bas-ventre, et même des vomissements. Dans deux cas seulement, il y eut récidive après six mois environ. Christison pense qu'il est prudent d'administrer le médicament une fois par mois, pendant un certain temps, attendu que des œufs restés dans l'intestin peuvent reproduire le ver, comme la tête elle-même, en reproduisant de nouveaux anneaux. Ce médecin cite le cas d'un malade qui avait pris un grand nombre de fois l'huile essentielle de térébenthine, et chez lequel depuis vingt ans le tænia se reproduisait à des intervalles de quelques mois. Une dose d'extrait éthéré de fougère mâle fit expulser un très-long tænia ; Depuis, huit mois s'étaient écoulés sans récidive. Christison

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  1. Revue médicale, 1828. t. III, p. 237.
  2. Gazette de santé, septembre 1828.
  3. Bibliothèque universelle, avril 1828.
  4. Gazette des hôpitaux, novembre 1840.
  5. Monthly Journ. of med., 1853, et Bulletin de thérapeutique, t. XLV, p. 477.


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donnait d'abord l'extrait de fougère mâle à la dose de 1 gr. ; mais on peut, selon lui, le donner à la dose de 1 gr. 25 centigr. La dose prescrite par Peschier, de Genève, est de 2 à 4 gr.

Les résultats obtenus par le professeur d'Edimbourg sont de nature à appeler l'attention des praticiens et à leur faire préférer, à mérite égal, la fougère mâle, plante indigène que l'on trouve partout, au kousso, substance exotique d'un prix élevé, et qui, comme tant d'autres, nous arrivera tôt ou tard altérée par le temps, ou falsifiée par la cupidité.

(Pour le cheval, on emploie la poudre de rhizôme de fougère mâle, en décoction, dans l'eau, à dose de 250 gr. ; pour les boeufs et les vaches, à celle de 130 gr. ; et à celle de 32 à 64 gr. pour le mouton, le veau et le chien,)


Fougère femelle

Nom accepté : Pteridium aquilinum (d'après la description et quelques noms)

Confusion probable avec : Athyrium filix-femina


FOUGÈRE FEMELLE. — PTÉRIDE, — PORTE-AIGLE, — GRANDE FOUGÈBE FEMELLE, — FOUGÈRE COMMUNE. — Polypodium filix fœmina, L. — Pteris aquilina. — Filix ramosa major, Bauh., T. — Cette fougère est abondante dans les terres légères, sablonneuses et humides.

Description. — Souche perpendiculaire, fusiforme, simple, noire, blanchâtre intérieurement, offrant sur sa coupe transversale une figure noirâtre formée par la section des faisceaux vasculaires et représentant un double aigle héraldique (aigle de la maison d'Autriche). — Frondes très-grandes, hautes quelquefois de 1 à 2 mètres ; trois ou quatre fois ailées ; les pinnules fort nombreuses, petites, ovales-allongées, un peu aiguës ; celles qui terminent chacune des divisions principales de la fronde lancéolées, toutes entières. — Fruits formant une ligne continue bordant toutes les divisions des frondes, dont le tégument est formé par le bord même replié en dessous (Richard).

Cette fougère est d'une saveur âpre, peu agréable. Elle contient, outre divers principes, une certaine quantité de fécule. Elle fournit beaucoup de potasse. On la brûle comme la fougère mâle et d'autres espèces de fougères, pour en faire de la cendre qui sert aux verreries. Bosc dit qu'on pourrait en extraire toute la potasse dont la France a besoin. On peut aussi s'en servir au tannage des cuirs. On la brûle sur les terres pour les fertiliser.

La fougère femelle a été aussi préconisée comme ténifuge. Malgré les assertions de Haller, d'Alston et d'Andry, qui ont élevé sa vertu anthelminthique au-dessus de celle de la fougère mâle, les effets réels de ce médicament sont encore à constater, attendu qu'on l'a presque toujours associé à diverses substances résineuses et purgatives plus ou moins énergiques. La vertu abortive qu'on lui a attribuée de temps immémorial mérite, comme celle de la fougère mâle, l'examen attentif des praticiens.