Alliaire (Cazin 1868)

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Alleluia
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Amandier
PLANCHE III : 1. Alkékenge. 2. Alléluia. 3. Alliaire. 4. Alcée. 5. Angélique.


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Alliaire

Nom accepté : Alliaria petiolata


ALLIAIRE. Erysimum alliaria. L.

Hesperis alliaria. Lamark. — Alliaria. Bauh. — Alliastrum. Gesn. — Hesperis allium redolens. T. — Sisymbrium alliaria. Roth. — Alliaria officinalis. Pharm.

Velar alliaire, — erysimum alliaire, — herbe-aux-aulx, — julienne.

CRUCIFÈRES. — SISYMBRIÉES. Fam. nat. — TÉTRADYNAMIE SILIQUEUSE. L.


L’alliaire (Pl. III), plante vivace, croît dans toute la France, et se trouve principalement aux lieux couverts, le long des haies, sur le bord des fossés.

Description. — Racine blanche, ayant la forme d’un petit navet. — Tige herbacée, droite, de 60 à 70 centimètres, tantôt simple, tantôt légèrement rameuse, ferme, velue à sa partie inférieure. — Feuilles alternes, pétiolées, cordiformes, presque glabres, les inférieures plus obtuses, réniformes, portées sur de plus longs pétioles, les supérieurs aiguës et presque sessiles. — Fleurs petites, blanches, soutenues par de courts pédoncules, en grappe terminale lâche, ayant les caractères de la famille des crucifères. - Calice à quatre sépales étroits, caducs. — Corolle à quatre pétales unguiculés, cruciforme. — Six étamines dont deux plus courtes. — Ovaire allongé, style gros, stigmate bilobé. — Fruits : siliques étalées, grêles, quadrangulaires, striées longitudinalement.

Parties usitées. — Les feuilles, les sommités fleuries et les semences.

[Culture. — L’alliaire est très-abondante à l'état sauvage ; elle croît à l'ombre des arbres ; on la multiplie par semis faits au printemps ; lorsqu’on veut la faire ramper dans les bosquets pour couvrir la nudité du sol, on doit couper les tiges aussitôt que les fleurs sont passées.]

Récolte. — La dessiccation dissipe presque toutes les propriétés de l’alliaire. On doit donc l'employer fraîche.

(Propriétés physiques et chimiques. — L’alliaire possède une odeur et une saveur alliacées qui lui ont valu son nom ; elle contient de l'essence d'ail.)


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PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L’INTÉRIEUR. — Infusion de 30 à 60 gr. Par kilogramme d’eau.
Suc de 15 à 30 gr. en potion.
Suc épaissi ou extrait de suc, 10 à 15 gr. en pilules, potion, etc., n’est pas usité.

A L’EXTÉRIEUR. — En cataplasme. Suc exprimé seul ou étendu dans l’eau. Semence en poudre, comme rubéfiante.


Cetle plante est stimulante, diaphorétique, béchique-incisive, diurétique, détersive, antiputride, antiscorbutique. La décoction dissipe presque toutes ses propriétés. Cependant, suivant Virey[1], la décoction d’alliaire fraîchement cueillie est très-expectorante et agit plus fortement que celle du velar (Erysimum offic.). L’emploi que j'en ai fait sur la fin des catarrhes pulmonaires chroniques, dans l’asthme humide et dans la phthisie, a confirmé cette opinion. J’ai pu aussi constater récemment ses propriétés diurétiques dans un cas d'hydrothorax avec œdème des extrémités inférieures. Le suc épaissi ou extrait de suc se conserve, et peut remplacer le suc frais pendant l’hiver.

J’ai employé aussi avec succès son suc (après Camérarius, Simon Pauli, Boerhaave, Ray) sur des ulcères sordides et gangreneux. Un vaste ulcère de cette nature existait à la partie externe de la jambe droite d’un enfant de dix ans, et avait l’aspect et la fétidité de la pourriture d’hôpital, par suite sans doute de l’habitation inaccoutumée dans un lieu bas, humide et non aéré (au village de Verlincthun, situé au milieu d'eaux stagnantes). Le suc d’alliaire appliqué avec de la charpie, et continué pendant quinze jours, combattit la putridité, détergea l’ulcère, procura une suppuration de bonne nature, et amena une cicatrisation favorisée, à la fin, par l’application du vin miellé.

La graine d’alliaire a une saveur âcre qui se rapproche de celle de la moutarde. « D’après les nombreuses expériences que nous avons faites, dit Dubois, de Tournai, la graine d’alliaire, pulvérisée et réduite en pâte au moyen d’un peu d'eau, en application sur la peau, y produit, au bout de quelques heures, des effets rubéfiants analogues à ceux de la moutarde, mais à un moindre degré. »

Cette plante, beaucoup trop négligée par les modernes, jouit de propriétés énergiques que les anciens ont exagérées.


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  1. Dictionnaire des sciences médicales, t. Ier, p. 411.