Combretum glutinosum (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


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Colorant / tanin Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Médicinal Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Bois d'œuvre Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Bois de feu Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Ornemental Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fourrage Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Sécurité alimentaire Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Changement climatique Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg


répartition en Afrique (sauvage)
1, rameau en fleurs ; 2, fleur ; 3, rameau en fruits. Redessiné et adapté par Achmad Satiri Nurhaman
port de l’arbre en fruits
branche en fleurs
branches en fruits

Combretum glutinosum Perr.


Protologue: Prodr. 3 : 21 (1828).
Famille: Combretaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 26

Synonymes

  • Combretum passargei Engl. & Diels (1899),
  • Combretum relictum (Aubrév.) Hutch. & Dalziel (1927).

Noms vernaculaires

  • Bois d’éléphant, chigommier (Fr).

Origine et répartition géographique

Combretum glutinosum est répandu dans toute l’Afrique de l’Ouest et s’étend jusqu’au Soudan.

Usages

En Afrique de l’Ouest, en particulier du Sénégal à la Côte d’Ivoire, les feuilles, les tiges ainsi que l’écorce des racines de Combretum glutinosum, ramassées dans la nature, sont des sources importantes de teintures jaunes à jaune brunâtre pour les tissus de coton. Au Burkina Faso, au Bénin et au Nigeria, ces colorants sont aussi utilisés pour teindre le cuir ainsi que les nattes faites en diverses fibres végétales. L’importance primaire de Combretum glutinosum (appelé “càngàra bilen” en bamanakan, au Mali) est toutefois qu’il sert à la fabrication de textiles de renommée internationale, les “bogolanfini” ou “bogolan” (“tissu à la boue”) au Mali, où d’autres plantes riches en tanins sont également utilisées, en fonction des ressources et des traditions locales. Combretum glutinosum est très employé dans la région de Bélédougou, au nord de Bamako. Les motifs noirs des bogolan sont obtenus par réaction des tanins de la plante avec les sels de fer contenus dans la boue fermentée trouvée sur place. Bien que la méthode de base qui consiste à obtenir des teintures noires à partir de plantes riches en tanins et à les mordancer à la boue ferrugineuse soit connue dans le monde entier et continue à être très utilisée dans d’autres régions d’Afrique pour les étoffes en écorce battue et les fibres végétales, l’art spécial des bogolan est l’apanage à l’origine des femmes de plusieurs peuples du groupe Mandé : les Bamanans, les Dogons, les Malinkés, les Miniankas, les Bobos et les Sénoufos. Autrefois, il servait à décorer les vêtements de groupes bien définis qu’ils revêtaient lors d’occasions spéciales, leur conférant des pouvoirs symboliques de protection et de guérison, mais récemment ces vêtements ont attiré l’attention du monde international de la mode. Les artistes maliens et les couturiers ont adapté ces techniques et ces motifs, générant une recrudescence de la demande mondiale.

Combretum glutinosum est en outre utilisé dans la teinture à l’indigo ; en effet, du Sénégal au Nigeria, les cendres du bois sont tout particulièrement appréciées pour maintenir dans la cuve d’indigo le pH alcalin optimum.

Les jeunes feuilles fraîches, bien qu’amères, sont parfois consommées comme légume, au Sénégal elles sont mélangées avec du taro (Colocasia esculenta (L.) Schott), et fournissent un fourrage utile très apprécié par tout le bétail dans la zone sahélienne. Le bois jaunâtre, dur et très solide est utilisé en construction, pour fabriquer des manches d’outils ainsi que comme bois de feu. Au Nigeria, sa fumée sert aux fumigations et comme encens. En médecine traditionnelle, Combretum glutinosum est très prisé. Une décoction ou une infusion de feuilles, d’écorces ou de fruits est très courante, surtout pour soigner les problèmes urinaires, hépatiques et rénaux, de même que toutes sortes de problèmes respiratoires, la fièvre, les troubles intestinaux et pour nettoyer les lésions et les plaies. Les feuilles ou l’écorce broyées ou séchées en poudre servent de pansement sur les blessures. Les Maninkas versent une décoction de feuilles dans l’eau du bain ou la prennent en potion en cas de fatigue générale. Au Sénégal, la gomme de l’écorce sert à obturer les caries. Quant aux jeunes pousses et aux racines, elles ont la réputation d’être aphrodisiaques.

Production et commerce international

Grâce à un intérêt et une demande accrus, la production de bogolan s’est convertie en une importante activité économique forte de centres disséminés du Mali jusqu’aux pays voisins, et dotée de marchés internationaux, surtout en Europe et aux Etats-Unis. Les cendres du bois de Combretum glutinosum, largement utilisées dans la teinture à l’indigo, font l’objet pour cela d’un commerce régional et international, mais on ne dispose d’aucune statistique à ce sujet.

Propriétés

L’acide gallique, l’acide ellagique, des hétérosides flavonoïdes ainsi que 4 tanins ont été isolés des feuilles de Combretum glutinosum. En ce qui concerne les tanins, il s’agit du 2,3-(S)-hexahydroxydiphénoyl-D-glucose, de la punicaline, de la punicalagine et de la combréglutinine. La technique des bogolan repose sur la réaction entre les tanins et les composés ferriques solubles présents dans la boue fermentée, et qui donne du noir. Pour les bogolan traditionnels, la boue est étalée sur toute la surface du tissu, en contournant les lignes fines des motifs qui restent ainsi jaunâtres sur fond noir. La couleur jaune donnée au tissu de coton par le mélange de flavonoïdes et de tanins présents dans le bain de teinture est ensuite blanchie, ce qui se faisait autrefois par l’application d’un savon fait maison à base de lessive de cendres, et se pratique aujourd’hui généralement avec des produits blanchissants commerciaux.

La gomme présente dans l’écorce renferme des composés d’acide uronique qui s’hydrolysent en un certain nombre de sucres. La combréglutinine a des propriétés médicinales intéressantes, notamment pour le traitement de l’hépatite B. Parmi d’autres effets avérés de Combretum glutinosum en médecine, citons l’amélioration de l’émission d’urine, la réduction de l’hypertension, l’évacuation de calculs vésicaux, sans oublier les propriétés antitussives et désinfectantes des feuilles.

Falsifications et succédanés

Dans la technique de fabrication des bogolan, les feuilles de Combretum glutinosum peuvent être remplacées par celles plus courantes d’Anogeissus leiocarpa (DC.) Guill. & Perr. qui ont les mêmes effets, puisqu’elle donnent des colorants jaunes qui peuvent être aisément blanchis pour laisser apparaître des motifs blancs sur fond noir. Les écorces de Lannea microcarpa Engl. & K.Krause et de Terminalia macroptera Guill. & Perr. sont elles aussi utilisées dans la teinture des tissus bogolan, mais les ocres ou les rouges obtenus sont conservés tels quels sans être blanchis, ce qui donne des tissus à motifs rougeâtres sur fond noir ou à motifs noirs sur fond rougeâtre, le noir provenant dans tous les cas de la réaction entre les différents tanins présents dans les plantes et les composés ferriques de la boue.

Description

  • Arbuste ou petit arbre atteignant 12 m de haut ; fût jusqu’à 60 cm de diamètre, souvent tortueux ou branchu dès la base ; écorce rugueuse et cannelée, grise ; cime arrondie et ouverte ; branches densément et brièvement poilues, grises.
  • Feuilles opposées à légèrement alternes ou quelquefois verticillées par 3–4, simples ; stipules absentes ; pétiole de 0,5–1,5(–3,5) cm de long ; limbe elliptique, ovale ou obovale, de 9–18(–35) cm × 4–8(–20) cm, à base arrondie à atténuée, à apex arrondi à aigu, à bord entier, parfois ondulé, lorsque jeune généralement collant en dessus et densément pubescent à poils gris en dessous, à nervures latérales saillantes en 7–15 paires.
  • Inflorescence : épi axillaire, atteignant 6 cm de long.
  • Fleurs bisexuées, régulières, 4-mères, vert jaunâtre, odorantes, sessiles ; réceptacle en coupe, jusqu’à 4 mm de large ; lobes du calice triangulaires ; pétales libres, obovales à circulaires, de 1–2,5 mm de long ; étamines 8 ; ovaire infère, style exsert.
  • Fruit : samare ellipsoïde à 4 ailes, de 2,5–4 cm × 1,5–3 cm, glabre ou pubescente, souvent collante près du centre, rouge à jaune-brun.

Autres données botaniques

Combretum est un genre très étendu qui comprend environ 250 espèces réparties dans les régions tropicales et subtropicales du monde entier. Environ 140 d’entre elles se trouvent en Afrique tropicale. Combretum schweinfurthii Engl. & Diels, connu en R.D. du Congo, au Soudan et en Ouganda, est peut-être synonyme de Combretum glutinosum.

Plusieurs autres espèces de Combretum servent en teinture en Afrique. Parmi les principales figurent : Combretum erythrophyllum (Burch.) Sond., originaire d’Afrique australe, dont on utilise les racines pour teindre les textiles et les paniers et leur donner de belles couleurs marron foncé, mais qui est utilisée essentiellement comme bois d’œuvre ; Combretum micranthum G.Don, originaire du Sahel occidental, utilisée comme teinture rouge mais qui est surtout une plante médicinale ; Combretum nigricans Lepr. ex Guill. & Perr., que l’on rencontre du Sénégal au Soudan, donne une teinture rouge orangé, mais elle est davantage appréciée pour sa gomme ; Combretum paniculatum Vent., répandue dans toute l’Afrique tropicale et qui produit une teinture jaune utilisée au Kenya pour teindre en vert lorsqu’elle est combinée avec des bleus, mais dont l’importance est principalement médicinale.

Croissance et développement

Dans les savanes, Combretum glutinosum est sempervirent, dans les zones sahéliennes il perd ses feuilles quelques mois pendant la saison sèche. La floraison a lieu en saison sèche après les feux de brousse auxquels il résiste très bien. Une fois établi quelque part, il forme facilement des peuplements denses.

Ecologie

Combretum glutinosum se rencontre dans les savanes herbeuses et boisées où la pluviosité annuelle est de 200–900 mm. Il est particulièrement résistant à l’aridité, survivant là où des graminées ne pourraient le faire, et repousse très vite après les feux. Il est souvent grégaire sur les sols sableux et dégradés.

Gestion

Combretum glutinosum n’est pas cultivé mais souvent conservé lorsque les terres sont défrichées. L’arbre élagué repousse bien. Il est fréquemment infesté par les Loranthaceae parasites.

Récolte

Les parties utilisées en teinture (feuilles, écorce, bois) sont récoltées sur les arbustes et sur les arbres sauvages. Dans la région de Bélédougou, les feuilles fraîches ramassées immédiatement après la saison des pluies (en octobre) passent pour être les meilleures. Les jeunes garçons grimpent aux arbres pour y couper l’extrémité des jeunes rameaux dont ils font ensuite des fagots. Ceux-ci peuvent être utilisés frais ou bien ils sont séchés et entreposés pour un usage ultérieur.

Traitement après récolte

D’après les recettes traditionnelles des Mandés, les feuilles fraîches ou séchées sont mises à bouillir une heure dans l’eau afin d’obtenir un liquide jaune. Une fois que le bain a refroidi, le tissu est immergé. Puis il est mis à sécher au soleil, plongé à nouveau dans le bain, cette opération étant répétée plusieurs fois jusqu’à ce que le jaune de base désiré soit obtenu. Lors du séchage, c’est toujours le même côté du tissu qui est exposé au soleil, de sorte que sous l’effet de l’oxydation il devient jaune foncé. Une fois le tissu teint et séché, il est détiré et les parties que l’on veut teindre en noir sont recouvertes de boue liquide à l’aide d’un bâton en bois (“kala”) pour dessiner les lignes droites et d’une spatule spéciale en métal (“binyèni”) pour tracer les courbes et remplir les espaces vides. Lorsque la boue est sèche, le tissu est secoué pour l’éliminer, après quoi il est rincé soigneusement à l’eau. Toute l’opération qui consiste à teindre et à appliquer de la boue est répétée jusqu’à 3 fois afin d’obtenir un fond d’un noir profond. Enfin, on étale soigneusement une pâte blanchissante sur les motifs clairs. Parfois, le bain de teinture n’est pas porté à ébullition, mais on y fait macérer des feuilles fraîches préalablement pilées pendant un ou deux jours. Cette opération est certes plus longue mais économise du combustible. On peut également concasser des écorces de tiges et de racines et les mettre à macérer dans l’eau sans les chauffer afin d’obtenir des nuances orangées pour d’autres types de textiles, auquel cas les cendres du bois rajoutées au bain de teinture font office de mordant.

Ressources génétiques

Combretum glutinosum est répandu et n’est pas menacé d’érosion génétique même si, depuis peu, l’augmentation de la demande pour les tissus bogolan, ainsi que d’autres usages, le rendent localement moins commun. Déjà dans les années 1990, les femmes se plaignaient d’avoir à aller de plus en plus loin pour ramasser des branches.

Perspectives

Combretum glutinosum demeurera essentiel en tant que source de colorant dans la production des bogolan. L’intérêt croissant pour les textiles bogolan provoquera une demande d’approvisionnements plus importants et réguliers de toutes les plantes tinctoriales traditionnellement employées. Compte tenu également de la demande due aux propriétés médicinales non négligeables de Combretum glutinosum, sa culture ne peut être que recommandée dans les régions où il est utilisé en grosses quantités, afin d’éviter son exploitation abusive ainsi que l’épuisement des peuplements sauvages.

Références principales

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Sources de l'illustration

  • Aubréville, A., 1950. Flore forestière soudano-guinéenne. Société d’Editions Géographiques, Maritimes et Coloniales, Paris, France. 533 pp.
  • Malato-Beliz, J., 1977. Plantas novas para a Guiné-Bissau - 1, Combretaceae. Garcia de Orta, Série de Botanica 3(2): 55–61.

Auteur(s)

  • M. Marquet, CIHAM/UMR 5648 /Archéologie et Histoire médiévale, Université Louis Lumière - Lyon II, 18, quai Claude Bernard, F-69365 Lyon Cedex 07, France
  • P.C.M. Jansen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Marquet, M. & Jansen, P.C.M., 2005. Combretum glutinosum Perr. ex DC. In: Jansen, P.C.M. & Cardon, D. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 22 décembre 2024.


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