Garcinia lucida (Fruitiers du Cameroun)

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Garcinia kola
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Hymenocardia acida
graines et écorces en vente (N. Guedje)


Garcinia lucida Vesque Monog. Phan 8 : 311 (1893)

Nom commun

  • Essok

Noms locaux

  • Bassa : lañô
  • Boulou : sok
  • Ewondo : essok

Origine, distribution géographique et écologie

Espèce d’Afrique équatoriale dont l’aire de répartition couvre le Cameroun, la Guinée Equatoriale et le Gabon. Elle est remarquable par son tempérament grégaire dans le sous-bois des formations d’altitude en forêt Atlantique biafréenne et en forêt semi-decidue guinéo-congolaise. Elle est inféodée à l’humidité du milieu et à l’exposition ouest des pentes.

Description

  • Petit arbre atteignant 12 m de hauteur et 30 cm de diamètre ; cime à branches plus ou moins horizontales, en goupillon sur toute la hauteur de la tige et plus resserrées vers le haut ; branches inférieures, horizontales et étagées, branches supérieures obliquement dressées ; fût cylindrique; base cylindrique ou surélevée au-dessus du sol par 4-6 racines échasses verticales, simples ou ramifiées ; écorce verruqueuse ou rugueuse, d’épaisseur variable, teinte uniforme ou marbrée, tranche jaunâtre, exsudant un latex jaune s’écoulant très lentement.
  • Feuilles opposées, simples ; limbes elliptiques ou oblongues-elliptiques atteignant 50 x 25 cm, base plus ou moins arrondie ou obtuse ; coriaces, vert-doré sur la face inférieure ; stipules absentes.
  • Plante dioïque. Inflorescences en glomérules ou en racèmes simples ou ramifiés, atteignant parfois 100 cm de longueur, terminaux ou axillaires ; parfois caulinaires sur des jeunes et vieux rameaux ou le tronc ; boutons floraux quelques fois solitaires chez les pieds femelles.
  • Fleurs unisexuées, tétramères ; petites avec 6-8 mm de diamètre, de couleur blanche ; fleurs mâles à nombreuses étamines groupées en 4 faisceaux opposés aux pétales, ovaire rudimentaire ; fleurs femelles à ovaire supère 1-4 loculaires, loges uniovulées.
  • Fruits : baies ellipsoïdales ou globuleuses, vertes à vert-doré ; épicarpe lisse ou muni d’excroissances ou de protubérances ; endocarpe fin et très mince, de couleur jaune-orange.
  • Graines au nombre de 4, semi-ellipsoïdes atteignant 8 x 6 x 4 cm, violet-rougeâtre à maturité ; tégument mince et ridé transversalement ; contenues dans une mince pulpe blanche-jaunâtre, farineuse.

Floraison étalée sur toute l’année, mais avec deux pics en avril - juin et octobre - janvier. Fructification, moins étalée avec un pic entre juillet et décembre.

Variabilité et conservation de la ressource

Le taux de mortalité des grands arbres est assez élevé dans la population naturelle à la suite de l’abattage ou de l’annélation de la tige lors du prélèvement de l’écorce par les populations locales. La récolte incontrôlée des fruits est préjudiciable à la régénération naturelle de l’espèce. Les intervalles de temps recommandés entre 2 prélèvements successifs permettraient de favoriser la reconstitution de l’écorce et d’assurer la survie des arbres ; malheureusement, ils ne sont pas respectés.

Agronomie

Les fruits sont des baies vertes avec 1 à 2 graines par fruit. Les graines, barochores, germent au bout de deux semaines Le taux de germination est élevé (90 %), La croissance de la plante est par contre très lente. La polyembryonie est assez fréquente. Pour une croissance harmonieuse, les jeunes plants doivent être impérativement ombragés.

La production annuelle est estimée à 11 584 graines par hectare et par an soit environ 0,44 tonnes par hectare et par an.

Utilisations

Les parties utilisées sont le fruit, l’écorce, la graine, les feuilles et le bois. La graine est consommée crue et mâchée comme la noix de Cola acuminata en zones humides d’Afrique Centrale. Recherchée pour ses vertus médicinales, l’écorce de Garcinia lucida est également utilisée comme adjuvant lors de la production du vin de palme, boisson locale provenant de la fermentation de la sève du palmier à huile ou du palmier raphia, pour le rendre un peu plus amer (Tchatat et Ndoye, 1999 ; Guedje, 2002).

Garcinia lucida est très utilisé au Cameroun pour ses vertus médicinales. Les graines et l’écorce soignent diverses affections gastro-intestinales telles que la diarrhée, les coliques abdominales, le ballonnement, les indigestions. Les graines sont également employées contre les affections gynécologiques et les maladies sexuellement transmissibles. La graine de Garcinia lucida est un excellent pansement agissant contre les ulcères gastriques. La graine et l’écorce sont également administrées ou consommées à l’état frais ou sec réduit en poudre, pour leurs propriétés anti-poison. La graine est conseillée dans le traitement des morsures de serpents. Les feuilles de Garcinia lucida sont utilisées pour leurs propriétés répulsives vis à vis des insectes, en particulier les moustiques. Elles sont également employées pour repousser les mauvais esprits (Guedje, 2002). Les fruits de Garcinia lucida sont stimulants et sont utilisés comme antipoison (Sunderland et al., 2000, Ndoye et al., 2000).

Niveaux de production

Les données sur la production nationale de Garcinia lucida ne sont pas disponibles. Cependant, la commercialisation de l’écorce et des fruits a lieu au niveau national et sous-régional. Guedje (2002) rapporte qu’en 1999, dans le village de Mefak dans la province du Sud Cameroun, une centaine de sacs d’écorce de Garcinia lucida a été transférée dans la ville d’Ebolowa au bout de 15 jours d’observation. Ndoye et al. (2000) estiment la valeur de Garcinia lucida commercialisée dans quelques marchés de la zone de forêt humide du Cameroun à 22 043 $EU pour l’année 1995 et 18 975 $EU pour l’année suivante. Pour prélever 394 sacs d’écorce, 23 opérateurs ont exploité un total de 2 717 arbres, avec une moyenne de 6,5 kg d’écorce prélevée par arbre (Guedje, 2002).

Flux et circuits de commercialisation

La valeur estimée des ventes d’écorces de Garcinia lucida est de 40,5 tonnes en 1995 et 27 tonnes en 1996, pour une valeur totale de 10 360 000 et 9 867 000 F CFA respectivement. La marge hebdomadaire par vendeur en 1995 était de 5 600 F CFA contre 4 000 F CFA en 1996. Les marchés de Mbalmayo, d’Ebolowa et d’Abang Minko, à la frontière entre le Cameroun et le Gabon, représentaient 93 % de la quantité totale des produits de Garcinia lucida commercialisés en 1995 et 74 % en 1996 (Ndoye et al., 1997).

Mécanismes de fixation des prix

Au Gabon, les habitants des forêts perçoivent 47 % des prix de vente des produits alors qu’au Cameroun ils perçoivent 63 % du prix de vente au détail (Ndoye et al., 1997). Van Dijk (1997) estime le prix d’un morceau d’écorce de Garcinia lucida entre 50 et 100 F CFA dans les marchés de Kribi et d’Ebolowa.

Potentialités et contraintes

L’exploitation traditionnelle des écorces de Garcinia lucida participe à la destruction de la ressource. Selon Guedje (1996), 50 % des arbres ont péri après exploitation des sites dans le Sud Cameroun. Il existe des techniques de prélèvement de Garcinia lucida qui permettent de gérer l’espèce de façon durable. Guedje (2002) estime le rendement durable entre 0,5 et 6 kg d’écorce par arbre, avec une valeur moyenne de 2 kg d’écorce par arbre. L’arbre ne peut être ré-exploité que six années plus tard, après la reconstitution totale de la surface d’écorce initialement prélevée. La domestication de Garcinia lucida ainsi que sa culture par les habitants de la forêt ne sont pas suffisamment pris en compte dans les programmes de recherches actuellement menés sur les PFNL en Afrique Centrale. La littérature fournit des données très variables sur les stocks de Garcinia lucida. Ceci montre que les connaissances sur le potentiel de la ressource ne sont pas assez précises. Il est donc nécessaire d’améliorer la méthodologie utilisée dans les inventaires pour évaluer la disponibilité de la ressource (Ndoye et al., 2000).