Asperge (Vilmorin-Andrieux, 1904)

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ASPERGE

Asparagus officinalis L.

Fam. des Liliacées.

NOMS ETRANGERS : ANGL. Asparagus. — ALL. Spargel. — FLÂM et HOLL. Aspersie. — DAN. Asparges. — sUED Sparris. — ITAL. Sparagio. . — ESP. Esparrago. . — Pou. Espargo. — RUSSE Sparja. — POL.Szparagi


Indigène. — Vivace. — Plante à racines nombreuses, simples, renflées, constituant un ensemble désigné sous le nom de griffe , et d'où s'élèvent plusieurs tiges de 1m30, droites, rameuses, très glabres, légèrement glauques, à feuilles extrêmement menues, cylindriques, fasciculées ; fleurs pendantes, petites, d'un jaune verdâtre, auxquelles succèdent des baies sphériques de la grosseur d'un pois, se colorant à l'automne d'un vermillon très vif. Graines noires, triangulaires, assez grosses, au nombre de 50 dans un gramme ; pesant 800 grammes par litre et conservant leur qualité germinative pendant cinq années au moins.


CULTURE EN PLEINE TERRE. — L'Asperge, un des premiers légumes que nous ramène le printemps, est aussi un des plus généralement appréciés et cultivés. Dans beaucoup de localités, et notamment aux environs de Paris, la production et la vente des asperges constituent une industrie de première importance. S'il est incontestablement des terrains et des localités où l'Asperge réussit d'une façon toute spéciale, il n'en est guère où l'on ne puisse créer de plantation de ce légume moyennant quelques soins et quelques travaux d'établissement et d'entretien. Quoique les sols sains et légers soient ceux qui conviennent le mieux pour faire une plantation d'asperges, il est possible d'en établir avec succès dans toutes les terres qui ne sont pas absolument mouillées ou imperméables : l'humidité stagnante étant ce que cette plante redoute le plus.


Semis. — Pour établir une plantation, on peut ou élever son plant soi-même, ou se le procurer tout venu. Pour faire son plant, il faut semer de Mars en juin dans une bonne terre, riche, meuble et bien fumée à l'avance, de préférence en rayons distants de 20 à 25 centimètres, et recouvrir légèrement la graine de i centimètre environ de terre ou de terreau. Dès que la graine est bien levée et que le plant a pris un peu de force, on l'éclaircit de manière qu'il y ait entre chaque plant environ '5 centimètres d'écartement sur le rayon. Au bout d'un mois, on éclaircit de nouveau en supprimant les plants les plus faibles et de manière à laisser environ Io centimètres d'espacement, ce qui est très important pour le développement ultérieur des griffes ou racines et pour la beauté du produit. Pendant tout le reste de l'été et de l'automne, il faut arroser abondamment toutes les fois que le besoin s'en fait sentir et tenir la terre très propre par des binages donnés avec beaucoup de précaution, de peur d'endommager les racines. Le plant ainsi traité sera bon à mettre en place dès le printemps suivant ; il sera d'une reprise plus assurée et donnera des résultats tout aussi prompts qu'avec celui de deux ans.

Si l'on ne veut pas prendre la peine d'élever le plant soi-même, il est aisé de s'en procurer dans le commerce, les jeunes griffes d'asperges se conservant parfaitement plusieurs jours et même plusieurs semaines hors de terre, sans aucun inconvénient pour la reprise ni pour la beauté de leur produit. La production des plants d'asperges est devenue une industrie importante dans les environs de Paris, et tous les ans, il s'en expédie au loin plusieurs millions des meilleures variétés.

Plantation. — Nous avons déjà dit que, pour établir une plantation d'asperges, il faut choisir de préférence un terrain sain et léger ; si l'on est réduit à planter sur une terre très forte et humide, il faut, dès les mois de Novembre, Décembre et Janvier, par un drainage énergique au moyen de divers matériaux, tels que branchages, plâtras, etc., l'assainir au moins jusqu'à une profondeur de 0m60 ou 0m75 et porter tous ses efforts sur l'amélioration de la surface en y incorporant du sable, du terreau de feuilles ou des terres de routes.

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L'expérience des cultivateurs d'Argenteuil et autres localités des environs de Paris, qui depuis bientôt un demi-siècle ont porté la culture de l'Asperge à un degré de perfection inconnu jusque-là, paraît démontrer qu'on obtient de meilleurs résultats en fumant et en amendant à très fortes doses la couche superficielle de la terre où végète l'Asperge, et en s'occupant moins des couches profondes où les racines ont peu de tendance à descendre naturellement, si elles trouvent une nourriture abondante à la surface. Il y a lieu évidem-ment de tenir compte, dans les procédés d'établissement d'une aspergière, de la nature du sol dans lequel on opère, et par conséquent de le défoncer plus ou moins profondément ; mais on peut dire d'une façon générale que le grand point, celui d'où dépend principa¬lement le succès, est de ne pas soustraire la griffe d'asperge à l'influence de la chaleur et de la placer en même temps dans un milieu où elle trouve en abondance la nourriture qui lui est nécessaire. Il faut donc que la griffe soit plantée à une petite profondeur et qu'elle ne soit recouverte d'une assez grande épaisseur de terre que pendant la saison de la pousse, alors que cela est absolument nécessaire pour obtenir des asperges d'une longueur suffisante.

Il n'y a pas de règle absolue à prescrire pour la disposition des plants d'asperges: on peut les placer, soit en lignes isolées, soit en planches de 1m30 de large, par exemple, contenant deux rangs distants de 60 centimètres, et les espacer de 0m60 sur la ligne et en quinconces. Dans les cultures destinées à la production des asperges de montre ou d'expédition, l'espacement indiqué ci-dessus doit être augmenté et peut même être doublé.

Si l'on voulait chauffer des griffes d'asperges sur place, il faudrait préparer, en vue de cette culture, des planches de même largeur, mais on ferait trois ou quatre rangs en les espaçant seulement de 0m30 à 0m40.

On ne connaissait guère autrefois qu'une méthode de plantation de l'Asperge : c'était la plantation en fosses, qui n'a plus maintenant de raison d'être que dans les sols argileux et humides. La plantation en planches étant aujourd'hui la plus usitée, la plus simple et la moins dispendieuse, c'est celle que nous allons décrire brièvement, les soins d'établissement et de culture étant du reste à peu près exactement les mêmes dans la plantation en lignes isolées :

Dans le courant de Mars ou d'Avril au plus tard, on dresse avec soin le terrain qu'on destine à la plantation, et qui doit avoir été labouré et copieusement fumé avant ou pendant l'hiver; on creuse légèrement jusqu'à une profondeur d'environ 0m20 la surface des planches en ramenant la terre dans les sentiers. On répand alors sur la surface de la planche du fumier bien consommé ou quelque autre engrais actif. Dans les environs de Paris, on se sert beaucoup pour cet usage des boues de ville ou gadoues. On marque ensuite la place que doivent occuper les griffes, sur deux rangs et en observant l'espacement que nous avons déjà indiqué ; à la place de chaque griffe, on fait un petit tas de terre bien amendée ou de terreau, élevé de 0m05 environ, sur le sommet duquel on pose la griffe, en ayant soin de bien étendre les racines tout alentour et de les faire adhérer au sol en appuyant fortement, — Une bonne précaution consiste à enfoncer dès le moment de la plantation une baguette qui marque l'emplacement occupé par chaque plant ; on peut de la sorte répandre l'engrais exactement sur les racines et éviter de les blesser en donnant les binages nécessaires pendant la première année. — Quand toutes les griffes sont en place, on recouvre les racines de terreau ou de terre additionnée d'engrais et l'on répand par-dessus ce qu'il faut de terre pour rétablir à peu près le niveau de la planche tel qu'il était avant la plantation ; de cette façon le collet de la griffe ne sera pas enterré de plus de 0m08 à 0m10, et l'extrémité des racines elles-mêmes de 0m50 au plus.

A cause de la quantité de terreau et d'engrais qui a été employée, il restera entre les planches, c'est-à-dire dans les sentiers, une certaine hauteur de terre qui servira au printemps pour le buttage.

La plantation, pendant la première année, ne demande d'autres soins que des binages répétés et quelques arrosements. A l'entrée de l'hiver, on coupe les tiges à 0m20 ou 0m30 au-dessus du sol ; la portion qui reste sur pied servant à indiquer la place de chaque griffe. On enlève alors légèrement une partie de la terre qui recouvre la griffe en ne la laissant enterrée qu'à une profondeur de 3 ou 4 centimètres. C'est le bon moment pour appliquer sur les plantations d'asperges les engrais qu'on leur destine. Ceux que l'usage a fait reconnaître comme étant les plus efficaces sont : le fumier bien consommé, les boues de ville ou gadoues, auxquelles on ajoute quelquefois un peu de sel marin et des amendements

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calcaires : plâtre, marne, plâtras pulvérisés, sable de carrière, etc., ainsi que des engrais chimiques, tels que : sulfate d'ammoniaque, chlorure de potassium, superphosphate de chaux, nitrate de potasse, que l'on incorpore légèrement au sol au moyen d'une fourche (1).

Dans le courant de Mars, on recouvre les griffes de 5 à 10 centimètres de la terre mise de côté dans les sentiers, et à laquelle on ajoute, au moment du buttage, un peu de nitrate de soude qui activera la végétation. La surface de la terre est ensuite bien nivelée, et la plantation, pendant la seconde année, reçoit les mêmes soins que pendant la première. A l'automne de cette deuxième année, il convient de donner une nouvelle fumure que l'on incorpore au sol comme on l'a fait à l'automne de la première année.

Au printemps de la troisième année, on commence à butter sérieusement les asperges. Cette opération consiste à ramener sur chaque griffe de la terre prise dans les sentiers, et dont on forme un petit monticule haut de 0m30 environ au-dessus du reste du terrain.

Les indications qui précèdent peuvent se résumer aux deux opérations suivantes : le buttage des griffes, qui a lieu au printemps et a pour but de fournir à la plante les éléments nécessaires à son bon développement ; l'opération contraire, consistant à découvrir les turions (bourgeons) à l'automne, pour permettre à ces derniers de se reposer, de profiter des engrais qui leur sont donnés et de bénéficier des premiers rayons du soleil avant d'être buttés.


Récolte. - Si la plantation a été bien soignée jusqu'ici, on peut commencer dès la troisième année à cueillir quelques asperges sur les plants les plus vigoureux, deux ou trois au plus par pied ; mais ce n'est qu'à partir de la quatrième année que la plantation est en plein rapport. En tout cas, il est très important de cueillir les asperges en les cassant sur le collet même de la griffe, et non pas en les coupant entredeux terres, comme on le fait souvent à tort, ce qui, entre autres inconvénients, a celui d'endommager fréquemment des bourgeons non encore développés. Il vaut beaucoup mieux déchausser l'asperge qu'on veut cueillir en écartant la terre de la butte et l'éclater nettement avec le doigt ou avec un instrument spécial, puis reformer la butte en remettant en place la terre qu'on a écartée. C'est ainsi qu'opèrent toujours les cultivateurs soigneux des environs de Paris.

En pleine terre et sous le climat de Paris, les asperges produisent à partir du mois d'Avril. Dans l'intérêt de l'abondance et de la précocité de la récolte de l'année suivante, il est bon de ne pas prolonger la cueillette au-delà du 15 Juin pour l'Asperge hâtive d'Argenteuil, alors que celle de la variété dite tardive peut durer encore une quinzaine de jours.

A partir de la quatrième année, les soins réclamés par une plantation d'asperges restent toujours les mêmes, c'est-à-dire consistent en binages et en fumures répétés. Il n'est pas absolument indispensable de fumer tous les ans ; cependant, comme l'Asperge est une plante extrêmement avide d'engrais, l'abondance et la beauté du produit seront toujours en raison de la nourriture donnée. — Une plantation bien faite et bien soignée peut rester productive pendant dix ans et plus. Forçage. —Il est facile d'obtenir des asperges à partir de Décembre ou même dès la fin de Novembre en forçant des pieds sur place ou en mettant de vieux plants sur couche chaude et sous châssis, en bâche ou en serre chauffée au thermosiphon.

Quand on veut forcer sur place, on dispose des planches larges de 1m35 (longueur


(1) A titre de renseignement, voici une formule d'engrais chimique à employer comme complément à une demi-fumure au fumier de ferme : Par are : 4kil. Superphosphate de chaux. 1 k 500 Nitrate de potasse. 2 kil. Chlorure de potassium. 1k — Sulfate d'ammoniaque.

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châssis) ; puis on enlève un bon fer de bêche de terre sur toute la surface des planches, et l'on obtient ainsi une fosse profonde d'environ 0m35. On compose ensuite un mélange par parties égales de fumier de vache, de fumier de cheval et de gadoue, que l'on répartit au fond de la fosse sur une épaisseur de 0m10 à 0m15 et que l'on recouvre d'une couche de 0m05 de bonne terre. Dans cet emplacement ainsi préparé, on trace trois rangs, les deux premiers à 0m30 du bord de la planche et le troisième au milieu des deux autres. Puis on établit de petits monticules hauts de 0m05, et à 0m30 d'écartement sur les rangs ; on y place des griffes d'un an, de préférence, en ayant soin de bien étaler les racines. (L'emplacement réservé pour un châssis peut contenir de 15 à 20 griffes.) On procède ensuite au remplissage des fosses avec de la bonne terre, et on laisse entre chaque planche une allée large de 0m60 à 0m70.

On soigne cette plantation pendant trois ans à l'air libre comme dans la culture en pleine terre. A l'automne de la troisième année, on place les coffres sur les planches, on creuse dans les allées et tout autour des coffres une tranchée profonde d'environ 0m60 ; la terre provenant de ces fosses est rejetée dans les coffres de façon à former une couche dont l'épaisseur ne doit pas excéder 0m30; on herse et on nivelle soigneusement, puis on place les châssis sur les coffres. Une vingtaine de jours avant l'époque à laquelle on veut commencer à récolter, on remplit les tranchées de fumier ayant séjourné trois semaines en tas et rendu homogène par deux brassages faits à dix jours d'intervalle, et on monte le fumier jusqu'au bord supérieur des coffres. Les châssis sont protégés pendant la nuit par des paillassons qu'on retire le matin. Tous les quinze jours environ on enlève un quart à un cinquième du fumier des réchauds et on le remplace par du fumier neuf.

La récolte dure environ un mois et demi ; pendant tout ce temps, il faut avoir soin de ne pas laisser tomber la température au-dessous de 13° centigrades.

La récolte finie, on laisse le fumier s'éteindre de lui-même, puis on le retire quand la température intérieure est tombée au niveau de la température extérieure. On démonte ensuite les châssis et les coffres, on comble les tranchées avec la terre qui en a été retirée et qui a servi à rehausser la planche, en ayant soin de ne pas blesser les plants pendant cette opération ; puis on laisse reposer ceux-ci pendant un an et on recommence la seconde année.

Une plantation traitée ainsi peut durer de douze à quinze ans et donner six à huit récoltes. Si l'on veut récolter tous les ans, il est donc nécessaire d'avoir deux carrés d'asperges à forcer dont l'un se repose pendant qu'on chauffe l'autre.


Culture des Asperges vertes. — On obtient les petites asperges vertes que l'on consomme en hiver, jeunes ou en pointes, avec du plant de l'Asperge verte ou de toute autre variété préparé spécialement à l'avance, ou avec de vieilles griffes provenant d'anciennes plantations en pleine terre ; toutefois, l'emploi de ces griffes n'est pratique que dans la culture bourgeoise, et on a intérêt, dans une exploitation faite dans un but commercial, à forcer exclusivement du plant de 3 à 4 ans élevé en pépinière.

Dans ce cas, le plant se prépare de la façon suivante : On repique, fin-Mars ou commen-cement d'Avril, en pépinière, en terrain bien préparé et fumé, en planches de 1m30 de largeur, séparées par des sentiers de 0m30, des griffes provenant d'un semis d'un an ou de dix-huit mois. On dispose ces griffes en échiquier ou en quinconce, bien étalées sur de petits monticules, et en laissant entre elles un intervalle de 12 à 15 centimètres en tous sens. Vers le 15 Mai, on paille la plantation, puis on tient le terrain frais par des arrosages copieux et fréquents. Les griffes restent ainsi en pépinière deux ou trois années, pendant lesquelles on n'a qu'à entretenir le terrain parfaitement propre et à arroser suivant les besoins ; les tiges sèches sont coupées à la fin de chaque automne à 15 ou 20 centimètres du sol, et on enlève le paillis de couverture ou la couche superficielle que l'on remplace par une même couche de bon terreau. Il va sans dire qu'il ne faut pas faire la moindre cueillette pendant ces années de pépinière.

Quand le moment de forcer est venu, on coupe les tiges en ayant soin d'en laisser une partie suffisamment apparente de façon à faciliter l'arrachage des griffes; mais, si l'on dispose d'un local, il est préférable d'arracher, au moment de l'approche des gelées, la totalité des griffes bonnes à forcer. Si le manque de place oblige à laisser les griffes en terre, il sera prudent de les couvrir de litière, de feuilles sèches ou de menue paille, de façon à maintenir la terre en bon état, et surtout à l'empêcher de trop durcir pendant les fortes gelées, ce qui rendrait impossible l'arrachage des griffes.

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On peut commencer à forcer à partir de la seconde quinzaine d'Octobre jusque dans le courant de Mars. Cette opération s'effectue sur couches chaudes d'environ 0m50 de hauteur que l'on recouvre de 5 à 6 centimètres de terreau et sur lesquelles on dispose des coffres que l'on couvre de châssis et qu'on surélève au fur et à mesure de la croissance des asperges. Une fois le coup de feu passé, les griffes sont habillées, c'est-à-dire débarrassées de leurs tiges desséchées et des racines en mauvais état, puis placées sur le terreau, debout, les racines serrées les unes contre les autres, sans tenir compte de l'irrégularité des rangs ; on aura soin, toutefois, de mettre les griffes les plus petites sur le devant du coffre, les moyennes au milieu, les plus fortes au fond et de mettre les collets à la même hauteur en leur faisant suivre cependant une pente régulière, de façon qu'ils soient tous à égale distance du verre. Un châssis de i'55 de long peut tenir environ 500 griffes ainsi disposées. — La mise en place effectuée, on répand du terreau sec, très fin, que l'on fait pénétrer d'abord dans les intervalles des racines par un copieux arrosage, puis on charge avec du terreau ordinaire jusqu'à ce que les collets soient recouverts de 4 à 5 centimètres de terre; après quoi, il ne reste plus qu'à remettre les châssis. Lorsque la chaleur commence à baisser, on dispose autour des coffres des réchauds de fumier que l'on entretient en remplaçant par¬tiellement, de quinze jours en quinze jours, du fumier vieux par du fumier neuf.

Avec une température continue de 20 à 25 degrés centigrades à l'intérieur des coffres, la récolte peut commencer au bout d'une douzaine de jours et se prolonge ordinairement pendant six à sept semaines, et même quelquefois plus, surtout si l'on a soin de bassiner fréquemment, d'aérer chaque fois que le temps le permet, de couvrir les coffres pendant la nuit avec un paillasson, ou même plusieurs si le froid est vif, et de découvrir chaque matin pour éviter l'étiolement.

Il est préférable de cueillir à la main, soit tous les jours, soit tous les deux jours. Après le forçage, les griffes sont épuisées et bonnes à jeter au fumier.

Le forçage peut également se faire à l'aide d'un thermosiphon dans une bâche ou sous châssis ; on adopte clans ce cas le dispositif indiqué au bas de la page 20 et page 21.


Cultures intercalaires. — Pendant les deux ou trois années qu'exige l'élevage du plant en pépinière, il est possible de tirer un certain parti du terrain en cultivant, entre les lignes, des ‘’Laitues, Carottes, Radis,’’ etc., et des ‘’Choux hâtifs’’ dans les sentiers.


INSECTES NUISIBLES. — MALADIES. — L'Asperge est quelquefois attaquée par les vers blancs et les limaces ; mais son ennemi le plus redoutable est la Criocère de l'asperge qui, de même qu'une autre espèce voisine, la Criocère à douze points, cause souvent de grands ravages, aussi bien à l'état de larve qu'à celui d'insecte parfait. Les insecticides sont généralement inefficaces ; quand une plantation est fortement attaquée par la Criocère, le seul procédé pratique pour s'en débarrasser consiste à secouer les tiges au-dessus d'une toile ou d'un large récipient rempli d'eau de savon noir ou d'un insecticide liquide.

Dans les jeunes semis, on a obtenu d'assez bons résultats en bassinant, dès le matin, à la rosée, avec une solution de Solutol Lignières. au quinzième ou par des saupoudrages de soufre à la nicotine.

L'Asperge est également attaquée, surtout dans les plantations pour la culture forcée sur place, par une rouille : ‘’Puccinia Asparagi’’.

Quand cette maladie a fait son apparition, il est indispensable, pour éviter sa propagation, de couper et de détruire par le feu les plants attaqués et d'arroser le sol avec une solution renfermant 3 kil. de sulfate de cuivre par hectolitre d'eau. L'année suivante, en Juin, il sera prudent de traiter préventivement la plantation par des pulvérisations à la bouillie bordelaise ou toute autre bouillie à base de sulfate de cuivre.


USAGE. — On emploie comme légume les jeunes pousses blanchies par un buttage et cueillies au moment où elles commencent à sortir de terre. En Italie et dans certains autres pays, on ne cueille les asperges qu'après les avoir laissées croître assez pour qu'elles se colorent en vert sur une longueur de 0m10 à 0m15. En France, les asperges blanches à tête rose ou violette sont généralement préférées.

Les petites asperges que l'on consomme en hiver à la manière des petits pois ou en omelette, sous le nom d'Asperges vertes, ne sont autre chose que le produit de la culture spéciale indiquée à la page précédente.


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Les variétés d'asperges sont assez nombreuses, ou plutôt chaque localité où la culture de l'Asperge se fait avec succès a donné son nom à une race plus ou moins distincte. C'est à cette circonstance que sont dues les désignations d'A. d'Argenteuil, de Hollande, de Gand, de Marchiennes, de Vendôme, de Besançon, etc.

Nous décrirons seulement celles qui paraissent avoir réellement quelques caractères distinctifs :

ASPERGE VERTE.

SYNONYMES : A. commune, A. d'Aubervilliers.

Cette variété parait être celle qui se rapproche le plus de l'Asperge sauvage; les pousses en sont plus minces que celles des variétés améliorées, plus pointues et se colorent plus promptement en vert.

Les petites asperges vertes des marchés s'obtiennent non seulement avec cette variété, mais aussi avec toutes les autres, en les soumettant au traitement indiqué plus haut (page 21) à l'article « Culture des Asperges vertes  ».


ASPERGE DE HOLLANDE.

SYNONYME : A. violette de Hollande.

Noms ETRANGERS : ANGL. Purple dutch asparagus. — ALL. Dicker blauer Hollàndischer Spargel.

Les pousses (ou asperges proprement dites) de cette variété sont plus grosses et plus arrondies du bout que celles de l'Asperge verte ; leur grosseur dépend surtout des soins de culture et aussi de la qualité de la terre où elles sont plantées. Elles ne sont teintées à l'extrémité que de rose ou de rouge violacé tant qu'elles n'ont pas reçu l'influence de la lumière.


ASPERGE BLANCHE D'ALLEMAGNE.

SYNONYMES : A. grosse blanche de Darmstadt, A. d’UIm.

Noms ÉTRANGERS : ANGL. White german asparagus. — ALL. Grosser weisser Darmstädter Spargel, Ulmer Spargel.

Cette variété, très appréciée en Allemagne, est vraisemblablement issue de l'Asperge violette de Hollande, mais elle s'en distingue nettement par la teinte d'un blanc laiteux que présentent les pousses alors qu'elles sont déjà sorties de terre de plusieurs centimètres.

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ASPERGE D'ARGENTEUIL HÂTIVE.

NOMS ÉTRANGERS : ANGL. Early giant Argenteuil asparagus; (AM.) Palmetto asparagus. ALL. Früher allergrösster Argenteuil Spargel.

Cette très belle race, obtenue par sélection de semis de l'A. de Hollande, fournit la plupart de ces belles bottes d'asperges qu'on admire au printemps à Paris. Les pousses sont très notablement plus grosses que celles de l'A. de Hollande; l'extrémité en est un peu pointue, et les écailles dont elle est revêtue sont fortement appliquées les unes sur les autres. Elle commence à produire un peu avant l'A. de Hollande. — C'est aujourd'hui la variété la plus cultivée.


ASPERGE D'ARGENTEUIL TARDIVE.

Noms ÉTRANGERS : ANGL. Late giant Argenteuil asparagus. — ALL. Später altergrüsster Argenteuil Spargel.

Cette variété ne le cède pas en beauté à la variété hâtive, mais elle ne commence pas à produire tout à fait aussi tôt. Elle est appelée tardive non pas tant à cause de cette différence de précocité, que parce qu'elle continue à donner de belles et grosses pousses lorsque celles de l'A. hâtive d'Argenteuil commencent à être beaucoup moins grosses qu'au début de la saison. On se sert alors des produits de l'Asperge tardive pour parer les bottes. Les jardiniers expérimentés savent reconnaître cette variété de la précédente à l'apparence de sa pointe, dont les écailles sont un peu écartées à la manière de celles d'un artichaut, au lieu d'être pour ainsi dire collées les unes sur les autres.

L’Asperge d'Argenteuil intermédiaire, moins cultivée que les deux précédentes, n'a pas de caractères très distincts. Elle paraît être surtout un bon choix de l'A. de Hollande. Elle a l'extrémité pointue, en forme de pinceau.

L'A. Lenormand paraît avoir été une bonne race améliorée de l'A. de Hollande. Les variétés d'Argenteuil l'ont à peu près remplacée aujourd'hui.

Les Allemands distinguent un grand nombre de races d'Asperges, sous les noms de: Grosse géante, Grosse d'Erfurt, Hâtive de Darmstadt, Blanche grosse Milice. Toutes nous paraissent se rapprocher beaucoup de l'Asperge de Hollande ou de l'A. d'Allemagne.

On vante beaucoup en Angleterre et en Amérique la variété dite Conover’s colossal. Ce que nous en savons ne nous la fait pas considérer comme supérieure aux variétés d'Argenteuil.