Trabut, Répertoire: Introductions

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1830 - 1930

COLLECTION DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE

ÉTUDES SCIENTIFIQUES

FLORE DU NORD DE L’AFRIQUE

RÉPERTOIRE

des Noms indigènes des Plantes

spontanées, cultivées

et utilisées dans le Nord de l'Afrique

par le

Dr L. TRABUT (+)

Directeur du Service botanique



ALGER IMPRIMERIES LA TYPO_LITHO" ET JULES CARBONEL REUNIES 2, Rue de Normandie, 2

1935


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Chargé par la commission des publications du Centenaire d'as­surer la publication de cet important ouvrage du regretté Dr L. TRABUT, nous avons revu soigneusmnent son manuscrit et les épreuves. Nous avons été aidés dans cette tàche difficile par notre collègue, M. BASSET, professeur à la Faculté des Lettres, pour les textes berbères. Quant aux textes arabes, qui contiennent des erreurs évidentes, l'auteur n'étant pas arabisant, nous nous sommes con­tenté de les transcrire autant que possible, conformément au manuscrit. souvent peu lisible, après avoir consulté des personna­lités compétentes qui nous ont confirmé qu'une correction parfaite était impossible.

Alger, décembre 1932.

Dr René Maire, Professeur à la Faculté des Sciences d'Alger. Directeur du Service Botanique.

Pour les « noms berbères  » il ne pouvait être question, sous peine de tomber dans l'arbitraire, de modifier en quoi que ce soit les notations du Dr Trabut; on s'est donc contenté de se conformer strictement au manuscrit dont la lecture n'est d'ailleurs pas toujours aisée.

André BASSET.

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INTRODUCTION

La dénomination des plantes a toujours été pratiquée avec une assez grande précision par les populations indigènes du Nord de l'Afrique. Quand on interroge un pasteur ou un fellah on est étonné du grand nombre de plantes qu'il peut nommer et aussi de ses connaissances pratiques sur ce que l'on nomme les propriétés des plantes. Les plantes alimentaires, fourragères, médicinales, industrielles, toxiques ont généralement une nomenclature Berbère ou Arabe qui est usitée dans toutes les régions occupées par les indigènes. Beaucoup d'autres végétaux plus cantonnés ont reçu des noms qui sont souvent propres à ces plantes; mais aussi parfois et par confusion ceux d'autres plantes plus vulgaires. Les indigènes im­provisent du reste très facilement une nomcnclature; aussi, les oreilles d'animaux, les queues, les raisins de chacal désignent des plantes différentes suivant les régions. En général, l'indigène ne tient compte que d'un caractère dominant, c'est ainsi qu'il nomme Zatter les thyms odorants, les origans et toute Labiée à thymol. Les indigènes qui reonnaissent une plante à son aspect général, son odeur, son usage, se méprennent parfois quand on leur pré­sente une plante qui ne leur est pas familière, en général ils don­nent toujours un nom. De là une assez grande difficulté à établir le relevé des noms pratiqués. Depuis longtemps les explorateurs, les botanistes nombreux qui ont visité le Nord de l'Afrique ont fait mention des noms indi­gènes de beaucoup de plantes et certains de ces noms sont devenus d'un usage courant, préférés à la nomenclature latine des botanistes. Dans le répertoire que nous publions en dehors des noms que nous avons relevés pendant plus de cinquante années d'exploration, nous avons utilisé de nombreux documents. [8]


Ibn el Beithar, vers 1220, parti de Malaga, a visité le Maroc et tout le Nord de l'Afrique ; dans son Traité des simples il cite un certain nombre de plantes avec leurs dénominations berbère ou arabe. Shaw en 1738, dans son voyage en Barbarie donne un catalogue de 632 espèces et certaines avec les noms indigènes. Hénon, interprète militaire (1849), a communiqué des listes de noms indigènes au botaniste Cosson. Bouderba, interprète, au cours de ses explorations dans le Sahara a récolté des plantes avec leurs noms indigènes (1859). Letourneux, botaniste qui connaissait l'arabe et le berbère, a exploré l'Algérie, la Tunisie, la Tripolitaine el l'Egypte pendant quarante ans (1851-1891), a relevé un très grand nombre de noms indigènes qu'il a communiqués à M. Cosson, à M. Meyer et nous-même. Jourdan, auteur des Flores murales de Tlemcen et du Tombeau de la Chrétienne, a publié dans ces opuscules les noms indigènes des plantes citées (1861). Duveyrier, dans les Touaregs du Nord (1864), a fait un relevé des plantes de cette région encore inexplorée et n'a pas manqué de noter les noms arabes et temahaq. Meyer, interprète militaire, a soigneusement fait le relevé des noms indigènes publiés dans des documents peu accessibles. Il a laissé inachevé un Vocabulaire Synonymique et Polyglotte des végé­taux en langues occidentales et orientales. Ascherson a publié dans l'ouvrage de Rohlfs : Kufra, la no­menclature des plantes observées par le savant explorateur (1881). Foureau, l'explorateur du Sahara, a publié un Essai de Catalogue des noms arabes et berbères de quelques plantes, arbustes et arbres algériens et sahariens (r8g5). Mercier G. a donné une nomenclature berbère de quelques plantes de l'Aurès : Le nom des plantes en dialecte chaouïa (Actes du XIVe Congrès des orientalistes, 1906). Laoust, professeur de langue berbère à Rabat, a publié dans

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Mots et choses berbères (1920), une série importante de noms ber­bères de plantes au Maroc. Nous lui devons aussi des renseignements inédits. Schweinfurlh, Arabische Pflanzcnnamen aus 1Egypten, Algerien, und Jemen (rgr2). - Schweinfurth, qui a séjourné ù différentes reprises ù Biskra, nous a CQl11ll1UIÜqué un relevé des noms arabes relevés par lui dans cette région. Pour !\'tude de la Flore du pays des Touarer;s avec mon colla­ borateur BaUandier, nous avons reçu de nombr·cux échantillons à déterminer recueillis p tr les offlci(•J's cmnmandanl les posles du tenitoire des Oasis. Le norn indigène était joint à la plante. Le colonel Laperrine attachait une grande importance à l'étude de la flore des pays nouve1len1c11t occupés; nous avons reçu aussi d'imporlants doctunents du lieutcnanllViclou.:r:, du capitaine Charlet., du lieutenant Saint-Léger. I\L Joly nous a com1nuniqu.é les plantes et. les noms indigènes de la Mission Flamand à Insalah. M. le Professeur H.. Maire qui poursuit, avec de si beaux résultats, l'exploration botanique du Maroc, nous a conununiqné un relevé de noms berbères de plantes du Maroc. La nmnenclature berbè.re des plantes présentf' un tcès grand int.érê.t historique. Cette nmncnelature remonte ù une périodP trt's ancienne de l'histoire du Nord de l'Afrique; 5lle dén1ont.r- par son extension, l'existence d'une langue uniqt1C conservée dans les parties du pass non pénétrées par les colonies de peuples d'origines diffé­ rentes qui se sont fixées dans les vastes territoires du littoral aux conflns du Sahara. pcrtains noins berbères se ret.rouvctl ù la f >is dans l'Aurès ct dans l'Atlas 111arocain. Le relevé con1plet des nmns l){'rbères ne 1nanquera pas d'apporter de nouveaux n1atériaux utiles pour 1 'étude du Berbère. Les noms berbères prédominent souvfnt inênw chez les popula­ tions arabophones qui ont emprunté aux autochtones conquis les noms des plantes qu'elles ne connaissaient pas. Ces dénonlinations herbi·rcs sont souvent traduites en arabe ou 2

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soumises ù la syntaxe arabe. Nou8 aYons ainsi des nmns berbères arabisés ct. aussi des nom.s arabes berbérisés. Les Arabes ont une très grande aptitude à créer une nornen­ clature des plantes. Les fleurs étant regarJ.ées eonüne les 'Z'UX de la plante, une fleur bien ,jaune cun1mle souci deYient l'œil jaune, une autre fleur sera l'œil bleu. Toutes les plantes qui produisent le délire ou iYI'esse (&km) pren­ dront cette dénornination comme les Datura, .lusquian1c, Heliütro­ ph ln \iVithania - l'Ivraie. Des dénoininations tirées de riché, plurnagc, sont données aux plantes les plus div-erses a)'e:H1t des par­ ties plumeuses. Le nom Harra, de 11al'r chaleur, s'applique ù des plantes différentes sinapisantes ou urticantes. Les dénmninations sont le plus souYent données d'après l'apparence, l'"Qsage, les par­ ticularités saillantes. Ainsi les Frankenia sont nommées Melifa, lapis, ce qui. vient de l'aspect d'un tapis forn1é par un gazonne· Ihent dense étendu et fleuri, ou Reb{a.n, copieux, peuplen1e11t dense ou Guenouna., puhérulent, dépôt de cristaux à la surface des feuil1cs, ou Ra.rnal-, des sables, ou MelU.h, salé, ou Ou.rn chouecha, intriqué.. Ces noms indiquent parfois une observation attentive des plantes. Les Orchis se nmnrnent. El nwiya ou el nâyta, la vivante et la rnorte, allusion aux deux tubercules dont l'un se vide pendant que l'autre se forme pour l'année suivante. Ha.lrelca qui signifie graine ou fruit épineux est appliqué aux gemes les plus différents - Daueus, Mcdicago, Cent.au.reo., Tribu.lus, etc... Quand ees fruits ont des épines crochues et se :fixent aux vête·· ments, ils reçoivent le non), original d.e Khodna rn'hak, ce qui signifie prends-rwu.s at1ec toi. Les indigènes ont improvisé des nmns pour les plantes d'intro­ duction relatîvCinent récente. C'est ainsi que le soleil Helia.nthus annuu.s se nomme Euchq ech Chcm,,, Am.our du soleil; le Topinambour Bata.ta Km·chef, ce qui signifie la pom,me de terre artichaut. Le bel Hibiscns roseus naturalisé dans les marais de la région de Bougie : Ouard el merdja, la Rose du marais.

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Les noms berbères prennent une physionomie qui déroul.e par­ fois ceux qui ne retranchent pas l'article Ta ou Ti. C'est ainsi que Tifires ne rappelle pas, à pre1nière vue, Pirus. De Candolle (Origine des plantes cnltivées, p. 220) prend Taz dans Tazehboudj, olivier, pour la racine et la compare à Tat des anciens Egyptifns. Pour diminuer l'aridité d'une simple nomenelature et ponr jus­ tHier eertaines dénmninations indigènes, j'aj cru utile de joindre quelques notes sùr les utilisations par les indigènes de quelques plantes énumérées ou encore des légendes ql!i s'y rattachent. Dans le Sahara, à côté de plan !.es plus ou n1oins fourragères, il -y a des plantes qui sc défendent par leur toxicit-é pour le bétail, elles sont généralement connues des pasteurs très experts sur la valeur et la situation des pâturages, généraleinent leurs asse.rtions contrôlées ont été trouvées exactes ; il y a lieu d'en tenir compte.

Transcription des norns ara.ùes.

La transcription des noms arabes présente quelques difficultés. Un eertain nombre de eonsonnes, dont l'articulation n'existe pas dans la langue française, sont représentées d'une rnanièrc toute conventionnelle. D'un autre côté les voyelles qui ne sont pas figu­ rées dans J'écriture arabe sont prononcées· d'une n1mlière vague lorsqu'elles sont brèves. Dans la transcription adoptée il n'a pas paru nécessaire de dis­

tinguer le 0 du 1 , le _l

du ' ,· ni ) 1

u"' (en Alg. érie ees

lettres se prononcent le plus· souvent comme un )) . Le t qui est souvent transeri1 gh se prononce généralernent R rasseé qui. peut être représenté par H ; le t se transcril dj mars au Maroc rl se prononce j. Le t n'a pas d'équivalent, on le représente par !rh qu'il fant prononcer connue le X gree ou le ch aUelnand, Je 0 se prononce

q ou g, dans ce dernier cas H s'éerit en Algrérie nettement le k.

._._.,, le

....!.>:.-c est

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Quand le norn d'une ph1nle n'a pas un sens connu dans la langue arabe il est difficile de lui assigner une orthographe, la prononciation variant d'une région à une autre. Les t)oms indigènes berbères ou arabes sont parfois transcrits d'une rnanièr·e <erronée contraire à leur orthographe. Ces appella­ tions ont été conservées dans Je répertoire poQr permettre au lec­ teur d'y retrouYer ces noms publiés par des YO)·agcurs ou auteurs qui ont transcrit sans COlllHlÎtrc le sens des mots ni leur racine. Dans le répertoire des noms infligèncs par ordre alphabétique, pour faciliter les I'E'ehcrchcs, j'ai ndopté une transeription purernent pho· nétiquc. Ainsi ù la lettre A on trouvre des noins con1menç:ant. par l··r·t·l

Transcriplinn adoptée dans le Répertoire.


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Dans l'énumération phOIJétique des norns indigènes, le non1 in­ digène est suiYi seulernent du nom latin du genre, on d·evra se reporter à 1'aide de ce nom à 1' énumération latine des espèces qu'il désigne ainsi que l·es :ynonyrnes. Les noms des plantes cultivées sont préeédés de la lettre C, des plantes naturalisées de la lettre N el des drogues im.portées de la lettre D.