Polygonacées (Le Floc'h, 1983)
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Sommaire
- 1 078. Populus nigra L.
- 2 079. Salix alba L.
- 3 080. Juglans regia L.
- 4 081. Castanea sativa Mill.
- 5 082. Quercus suber L.
- 6 083. Quercus ilex L.
- 7 084. Quercus coccifera L.
- 8 085. Urtica urens L.
- 9 086. Urtica pilulifera L.
- 10 087. Urtica dioica L.
- 11 088. Parietaria officinalis L.
- 12 089. Ficus carica L.
- 13 090. Calligonum comosum L'Hérit.
- 14 091. Calligonum azel Maire
- 15 092. Polygonum aviculare L.
- 16 093. Polygonum equisetiforme S. et Sm.
- 17 094. Polygonum maritimum L.
- 18 095. Emex spinosus (L.) Campd.
- 19 096. Rumex crispus L.
- 20 097. Rumex vesicarius L.
- 21 098. Rumex tingitanus L.
- 22 099. Rumex thyrsoides Desf.
- 23 100. Rumex tuberosus L.
- 24 101. Beta vulgaris L.
- 25 102. Beta macrocarpa Guss.
- 26 103. Chenopodium ambrosioides L.
- 27 104. Chenopodium vulvaria L.
- 28 105. Chenopodium album L.
- 29 106. Atriplex halimus L.
- 30 107. Atriplex mollis Desf.
- 31 108. Salicornia arabica L.
- 32 109. Suaeda mollis (Desf.) Del.
- 33 110. Suaeda fruticosa (L.) Forsk.
- 34 111. Salsola kali L.
- 35 112. Salsola longifolia Forsk.
- 36 113. Salsola sieberi Presl.
- 37 114. Salsola vermiculata L.
- 38 115. Arthrophytum schmittianum (Pom.) Maire et Weill.
- 39 116. Arthrophytum scoparium (Pom.)Iljin
- 40 117. Anabasis aphylla L.
- 41 118. Anabasis articulata (Forsk.) Moq.
- 42 119. Cornulaca monacantha Del.
- 43 120. Amaranthus angustifolius Lamk.
- 44 121. Phytolacca americana L.
- 45 122. Mesembryanthemum cristallinum L.
- 46 123. Mesembryanthemum nodiflorum L.
- 47 124. Mesembryanthemum edule L.
- 48 125. Aizoon canariense L.
- 49 126. Aizoon hispanicum L.
- 50 127. Portulaca oleracea L.
- 51 128. Paronychia argentea (Pourr.) Lamk.
- 52 129. Herniaria glabra L.
- 53 130. Herniaria hirsuta var. cinerea (D.C.) Lor. et B.
- 54 131. Spergularia marginata Kittel.
- 55 132. Spergularia bocconei (Scheele) Asch.
- 56 133. Silene succulenta Forsk.
- 57 134. Vaccaria pyramidata Medik.
- 58 135. Nigella sativa L.
- 59 136. Nigella damascena L.
- 60 137. Delphinium staphysagria L.
- 61 138. Anemone coronaria L.
- 62 139. Ranunculus sceleratus L.
- 63 140. Ranunculus macrophyllus Desf.
- 64 141. Ranunculus ficaria L.
- 65 142. Adonis annua sep. autumnalis (L.) Maire et Weill.
- 66 143. Adonis aestivalis L.
- 67 144. Adonis dentata Del.
- 68 145. Leontice leontopetalum L.
- 69 146. Laurus nobilis L.
- 70 147. Glaucium corniculatum (L.) Curt.
- 71 148. Roemeria hybrida (L.) D.C.
- 72 149. Papaver somniferum L.
- 73 150. Papaver rhoeas L.
- 74 151. Fumaria capreolata L.
- 75 152. Fumaria officinalis L.
- 76 153. Capparis spinosa L.
- 77 154. Cleome arabica L.
- 78 155. Brassica napus L.
- 79 156. Brassica tournefortii Gouan
- 80 157. Sinapis alba L.
- 81 158. Diplotaxis acris var duveyrierana Coss.
- 82 159. Diplotaxis harra (Forsk.) Boiss.
- 83 160. Eruca vesicaria (L.) Cavan.
- 84 161. Raphanus sativus L.
- 85 162. Enarthrocarpus clavatus Del.
- 86 163. Oudneya africana R. Br.
- 87 164. Moricandia arvensis ssp. suffruticosa (Desf.) Maire
- 88 165. Lepidium sativum. L.
- 89 166. Capsella bursa-pastoris (L.) Mœnch.
- 90 167. Anastatica hierochuntica L.
- 91 168. Rorippna nasturtium-aquaticum (L.) Hayek
- 92 169. Sisymbrium erysimoides Desf.
- 93 170. Sisymbrium officinale (L) Scop.
- 94 171. Reseda alba L.
- 95 172. Reseda luteola L.
- 96 173. Crataegus oxyacanthus L.
- 97 174. Crataegus azarolus L.
- 98 175. Rubus ulmifolius Schott.
- 99 176. Potentilla reptans L.
- 100 177. Geum urbanum L.
- 101 178 Agrimonia eupatoria L.
- 102 179. Rosa gallica L.
- 103 180. Rosa canina L.
- 104 181. Prunus spinosa ssp. fruticans (Weihe) Nym.
- 105 182. Prunus avium L.
- 106 183. Acacia raddiana Saw
- 107 184. Ceratonia siliqua L.
- 108 185. Anagyris foetida L.
- 109 186. Lupinus luteus L.
- 110 187. Lupinus hirsutus L.
- 111 188. Spartium junceum L.
- 112 189. Genista saharae Coss. et Dur.
- 113 190. Retama raetam (Forsk.) Webb.
- 114 191. Retama sphaerocarpa (L.) Boiss.
- 115 192. Erinacea anthyllis Link
- 116 193. Calycotome villosa ssp. intermedia (Salzm.) Maire
- 117 194. Ononis natrix L.
- 118 195. Trigonella gladiata Stev.
- 119 196. Trigonella foenum - graecum L.
- 120 197. Melifotus indica (L.) All.
- 121 198. Melifotus macrocarpa Dur.
- 122 199. Medicago sativa L.
- 123 200. Trifolium pratense L.
- 124 201. Anthyllis sericea ssp. henoniana (Coss.) Maire
- 125 202. Lotus edulis L.
- 126 203. Psoralea americana L.
- 127 204. Astragalus baeticus L.
- 128 205. Astragalus corrugatus var. tenuirugis Boiss.
- 129 206. Astragalus caprinus ssp. lanigerus (Desf.) Maire
- 130 207. Glycyrrhiza foetida Desf.
- 131 208. Coronilla scorpioides (L.) Koeh.
- 132 209. Hedysarum camosum Desf.
- 133 210. Cicer arietinum L.
- 134 211. a) Vicia sativa ssp. amphicarpa (L.) Batt.
- 135 212. Lathyrus ochrus D.C.
- 136 213. Lathyrus sativus L.
- 137 214. Lathyrus cicera L.
- 138 215. Geranium robertianum L.
- 139 216. Erodium cicutarium (L.) L'Hérit.
- 140 217. Erodium guttatum (Desf.) Willd.
- 141 218. Erodium glaucophyllum L'Hérit.
- 142 219. Erodium hirtum Desf.
- 143 220. Erodium malachoides (L.) Willd.
- 144 221. Oxalis cernua Thunb.
- 145 222. Linum usitatissimum L.
- 146 223. Peganum harmala L.
- 147 224. Fagonia cretica L.
- 148 225. Fagonia glutinosa Del.
- 149 226. Zygophyllum cornutum Coss.
- 150 227. Zygophyllum album L.
- 151 228. Tribulus terrester L.
- 152 229. Nitraria retusa (Forsk.) Asch.
- 153 230. Ruta montana L.
- 154 231. Ruta chalepensis L.
- 155 232. Haplophyllum tuberculatum (Forsk.) Juss.
- 156 233. Chrozophora tinctoria Juss.
- 157 234. Chrozophora obliqua A. Juss.
- 158 235. Mercurialis annua L.
- 159 236, Ricinus communis L.
- 160 237. Euphorbia granulata Forsk.
- 161 238. Euphorbia retusa Forsk.
- 162 239. Euphorbia calyptrata Coss. et DR.
- 163 240. Euphorbia helioscopia L.
- 164 241. Euphorbia guyoniana Boiss. et Reut.
- 165 242. Euphorbia terracina L.
- 166 243. Euphorbia paralias L.
- 167 244. Euphorbia peplus L .
[71]
078. Populus nigra L.
[II/2; p:6] SALICACÉES
M. - Populus nigra (fr. = peuplier noir) et, à un moindre titre, Populus tremula (*) (fr. = peuplier tremble) servaient à préparer un onguent employé en usage externe comme vulnéraire et antihémorroïdal soulignent PARIS et MOYSE (1967) qui notent aussi que les « peupliers » servent à préparer un charbon léger antiseptique intestinal.
(*) Populus tremula L. n'est pas signalé dans la Flore de la Tunisie de (POTTIER-ALAPETITE.
079. Salix alba L.
[II/7; p:9] SALICACÉES
M. - L'écorce de ce «saule blanc» est tonique, fébrifuge et antirhumatismale (PARIS et MOYSE, 1967).
080. Juglans regia L.
[II/8; p:10] JUGLANDACÉES
M. - Selon TROTTER (1915), c'est l'écorce des racines (« souac ») qui a surtout un grand emploi auprès des femmes qui la mastiquent et s'en servent éventuellement de « dentifrice ».
Cet usage est aussi rapporté par GATTEFOSSÉ (1921).
Pour la région des Ababsas nous avons également relevé la grande réputation d'anticarie et de tonique des gencives du « souac », utilisé essentiellement par les femmes.
D.- L'enveloppe charnue, du fruit du noyer, dite (brou de noix », est récoltée à mâturité, utilisée après macération pour teindre les laines (JATTEAU, 1977).
081. Castanea sativa Mill.
[II/10; p:11] FAGACÉES
Ce taxon est aussi connu par une autre combinaison synonyme C. vulgaris Lam.
D.A. - L'écorce, riche en tannin gallique, est utilisée dans l'industrie du tanna-
[72]
ge, alors que les fruits servent d'aliment (PARIS et MOYSE, 1967 ; LEMORDANT et al., 1977).
082. Quercus suber L.
[II/12; p:14] FAGACÉES
M. - Les " noix de galle ", qui se développent sur les feuilles de ce chêne, servent en Algérie (DORVAULT et WEITZ, 1945) à composer un liniment pour frictionner les boutons survenant souvent à la tête des enfants. C'est également, selon ces mêmes auteurs, la poudre de ces « noix » que les chirurgiens arabes utilisent pour accélérer la cicatrisation des plaies d'armes à feu.
D. - Bien entendu, cette espèce (ar. = fersi, fernan ; fr. = Chêne liège) est surtout appréciée pour son liège (LEMORDANT et al, 1977).
083. Quercus ilex L.
[II/14; p:15]
A. - Les glands, comestibles, sont largement utilisés en Kabylie, signale TROTTER (1915).
D. - Le « Chêne vert », comme le chêne kermès (cf. Quercus coccifera n° 084), est susceptible de porter l'insecte nommé Coccus illicis. Nous n'avons cependant pas confirmation de cette présence sur Quercus ilex en Tunisie.
084. Quercus coccifera L.
[II/l5;p:15]
Longtemps eonsidéré comme étant une graine, le « kermès » est de fait le corps desséché de la femelle de diverses espèces de Coccus, insecte de la famille de Coccidées, dont les principales espèces sont Coccus illicis et Coccus vermilio. Ces insectes (ar. = quermez habb, fr. = kermès) vivent sur le Quercus coccifera L. et le Quercus ilex L. Leur présence est attestée en Tunisie, par POTTIER-ALAPETITE, sur le Quercus coccifera L.
M. - Dans le droguier égyptien (DUCROS, 1930), le « kermès » est employé comme astringent, dessicatif et sert à la préparation de certains éluctuaires stimulants et aphrodisiaques. Cette vertu astringente est également rapportée par LEMORDANT et al. (1977).
[73]
D. - Les « kermès », qui se récoltent en juin, après la mort des femelles consécutive à la ponte, servaient pour la teinture des étoffes et des fils en « écarlate » (JATTEAU, 1977).
085. Urtica urens L.
[II/18; p:18] URTICACÉES
M. - L'emploi de l' « ortie grièche » est rapporté, par PARlS et MOYSE (1967), avec les propriétés générales attribuées aux « orties » (cf. Urtica dioica ; n° 087).
La vertu antidiarrhéique de la « grièche » (ar. = harika) est aussi notée par LEMORDANT et al. (1977).
086. Urtica pilulifera L.
[II/20; p:18]
A. - GOBERT (1940, 1955) indique que, si les Tunisiens utilisent, de préférence, les jeunes feuilles de cette espèce (ar. : horriq), c'est de fait, la plante entière qui peut être consommée cuite avec le « mhammes ».
M.R. - Les graines s'emploient (BOUQUET, 1921) contre les calculs rénaux et la cystite. A Marrakech (GATTEFOSSÉ, 1921), elles sont considérées aphrodisiaques et diurétiques.
La plante fournit à la médecine ses feuilles et ses graines dont on fait :
- des tisanes employées contre la gravelle et la rétention d'urine,
- des gargarismes,
- des cataplasmes émollients.
A ces indications, qu'il note également, DUCROS (1930) ajoute que le suc de l' « ortie rude » arrête les hémorragies et les crachements de sang.
La plante passe pour avoir aussi de précieuses propriétés contre l'anasarque et l'ascile (GOBERT).
Cette « ortie » serait utilisée, en Libye, dans le traitement des rhumatismes (KOTOB HUSSEIN, 1979).
[74]
087. Urtica dioica L.
[II/21; p:18]
M.- La médecine populaire utilise les « orties » pour leurs propriétés antianémiques, hémostatiques et antidiabétiques. Urtica dioica (fr. = grande ortie) est une source intéressante pour la préparation de la « chlorophylle » ou encore des « extraits chlorophylliens » commerciaux utilisés comme antituberculeux, antianémiques. En usage externe elle est cicatrisante, désodorisante et constitue un colorant alimentaire autorisé (PARIS et MOYSE, 1967).
Pour cette espèce (ar. : harika ; fr. = grande ortie), LEMORDANT et al. (1977) insistent aur son intérêt hémostatique et antidiabétique.
088. Parietaria officinalis L.
[II/23; p:21]
M. - Le nitrate de potassium et les flavonoïdes, signalés par PARIS et MOYSE (1967), sont à l'origine de l'emploi, noté également par LEMORDANT et al. (1977), de cette espèce (ar. : libida ; fr. pariétaire) comme diurétique.
089. Ficus carica L.
[II/26; p:23] MORACÉES
A. - La Figue constitue, une ressource alimentaire, dans tout le Nord de l'Afrique et TROTTER (1915) souligne que le sirop (ar. = rub), obtenu en faisant macérer des figues sèches, est utilisé comme condiment, pour les mets doux, lors des fêtes religieuses.
M.T. - Le fruit bouilli dans du miel est émollient et s'emploie contre la toux (BOUQUET, 1921).
PARIS ct MOYSE (1967) signalent que le fruit est intéressant par sa richesse en sucres et en vitamines A, B et C et qu'outre leur valeur alimentaire, les figues sont légèrement laxatives, émollientes et pectorales. Les mêmes auteurs notent également que les feuilles de cette espèce peuvent occasionner des dermatoses.
Nous avons relevé dana la region des Ababsas que les fruits très mûrs, tombés au sol et que l'on donne à manger aux enfants en milieu de journée, sont réputés être puissamment vermifuges.
D. - Certains se servent du jus qui coule d'une entaille faite à un figuier pour faire cailler le lait ; ce liquide est épongé dans un flocon de laine que l'on presse dans le lait au moment venu (BOUQUET, 1921; RENON s.d.).
[75]
090. Calligonum comosum L'Hérit.
[II/31 ; p:28] POLYGONACÉES
M. - DUVEYRIER (in TROTTER, 1915) indique qu'avec les racines on fabrique une décoction vermifuge.
Sans autre précision, CAUVET (1925) rapporte que l'espèce sert au traitement de la gale du chameau.
D.A. - Cette espèce saharienne, ainsi que les autres Calligonum, est très recherchée pour la fabrication de charbon de bois ce qui a grandement contribué à sa quasi-diaparition.
Au Ahaggar, GAST (1968) semble indiquer que les populations tirent le maximum de cette plante (tam. : aressou ; ar. arta) ainsi :
- le bois est très recherché comme combustible et pour la fabrication de charbon de bois,
- l'écorce est utilisée pour le nettoyage des outres à lait,
- les « tubercules » des racines sont consommés par les nomades soit crus, soit en farine en mélange avec un peu d'eau ou de beurre fondu.
091. Calligonum azel Maire
[II/32; p:28]
Nous avons admis ici que la forme « azal » de Calligonum comosum L'Hér. est bien Calligonum azel Maire.
D. - Selon FOUREAU (in TROTTER, 1915) la forme « azal » de Calligonum comosum L'Hér. procure, par son écorce et ses feuilles, une substance employée pour le tannage des outres en peau de chêvre. Cet usage est aussi rapporté par POTTIER-ALAPETITE (1979).
092. Polygonum aviculare L.
[II/37; p:32] POLYGONACÉES
M. - Polygonum aviculare (fr. = renouée des oiseaux) est très employé comme astringent, antidiarrhéique, vulnéraire et hémostatique (PARIS et MOYSE, 1967 ; LEMORDANT et al., 1977).
[76]
093. Polygonum equisetiforme S. et Sm.
[II/40; p:33]
M. - La plante possède des principes astringents justifiant son emploi comme antidiarrhéique (TROTTER, 1915).
Pour le Sud tunisien, LOUIS (1979) signale plusieurs emplois :
- L'infusion sert à laver les plaies et à les désinfecter,
- L'emplâtre de « gordab » et de savon, dissous dans l'huile, active la cicatrisation et la guérison des plaies. Le même emplâtre peut également être additionné de « passerine »(Thymelea hirsuta Endl.)
- l'espèce est réputée être fortifiante pour les jeunes chamelons.
094. Polygonum maritimum L.
[II/41; p:33]
M. - RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921), a noté que la plante est employée contre les brûlures et les enflures.
095. Emex spinosus (L.) Campd.
[II/43; p:34] POLYGONACÉES
Cette combinaison est orthographiée actuellement (Flora europaea) : E. spinosa (L.) Campd.
A. - Si GOBERT (1940) indique que, chez cet « Emex » (ar. = bezzoulet naja), seule la racine se consomme crue, CHOUMOVITZ et SERRES (1954) notent de surcroît la consommation dea feuilles tendres.
Au Fezzan, LETHEILLEUX (1948) rapporte que les feuilles larges d'un Emex, connu sous le nom vernaculaire « el hanzab » (*), peuvent rentrer dans la préparation de l' « idam », aorte de sauce grasse.
(*) Il s'agit assurément de Emex spinosus, seul Emex cité par KEITH (1965) et BOULOS (1979) en Libye.
096. Rumex crispus L.
[II/47; p:37] POLYGONACÉES
M. - PARIS et MOYSE (1967) et LEMORDANT et al. (1977) signalent que la racine de cette plante (ar. = snanoun ; fr. = patience) est astringente.
[77]
097. Rumex vesicarius L.
[II/50; p:39]
Combinaison et orthographe conformes à Flora europaea. La similitude d'usage nous incite à rapporter également ici les indications relatives à : Rumex vesicarius var. typicus Murb. signalée en Tunisie.
A. - Au Fezzan, LETHIELLEUX (1948) note que l'oseille sauvage « kourricha el rât » (Rumex vesicarius ou Launaea glomerata*) est cueillie pour les animaux mais que l'on en met aussi dans l'«idam», sorte de sauce grasse.
D'après LARRIBAUD (1952) l'espèce (« hammouid ») est consommée en salade ou cuite avec la viande (cf. à Launaea glomerata n° 464) recette rapportée également par CHOUMOVITZ et SERRES (1954), PASSAGER et BARBANÇON (1956), PASSAGER et DOREY (1958), DOREAU (1961).
A propos de Rumex vesicarius L. var. typicus Murb. (tam. : tanesmint ; fr. : Oseille aauvage) ; GAST (1968) rapporte que la feuille a un goût aigrelet rafraîchissant, qu'elle n'est pas consommée en Ahaggar, mait qu'elle le aerait au Tassili n'Ajjer.
(*) Il s'agit très probablement de Rumex vesicarius signalée en Algérie par QUEZEL et SANTA (1963) sous le nom vernaculaire « qorissa ».·
098. Rumex tingitanus L.
[II/53; p:40]
A. - L'espèce (ar. = korressa) serait consommée crue (GOBERT, 1940). TROTTER (1915) précise que ce sont les feuilles que l'on mange et qu'elles ont, comme d'ailleurs Rumex vesicarius L., un agréable goût d'oseille.
099. Rumex thyrsoides Desf.
[II/54; p:41]
A. - GOBERT (1940) note que cette oseille (ar. = Isan thour) se mange crue ou cuite dans la « chekchouka » de piments et de fèves.
100. Rumex tuberosus L.
[II/55; p:41]
Rumex tuberosa, combinaison que l'on trouve dans la littérature, est une synonymie de celle adoptée par POTTIER-ALAPETITE.
[78]
A. - Réputées trop acides, les espèces Rumex acetosa (*), R. tuberosa et R. acetosella (*), confondues dans les dénominations vernaculaires, sont cependant consommées en cas de disette (BOUQUET, 1938). Selon le même auteur, d'autres plantes (cf. à Anchusa aegyptia·ca, n° 355) sont souvent mélangées à l'oseille sauvage (**) pour en relever le goût.
(*) Rumex acetosa L. et Rumex acetosella L. sont considérées absentes de Tunisie.
(**) Nous avons estimé qu'il s'agissait très probablement de Rumex tuberosus L.
101. Beta vulgaris L.
[II/57; p:44] CHENOPODIACÉES
Aux notes concernant B. vulgaris L., nous avons ajouté celles se rapportant à : B. maritima L. considérée actuellement comme étant la ssp. maritima de Beta vulgaris et à laquelle se rattachent tous ·les taxons cités pour la Tunisie. Orthographiée B. vulgaris Ssp. maritima (L.) Batt. dans la Flore de la Tunisie cette sous-espèce s'écrit en fait : B. vulgaris ssp. maritima (L.) Arcangeli dans Flora europaea.
Comestible ce taxon a également des propriétée émollientes.
A. - En Tunisie, BOUQUET (1938) rappol\te que l'on rassemble sous les noms vernacubires arabes : serj, si1dj el bedebcha, bend jar, barba semlakh, aïtiace, chaouender, hezab, hatrab, left m'ta el bagar, lift ahmar· soukr; les espèces spontanées Beta vulgaris, B. macrocarpa et B. maritima. Les feuilles sont consommées comme légume vert dans les soupes et les ragoûts. La racine, si elle est tubérisée, s'emploie dans le bouillon en lieu et place de raves et navets. BOUQUET note encore qu'en année de disette, dans le Nord de la Tunisie, on fait sécher la racine dont, par la suite, la farine s'emploie en mélange avec la farine d'orge, de blé ou de fèves. La consommation dee feuilles de ces eepèces est également attestée par GOBERT (1940, 1955) (cf. à Asphodelus fistulosus n° 055).
LEMORDANT et al., (1977) confirment l'emploi de Beta vulgaris « lift ahmar Soukr » comme aliment.
M. - Selon DUCROS (1930) graine, feuille, racine et tige ont
[79]
les mêmes propriétés, (même si la tige est réputée moins active), la plante entière étant considérée adoucissante et émolliente.
102. Beta macrocarpa Guss.
[II/58; p:44]
A. - L'espèce est, rapporte BOUQUET (1938) consommée (cf. B. vulgaris L. n° 101).
103. Chenopodium ambrosioides L.
[II/60 ; p : 46] CHENOPODIACÉES
M. - Très aromatiques, les tiges florifères, de ce chénopode, sont employées comme digestif et carminatif (GATTEFOSSÉ, 1921). C'est aussi, note encore GATTEFOSSÉ, un bon galactogogue dont l'essence concentrée des fruits a des qualités anthelmintiques indiscutées.
104. Chenopodium vulvaria L.
[II/61; p:46]
A. - Lea graines servent, en Ahaggar (GAST, 1968) dana l'alimentation des nomades, associées le plus souvent, en bouillie ou même en couacous, à d'autres céréales.
105. Chenopodium album L.
[II/63; p:48]
T. - Cette plante est réputée toxique du fait de l'acide oxalique qu'elle contient.
106. Atriplex halimus L.
[II/77; p:54] CHENOPODIACÉES
L' « arroche » est, fréquemment, utiliaée dans l'alimentation humaine lors des périodes de disette sévère et présente quelque intérêt pour soigner les plaies.
A. - CLASTRIER (1936) et BOUQUET (1938) en particulier signalent l'usage de cette espèce dans l'alimentation. CLASTRIER précise que les baies de Juniperus phœnicea sont acceptées comme aliment et quelques fois associées à Atriplex halimus ( « hermes » ). BOUQUET rapporte que l'on fait cuire le « guetaf • à l'eau salée, jusqu'à l'épaississement et qu'on le consomme seul ou mélaogé à la « déhi-
[80]
cha » ; il ajoute également que les Touaregs récoltent les graines (armas) et les consomment en bouillie.
Par contre, pour la région d'Ain Moularès (Tunisie), CHOUMOVITZ et SERRES (1954) considèrent que les populations n'utilisent pas toutes les ressources que la nature met à leur disposition et dont on a tiré partie dans d'autres lieux de Tunisie ; ils citent à titre d'exemple les feuilles des divers Atriplex et en particulier celles d'Atriplex halimus « guetaf » non consommées dans le Sud tunisien.
C'est au Ahaggar que GAST (1968) a noté le pius nombreux usages de cette plante (tam. : abougboug ouan aramas : ar. = guetaf ; fr. = arroche) :
- les graines broyées servent à confectionner, soit une bouillie épaisse fortement salée, soit une galette,
- les bourgeons sont consommés, même en dehors de la période de disette, cuits à l'eau (mais en changeant plusieurs fois l'eau de cuisson, agrémentés d'un peu de beurre fondu ; il ne s'agit pas cependant d'un aliment de haute valeur énergétique,
- les feuilles fraîches, au goût aigrelet, sont appréciées des nomades,
- les feuilles sont aussi consommées cuites ou bouiUies dana l'eau et essorées plusieurs fois pour en ôter le goût salé.
GAST signale, également, qu'en Ahaggar, on laisse les chameaux fatigués broûter durant une quinzaine de jours dans les groupements de cette espèce dont les feuilles sont chargées de sels minéraux.
M. - Outre son intérêt alimentaire, iexiate quelque emplois de cette espèce, par exemple dans la pharmacopée traditionnelle. Ainsi GAST rapporte que, même s'il est actuellement peu employé, le bois de la racine, servait, autrefois, de brosse à dent et qu'on lui attribuait des vertus antiscorbutiques.
BOUQUET, déjà cité, notait pour sa part que les nomades du Sud attribuent au « guetaf » une vertu curative du « debab » (maladie grave du dromadaire causée par un trypanosome inoculé par les taons). A propos du soin des plaies et lésions, PASSAGER et BARBANÇON (1956) ont signalé plusieurs médications possibles
[81]
- Zygophyllum album « aggaïa » mâché avec du sel.
- emplâtre fait de henné (*) de quartiers d'oignons ou de beurre et de romarin (**),
- feuilles écrasées d'Atriplex halimus (« guettaf » (pour assécher les plaies),
- cendres de Nitraria retusa (« guerzim ») qui ont la propriété de retirer les humeurs des plaies infectées.
(*) henné = Lawsonia inermis L. (Lythracée).
(**) romarin = Rosmarinus sp. (Labiée).
107. Atriplex mollis Desf.
[II/79; p:55]
M.T. - En Libye, la sève d'Atriplex mollis est réputée causer la stérilité chez les humains (BOUQUET, 1921 ; KEITH, 1965). DUVEYRIER (in TROTTER, 1915) mentionnait déjà cette propriété et signalait que les femmes arabes trop fécondes en faisaient un grand usage.
108. Salicornia arabica L.
[II/87; p:59] CHENOPODIACÉES
La situation nomenclaturale de cette espèce semble évoluer rapidement ·puisque, connue dans Flora europaea sous la combinaison : Arthrocnemum fruticosum (L.) Moq., elle est repérée par BOULOS (1979) sous la dénomination : Sarcocornia fruticosa (L.) A.J. Scott.
Certaines données de la littérature relatives à ce taxon sont proposées comme concernant la combinaison synonyme S. fruticosa L.
D. - Les rameaux eervent éventuellement de combustible (TROTTER, 1915).
KEITH (1965), à propoe de la Libye, indique que lee cendres de Salicornia fruticosa L., appelées « barilla », étaient exportées comme source de aoude utilisée pour fabriquer le savon et le verre.
[82]
109. Suaeda mollis (Desf.) Del.
[II/88 ; p:60) CHENOPODIACÉES
Il paraît correct de considérer qu'il s'agit là du taxon répondant à la combinaison adoptée par BOULOS (1979) : S . vermiculata Forskal ex Gmelin.
M. - L'absorption, durant plusieurs jours conséeutifs, d'un potage où entrent de l'orge et du Suaeda vermiculata calmerait les douleurs lombaires (PASSAGER et BARBANÇON, 1956).
110. Suaeda fruticosa (L.) Forsk.
[II/90; p:61]
La combinaison de référence, actuellement en usage, s'orthographie selon BOULOS (1979) S. fruticosa Forskal ex Gmelin.
D. - COUSTILLAC (1958) rapporte que cette espèce (ar. = swida) est notée, par MASSABIE, comme étant utilisée, dans le Djerid, pour donner une teinture noire des laines.
111. Salsola kali L.
[II/93; p:63] CHENOPODIACÉES
M. - PARIS et MOYSE (1967) et LEMORDANT et al. (1977) rapportent que cette plante (ar. = kali ; fr. : soude) a des propriétés d'hypotenseur.
112. Salsola longifolia Forsk.
[II/97; p:66]
POTTIER-ALAPETITE (1979) admet la synonymie avec S. oppositifolia Desf.
T. - L'espèce (notée sous la dénomination Salsola oppositifolia Desf.*), est considérée vénéneuse par les bergers qui rapportent, qu'au printemps, elle occasionne chez les animaux qui en mangent des troubles intestinaux pouvant entraîner la mort (CHOUMOVITZ et SERRES, 1954).
D. - Les cendres seraient (TROTTER, 1915) utilisées dans la fabrication du savon.
[83]
113. Salsola sieberi Presl.
[II/98; p:66]
La Flore de la Tunisie retenant Salsola sieberi Presl. au rang d'espèce bien différenciée nous avons isolé, ici, l'indication qui lui est relative malgré le fait que BOULOS (1979) considère qu'i!l s'agit là d'une synonymie de S. longifolia Forskal traitée au n° 112.
T. - Salsola sieberi (« demrane ») est suspectée d'entraîner la mort des bourricots qui en consomment (PASSAGER et BARBANÇON, 1956).
114. Salsola vermiculata L.
(II/99; p:67]
D. - Salsola vermiculata (« ghessal ») et Zygophyllum album (« aggaïa ») sont, rapportent PASSAGER et BARBANÇON (1956), utilisées pour laver le linge et les chevelures féminines.
M. - En cataplasmes, les feuilles de cette plante malodorante, sont employées sur les boutons Texte en italiqueet pour le traitement de la teigne (GATTEFOSSÉ, 1921).
PASSAGER et BARBANÇON notent également que contre le prurit, dû aux dermatoses et aux teignes, on fait absorber du lait dans lequel ont trempé des feuilles de «ghessal».
115. Arthrophytum schmittianum (Pom.) Maire et Weill.
[II/100; p:68] CHENOPODIACÉES
Ayant successivement appartenu aux genres : Arthrophytum, Caroxylon et Hammada, ce taxon correspond à la combinaison actuelle (in BOULOS, 1979) : Haloxylon salicornicum (Moq.) Bunge ex Boiss.
D. - Selon DE PERGOLA (in TROTTER, 1915) les bédouins utilisent les cendres de Haloxylon schmittianum Pom. sous forme d'infusion chaude, pour imprégner des morceaux de tissus qui, après séchage, deviennent des « mêches à l'amadou ».
116. Arthrophytum scoparium (Pom.)Iljin
[II/101; p:68]
Ainsi repéré dans la Flore de la Tunisie, ce taxon correspond dans
[84]
la nomenclature actuelle à Haloxylon scoparium Pomel et les indications rapportées concernant le plus souvent l'un des synonymes :
(1) Haloxylon tamariscifolium Pau,
(2) Haloxylon articulatum (Cav.) Bunge.
Le « remet » a de nombreux usages, en thérapeutique traditionnelle, mais certains d'entre eux amènent à envisager d'éventuelles confusions avec les espèces du genre Artemisia.
M. - A Laghouat (FOLEY, 1939), les feuilles de Juniperus phœnicea, pulvérisées, sont mélangées à la poudre de feuilles de tabac et à des cendres d'Haloxylon tamariscifolium « remet » pour la préparation du tabac·à priser « neffa ». Nous avons pu constater, qu'à l'exclusion du Juniperus phœnicea, très rare, la même formule est encore en usage dans le Sud tunisien et que la « neffa », ou tabac à priser, présente ·par ailleurs de nombreuses vertus thérapeutiques dont la plus importante reste son action dans le traitement de la gale des ovins dans des formules variables selon les situations. Le t·raitement le plus simple de la gale consisterait en l'application de jus de « neffa », mêlé d'huile, sur les plaques de gale ; c'est la recette que rapporte RENON (s.d.) qui souligne que le moyen de lutte jugé le plus efficace est l'emploi d'une décoction de « remeth » dans l'eau du sel et du jus de tabac. Dans l'Ouara (Tunisie), nous avons relevé pour le même usage une préparation où se retrouvent broyés, le « remeth >> et Retama raetam. D'après LOUIS (1979), l'infusion de « remeth » sert à laver les blessures consécutives à la tonte ou les plaques de gale sur lesquelles on projette ensuite un jet de jus de tabac.
Nous éloignant du jus de tabac et de la gale ovine, nous trouvons encore d'autres emplois. Pour lutter contre les diarrhées, LARRIBAUD (1952) note l'usage entre autres recettes d'une infusion de « remet » associé à un jeûne de 24 heures (cf. à Acacia raddiana n° 183).
Dans les soins contre la blennorragie, le malade doit avaler, à midi et le soir, deux bouchées de couscous contenant un peu de poudre de Bubonium graveolens var. villosum (*) et boire une infusion soit de Cymbopogon schœnanthus ssp. laniger soit de Cleome arabica soit de « remt » ou encore de Gaillonia reboudiana (**) (LARRIBAUD).
[85]
L'emploi de cette eapèce pour les soins en cas de morsures de serpents est assez fréquemment noté chez les auteurs consultés. En ces cas d'envenimements, LARRIBAUD signale la pratique qui consiste à faire une plaie à la place de la morsure et d'y faire brûler quelques brindilles de « remt » ou de fibres de « tourja » (Calotropis procera) (**). Dans le même cas, REYNIER (1954) a relevé que l'on faisait bouillir longuement la plante, jusqu'à ce que l'eau prenne une teinte noirâtre et que cette décoction, qui aurait une action émétisante, doit être absorbée non sucrée par la victime. Selon BOUCHAT (1956), l' « oural » (***) s'immuniserait contre les morsures de vipère en consommant cette plante utilisée par l'homme en application externe ou par voie orale; ·l'infusion de « remt », Haloxylon tamariscifolium (1) et Haloxylon articulatum var. scoparium (2) procure la même immunisation.
BOUCHAT indique, par ailleurs, que cette infusion est également utilisée contre les rhumatismes et que lee feuilles séchées et pilées de Pistacia atlantica en mélange avec le « remt » et Cleome arabica sont employéee en cataplasme contre les céphalées.
Pour le traitement des plaies avec hémorragie, REYNIER (1954) note aussi l'emploi des cataplasmes de « remt » tandis que PASSAGER et BARBANÇON (1956) ont relevé comme procédé de traitement antalgique la scarification suivie de frictions à l'aide d'une préparation induant en mélange : oignon, fenugrec (****), amande, noyau d'abricot et Arthrophytum scoparium.
En dernier lieu, LOUIS (1979) rapporte que le wc des jeunes pousses est utilisé comme collyre dans le Sud tunisien.
PARIS ET DILLEMAN (1960) pensent quo cette espèce est susceptible de contenir autant d'alcalcüdes qu'Anabasis aphylla.
(*) Dans notre texte, nous utilisons le binôme Asteriscus graveolens (Forsk.) DC.
(**) Gaillonia reboudiana Coss. et Dur., (familles des Rubiacées) absente de Tunisie.
- Calotropis procera (Ait.) Ait., (famille des Asclepiadacées), absente de Tunisie.
(***) oural = varan = Varanus griseus griseus.
(****) Trigonella foenum-graecum L. (famille des Papillionacées).
[86]
117. Anabasis aphylla L.
[II/102; p:69] CHENOPODIACÉES
Nous ne présentons ici que les indications se rapportant à la ssp. africana (Murb.) Maire dont nous ignorons le statut nomenclatural actuel.
Si elle est connue par les populations comme toxique, ou du moins non appréciée du bétail, cette espèce présente cependant des propriétés insecticides ayant intéressé les chimistes.
M. - En Tunisie c'est la ssp. africana (Murb.) Maire, moins riche en alcaloïdes que la ssp.·scytica de la région arabo-caspienne, qui est présente et qui a été utilisée pour le traitement des moutons (?).
T. - Cette espèce est en Tunisie nommée « dega » selon LEMORDANT et al. (1977) qui soulignent également ses vertus insecticides. Il est cependant possible qu'ils fassent la référence à la ssp. scytica qui parait être celle étudiée par CHOPRA et al. (1960), PARIS et DILLEMAN (1960), PARIS et MOYSE (1967) et DAJOZ (1969).
118. Anabasis articulata (Forsk.) Moq.
[II/103; p:69]
D. - En Ahaggar, l'espèce (tam. : tassa) était autrefois utilisée pour laver les tissus (GAST, 1968).
119. Cornulaca monacantha Del.
[II/105; p:71] CHENOPODIACÉES
M. - TROTTER (1915) siguale qu'elle a un effet purgatif pour l'homme et les animaux.
Les indigènes du Sahara Occidental utilisent le « had » pour le traitement des maladies du foie (GAUTHIER-PILTERS, 1969).
120. Amaranthus angustifolius Lamk.
[II/110 ; p : 75] AMARANTHACÉES
Ce taxon correspond dans la nomenclature actuelle (Flora europaea) à : A. graecizans L.
Pour la Tunisie, seule la ssp. sylvestris (Desf.) Maire et Weill. eat signalée.
[87]
V. TÄCKHOLM (1974) indique la combinaison A. angustifolius ssp. sylvestris (Desf.) Maire et Weill. comme synonyme de A. graecizans L.
A. - Les feuilles, de cette « amaranthe » (tam. = talenkhatait) bouillies sont, pour la consommation humaine, asaociéee à des sauces ou mêlées aux bouillies de mil ou de blé (GAST, 1968).
121. Phytolacca americana L.
[II/116 ; p : 78] PHYTOLACCACÉES
D. - Selon POTTIER-ALAPETITE (1979) elle fournit une teinture d'un rouge intense.
122. Mesembryanthemum cristallinum L.
[II/119 p:80] AIZOACÉES
Ce taxon s'orthographie (Flora europaea) : M. crystallinum L.
A. - GOBERT (1955) note, qu'en Tunisie, Mesembryanthemum forskhalei Hochst. (*) a été utilisé, en remplacement des céréales. Cet te information est également rapportée par TROTTER (1915).
D. - Employée directement, comme savon, pour laver le linge, Mesembryanthemum crystallinum a cependant un rendement moina bon que Aizoon hispanicum L. (TROTTER).
(*) Mesembryanthemum forskahlei Hochst. est signalée en Libye (Fezzan) par KEITH (1965) qui mentionne de plus que les graines de cette espèce peuvent être confondues avec celles de Cryophytum cristallinum (L.) N.E. Brown, synonymie de Mesembryantllemum cristallinum L.
Mesembryanthemum critallinum étant courante en Tunisie alors que Mesembryanthetum forskhalei Hochst. n'y est pas signalée, nous pouvons, à ce niveau, suggérer une confusion dans le propos de GOBERT.
123. Mesembryanthemum nodiflorum L.
[II/120; p:81]
A. - Selon VERNEAU (in GOBERT, 1940), la population guancho des Iles Canaries, dans une recette de « gofio » (préparation équivalente à la « baissa » de Tunisie), utillsait, en absence de céréales, des grainee de cette espèce.
[88]
D. - L'espèce est réputée saponifère au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921).
Pour la Tunisie, COMBES et COMBES (1945) ont rapporté que si, après lavage à la terre à foulon (ar. = torba), la laine est encore sale, les femmes utillisent alors la cendre de cette espèce (ar. = r'asoul). La potasse contenue dans la cendre de « r'asoul » racornit cependant les fibres de la laine qui sera alors de mauvaise qualité.
124. Mesembryanthemum edule L.
[II/sans n° ; p:81]
Par suite de modification nomenclatwa1e ce taxon est actuellement identifié (Flora europaea) par la combinaison : Carpobrotus edulis (L.) N.E.Br.
A. - En Italie les feuilles sont mangées en salade et les fruits considérés comme comestibles (POTTIER-ALAPETITE, 1979) ; il ne semble pas en être de même en Tunisie.
125. Aizoon canariense L.
[II/122; p:83] AIZOACÊES
A. - Dans son ouvrage, très documenté, GAST (1968) rapporte que les graines rouges ou noires, très petites, douces et un peu grasses de cette plame (tam. = eheifief), sont utilisées cuites, en bouillie ou en galette, après avoir été pilées.
126. Aizoon hispanicum L.
[II/123; p:84]
D. - En Libye cet « aizoon » est employé directement comme savon pour laver le linge (TROTTER, 1915), usage également signalé par GATTEFOSSÉ {1921) au Maroc.
127. Portulaca oleracea L.
(II/125; p:85] PORTULACACÉES
Pour la Tunisie il n'est signalé (POTTIER-ALAPETITE, 1979) que la ssp. silvestris (D.C.) Thell. qui dans Flora europaea correspond à la combinaison P. oleracea ssp. sativa (Haw.) Celsk.
[89]
A. - Selon BOUQUET (1921), la graine est réputée, ausceptible de couper la soif et les feuilles de pouvoir diminuer le besoin de manger.
La consommation des graines en cas de diaette eet aignalée par GALAN (1951) (cf. à Cistanche phelypea n° 391) et à Panicum turgidum, n° 023). En Ahaggar, le pourpier (tam. = alora ; ar. = benderakek, belkazit) a d'assez nombreux usages (GAST, 1968) :
- les feuilles comme les tiges ne sont consommées qu'occasionnellement crues ou ajoutées aux sauces comme légumes.
- les graânes pilées et mêléea à d'autres feuilles sont préparéea en bouillie, ou mangées avec des dattes réduites en poudre.
T. - S'il signale que ce pourpier peut être mangé en salade, LABBE (1950) note qu'ii est aussi accusé d'avoir causé la mort d'animaux.
R. - Les feuilles sont réputées anaphrodiaiaquea (BOUQUET, l921).
GAST indique que dans le Tell l'espèce est, parfois, considérée comme pourvue de « baraka » car le Prophète Mohamed, blessé au pied, fut guéri après avoir marché sur cette plante.
128. Paronychia argentea (Pourr.) Lamk.
[II/128; p:90] CARYOPHYLLACÉES
De fait, la combinaison en vigueur (Flora europaea) est P. argentea Lam.
M. - En .Algérie Paronychia argentea Lam. est employée en infusion diurétique et est, dans ce but, l'objet d'un petit commerce d'exportation (TROTTER, 1915). Le même usage est rapporté pu GATTEFOSSÉ (1921).
R. - Selon RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ) l'espèce serait aphrodisiaque.
[90]
129. Herniaria glabra L.
[II/134; p:94] CARYOPHYLLACÉES
M. - Pour DORVAULT et WEITZ (1945) cette espèce est douée de propriétés diurétiques et passe pour antinéphritique.
La propriété diurétique de Herniaria glabra L. (fr. = herniaire, turquette) est aussi signalée par PARIS et MOYSE (1967).
130. Herniaria hirsuta var. cinerea (D.C.) Lor. et B.
[II/135 p:94]
A ce taxon, retenu dans la « Flore de la Tunisie », correspond la combinaison actuellle (Flora europaea) : Herniaria cinerea DC.
M. - L'intérêt de Herniaria cinerea DC. (fr. = herniole), ainsi que celui de diverses autres Herniaria a été rapporté par DORVAULT et WEITZ (1945) (cf. à Spergularia bocconei, n° 132).
131. Spergularia marginata Kittel.
[II/151; p:103] CARYOPHYLLACÉES
Tout en conservant son rang d'espèce ce taxon correspond dans la nomenclature actuelle à S. media (L.) C. Presl.
M.- Cette espèce (fr. : polygale de Syrie) est, selon PARIS et LYS (in PARIS et DILLEMAN, 1960) et PARIS et MOYSE (1967), parfois substituêe au « polygale de Virginie » (recherché pour ses propriétés expectorantes marquées) constitué par la souche et les racines de Polygala senega (*). Spergularia marginata qui contient également des saponines, est de plus, de toxicité très inférieure à celle de Polygala senega.
(*) Polygala senega L. (famille des Polygalacées) espèce absente en Tunisie.
132. Spergularia bocconei (Scheele) Asch.
[II/154; p:l04]
A cette combinaison orthographiée correctement (Flora europaea) comme suit : S. bocconii (Scheele) Ascherson & Graebner, nous avons rapporté les indications relatives à Arenaria rubra et à Spergularia rubra p.p. que, par le jeu de synonymies successives. nous avons assimilées, peut être à tort, au taxon traité ici.
[91]
M. - Selon TROTTER (1915) ce taxon, serait en Libye et en Algérie, utillisé comme diurétique.
DORVAULT et WEITZ (1945) rapportent qu'en Algérie, diverses espèces d'Herniaria sont employées, concurremment avec Arenaria rubra, contre la gravelle et le catarrhe de la vessie.
133. Silene succulenta Forsk.
[II/198 ; p:130] CARYOPHYLLACÉES
D. - A Benghazi (Libye), les racines de ce « silène » sont utilisées pour le lavage des laines (TROTTER, 1915).
134. Vaccaria pyramidata Medik.
[II/217; p:141] CARYOPHYLLACÉES
D. - Les Marocains considèrent que cette espèce est saponifère (GATTEFOSSÉ, 1921).
135. Nigella sativa L.
[II/224; p:l45] RENONCULACÉES
La vertu purgative de cette espèce dont on utilise essentiellement les graines, est souvent rapportée parmi d'autres indicationa très diverses.
A. - Les grainee sont employées pour aromatiser le miel (DUVEYRIER, in TROTIER, 1915) et ce mélange est lui même considéré comme apéritif. Le même auteur signale également qu'en Algérie ces graines sont ajoutées aux pains et aux galettes comme condiment. Ces propos sont également rapportés par BOUQUET (1921).
GOBERT (1940) et DUTHU et al. (1954) notent que pour décorer le pain, on le parsème avant de le porter au four d'une pincée de graines de nigelle.
M. - Les grainee de la nigelle « habbet es souda » sont, dans le Coran, considérées comme étant une panacée (BOUQUET, 1921).
L'usage de » sanoudj » pour faire, en cas de fièvre, transpirer le malade a été signalé par LARRIBAUD (1952) (cf. à Fœniculum vulgare, n° 305).
[92]
Il apparaît que lee graines de nigelle ont été de tout temps très employées ; ainsi déjà DIOSCORIDE (in DUTHU el al., 1954) en indiquait de nombreux usages :
- en friction contre les maux de tête et la lèpre, - en décoction contre lee maux de dents, - en. poudre et reepirées pour soulager lors des rhumes de cerveau, - comme diurétiques, emménagogues et galactogènes.
Les emplois actuels, em pays arabes, seraient encore voisins de ceux signalés par DIOSCORIDE, rapportent DUTHU et al.
Dans les propos de TROTTER, il est aussi noté que les graines sont reconnues comme diurétiques et emménagogues.
Des propriétés canninatives, emménagogues, diurétiques et anthelmintiques sont reconnues en Egypte (DUCROS, 1930) à la semence de cette espèce (ar. = kammoun asswad).
Au Gourara (Sud algérien), REBOUL (1953) rapporte que Nigella sativa (« kammoun el akhal >>) et Ferula assa·fœtida (*) («hentit»), écrasées dans l'hui!le, sont employées, comme liniment, contre les rhumatismes et servent aussi à aromatiser le couscous.
En mélange à celles de Trigonella fenum-graecum L., les graines de « sanoudj » ou de « kemmoun el -akhal », bouillies dans du lailt, sont employées pour combattre le « marr » et la constipation (MAIRE et SAVELLI, 1955). Les mêmes auteurs signalent également, comme REBOUL, la préparation d'un liniment.
Au Sahara oranais (PASSAGER et BARBANÇON, 1956), l'infusion du « sanoudj » est recommandée contre les nausées , gastralgies, vomissements et les coliques. On y recommande aussi, contre ·les coliques post-partum, l'absorption d'un œuf cuit à la poële avec du cumin (**) et du « sanoudj ».
Ecrasées et prises dans de l'eau ou du lait, les graines de « sanoudj » sont considérées au Sahara algérois comme efficaces contre la constipation et les céphalées notent PASSAGER et DOREY (1958); ils indiquent également que l'espèce entre dans une préparation avec le
[93]
coriandre (**), le cumin (**) et du sucre; cette préparation « donne aux garçons force et courage et aux filles beauté et santé » à raison d'une cuillerée à soupe le matin en hiver.
Dans toute l'Afrique du Nord, les graines de Nigella sativa (tam. = tikâmmine ; ar. = sanoudj, habet est soûda, bou nafâa ; fr. = nigelle) s'emploient, particulièrement en période de Ramadan, comme aromate sur les pains note GAST (1968) qui révèle aussi que pour favoriser l'appétit et se fortifier, on prend à titre de médication le ma· tin quelques graines de nigelle sur un peu de miel.
PARIS et MOYSE (1967) mentionnent que dans l'huile essentielle de cette graine on a séparé la nigellone active contre le bronchospasme provoqué par l'histamine.
T. - DUTHU et al. (1954) notent qu'il est signalé, chez cette espèce (ar. = sanouj ; ber. = tikamnin), deux alcaloïdes et que l'on pouvait déceler une toxicité éventuelle consécutive à des inhalations répétées lors de soins comme ceux, par exemple, des rhumes de cerveau. Le pouvoir nécrosant de produits essentiels volatils contenus dans l'essence de nigelle est incontestable.
(*) Ferula assa·foetida L. (famille des Ombellifères) absente de la flore tunisienne.
(**) ar. = kemmoun ; fr. = cumin = Cuminum cyminum L. - Coriandre = Coriandrum sativum L.
136. Nigella damascena L.
[II/225; p:145]
M. - La drogue, obtenue à partir des graines, est employée comme inhibiteur des contractions musculaires, hypotenseur et hypothermisant. L'intérêt antispasmodique de cette plante (ar. = habbet es souda, sinouch ; fr. = nigelle) a également été relevé par LEMORDANT et al. (1977).
137. Delphinium staphysagria L.
[II/232; p:151] RENONCULACÉES
M. - Les graines de cette espèce sont utilisées au Maroc pour le traitement de la teigne (GATTEFOSSÉ, 1921).
DUCROS (1930) rapporte que le nom d' « herbe aux poux » est dû aux propriétés antivermineuses des graines de cette espèce. Etant
[94]
âcre, corrosive et vomitive, la semence est essentieLlement employée à l'extérieur en poudre ou en décoction, dans les affections pédiculaires, la gale et les dartres.
138. Anemone coronaria L.
[II/233 ; p : 151] RENONCULACÉES
M. - Cette « anémone » est appréciée pour ses propriétés détersives (DUCROS, 1930) qui justifient l'emploi de son suc, en décocté ou en collyre, contre les taies de l'œil et la cataracte. La fleur desséchée et pulvérisée sert à la cicatrisation des ulcères et sa graine est employée dans les soins de la lèpre.
139. Ranunculus sceleratus L.
[II/240 ; p : 156] RENONCULACÉES
M.- PARIS et MOYSE (1967) soulignent qu'à l'état frais les propriétés vésicantes, de Ranunculus bulbosus (*) et Ranunculus sceleratus, sont dues à la ranunculine et à la protoanémonine dont la teneur est maximale dans les plantes fleuries.
(*) Ranunculus bulbosus L. n'est pas signalé dans la Flora de la Tunisie de POTTIER·ALAPETITE.
140. Ranunculus macrophyllus Desf.
[II/243; p:157)
A. - Comme celles de Trigonella fœnum-graecum, les graines de cette espèce servent à engraisser les femmes.
M. - Selon RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921), l'espèce est considérée purgative et vomitive.
141. Ranunculus ficaria L.
[II/252; p:161]
Tous les taxons, retenus comme présents en Tunisie appartiennent à la ssp. ficariiformis (F. Schultz) Rouy et Fouc. de cette espèce que Flora europaea signale sous la combinaison ssp. ficariiformis Rouy et Fouc..
Ficaria ranunculoides Mœnch. parfois cité, constitue une synonymie que nous pensons pouvoir admettre de R. ficaria L.
[95]
M. - PARIS et MOYSE (1967) signalent chez « La Ficaire » (= Ficaria ranunculoides Mœnch) des propriétés vésicantes.
Dans les propos de LEMORDANT et al. (1977), cette espèce (ar. = bou Tegha ; fr. = ficaire) est un antihémorroïdaire .
142. Adonis annua sep. autumnalis (L.) Maire et Weill.
[II/254; p:162] RENONCULACÉES
Nous avons supposé que A. automnalis L. cité par PARIS et MOYSE (1967) correspondait à la ssp. autumnalis (L.) Maire et Weill. de la Flore de la Tunisie. De fait dans Flora europaea, A. annua L., retenu comme étant en vigueur, admet A. autumnalis L. comme synonyme.
M.- De faible activité cardiotonique, ce taxon et A.aestivalis sont rejetés par la pharmacopée mais sont parfois illicitement utilisés en substitution de Adonis vernalis L. (*), plus actif (PARIS et MOYSE, 1967).
- A. vernalis : espèce absente de Tunisie.
143. Adonis aestivalis L.
[II/255; p:163]
M. - Au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921) cette plante est réputée emménagogue. PARIS et MOYSE (1967) lui attribuent des propriétés similaires à celles d'Adonis annua ssp. automnalis (cf. n° 142).
144. Adonis dentata Del.
[II/256; p:163]
Nous avons adopté la synonymie présentée par QUEZEL et SANTA où A. microcarpa DC. équivaut à A. dentata Del. combinaison de référence de la Flore de la Tunisie. De fait BOULOS (1979) après Flora europaea semble réfuter cette équivalence quand il spécifie que c'est Adonis dentata auct. non Delile qui est synonyme de A. microcarpa DC.
M. - Selon TROTTER (1915) Adonis microcarpus DC. est une plante médicinatle utilisée pour le cœur mais il pense qu'elle n'est paa en fait employée en Libye.
Selon KOTOB HUSSEIN (1979) Adonis microcarpus contient des glucosides et dea saponines.
[96]
T. - Adonis ·microcarpus DC. serait mortelle pour le bétail note CHIOVENDA (in TROTTER).
145. Leontice leontopetalum L.
[II/257; p:164] BERBERIDACÉES
M. - En Libye (TROTTER, 1915) on fait ingérer aux chameaux, des morceaux de tubercule de cette espèce, pour les guérir de quelques infirmités.
La racine de cette plante est reconnue comme ayant des propriétés antispasmodiques et émollientes et ainsi au Liban le jus frais et l'extrait aqueux sont employés avec succès contre l'épilepsie (PARIS et MOYSE 1967). Ces mêmes auteurs rapportent que la drogue est utilisée comme relaxant musculaire antispasmodique et antiépileptique.
KOTOB HUSSEIN (1979) signale que Leontice sp. (") contient des alcaloïdes aminés.
(*) BOULOS (1979) ne note qu'une espèce de Leontice dans la flore libyenne il s'agit de Leontice leontopetalum L. auquel nous pouvons donc rapporter l'indication de KOTOB HUSSEIN.
146. Laurus nobilis L.
[II/258; p:164] LAURACÉES
D.M. - L'emploi essentiel de ce laurier est, assurément, celui qui est fait des feuilles comme aromates (LEMORDANT et al. 1977; PARIS et MOYSE, 1967).
Ces derniers auteurs signalent toutefois que les fruits sont employés dans des alcoolats et des pommades antirhumatismales et parasiticides.
147. Glaucium corniculatum (L.) Curt.
[II/259 ; p:166] PAPAVERACÉES
Noua pensona qu'il s'agit là du taxon correspondant à la combinaiaon de Flora europaea : G. corniculatum (L.) J.M. Rudolph.
A.T. - Ce sont les graines qui sont consommées.
Ainsi GOBERT (1940) rapporte que ces petites graines « zgougou >> ont un goût apprécié et que les mères, au moment de la moisson, en rapportent à leurs enfants comme friandise.
[97]
Sdon GAST (1968), en Ahaggar, les graines (tam. = agenesmes), qni ressemblent à celles de l'oignon sont croquées crues ou grillées. GAST note également que les chameaux qui en mangent resteraient ensuite quelques heures dans l'incapacité de boire et de manger.
M. - Lee feuilles du « pavot cornu » (ar. = mamitha) sont, employées comme résolutif en cataplasmes et en frictions sur les ulcères (DUCROS, 1930)
148. Roemeria hybrida (L.) D.C.
[II/261; p:167] PAPAVERACÉES
M. - Comme les Glaucium et les Hypecoum, cette espèce est caustique (utilisée contre les verrues) et narcotique (GATTEFOSSÉ, 1921).
149. Papaver somniferum L.
(II/262 ; p : 168] PAPAVERACÉES
A. - Les graines sont éventuellement utilisées dans l'alimentation.
M.T. - BOUQUET (1921) note que le pavot « khechkhach » s'emploie trop souvent en infusion pour calmer et flaire dormir les enfants qui pleurent. Il souligne cependant aussi d'autres usages :
- pilé et délayé dam de l'eau de fleurs d'oranger ou de jasmin en compresses sur les tempes et le front, contre l'insomnie et et les migraines,
- en fumigations vaginales (usage rapporté aussi par GATTEFOSSÉ au Maroc) pour les soins de toutes les affections des organes génitaux féminins.
- en macérations aqueuses miellées (de capsule de pavot à fleurs blanches) contre la toux avec hémoptisies. Pour les enfants, on mélange cette macération avec son volume de macération de coquelicot (cf. Papaver rhoeas L. n° 150).
Le même auteur rapporte aussi que l'opium (« hafioun »), qui est un suc épais recueilli par incisions des capsules fraiches, est man-
[98]
gé mais peu fumé au Maghreb et de pius H est utilisé en thérapeutique comme calmant général après correction avec son poids de poivre ou de girofles. Comme succédanés, BOUQUET révèle aussi que, l'on recommande de prendre 3 fois le poids de jusquiame ou 2 fois son poids de racine de mandragore.
Quelques usages du pavot en Egypte sont rapportés par DUCROS (1930) qui spécifie que la « tête » est utilisée pour ses propriétés calmantes, et narcotiques. Cet emploi s'effectue :
- en lavages ou en applications dans les cas d'ophtalmie,
- en décoctions contre la toux,
- en cataplaemes dans les inflammations.
DUCROS souligne, encore, que ces têtes de pavot, après extraction de l'opium, sont actuellement vendus sur les marchés et que les enfants après en avoir mastiqué tombent dans une sorte de somnolence. Cette habitude, dit-il, entraîne l'enfant, devenu adulte, à s'adonner à l'opium.
L'opium est un suc laiteux, obtenu en incisant les capsules pleinement développées, mais non encore mûres de Papaver somniferum ou de sa variété album DC. (CHOPRA et al., 1960). Ces auteurs ajoutent que l'opium contient de nombreux alcaloïdes dont ils donnent la liste et les effets.
PARIS ET MOYSE (1967) apportent au sujet de cette espèce de nombreuses précisions :
- les feuilles entrent dans la préparation de «vl'huile de Jusquiame » (analgésique).
- les capsules, en gargarismes, sont calmantes mais servent par ailleurs, à la préparation d'un extrait total succédané de l'opium et à l'extraction de la morphine.
- le suc laiteux ou « opium » se prête à l'extraction de nombreux alcaloïdes et entre également : = en poudre, dans des préparations employées, comme analgésique, antidiarrhéique et soporifique, = en extrait aqueux dans les préparations utilisées dans les cas d'affection de l'appareil respiratoire.
D -PARIS et MOYSE ont aussi signalé que les graines fournissent à l'ex-
[99]
traction l'huile d'œillette, utilisée comme huile de table, siccatif des peintures et qui, iodée, procure un opacifiant employé en radiologie.
150. Papaver rhoeas L.
[II/263; p:l68]
M. - En Algérie les pétales servent de narcotiques (TROTTER, 1915).
La propriété de sédatif faible, rappelée par PARIS et MOYSE (1967) et LEMORDANT et al. (1977) (ar. : bou karoun ; fr. = coquelicot), est à l'origine de la consommation de la graine, pilée dans du miel, pour dissiper l'insomnie (DORVAULT et WEITZ, 1945). PARIS et MOYSE ont aussi signalé l'espèce comme étant pectorale.
151. Fumaria capreolata L.
[II/273; p:l76] PAPAVERACÉES (FUMARIACÉES incl.)
M.- Pour PARIS et MOYSE (1967), Fumaria officinalis L. pouvait être éventuellement remplacée par Fumaria capreolata L. présentant, sous forme de drogue, la même saveur amère.
152. Fumaria officinalis L.
[II/279; p:l78]
M.- Cette espèce a connu une grande vogue comme dépuratif, laxatif et stimulant biliaire rapportent PARIS et MOYSE (1967) ; ils notent que l'on utilise aussi la plante, en infusé, alcoolature ou sirop, dans les cas d'artériosclérose. Les mêmes auteurs confirment qu'à la date de leur publication, les travaux scientifiques avaient permis la mise en évidence de la faible toxicité de l'espèce, ses propriétés hypotensives, son action de stimulant respiratoire et d'antispasmodique, mais que les vertus cholérétiques n'avaient pu être vérifiées.
153. Capparis spinosa L.
[II/283; p:180] CAPPARIDACÉES
Nous avons rassemblé ici les données concernant :
- le taxon tel qu'il est traité dans la Flore de la Tunisie et Flora europaea.
- Capparis rupestris Sibth. et Sm. qui est dans Flora europaea inclus dans C. spinosa L. alors que POTTIER-ALAPETITE (1979) en fait la variété suivante : C. spinosa var. rupestris (S. et Sm.) Viv.
[100]
Cette espèce est l'une des panacées de l'Afrique du Nord.
A. Le « câprier » est connu pour l'emploi des boutons floraux (fr. = câpres) marinés au vinaigre comme condiment (recherché à cause de sa saveur sulfurée). En outre, dans toute l'Afrique du Nord, on en fait un usage abondant pour diverses médications de la thérapeutique traditionnelle.
M. - En Libye, l'infusion de Capparis rupestris Sibth. et Sm., en association avec une autre herbe non citée (TROTTER, 1915), sert dans les cas de maux d'estomac. TROTTER puis GATTEFOSSÉ (1921) rapportent également qu'en Algérie les câpres sont employées comme médicament antiscorbutique et contre la sciatique.
Selon BOUQUET (1921) et GATTEFOSSÉ, les rameaux sont utilisés en décoction contre la dysenterie. GATTEFOSSÉ signale, en outre, qu'au Maroc les fruits servent aussi en infusion, parfois mélangés au « henné », contre l'hydropysie.
DUCROS (1930) signale que, chez cette espèce (ar. = qabbar), les graines, les fruits et les feuilles ont des propriétés identiques quoique les feuilles soient moins actives. Dans le droguier égyptien on reconnaît aux graines de cette espèce des vertus carminatives et aphrodisiaques. Ecrasées puis mêlées à un corps gras, les graines servent aussi pour réduire les ulcères, scrofules et ganglions.
Dans le cas d'abcès dentaire, on écrase dans un linge des feuilles et des graines de cette espèce et l'emplâtre obtenu est ensuite appliqué sur la joue où il provoque localement une impression de brûlure identique à celle de la moutarde (REYNIER, 1954). Pour les maux de ventre, BOUCHAT (1956) note l'emploi de la décoction sucrée de cette espèce et de Warionia saharae (*) (« afzag »).
Les feuilles et les fruits constituent, aux dires de PASSAGER et BARBANÇON (1956), un excellent liniment contre les rhumatismes : pour cela on écrase puis on mélange dans de l'huile d'olive des feuilles et des fruits de Capparis spinosa ainsi que des feuilles de Cleome arabica.
La sciatique, serait, selon DORVAULT et WEITZ (1945), soignée en Algérie à l'aide de la décoction des câpres ou boutons floraux.
[101]
S'il n'a observé sur le terrain comme usage théra·peutique, de cet tE" espèce, que son emploi comme liniment contre les rhumatismes, DOREAU (1961) indique cependant que le « kebbar », considéré comme une panacée, est de fait paré de vertus mutltiples :
- action amère, laxative, diurétique, expectorante et emménagogue de l'écorce, - fumigations contre les rhumatismes ; - infusion pour guérir la blennorragie et calmer les migraines ; - soins de la paralysie, de la tuberculose, soins dentaires ; - talisman pour combattre le mauvais œil.
Très documenté sur cette espèce, DOREAU a révélé aussi que :
- les boutons floraux contiennent de la rutine, de 1'acide et des saponines, etc...,
- les graines ont de 24 à 36 % d'huile volatile,
- l'écorce de la racine présente aussi de l'acide rutique ainsi qu'une substance volatile à odeur alliacée.
Les câpres seraient antiscorbutiques (CHOPRA et al., 1960). Ces mêmes auteurs signalent aussi que l'écorce est amère, laxative, diurétique, expectorante, emménagogue et tonique, et qu'elle est employée pour soigner les rhumatismes, la paralysie, les maux de dents, les affections du foie de la rate et la tuberculose glandulaire. Les feuilles broyées sont, selon eux, utilisées en cataplasme contre la goutte.
En Ahaggar, les boutons floraux de cette espèce (tarn. = teloulout ; fr. : câprier), ne constituent pas une nourriture mais, sont consommés pour calmer les maux de ventre et traiter les rhumatismes. Les feuilles séchées et pilées, mélangées à du lait caillé ou du beurre, sont employées en friction contre la gale des chameaux et cuites, elles sont appliquées en cataplasme pour soigner le lumbago (GAST, 1968).
Nous avons également collecté quelques formules d'emploi de cette plante. Ainsi, dans la région de Toggourt (Algérie), pour calmer les céphalées, on utilise une préparation où entrent 1/4 de « cabbar » à l'état vert et 3/4 de henné (**) à l'état sec. Cette préparation, pilée, est appliquée sur les mains, les pieds et la tête. Dans le Sud tunisien, les mêmes soins sont apportés par des feuilles vertes, mordillées ou broyées en une pâte et appliquées sur le front.
[102]
R. - Dans la région d'El Hamma, il est suggéré que le mélange broyé, de cette espèce, avec Haplophyllum tuberculatum, Rosmarinus officinalis, Ruta chalepensis et Thymus capitatus, incorporé à une viande dans un couscous est susceptible de procurer la puissance sexuelle.
(*) Warionia saharae Benth. et Hook. (famille des Composées) absente de la flore tunisienne. (**) henné : Lawsonia inermis L. (famille des Lythracées)
154. Cleome arabica L.
[II/284 ; p : 181] CAPPARIDACÉES (BOULOS, 1979 = CLEOMACÉES)
BOULOS (1979) rectifie en rappelant que le véritable Cleome arabica L. a une aire limitée au Sinaï et que pour le reste du Nord de l'Afrique (et donc pour la Tunisie) il s'agit de Cleome amblyoarpa Barr. & Murb.
Cette plante paraît être essentiellement utilisée comme béchique, et sédative.
M. - De nombreux usages de cette espèce (« mkhenza ») sont rapportés par PASSAGER et BARBANÇON (1956) :
- contre les migraines et les coryzas, l'emploi d'un fragment d'oignon ou de Cleome arabica introduit dans les narines cons titue une panacée. - contre les rhumatismes (cf. = à Capparis spinosa, no 153) ; - en cas de nausées, gastralgies, vomissements et coliques (cf. à Artemisia herba-alba, no 431).
Au moment des paroxysmes douloureux de ces mêmes gastralgies, on conseille (LARRIBAUD 1952) de boire une infusion de Cleome arabica (« mkhenza »), ou de Cymbopogon schœnanthus ssp. laniger (« karouit »). Le même auteur a relevé pour les soins de la blennorragie l'emploi d'une préparation où entre Cleome arabica.
Contre les œdèmes étendus et les fluxions articulaires, REYNIER (1954) rapporte que l'on utilise des infusions de Juniperus phœnicea et que localement on peut aussi passer d'abord une couche de miel et
[103]
ensuite Cleome arabica (« mkhenza ») finement écrasé et légèrement grilllé.
La plante est aussi utilisée, (BOUCHAT, 1956) sous forme de cataplasmes en mélange avec Juniperus phœnicea (« 'ar'âr ») et de l'oignon pilé pour calmer les douleurs ; elle sert aussi contre les céphalées (cf. à Arthrophytum scoparium, n° ll6).
T. - L'espèce (« lemkhainze ») se révèle, au Sahara Occidenta1, susceptible de provoquer des troubles nerveux, chez les animaux domestiques quand elle est ingérée seule et en grande quantité (GAUTHIER-PILTERS, 1975).
155. Brassica napus L.
[II/sans n° ; p:189] CRUCIFÈRES
Dans Flora europaea la dénomination correcte de la var. rapifera citée ici s'orthographie Brassica napus ssp. rapifera Metzger. Pour la Tunisie, POTTIER-ALAPETITE n'a pas cependant cité les sous-espèces.
M. - A propos de la variété rapifera, TROTTER (1915) signale, sans plus de précision, que les graines·ont un intérêt médicinal.
156. Brassica tournefortii Gouan
[II/289; p:190]
A. - Les jeunes pousses et les tiges florifères sont comestibles (TROTTER,l915).
157. Sinapis alba L.
[II/296; p:l94] CRUCIFÈRES
A.- La graine de la « moutarde blanche » laxative par son mucilage, entre dans la composition de certaines moutardes et peut donner lieu à l'extraction d'une huile (PARIS et MOYSE, 1967).
LEMORDANT et al. (1977) signalent que cette espèce (ar. lift) sert aussi de condiment.
158. Diplotaxis acris var duveyrierana Coss.
[II/298 ; p 196] CRUCIFÈRES
Non cités dans les travaux nomenclaturaux récents, ce taxon est mal orthographié dans la Flore de la Tunisie. Les publications concer-
[104]
nant l'Algérie (QUEZEL et SANTA, 1963 ; OZENDA, 1977 ; BARRY et al., 1976) autorisent la rectification amenant à D. acris var. duveyrierana Cosson, combinaison probablement correcte pour ce taxon parfois érigé au rang d'espèce : D. duveyrierana Cosson.
Les feuilles sont consommées alors que les graines ainsi que le « suc » servent au traitement de la gale du chameau.
A. - DUVEYRIER (in TROTTER, 1915 et in GAST, 1968) rapporte que les feuilles sont consommables. Il est cependant important de faire très attention aux déterminations puisque dans le texte de GAST, il est noté que le nom vernaculaire « tanekfait » recouvre les espèces suivantes :
Eruca sativa var. aurea Batt. (*)
Eruca vesicaria (L.) Cav.
Matthiola·oxygeras DC. (**)
Diplotaxis duveyrierana Coss.
M. - La décoction de la graine et le suc de la plante seraient (TROTTER, 1915 et CAUVET, 1925) utilisés dans le traitement de la gale du chameau.
(*) Eruca sativa var. aurea Batt. (famille des CRUCIFÈRES) absente de la flore tunisienne. (**) Matthiola oxygeras DC. = Matthiola longipetala (Vent.) DC. qui quoiqu'appartenant à la flore de la Tunisie n'est pas traité dans cette publication.
159. Diplotaxis harra (Forsk.) Boiss.
[Il/300; p: 197]
Consommée comme légume cette plante est également suspectée de toxicité.
A. - Sous le nom tamaheq de « azezzega », GAST (1968) note deux espèces :
Diplotaxis acris var. duveyrierana Coss. (déjà cité sous l'autre nom de « tanekfait »),
[105]
- Diplotaxis harra (Forsk.) Boiss. dont il souligne que les feuilles sont consommées, bouillies à l'eau ou mêlées aux sauces avec des légumes.
T. - Dans le Sud tunisien, il nous a souvent été relaté (ce qui est également rapporté par BURGEMEISTER, 1975), que 4 à 6 mois après l'ingestion de la plante par les chameaux, ces derniers manifestent une rigidité des extrémités postérieures évoluant vers des paralysies. De fait, la plante fraîche est généralement refusée par les ani maux, mais eHe serait donnée (apparemment sans ennui) comme fourrage sec aux chèvres et aux moutons près des enclos.
160. Eruca vesicaria (L.) Cavan.
[II/304; p: 199] CRUCIFÈRES
A. - Sa consommation a été rapportée par GAST (1968) (cf. à Diplotaxis acris var. duveyrierana Coss., n° 158).
161. Raphanus sativus L.
[II/sans no; p:202] CRUCIFÈRES
A.M.- Dans les graines de ce « radis », PARIS et MOYSE (1967) signalent la présence d'un hétéroside souffré, particulier, dont l'hydrolyse procure une substance à propriétés antimicrobiennes.
LEMORDANT et al. (1977) notent l'intérêt de cette espèce (ar. = fjil ; fr. :. radis) comme aliment.
162. Enarthrocarpus clavatus Del.
[II/308; p:202] CRUCIFÈRES
BOULOS (1979) rectifie l'orthographe de cette combinaison de la façon suivante : E. clavatus Delile ex Godron.
T. - Selon TRABUT (in CAUVET, 1925) l'espèce (« el kartâz ») consommée en grande quantité, serait mortelle pour les chameaux.
163. Oudneya africana R. Br.
[II/318; p:208] CRUCIFÈRES
Anciennement connue sous la combinaison Henophyton deserti, ce taxon correspond dans la nomenclature actue1le (BOULOS, 1979) à : O. deserti (Cosson & Durand) Bullock.
[106]
A. - Sous le binôme de Henophyton deserti (ar. = halga), BOUQUET (1938) signale la consommation de cette espèce (cf. à Moricandia suffruticosa ssp. arvensis n° 164).
164. Moricandia arvensis ssp. suffruticosa (Desf.) Maire
[II/319; p:210] CRUCIFÈRES
Ne oonnaissant pas la position nomenclaturale actuelle de ce taxon, nous adoptons la combinaison proposée par POTTIER-ALAPETITE. Cette sous-espèce aurait des vertus antiscorbutiqnes.
A. - L'usage alimentaire de « hamin » est précisée par BOUQUET (1938) qui indique que l'on fait cuire les feuilles dans de l'eau salée (on jette l'eau de cuisson), puis, après les avoir écrasées et y avoir ajouté de l'huile, on les fait cuire de nouveau. Il rapporte aussi que, à Djeneien (Sud tunisien) on dit remplacer le « hamin » par les feuilles d'Henophyton deserti (*). (ar. = helga).
La préparation culinaire présentée par GOBERT donne selon CHOUMOVITZ et SERRES (1954) un mets au goût voisin de celui de la « meloukhia » (**).
M. - Si l'espèce (ar. = hamin) est essentiellement utilisée dans l'alimentation humaine, elle est également (JOLY, 1910), employée dans le traitement de la syphilis selon les indications suivantes : on fait bouillir les tiges et les feuilles jusqu'à ce que le bouillon se réduise et passe à l'état presque sirupeux ; cette décoction sert comme boisson et pour laver les parties malades.
De l'avis de BOUQUET, les crucifères à essence sulfurée ont, incontestahlement, pour ces populations, de précieuses qualités antiscorbutiques.
(*) Henophyton deserti Coss. et Dur. = Oudneya africana R. Br., (**) Préparation culinaire à base de Corchorus olitorius L. (famille des Tiliacées), espèce cultivée en Tunisie mais non traitée ici.
165. Lepidium sativum. L.
[II/sans n•; p:213) CRUCIFÈRES
Consommées, les graines et les feuilles ont également de nombreuses vertus thérapeutiques.
[107]
A. - Si PARIS et MOYSE (1967) puis LEMORDANT et al. (1977) rapportent l'emploi des feuilles en salade, TROTTER (1915) puis DOREAU (1961), signalent que les graines aussi ont une valeur alimentaire. Par ailleurs RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921) note que l'espèce sert à engraisser les taureaux et à panser les plaies.
M. - Réputée être une panacée de la médecine populaire arabe, l'espèce a effectivement de nombreux emplois en thérapeutique traditionnelle (RENAUD et 1934 ; BOUCHAT, 1956).
Les graines sont vendues à des fins médicales et employées broyées puis infusées dans l'eau, contre la toux et l'asthme (GATTEFOSSÉ); FOUREAU (in TROTTER) note qu'au Sahara algérien les graines broyées sont utilisées en mélange avec le « henné » (*) lors des soins des blessures des chevaux et des chameaux.
Selon DUCROS (1930) le cresson alénois (ar. = reshad) est stimulant (dans les cas de rachitisme) et diurétique; à l'extérieur on en fait des cataplasmes pour cicatriser les ulcères scrofuleux.
Un emplâtre composé de feuilles de Lepidium sativum (« habb er-rechad ») ou de Ziziphus lotus (« sedra ») fait mûrir les furoncles (LARRIBAUD, ]952). Cette panacée « habb er rechad » recommandée par le Prophète est utilisée pour faire mûrir les abcès, guérir les plaies, et faciliter l'expectoraation (BOUCHAT, 1956).
Au Sahara (DOREAU, 1961), on attribue à la plante (« ab rachet»; fr. : cresson alénois) des propriétés fébrifuges toniques, reconstituantes et antiscorbutiques. Les graines sont ingérées comme base d'un traitement dess affections broncho-pulmonaires, servent en limineent à soigner les entorses, et leur emploi est recomandé pour combattre les maladies oculaires
R. - En ALgérie (TROTTER) les graines sont considérées aphrodisiaques, usage rapporté aussi par GATTEFOSSÉ.
D. - En Erythrée (TROTTER) la plante fournit également une substance tinctoriale.
(*) henné = Lawsonia inermis L. (famille des Lytracées)
[108]
166. Capsella bursa-pastoris (L.) Mœnch.
[II/340 ; p : 222] CRUCIFÈRES
Flora europaea indique la combinaison correcte : C. bursa pastoris (L.) Medicus.
M.- Cette espèce est selon PARIS et MOYSE (1967) employée en médecine populaire, comme succédané de l'ergot du seigle en tant que vaso-constricteur et hémostatique (propriétés attribuées à des alcaloïdes contenus dans la plante). Ces propriétés sont aussi rapportées par LEMORDANT et al. (1977).
167. Anastatica hierochuntica L.
[non répertoriée] CRUCIFÈRES
Cette espèce, quoique non signalée en Tunisie par POTTIER ALAPETITE, y est cependant présente dans la région des Basses Plaines Méridionales. Nous avons indiqué la dénomination signalée par BOULOS (1979).
M. -L'espèce est, selon BOUQUET (1921), réputée en infusion contre les convulsions des enfants et l'épilepsie; il souligne cependant que cet emploi relève plus du fétichisme que de la médecine, ces maladies étant considérées comme le résultat de possession par un génie. Le même auteur note enrore que dans le Sud tunisien le même usage est fait de Asteriscus pygmaeus. Signalons cependant que, selon RENAUD et COLIN (1934), la confusion est possible entre cette espèce et Asteriscus pygmaeus Coss. et Kral. (n° 419).
Selon DUCROS (1930) la plante macérée dans l'eau donne une liqueur emménagogue.
R. - DUCROS signale une croyance populaire attribuant à la plante sèche, déposée dans un verre d'eau, le pouvoir, par le temps qu'elle met à s'ouvrir, d'indiquer la durée des douleurs de l'accouchement.
168. Rorippna nasturtium-aquaticum (L.) Hayek
[II/365; p:235] CRUCIFÈRES
Les modifications taxonomiques (Flora europaea) ramènent ce taxon à la combinaioon suivante : Nasturtium officinale R. Br.
A.M.R. - Au Maroc, l'espèce est employée comme antiscorbutique et aphrodisiaque (GATTEFOSSÉ, 1921).
[109]
PARIS et MOYSE (1967), signalent que Nasturtium officinale R. Br. est un antiscorbutique et un diurétique utilisé dans l'alimentation. Cet intérêt alimentaire de l'espèce (ar. = heberched ; fr. cresson des fontaines) est aussi noté par LEMORDANT et al. (1977).
169. Sisymbrium erysimoides Desf.
[II/387; p: 247] CRUCIFÈRES
A. - L'espèce (ar. fesseouya) se consomme crue (GOBERT, 1940).
170. Sisymbrium officinale (L) Scop.
[II/388; p:247]
Synonymie admise : Erysimum officinale L.
M. - Moins rubéfiante que la moutarde, la graine de « vélar » (DUCROS, 1930) est employée comme détersif, vulnéraire, expectorant et diurétique'Texte en italique.
PARIS et MOYSE (1967) ont noté les vertus béchiques, expectorantes et la propriété de combattre l'enrouement de cette espèce (fr. = erysimum vélar ; herbe aux chantres).
LEMORDANT et al. (1977) ont aussi relevé les propriétés citées ci-dessus.
171. Reseda alba L.
[II/395; p:253] RESEDACÉES
M. - Comme pour Reseda luteola (n° 172), BOUQUET (1921) et GATTEFOSSÉ (1921) signalent l'emploi de cette espèce en infusion contre les coliques, les diarrhées infantiles et les empoisonnements.
172. Reseda luteola L.
[II/397; p:254)
Précisons que le seul taxon retenu comme appartenant à la flore tunisienne est R. luteola ssp. eu-luteola var. gussonei (Boiss.) Mull. Arg. qu'il faut orthographier R. luteola ssp. eu-luteola var. gussonei (Boiss.) Muller Arg.
M. - BOUQUET (1921) et GATTEFOSSÉ (1921) rapportent remploi de cette espèce, en infusion, contre les coliques, les diarrhées infantiles et les empoisonnements.
[110]
D. - Au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921) la « gaude » est employée powr la teinture en jaune des cuirs et des tissus. Ceci est confirmé par POINSOT et REVAULT (1937) qui notent que cette plante était utilisée, par les Kairouanais, pour obtenir la teinture jaune des laines.
Si la matière colorante est répandue dans toute la plante, elle se trouve cependant principadement accumulée dans la partie supérieure. L'extraction du colorant de la racine étant trop longue, cette partie n'est donc guère utilisée. La « gaude » est considérée comme étant la seule plante, teignant en jaune de grand teint, à ne pas avoir le défaut de passer au roux révèle JATTEAU (1977) qui souligne qu'avant de faire subir une teinture de « gaude » il est nécesssaire d'effectuer :
- un mordançage de la laine à l'alun et crème de tartre
- une décoction de la plante.
173. Crataegus oxyacanthus L.
[II/428; p:273] ROSACÉES
Tous les taxons cités en Tunisie relèvent de la ssp. monogyna (Jacq.) Rouy et Camus dont il semble qu'au niveau de Flora europaea, elle soit devenue l'espèce : C. monogyna ]acq. (synonyme également. de C. oxyacantha L.) ou la ssp. C. Monogyna Jacq. ssp. monogyna.
L'aubépine, parfois consommée, a également quelques usages pharmacologiques.
A. Les fruits servent d'alimemt de misère : cf. Bunium incrassatum n° 302 * erreur n° 301 (CLASTRIER, 1936) et cf. Crataegus azarolus n° 174 (BOUQUET, 1938).
M. - Pour PARIS et MOYSE (1967), l'espèce est utilisée en préparations galéniques (teinture et extrait fluide) oomme :
- cardiotonique entre les cures de digitaline et lors des troubles du rythme cardiaque, les coronarites et le traitement de l'artériosclérose (en association avec Marrubium vulgare L.),
- sédatif nerveux, associé à la valériane ou la passiflore.
Les mêmes indications sont rapportées par LEMORDANT et al. (l977) qui notent l'espèce sous le nom arabe « bou mekherri »,
[111]
174. Crataegus azarolus L.
[II/429; p:274]
A.-· Les fleurs de cette espèce (ar. = zaaroura, zinebit; berb. = tazaraourt, tafirez, tefifiha) riches en coumarine sont très odorantes, et les fruits, quoique de peu de saveur et manquant de suc, sont consommés crus, c'est du moins ce que signale BOUQUET (1938) qui ajoute que les fruits minuscules des Crataegus : C. oxyacantha (*), C. laciniata (**), C. ruscinonensis (**), sont également récoltés et consommés surtout en année de disette.
(*) Crataegus oxyacanthus L.
(**) Crataegus laciniata Ucria
- Crataegus ruscinonensis Gren. et Blanc est l'hybride de Crataegus azarolus L. x C. oxyacantha L.
Les espèces marquées (**) ne sont pas signalées en Tunisie par POTTIER· ALAPETITE (1979).
175. Rubus ulmifolius Schott.
[II/431; p:276] ROSACÉES
Ce taxon correspond de fait à plusieurs combinaisons. Nous avons rapporté ici les indications relatives à Rubus discolor Weihe et Ness. retenu comme synonyme dans la Flore de la Tunisie mais qui dans Flora europaea est considéré comme étant une espèce indépendante.
A. - BOUQUET (1938) sous le binôme Rubus discolor, a rapporté les nombreuses dénominations vernaculaires de la plante et de son fruit. Le même auteur rapporte que le fruit de Rubus discolor ulmifolius (*) se consomme cru ou en sirop épais, où il est mêlé au miel.
(*) Cette combinaison n'a bien entendu aucun sens et l'auteur faisait probablement allusion à la synonymie : R. discolor = R. ulmifolius.
176. Potentilla reptans L.
[II/435; p:278] ROSACÉES
M. - La souche rhizomateuse de cette espèce, comme celles des autres Rosacées à tanins (cf. Agrimonia eupatoria n° 178), a des vertus astringentes et antidiarrhéiques signalées par PARIS et MOYSE (1967) puis LEMORDANT et al. (1977).
[112]
177. Geum urbanum L.
[II/436; p:278] ROSACÉES
Le seul taxon cité en Tunisie est : G. urbanum var. mauritanicum Pom.
M. - Le rhizome, comme celui des autres Rosacées à tanins (cf. Agrimonia eupatoria n° 178) est, en médecine populaire, employé pour ses vertus de tonique amer et d'astringent (PARIS et MOYSE, 1967).
178 Agrimonia eupatoria L.
[II/438; p.279] ROSACÉES
Les informations manquant souvent de précision, sur le plan taxonomique, nous avons rapporté ici les renseignements concernant l'espèce alors que n'est signalé pour la Tunisie que : A. eupatoria var. intermedia Batt.
M. - Les folioles constituent une drogue qui, en Egypte (DUCROS, 1930), est réputée détersive et astringente. En décoctions ou en lavements astringents, la drogue est utilisée dans les affections de la gorge et des intestins.
A l'ensemble des espèces classées dans la catégorie des Rosacées à tanins, PARIS et MOYSE (1967) reconnaissent des propriétés astringentes qui les font employer en usage interne comme antidiarrhéiques et en usage externe comme vulnéraires.
179. Rosa gallica L.
[II/444; p:283] ROSACÉES
M. - La décoction du bouton floral, débarrassé de son calice et de ses étamines, constitue la drogue prise à l'intérieur comme rafraîchissant et astringent et à l'extérieur comme collyre (DUCROS, 1930).
180. Rosa canina L.
[II/449; p:284]
M. - La drogue astringente et antidiarrhéique a été recommandée dans les affections des voies respiratoires (PARIS et MOYSE, 1967). Il est aussi noté que la richesse en vitamines se réduit au cours de la conservation. Les propriétés d'astringent et d'autidiarrhéique de cette espèce (ar. = nesri; fr. = églantier) sont également rapportées par LEMORDANT et al. (1977).
[113]
181. Prunus spinosa ssp. fruticans (Weihe) Nym.
[II/451; p : 288] ROSACEES
La Flore de la Tunisie n'indique que P. spinosa L. ssp. fruticans (Weihe) Nym., dénomination à laquelle nous rattachons les indications relatives à P. fruticans et à P. spinosa que Flora europaea considère cependant comme deux espères distinctes : P. fruticans Weihe et P. spinosa L.
A. - Chez Prunus fruticans, qui est de fait l'ancêtre du prunier cultivé (BOUQUET, 1938), les fruits de la grosseur d'une noisette sont cueillis et mangés crus. En Kroumirie on recueille parfois les fruits d'autres pruniers dont ceux de Prunus spinosa (ar. = berqouq el ouahch).
182. Prunus avium L.
[II/455; p:290]
Quoique la Flore de la Tunisie ne signale que la variété sylvestris (Kischl.) Dierb., nous avons retenu les usages rapportéa pour l'espèce.
M.D. - L'amande s'emploie pour parfumer les onguents et pour confectionner des colliers réputés antinévralgiques (BOUQUET, 1921).
183. Acacia raddiana Saw
[II/457; p:293] LÉGUMINEUSES
La définition systématique de cette espèce ne semble pas très claire dans l'esprit des botanistes qui sont de fait partagés sur l'éventualité d'y discerner plusieurs sous-espèces ou espèces.
Cette comhinaison retenue dans la Flore de la Tunisie est aussi adoptée par TÄCKHOLM (1974) pour l'Egypte.
Cet Acacia (ar. = talha) s'est très raréfié du fait de ses usages multiples.
M. - Travaillant au Sahara occidental, LARRIBAUD (1952) indique que pour combattre les diarrhées, on utilise surtout une décoction de graines de fenugrec (*) ou une infusion de Arthrophytum scoparium en restant à jeun vingt-quatre heures, mais que parfois dans les cas légers on se contente de sucer de la résine de Acacia raddiana. Il rapporte également que contre les taies on applique sur la cornée un mélange broyé de graines émondées de Cassia obovata (*) (« suina ») en provenance de Tombouctou, de Acacia raddiana et une noix de kola.
[114]
Pour le Sahara oranais, PASSAGER et BARBANÇON (1956) ont noté que la gomme servait à relever et à coller les cils dans les débuts d'entropions.
D. - Le « gommier » a d'autres emplois et est utilisé en premier lieu pour son bois, très apprécié dans la fabrication des poulies, des supports de poutres pour le puisage de l'eau et comme bois de chauffage. Il semble par ailleurs que l'usage le plus fréquemment rapporté soit ceiui qui est en fait de l'écorce dea racines pour le tannage du cuir. Cet emploi, encore effectif en Tunisie dans les zones où subsiste cette espèce, est aussi signalé dans la littérature par COURNAND (1958) et pu LETHIELLEUX (1948) au Fezzan (Libye).
(*) fenugrec: = Trigonella fenum-graecum L. (**) Cassia obovata Coll. = Cassia aschrek Forù. (famille des Légumineuses) absente de la flore tunisienne.
184. Ceratonia siliqua L.
[II/459; p:294] LEGUMINEUSES
Les fruits dits « caroubes » ont des propriétés antidiarrhéiques reconnues.
A. - Les fruite, ou « caroubes », employés surtout comme fourrage (DUCROS, 1930), aliment, pour la fabrication d'un alcool et d'un succédané du café (TROTTER, 1915), ont cependant d'autres usagee essentiellement en médecine.
M. - L'écorce est réputée astringente alors que la pulpe qu'elle contient, triturée dans l'eau, fournit, selon DUCROS (1930), un suc rafraîchissant, diurétique, béchique et laxatif. Cette dernière propriété est en apparence réfutée au Maghreb où l'on considère que cette pulpe constitue de fait un puissant antidiarrhéique.
En Afrique du Nord, en effet, rapportent DORVAULT et WEITZ (1945), les populations considèrent lea caroubes séchées comme étant favorables aux individus atteints d'anciennes affections des bronches et l'extrait d'écorce du caroubier comme un puissant antidiarrhéique à la dose de 30 à 50 centig./jour.
La propriété antidiarrhéique est confirmée par PARIS ct DILLEMAN (1960) parlant des graines et des fruits, puis par PARIS et MOYSE (1961) qui précisent que la pulpe du mésocarpe, privée des graines, puis séchée, est riche en glucides
[115]
et administrée contre les diarrhées infantiles et les gastroentérites. Ces mêmes auteurs insistent sur le fait que les manno-galactates de la caroube ne sont pas digestiblea et n'ont donc aucune valeur alimentaire. PARIS et MOYSE soulignent encore 6qu'en pharmacie, la gomme de caroube est un épaississant contre les vomissements du nourrisson et dans le régime des obèses.
LEMORDANT el al. (1977) notent les propriétés antidiarrhéiques et l'emploi comme gomme épaississante de cette espèce (« kharoub »).
Les caroubes (« kharûba »), entrent avec le fenugrec (*), les raisins secs, le cumin (*) et les figues sèches dans la tisane que l'on fait prendre à une accouchée dont on ne parvient pas à arrêter l'hémorragie. L'eau de caroube eet également réputée pour le traitement des affections du foie (LOUIS, 1963).
Noua avons, dans le Sud tunisien, recueilli le fait que, mis à cuire jusqu'à procurer une compote brune, le mélange de caroube et de figues est donné aux femmes lors de leurs relevailles.
D. - Pour les emplois autres que ceux relevant de la médecine, les informations sont plus rares. Cependant selon REVAULT (1967) le jus de caroube est utilisé pout l'ornementation des poteries traditionnelles, alors que TROTTER (1915) indique que l'écorce du tronc a des propriétés tannantes.
PARIS et MOYSE (1961) écrivent que, dans l'industrie, la caroube procure un succédané de la gomme astragante (émulsionnant), employé en cosmétologie, pour l'encollage du papier, l'industrie du textile, etc...
Le bois rosé du caroubier est utilisé en menuiserie (POTTIER-ALAPETITE).
(*) fenugrec = Trigonella foenum - graecum L.
- cumin = Cuminum cyminum L. (Ombellifères)
185. Anagyris foetida L.
[11/460; p:298] LÉGUMINEUSES
M. - La graine (ar. : « Hhabb el kila » = graine des reins) est employée en Egypte (DUCROS, 1930) comme vomitif, purgatif et émétique en particulier dans les affections des reins, d'où son nom arabe. Les feuilles sont aussi considérées comme fortement emménagogues et purgatives ; pilées puis appliquées en cataplasme elles aont résolutives.
[116]
T. - GATTEFOSSÉ (1921) rapporte amsi le caractère émétique et ajoute que les graines, qui contiennent un alcaloïde, sont toxiques.
186. Lupinus luteus L.
[II/462; p:299] LÉGUMINEUSES
T.- A propos de cette espèce, PARIS et MOYSE (1967) rapportent les mêmes indications que pour Lupinus hirsutus L. (n° 187) en précisant que la lupinine, poison cardiaque, est particulièrement abondante dans les graines.
187. Lupinus hirsutus L.
[II/463; p:300]
Suite à des modifications nomenclaturales, ce taxon correspond dans Flora europaea à 1a combinaison L. micranthus Guss.
A.M.T.D. - Les graines sont parfois utilisées, dans l'alimentation, ou après torréfaction comme succédané du café ; cependant, s'il existe des variétés pauvres en alcaloïdes, il en existe également qui, riches en alcaloïdes, sont considérées comme amères et toxiques (PARIS et MOYSE, 1967).
L'intérêt fourrager de cette espèce (ar. : termouss ; fr. = lupin hérissé) est noté pwr LEMORDANT et al. (1977).
188. Spartium junceum L.
[II/466; p:302] LÉGUMINEUSES
Cette espèce toxique présente aussi quelque intérêt comme textile.
M. - Au Sahara, on recouvre les plaies des morsures de vipères de tiges de Spartium junceum pilées et bouillies (DORVAULT et WEITZ, 1945).
T. - FONT-QUER (1962) signalant la présence d'un alcaloïde (la cytisine) fait état de la toxicité de tous les organes de la plante y compris les fleurs.
PARIS et MOYSE (1967) ne notent que la toxicité de la graine mûre, toxicité égallement rapportée par LEMORDANT et al. (1977).
D. - Le « genêt d'Espagne » procure un excellent combustible et fournit de bonnes fibres textiles (TROTTER, 1915).
GRIGNAC (1956) signale à ce propos que depuis la plus haute antiquité la plante est réputée textile et est appréciée comme telle du
[117]
fait de l'imputrescibilité élevée de ses fib:res et de leur résistance aux microorganismes.
189. Genista saharae Coss. et Dur.
[II/474; p:307] LÈGUMINEUSES
Il est assez étonnant de oonstater que tour à tour l'espèce parait toxique ou comme possédant quelques vertus.
T.M. - Selon CAUVET (1925), l'espèce (« merkh ») est toxique et provoque, quand elle est ingérée à l'état sec, une grave rétention d'urine (« el tahsir »), l'origine de ces cystites étant confirmée par CURASSON (in BURGEMEISTER, 1975). CAUVET signale par ailleurs que les rhumatismes (« ghaf ») dûs à l'ingestion par les chameaux de Cistacées à l'état sec (Helianthemum lippii var. sessiliflorum et Helianthemum tunetanum*) et provoquant de longues boîteries, sont soignés en faisant passer les animaux malades dans les pâturages à « merkh ». Il serait possible, suggère CAUVET, que Genista saharae exerce ainsi quelque influence du fait de ses propriétés diurétiques, Le même auteur note encore que le pâturage du « merkh » constitue également un remède contre les affections du système respiratoire. l'espèce est par contre suspectée de provoquer des affections intestinales ainsi que des paralysies de l'arrière train, mais BURGEMEISTER, qui rapporte ces faits, souligne également qu'ils ne sont nullement démontrés (**).
(*) Helianthemum tunetanum Coss. et Kral. = Helianthemum crassifolium (Poir.) Pers.
(**) En effet, comment ne pas être surpris par l'usage de l'espèce dans les soins de boiteries (CAUVET) et leur implication dans l'apparition de paralysies, il semble y avoir là contradiction flagrante justifiant les doutes de BURGEMEISTER.
190. Retama raetam (Forsk.) Webb.
[II/475; p:308] LÉGUMINEUSES
Ce taxon correspond à la dénomination actuelle (Flora europaea) Lygos raetam (Forskal) Heywood.
Cette espèce utilisée surtout en thérapeutique traditionnelle pour faire des pointes de feu semble cependant devoir être employée avec précaution.
[118]
M. - Selon DUVEYRIER (in TROTTER, 1915) les racines servent à préparer des décoctions vermifuges.
Les tiges et feuilles pilées avec du miel sont vomitives souligne BOUQUET (1921) qui ajoute qu'elles sont aussi administrées en lavements purgatifs et vermifuges.
RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921) rapporte l'usage, à Marakech, de la flagellation avec des tiges fraîches de « r'tem » pour lutter contre les enflures.
Le « retam » est le plus souvent signalé pour le traitement des douleurs et des plaies. Ainsi, RAMES (1941) note que toute douleur peut être traitée par des pointes de feu faites avec un fragment de tige de régime de dattes ou avec une baguette de « retem » ou encore une tige de henné (*). Cet usage, pour les pointes de feu, est aussi signalé par REBOUL (1953) et PASSAGER et BARBANÇON (1956). Selon DOREAU (1961), la plante serait fébrifuge et servirait au traitement des plaies, emploi que nous avons ausi relevé dans le Sud tunisien, l'espèce (ar. = retem) étant alors broyée et mélangée à du lait.
L'emplâtre de « retem » (LOUIS, 1979) est employé dans le traitement des boutons purulents.
Nous avons relevé, dans le Sud tunisien, l'emploi de cette plante pour les soins en cas de morsure de serpent (cf. à Artemisia campestris n°430), pour le traitement de la gale des ovins (cf. à Arthrophytum scoparium n° 116) et dans la lutte contre l'infection des plaies (cf. à Helianthemum confertum var. brachypodium n° 271).
T. - A dose élevée le « retem », très recherché par les chameaux, les moutons et les chèvres, serait abortif (BOUQUET, 1921) propriété qui, selon GATTEFOSSÉ (1921), serait due à la présence de rétamine.
Pour CAUVET (1925), l'espèce consommée à l'état sec, produit chez le chameau une grave rétention d'urine. Cette toxicité est également rapportée par DURAND (1958) qui, cependant, affirme que les chameaux ne consomment jamais de « retem ». OZENDA (1977) attribue cette nocivité à des hétérosides cyanogénétiquee et RAMES (1941) rapporte un décès de femme à la suite de l'ingestion d'un infusé de « retem ».
[119]
D. - Cette plante sert aussi de combustible (TROTTER) et communique au lait une odeur désagréable (BOUQUET, 1921).
(*) henné = Lawsonia inermis L.
191. Retama sphaerocarpa (L.) Boiss.
[II/476; p:308]
La nouvelle dénomination pour ce taxon est (Flora europaea) : Lygos sphaerocarpa (L.) Heywood.
M.- Comme pour Retama monosperma (*),PARIS et DILLEMAN (1960) signalent des alcaloïdes chez R. sphaerocarpa.
(*) Retama monosperma Boiss. est absent de la flore tunisienne.
192. Erinacea anthyllis Link
[II/477; p:308] LÉGUMINEUSES
Si cette combimaison est aussi en accord avec la nomenclature de Flora europaea nous avons rapporté ici une indication concernant son synonyme E. pungens Boiss.
T. - La « chedida » (ou « chdid ») est, selon CAUVET (1925), qui le désigne sous le binôme Erinacea pungens, susceptible de provoquer des entérites chez le chameau. Il apparaît cependant que l'appellation « chedida » est appliquée à plusieurs espèces: ce qui rend l'indication peu précise. CAUVET signale la même indication concernant Genista microcephala var. capitellata (Coss.) Maire pour lequel nous sommes incapables d'indiquer une synonymie dans la Flore de la Tunisie.
193. Calycotome villosa ssp. intermedia (Salzm.) Maire
[II/478; p:309] LÉGUMINEUSES
Nous avons rapporté ici une indication relative, de fait, à Calycotome iintermedia Presl. que nous assimilons à C. villosa ssp. intermedia (Sarlzm.) Maire cité dans la Flore de la Tunisie. Sans connaître la position actuelle de ce taxon infraspécifique dans la nomenclature récente il faut cependant rectifier selon Flora europea l'orthographe de la combinaison de rang d'espèce en : Calycotome villosa (Poiret) Link.
D. - TROTTER (1915) indique l'emploi qui est fait de Calycotome intermedia Presl. comme combustible et pour la délimitation des propriétés.
[120]
194. Ononis natrix L.
[II/482; p:313] LÉGUMINEUSES
D.M. - Dans les Aurès (CLASTRIER, 1936), on prétend que pour débarasser un gourbi des puces, le mieux est de le balayer avec des touffes d'Ononis natrix (ar. = tfizza). CLASTRIER note égalememt la propriété hémostatique de cette espèce (cf. à Carlina involucrata n° 437).
195. Trigonella gladiata Stev.
[II/506 ; p:327) LÉGUMINEUSES·
Dans Flora europaea le taxon est orthographié : Trigonella gladiata Steven ex Bieh.
A. - Les fruits très aromatiques sont utilisés comme condiment dans le sud marocain (GATTEFOSSÉ, 1921).
196. Trigonella foenum - graecum L.
[II/sans n° ; p:327] LÉGUMINEUSES
Toutes les parties de cette plante fourragère, cultivée, sont consommées à l'état vert. Dans les usages par l'homme, ce sont surtout les graines qui ont de l'intérêt du fait de leur composition chimique remarquable.
A. - Il s'agit d'un aliment, réputé donner de l'embonpoint et utilisé à cette fin par certaines personnes et en particulier des femmes note TROTTER (1915) qui, de plus, indique que les graines sont mangées fraîches et que, desséchées· puis réduites en farine, elles entrent dans la fabrication d'une pâte comestible.
M. - BOUQUET (1921) signale que contre l'enflure de la rate on emploie des cataplasmes obtenus en faisant bouillir la farine de « helba » avec du vinaigre et du salpètre. La décoction de la plante entière s'utilise :
- en bain de siège, contre les affections de la matrice.
- en lotion pour l'entretien de la chevelure ainsi que pour la guérison des gourmes du cuir chevelu des enfants.
[121]
GATTEFOSSÉ (1921) indique cette espèce comme étant active surtout contre la constipation, les hémorroïdes, les affections de la matrice et en tant que purgatif vétérinaire.
L'espèce est (RENAUD et COLIN, 1934) parfois considérée comme étant une panacée et son nom arabe se rattache peut-être au mot « hailib » signifiant lait faisant ainsi allusion aux galactogogues de la plante.
La farine obtenue à partir des graines calme la toux (TROTTER, 1915) et les maux de ventre (LETHIELLEUX, 1948).
Selon TROTTER, le fenugrec est considéré comme fébrifuge, alors qu'en infusion, REBOUL (1958) le signale comme fortifiant pour les enfants et sédatif des douleurs durant l'accouchement. Cette vertu de fortifiant est aussi signifiée par BOUCHAT (1956) qui qu'après macération la plante est aussi employée comme vermifuge.
PASSAGER et BARBANÇON (1956) révèle la préparation d'un traitement antalgique où entre cette espèce (cf. à Arthrophytum scoparium n° 116). L'infusion des graines est encore signalée par PASSAGER et DOREY (1958) en médication contre l'anémie, la diarrhée et le mal de poitrine. Ces mêmes auteurs relatent, par ailleurs, le caractère fortifiant d'un mélange dans lequel entre le fenugrec (cf. à Nigella sativa n° 135).
Les populations sahariennes attribuent, aux graines, diverses propriétés et les utilisent dans les cas de troubles intestinaux, les affections broncho-pulmonaires et comme fébrifuges ; DOREAU (1961) qui rapporte ces indications note également la réputation de cette espèce comme étant antianémique, dstimulante de l'acouchement, curative des angines et de la gale .
LOUIS (1963) signale, entre autre, à propos du fenugrec une référence bibliogra:phique :
FURST, W.J. 1939. Contribution à l'étude physiochimique et pharmacologique du fenugrec et de ses principaux constituants. (Thèse Université de Strasbourg, 163 p.).
Plusieurs emplois de l'espèce chez les nomades du Sud tunisien sont encore mentionnés par LOUIS (1971)
[122]
- pour les cas de fièvre : si l'accès est violent on se sert de la viande semi-boucanée d'un renard ou d'un chacal en mélange avec la « halba »,
- le fenugrec guérit les indigestions et, cuit dans l'huile, est un palliatif des diarrhées,
- pour la guérison des fractures, après réduction, on enserre le membre cassé et on applique sur le pansement un emplâtre fait de six œufs et de fenugrec réduit en poudre. On fait, pour activer sa guérison, consommer au malade du lait ou un mélange cuit d'orge pilée, de fèves, de fenugrec et de viande boucanée ou de graisse de mouflon.
C'est aussi un stimulant neuro-vasculaire. Administré sous forme de poudre ou d'extrait fluide c'est un stimulant de l'appétit et de la nutrition employé dans les cas d'amaigrissement (PARIS et MOYSE, 1967).
R. - L'espèce est aussi un aphrodisiaque réputé (BOUQUET, 1921 ; GATTEFOSSÉ, 1921 ; DORVAULT et WEITZ, 1945 ; PARIS et MOYSE, l967).
197. Melifotus indica (L.) All.
[II/508; p:328] LÉGUMINEUSES
M. - Les fruits sont, signale SURCOUF (in GATTEFOSSÉ, 1921), utiles dans les soins des maladies des organes génitaux des deux sexes.
198. Melifotus macrocarpa Dur.
[II/510; p:329]
A.M. - BATTANDIER et TRABUT (in GATTEFOSSÉ, 1921) notent que les fruits, de cette espèce, chargés de coumarine sont utilisés comme épice et antispasmodique.
199. Medicago sativa L.
[II/516; p:334] LÉGUMINEUSES
La farine de Luzerne (ar. = kessa, fassa, nefel, safsafa) est antianémique, reconstituante, récalcifiante, antihémorragique (PARIS et MOYSE, l967 ; LEMORDANT et al. 1977).
[123]
200. Trifolium pratense L.
[II/553; p:356] LÉGUMINEUSES
T. - BŒUF (1933) rapporte que Trifolium hybridum (*), Trifolium pratense, Trifolium elegans (*) et Trifolium roseum (*) ont des propriétés photosensibilisantes (cf. à Hypericum triquetrifolium n° 260).
(*) Trifolium hydridum L.
- Trifolium elegans Savi
- Trifolium roseum Presl. = Trifolium ochroleucum Huds.
Ces espèces (*) sont considérées comme absentes de la flore tunisienne.
201. Anthyllis sericea ssp. henoniana (Coss.) Maire
[II/564; p:363] LÉGUMINEUSES
Cette sous-espèce est, dans Flora europaea, érigée au rang d'espèce sous la combinaison : A. henoniana Cosson ex Batt.
T. - Cette espèce « kezdir », ainsi que Helianthemum kahiricum, Helianthemum lippii var. sessiliflorum et Helianthemum tunetanum (*), produirait, chez le chameau, quand elle est ingérée au moment de la floraison une maladie, appelée « torba » dans l'Est algérien et « akraf » dans l'Ouest algérien. Cette maladie se traduit par une paralysie des membres pouvant être mortelle (CAUVET, 1925 ; TRABUT et CURASSON in DURAND, 1958). Ce dernier auteur indique que les guérisons de cette maladie, appelée aussi « krafft », obtenue pendant que les animaux sont au pâturage dans dea zones à Anthyllis semblent prouver que l'espèce traitée ici ne peut être tenue responsable de l'apparition de cette maladie.
(*) Helianthemum tunetanun Coss. et Kral. = Helianthemum crassifolium (Poir.) Pers.
202. Lotus edulis L.
[II/570; p:367] LÉGUMINEUSES
A. - La cosse verte et tendre de cette espèce (ar. krambouch) est consommée crue (GOBERT, 1940). C'est également ce qu'expriment LEMORDANT et al. (1977) à propos de cette plante (fr. = lotus à fruit comestible).
[124]
203. Psoralea americana L.
[II/587; p:377] LÉGUMINEUSES
A. - Les graines sont susceptibles de procurer une huile de bonne qualité (GATTEFOSSÉ, 1957).
204. Astragalus baeticus L.
[II/598; p:386] LEGUMINEUSES
Cette combinnaison s'orthographie de fait : A. boeticus L.
A. - TROTTER (1915) souligne qu'en Algérie les graines de Astragalus baeticus L. sont utilisées pour fournir un succédané du café.
205. Astragalus corrugatus var. tenuirugis Boiss.
[II/600 ; p : 387]
Ce taxon est, dans TACKHOLM (1974), érigé au rang d'espèce sous la combinaison : A. tenuirugis Bois. C'est à ce taxon que nous avons rattaché, après correction orthographique, l'espèce citée par LETHIELLEUX.
T. - Au Fezzan LETHIELLEUX (1948) signale que Astragalus femerugis Boiss. (« el megrouwa ») est susceptible de provoquer des empoisonnements chez les bêtes qui en consomment.
206. Astragalus caprinus ssp. lanigerus (Desf.) Maire
[II/604 ; p : 389]
II ne nous a pas été possible de connaître 1a position nomenclaturale actuelle de ce taxon. Nous avons retenu l'indication relative à A. lanigerus Desf. que nous avons considéré comme étant synonyme de la combinaison adoptée dans la Flore de la Tunisie.
A. - Les graines d'Astragalus lanigerus Desf. qui ont un goût de petit pois, sont consommées fraîches (TROTTER, 1915).
207. Glycyrrhiza foetida Desf.
[II/613; p : 393] LÉGUMINEUSES
A. - A propos de cette espèce, GATTEFOSSÉ (1957) rapporte que les rhrizomes de provenance marocaine sont impropres à la consommation comme « bâtons à macher » alors que ceux de provenance algérienne conviennent parfaitement.
[125]
208. Coronilla scorpioides (L.) Koeh.
(II/623 ; p:398] LÉGUMINEUSES
T. - Les hétérosides stéroïdiques cardiotoniques des graines de Coronilla scorpioides (L.) Koeh. et de Coronilla glauca L. (*) sont susceptibles (PARIS et MOYSE, 1967) de provoquer des intoxications chez les animaux et parfois chez les jeunes enfants. Cette toxicité e&t rappelée par LEMORDANT et al. (1977) en ce qui concerne la « Coronille queue de scorpion ».
(*) Coronilla glauca L. = C. valentina ssp. glauca (L.) Batt., taxon non proposé pour la Tunisie par POTTIER-ALAPETITE (1979).
209. Hedysarum camosum Desf.
[II/634; p:404] LÉGUMINEUSES
A. - Les jeunes pousses et les sommités fleuries de cette espèce, « sulla», sont consommées (CHOUMOVITZ et SERRES, 1954).
210. Cicer arietinum L.
[II/642; p:407] LÉGUMINEUSES
A. - En plus des usages hahituels qui sont fait des graines (bouillies ou grillées), TROTTER (1915) signale l'emploi des tiges et feuilles sèches pour 1'affouragement des animaux.
211. a) Vicia sativa ssp. amphicarpa (L.) Batt.
[II/646; p:412] LÉGUMINEUSES
Flora europaea adopte pour combinaison correspondante de ce taxon : V. sativa ssp. amphicarpa (Dorthes) Ascherson et Graebner. Ce même taxon est également connu par sa synonymie : V. amphicarpa Roth.
b) Vicia onobrychioides L. [II/648; p:413]
A. - Les fruits de V. amphicarpa et V. onobrychioides sont signalés comme éventuels aliments de misère (cf. à Bunium fontanesii n° 302, CLASTRIER, 1936).
212. Lathyrus ochrus D.C.
[II/661; p:421] LÉGUMINEUSES
L'orthographe correcte de cette combinaison (Flora europaea) est : L. ochrus (L.) DC.
[126]
A.T. - Au Maroc, VILLAX (in KERNICK, 1978), considère que les graines de Lathyrus ochrus peuvent en toute sécurité, être consommées par le bétail, alors que FOURY (in KERNICK, 1978), rapporte la chose comme étant dangereuse, quelques accidents ayant été enregistrés chez les moutons à la suite de l'alimentation avec des graines de Lathyrus cicera et de Lathyrus ochrus.
213. Lathyrus sativus L.
[ll/666; p:423]
A.T. - On attribue à l'ingestion prolongée de cette plante, une maladie dite lathyrisme spasmodique (TROTTER, 1915).
Lathyrus sativus (fr. = gesse cultivée ou jarosse) est classée par PARIS et MOYSE (1967) parmi les espèces susceplibles de provoquer des accidents, toxicité également rapportée par LEMORDANT et al. (1977).
214. Lathyrus cicera L.
[II/667; p:423]
T. - La « gesse chiche » est signalée comme toxique par PARIS et MOYSE (1967), et ceci est confirmé par FOURY (in KERNICK, 1978) qui note qu'elle est susceptible de provoquer des accidents chez les moutons (cf. à Lathyrus ochrus n° 212).
215. Geranium robertianum L.
[II/685; p: 431] GERANIACÉES
M. - Quoique à intérêt médicinal limité, ce Geranium (fr. = « herbe à Robert »), riche en tanins, est employé pour ses propriétés astringentes et antidiarrhéiques rapportent PARIS et MOYSE (1967), puis LEMORDANT et al. (1977).
216. Erodium cicutarium (L.) L'Hérit.
[II/687; p:435] GERANIACÉES
A. - Selon CHOUMOVITZ et SERRES (1954), les feuilles sont consomméee (cf. à Asphodelus fistulosus n° 055).
M. - En plus des propriétés astringentes, antidiarrhéiques, communes aux Erodium (propriétés conférées par la richesee en tanins), cette espèce (fr. = bec de grue) possède des propriétés ocytociques (PARIS et MOYSE, 1967) qui sont rappelées également dans le travail de LEMORDANT et al. (1977).
[127]
217. Erodium guttatum (Desf.) Willd.
[II/692; p:437]
A. - BOUQUET (1938) distingue chez cette espèce « t'mir » qu'il désigne aous le binôme Erodium guttatum :
- « t'mir en nès », sur les rives des oueds et des collines, à saveur légèrement sucrée, assez aqueuse et toujours consommée crue.
- « t'mir el djemel » (*) comommée cuite à l'eau en période de disette sévère et distribuée aux animaux en cas d'insuffisance de pâturage.
(*) Dans le Sud tunisien nous avons relevé que l'appellation arabe « t'mir el djemel » s'applique habituellement à Erodium glaucophyllum L'Hérit. et à Erodium arborescens Desf. (**) ce qui permet de suggérer une confusion possible dans le texte de BOUQUET.
(**) Erodium arborescens Desf., espêœ de la flore tunisienne, n'est pas traitée ici.
218. Erodium glaucophyllum L'Hérit.
[II/693; p:437]
Combinaison retenue par TÄCKHOLM (1974) : E. glaucophyllum (L.) Aiton.
Les tubercules servent dans l'alimentation et la plante a, par ailleurs, des propriétéa tannantes.
A. - Lee tubercules de cette espèce (ar. = « morghid ») se consomment crus (BOUQUET, 1938).
D.- La plante est aussi utilisée pour tanner les peaux (LARRIBAUD, 1952). Le procédé consiste à laisser les peaux en contact avec de la poudre de feuilles d'Acacia seyal (*) (« tamat ») ou d'écorce de Rhus tripartitum (« jedari ») ou encore d' Erodium glaucophyllum (« reguem ») ; après 3-4 jour de ce traitement, la peau est assouplie avec du beurre puis épilée dans un bain conteaant « Perralderia coronopifolia (*) (« tirghet »). La teinture noire du cuir est obtenue avec Salsola fœtida var. gaetula (*) (« souid ») ou plus simplement en mélangeant une décoction de feuilles d' Acacia seyal avec de la limaille de fer. La teinture rouge est tirée des racines de Trichodesma calcaratum (*) (« ahrech »).
[128]
Notons également que du fait de oonfusions éventuelles, il est possible que certaines indications rapportées par BOUQUET (1933) à propos de Erodium hirtum s'appliquent de fait à Erodium glaucophyllum.
(*) Acacia seyal DeL (famille des LEGUMINEUSES) - Perralderia coronopifolia Coss. (famille des COMPOSÉES) - Salsola fœtida var. gaetula (famille des CHENOPODIACÉES) - Trichodesma calcaratum Coss. (famille des BORAGINACÉES).
Ces quatre espèces sont absentes de Tunisie.
219. Erodium hirtum Desf.
[II/695; p:438]
Nous pensons que ce taxon correspond à la combinaison suivante, signalée dans Flora europaea : E. hirtum (Forskal) Willd.
A. - Les nodosités des racines sont consommées, surtout en cas de disette (JOLY, 1910).
La oonsommation des « tubercules » d'Erodium hirtum Willd. (ar. = aguiga) est attestée également par CHOUMOVITZ et SERRES (1954) qui précisent que ces nodosités, absorbées crues, ont une saveur légèrement sucrée.
220. Erodium malachoides (L.) Willd.
[II/702; p:441]
L'orthographe retenue dans Flora europaea est Erodium malachoides (L.) L'Hér.
A. - A Tanger (GATTEFOSSÉ, 1921), l'espèce est consommée crue en salade.
221. Oxalis cernua Thunb.
[II/706; p:444] OXALIDACÉES
Combinaison retenue pour Flora europaea : O. pes-caprae L.
A. - Les jeunes feuilles sont réputées oomestibles (TROTTER, 1915).
[129]
222. Linum usitatissimum L.
[II/713; p:448] LINACÉES
Nous avons retenu ici des données relatives à ce taxon, indiqué comme tel dans Flora europaea, et à sa ssp. usitatissimum (L.) Rouy.
Riche en mucilages, cette plante est réputée émolliente et laxative.·
M. - Au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921), la graine est employée en cataplasmes pour combattre les inflammations.
Au Fezzan cette espèce (« el atal », « el atli ») est employée pour res vertus médicinales ; les graines servant aussi à faire des cataplasmes et la bouillie étant utilisée comme remède pour les femmes en couches (LETHIELLEUX, 1948). Les graines pilées et mélangées à la poudre de dattes sont, en Ahaggar (GAST, 1968) considérées efficaces contre les maux de ventre.
C'est la richesse en mucilage qui confère à la graine ses propriétés émollientes et laxatives. La drogue, en infusé ou en décocté, peut également être utilisée par voie buccale ou en lavements (PARIS et MOYSE, 1967). Les auteurs indiquent de plus :
- que la poudre, additionnée de farine de moutarde entre dans la préparation de cataplasmes émollients, anti-inflammatoires et révulsifs,
- que l'huile est dotée de propriétés vitaminiques ;
- que le linoléate est antidermatosique.
Dans cet ensemble de propriétés LEMORDANT et al. (1977) retiennent surtout pour cette espèce (ar. = kattan, kitûan ; fr. = lin) l'intérêt laxatif, émollient, anti-inflammatoire.
D. - Linum usitatissimum ssp. usitatissimum (L.) Rouy (tam. = ilatela ; ar. = zeriât et kettane ; fr. = lin) est réputé en Ahaggar pour ses fibres (GAST, 1968).
PARIS et MOYSE signalent aussi que l'industrie retient l'huile, très siccative, pour la fabrication du vernis et de la peinture'Texte en italique, alors que les tourteaux sont employés dans lalimentation des bovins et que les fibres constituent un textile très anciennement réputé. ·
[130]
223. Peganum harmala L.
(11/715 ; p:449] ZYGOPHYLLACÉES
Le Prophète désignant l' « harmal » indique « une plante dont chaque racine, chaque feuiHe, est protégée par un ange dans l'attente qu'un homme vienne y chercher la guérison » (TROTTER, 1915). Ce ci justifie que, sérieusement étudiée du point de vue biochimique et sur le plan des actions physiologiques des alcaloïdes qu'elle contient (CHOPRA et al., 1960 ; DOREAU, 1961), elle soit considérée comme une panacée par les populations d'Afrique du Nord.
M. - La synthèse la plus complète, la concernant, est l'œuvre de VONDERHEYDEN (1937) dont nous examinons ici les indications souvent reprises dans d'autres travaux. Cet auteur signale que l'espèce (tam. : bender tiffin; ar. = harmel; fr. = rue verte, rue sauvage) intervient dans de nombreuses préparations employées en usage interne :
- les graines, pilées avec de l'huile, sont utilisées contre les coliques, les maux de tête et les douleurs rhumatismales. Les graines peuvent aussi être avalées directement dans un verre d'eau.
- les feuilles servent à faire des infusions que l'on prend comme dépuratif; les citadins qui ont adopté l'anisette font macérer volontiers quelques feuilles de « harmel » dans uu litre de cette liqueur; l'anis absorbé ensuite est utile contre les mauvaises digestions.
ou en usage externe :
- la fumigation est la forme d'emploi la plus utilisée. Ainsi, par exemple, le malade atteint de rhumatismes, s'expose à la fumée que dégage la plante ou seulement les graines grillées. Les fumées de « harmel » avec celles de l'encens et de l'alun sont aussi efficaces contre le tétanos des nouveaux-nés.
- les femmes utilisent, en sinapisme sur la plante des pieds, des feuilles séchées pour faire descendre le sang et plus spécialement dans les tentatives d'avortement,
- le mélange du « harmel » avec des dattes, sous forme d'une pâte, est, après avoir été passé sept fois au-dessus de la fumée de l'encens, absorbé par les femmes qui craignent la stérilité,
[131]
- en lotion avec le « rassoul » (*), le « harmel » est employé pour faire repousser les cheveux,
- la poudre fine, délayée dans un jaune d'œuf, donne une pâte qui est appliquée sur la base de la joue, sur le cou et derrière l'oreille pour guérir les oreillons,
- c'est aussi un antiseptique utilisé, par exemple, après la circoncision et en général pour cicatriser rapidement toutes sortes de plaies.
De façon dispersée géographiquement et dans le temps, nous avons relevé les informations suivantes qui, le plus souvent, corroborent ou devancent des usages signalés par VONDERHEYDEN (loc. cit.).
En 1850, PRAX indiquait que cette plante était administrée en poudre ou en décoction et employée pour les frictions; en outre, on fumait le « harmel », le matin, sans mélange de tabac, pour chasser le froid et le mauvais air (cf. à Anacyclus clavatus n° 423).
Les graines, aux vertus médicinales réputées, servent dans la région de Ghadamès (Libye) à la fabrication d'une huile médicinale nommée en arabe « zit el harmel » et utilisée pour les soins ophtalmologiques (DUVEYRIER, in TROTTER, 1915). En plus de cet usage dans les cas d'ophtalmies purulentes (TROTTER) les graines sont utilisées en Algérie pour soigner les rhumatismes et diverses maladies de la peau.
Divers emplois sont rapportés par BOUQUET (1921) pour le Maghreb:
- le suc de la plante fraîche, mélangé à de la graisse de mouton est employé en friction contre les douleurs articulaires.
- la plante désséchée, pulvérisée et tamisée, trouve usage dans les soins contre la conjonctivite purulente, et la blépharite.
- hachée, bouillie dans l'huile et à dose d'une grande cuillerée à jeun durant sept jours, la plante sert à lutter contre les hémorroïdes et les vices du sang.
- en fumigations, la plante entière est utilisée contre les affections des organes génitaux de la femme.
[132]
Au Maroc, GATTEFOSSÉ (1921) note que la plante est surtout employée contre les empoisonnements et le venin des serpents comme la coloquinte (**) mais à condition d'en employer trois fois plus et d'y ajouter trois graines de ricin (***).
DUCROS (1930) rapporte, pour l'Egypte, quelques emplois des graines (ar. = bizr el Hharmal) de cette espèce dont certains sont russi signalés au Maghreb. Selon son propos, seule la graine est employée en médecine où elle est considérée vomitive, anthelmintique, sudorifique, emménagogue, diurétique et parée de vertus enivrantes et somnifères analogues à celles du Cannabis indica (****).
Contre les rhumatismes, on utilise un emplâtre de feuilles de « harmel » (PIANA, 1939). Le même usage est aussi rapportée par LETHIELLEUX (1948), MAIRE et SAVELLI (1955) (cf. à Matricaria pubescens n° 426).
Selon LETHIELLEUX, en plus de la faculté de calmer les rhumatismes, cette espèce (ar. : h'armel; fr. : rue) aurait, aux dires des fezzanais, de multiples emplois contre les conjonctivites, les maux de dents, les congestions, provoquerait des vomissements et serait utilisée lors des avortements.
Par ailleurs, les mozabites portent sur eux et suspendent dans leurs demeures, pour éloigner les scorpions et les maléfices, du « harmel >> fleuri. Ils l'utilisent de plus, contre les coliques, la toux, les rhumatismes et en mixture contre les fièvres (PASSAGER et DOREY, 1958).
Tout en précisant la nature chimique des aicaloïdes que contient cette plante, DORVAULT et WEITZ (1945) comme DUCROS (loc. cit.) rapportent qu'elle est parfois cultivée et a des graines enivrantes, soporifiques, anthelrnintiques et antipaludiques.
BEN ALI et LOUIS (1946) la considèrent comme étant une véritable panacée employée pour guérir la conjonctivite, les rages de dents (gargarismes), les affections de la poitrine (cataplasme) et les rhumatismes (liniment à hase de « harmel » et de « marrube » (*****)). Ils relèvent aussi dans la bibliographie quelques données plus ancien· nes, ainsi :
MOULIERAS (1899) : l'usage de la plante contre la migraine selon le procédé suivant : « on cuit dans l'huile les racines de « harmel » et on applique la décoction sur la tête »,
[133]
- MARÇAIS (1925) : au sujet de la croyance aux vertus prophylactiques du « harmel ».
- QUEMENEUR (1944) : l'emploi des graines de « harmel », que l'on avale le jour d' « Aoussou » (12 juillet = canicule), pour s'immuniser contre la conjonctivite granuleuse.
De très nombreux usages sont aussi rapportés pour le Sud algérien par DOREAU (1961) qui indique que les sahariens citent les propriétés suivantes en thérapeutique traditionnelle :
- infusions employées dans le traitement des nausées, de la fièvre, des rhumatismes,
- drogue entraut dans la composition des liniments antirhumatismaux (emplâtre de feuilles),
- traitement des : blépharites, troubles intestinaux, céphalées, états syncopaux, toux, eczémas, vers intestinaux, brûlures.
En 1962, FONT-QUER a, dans Plantes médicinales, noté que les semences de « harmel » sont, depuis des temps immémoriaux, utilisées sous diverses formes dans le but de se procurer une délicieuse ivresse (cet emploi fût déjà signalé par LINNÉ). Selon le même auteur on considère au Maroc que ces graines constituent une sorte de panacée et il est vrai qu'elles sont réputées ténifuges, anthelmintiques et emménagogues.
Pour PARIS et MOYSE (1967), la plante a des propriétés excitantes du système nerveux, dues aux alcaloïdes qu'elle contient. Ils indiquent aussi qu'il s'agit d'un anthelmintique et d'un ocytocique.
Cette réputation de panacée est confirmée par LOUIS (1963) qui ajoute, aux usages déjà cités dans BEN ALI et LOUIS (1946) concernant les soins des affeetions de la poitrine et les rhumatismes, l'emploi de la décoction prise en gargarisme pour guérir les rages de dents.
Pour le Sud tunisien, le même auteur (LOUIS, 1979) ajoute encore que les feuilles séchées réduites en poudre et saupoudrées sur une plaie en facilitent la cicatrisation, alors qu'en Libye, KOTOB HUSSEIN (1979) les considère anthelmintiques.
Pour notre part, nous avons relevé les indications selon lesquelles le Peganum est utilisé dans la région de Feriana, pour donner de l'ap-
[134]
pétit aux enfants et dans la région des Souassis, pour lutter contre la stérilité des femmes.
T. - La plante aurait une certaine toxicité et ainsi est-elle, selon CAUVET (1925), mortelle pour le chameau qui, d'ailleurs le plus souvent, n'y touche pas VONDERHEYDEN (1937), dans sa synthèse, confirme que cette toxicité est souvent signalée dans la lexicographie arabe, ce qui n'empêche pas la plante de servir de médicament interne.
RODIN et al. (1970) révèlent que la teneur de la plante en alcaloïdes s'élève brusquement durant la phase de mûrissement des fruits et qu'une paisson abondante en hiver entraîne un amaigrissement, des convulsions et un dérèglement des fonctions digestives des animaux mais que, de fait, l'espèce est peu broutée.
Les propriétés toxiques et hallucinogènes prévalent chez cette espèce (ar. = harmel; fr. = harmel) (LEMORDANT et al. 1977).
R. - En Tripolitaine la plante brûlée, avec des versets du Coran, serait un bon remède contre les maladies mentales et nerveuses (TROTTER), alors qu'en Cyrénaïque (HAIMANN, in TROTTER) l'espèce sert à chasser les démons. Ces observations sont confirmés par RENAUD et COLIN (1934) puis par VONDERHEYDEN qui note que le « harmel » joue aussi un grand rôle en propbyllaxie magique pour chasser le mauvais œil et dans toutes les purifications.
Pour éloigner les mauvais esprits (RAMES, 1941) lors de la circoncision, on orne le poignet droit des enfante d'un lien de laine qui comporte un bouton d'étoffe contenant des gTaines de « harmel ». On fait aussi brûler de l'encens pour écarter les maléfices (BOUCHAT, 1956).
Le « harmel » fleuri est suspendu dans les demeures pour éloigner les scorpions et les maléfices; porté sur soi en permanence, un brin préserve des maladies et des mauvais génies (DOREAU).
(*) rassoul = il s'agit d'une espèce dont nous n'avons pu établir l'identité avec précision. note des numérisateurs : le rassoul est une argile saponifère très employée dans les hammams pour le soin des cheveux et du corps.
(**) coloquinte = Colocynthis vulgaris (L.) Schrad. (fam. Cucurbitacées).
(***) ricin = Ricinus communis L. (fam. Euphorbiacées).
(****) Cannabis indica Lam. synonyme de C. sativa L. (fam. des Moracées) espèce absente de Tunisie.
(*****) Marrube = Marrubium sp. (fam. Labiées).
[135]
224. Fagonia cretica L.
[II/717; p:451] ZYGOPHYLLACÉES
D. - Cette espèce saponifère cet très employée dans le Sud marocain (GATTEFOSSÉ, 1921).
225. Fagonia glutinosa Del.
[II/720; p:454]
A.T. - SAUVAGE (in GAUTHIER-PILTERS, 1969), écrivant à propos de la Hammada du Dra signale que, la plante (« desme ») surtout en graine, est estimée nutritive mais que, ingérée seule et en grande quantité, elle provoquerait des coliques.
226. Zygophyllum cornutum Coss.
[II/722 ; p:455] ZYGOPHYLLACÉES
Signalons que ce taxon est considéré par LE HOUEROU (1959) comme non distinguable de Zygophyllum album L.
M.-Confirmé par la suite, à partir d'expériences cliniques, l'effet hypoglycémiant de l'espèce a été à l'origine de son emploi comme remède empirique du diabète sucré (PARIS et DILLEMAN, 1960 ; PARIS et MOYSE, 1967).
227. Zygophyllum album L.
[II/723; p:455]
Pour plus de précision Flora europaea retient comme combinaison complète : Z. album L. fil.
M. - Cette espèce a d'assez nomhreux emplois dans la thérapeutique traditionnelle :
- GATTEFOSSÉ (1921) rapporte que les sommités fleuries sont utilisées en infusion pour les soins du visage (beauté du teint) et la toilette corporelle des jeunes enfants.
- PASSAGER et BARBANÇON (1956) signalent l'action de Zygophyllum album dans le soin des proies (cf. à Atriplex halimus n°106).
- Dans le Sud tunisien (Ouara), préparée sous forme de thé, l'espèce (ar. = bou griba) sert au traitement des caries dentaires et du diabète.
D. - Zygophyllum album (« aggaïa ») et Salsola vermiculata
[136]
(« ghessal ») sont utilisés pour le lavage des linges et des chevelures féminines (PASSAGER et BARBANÇON).
228. Tribulus terrester L.
[II/725; p:456] ZYGOPHYLLACÉES
Cette combinaison doit être orthographiée (Flora europaea) T. terrestris L.
M.T. - A propos de Tribulus terrestris L., DUCROS (1930) indique que le fruit, détersif, astringent et diurétique, est employé contre les coliques, les dysenteries et les douleurs de la vessie. Les fruits sont, par ailleurs, susceptibles de provoquer des accidents chez les lapins et les moutons qui en mangent.
Cette espèce renferme un principe photosensibilisant responsable d'accidents causés chez le mouton note BROCKMANN (in PARIS et DILLEMAN, 1960). Cette toxicité de l'espèce (ar. : hassek) est rapportée aussi par LEMORDANT et al. (1977) et par PARIS et MOYSE (1967) qui précisent que ces intoxications sont provoquées par les saponosides stéroïdiques à propriétés hémolytiques.
229. Nitraria retusa (Forsk.) Asch.
[II/725; p:456] ZYGOPHYLLACÉES (TÄCKHOLM, 1974 = NITRARIACÉES)
L'espèce est couramment indiquée sous une dénomination synonyme : N. tridentata Desf.
A. - Les drupes de Nitraria retusa (« guezim ») de Rhus tripartitum (« jedari ») et de Ziziphus lotus (« sedra ») sont considérées comestibles (LARRIBAUD, 1952).
Il s'agirait (KEITH, 1965) du « lotos » des Lotophages et les fruits sont uti1lisés pour préparer une boisson.
Les feuilles sèches servent, en décoction, de succédané au thé (TÄCKHOLM, 1978).
M. - Les feuilles de Nitraria tridentata Desf., additionnées d'eau, servent à fabriquer des cataplasmes que l'on applique comme résorbant des enflures (TROTTER, 1915). Cette indication est confirmée par KEITH et nous l'avons également relevée dans la région de l'Ouara en Tunisie.
[137]
Les cendres de cette espèce (ar. : guerzim) ont la propriété de retirer les humeurs des plaies infectées (cf. à Atriplex halimus n° 106) (PASSAGER et BARBANÇON, 1956).
230. Ruta montana L.
[II/726; p:457] RUTACÉES
Flora europaea indique : R. montana (L.) 1.
M.T.R. - Nous rapportons ici les indications signalées, par GATEFOSSÉ (1921), comme relatives aux diverses « rues » qui sont réputées être des panacées :
- à l'état sec, la « rue » est utilisée, comme emménagogue et abortif ou à faible dose comme diurétique et aphrodisiaque, dans de nombreuses préparations ;
- à l'état frais, le suc de la plante est employé en tant que collyre.
Diverses propriétés relatives à cette espèce (*) ont été rapportées par PARIS et MOYSE (1967) (cf. à Ruta chalepensis n° 231).
LEMORDANT et al. (1977) ont indiqué pour cette espèce (ar. fidjel el djebel ; fr. = rue des montagnes) un caractère toxique.
• De fait PARIS et MOYSE indiquent Ruta montana Clus.
231. Ruta chalepensis L.
[II/727; p:458]
Ont été rassemblées ici des données relatives aux taxons retenus dans la Flore de la Tunisie :
(l) l'espèce,
(2) la ssp. bracteosa (D.C.) Batt., non retenue dans Flora europaea où elle est réintégrée à l'espèce sous la dénomination R. bracteosa DC.
- (3) la ssp. angustifolia (Pers.) P. Cout. qui dans Flora europaea retrouve le rang d'espèce sous la combinaison Ruta augustifolia Pers.
Les données rdatives à Ruta graveolens L. en sont exclues malgré la synonymie avec R. chalepensis L. proposée par BATTANDIER et TRABUT (1902) mais non acceptée dans Flora europaea.
[138]
M. - L'huile dans laquelle on aurait cuit Ruta bracteosa Boiss. (2) servirait, note DUVEYRIER (in TROTTER, 1915), dans les soins des douleurs rhumatismales et des contusions.
Divers usages pour Ruta bracteosa et R. angustifolia sont aussi rapportés par GATTEFOSSÉ (1921) (cf. R. montana n° 230).
La sous-espèce bracteosa (2) entre avec d'autres espèces dans la composition d'une tisane, dite « medhach », de la région de Korbous (cf. Artemisia arborescens n° 428) (BURNET, 1939).
Une infusion où entre Ruta chalepensis (cf. à Rosmarinus officinalis n° 348) est servie à la jeune accouchée, note REBOUL (1953.
Ruta angustifolia Pers. (3), Ruta chalepensis L. et Ruta montana Clus. ont, rapportent PARIS et MOYSE (1967) des propriétés analogues à celles de Ruta graveolens L. à savoir que cette plante {fr. = rue fétide) autrefois réputée contre la rage, l'épilepsie, comme abortive et anthelmintique est actuellement peu utilisée en médecine officielle car si les propriétés spasmolytiques et emménagogues ont été mises "en évidence, la « rue » est également susceptible de provoquer des métrorragies et des gastroentérites. Ces propriétés sont rappelées par LEMORDANT et al. (1977) pour l'espèce (ar. fidgel ; fr. = rue) alors que pour la sous-espèce angustifolia (3)* (ar. = fidgel; fr. = rue à feuilles étroites) ils ne signalent que la toxicité.
R. - Rappelons éga;lement l'indication qne nous avons recueillie et selon 1aquelle, en mélange avec d'autres espèces, Ruta chalepensis est susceptible de procurer la puissance sexuelle (cf. à Capparis spinosa n° 153).
D. - TROTTER (1915) et KEITH (l965) signalent que la sous espèce bracteosa (ar. = fejzel, figel )est réputée tenir les scorpions éloignés et avoir des propriétés aphrodisiaques.
(*) LEMORDANT et al. signalent de fait Ruta angustifolia.
232. Haplophyllum tuberculatum (Forsk.) Juss.
[II/729; p:459] RUTACÉES
La symonymie la plus couramment employée est : Ruta tuberculata Forskal. En Tunisie, POTTIER-ALAPETITE ne cite que H. tuberculatum ssp. vermiculare (Handel-Mazetti) Maire qui paraît être la seule sous-espèce reconnue en Afrique du Nord.
Très répandue, cette plante est employée en pharmacopée traditionnelle avec des indications diverses où l'on relève cependant assez
[139]
fréquemment son usage, en tant qu'abortif, pour combattre les nausées et les vomissements.
M. - La guérison des coliques, dues aux flatulences, obtenue à partie de cette plante a été signalée par TROTTER {1915) comme origine probable du nom vernaculaire « sezeret en rih » signifiant « herbe du vent ».
LARRIBAUD {1952) note que contre les nausées et les vomissements, on recommande de prendre le matin à jeun une infusion de feuilles de cette espèce {cf. à Ammodaucus leucotrichus n° 310). Sans en indiquer le traitement en détail, MAIRE et SAVELLI (1955) rapportent également l'usage de l'infusion contre les nausées et les vomissements.
A forte dose, elle est abortive alors qu'à petite dose en infusion, elle est employée pour combattre la fièvre, le paludisme et la constipation (PASSAGER et DOREY, 1958}.
De nombreuses indications relevées chez les populations sahariennes sont rapportées par DOREAU (l961) (ar. : fijel) concernant son usage dans les soins contre les vomissements, les nausées, la constipation, le paludisme, les rhumatismes, les aneuries, les douleurs gastriques, les vers intestinaux, les maux d'yeux ou d'oreilles, dans les cas d'accouchement difficile, comme aphrodisiaque, antivenimeux local et enfin pour conjurer les maléfices.
La propriété d'aphrodisiaque de cette espèce (« scezeret er rih »), ainsi que de Ruta chalepensis, est rapportée par KEITH (1965).
Plus proche dans le temps, LOUIS (1979) indique que dans le Sud tunisien la « rue sauvage » (ar. : fijel) entre dans une composition, avec du fenugrec (*) et de la bouillie de semoule grossière, comme calmant pour les femmes qui ont des règles difficiles ou des pertes et qu'elle est également considérée abortive.
Les graines noires de la « rue sauvage » sont efficaces pour soigner les irritations des yeux relève encore LOUIS, qui précise que pour les cas d'ophtahnie simple on brûle de l'alun, dit « chebb » jusqu'à pulvérisation, puis on le mélange avec du blanc d'œuf et que l'on applique cette mixture sur l'œil. Le même auteur a relevé qu'en cas de toux pernicieuse (« sell ») on cueille des branchettes de « rue sauvage » encore verte, on les fait chauffer dans un plat de fer puis on les passe
[140]
rapidement dans de l'huile. Ces branchettes sont appliquées encore très chaudes sur le corps du patient que l'on enveloppe de laine toute la nuit. Cétte indication est appliquée de nuit en nuit, trois ou quatre fois s'il le faut.
Dans cette même region, nous avons nous-mêmes relevé chez les Beni-Zid, l'emploi de la plante, fraîche ou séchée, en tisane contre les gonflements du ventre et pour procurer la puissance sexuelle (cf. à Capparis spinosa n° 153).
Il faut ajouter à ces emplois celui déjà signalé pour les soins en cas de morsure de serpent (cf. à Artemisia campestris n° 430).
R. - Rappellons les usages signalés plus haut (DOREAU) comme aphrodisiaque et pour conjwrer les maléfices.
D. - L'espèce, sous le binôme de Ruta tuberculata, est parée également (GAST et al., 1969) des propriétés d'agent clarificateur et conservateur de la matière grasse du beurre (cf. à Anethum graveolens n° 306).
(*) Trigonella foenum-graecum L. (fam. Légumineuses)
233. Chrozophora tinctoria Juss.
[II/735; p:465] EUPHORBIACÉES
Flora europaea indique comme orthographe correcte C. tinctoria (L.) A. Juss.
T.D. - Selon LABBE (1950), on tire de cette plante vénéneuse une matière colorante bleue, qui, rapporte TROTTER (1915), est surtout employée pour la teinture des nattes.
234. Chrozophora obliqua A. Juss.
[II/736; p:466]
L'orthographe de cette combinaison signalée dans Flora europaea peut-être rectifiée comme suit : C. obliqua (Vahl) A. Juss. ex Sprengel. Nous avons rarpporté ici une indication relative à C. verbascifolia (Willd.) A. Juss. ex Sprengel admis comme synonyme dans Flora europaea et par POTTIER-ALAPETITE.
D. - Le charbon résultant de la combustion de Chrozophora verbascifolia A. de Juss. est employé dans la fabrication d'une poudre (TROTTER, 1915).
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235. Mercurialis annua L.
[II/737; p·466] EUPHORBIACÉES
Nous avons rassemblé ici les données relatives à ce taxon, retenu au rang d'espèce dans Flora europaea, quoique seule la var. genuina Mull.-Arg, soit signalée en Tunisie. Ailleurs en Afrique du Nord il n'est pas distingué, non plus, d'autre taxon infraspécifique.
M. - L'espèce est employée en lavements purgatifs (GATTEFOSSÉ, 1921).
Connue remède contre la stérilité, on donne aux femmes, le jour qui suit la cessation de leurs règles, une bouillie où cette plante (ar. = habt dhol) est cuite en mélange avec des pois chiche et des raisins secs (GOBERT, 1940).
Il s'agirait également d'un purgatif populaire administré surtout en lavements préparés en infusé signalent PARIS ct MOYSE (1967) qui rapportent aussi que la « mercuriale vivace » Mercurialis perennis L. (*) a toujours été considérée d'un emploi plus dangereux.
(*) Mercurialis perennis L. non signalé pour la Tunisie.
236, Ricinus communis L.
[II/738; p:467] EUPHOHBIACÉES
M.T.D. - Les vertus purgatives de l'espèce sont très réputées. Ainsi en Li1bye, dans ce but, on mastique quelques graines, ou après broyage on les fait infuser dans l'eau chaude que l'on boit par la suite (TROTTER, 1915).
Le même usage est également rapporté par GATTEFOSSÉ (1921) contre les constipations opinâtres.
Quoique réputées toxiques, les graines de ricin, broyées ou entières, se sont révélées sans action sur les larves d'anophèles (SERGENT et SERGENT, 1928). PARIS et MOYSE (1967) notent que les graines entières ont été, à très faible do420se, employées comme purgatif mais qu'aujourd'hui seule l'huile est employée à cet effet.
Sans plus de commentaire LEMORDANT et al. (1977) soulignent rïntérêt de l'espèce (ar. = kharoua; fr. = ricin) comme purgatif et son caractère toxique, ainsi que son utilisation dans l'industrie.
[142]
237. Euphorbia granulata Forsk.
[II/740 ; p : 470] EUPHORBIACÉES
Nous rapportons ici des indications concernant le taxon de rang « espèce » quoique la Flore de la Tunisie ne considère comme présente que la var. glaberrima Boiss.. Notre choix est dicté par le fait qu'ailleurs, en Afrique du Nord, ces subdivisions taxonomiques de E. granulata ne sont pas non plus envisagées.
A.M. - Au Fezzan (Libye), LETHEILLEUX (1948) a noté que le rhizome de cette euphorbe (« el alga », « oum el lebban » « leb bina ») est comestible par l'homme et que les feuilles sont mangées par les animaux. Toujours en Libye, KEITH (1965) a signalé son utilisation pour les soins en cas de piqûre de scorpion et de morsure de vipère.
238. Euphorbia retusa Forsk.
[II/744; p:472]
Euphorbia cornuta Pers. est une synonymie fréquemment rencontrée.
M. - BOUCHAT (1956) rapporte une action de l'espèce pour lutter contre le trichiasis (cf. Euphorbia calyptrata n° 239).
Au Fezzan (Libye), la racine de cette plante nommée « el mriwa » est utilisée comme révulsif (LETHIELLEUX, 1948).
239. Euphorbia calyptrata Coss. et DR.
[II/745; p:472]
M. - Le suc de diverses euphorbes : Euphorbia calyptrata, E. guyoniana, E. paralias est, signale GATTEFOSSÉ (1921), utilisé comme topique après débridement de la plaie dans les soins en cas de morsure de serpent ou de piqûre de scorpion, tarentule et scolopendre. Le même auteur note que la plante s'emploie aussi :
- séchée, pilée et mélangée à du miel en tant que collyre dans les cas de conjonctivite granuleuse et de trachome,
- bouillie dans l'huile et appliquée en frictioos cootre l'alopécie, les rhumatismes et les engourdissements par le froid.
Il. faut encore signaler, pour ce taxon, deux vertus :
- ainsi le « lait » ou « résine » de Euphorbia cornuta (*) et Euphorbia calyptrata (« oum Ibina », « mouibina ») mélangé de salive
[143]
agglutine les cils et est utilisé pour les redresser dans le trichiasis (BOUCHAT, 1956).
- Pour favoriser la cicatrisation des plaies on y applique soit de la poudre de tige de Panicum turgidum (« morkba ») soit des fibres calcinées de Calotropis procera (**) (« tourja ») soit des feuilles d'Euphorbia calyptrata var. involucrata (« remada ») (LARRIBAUD, 1952).
T. - CAUVET (1925) signalait Daemia cordata (***) comme ayant un suc laiteux mortel pour le chameau mais rapportait également que CHUDEAU considérant cette plante comme broutée en Mauritanie s'était étonné d'une toxicité dans l'Est algérien et pensait qu'il s'agissait donc de fait d'Euphorbia calyptrata.
(*) Euphorbia cornuta Pers. = Euphorbia retusa Forsk.
(**) Calotropis procera (Ait.) Ait. (famille des Asclépiadacées) n'est pas signalée en Tunisie.
- La variété involucrata d'Euphorbia calyptrata n'est pas signalée en Tunise.
(***) Daemia cordata R. Brown ex Schult. = Pergularia tomentosa L. (fam. des Asclépiadacées).
240. Euphorbia helioscopia L.
[II/755; p:476]
M. - Cette espèce est réputée laxative (LEMORDANT et al., 1977).
241. Euphorbia guyoniana Boiss. et Reut.
[II/757; p:477]
M. - En Libye (TROTTER, 1915) ainsi qu'au Sahara algérien (DOREAU, 1961) l'emploi de « lehen » est signalée en thérapeutique, in-situ, des piqûres de scorpions.
En plus de cet usage, GATTEFOSSÉ (1921) en rapporte maints autres (cf. Euphorbia calyptrata n° 239).
242. Euphorbia terracina L.
[II/759; p:477]
M. - En infusion, la racine de cette euphorhe est émétique (GATTEFOSSÉ, 1921).
[144]
243. Euphorbia paralias L.
[Il/760; p:479]
M. - Comme pour Euphorbia guyoniana le lait est utilisé pour les soins dans les cas de morsure de vipère et de piqûre de scorpions.
Les nombreux usages signalés par GATTEFOSSÉ (1921) sont également relatifs à cette espèce (cf. Euphorbia calyptrata n° 239).
244. Euphorbia peplus L .
[II/767; p:482]
M. - PARIS et MOYSE (1967) rapportent pour cette espèce des propriétés antiasthmatiques et anticartharrhales.