Solenostemma argel (PROTA)

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Solenostemma argel (Delile) Hayne


répartition en Afrique (sauvage)
1, branche en fleurs ; 2, fleur; 3, branch en fruits. Redessiné et adapté par Iskak Syamsudin
Protologue : Getreue Darstell. Gew. 9, t. 38 (1825).
Famille : Asclepiadaceae

Synonymes

  • Solenostemma oleifolium (Nectoux) Bullock & E.A.Bruce ex Maire (1953).

Noms vernaculaires

  • Argel (En).

Origine et répartition géographique

En Afrique tropicale, Solenostemma argel se rencontre dans les zones désertiques du Mali, du Niger, du Tchad et du Soudan. Il est également largement réparti en Algérie, en Libye, en Egypte et en Arabie saoudite.

Usages

Dans toute son aire de répartition, mais notamment au Soudan, la décoction des parties aériennes amères ou des feuilles est très prisée comme purgatif pour traiter les coliques, les maux d’estomac, la constipation, la flatulence, les infections des voies urinaires, les douleurs rénales et la toux. Elle se prend également pour soulager les règles douloureuses, la menstruation irrégulière et la syphylis, et est consommée en amuse-gueule et digestif. La décoction des parties aériennes, mélangées aux parties aériennes de Mentha spicata L. et aux graines de Trigonella foenum-graecum L., est absorbée pour arrêter les vomissements. L’infusion des parties aériennes traite le diabète et la jaunisse, et l’infusion des feuilles et des fleurs se prend pour purifier le sang et pour calmer les nerfs. Le jus de feuilles amer se boit pour traiter la toux, et s’utilise en collyre pour traiter les troubles oculaires. La plante est brûlée et la fumée est inhalée pour traiter la rougeole. Les feuilles fraîches broyées ou les feuilles séchées en poudre sont appliquées sur les plaies et les brûlures pour les désinfecter. Au Tchad, en Libye et en Egypte, la décoction de feuilles se prend pour traiter la bronchite, la névralgie et la sciatique. Dans le Hoggar, les feuilles séchées réduites en poudre sont bouillies dans du lait, adouci avec des dattes ou du sucre, et la décoction se boit pour traiter les rhumatismes, la gonorrhée et l’hémoptysie. Au Liban, des feuilles séchées sont importées, et bouillies dans l’huile d’olive. Ce liquide est utilisé en frottement contre les rhumatismes.

Des branches feuillées sont jetées dans les ruisseaux et les étangs pour tuer les insectes et comme désinfectant. Les plantes pilées servent de savon pour laver le corps et les vêtements. Dans la région du Sahara, les moutons broutent un peu le feuillage, mais les autres bestiaux l’évitent. En Egypte, les feuilles seraient utilisées comme le henné.

Production et commerce international

Dans le nord et le centre du Soudan, les parties aériennes en fleurs sont vendues sur les marchés locaux pour des usages médicinaux. Solenostemma argel y est cultivé sous irrigation pour la production de feuilles.

Propriétés

Une série d’hétérosides de 14,15-sécoprégnane, les argélosides, ont été isolés de différentes parties de la plante. A partir des fruits, on a isolé les argélosides A–B, à partir des graines les argélosides C–J et à partir des feuilles les argélosides K–O. De différentes parties, on a aussi isolé une série d’hétérosides de 15-kéto prégnane : les stemmosides A–B de la tige feuillée, les stemmosides C–D du péricarpe, et les stemmosides E–K des feuilles. A partir des feuilles, le kaempférol-3-O-glucoside et le kaempférol-3-O-rutinoside ont été isolés ainsi que plusieurs dérivés de prégnène, et la solénoside A, un hétéroside du type prégnène. Egalement trouvés dans les feuilles étaient le β-sitostérol et les triterpénoïdes pentacycliques α-amyrine et β-amyrine. Par ailleurs, on a isolé des parties aériennes un polyhydroxy prégnane (la stemmine C), quatre hétérosides phénoliques acylés (les solargines I–IV) ainsi que d’autres hétérosides flavonoïdes.

Plusieurs de ces argélosides et stemmosides se sont avérés réduire la prolifération de cellules avec effet dose-dépendant dans différents modèles de tumeurs humains et murins. L’extrait à l’eau chaude des parties aériennes a montré une cytotoxicité significative in vitro et in vivo dans une série de modèles de tumeurs. Differents extraits des parties aériennes ont fait ressortir des effets hépatotoxiques et néphrotoxiques chez des rats albinos, lorsqu’ils sont administrés par voie orale pendant une semaine. Dans un essai d’alimentation des poulets, un régime contenant 10% de feuilles de Solenostemma argel a causé une croissance ralentie et des effets hépatotoxiques. L’extrait au chloroforme des feuilles a montré une activité topique anti-inflammatoire considérable dans l’essai sur l’œdème de l’oreille induit par l’huile de croton chez le souris. Il a également fait ressortir des activités spasmolytique et relaxante de l’utérus sur le jéjunum de lapin et l’utérus de rat qui se contractent spontanément. L’extrait aqueux des feuilles a produit un effet stimulant sur une bande aortique isolée du lapin. Lorsqu’il est ajouté aux atria isolés du cobaye, l’extrait a diminué le taux de contraction ainsi que sa force.

Différentes fractions des parties aériennes, extraites au méthanol et à l’eau, ont montré une activité antibactérienne et antifongique modérée à significative in vitro contre une série d’organismes pathogènes.

Les parties aériennes, extraites à l’eau ou réduites en poudre, se sont avérées très efficaces pour lutter contre la cochenille blanche du palmier-dattier (Parlatoria blanchardi) au Soudan. Des extraits aqueux bruts de matériel séché du péricarpe, des fleurs, des racines et de la tige ont fait ressortir une activité larvicide modérée sur la troisième stade larvaire du moustique Culex quinquefasciatus. L’extrait du péricarpe était le plus efficace. L’extrait méthanolique des parties aériennes a été incorporé dans les milieux d’élevage du moustique Culex pipiens, et il a montré une mortalité larvaire significative et prolongée et une suppression de l’oviposition. Des extraits des parties aériennes ont montré une activité anti-appétente significative sur le ver du cotonnier (Spodoptera littoralis), ainsi qu’une mortalité larvaire modérée. Des extraits au méthanol et à l’hexane des parties aériennes ont fait ressortir une activité nématicide sur les juvéniles de deuxième stade de Meloidogyne incognita.

L’incorporation des feuilles dans le sol autour des troncs du palmier-dattier (Phoenix dactylifera L.) a donné une augmentation significative de la floraison et du rendement.

Falsifications et succédanés

Solenostemma argel est un important adultérant de Senna alexandria Mill.

Description

Arbuste fortement ramifié, charnu, courtement poilu, atteignant 60 cm de haut, à jus clair. Feuilles opposées décussées, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole de 1–2 mm de long ; limbe lancéolé à oblong, de 2,5–3,7 cm × 7–15 mm, apex aigu ou presque, base cunéiforme, pennatinervé avec la nervure médiane marquante au-dessous et les nervures latérales indistinctes. Inflorescence : cyme axillaire de 3,5–5 cm × 3,5–5 cm, pédoncule de 1–2,5 cm de long. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, blanches, parfumées ; pédicelle de 2–5 mm de long ; lobes du calice oblongs, d’environ 3 mm de long, apex aigu ; tube de la corolle d’environ 1,5 mm de long, lobes étalés, étroitement oblongs, de 3,5–4,5 mm de long, apex obtus, infléchis, glabres ou à quelques poils clairsemés sur le dos ; couronne en coupe, épaisse, 5-lobée, d’environ un tiers de la longueur de la corolle, adnée à la base de la colonne staminale ; colonne staminale de 3–3,5 mm de long, en massue ; ovaire supère, 2-loculaire, gynostège légèrement plus long que la colonne staminale. Fruit : follicule solitaire, dure, piriforme, atteignant environ 5 cm × 1,5–2 cm, apex longuement acuminé, violet foncé, marbré ou strié de vert, contenant de nombreuses graines. Graines étroitement ovoïdes, rainurées d’un côté, à verrues minuscules, brunes, avec une touffe de poils blanchâtres.

Autres données botaniques

Le genre Solenostemma est monotypique.

Croissance et développement

Solenostemma argel fleurit entre mars et juin.

Ecologie

Solenostemma argel se rencontre dans des endroits sableux et rocailleux secs ainsi que dans des oueds graveleux, avec une pluviométrie annuelle aussi limitée que 50–100 mm. Il tolère la sécheresse et le gel.

Multiplication et plantation

Solenostemma argel se multiplie par graines. Le poids moyen de 1000 graines est de 24,7 g. Les graines sont semées directement au champ, ou bien les semis sont réalisés en pépinière puis repiqués au champ. Pour le semis direct, on a besoin d’environ 2,5 kg de semences pour 4200 m² ; l’irrigation est nécessaire car les graines ne germent pas avec moins de 10 mm de précipitations. Les graines germent sous des températures très diverses, mais la germination maximale a été observée à 35°C et sous une alternance de températures élevées et basses. Le prétraitement des semences avec des stimulants de croissance améliore la germination. Les graines sont très sensibles à la salinité durant la germination. La profondeur superficielle de semis est appropriée.

Des méthodes de multiplication in vitro ont été mises au point en utilisant des extrémités de méristèmes.

Gestion

Solenostemma argel peut être cultivé sur de nombreux types de sol, mais pousse généralement bien sur des limons sablo-argileux. Des plantations expérimentales au centre du Soudan sur des sols argileux ont fleuri beaucoup plus tard et avaient un taux de croissance plus bas que les plantes sur des limons sablo-argileux. Environ 2–3 désherbages sont nécessaires pendant la période de croissance végétative. L’espacement optimal est de 75 cm × 75 cm.

Récolte

Le meilleur stade pour cueillir les feuilles de Solenostemma argel est avant la floraison. C’est une plante pérenne, mais il peut être cultivé comme une plante annuelle, le rendement étant plus élevé dans la première année. Les feuilles peuvent être récoltées 3 fois pendant la saison.

Rendements

Sous irrigation, on peut obtenir environ 1000 kg de feuilles sèches par ha et par saison.

Traitement après récolte

Les parties aériennes et les feuilles sont séchées à l’ombre, puis stockées dans des sacs de jute.

Ressources génétiques

Solenostemma argel est assez commun dans toute son aire de répartition et ne semble pas menacé d’érosion génétique. En Egypte, il s’est rarifié du fait de la surexploitation ; il y fait l’objet d’une protection réglementaire.

Perspectives

Solenostemma argel contient une gamme de composés bioactifs intéressants. Cependant, peu de recherches ont été effectuées pour évaluer les usages médicinaux traditionnels. Un profil d’innocuité doit être établi car plusieurs des composés isolés sont hépatotoxiques.

Des recherches plus poussées sont nécessaires pour améliorer les méthodes culturales.

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Sources de l’illustration

  • Ozenda, P., 1977. Flore du Sahara. Deuxième édition. Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, France. 622 pp.
  • Quezel, P. & Santa, S., 1963. Nouvelle flore de l'Algérie et les régions désertiques méridionales. Tome II. Editions de Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, France. 1170 pp.

Auteur(s)

  • H.H. El-Kamali, Botany Department, Faculty of Science and Technology, Omdurman Islamic University, P.O. Box 382, Omdurman, Sudan

Citation correcte de cet article

El-Kamali, H.H., 2012. Solenostemma argel (Delile) Hayne. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editeurs). Prota 11(2): Medicinal plants/Plantes médicinales 2. PROTA, Wageningen, Pays Bas. Consulté le 23 décembre 2024.


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