Duranton, Foucart & Gay, Florule des biotopes du Criquet pèlerin en Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest

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Duranton, Foucart & Gay, Florule des biotopes du Criquet pèlerin, 2012
Remerciements


Florule des biotopes du Criquet pèlerin
en Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest
à l’usage des prospecteurs de la lutte antiacridienne


Jean-François DURANTON, Antoine FOUCART, Pierre-Emmanuel GAY, avec la collaboration de Michel ARBONNIER


DURANTON J.F., FOUCART A. & GAY P.E., 2012. – Florule des biotopes du Criquet pèlerin en Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest à l’usage des prospecteurs de la lutte antiacridienne. – FAO-CLCPRO/Cirad, Alger/Montpellier (France), 487 p. ISBN 978-2-87614681-5 , © FAO, 2012


Légende des cartes des fiches descriptives des espèces


Une Florule est un recueil d’informations relatives à la flore concernant un thème particulier. Ici, il s’est agi de regrouper, sous un format restreint, les indications utiles aux prospecteurs acridiens qui, en Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest, doivent observer le Criquet pèlerin Schistocerca gregaria (Forskål, 1775) dans ses biotopes, afin d’évaluer l’état de développement des populations et déterminer leur potentiel biologique en tenant compte des conditions écologiques, dans le cadre d’une surveillance qui est à la base d’une lutte préventive performante.

Le Criquet pèlerin, Desert Locust chez les Anglo-saxons, est un organisme adapté à la vie dans les déserts chauds de l’Ancien Monde. Sa stratégie est simple : il supporte l’adversité écométéorologique à l’état de jeune ailé nomadisant à la recherche de biotopes favorables, susceptibles d’assurer sa reproduction. Ces biotopes correspondent à des sites plus ou moins humides en zone désertique, qui s’étendent de l’ouest mauritanien à la frontière indo-pakistanaise, en passant par les pourtours de la mer Rouge. Ils permettent au Criquet pèlerin d’accéder à la maturité sexuelle, de pondre puis d’assurer une réussite aussi bonne que possible du développement larvaire.

Cet insecte est grégariapte. La densité des populations influe sur son mode de développement : en faible densité (350 à 500 ailés/hectare), il évolue en phase solitaire ; en forte densité, il passe en phase grégaire, formant des bandes larvaires et des essaims. La transformation d’une phase à l’autre est progressive et l’on admet qu’il faut 3 à 5 générations pour passer de la phase solitaire à la phase grégaire, alors que 2 générations suffisent pour passer de la phase grégaire à la phase solitaire. Ces états intermédiaires sont qualifiés de transiens (congregans ou degregans suivant l’état de la phase d’origine, respectivement solitaire ou grégaire). Le changement de phase induit de profondes modifications tant biologiques que physiologiques, comportementales, anatomiques, etc. Les solitaires sont inoffensifs et nettement déserticoles alors que les grégaires préfèrent les régions périphériques du désert (Maghreb et Sahel, si l’on considère la partie occidentale de l’Afrique), les essaims et les bandes larvaires y ravageant les cultures.

L’enjeu de la lutte antiacridienne préconisée par la FAO est de rendre la lutte préventive durablement opérationnelle afin d’éliminer les premières populations qui peuvent enclencher le phénomène de transformation phasaire susceptible de conduire à la grégarisation. La transformation phasaire ne se produit pas de façon aléatoire mais dans des régions bien identifiées (les aires grégarigènes) et dans des biotopes bien particuliers : les foyers de grégarisation. Les biotopes du Criquet pèlerin peuvent être plus ou moins favorables à la grégarisation selon les conditions écométéorologiques qui y règnent. Ces conditions résultent de trois composantes :

  • la composante météorologique, dont la pluviosité est le facteur principal, régissant l’essentiel des apports hydriques responsables de l’évolution de la végétation et des réserves hydriques. La température joue également un rôle important tant sur le développement et l’évolution du couvert végétal que sur la vitesse de développement de l’insecte ;
  • la composante structurelle ou topographique, qui régit les apports hydriques en redistribuant les eaux de surface. Elle va influer sur la composition floristique, la structure et la phénologie du tapis végétal, étroitement dépendantes du bilan hydrique local ;
  • la composante acridienne, qui résulte de la nature (phase et phénologie du criquet), des effectifs et des populations présentes dans les biotopes. Cette composante est fortement influencée par l’état et la dynamique des composantes précédentes.

Chaque biotope acridien est donc dépendant de trois types de limites :

• les limites géographiques, qui permettent d’identifier la nature et la structure des différents types de biotope ;

• les limites temporelles ou fonctionnelles, sous l’étroite dépendance des conditions écométéorologiques, qui confèrent au biotope son potentiel écologique à un moment donné (phénologie du tapis végétal et bilan hydrique du sol) ;

• les limites imposées par les exigences du locuste en fonction de sa phase (solitaire, transiens ou grégaire) et de sa phénologie (œuf, larve, imago immature ou adulte).

Du point de vue fonctionnel, il existe quatre types de biotopes :

• les biotopes hostiles qui n’offrent ni abri ni nourriture au Criquet pèlerin ;

• les biotopes de survie qui offrent abri et nourriture au Criquet pèlerin mais pas de possibilité de ponte ;

• les biotopes de reproduction qui offrent à la fois abri, nourriture et des conditions favorables à la ponte ;

• les biotopes de grégarisation qui offrent au Criquet pèlerin abri et nourriture ainsi que de bonnes conditions de reproduction susceptibles d’induire des phénomènes de concentration, comme une bonne accessibilité et attractivité pour les populations parentales ou un tapis végétal favorisant le regroupement (structure en touffes, dessèchement hétérogène attirant les criquets vers les taches de végétation encore vertes).

Il apparaît dès lors que le statut d’un biotope est en grande partie conjoncturel et la mission du prospecteur est d’en évaluer le potentiel effectif dans le contexte écométéorologique particulier du moment.

Le tapis végétal est un bon intégrateur des conditions mésologiques. Le décryptage du message qu’il transmet est multi-factoriel :

• la composition floristique : les espèces présentes et leurs abondances relatives respectives sont en équilibre dynamique avec les conditions et les contraintes imposées par le milieu. On repère ainsi rapidement le cortège des espèces se développant sur sols sableux (psammophiles) des espèces rencontrées sur sols rocheux (saxicoles) ou salins (halophiles) ;

• la structure de la végétation (nombre, nature et recouvrement des diverses strates) : elle complète les indications précédentes ; l’absence de ligneux au Sahara central souligne par exemple l’ampleur de l’aridité de ces sites. Elle précise également l’importance de certaines contraintes dynamiques, comme le pâturage ou le surpâturage lorsque des espèces sont réduites à des coussinets rampants ou que des ligneux restent à l’état de buissons ou d’arbustes. La densité des espèces pérennes renseigne sur la disponibilité des ressources hydriques interannuelles, de même que la densité et la hauteur de certaines annuelles informent sur la pluviosité saisonnière cumulée sur le biotope ;

• la phénologie (en particulier celle des espèces herbeuses) : elle constitue un précieux indicateur des conditions météorologiques de la saison et permet de définir la perspective d’évolution du tapis végétal (durée probable de verdissement ou de dessèchement à plus ou moins court terme).

Toutes ces informations, confrontées à la structure de la population acridienne, participent à l’évaluation du risque de changement de phase du Criquet pèlerin et permettent de mesurer sa progressivité. Année après année, des observations répétées vont aider le prospecteur à évaluer progressivement la probabilité de voir se développer de bonnes conditions de reproduction ou de grégarisation pour un biotope donné à une saison donnée. Il devient alors possible de réaliser une cartographie des biotopes sur la base de leur potentiel écologique pour le Criquet pèlerin, à condition bien sûr que les observations soient soigneusement chrono- et géoréférencées. La fiabilité de ces interprétations est d’autant plus grande que les observations sont exactes et précises. Ceci souligne l’importance et la responsabilité du prospecteur, qui est la cheville ouvrière de la surveillance acridienne et le gage de l’efficacité de la lutte préventive.

C’est dans ce but que cet ouvrage a été conçu. Une préoccupation constante a présidé à sa rédaction : fournir aux prospecteurs le maximum d’informations leur permettant de décrire le tapis végétal des biotopes du Criquet pèlerin en Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest, afin d’en déduire des indications utiles à la gestion préventive des invasions.

L’idée de proposer des clés d’identification a rapidement été écartée pour privilégier une reconnaissance visuelle des taxons, fondée sur un ou plusieurs clichés, étant entendu que ce travail s’appuie sur des références complémentaires, pour lesquelles un renvoi est mentionné dans un bandeau en bas de chaque page.

Identifier visuellement les principaux taxons, les nommer correctement, disposer d’informations biogéographiques et écologiques permettant de mieux caractériser les biotopes (afin de conduire des analyses de données plus fiables), tel est l’objectif de cet ouvrage qui, après avoir rappelé quelques notions d’écologie végétale opérationnelle, évoque les modalités de gestion des collections botaniques et fournit quelques références bibliographiques. Il consacre ainsi l’essentiel de son contenu à la présentation de 240 espèces végétales les plus représentatives et caractéristiques de la flore associée au Criquet pèlerin (près de 400 en comptant les espèces voisines), parmi quelques 1600 espèces recensées au Sahara.

Ces 240 espèces sont regroupées selon deux présentations. Dans un premier temps, 83 espèces sont associées de façon thématique ; la juxtaposition des clichés permet de souligner les ressemblances et surtout les différences qui vont faciliter la reconnaissance de taxons physionomiquement proches ou écologiquement particuliers. Par la suite, 196 taxons (dont 39 déjà présentés) sont taxonomiquement regroupés (par ordre alphabétique de la famille, du genre de l’espèce). Les caractéristiques propres à chaque espèce sont alors détaillées ; plus de 150 taxons voisins sont cités en indiquant leur caractères distinctifs et dans plusieurs des cas, une illustration en est proposée.

Pour chaque entrée de ce deuxième bloc, la “fiche signalétique” est constituée de deux pages placées en vis-à-vis. La page impaire, à droite, est consacrée à l’illustration : cliché en conditions naturelles (in natura) ou à partir d’un exemplaire en herbier (exsiccatum), montrant l’aspect général du taxon, ainsi que des clichés de détail, fournissant si nécessaire des images caractéristiques de la feuille, de la fleur, du fruit, du bulbe ou de la forme particulière ou atypique du taxon. Une carte de distribution potentielle vient compléter cette page d’illustration. La page paire, à gauche, regroupe diverses informations :

• la famille botanique ;

• le nom complet réputé valide du taxon, assorti d’un pictogramme et d’un bandeau de couleur en rapport avec le type morphologique de la plante, selon quatre catégories : – herbe annuelle – herbe vivace – buisson ou ligneux bas – arbre/arbuste ou ligneux haut

• le basionyme, qui est en principe le plus ancien binôme donné à l’espèce, validement et légitimement publié ;

• les principaux synonymes ; pour en consulter la liste complète, on peut se reporter aux Conservatoire et Jardin botaniques de Genève et à leur site internet, régulièrement mis à jour (http://www.ville-ge.ch/musinfo/bd/cjb/africa/help.php?langue=fr) ;

• un rapide descriptif fournit des indications relatives au port et à différents organes – feuille, fleur, fruit, bulbe – et en précisant des caractères distinctifs particuliers : odeur, latex, etc. ;

• les affinités ou origines biogéographiques ;

• la biomorphologie, indiquant le type biomorphologique de Raunkier (décrit paragraphe 2.5.3.2, p. 30) et précisant le port habituel de la plante ;

• les préférences édaphiques ;

• les préférences hydriques ;

• la tolérance aux sels ;

• les milieux où pousse habituellement la plante ;

• l’intérêt du taxon pour le Criquet pèlerin, en tenant compte des possibilités de fournir abri et nourriture dans les biotopes de l’acridien ;

• certaines espèces voisines peuvent être mentionnées ;

• enfin, des références bibliographiques sont données, en indiquant les pages où le taxon est décrit dans les principales flores couvrant l’Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest.

Les dénominations taxonomiques ont été établies d’après les références constamment actualisées des Conservatoire et Jardin botaniques de la ville de Genève. Un glossaire des termes techniques puis un index des espèces et des synonymes viennent compléter l’ensemble.